Du Temps incertain au temps ralenti : variations temporelles françaises
p. 57-68
Texte intégral
1Certains auteurs appartenant à l’anticipation française ont traité frontalement le thème du voyage dans le temps, tel Régis Messac et son chronoscope dans La Cité des Asphyxiés en 1937, ou narrativisé le paradoxe temporel comme René Barjavel avec Le voyageur imprudent en 1944 et Pierre Boulle dans sa nouvelle « Une nuit interminable » écrite en 1949, publiée en 1953 dans le recueil des Contes de l’absurde. Il faut attendre les années 70 et 80 pour que le traitement du temps dans l’hexagone avec Michel Jeury, Philippe Curval et Gérard Klein fasse apparaître la profonde originalité de la science-fiction française.
2S’inspirant de l’œuvre dickienne, qui introduit une objectivation de la subjectivité et affirme le droit à une perception temporelle différente, les romans de Michel Jeury introduisant au Temps Incertain, à l’Indéterminé par l’intermédiaire d’une drogue, la chronolyse. Ils s’éloignent toutefois de Philip K. Dick par l’exploration de l’interaction entre les subjectivités et par le traitement littéraire, rejoignant ainsi Gérard Klein et ses Seigneurs de la guerre. En s’enrichissant parfois des recherches formelles du Nouveau Roman, ces auteurs français décrivent des univers ou aucun déroulement événementiel n’assure une continuité logique selon les normes classiques du romanesque et se compose de l’absence de toute cohérence causale pour représenter le temps. Dans l’histoire du XXe siècle c’est la modification structurelle quant au rapport de l’homme avec la science, avec le temps scientifique et avec le temps en général qui se trouve mise en jeu dans ce surgissement du thème de la temporalité venant bouleverser le rapport du sujet à lui-même. Cette singularité littéraire, qui renouvelait par là même une conception classique du roman de science-fiction par cette rupture avec le référent historique, n’était pas simplement esthétisante car elle faisait une large place à la vision dystopique d’un avenir social. S’inscrivant dans une tradition française de l’anticipation qui envisage le voyage dans le temps pour proposer des visions sociétales contre-utopiques, les auteurs de la science-fiction française réinventent les concepts du temps pour représenter une définition introuvable et mouvante de l’histoire et du temps, « L’histoire comme narration, l’Histoire comme processus collectif interprété par un auteur ».1
Des machines à explorer le temps et des paradoxes temporels
3Depuis les années 1880 la temporalité en France devient elle-même un objet d’exploration et peut constituer également un outil d’exploration, démontrant cette duplicité de la dimension temporelle, le temps étant à la fois contenant et contenu. Le voyage dans le temps et ses moyens de transport offrent une occasion sans précédent de saisir le mécanisme de la science-fiction puisqu’il s’agit de rendre crédible pour le lecteur l’aventure la plus invraisemblable ou les personnages maîtrisent la force a priori la plus indomptable pour l’homme. Si la littérature générale contourne l’obstacle en créant pour braver le temps les signes du vieillissement, l’oubli ou la mort, la science-fiction appréhende frontalement le temps. En France le premier mode de déplacement dans le temps fut le sommeil dans L’an 2440 ou rêve s’il en fut jamais de Louis-Sébastien Mercier, en 1771, qui imagine un sommeil de sept siècles permettant de transporter son héros à une époque ultérieure. Wells utilisera d’ailleurs le même procédé dans Quand le Dormeur s’éveillera. Dans ces romans il s’agit toujours d’un voyage s’effectuant par un décrochage au niveau de la conscience ou de la vigilance, d’une discontinuité dans le temps subjectif, à laquelle va contribuer un procédé technique plus ou moins scientifique. En 1890, Henri-Louis Boussenard racontera les aventures d’un scientifique plongé dans la glace afin d’explorer le futur dans 10 000 ans dans un Bloc de Glace. Cette modalité de non-déplacement dans le temps, une des formules initiales du voyage temporel, s’associe donc à une mise en repos du corps, une mise en suspens rappelant les conditions du voyage temporel par la prise de drogues, telle qu’on la retrouvera beaucoup plus tard dans Le Temps incertain de Michel Jeury en 1973. Bien avant l’écriture de cette œuvre majeure en France et le traitement de la prise de drogue dans l’œuvre dickienne2, le roman Dans Mille ans d’Émile Calvet en 1884 faisait déjà prendre à ses personnages un produit chimique capable de les faire voyager dans le temps : des savants du XIXe siècle absorbent une substance et se réveillent mille ans plus tard dans le Paris de 2880. Ce n’est pas le mouvement qui emporte nos premiers voyageurs temporels mais bien un état de relaxation absolue, voire de catalepsie provoquée ou non, liant ainsi fortement la représentation littéraire à la notion de temps subjectif.
4A contrario les véhicules permettant la mobilité dans le flux temporel, les machines à explorer le temps, inscrivent le récit de science-fiction dans une dimension plus scientifique que psychologique : le temps est semblable à une dimension spatiale introduisant au passage la thématique d’une création incontrôlable, menaçante comme le temps lui-même. En France dès le début du XXe siècle les effets de visiteurs du futur altérant le passé ont fait l’objet d’un roman d’Octave Béliard, Aventures d’un voyageur qui explora le temps (1908), qui rapporte qu’un savant romain avait inventé une machine analogue à celle de Wells. Ses deux fils jumeaux, Remo et Romulado, pénètrent dans le laboratoire, mettent la machine en marche et disparaissent dans le passé où ils deviennent célèbres sous les noms de Romulus et Remus. Mais ce roman ne fait qu’effleurer un aspect du paradoxe que l’on devine : l’action du voyageur venu avant son apparition peut-elle figer l’histoire une fois pour toutes, bien avant son apparition dans son temps propre ? Octave Béliard interroge pour la première fois en France le paradoxe temporel comme la boucle fondatrice ou le mythe de l’auto-engendrement ; cette boucle temporelle consiste en un déplacement du voyageur vers une période du passé ou celui-ci intervient de façon tout à fait paradoxale à un moment-clé de l’histoire et participe ainsi à un événement d’importance considérable qui n’aurait pu se produire sans le voyageur3. Pour Laurent Labrune, le voyageur dans le temps devient alors « fondateur de son destin en parcourant dans les deux sens la linéarité temporelle, c’est par une boucle en court-circuit qu’il devient tout puissant »4.
5Il peut également arriver que des phénomènes naturels provoquent ce que l’on appellera plus tard ces distorsions du continuum, ou plus simplement le transport inopiné des héros dans une autre époque. Dès 1913, Le brouillard du 26 octobre de Maurice Renard raconte comment un simple phénomène naturel transporte à l’ère tertiaire Chanteraine et son ami Fleury-Moor. Ces derniers y laissent leur trace car les fouilles subséquentes relèvent, dans la main fossilisée d’un pithécanthrope, les restes d’un chronomètre acheté avenue de l’Opéra ! En 1922, Théo Varlet et André Blandin publient La Belle Valence, qui remet en scène la machine de Wells, retrouvée en 1917 par des soldats français : ceux-ci se transportent avec armes et tranchées au XIVe siècle, au siège de Valence en Espagne, et, alliés aux Maures, prennent la ville et refont l’Histoire en bousculant en particulier l’Inquisition.
6Par ailleurs les années 1920 voient l’émergence d’une théorie physique qui marquera fortement les esprits et ne manquera pas d’étayer le thème. Il s’agit de la relativité d’Einstein qui couple le temps à l’espace dans un mariage à quatre dimensions, qui bien que déjà pressenti par les savants et par les premiers auteurs de science-fiction comme Wells, devient sous l’impulsion d’Einstein et de Minkowski, un concept scientifique établi ouvrant la possibilité au voyage dans le temps. Il n’en faut pas plus pour que la littérature d’anticipation s’engouffre allègrement dans la brèche, évoquant souvent la nouvelle physique comme support des aventures spatio-temporelles.
7Dès lors, les années Trente voient l’apparition de machines temporelles qui vont progressivement se charger de dangerosité. Marcel Jeanjean, célèbre dessinateur et auteur prédécesseur d’Hergé (ses remarquables œuvres pédagogiques paraissent quatre ans avant les premières aventures de Tintin) invente en 1931 dans La Découverte de l’Oncle Pamphile, un singulier récit visionnaire, l’irradiation par un projecteur spécial opérant le transfert des personnages en l’an 2350. En 1936 Henry Gérard Viot publie Le Chronastro. Fantastique Randonnée au travers du Temps. D’après son préfacier Pierre Devaux, avec le Chronastro le lecteur n’aura ni « à craindre ni les cauchemars de Wells ni les théories un peu abstruses des mathématiciens. De manière très pertinente, H.G. Viot a compris qu’à notre époque les jeunes esprits sont prompts à admettre tous les miracles de la science. Son interprète, le professeur Etelfay, a le souci de nous rappeler les anomalies de calendriers et d’horaires que nous pouvons nous mêmes vérifier à la faveur d’un voyage autour du globe terrestre. Souvenons-nous que Verne y avait déjà fait appel pour la fin, célèbre autant qu’inattendue, du “Voyage autour du monde en 80 jours”5 ». Le Chronastro, véhicule transé-culaire, fonctionne à l’aide d’une radiation pour le moins mystérieuse, cette dernière constituant pour l’époque, nous le rappelons, la « mesure » du temps, d’après les théories de la relativité. Cependant c’est Régis Messac avec La Cité des Asphyxiés en 1938 qui va renouveler fictionnellement le thème de façon magistrale, tout en produisant parallèlement une somme de réflexions sur le voyage dans le temps. Cet article, paru dans La science moderne en 1930, est une synthèse pertinente entre des références scientifiques, les travaux de Bolyai, de Lobatchefsky, et les romanciers du temps, remontant jusqu‘à Mercier, mêlant dans son approche comparatiste des auteurs français très peu connus (Victor Fournel, Henry Cochin…) à des utopistes comme Bellamy, Morris ou encore Anatole France : « Mais, là comme toujours, le merveilleux légendaire a précédé le merveilleux scientifique. Que d’anneaux merveilleux dont la vertu magique permet de revivre ou tout au moins de revoir le passé ! C’est en effet vers le passé que se tourne généralement la curiosité des premiers voyageurs du temps. L’avenir, on cherche à le connaître, sans doute : c’est l’affaire d’innombrables devins ou prophètes, mais on ne semble pas, pendant longtemps, avoir un très vif désir d’aller y vivre. C’est là un désir tout moderne, et qui coïncide plus ou moins avec l’affaiblissement de la foi : quand on n’a plus de paradis dans le ciel, on tâche de s’en construire un dans le futur. Tant le paradis est chose nécessaire pour nous encourager à vivre. »6
8Le critique littéraire comparatiste s’allie toujours chez Messac au romancier de l‘anticipation ou de la science-fiction. Dans La Cité des asphyxiés, le savant Rodolphe Carnage invente le « chronoscope », un appareil permettant de projeter des images du futur. L’écrivain va user de son habituel sens de l’ironie et de son mode de narration pour échapper à une explication scientifique de son engin. La narratrice du récit, Belle Sims, secrétaire de Carnage, est chargée de la narration et son ignorance tant scientifique que philosophique va frustrer le lecteur d’une explication plausible : « C’est une espèce de cinéma. Je veux dire qu’il y a surtout un écran […] Grâce à ce chronoscope, on peut voir ou entrevoir des choses qui se passent, ou se passeront (mais ce futur n’est qu’un signe de l’insuffisance de notre langage et de notre infirmité intellectuelle) en l’an 3000, ou 4000, ou 10000… […] L’appareil a des défauts […], on ne sait jamais exactement à quelques siècles près, à quelle époque on est. Cela tient aux variations futures des horloges astronomiques et à la relativité du temps. »7 La dangerosité de la machine va apparaître lorsqu’ un ami de Rodolphe, Sylvain Le Cateau, va malencontreusement basculer dans l’écran et se retrouver définitivement prisonnier d’un futur étrange et exotique8. Rodolphe et sa secrétaire le voit régulièrement sur l’écran et Sylvain a alors l’idée d’écrire des lettres sur une ardoise qu’il met à la poste du néant pour témoigner du monde futur dans lequel il vit désormais. S’il est légitime de voir dans ce récit une projection effrayante de la société libérale que connaissait alors l’auteur, l’air devenant le centre d’un commerce inégalitaire et permettant l’asservissement par l’asphyxie progressive des classes sociales les plus défavorisées dans un monde subterrannéen (thématique sociale reprise par la version filmique de Total Recall par Paul Verhoeven), La Cité des Asphyxiés pose pour la première fois dans la science-fiction le problème conceptuel du temps à travers les dialogues entre Rodolphe et le philosophe Marc Boor. Ce dernier démontre que le sens du temps n’est un sens unique vers l’avenir puisque les messages de Le Cateau ont pu revenir dans le passé et cite l’électricité parcourant une conduite d’eau. Rodolphe le mathématicien finit par conclure que « cette expression d’avenir n’a pas grand sens puisque en allant assez loin dans le cycle on finirait par tomber sur ce que nous appelons le passé. »9 Cette conception en boucle du temps, ce rapport de réciprocité entre l’avenir et le passé va être remarquablement expliqué par la notion de paradoxe temporel, développé notamment dans le roman de René Barjavel Le Voyageur Imprudent, publié en 1944. Le paradoxe temporel se fonde sur la contradiction fondamentale concernant la possibilité même du voyage dans le temps qui dénature celui-ci en rendant toutes les époques simultanées et en impliquant la perte d’identité du temps.
9Ce paradoxe est la « mère des paradoxes », selon l’expression du physicien Krauss dans La physique de Star Trek10, même si Krauss désignait par là la réaction en chaîne temporelle qui provoque la destruction de la vie sur terre. En admettant que le déplacement dans le temps ne soit pas auto-contradictoire, se pose tout de même le problème de la simple présence d’un voyageur dans une autre époque que la sienne : elle provoque un paradoxe car elle ne respecte pas la loi de « conservation de l’énergie » et le paradoxe ne se limite pas à l’époque d’arrivée, où apparaît un excès de matière, mais concerne aussi l’époque d’origine, où le départ du voyageur laisse un trou symétrique. Le degré d’évidence du paradoxe lié à la possibilité même du déplacement dans le temps augmente encore dans la situation du voyageur du temps qui se rencontre lui-même, et acquiert par là une connaissance de l’avenir qui ne cadre pas avec la progression normale du réel. Toute intervention d’un voyageur du temps crée une perturbation aussi radicale que celle que l’on rencontre dans le paradoxe du grand-père. C’est l’issue que donne René Barjavel à son récit puisque son voyageur temporel Saint-Menoux est effacé de l’histoire. Barjavel explicite la disparition de son personnage dans un post-scriptum écrit quinze ans après la première édition de son roman :
« Il a tué son ancêtre ?
Donc il n’existe pas.
Donc il n’a pas tué son ancêtre.
Donc il existe.
Donc il a tué son ancêtre.
Donc il n’existe pas… »
10Le Voyageur imprudent apparaît ainsi comme une brillante exploration du thème du voyage à travers le temps, en même temps que comme une présentation pertinente des paradoxes liés à cette notion. Herbert George Wells avait rationalisé en quelque sorte le thème lui-même, en lui conférant une dimension pseudo-scientifique, mais il n’avait lancé son voyageur temporel que dans des périodes où nul paradoxe n’était à redouter : l’an 802 701 après Jésus-Christ, puis plus « tard » encore, dans la période de déclin de notre astre solaire. René Barjavel, en revanche, n’hésite pas à montrer son voyageur dans un passé suffisamment proche pour que ce voyage entraîne des dérangements dans la trame temporelle. Au-delà du paradoxe décrit, le voyageur en vient accidentellement à tuer un de ses ancêtres avant que celui-ci ait pu assurer sa descendance. La volonté du personnage de changer l’histoire est essentielle à l’argumentation romanesque : Barjavel se situe sur un autre versant que celui de Wells qui posait son personnage comme un observateur scientifique. Saint Menoux met au point son scaphandre temporel dans le dessein mégalomaniaque de modifier le destin du monde en tuant Napoléon. Ce qui intrigue existentiellement le voyageur temporel c’est bien de savoir si l’élimination d’un tel protagoniste historique peut véritablement changer la trame chronologique ou bien si les sillons de l’histoire conserveront intacts leur orientation indépendamment de cet événement. Pour Laurent Labrune c’est poser « la question classique du rôle du destin de l’individu, de sa liberté au sein du système qui le contient, système conçu dans ses multiples dimensions structurelle et temporelle, synchronique et diachronique. »11 Le temps de Barjavel est un temps que l’on expérimente, devenant ainsi sujet et objet de l’expérience : dans ce cadre-là c’est un défi lancé à la loi immuable et à l’enchaînement des générations. Mais la question que Saint Menoux pose au temps va lui revenir en boomerang, anéantissant son existence laissée en suspens, pendue au paradoxe définitivement irrésolu.
11La figure du personnage pris dans le piège d’un temps-destin va générer une variation du paradoxe temporel en le constituant comme une boucle circulaire. L’image de ce temps mythique est une métaphore ambivalente le représentant comme une matière brute, s’écoulant inexorablement mais ayant la capacité d’être sujet à des retournements, à des boucles se refermant sur elles-mêmes. Dans la nouvelle de Pierre Boulle, Une Nuit interminable, publiée en 1953 dans le recueil des Contes de l’absurde, caractérisée par Jacques Goimard comme une science-fiction sarcastique12, le narrateur rencontre accidentellement à la terrasse de la Coupole un voyageur temporel badarien, Amoun-Kah-Zailat, appartenant à l’an 80 000. Le fameux café Parisien va devenir le théâtre d’une véritable guerre temporelle entre badariens dont sera victime le narrateur, conduit à vivre indéfiniment la même journée faite d’événements répétés en boucle. L’aberration temporelle conduit à une atemporalité anihilante, amplifiée par la note finale du narrateur : « Je n’ignore aucun détail de ce cycle que je vis depuis une éternité passée vers une éternité future »13. Au-delà de la chute ironique du récit, la matière même de l’histoire est fournie par l’angoisse des voyageurs venus du futur, croyant librement circuler dans leur destin et découvrant progressivement qu’ils sont en réalité prisonniers de leurs propres tracés temporels.
Une définition introuvable et mouvante de l’histoire et du temps : le temps incertain et le temps ralenti
12L’exploitation littéraire des paradoxes temporels et l’influence de Philip K. Dick vont amener les auteurs français à diversifier le traitement de la temporalité tout en expérimentant de nouvelles formes narratives enrichies des recherches formelles du Nouveau Roman14. Ces expérimentations sont censées rendre compte de la complexité d’un tel sujet science-fictif, capable tout à la fois de proposer de nouvelles définitions du temps, du psychisme mais aussi de l’histoire sociale. Avant Le Temps Incertain de Michel Jeury, Gérard Klein s’essaya à cet exercice avec l’écriture en 1971 du roman Les Seigneurs de la Guerre, un roman possibiliste comme l’auteur le définit lui-même, où les séquences narratives ne sont pas liées par une conception close de la causalité en l’absence de toute cohérence locale : chaque chapitre narre une aventure du héros non expliquée par les éléments informatifs en amont ou en aval de la narration. Ce procédé narratif permet à Gérard Klein une identification structurelle entre le lecteur et le héros Georges Corson ; les deux entités littéraires découvrent simultanément que le protagoniste est manipulé par son avatar temporel vivant à trois siècles de lui dans le but de faire exister un univers où la notion de guerre aurait disparu. La multiplication des identités temporelles, dépassant alors le paradoxe temporel évoqué plus haut, génère cette manipulation métaphysique se fondant sur la loi, littéraire et narrative, de l’information non régressive ; autrement dit, laisser l’instance littéraire qu’est le lecteur et l’instance narrative qu’est le héros dans l’ignorance de faits qui ne seront dévoilés qu’au cours d’un récit non chronologique : « Vous êtes probablement, [Corson], l’homme qui siège dans le conseil de cette planète, à trois siècles de maintenant, mais vous le savez pas. Vous n’êtes pas encore cet homme. Pour l’instant vous n’êtes que sa meilleure carte. Il ne pouvait pas venir lui-même parce qu’il savait déjà ce qui était arrivé. Il aurait dû défier la loi de l’information non régressive. Il ne pouvait faire confiance à personne. Alors il a choisi de s’envoyer lui-même, en utilisant une période antérieure de son existence et en n’agissant sur le cours des événements que par petites touches, en dessous du seuil de bouleversement. »15 L’excipit du roman, consacré à l’explicitation et à la finalité de cette manipulation temporelle révèle métaphoriquement la simultanéité de la conscience de chacun des avatars temporels, la continuité psychique permettrait ainsi d’abolir les barrières du temps.
13Le temps en se désarticulant va modifier l’histoire du roman dans son contenu, mais surtout dans sa forme en transformant son écriture et en conséquence le rôle attribué au lecteur. Le roman de Michel Jeury paru en 1973, le Temps incertain, communique subtilement avec les variations temporelles de Gérard Klein et avec les mondes hallucinés de Philip K. Dick des récits paranoïdes comme Ubik ou À Rebrousse-temps ou le temps est désarticulé, déstructuré. Michel Jeury a toujours revendiqué une filiation entre son œuvre et celle de Dick16 et c’est la raison pour laquelle le temps dans son cycle17 initié par Le Temps incertain devient le véritable sujet, la trame essentielle de son récit. Le lecteur est invité à reconstituer péniblement les fragments séparés de la trame temporelle sans parvenir même à les assembler. Le temps incertain détruit la notion même de point de vue aboutissant à ce que le lecteur ne sache plus quels sont ses repères, ces derniers variant au cours du récit et le contraignant dans cette lecture-malaise à accepter toute solution pourvu qu’elle le guide hors du néant. En 1980, Théodore Sturgeon évoquera dans la préface de l’édition américaine une « jonglerie avec la conscience et le temps [pour le lecteur] »18. Le pacte de lecture science-fictif est posé avec le sujet du roman : en 2060, les hommes ont mis au point un procédé qui permet de s’affranchir de la linéarité du temps grâce aux ordinateurs phordaux19 et à une drogue, la chronolyse. Les psychronautes sont plongés dans un état appelé « temps incertain » qui leur permet d’entrer en contact avec des personnes du passé et même, de prendre le contrôle de la personnalité de ces derniers. C’est ainsi que Robert Holzach, psychronaute de l’hôpital Garichankar, est envoyé une centaine d’années en arrière dans la tête de Daniel Diersant, modeste employé d’un empire industriel. Diersant pourrait être la clé pour comprendre qui est le mystérieux ennemi qui menace le monde de 2060, et qui pourrait provenir directement du temps incertain.
14L’originalité première du Temps incertain tient dans son idée fondatrice, la chronolyse, que Jeury développe aussi bien sur le fond que sur la forme. Daniel Diersant, qu’un hypothétique accident a plongé en chronolyse sans le secours d’une quelconque drogue – et avant même que la chronolyse ne soit découverte –, se retrouve prisonnier d’une boucle temporelle : il revit, de façon discontinue et indéfiniment, certains événements qui présentent, à chaque fois, d’infimes variations. Ce labyrinthe mental plonge le personnage dans un état de confusion que l’auteur imprime également à son lecteur en brisant la linéarité du récit par l’alternance des descriptions de chaque conscience de chaque personnalité des narrateurs. C’est ainsi que nous croisons le psychisme de trois personnalités différentes, celle de Robert Holzach, le voyageur temporel, celle de Daniel Diersant, le personnage du passé auquel il s’identifie et celle de Renato Rizzi, la personnalité de l’aventurier lui permettant d’intégrer un lieu mythique et ambivalent, la plage de la Perte en Ruaba, là où le temps naît et s’abolit. Les scènes les plus déroutantes et les plus schizoïdes du roman sont certainement l’incipit et l’excipit, les dialogues permettant l’échange entre les trois personnages et les trois personnalités, interrompus par la voix des médecins psychronautes de Garinchankar surveillant le voyage chronolytique. Ces échanges prennent la forme syntaxique de phrases non terminées et incohérentes. En plaçant en exergue du Temps incertain une phrase de Dick, « J’ai le sentiment profond qu’à un certain degré il ya presque autant d’univers qu’il ya de gens, que chaque individu vit en quelque sorte dans un univers de sa propre création », Michel Jeury s’identifie à l’entreprise dickienne qui affirme avec force et dignité le droit à une perception différente tout en excluant l’interaction entre les subjectivités.
15L’auteur français va beaucoup plus loin dans une exploration schizoïde littéraire : il rompt avec la cohérence diégétique, la cohérence psychique des personnages et détruit le paradigme du réel ordinairement figuré dans un roman, c’est-à-dire qu’un événement en apparence anodin peut faire basculer la conscience d’un personnage et sa réalité vers une autre : « le deuxième [homme] braqua sur Renato un pistolet à long canon, en disant d’une voix rude, étrangère : “Ne bougez pas !” Le verre ne se brisa pas mais se fendit […] Daniel éprouva une sensation de froid intense et retira aussitôt sa main. »20 Le lecteur bascule dans cette scène de la réalité de Renato Rizzi agressé dans le sous-sol d’un bar par des hommes de mains de l’Empire HKH à celle de Daniel Diersant enfermé dans une chambre d’hôpital sans porte avec une baie vitrée qu’il est en train de toucher. Pour Gérard Klein cette destruction du paradigme du réel romanesque, « introduit à une perception des lacunes du paradigme historique. […] Le sujet véritable des romans et nouvelles de Michel Jeury, c’est une définition introuvable de l’histoire, aux deux sens du terme. L’histoire comme narration, l’Histoire comme processus collectif interprété par un narrateur. »21
16La dissolution du temps chez Michel Jeury est la volonté de sortir de l’Histoire, de la négation de l’Histoire en tant que certitude. Pour le personnage de Daniel Diersant l’Histoire est une prison, un outil de manipulation des hommes. Un homme qui se contente de suivre l’Histoire n’a pas de prise sur sa vie. Le temps incertain – et son état ultime, la Perte en Ruaba – devient alors une porte de sortie, une façon d’échapper non seulement à l’Histoire, mais aussi à un avenir lui-même incertain. L’ambigüité fondamentale du temps incertain tient en ce que le lecteur oscille constamment d’une interrogation à une autre sur la nature même du temps : le temps existe-t-il réellement en tant que donnée physique ou n’est-il pas simplement une donnée psychique ? Le Temps incertain interroge la notion de réalité d’une identité pris dans un processus historique. La confusion née des perceptions différentes des trois personnages interroge l’homme sur sa propre réalité : sommes-nous une identité fixée dès la naissance, une identité construite par l’Histoire, ou une identité inventée par nous-mêmes ? Le roman de Michel Jeury défend cette dernière position en plaçant ses personnages capables de devenir démiurges de leur propre univers par la maitrise de la temporalité cyclique. Après la prise de conscience du retour régulier de certaines scènes passées, présentes ou futures, le voyageur accumule un savoir infime, pour se transformer lui-même. Le temps après avoir été un persécuteur devient un allié puisque le voyageur connaissant les principes de la répétitivité va pouvoir en maitriser les effets de ses interventions. Pour Robert Holzach et Daniel Diersant ce sera le moyen de vaincre une menace sans précédent issue du temps incertain, l’empire industriel et totalitaire HKH, mené par un personnage aux multiples personnalités et toponymes, Harry Krupp Hitler, Howard Kennedy Hughes ou encore Honeywell K Heydrich. En 1973, la position critique et prophétique à l’égard du pouvoir des grandes multinationales n’était pas une problématique répandue et il faut souligner là la grande originalité de Michel Jeury dans le traitement de ce thème. La personnalité du psychronaute Robert Holzach est envoyée en 1966 dans celle de Daniel Diersant afin de stopper une véritable guerre chronolytique et l’avancée expansionniste du magnat HKH. Ce personnage tyrannique dissout les nations sous l’empire du marché et veut envahir non seulement le temps incertain mais aussi dominer la réalité par la corruption des agents en chronolyse.
17L’idée de résister à un empire commercial ou politique par le biais du voyage temporel psychique sera repris quelques années plus tard par Philippe Curval dans sa fresque de l’Europe en devenir, initiée par Le Dormeur S’éveillera-t-il ? suivi de Cette chère Humanité en 1976 et de En souvenir du futur. Ce dernier roman publié en 1983 met en scène le personnage de Georges Quillian, un agent du CEGESTE, qui voyage temporellement à travers les années en étant rappelé par ses passions amoureuses et les sentiments de ses différentes partenaires amoureuses. Ses étapes temporelles portent ainsi le nom des femmes qu’il a aimées, Jickie, Vera, Aziza, Nancy ou encore Inglès, la femme de sa vie et le personnage qui va lui permettre de métamorphoser cet itinéraire temporel amoureux en combat politique : Georges Quillian se destine à changer les données politiques de l’avenir pour faire disparaitre l’utopie étouffante réalisée de L’Europe, le Marcom, décrite dans le tome précédent du cycle de Curval.
18Si En Souvenir du futur était une variation originale du voyage dans le temps tout en reprenant la technique narrative de Jeury, Cette chère Humanité est une œuvre politique, décrivant l’Europe du Marché commun définitivement fermée au reste du monde entourée de murs hauts de plusieurs kilomètres. Le Marcom est une dystopie libérale dont le personnage principal, l’ingénieur Simon Cessieu va élaborer une machine à « ralentir le temps » afin que tous les citoyens du Marcom puissent profiter seconde par seconde du confort technologique procuré par cette version si particulière de l’Europe. L’invention et la commercialisation de ces « cabines » de temps ralenti vont rendre immensément riches une poignée d’hommes et surtout réduire à néant le pouvoir politique dont les représentants sont devenus anonymes. Mais ce rêve d’aboutir à l’immobilisation d’un monde autarcique prétendument utopique va s’autodétruire par la manipulation du temps : le cauchemar d’uniformisation du Marcom, négativité du repliement communautaire excluant notamment le brassage de l’immigration, se désintègre d’un point de vue culturel et se résorbe physiquement, permettant à Philippe Curval l’adéquation entre son projet esthétique et sa volonté politique : « l’invention du ciel pied de poule où le Marcom s’invagine tout entier avec son créateur après un retournement de l’univers m’a été suggérée par l’introduction brutale d’une séquence de mots choisis au hasard dans le dictionnaire. Mais je n’en finirais pas de me citer tant la richesse de ce système d’autoterrorisme mental permet de relayer la simple imagination, d’aider à la fabrication de concepts différents. »22
19Le temps comme concept et comme thématique littéraire apparaît essentiel à la créativité de l’anticipation et de la science-fiction française depuis le début du XXe siècle. Si les années 30 voient le renouvellement structurel du thème comme problématique consubstantielle du récit, l’obsession du temps chez des auteurs majeurs de la science-fiction française a permis l’apparition d’œuvres tant esthétiques que politiques. Dans ces variations temporelles françaises, du paradoxe barjavellien aux couloirs du temps de Pierre Boulle, du héros se construisant au fur et à mesure de ses avatars temporels, de la narrativisation déconstruite de Michel Jeury au retournement temporel annihilateur de Curval, le temps finalement n’est-il pas la science-fiction elle-même ? À Richard Comballot, qui lui demandait dans un entretien en janvier 2008 si le thème du temps le hantait, Michel Jeury répondait : « Le Temps m’a tuer. Enfin, pas tout à fait, mais c’est en bonne voie. Le temps, il me semble, doit hanter tous les auteurs de SF (les autres aussi d’ailleurs, d’une certaine façon). Dans la moitié au moins des histoires de SF, surtout les romans, le temps est exploré, désarticulé, pris à rebrousse-poil, uchronisé ou Dieu sait quoi encore. La SF est avant tout une machine à explorer le temps. »23
Notes de bas de page
1 Gérard Klein, Une vue sur l’histoire, préface au Livre d’or consacré à Michel Jeury, Presses-Pocket 5133, Paris, 1982, consultable sur http://ansible.xlii.org/quarante-deux/archives/klein/prefaces/jeury.html
2 Philip K. Dick évoquera le temps dans Doctor Futurity (1959), originellement sorti sous le titre Le Voyageur de l’inconnu (Le Masque SF, 1974). Voir l’article précédent d’Hervé Lagoguey.
3 Cette variation du paradoxe temporel sera exploitée de façon magistrale par Michael Moorcook dans Voici l’Homme en 1965 où un personnage hanté par l’histoire du Christ rejoint l’époque de celui-ci : voyant que le Christ n’existe pas le héros se retrouve à incarner le personnage messianique qui l’a conduit à voyager dans le temps, refermant ainsi la boucle temporelle.
4 Laurent Labrune, « Temporalité et science-fiction ou le voyage dans le temps comme explorateur de la temporalité psychique », Revue française de Psychanalyse, Paris, 1997, p. 1892.
5 Henry Gérard Viot, Le Chronastro. Fantastique Randonnée au travers du Temps, collection Sciences et aventures, Magnard, Paris, 1959, préface de Pierre Devaux, p. 12.
6 Régis Messac, « Les voyages dans le temps », La Science-moderne, 1930.
7 Régis Messac, La Cité des asphyxiés, éditions Ex-nihilo, Paris, 2010, p. 28.
8 Dans le premier récit ou « fragment » de Sylvain Le Cateau, la mutation du monde et des valeurs vient d’abord du décalage trop important entre cette époque reculée dans le futur et la mentalité du narrateur. L’immense cité subterranéenne où il a surgi est qualifiée de « monde barbare et détraqué ». Dès le début du récit notre naufragé temporel atterrit réellement dans une immense caverne et cette cité souterraine est si « exotique » pour le regard du narrateur que l’on ne sait si le monde découvert est utopique ou dystopique en tant qu’univers clos.
9 La Cité, op. cit., p. 237.
10 La physique de Star Trek ou comment visiter l’univers en pyjama, Lawrence M. Krauss, préface de Stephen Hawking, éditions Bayard sciences, Paris, 1998.
11 Laurent Labrune, op. cit., p. 1896. D’autre part comme le souligne Christian Grenier cette question ressurgit régulièrement sous la plume des auteurs de science-fiction, « … Il n’existe pas à notre connaissance aucun texte dans lequel les héros se rendent dans le passé pour modifier l’histoire de façon positive… Le pessimisme semble de rigueur comme si une certaine fatalité semblait peser sur l’histoire définitivement gravée » in La SF à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas, collection Littérature Jeunesse, éditions du Sorbier, Paris, 2003, p. 17.
12 Pierre Boulle. Étrange planète, éditions Omnibus, Paris, 1998. Pour Pierre Boulle, « L’humour est métaphysique, la satire est morale. Comme ses contemporains de l’école Galaxy, [il] aborde sarcastiquement des problèmes graves ; il est un peu théologien (en termes philosophiques) et adepte du conte merveilleux (en termes littéraires). Chez lui la SF est une variété de merveilleux », postface de Jacques Goimard, « La planète Boulle, une science-fiction sarcastique », in Pierre Boulle. Étrange planète, op. cit., p. 1003.
13 Pierre Boulle, Une nuit interminable, in Pierre Boulle. Étrange planète, op. cit., p. 34.
14 Voir à ce sujet Le Livre d’or de Michel Jeury, Presses Pocket 5133, Paris, 1982 préfacé par Gérard Klein et consultable sur http://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/jeury.html.
15 Gérard Klein, Les Seigneurs de la guerre, Le livre de poche Science-fiction, Paris, 2001, p. 161.
16 Dans un entretien avec Philippe Curval, Michel Jeury déclare : « Je suis toujours dickien, même si j’évolue aujourd’hui dans une direction vraiment différente. Le moindre Dick que je lis, même le plus ancien me procure toujours un choc » in Futurs [1re série] 5, novembre 1978, entretien consultable sur http://www.quarante-deux.org/archives/curval/entretiens/jeury.html.
17 Le Temps incertain sera poursuivi par Les Singes du temps en 1974 et Soleil chaud, poisson des profondeurs en 1976 dans la collection « Ailleurs et Demain » dirigée par Gérard Klein. Le cycle est réédité dans son intégralité en 2008 dans la même collection.
18 Théodore Sturgeon, Introduction à Chronolysis, préface écrite pour l’édition américaine du Temps incertain, première parution française in Yellow Submarine n° 113, 1995, reprise dans Michel Jeury, la Vallée du temps profond, sous la direction de Richard Comballot, La Bibliothèque voltaïque, éditions Les moutons électriques, Paris, 2007, p. 483.
19 Ordinateurs photoniques faisant circuler les données dans un logiciel à la vitesse de la lumière.
20 Le Temps incertain, Michel Jeury, collection Ailleurs et demain, éditions Robert Laffont, Paris, 1973, p. 160.
21 Le Livre d’or de Michel Jeury, Presses Pocket 5133, Paris, 1982 préfacé par Gérard Klein et consultable sur http://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/jeury.html.
22 Conférence de Philippe Curval du jeudi 16 avril 1998, « Surréalisme et science-fiction », 25e Convention de science-fiction, Nancy, texte consultable sur http://www.quarante-deux.org/archives/curval/divers/surrealisme.html
23 Richard Comballot, « Onze questions à Michel Jeury », La bibliothèque virtuelle n° 16, 21 janvier 2008, consultable sur le site des éditions Les Moutons électriques, http://www.moutons-electriques.fr/virtuel.php?p=intro&n=16.
Auteur
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3
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