J comme Jeunes
p. 219-228
Texte intégral
Une littérature « jeune » ?
1Dans les années 1980 apparaît en France une production littéraire nouvelle, (romans, poésie et théâtre) dont les auteurs sont issus de l’émigration maghrébine. On l’a désignée alors comme littérature « beure », terme qui signifie « arabe » en verlan. À bien des égards on peut la qualifier de jeune. Par sa nouveauté bien sûr, et la jeunesse de ses auteurs, mais surtout par l’actualité des thèmes qu’elle développe et par les lieux qu’elle met en scène, souvent la banlieue des grandes villes. Elle est au cœur des problématiques contemporaines : l’exil et l’émigration, la rencontre des cultures et des langues, les incertitudes d’une identité à construire. Les écrivains « beurs » nous donnent à voir un monde où les jeunes tiennent une place importante et expriment une certaine rupture avec le passé, un désir de construire le présent et l’avenir. Il s’agit d’un phénomène littéraire défini par rapport aux générations qui l’ont précédé (le monde révolu des parents immigrés) mais aussi par rapport à la société et à la littérature françaises dans lesquelles ces auteurs font « irruption » dès le début des années 1980 en étant, « de plus en plus nombreux à troquer le marteau et la pelle de leurs pères pour une plume qui tente d’écrire un présent précaire et un avenir problématique » (Djeghloul, p. 80).
2Jeunes par la génération qu’ils représentent mais aussi par les thèmes qu’ils abordent, ces écrivains continueront à être perçus comme marquant une rupture de la transmission ancestrale et une reconstruction hybride du passé. À travers une écriture rebelle qui dit l’enfance passée dans le béton des HLM et une langue qui exprime autrement, par les jeux de mots, l’humour et l’argot, ces écrivains marquent une coupure, une démarcation et, dans certains cas, une rébellion par rapport à la génération des pères immigrés qu’ils jugent parfois trop résignés. Souvent les écrivains « beurs » publieront un premier texte (qui sera dans certains cas leur seul ouvrage) pour faire état non seulement des heurts entre générations, et du malaise des enfants d’émigrés entre deux mondes en porte à faux, mais aussi de leur désir de reconstruire la chaîne rompue de la généalogie. Pour la plupart, ces premiers textes mettront en scène un jeune ou des jeunes cherchant à reconstruire des repères dans un univers fait de scissions.
3Parmi les nombreux auteurs « beurs » nous avons choisi comme représentatifs Azouz Begag, Farida Belghoul et Tassadit Imache. Pour chacun d’eux nous proposons ici la présentation d’un roman offrant plusieurs caractéristiques de cette littérature, en particulier la rupture avec la génération des parents, la création d’une langue hybride, la rébellion face à une société qui les construit comme « autre » et la recherche de nouveaux liens sociaux. Très nettement la rupture réside ici dans l’acte d’écriture, comme nous le montre Azouz Begag lorsqu’il dédie son roman Le Marteau pique-cœur (2004) à ses parents « qui n’auront jamais pu lire un de [s] es livres » (p. 7), ou encore comme le dit en termes plus dramatiques Farida Belghoul, auteure du roman Georgette ! :
L’écriture c’est la mort de la fille Belghoul. En écrivant, je creuse une tombe, je creuse la tombe de la fille de mon père. Sur le plan purement matériel, mon père ne peut pas lire les livres que j’écris. Si j’écrivais en arabe, il y aurait une espèce de continuité, mais en écrivant en français j’ai l’impression de piétiner sur mon héritage, de donner de l’eau au moulin de mes ennemis (entretien avec Alec Hargreaves, p. 142).
4Cette rupture face à l’irrévocable, les personnages de leurs romans la ressentent aussi.
La rupture avec les origines : Le Gone du Chaâba d’Azouz Begag
5Dans son premier roman Le Gone du Chaâba (1986), texte fondateur de la littérature « beur », Azouz Begag reprend de façon chronologique la vie d’un jeune garçon issu d’une famille immigrée d’origine algérienne dans un bidonville de la banlieue lyonnaise au cours des années 1950. Ce gone (gosse en dialecte lyonnais) du « chaâba » (mot signifiant en arabe « du peuple » utilisé ici par les habitants du bidonville pour designer leur habitation) fait le récit à la première personne de son cheminement vers une « intégration » difficile et complexe. Il doit d’abord faire face à ses amis de classe qui le taquinent en lui disant qu’il n’est pas un « vrai arabe » puisqu’il obtient toujours de bonnes notes. Avec son premier maître d’école, il fait l’expérience du rejet et de l’humiliation (dans une scène mémorable où le maître vérifie la propreté des élèves en leur faisant retirer leurs chaussettes). Mais les encouragements de son enseignant du secondaire le pousseront à la réussite : à la différence de la majorité de ses camarades du « chaâba », Azouz continuera ses études jusqu’au baccalauréat.
6L’originalité du roman n’est pas seulement d’introduire un lieu nouveau (le « chaâba ») dans la littérature française contemporaine, c’est aussi d’y faire jouer différentes langues. Composite d’arabe dialectal et d’adaptations du français, la langue que parlent les habitants du « chaâba » est le produit de mélanges hybrides : « l’bomba » pour « la pompe », « filou » pour « vélo », etc. Elle est essentiellement mise en scène à travers le personnage d’Abboué, le père du jeune Azouz, présent dans le roman à travers son parler fait du bricolage phonétique de mots qui lui sont étrangers. Azouz, lui, ne peut agir de même car il doit accepter les règles intransigeantes d’une société dans laquelle son insertion est présentée comme truchement d’une partie essentielle de soi.
7Sous le mode de l’humour et de la légèreté, Begag crée un monde où la subversion des règles de prononciation et de grammaire (celles-là même auxquelles Azouz doit se soumettre à l’école) devient le seul espace de liberté pour les habitants du « chaâba ». Alors que l’on verra le jeune Azouz entrer dans la norme scolaire, les habitants du « chaâba » verront aussi se resserrer autour d’eux l’étau du contrôle social puissamment symbolisé dans le roman par le béton des HLM où ils ont été relogés. La jeunesse du héros, dans ce bidonville, prend alors la forme nostalgique d’un retour vers un lieu et une enfance perdus à jamais. À travers les tribulations du jeune Azouz, on découvre la trajectoire d’une génération à la recherche de nouveaux points d’ancrage et d’un avenir meilleur. C’est par le biais des études que le jeune Azouz pourra aspirer à cet avenir, mais au prix de nombreux sacrifices, en particulier de la douloureuse séparation d’avec le père et le monde qu’il représente.
L’entrée dans la langue : Georgette ! de Farida Belghoul
8Souvent associée aux tensions sociales qu’affrontent ces jeunes, l’école est un lieu qui domine les romans « beurs ». Dans Georgette ! (1986) de Farida Belghoul, la plus grande partie du récit porte sur les conflits d’une narratrice de sept ans qui apprend à lire et à écrire. L’action se déroule à l’école et à la maison dans l’espace d’une journée qui met en scène le passage difficile entre l’enfance et la socialisation dans un monde fait de normes incompréhensibles. Comme dans Le Gone du Chaâba, le parler hybride des parents se heurte à l’apprentissage de la langue vécu par la narratrice comme un dilemme, voire une trahison. Le roman débute par une inversion : « la sonne cloche… Non, la cloche sonne » (p. 9) qui sera suivie par d’autres entorses aux règles de la langue (« boule d’ogre » pour « bouledogue », « peluches » pour « pelures », etc.) toutes révélant une forme de résistance à la volonté normative de l’école. Aux inventions créatrices de l’enfant, s’ajouteront celles des parents, en particulier celles du père.
9La narratrice raconte à la première personne, et dans sa langue d’enfant de sept ans, son sentiment de porte-à-faux et d’inadaptabilité, que ce soit pour tenir son cahier, utiliser un porte-plume ou donner les bonnes réponses en classe. Dans une scène qui a rendu ce roman célèbre, le père, voulant aider sa fille à ses devoirs, lui demande de commencer à écrire sur la dernière page de son cahier, comme elle le ferait si elle devait écrire en arabe, c’est-à-dire de droite à gauche. Affolée, l’écolière ne sait plus si elle doit suivre les instructions du père qui lui demande d’écrire « à l’envers » ou celles de la maîtresse. Cette scène traduit une profonde inquiétude face à un vide identitaire exprimé sous la forme d’un conflit entre deux cultures exigeant chacune d’être absolue. La polyphonie est présentée ici sous le mode du dilemme, voire de l’impossibilité. À plusieurs reprises dans le roman, la narratrice – dont on ne saura jamais le nom – ressent un sentiment de perte, d’abandon et d’imposture. Lorsqu’une vieille dame dans un parc lui demande de lui écrire des lettres et de les signer du nom de ses fils pour qu’elle puisse montrer à ses voisines qu’ils ne l’ont pas abandonnée, la narratrice est prise de panique et appréhende la réaction de son père s’il venait à découvrir l’imposture. Elle s’imagine, par ailleurs, que son père la renie en l’appelant « Georgette » :
J’t’envoie à l’école pour signer ton nom. À la finale, tu m’sors d’autres noms catastrophiques. J’croyais pas ça de ma fille. J’croyais elle est intelligente comme son père. J’croyais elle est fière. Et r’garde moi ça : elle s’appelle Georgette ! (147-148)
10C’est la consonance française du nom « Georgette » et le sentiment d’altérité qu’il lui suggérait qui ont motivé ce choix de nom, comme l’a expliqué Belghoul (entretien avec Alec Hargreaves, p. 38). Suivi d’un point d’exclamation, il sera le titre du roman, car la seule identité pour le personnage et peut-être pour sa narratrice est un nom qui, non seulement ne la désigne pas mais signifie de surcroît, sous le mode du renversement de sens, l’indicible de son identité.
À la recherche de nouveaux liens sociaux : Presqu’un Frère de Tassadit Imache
11Le monde de l’enfance est également au centre de l’œuvre de Tassadit Imache. Son premier roman Une Fille sans histoire (1989) est le récit en grande partie autobiographique de l’enfance de l’auteure dans les années 1950 avec en toile de fond la guerre d’Algérie, la pauvreté des familles d’immigrés maghrébins et une mixité franco-algérienne difficile à assumer. Ses personnages sont souvent des adultes hantés par leurs premières années que tourmentaient le reniement de soi et l’exclusion. Dans ce monde de la marge, ils tentent de faire le bilan du passé pour comprendre ce qui les unit ou les sépare. Pour son quatrième roman, Presqu’un Frère (2000), Imache choisit de mettre en scène la vie d’un groupe de jeunes dans une cité de banlieue. Plutôt que d’un récit, il s’agit d’un tableau avec très peu d’action, sinon de petits faits et gestes qui montrent la vie quotidienne de ces jeunes exclus du système errant dans une cité sans nom décrite comme « ce creux improbable rempli de brume » (p. 143). L’anonymat de ces personnages – regroupées au sein du « Troupeau », ayant tous un même visage, en quelque sorte comme « un masque », et parlant une « langue étrange » (p. 11) – leur confère une dimension symbolique, voire mythique. De ce « Troupeau » qui erre dans « les terrains » et dont les voix s’apparentent au chœur d’une tragédie grecque, émane un sentiment irrévocable de mort imminente. Par suite de la construction du texte en séries de paroles fragmentées, ce sentiment d’urgence va en s’intensifiant jusqu’à ce que ces jeunes se vengent de la mort de l’un d’entre eux en tuant le vigile qui l’avait jeté d’un toit.
12Dans cet univers âpre, violent et sans issue, certains personnages tentent, par les fragments d’une parole incantatoire, de comprendre et de redéfinir les liens qui les unissent. Prenant la parole chacun à son tour, les quatre personnages-narrateurs disent la violence de leur enfance, l’absence des pères et le désir de fuir la cité. Sabrina, E’dy et Pascal sont des enfants de mariage mixte (des « cinquante-cinquante » comme dit Sabrina) qui ont substitué un prénom français à leur prénom arabe et qui portent en eux le poids du silence sur les origines, ainsi que la culpabilité qui en découle. Tous cherchent à connaître et à se faire raconter leur enfance. Ce besoin de récit d’enfance fait écho au besoin de récit d’histoire : comme souvent dans les romans d’Imache, on reconnaît, par bribes la répression qui suivit la manifestation pacifique contre la guerre d’Algérie du 17 octobre 1961 et qui entraîna le massacre, l’arrestation et la torture de nombreux manifestants algériens. C’est par les souvenirs d’Hélène « une femme des Terrains » « une vieille » dont « la langue […] brûle depuis des lustres » (p. 9) que le texte retrace ces événements :
À mes petits-enfants, je racontai une anecdote, un fait divers un peu personnel : ce que je crus voir de la lucarne d’un grenier, une nuit d’automne, sur un pont. Des hommes traqués d’une foule dispersée au bâton. (p. 138)
13Dans un univers ou pèse le tabou de l’histoire et dans le monde anonyme de la cité où les origines ont été effacées par le béton, les jeunes tentent de reconstruire le passé et le présent en réunissant des fragments de paroles et de souvenirs. Qu’ils soient originaires des « Terrains » ou intrus des beaux quartiers comme Bruno le vigile, ces personnages aux itinéraires parallèles sont tous au bout du compte et de façon ironique « presque » frères et sœurs : ils font partie de ce même monde où l’espace et l’histoire sont atrophiés, et qu’ils tentent d’élargir par leur désir de récits.
Une littérature en transition
14La littérature « Beur » est bien trop diverse pour qu’on puisse considérer les trois romans que nous avons présentés comme représentatifs de toutes ses tendances. Ils illustrent cependant ses problématiques dominantes et présentent l’intérêt de montrer qu’elles s’incarnent avant tout chez les jeunes. Ils répondent à cette caractéristique : mettre au centre des représentations ces exclus ou ces laissés pour compte que sont les jeunes issus de l’émigration et leur donner une voix contre le silence.
15On peut juger parfois la façon de dévoiler la condition du « jeune de banlieue » dans certains romans (surtout dans ceux qui ont adopté le mode réaliste) comme un acte de voyeurisme. Beaucoup de textes n’ont pu échapper aux clichés de la condition « beur » ou au répétitif. Par ailleurs, on a reproché à la catégorie « littérature beur » de condamner les écrivains issus de l’immigration, « à ne raconter qu’une fois une seule et même histoire : celle-là même que les médias voulaient laisser entendre » (Chevillot, p. 50). Les écrivains issus de l’immigration maghrébine eux-mêmes ont souligné l’importance d’écrire sur autre chose que leur condition. Mehdi Charef, un des premiers auteurs de cette littérature et auteur du roman, Le Thé au Harem d’Archi Ahmed (1983), dans un entretien publié en 2005 explique la nécessité de sortir des sentiers battus (racines, identité, intégration), mais seulement après avoir fait un travail analytique sur soi-même et sur son enfance :
[…] je pense qu’on est encore au stade où on a envie de revoir là d’où on vient, de revoir notre enfance et l’identité des parents pour nous en sortir. Une fois qu’on aura fait ce pas analytique, je pense qu’on pourra voler un peu plus. On peut voler un peu… mais on a beaucoup de choses sur les épaules, sur les ailes. (Entretien avec Laura k. Reeck, p. 105)
16On a parfois comparé la littérature « beure » à la littérature d’expression française du Maghreb dans sa période initiale, comme le fait Farid Laroussi en soulignant que durant cette période « la production tenait à la nécessité d’un référent omniprésent et d’une aliénation culturelle » (p. 111). On peut s’attendre donc à ce que cette littérature se diversifie avec le temps. Dans beaucoup de cas la transition s’impose d’elle-même, surtout lorsque les « jeunes » écrivains « beurs » des années 1980 sont confrontés à de nouvelles réalités, notamment le deuil des parents ou la vieillesse. Se décentrer de la condition du « jeune beur » permettrait aussi à cette littérature de sortir de la marginalité dans laquelle elle se trouve en remettant en question l’image figée d’une écriture projetée dans l’urgence du présent et souvent reléguée hors de l’histoire et hors des traditions littéraires établies.
Bibliographie
Bibliographie
Begag Azouz, Le Gone du Chaâba, Paris, Seuil, 1986.
——, Le Marteau pique cœur, Paris, Seuil, 2004.
Belghoul Farida, Georgette !, Paris, Barrault, 1986.
Charef Mehdi, Le Thé au Harem d’Archi Ahmed, Paris, Mercure de France, 1983.
——, « Entretien avec Mehdi Charef effectué par Laura K. Reeck », le 9 juillet 2003, Le Maghreb littéraire, vol. 9, no 18, 2005, p. 99-111.
Chevillot Frédérique, « Identi-double contre mauvaise doublure : Tassadit Imache n’est pas un/e auteur/e beur/e », in Marie-Ange Somdah (sous la dir.), Identités postcoloniales et discours dans les cultures francophones, vol. 1, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 41-63.
Hargreaves Alec, Voices from the North African Community in France : Immigration and Identity in Beur Fiction, New York/Oxford, Berg, 1991.
Imache Tassadit, Une Fille sans Histoire, Paris, Calmann-Lévy, 1989.
——, Presqu’un frère : conte du temps présent, Arles, Actes Sud, 2000.
Laroussi Farid, « La littérature « beur » et le paradoxe de l’authenticité », Expressions maghrébines, numéro spécial « Au-delà de la littérature « beur » ? Nouveaux écrits, nouvelles approches critiques », vol. 7, no 1, 2008, p. 109-120.
Azouz Begag
Né dans la banlieue lyonnaise en 1957 de parents immigrés algériens, Azouz Begag est un des auteurs de la littérature « beure » les plus connus et les plus prolifiques. Son premier roman Le Gone du Chaâba le rend célèbre, en 1998 il est porté à l’écran dans une adaptation de Christophe Ruggia. Azouz Begag publie par la suite un deuxième roman autobiographique, Béni ou le paradis privé (Seuil, 1989) ainsi que de nombreux autres romans qui portent essentiellement sur les questions identitaires et les injustices sociales auxquelles sont confrontés les jeunes « issus de l’immigration ». Citons, entre autres, Les Chiens aussi (Seuil, 1995), Dis oualla ! (1997), Le Passeport (Seuil, 2000) et Dites-moi bonjour (Fayard, 2009). Il est aussi l’auteur de nombreux livres pour enfants, comme Les Voleurs d’écriture (Seuil, 1990) et Le Théorème de Mamadou (Seuil, 2002). Azouz Begag est chercheur en économie au Conseil national de la recherche scientifique (CNRS). Il est l’auteur de nombreux essais de sociologie qui traitent de questions liées à l’immigration maghrébine en France dont Les Dérouilleurs : les Français de banlieue qui ont réussi (Mille et une nuits, 2002) et L’intégration (Le Cavalier bleu, 2003). De 2005 à 2007 il occupera les fonctions de Ministre délégué à la Promotion de l’Égalité des Chances, expérience qu’il commente dans son livre Un Mouton dans la baignoire (Fayard, 2007).
Farida Belghoul
Née à Paris en 1958 de parents immigrés algériens, Farida Belghoul est écrivaine, cinéaste et enseignante. Avant de passer à l’écriture, Belghoul se fait connaître comme la porte-parole de la deuxième « marche des beurs » contre le racisme (Convergence, 1984). Elle réalise ensuite deux films : C’est Madame la France que tu préfères (1981) et Le Départ du père (1983), et publie un roman, Georgette ! (Barrault, 1986 – prix Hemès). Elle est aussi l’auteure d’un roman inédit, La Passion de Rémi. Bien que limitée à un seul roman publié à ce jour (Georgette !), sa contribution à la littérature « beure » n’est pas sans conséquence car ce roman est souvent considéré comme un des plus complexes et des plus élaborés de cette littérature. Farida Belghoul quitte très tôt le monde de la littérature pour se consacrer à son travail d’enseignante dans un lycée professionnel de la banlieue parisienne. Depuis, elle y mène son combat contre l’exclusion. En 2008, elle lance le projet de Remédiation éducative individualisée à domicile (REID) qui vise à combattre l’illettrisme chez les jeunes adolescents exclus du système scolaire.
Tassadit Imache
Née à Argenteuil en 1958 d’un père immigré algérien et d’une mère française, Tassadit Imache est l’auteure de plusieurs romans. Son premier roman Une Fille sans histoire (Calmann-Lévy, 1989) est, dans la lignée des romans « beurs », un récit en grande partie autobiographique. Elle publie par la suite des récits où reviennent souvent les thèmes de l’exclusion, des origines et de la mémoire, Le dromadaire de Bonaparte (Actes Sud, 1995), Je veux rentrer (Actes Sud, 1999), Presqu’un frère (Actes Sud, 2000) et Des Nouvelles de Kora (Actes Sud, 2009). Elle a aussi publié des ouvrages pour la jeunesse, Le Rouge à lèvres (Syros, 1988) et Algérie : filles et garçons (avec Anne Tonnac/Albin Michel jeunesse, 1991). Mal à l’aise face à l’étiquetage de ses livres, elle écrit un essai majeur, « Écrire tranquille ? » dont une partie est publiée dans la revue Esprit en décembre 2001, p. 35-53. Assistante sociale, elle a été de 2000 à 2006 membre de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (art., « Dedans dehors », n ° 61, mai-juin 2007, revue de l’Observatoire national des prisons).
Auteur
Anissa Talahite-Moodley a obtenu un doctorat à l’Université de Leeds en Grande-Bretagne sur les questions identitaires chez les romancières d’Afrique australe. Elle enseigne à temps partiel à l’Université de Toronto et continue ses recherches sur la littérature postcoloniale, la littérature féminine et la littérature dans le contexte migratoire. Ses travaux sont parus, entre autres, dans African Literature : An Anthology of Criticism and Theory (Blackwell, 2007), Nottingham French Studies, AUMLA, Mosaic, Women, Identities and Immigration in France (Berg, 2000), Cultures transnationales de France : Des « Beurs » aux… ? (L’Harmattan, 2001). Elle a aussi dirigé l’ouvrage collectif Problématiques identitaires et discours de l’exil dans les littératures francophones (Presse de l’Université d’Ottawa, 2007).
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La plume dans la plaie
Les écrivains journalistes et la guerre d’Algérie
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2003
L’Empire vous répond
Théories et pratiques des littératures post-coloniales
Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin (dir.)
2012
La Nouvelle en Europe
Destins croisés d’un genre au XXe siècle
Andrée-Marie Harmat, Yves Iehl, Nathalie Vincent-Arnaud et al. (dir.)
2014