1
Tels Maurice Agulhon. Cf. son article : « Peut-on lire en historien L’Éducation sentimentale ? », in Histoire et Langage dans « l’Éducation sentimentale » de Flaubert, SEDES-CDU, 1981, p. 35 à 41.
2
De la Restauration à la fin du Second Empire ; mais le roman évoque surtout la Monarchie de Juillet et la Deuxième République.
3
On cite volontiers l’exemple d’un passage modifié, vers la fin du premier chapitre de la troisième partie : Flaubert avait d’abord imaginé qu’en juin 1848, Frédéric, alerté par la nouvelle de la blessure de Dussardier, prenait le train de Fontainebleau à Paris, avant d’apprendre que cette ligne de chemin de fer n’avait été ouverte qu’en 1849. Il récrivit alors le passage, installant son héros dans des voitures de louage. Cf. L’Éducation sentimentale, Le Livre de Poche, 2002, p. 493-494.
4
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 479.
5
Albert Thibaudet, Gustave Flaubert, N.R.F., Gallimard, 1935, p. 151.
6
On reproche par exemple au régime de chercher des accommodements humiliants avec l’Angleterre lors de « l’affaire Pritchard » ; cf. L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 80, etc.
7
Ainsi l’affaire Teste-Cubières et l’assassinat de la duchesse de Praslin ; cf. ibid., p. 394-395.
8
Tels Deslauriers, l’ami de Frédéric Moreau.
9
Cf. L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 421.
10
Ibid., p. 425.
11
Ibid., p. 441.
12
Ibid., p. 435.
13
Le 23 avril 1848.
14
Sur les instances de Louis Blanc, désireux d’établir une démocratie « sociale », le Gouvernement provisoire avait créé, en février, des Ateliers Nationaux qui occupaient les chômeurs, de plus en plus nombreux dans la Capitale. Falloux, représentant, à la Constituante, de la droite royaliste, les fit fermer, le 24 mai. La publication, le 22 juin, de cette décision, déclencha la guerre civile.
15
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 470.
16
Ibid., p. 536.
17
Ibid., p. 611. Dans la prison de Mazas se retrouvaient d’anciens adversaires (Thiers, politicien conservateur, le socialiste Nadaud, etc.).
18
Ibid., p. 612.
19
Ibid., p. 614.
20
Cf. la fameuse note du « Carnet 19 » : « Montrer que le Sentimentalisme (son développement depuis 1830) suit la Politique et en reproduit les phases » (f°38 v°).
21
Si l’on excepte la brève parenthèse ouverte, en février 48, par le Gouvernement provisoire.
22
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 449 à 459.
23
Ibid., p. 532-533.
24
Il a dissimulé ses origines nobles pour mener plus commodément ses affaires sous le « Roi-Citoyen ».
25
Où il possède d’immenses propriétés.
26
Et par de menus dégâts infligés à la façade de son immeuble parisien (L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 503).
27
Ibid., p. 502.
28
Ibid., p. 510.
29
Ibid., p. 398.
30
Ibid., p. 257.
31
Ibid., p. 360.
32
Ibid., p. 472.
33
Ibid., p. 349.
34
Ibid., p. 622.
35
Ibid., p. 506.
36
Ibid., p. 510-511.
37
Ibid., p. 514.
38
Encore un patronyme parlant !
39
Journal de la gauche radicale, dirigé par Armand Marrast.
40
« Toujours des blagues ! Rien de fort ! », ibid., p. 440.
41
Voir la liste de ses lectures, ibid., p. 224.
42
Ibid., p. 353.
43
Organisation secrète animée, entre autres, par Barbès et Blanqui et qui, interdite en 1836, devint la Société des Saisons.
44
Auteur, en 1836, d’un attentat manqué contre Louis-Philippe.
45
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 456. Sénécal, ennemi des pouvoirs constitués, se grise alors, pour sa part, du pouvoir qu’il exerce, par le verbe, sur son public.
46
Ibid., p. 500 et 543.
47
Ibid., p. 353.
48
Ibid.
49
Ibid., p. 353-354.
50
Ibid.
51
Ibid., p. 433-434.
52
Ibid., p. 82 à 84.
53
Ibid., p. 434.
54
Ibid., p. 499. Voulant défendre la légalité républicaine, il sauve, du même coup, par son geste, son jeune adversaire, à qui la balle était destinée.
55
Ibid., p. 614.
56
Ibid., p. 454, 526 et le dernier chapitre du roman où Deslauriers éclaire, pour Frédéric, le « mystère de la tête de veau » (p. 624).
57
Encore un patronyme suggestif, qui dit à la fois les aptitudes scolaires du personnage, ses ambitions et sans doute, plus ironiquement, ses échecs.
58
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 63.
59
Ainsi invoque-t-il Mirabeau (ibid., p. 65) ou Camille Desmoulins (p. 167).
60
Ibid., p. 282.
61
Il est, dans la révolte, plein d’aigreur et d’arrière-pensées, loin de l’indignation généreuse d’un Dussardier.
62
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 436.
63
Cf. ibid., p. 65, etc.
64
Ibid., p. 44.
65
Au moins jusqu’à ce que, vieilli et ruiné, il ouvre, vers la fin du roman, une boutique de bondieuseries avec l’argent d’un « patriote » (ibid., p. 583).
66
Ibid., p. 432.
67
Ibid., p. 465 et 475. Le 15 mai, bravant l’interdiction qui leur a été signifiée, les clubs révolutionnaires envahissent l’Assemblée constituante pour déposer une pétition en faveur de la Pologne opprimée. Pour couper court au tumulte, l’Assemblée est dissoute ; un cortège, mené par Barbès et Blanqui, veut alors proclamer un nouveau gouvernement à l’Hôtel de Ville. La garde nationale leur barre le passage. Les meneurs sont arrêtés et emprisonnés.
68
Ibid., p. 510.
69
Ibid., p. 513.
70
Ibid., p. 520.
71
Ibid., p. 277.
72
Et lorsque Delmar prétend jouer un rôle politique « réel » (au Club de l’Intelligence), il continue à « faire du théâtre ».
73
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 420, 436 à 438.
74
Ibid., p. 460-461.
75
Ibid., p. 110.
76
Ibid., p. 446.
77
Ibid., p. 513.
78
Ibid., p. 397.
79
Ibid., p. 233.
80
Ibid., p. 324.
81
Ibid., p. 536. Il compose, entre autres, une biographie de Fumichon, un « chef-d’œuvre ».
82
Ibid., p. 622.
83
Il déclare, en février 48, le peuple « sublime » (p. 432) et rédige, pour le « journal de Troyes », « un compte-rendu des événements en style lyrique, un véritable morceau » (p. 435).
84
Faisant chorus avec les invités des Dambreuse, il traite, après juin 48, les journalistes d’« imbéciles » ou de « blagueurs » (p. 510) ; il décide ensuite d’entreprendre méthodiquement la conquête de la riche Mme Dambreuse : « Il fallait maintenant être positif (…) » (p. 519).
85
Souffrant, au début de l’année 48, de ne pouvoir parvenir à ses fins avec Mme Arnoux, il déblatère contre le Pouvoir, « car il souhaitait, comme Deslauriers, un bouleversement universel, tant il était maintenant aigri » (p. 408). Chez les Dambreuse, en revanche, il combat « par des sarcasmes » les « sentiments honnêtes » (et républicains) d’Arnoux : « Mme Arnoux ne voyait pas que c’était une vengeance contre elle. » (p. 510).
86
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 441.
87
Ibid., p. 442.
88
Ibid.
89
Ibid., p. 441. Pour marquer des opinions avancées. Ce symbole pileux attirera, vers 1850, dans le salon du banquier, les foudres des conservateurs requinqués (p. 576).
90
Ibid., p. 442 : « (…) il admirait beaucoup Lamartine, lequel s’était montré magnifique (…) quand, à propos du drapeau rouge… » : le drapeau que voulait imposer, à l’Hôtel de Ville, l’extrême-gauche ; Lamartine avait ardemment défendu le drapeau tricolore, dans un discours qu’on se répétait usque ad nauseam.
91
Ibid.
92
Victor Considérant (1806-1893), disciple de Fourier, député aux Assemblées constituante et législative.
93
Lamennais, prêtre et philosophe (1782-1864), voulut, dans Paroles d’un croyant (1834), allier sentiment religieux et progressisme politique, ce qui lui valut d’être excommunié.
94
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 473.
95
Ibid., p. 506.
96
Il était alors, comme on l’a vu, réfugié à Fontainebleau en compagnie de Rosanette.
97
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 515.
98
Son père avait été jacobin et son frère Godefroy, fondateur de la Société des Droits de l’Homme, mort en 1845, était vénéré dans les milieux révolutionnaires : dans le roman, Sénécal, en 1846, assiste à un service anniversaire célébré en son honneur (p. 333).
99
Cf. supra, note 17.
100
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 536-537.
101
Ibid., p. 537. Les louvoiements, les manœuvres obscures du Prince-Président, tout comme sa brochure, naguère, sur l’Extinction du paupérisme (1846) ne laissent pas, en effet, de leurrer l’opinion et de déconcerter le parti de l’Ordre.
102
En mai 1849, le gouvernement, issu d’une majorité conservatrice, lance une expédition militaire à Rome pour soutenir le Pape contre les partisans de la République ; d’où un tollé, en France, parmi les démocrates. Ledru-Rollin organise une manifestation réprimée, le 13 juin, par le général Changarnier ; les manifestants se réfugient au Conservatoire des Arts et Métiers, d’où ils sont expulsés, avant d’être arrêtés ; on traduit en Haute Cour une trentaine de députés, on supprime la liberté d’association et l’on proclame l’état de siège.
103
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 537.
104
On est frappé par l’aveuglement d’un personnage qu’on pouvait croire bien informé, prudent et retors, un aveuglement qui n’épargne, dans le roman, aucun groupe social.
105
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 553.
106
Ibid., p. 557-558.
107
Juxtaposition édifiante !
108
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 436-437.
109
Ibid., p. 443.
110
Ibid., p. 543.
111
Ibid., p. 545.
112
Ibid., p. 548-549. Deslauriers confond ici, intentionnellement, la fusion des capitaux avec la liberté d’association politique.
113
Ibid., p. 622.
114
Ibid.
115
Ibid., p. 583, cf. note 65.
116
Ibid., p. 499, cf. note 54.
117
Ibid., p. 511.
118
Ibid., p. 500.
119
Ibid.
120
Ibid., p. 603.
121
Cf. ibid., p. 608 : « − et le partage de ces reliques, où il retrouvait confusément les formes de ses membres, lui semblait une atrocité, comme s’il avait vu des corbeaux déchiquetant son cadavre. ».
122
Ibid., p. 224
123
Cf. ibid., p. 225 : « (…) il s’était fait un idéal de démocratie vertueuse, ayant le double aspect d’une métairie et d’une filature, une sorte de Lacédémone américaine où l’individu n’existerait que pour servir la Société, plus omnipotente, absolue, infaillible et divine que les Grands Lamas et les Nabuchodonosors. »
124
Ibid., p. 551-552. Flaubert, « libéral enragé » (Lettre à Mle Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857,Correspondance, Pléiade, III, p. 698), entend ici dénoncer la collusion de deux formes d’étatisme : le socialisme autoritaire et le bonapartisme.
125
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 552.
126
À l’exemple de son père, le docteur Achille Cléophas Flaubert, disciple de Broussais.
127
« J’aime le grand Voltaire, autant que je déteste le grand Rousseau » (Lettre à Mme Roger des Genettes, janvier 1860,Correspondance, op. cit., III, p. 72).
128
« Tout ce que je trouve de christianisme dans les révolutionnaires m’épouvante. » (Lettre à George Sand, 5 juillet 1868, Correspondance, op. cit., III, p. 770).
129
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 226.
130
Ibid., p. 233.
131
Ibid., p. 453.
132
Flaubert découvre d’ailleurs, entre deux camps apparemment opposés, d’étranges collusions : « Le grand maître de Saint-Simon était M. de Maistre et l’on n’a pas dit tout ce que Proudhon et Louis Blanc ont pris à Lamennais. » (Lettre à Mme Roger des Genettes, été 1864, Correspondance, op. cit., III, p. 402).
133
« Le socialisme moderne pue le pion. Ce sont tous bonshommes enfoncés dans le Moyen Âge et l’esprit de caste. » (Lettre à Amélie Bosquet, 19 juillet 1864, Correspondance, III, p. 400).
134
Lettre à Mme Roger des Genettes, citée supra (note 130).
135
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 224. Oubliant un peu vite ce qui rattache, malgré tout, la pensée de Rousseau aux Lumières, Flaubert ne veut voir, dans l’auteur du Contrat social, que « le générateur de la démocratie envieuse et tyrannique ». (Lettre à Jules Michelet, 12 novembre 1867, Correspondance, op. cit., III, p. 701).
136
L’Éducation sentimentale, p. 450.
137
Certains commentateurs (par exemple, Claudine Gothot-Mersch, dans l’introduction de l’édition GF-Flammarion de L’Éducation, 1985, p. 18) ont remarqué que, pour Flaubert comme pour Marx, l’Histoire, en 1848, se répétait « en farce ».
138
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 280. Il ne faut pas chercher, bien entendu, dans une telle proposition, de connotations « marxisantes » ; Flaubert, en dépit du parallélisme que nous venons de rappeler (note 137), ignorait les écrits de Marx !
139
« Tant qu’on ne s’inclinera pas devant les Mandarins, tant que l’Académie des sciences ne sera pas le remplaçant du pape, la Politique tout entière, et la Société jusque dans ses racines, ne sera qu’un ramassis de blagues écœurantes. » (Lettre à George Sand, 8 septembre 1871, Correspondance, op. cit., IV, p. 376).
140
C’est-à-dire les tenants des Lumières.
141
C’est, encore une fois, « la faute à Rousseau » !
142
À prendre ici, bien entendu, dans un sens péjoratif.
143
Bref, tous les poisons du « sentimentalisme » implicitement dénoncé dans le titre même du roman.
144
On pourrait retrouver dans cet « élargissement » de « l’Absolu » − ou de l’idée de Dieu − une trace de l’influence de Spinoza, volontiers revendiquée par Flaubert.
145
L’Éducation sentimentale, op. cit., p. 280-281.
146
Disciple de Saint-Simon, qui fonda une « Église » saint-simonienne.
147
L’Éducation sentimentale, p. 282.
148
« Le suffrage universel est aussi bête que le droit divin, quoiqu’un peu moins odieux. » (Lettre à George Sand, 5 juillet 1869, Correspondance, op. cit., IV, p. 64).
149
L’Éducation sentimentale, p. 430.
150
Ibid., p. 282.
151
Ibid., p. 501-502.
152
« (…) l’insurrection, comme dirigée par un seul bras, s’organisait formidablement. Des hommes d’une éloquence frénétique haranguaient la foule au coin des rues ; d’autres dans les églises sonnaient le tocsin à pleine volée ; on coulait du plomb, on roulait des cartouches ; les arbres des boulevards, les vespasiennes, les bancs, les grilles, les becs de gaz, tout fut arraché, renversé ; Paris, le matin, était couvert de barricades. » (ibid., p. 424).
153
Ibid., p. 425, 429, 430, 431, 432.
154
Ibid., p. 430.
155
Ibid., p. 432.
156
Ibid. « La foule ne m’a jamais plu que les jours d’émeute, et encore ! Si l’on voyait le fond des choses ! Il y a bien des meneurs là-dedans, des chauffeurs. » (Lettre à Louise Colet, 31 mars 1857, Correspondance, op. cit., II, p. 293).
157
L’Éducation sentimentale, p. 441.
158
Alors que, si le narrateur allègue bien celle du « bonnet rouge », aucun exemple précis n’illustre la cruauté des émeutiers de juin dans le texte, sinon ceux qu’invoquent, chez les Dambreuse, des bourgeois à l’imagination exacerbée.
159
L’Éducation sentimentale, ibid.
160
Ibid.
161
Tels, dans Salammbô, les Mercenaires, si barbares qu’ils soient, écrasés par les Carthaginois riches, lâches et cruels ; tels encore les époux Bovary, humiliés et ruinés, face à Homais triomphant.
162
Flaubert entend dénoncer, dans son roman, le sentimentalisme, mais sait traduire et communiquer, sans emphase, d’authentiques émotions.
163
L’Éducation sentimentale, p. 441.
164
Ibid., p. 502.
165
Ibid., p. 546.
166
Il trouvait alors le peuple « sublime » (ibid., p. 432) et rêvait d’égaler « les grandes figures de la Convention » (ibid., p. 444).
167
Ibid., p. 538.
168
« Je remercie Badinguet. Béni soit-il ! Il m’a ramené au mépris de la masse, et à la haine du populaire. » (Lettre à Louise Colet, 24 mars 1854, Correspondance, op. cit. II, p. 529).
169
« Le peuple est un éternel mineur, et il sera toujours (dans la hiérarchie des éléments sociaux) au dernier rang, puisqu’il est le nombre, la masse, l’illimité. » (Lettre à George Sand, 30 avril 1871, Correspondance, IV, p. 314).