Avant-propos

1L’essor incroyable des TIC et notamment du réseau Internet a permis une croissance telle des échanges informationnels dans nos sociétés, qu’il est indispensable d’en mesurer les effets (EUTIC 07). Que cela soit aux sur les plans des contenus, des usages, des enjeux économiques ou culturels, les bouleversements sont profonds et mobilisent à différentes échelles tous les acteurs impliqués et c’est ce qui nous intéresse dans cet ouvrage.

Il montre combien la formation et l’enseignement ne sont pas moins concernés par l’introduction des TIC. C’est une réflexion sur l’évolution des dispositifs de communication des connaissances, sur les modalités de diffusion des contenus, sur la mise en place des espaces communs de communication des connaissances (E3C).

Au-delà de cela, ce livre permet de mieux comprendre le rôle des TIC dans ce domaine. Il s’agit d’identifier les facteurs facilitant la réussite des processus de construction des connaissances dans les nouveaux environnements d’enseignement et de formation.

Les E3C : expression très courte quand on souhaite parler de la notion d’espace communautaire et de connaissances. Le défi consiste, non seulement à approcher de très près, chacun des éléments de cette notion, mais aussi à les décrire dans leur logique d’espace communicant.

La forme de cet ouvrage suit cette logique, alliant scrupuleusement ce qui pour nous, représente l’intérêt de cet écrit :

• un historique évolutif des situations ayant initié ces E3C ;
• une approche par les usages mettant l’accent sur l’ensemble des points de vue ;
• un lien permanent entre théories et pratiques.

Sa première originalité, donc, consiste à faire prendre conscience à chacun de nous, que l’espace ne s’est pas construit en un jour, ni par une seule personne...

Au début était l’enseignement assisté par l’ordinateur ou par les didacticiels dans des espaces communément appelés « classes », aujourd’hui au-delà du terme d’environnement ou de dispositif, il est question d’espace. Depuis l’arrivée de l’ordinateur dans l’enseignement, nous sommes passés par l’EAO, les Systèmes Tutoriels Intelligents, les Environnements d’Apprentissage Informatisé, plus connus sous le nom de micromondes. Puis, la formation à distance a pris le pas, intégrant interaction, différences culturelles et rénovant ainsi méthodes d’apprentissages et méthodes pédagogiques. Très vite, la notion même de communauté a fait sens ; les blogs, les Wikis et les environnements numériques de travail ont ouvert la voie des communautés virtuelles d’apprentissage. Mais la description est prudente tant le chemin parcouru ne s’est pas construit seul et sans embûche.

En effet, la deuxième originalité de cet ouvrage tient au fait que nous vivons dans un monde dont les diverses parties sont de plus en plus intégrées et liées entre elles. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans cet espace nouveau, la « légitimité » de ces E3C, fluctue en raison de deux phénomènes contradictoires. Il y a d’une part, l’indispensable nécessité à coopérer afin de résoudre des problèmes et d’autre part, une tendance à l’individualité, principe consistant à travailler seul, dans les deux cas pour des raisons aussi diverses que variées.

Ce paradoxe s’applique à tous, enseignants, concepteurs d’environnement, techniciens et autres, mais force est de constater que sans analyse des usages des apprenants et des enseignants, les éléments sont difficiles à mettre en place. De même, les gestionnaires de tels projets loin de devoir répondre à un seul phénomène de mode, ne peuvent ignorer les usages de ces communautés. C’est à ce titre que cet ouvrage intègre les analyses sémio pragmatiques et s’enrichit d’exemples concrets, dans une construction des E3C dotée des points de vue de chacun.

Troisièmement et puisqu’il est question d’exemples et d’usages, la nouveauté de ce livre vient du fait qu’il applique les concepts de « connaissance », de « partage » et de « communication » sans jamais heurter les sources épistémologiques. Il articule ces différentes notions en mobilisant des travaux internationaux qui fondent les raisons de l’apparition des E3C en tant que domaine de savoir et les cadres théoriques qui ont présidé à l’essor des principaux travaux jusqu’à leurs prolongements contemporains. Ils présentent l’argument selon lequel mettre en œuvre un E3C est une question de communication, d’éducation et de technique et qu’elle ne peut être résolue sans une construction commune, du sens que chacun souhaite « donner » à ces espaces. Le contexte, au sens strict comme au sens large, donne à cet argumentaire la possibilité d’affirmer qu’il s’agit bien d’espace, là où rien n’est figé, là où tout est en mouvement et où la difficulté demeure dans la rapidité d’adaptation.

Cet ouvrage fournit un nouveau cadre de travail pour réfléchir à la conception, à l’utilisation et à l’évolution des espaces communs de communication des connaissances et sera l’occasion d’interroger d’autres espaces liés à d’autres cadres disciplinaires.