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    Plan détaillé Texte intégral 1. L’écriture épistolaire et l’expérience qu’en a Vespucci 2. L’organisation formelle de la lettre de voyage : exemples pratiques 3. Les lecteurs marchands et humanistes de Vespucci Notes de bas de page Auteur

    L’exemplarité épistolaire

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Entre lettre de marchand et lettre humaniste : le regard épistolaire d’Amerigo Vespucci sur le Nouveau Monde

    Céline Cifoni Roque

    p. 103-117

    Texte intégral 1. L’écriture épistolaire et l’expérience qu’en a Vespucci 2. L’organisation formelle de la lettre de voyage : exemples pratiques 3. Les lecteurs marchands et humanistes de Vespucci Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Depuis le XVIIIe siècle, de nombreuses études ont été consacrées à Amerigo Vespucci, voyageur et épistolier florentin contemporain de Colomb et à partir duquel fut baptisé le continent découvert par les européens à la fin du XVe siècle1. L’abondance des publications qui ne s’est pas tarie jusqu’à aujourd’hui témoigne de l’intérêt géographique et historique pour ses voyages vers l’Amérique et ses lettres de voyage, intérêt cependant centré autour des questions de la priorité de la découverte de l’Amérique, de la réalité des voyages racontés et de l’authenticité des lettres.

    2Le corpus2 des lettres de voyage de Vespucci se compose de lettres manuscrites et imprimées. Les trois lettres manuscrites, datées de 1500, 1501 et 1502 auxquelles il faut ajouter un fragment de lettre appelé Fragment Ridolfi, du nom de l’historien florentin qui la découvrit en 1936, ont été adressées au même destinataire, Lorenzo di Pierfrancesco de’ Medici. Ce membre éminent de la famille Médicis qui se trouvait à la tête de Florence à partir du XVe siècle, en alternance avec des périodes républicaines, avait été le patron de Vespucci de 1480 à 1492. Les lettres manuscrites, dont aucune n’est autographe, ont été recopiées à Florence et ont circulé dans cette ville dès le début du XVIe siècle. Des deux lettres imprimées, le Mundus Novus est celle qui connut la plus grande diffusion en Europe au début du XVIe siècle dans plusieurs versions et traductions3. Enfin, la Lettre à Soderini, adressée au Gonfalonier de la République Florentine Pier Soderini, qui gouverna Florence de 1502 à 1512, présente le récit de quatre voyages de Vespucci, alors que les autres lettres, manuscrites ou imprimées ne relatent qu’un seul voyage. Elle fut connue également sous le titre latin de Quattuor Navigationes et put être diffusée en latin en Europe dans des ouvrages de cosmographie4. Il existe également trois versions manuscrites en italien de la Lettre à Soderini.

    3Les lettres constituent des sources singulières pour lesquelles il n’est pas aisé pour le chercheur de trouver une méthodologie d’analyse adaptée. Le problème s’est particulièrement posé depuis le XVIe siècle concernant les lettres de voyage de Vespucci. En effet, les traiter comme des archives dans un sens historiographique ne permet pas de prendre en compte leur spécificité littéraire. Le débat se limite alors à des questions sur la vérité ou le mensonge des sources, sur leur caractère authentique ou apocryphe. En revanche, un travail uniquement littéraire sans contextualisation historique reviendrait à négliger l’importance de ces lettres pour l’histoire culturelle de l’Europe. En effet, les lettres de Vespucci contiennent un des premiers regards européens sur le Nouveau Monde et méritent d’être analysées comme une des sources de la construction européenne de l’altérité américaine.

    4Il nous semble avant tout important de respecter la nature des lettres de Vespucci et la fonction qu’elles s’assignent, celle de transmettre des informations, des descriptions et des considérations personnelles sur le Nouveau Monde à un destinataire. Au cours de ses lettres, Vespucci a recours à plusieurs modèles d’écriture, parmi lesquels l’écriture épistolaire humaniste et l’écriture épistolaire marchande. Si une telle hétérogénéité peut paraître curieuse, nous montrerons en quoi la combinaison de ces deux traditions épistolaires se révéla efficace d’un point de vue communicationnel pour la transmission d’un regard original sur le Nouveau Monde.

    5Après un retour biographique qui nous permettra de déterminer l’expérience que possédait Vespucci de l’écriture épistolaire, nous nous intéresserons à l’organisation de ses lettres de voyage. Cela nous amènera dans un troisième temps à considérer la question de la transmission de son point de vue en nous plaçant non plus du côté de l’épistolier mais de celui de ses lecteurs.

    1. L’écriture épistolaire et l’expérience qu’en a Vespucci

    6Né à Florence en 1454, qu’il quitta pour la péninsule ibérique entre 1491 et 1492, Vespucci vécut la première partie de sa vie dans une ville qui fut le berceau de l’humanisme civil, représenté par les illustres Francesco Petrarca et Coluccio Salutati, grands épistoliers, et l’humanisme néoplatonicien, dont le chef de file était Marsile Ficin. Amerigo était issu d’une famille de l’oligarchie florentine et fut éduqué et formé par son oncle et précepteur humaniste, Giorgio Antonio Vespucci, comme d’autres enfants des grandes familles florentines, tels Pier Soderini, ainsi que le voyageur le rappelle dans la lettre qui lui est adressée :

    Ricordandomi come nel tempo della nostra gioventù vi ero amico, e ora servidore, e andando a udire e principii di grammatica sotto la buona vita e dottrina del venerabile religioso frate di San Marco fra’ Giorgio Antonio Vespucci, mio zio5 (…)

    7Dans la pédagogie humaniste telle que celle pratiquée par Giorgio Antonio Vespucci, l’écriture épistolaire classique occupait une place importante6, enseignant à rédiger les lettres sur l’exemple des lettres familières de Cicéron, Sénèque et Pline le Jeune. Il s’agit d’un enseignement technique qui inculquait le respect des cinq parties de la lettre classique telles qu’elles ont été définies par Albéric de Mont-Cassin entre les XIe et XIIe siècles. Ce dernier transposa à l’écriture épistolaire les cinq parties cicéroniennes du discours d’un orateur : salutatio, exordium, narratio, petitio (éventuellement), conclusio.

    8Après l’éducation reçue auprès de son oncle grammairien et une expérience comme secrétaire diplomatique auprès d’un autre oncle illustre, Guidantonio Vespucci, envoyé à la cour de France de 1479 à 1480, Amerigo rentra au service de Lorenzo di Pierfrancesco de’ Medici, cousin de Laurent le Magnifique qui dirigeait alors la ville. Lorenzo di Pierfrancesco était un marchand de la banque et puissante maison de commerce Médicis présente dans toute l’Europe, dont la péninsule ibérique. Homme de confiance de Lorenzo, Amerigo effectuait des tâches d’ordre commercial mais également d’intérêt privé et domestique comme commander des étoffes pour la femme de son patron, Semiramide Appiani. Il était aussi chargé des ventes des produits des domaines de Lorenzo, de gérer des prêts d’argent ou des commandes. À cette époque, l’écriture, en particulier de lettres, constituait l’activité principale d’un marchand7. John M. Najemy, dans le chapitre introductif de son ouvrage sur la correspondance entre Niccolò Machiavelli et Francesco Vettori8, mentionne l’exemple d’un marchand bien connu de Prato, Francesco Datini, qui laissa des archives contenant cent quarante mille lettres, parmi lesquelles seulement onze mille sont des lettres privées, le restant constituant sa correspondance professionnelle. Najemy estime alors que ce marchand, qui ne représente nullement un cas exceptionnel, écrivait en moyenne huit lettres commerciales par jour. Ainsi, l’écriture des lettres était assurément l’occupation principale de Vespucci, comme en témoigne également un corpus de soixante-dix lettres envoyées et reçues par ce dernier durant cette période « marchande » au service de Lorenzo di Pierfrancesco9. Ces lettres, traitant de prix des produits, de dates de livraison ou de sommes dues avaient une utilité immédiate et sont difficilement compréhensibles aujourd’hui hors contexte.

    9D’autres lettres de ce corpus, échangées entre Vespucci et d’autres membres de la maison de commerce Médicis dont Lorenzo di Pierfrancesco lui-même, traitent des affaires en Espagne et de certains disfonctionnements. Ainsi, entre 1491 et 1492, Vespucci fut envoyé à Séville par Lorenzo di Pierfrancesco de’ Medici pour y travailler auprès de Gianotto Berardi, agent de commerce qui gérait les affaires des Médicis en Espagne. La maison de commerce Berardi prit également part à la préparation des caravelles de Colomb pour ses deux premiers voyages, ce qui constitua certainement pour Vespucci une première approche directe des expéditions transatlantiques et de ses acteurs.

    10Nous retrouverons dans l’écriture des lettres de voyage de Vespucci l’influence des deux grandes traditions d’écriture épistolaire auxquelles il a été initié tant par sa formation que par son expérience professionnelle. Il emprunte alors à chacune d’elle certains éléments, ainsi que le montre l’examen de l’organisation de ses lettres de voyage.

    2. L’organisation formelle de la lettre de voyage : exemples pratiques

    11Les lettres de voyage de Vespucci contiennent des éléments de plusieurs natures, tels que des passages narratifs sur les étapes du voyage ou les rencontres avec les populations indiennes, des descriptions du Nouveau Monde et de ses habitants, des considérations personnelles d’ordre cosmographique ainsi que la mention des ressources des terres découvertes et des produits ramenés. Ces divers éléments sont alors organisés à l’intérieur d’un cadre établi préalablement qui respecte l’organisation de la lettre humaniste dans ses différentes parties, comme nous le verrons dans les extraits proposés.

    12Après les salutations d’usage, Vespucci soigne ses exordes comme le montre celui de la Lettre de 1500 qui traite d’un voyage effectué pour les rois d’Espagne :

    Gran tempo fa che non ho scritto a Vostra Magnificenza, e non lo ha causato altra cosa, né nessuna, salvo non mi essere occorso cosa degna di memoria. E la presente sarà per darvi nuova come circa d’uno mese fa che venni delle parti della India per la via del Mare Oceano con la grazia di Dio a salvamento a questa città di Sibilia, e perché credo che Vostra Magnificenza arà piacere di intendere tutto el successo del viaggio e delle cose che più maravigliose mi si sono offerte; e se io sono alcuno tanto prolisso, pongasi a leggerla quando più d’ispazio estarà, o come frutta dipoi levata la mensa.10

    13Cet exorde présente successivement plusieurs formules de captatio benevolentiae. En effet, Vespucci écrit tout d’abord à Lorenzo « per darvi nuova », pour l’informer, le tenir au courant de ses activités et surtout de son voyage de découverte. Étant donné le contexte des voyages vers les Indes et ses possibles rétombées commerciales, ce sujet ne peut que l’intéresser. Également, la lettre a pour fonction de divertir le destinataire dans ses moments d’otium, de lui procurer quelque plaisir en promettant des choses merveilleuses : « delle cose che più maravigliose mi si sono offerte ». Ainsi, à côté de la fonction informative et référentielle, Vespucci semble assigner une fonction littéraire de distraction à sa lettre en incluant le thème du merveilleux propre à la tradition des récits de voyage sur l’exemple du Livre des merveilles de Marco Polo. La métaphore du fruit après le repas, désignant la lettre, renforce la perspective littéraire dans laquelle se place en partie la lettre de voyage. Ainsi, l’exorde de la Lettre de 1500 est particulièrement intéressant car il définit le genre hybride des lettres de Vespucci, entre lettre de marchand qui fait circuler les informations sur l’actualité des découvertes et la littérature de voyage décrivant des contrées lointaines.

    14L’organisation de la narratio reflète la même hétérogénéité. L’épistolier a le souci d’organiser son propos, soit à l’intérieur d’un développement chronologique, soit thématique. Dans le corps du texte, Vespucci ménage des transitions qui permettent de guider son lecteur lui annonçant explicitement le sujet traité par des phrases recouvrant cette fonction précise. Par exemple, dans la Lettre de 1500, Vespucci propose un rappel du thème précédent avant d’annoncer le sujet suivant :

    Fino a qui ho dichiarato quanto navicai alla parte del mezzodì e alla parte dell’occidente; ora mi resta a dirvi della disposizione della terra che trovammo e della natura degli abitatori e di lor tratto, e delli animali che vedemmo, e di molte altre cose che mi si ofersono degne di memoria.11

    15La Lettre de 1502, qui traite d’un voyage effectué sous les ordres du Portugal est plus concise que la Lettre de 1500. Les transitions sont alors réduites à leur simple fonction d’annoncer les thèmes à venir comme dans cet exemple : « Vegniamo alla dichiarazione della terra e delli abitanti e delle pianti e de l’altre cose utile e comune che in que’ luoghi trovammo per la vita umana12. » S’il ne suit pas exactement l’ordre des thèmes annoncés dans cette phrase, Vespucci indique par la suite, bien que de façon un peu abrupte, le changement d’un sujet à un autre. Ainsi, après avoir traité des conditions naturelles et des animaux du Nouveau Monde, il annonce le sujet suivant : « Vegniamo alli animali razionali13 ». Remarquons que l’expression aristotélicienne qui désigne l’homme permet de ménager une transition sémantique puisque le sujet traité précédemment concernait précisément les animaux.

    16Si les transitions sont plus ou moins travaillées d’un point de vue littéraire, elles témoignent avant tout d’un souci de clarté et d’une prise en compte du lecteur. Des comparaisons avec des passages de lettres d’autres marchands florentins installés en péninsule ibérique et qui informent des destinataires florentins des expéditions espagnoles et portugaises vers les Indes permettent de mettre en valeur cet aspect particulier des lettres de Vespucci. En effet, les informations y sont données pêle-mêle, sans classement, comme dans cet extrait d’une lettre de Girolamo Sernigi, marchand florentin installé à Lisbonne, qui rend compte du voyage de Vasco de Gama aux Indes de 1497 à 1499 :

    Torniamo alla città di sopra nominata Calicut, la quale è magiore che Lisbona, popolata da cristiani indiani, come deto, e i nella quale città sono chiese con canpane, ma non v’è sacerdoti, né fanno ufizio divino né celebrano, solamente tiene ogni chiesa una pila d’aqua nella maniera che queste che tegniàmo noi l’aqua benedetta, e un’altra pila di balsamo; e ssi batezano ogni 3 anni una volta in uno fiume che sta presso alla deta città. Nella quale cità sono le case di pietra e calcina, fatte alla moresca, e lle vie ordinate e dirite così come queste; e’ rre della detta città si fa servire molto altamente e tiene stato di re, con suoi camerieri e portieri e baroni e I° palazo molto ricco. E quando el deto capitano del deto navilio arivò alla deta cità, ’l deto re era fuori a I° castello ch’era discosto alla deta città circa a 6 leghe, e fulli portato la nuova come quivi era arivati cristiani, e subito se ne venne alla cità con circa di 5000 persone14…

    17Les éléments de description de la ville s’enchaînent sans logique, par juxtaposition, le lien entre un élément et un autre étant parfois uniquement assuré par un mot comme c’est le cas de « cità » qui termine une phrase et en commence une autre sans que les deux phrases coordonnées de la sorte n’aient d’autre rapport de sens.

    18Au contraire, dans les lettres de Vespucci, nous trouvons des exemples de classement des informations. Ainsi dans un passage de la Lettre de 1502, qui offre une description de la société indienne organisée de façon thématique, l’épistolier évoque les habitudes alimentaires des indiens. Cependant, il ne traite pas du cannibalisme dans ce passage, renvoyant l’exposition de ce thème à un autre passage : « La carne che mangiano, massime la comune, è carne umana, nel modo che si dirà15 ». Le cannibalisme des indiens sera développé bien plus loin dans la lettre, après les descriptions de la vie quotidienne, des habitations, des ornements, des mariages et des relations familiales, dans la partie évoquant la pratique de la guerre entre les tribus et le traitement des prisonniers, exécutés après une intégration momentanée au village, puis tués et mangés au cours de cérémonies publiques16 :

    Item, son gente belicosa e infra loro molti crudeli (…) E quando combattono, s’amazzano molto crudelmente, e quella parte che resta signor del campo, tutti e morti di loro bande li sotterano, e l’inimici li spezzano e se li mangiono; e quelli che pigliano, l’imprigionano elli tengono per ischiavi alle loro case: e s’è femina, dormono con loro; e sse’è maschio, lo maritano colle loro figliuole. E in certi tempi, quando vien loro una furia diabolica, convitano e parenti e’1 popolo, e lle si mettono davanti –cioè la madre con tutti e figliuoli che di lei n’ottiene– e con certe cirimonie a saettate li amazzano e se li mangiano; e questo medesimo fanno a’ detti schiavi e a’ figliuoli che di lui nascono.17

    19En choisissant de traiter du cannibalisme non pas dans la partie sur l’alimentation, mais plutôt dans un paragraphe consacré à la guerre, Vespucci offre une interprétation personnelle sur cette pratique, décrite ici comme une coutume impliquant la vie sociale et religieuse d’une communauté. En effet, il évoque la présence de cérémonies et de règles régissant le cannibalisme de ces populations et ne le réduit pas à un besoin alimentaire primaire. Cet exemple montre bien comment le classement des informations en paragraphes thématiques est au service de l’expression d’un point de vue.

    20Dans d’autres lettres, comme la Lettre de 1500, la narratio procède de façon chronologique. Vespucci insère les descriptions du Nouveau Monde et des habitants à l’intérieur du récit chronologique de la navigation le long des côtes américaines. Cette trame est également l’occasion pour lui de raconter quelques scènes de rencontre avec les indiens au cours de vives saynètes témoignant d’un véritable plaisir de la narration. Cette propension à une écriture plus narrative n’est pas sans rappeler une aptitude propre aux marchands de la Renaissance ainsi que l’ont montré plusieurs travaux menés en particulier dans l’aire toscane. En effet, dans son étude sur les marchands écrivains à Florence entre les XIVe et XVe siècles, Christian Bec18 présente des exemples de plusieurs marchands que la tenue quotidienne des livres de compte porta vers d’autres types d’écritures telles que la chronique historique, la nouvelle ou l’écriture des mémoires de la famille, les ricordanze transmises de génération en génération. Dans un article sur les Livres de famille des marchands de la Renaissance, Raul Mordenti19 interprète alors cette propension à l’écriture comme une « aptitude bourgeoise et marchande à écrire et à s’inscrire dans le temps20 ».

    21Enfin, Vespucci ménage une conclusio à ses lettres, respectant la fonction rhétorique de cette partie, c’est-à-dire de donner au lecteur les moyens de mémoriser plus facilement le contenu de la lettre en lui en résumant la substance. Ainsi à la fin de la Lettre de 1500, il offre une synthèse des principales informations contenues dans la missive :

    In concrusione, passammo della linea equinoziale 6 gradi e ½, e dipoi tornammo alla parte del settentrione, tanto che la stella Tramontana si alzava sopra il nostro orizzonte 35 gradi e ½; e alla parte dello occidente navigammo 84 gradi discosto del meridiano della città e porto di Calis. Discoprimmo infinita terra, vedemmo infinitissima gente e varie lingue, e tutti disnudi. Nella terra vedemmo molti animali salvatichi e varie sorte d’uccelli, e d’alberi infinitissima cosa, e tutti aromatici. Traemmo perle e oro di nascimento in grano. Traemmo 2 pietre, l’una di color smeraldo, e l’altra d’amatiste, durissime e lunghe una mezza spanna e grosse tre dita: questi re hanno fatto gran conto d’esse e l’hanno guardate infra le lor gioie.21

    22Vespucci résume tout d’abord le fruit de ses observations géographiques et cosmographiques, puis il dresse un rapide tableau de l’aspect des nouvelles terres en évoquant les hommes, les animaux et la nature et enfin présente les résultats économiques de l’expédition.

    23L’organisation des lettres de Vespucci reflète l’hétérogénéité de son écriture épistolaire. Par la clarté de la composition formelle, héritée de la tradition humaniste, le voyageur réussit à transmettre un point de vue personnel sur le Nouveau Monde, tandis qu’en adoptant un style plus narratif, qui nous renvoie à la vivacité de l’écriture marchande, il maintient l’attention de son lecteur et l’informe tout en le divertissant.

    24Cette écriture originale parviendra alors à toucher tant des lecteurs marchands que des lecteurs humanistes.

    3. Les lecteurs marchands et humanistes de Vespucci

    25Si les lettres de Vespucci doivent leur efficacité communicationnelle au respect, dans leur composition, de codes rhétoriques de l’écriture épistolaire humaniste, les canaux de transmission appartiennent en revanche à la sphère marchande.

    26En effet, contrairement aux lettres de la découverte de Pierre Martyr d’Anghiera22, humaniste milanais au service des rois d’Espagne, les lettres de Vespucci n’ont pas été composées en latin mais bien en langue vernaculaire. L’exception du Mundus Novus confirme la règle car, même si le texte original n’est pas connu, la langue d’origine ne semble pas être le latin mais peut-être une langue vernaculaire italienne, ainsi que l’indique la note finale du Mundus Novus de la part du traducteur de la lettre : « Ex italica in latinam linguam iocundus interpres hanc epistolam vertit, ut latini omnes intelligant quam multa miranda in dies reperiantur23 ». Également, le latin de cette lettre n’est pas un latin classique mais un latin de communication, « de cuisine ». Enfin, la langue toscane, utilisée dans les lettres manuscrites et la Lettre à Soderini, présente la particularité d’être truffée d’ibérismes. Elle reflète alors la koiné parlée par les marchands florentins vivant dans la péninsule ibérique et se rapproche davantage de l’oralité que d’une langue écrite tel que le Florentin littéraire des tre corone, Dante, Boccace et Pétrarque.

    27Également, les lettres de Vespucci empruntent des canaux de communication marchands et non humanistes. Ses lettres manuscrites parviennent certainement à Florence au milieu de la correspondance commerciale et passent de main à main, de marchand à marchand, ces derniers étant intéressés avant tout par les bénéfices commerciaux qu’ils pourraient tirer des découvertes soit en investissant dans la péninsule ibérique, soit en faisant venir les produits dans les ports italiens. En témoigne l’existence de deux copies manuscrites de ces lettres à l’intérieur de recueils conservés à la Bibliothèque Riccardiana de Florence. Dans les deux cas, la responsabilité de la copie revient à des marchands contemporains de Vespucci, qui commerçaient avec la péninsule ibérique. Ainsi, le manuscrit 2112 bis qui était un recueil de récits de voyages dont ne subsistent aujourd’hui que la Lettre de 1500 de Vespucci et une lettre sur le premier voyage de Vasco de Gama, serait à attribuer à Girolamo Sernigi. Le manuscrit 191024, quant à lui, a été rédigé par Piero Vaglienti, marchand florentin installé à Pise d’où il fut chassé en 1495 au moment de la rébellion de la ville contre Florence. À l’intérieur de son recueil réunissant, entre autres, divers récits de voyages anciens ou contemporains, Vaglienti recopia les trois lettres manuscrites que nous connaissons dans leur intégralité ainsi que la Lettre à Soderini. Outre la curiosité pour les expéditions ibériques et les descriptions de contrées lointaines, l’intérêt de ce marchand écrivain était certainement commercial car Pise, qui sera reconquise en 1509 par Florence, offrait aux marchands florentins la possibilité d’avoir accès aux produits ramenés d’Inde par les caravelles. Un autre exemple est fourni par la Lettre de 1501, entièrement consacrée à l’expédition de Cabral de 1500-1501 vers les Indes Orientales. Vespucci avait pu recueillir les nuove au sujet de l’expédition lors d’une escale au Cap-Vert de la bouche d’un marin ayant participé à cette entreprise. L’épistolier est alors en mesure de faire allusion aux routes commerciales qu’emprunteront les épices et autres produits ramenés par les portugais et qu’il a préalablement énumérés :

    In concrusione, e rre di Portogallo tiene nelle mani uno grandissimo trafico e gran richezza: Idio la prosperi. Credo che lle spezierie veranno di queste parti in Alesandria e in Italia, secondo la qualità e pregi: così va el mondo.25

    28Dans cette conclusion portant sur les enjeux économiques des découvertes, l’énigmatique « così va el mondo » semble inviter les marchands florentins à méditer sur les marchés ouverts grâce aux nouvelles routes maritimes.

    29Également, à la fin de la Lettre de 1502, Vespucci évoque les maigres résultats commerciaux de l’expédition à laquelle il a pris part, précisant cependant qu’ils sont dus à la nature du voyage qui n’avait pas pour objectif de ramener des richesses, comme les expéditions vers les Indes Orientales, mais de reconnaître les terres dans un but géographique :

    Perché andammo i nome di discoprire, e con tale comesione ci partimmo di Lisbona, e non di cercare alcuno profitto, non c’impacciammo di cercare la terra né in essa cercare alcuno profitto; di modo che in essa non sentimmo cosa che fussi d’utile nessuno: non perch’io non creda che lla terra non produca d’ogni genere richezze per la sua mirabile disposizione a esser al paraggio del crimate nel quale sta situata. E non è maraviglia che così di sùbito non sentissimo tutto el profitto, perché li abitatori d’essa non istimano cosa nessuna, né oro né ariento o altre gioie, salvo cosa di plumaggi o d’ossa, come detto s’è; e ho speranza che, mandando ora a visitare questo serenissimo re, che non paseranno molti anni che la recherà a questo regno di Portogallo grandissimo profitto e rèdita.26

    30La conclusion économique du voyage est ambiguë. Au début, Vespucci semble nier la possibilité de la présence de choses de valeur (cose che fussi d’utile nessuno), sans préciser ce qu’il – ainsi que son destinataire – entend clairement par cette expression générique. Il procède ensuite par la négative, et semble cacher son propos par des tours de phrases tortueux (non perch’io non creda) ou par la citation du point de vue des habitants sur les métaux précieux qui semble vouloir éveiller le doute dans l’esprit du lecteur sur la possibilité de profit dans l’exploitation des terres du Nouveau Monde. Le jugement final optimiste tranche cependant avec la prudence des propos précédents. Vespucci poursuit alors en indiquant selon lui quelles sont les véritables potentialités du Nouveau Monde en matière commerciale :

    Trovammovi infinito verzino e molto buono, da caricarne quanti navili oggi sono nel mare, e sanza costo nesuno, e così della cassia fistola. Vedemmo cristallo e infiniti sapori e odori di spezierie e drogherie, ma non sono conosciute. Li uomini del paese dicono sopra a l’oro e altri metalli e drogherie molti miracoli, ma io sono di que’ di San Tomaso; el tempo farà tutto.27

    31Ainsi, contrairement à Colomb qui promettait de l’or aux souverains espagnols, Vespucci conseille à ses lecteurs marchands de rester prudents et de ne pas spéculer sur des ressources dont on n’a pas prouvé la présence de façon abondante. En revanche, il indique des marchés sûrs tels que le bois du brésil, qui a été trouvé en grande quantité et qui présente l’avantage de ne rien coûter à l’achat.

    32Les lecteurs de Vespucci, à partir du premier d’entre eux, Lorenzo di Pierfrancesco de’ Medici, destinataire des lettres manuscrites, lisent également les lettres du voyageur avec d’autres intérêts que ceux strictement commerciaux. En effet, dans la Lettre de 1502, Amerigo fait allusion à la discipline cosmographique comme étant une passion qu’il partage avec son ancien patron28 :

    E perché, se ben mi ricordo, Vostra Magnificenza so che intende alcuno tanto di cosmografia, intendo descrivervi quanto fummo con nostra navigazione per via di longitudine e di latitudine.29

    33Lorenzo n’est pas le seul lecteur d’Amerigo s’intéressant à la cosmographie et à la géographie. En effet, le Fragment Ridolfi montre la présence d’un lectorat qui n’hésite pas à formuler des critiques et à interroger Vespucci sur certains passages d’une de ses lettres, en particulier en ce qui concerne des questions d’ordre scientifique. Amerigo leur répond point par point dans ce fragment de lettre, et parfois avec virulence comme dans cet extrait dans lequel il définit le statut de ses lettres :

    E non so quale ignorante vi domanda tal cosa sopra una lettera familiare, che a ddirvi il vero, mi fate pigliare vanagroria parendomi che mia lettera sia tenuta di gran composizione, dove avendola io scritta a caso e come si scrivono le lettere familiari.30

    34La définition des lettres comme lettere familiari rappelle la reprise de ce genre épistolaire antique par Pétrarque et les humanistes pour qui il s’agit de lettres adressées à un proche et contenant un enseignement moral. Vespucci en respecte le style humble en l’opposant bien, dans l’extrait cité, à d’autres types d’écrits, qu’il a d’ailleurs en projet, qui seraient rédigés dans un style plus élevé, di gran composizione31. En effet, il entendait confier sa gloire posthume à d’autres types d’ouvrages scientifiques dans lesquels il aurait repris toutes ses observations, projet qui n’a vraisemblablement pas vu le jour.

    35Mais déjà à l’intérieur de ses lettres, Vespucci n’hésite pas à exprimer un point de vue personnel et non ambigu sur les conséquences scientifiques des découvertes auxquelles il participa. Dès la Lettre de 1500, il réfute avec autorité la théorie classique de l’impossibilité d’habiter dans la « zone torride », c’est-à-dire la partie du globe située entre les deux tropiques :

    Parmi, Magnifico Lorenzo, † o che la maggior parte de’ filosofi in questo mio viaggio sia reprobata, che dicono che drento della torrida zona non si può abitare a causa del gran calor; e io ho trovato in questo mio viaggio essere il contrario: che l’aria è più fresca e temperata in quella region che fuora di essa, e che è tanta la gente che dentro essa abita che di numero sono molti più che quelli che di fuora d’essa abitano, per la ragion che dibasso si dirà, che è certo che più vale la pratica che la teorica.32

    36Dans ce passage, Vespucci exprime avec force un point de vue paradoxal par rapport aux autorités établies, s’appuyant sur une prise de position épistémologique qui valorise l’expérience au détriment du respect des Anciens. Comme le montrent plusieurs passages du Fragment Ridolfi, ce type de prise de position scientifique alimente de nombreux débats entre Vespucci et sa sphère de lecteurs réunis autour de Lorenzo di Pierfrancesco, débats qui, par le biais de l’imprimerie, s’étendent de la sphère privée à la sphère publique.

    37L’incipit du Mundus Novus, très polémique, envisage en effet un lectorat universel :

    Superioribus diebus satis ample tibi scripsi de reditu meo ab novis illis regionibus, quas et classe et impensis et mandato istius serenissimi Portugalie regis perquisivimus et invenimus, quasque Novum Mundum appelIare licet, quando apud maiores nostros nulla de ipsis fuerit habita cognitio et audientibus omnibus sit novissima res.33

    38Cet exorde sensationnel, promettant à ceux qui liront ou entendront parler de cette lettre un bouleversement de leurs croyances, a certainement contribué en grande partie au succès éditorial de la lettre. En effet, celle-ci se retrouva traduite en plusieurs langues européennes et connut de nombreuses publications dès le début du XVIe siècle. Selon les études critiques qui ont été consacrées à son sujet34, Mundus Novus ne serait pas strictement authentique car il s’agirait d’un montage réalisé à partir de plusieurs lettres de Vespucci. Les informations seraient alors authentiques mais la composition du texte, qui d’ailleurs évolue sensiblement au fil des éditions, ne serait pas originale. Rédigée dans un latin populaire, bien loin de l’élégance du latin humaniste, traduite dans les langues vulgaires, cette lettre fut accessible à toute l’Europe pas nécessairement cultivée mais du moins alphabétisée.

    39Dans sa version latine, elle fut publiée entre autres par Mathias Ringmann à Strasbourg en 1505 sous le titre De ora antartica. Cet humaniste participa alors, au cœur du « Gymnase vosgien » réuni à Saint-Dié-des-Vosges en Loraine35, au projet d’édition, corrigée et augmentée des nouvelles découvertes, de la Géographie de Ptolémée avec Vautrin (ou Gauthier) Lud et Martin Waldseemüller. Avant la publication de cet ouvrage, le Gymnase prépara une introduction à celui-ci, la Cosmografiae Introductio, publiée à Saint-Dié en 1507. Au traité scientifique d’introduction à la cosmographie, les humanistes alsaciens ajoutèrent la traduction, en latin humaniste, de la Lettre à Soderini sous le titre de Quattuor Navigationes ainsi que deux cartes, dont une carte en fuseaux et un planisphère montrant tous les deux une partie du Nouveau Continent sur lequel fut apposé pour la première fois le nom « America ». Dans le corps du texte de la Cosmografiae Introductio, les savants justifièrent leur baptême par le fait que Vespucci aurait été le premier à reconnaître le statut inconnu, radicalement nouveau de ces terres. Nous ne savons pas comment les humanistes de Saint-Dié sont entrés en possession de la lettre de Vespucci. Toujours est-il qu’en la traduisant en latin classique et en l’adjoignant à une œuvre scientifique et humaniste, ils conférèrent à Vespucci et à son écriture épistolaire un lectorat et une reconnaissance humanistes.

    40Afin de transmettre à ses lecteurs son point de vue original sur le Nouveau Monde et ses habitants, Vespucci utilise certaines normes de l’écriture épistolaire humaniste, rendant son propos clair et mémorisable par ses lecteurs. Mais, comme en témoigne entre autres la liberté langagière qu’il prend par rapport aux traditions latines et toscanes, il ne s’enferme pas dans des modèles, des schémas ou encore des théories préétablis. En se fiant à l’expérience davantage qu’à la théorie, Vespucci est également fidèle à une tradition marchande qui évalue la valeur des choses, les mesure et les quantifie. Son regard peut alors s’affranchir de l’autorité des Anciens en ce qui concerne non seulement la matière commerciale mais également scientifique. Ainsi, l’image du Nouveau Monde que Vespucci transmet à travers ses lettres n’est ni une projection de l’Antiquité païenne, comme Martyr, ni la représentation d’un u-topos empreinte de mysticisme chrétien, comme Colomb, mais bien un monde engagé déjà dans un processus historique.

    Notes de bas de page

    1 En voici une bibliographie sélective : Angelo Maria Bandini, Vita e lettere di Amerigo Vespucci, gentiluomo fiorentino, Florence, Nella stamperia all’insegna di Apollo, 1745 ; Alexander Von Humboldt, Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent et des progrès de l’astronomie nautique aux XVe et XVIe siècles, Paris, Gide, 1836-1839, vol. 4 et 5 ; Henry Vignaud, Améric Vespuce, 1451-1512, sa biographie, sa vie, ses voyages, ses découvertes, l’attribution de son nom à l’Amérique, ses relations authentiques et contestées, Paris, E. Leroux, 1917 ; Alberto Magnaghi, Amerigo Vespucci. Studio critico, con speciale riguardo ad una nuova valutazione delle fonti, accompagnato dai documenti del Codice Vaglienti (Riccardiano 1910), Rome, Fratelli Treves, 1926 ; Luciano Formisano, Amerigo Vespucci. Lettere di viaggio, Milan, Mondadori, 1985 ; Giuseppe Caraci, Problemi Vespucciani, Rome, Bulzoni, 1987 ; Ilaria Luzzana Caraci, Nuova raccolta colombiana, Vol. 21 : Amerigo Vespucci, Rome, Istituto Poligrafico dello Stato, 1997 ; Jean-Paul Duviols, Le Nouveau Monde : les voyages d’Amerigo Vespucci (1497-1504), Paris, Chandeigne, 2005 ; Ilaria Luzzana Caraci, Per lasciare di me dopo la morte qualche fama, Rome, Viella, 2007.

    2 Les lettres de Vespucci sont publiées entre autres dans les monographies suivantes : Mario Pozzi, Mundus Novus. Il mondo Nuovo di Amerigo Vespucci. Vespucci autentico e apocrifo, Milan, Serra et Riva, 1984 ; Luzzana Caraci 1997 et Luzzana Caraci 2007 pour la publication italienne ; Duviols 2005 pour la publication française. Les numéros des pages correspondant aux citations des lettres sont donnés à partir de l’édition de Luzzana Caraci, 2007. Les traductions françaises données en notes sont de notre fait.

    3 Pour la liste des éditions de Mundus Novus de 1504 au début du XXe siècle, voir Vignaud, 1917, p. 5-30. Sur la chronologie des premières éditions latines, Ilaria Luzzana Caraci, “Alle origini della geografia d’America. Le prime edizioni del Mundus Novus”, Rivista Geografica Italiana, 102 (1995), p. 559-583.

    4 Sur les éditions de la Lettre à Soderini et des Quattuor navigationes, voir Vignaud, 1917, p. 31-58.

    5 Lettre à Soderini, p. 269-270. « Me souvenant que dans le temps de notre jeunesse j’étais votre ami, et aujourd’hui votre serviteur, et nous allions écouter les principes de grammaire sous la bonne conduite et doctrine du vénérable religieux frère de Saint Marc, Fra Giorgio Antonio Vespucci, mon oncle ».

    6 Maria Cristina Panzera, « L’école de l’épistolier. Modèles et manuels de lettres de Pétrarque à Sansovino », La politique par correspondance. Les usages politiques de la lettre en Italie (XIVe-XVIIIe siècles), dir. Jean Boutier, Sandro Landi et Olivier Rouchon, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.

    7 Christian Bec, Les marchands écrivains à Florence, 1375-1434, Paris et La Haye, Mouton, 1967.

    8 John M. Najemy, Between friends, discourses of power and desire in the Machiavelli-Vettori letters of 1515-1513, Princeton, Princeton University Press, 1993.

    9 L’ensemble du corpus a été publié une première fois par Ida Masetti Bencini et Mary Howard Smith dans « La vita di Amerigo Vespucci a Firenze. Da lettere inedite a lui dirette », Rivista delle Biblioteche e degli Archivi, XIII (1902), p. 170-187 et XIV (1903), p. 41-61. Plus récemment ces lettres sont publiées parmi tous les documents d’archives de la Question Vespucci dans Luzzana Caraci, 1997.

    10 Lettre de 1500, p. 214 : « Cela fait très longtemps que je n’ai pas écrit à Votre Magnificence, et l’unique raison à cela est qu’il ne m’est rien arrivé qui soit digne de mémoire. Et la présente lettre sera pour vous donner nouvelle qu’il y a environ un mois je suis revenu des régions des Indes par la voie de la mer Océane, par la grâce de Dieu sain et sauf, dans cette ville de Séville, et car je crois que Votre Magnificence prendra plaisir à apprendre le déroulement du voyage et les choses plus merveilleuses qui se sont présentées à moi. Et si je suis quelque peu prolixe, je vous prie de la lire lorsque vous aurez le plus loisir, tel un fruit après le repas ».

    11 Lettre de 1500, p. 219 : « Jusqu’ici j’ai déclaré combien j’ai navigué vers le midi et vers l’occident ; maintenant il me reste à vous dire de la disposition des terres que nous avons trouvées et de la nature des habitants et de leur aspect, et des animaux que nous avons vus, et de beaucoup d’autres choses dignes de mémoire qui s’offrirent à moi ».

    12 Lettre de 1502, p. 240 : « Venons-en à la description de la terre et des habitants et des animaux et des plantes et des autres choses utiles et communes que nous trouvâmes en ces lieux pour la vie humaine ».

    13 Lettre de 1502, p. 241 : « Venons-en aux animaux rationnels ».

    14 Lettre publiée dans l’édition critique du manuscrit 1910 de la Bibliothèque Riccardiana de Florence, cf. Iddio ci dia buon viaggio e guadagno. Firenze, Biblioteca Ricardiana ms 1910, Codice Vaglienti, éd. Luciano Formisano, Florence, Polistampa, 2006, p. 131-137.
    P. 132 : « Revenons à la ville nommée plus haut Calicut, qui est plus grande que Lisbonne, peuplée de chrétiens indiens, comme je l’ai dit, et dans cette ville il y a des églises avec des clochers, mais il n’y a pas de prêtre, et ils ne font pas d’office sacré ni de célébration, seulement chaque église a un récipient d’eau de la même manière des nôtres qui ont l’eau bénite, et un autre récipient avec un baume : et ils se baptisent tous les trois ans une fois dans un fleuve qui est prêt de ladite ville. Dans ladite ville il y a des maisons de pierre et de chaux, faites à la moresque et les rues sont ordonnées et droites comme celles-ci ; et le roi de la ville se fait servir très majestueusement et tient le rang d’un roi, avec ses serveurs et gardes et barons et un palais très riche. Et quand ledit capitaine dudit navire arriva dans ladite ville, ledit roi était à l’extérieur dans un château qui se trouvait à environ six lieux de ladite ville, et on lui porta la nouvelle qu’ici étaient arrivés des chrétiens, et immédiatement il vint à la ville avec environ 5 000 personnes ».

    15 Lettre de 1502, p. 241 : « La viande qu’ils mangent, surtout la (plus) commune, c’est de la viande humaine, de la manière dont nous le dirons ».

    16 Il s’agit des rites cannibales des populations Tupi, décrites plus en détails par d’autres voyageurs successifs tels qu’André Thévet et Jean de Léry. André Thévet, Les singularitez de la France Antarctique, Paris, Maspero, 1983 [1557] ; Jean de Léry, Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil, Paris, Librairie Générale Française, 1994 [1578] ; pour une étude anthropologique du cannibalisme des Tupi : Alfred Métraux, La civilisation matérielle des tribus Tupi-Guarani, Paris, P. Geuthner, 1928 ; et plus récemment : Isabelle Combès, La tragédie cannibale chez les anciens Tupi-Guarani, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.

    17 Lettre de 1502, p. 242 : « Également, ce sont des populations très belliqueuses et entre elles très cruelles (…) Et lorsqu’ils combattent, ils se tuent très cruellement, et les vainqueurs enterrent tous leurs morts, et les morts ennemis ils les découpent et les mangent. Et ceux qu’ils capturent, ils les emprisonnent et les gardent comme esclaves dans leurs maisons. Et si c’est une femme, ils couchent avec elle ; et si c’est un homme, ils le marient à leurs filles. Et à certains moments, quand ils sont en proie à une fureur diabolique, ils invitent leurs parents et le peuple et les disposent devant eux, c’est-à-dire la mère et les enfants qu’ils ont eu d’elle, et avec certaines cérémonies et avec des traits de flèches ils les tuent et les mangent ; et ils font la même chose aux dits esclaves et aux enfants qui naissent d’eux ».

    18 Bec, 1967.

    19 Raul Mordenti, « Les livres de famille en Italie », Annales, 4 (2004), p. 785-804.

    20 Mordenti, 2004, p. 785.

    21 Lettre de 1500, p. 225 : « En conclusion, nous sommes passés à 6°30’ de la ligne équinoctiale puis nous sommes revenus en direction du septentrion, à tel point que l’étoile Tramontane se levait au-dessus de notre horizon de 35°30’. Et vers l’occident nous avons navigué à 84° de distance du méridien de la ville et du port de Cadix. Nous avons découvert une infinité de terres, nous avons vu une infinité de gens parlant des langues différentes, et tous étaient nus. Sur ces terres nous avons vu beaucoup d’animaux sauvages et plusieurs sortes d’oiseaux et un nombre infini d’arbres, et tous aromatiques. Nous avons rapporté des perles et de l’or brut en pépites. Nous avons rapporté deux pierres, l’une couleur de l’émeraude et l’autre d’améthyste très dures et longues d’un demi-empan et de trois doigts d’épaisseurs : ces rois les ont tenues en grande estime et les ont gardées parmi leurs joyaux ».

    22 Pierre Martyr d’Anghiera, De orbe novo decades. I. Oceana decas, Paris, Les Belles Lettres, 2003 ; Associazione Italiana di Studi Americanistici, Pietro Martire d’Anghiera nella storia della cultura. Secondo convegno internazionale di studi Americanisti. Gênes-Arona, 16-19 ottobre 1978, Gênes, Associazione Italiana di Studi Americanistici, 1980.

    23 Mundus Novus, p. 267-268.

    24 Il s’agit du Codice Vaglienti édité par Formisano : Iddio ci dia buon viaggio, 2006.

    25 Lettre de 1501, p. 237 : « En conclusion, le roi du Portugal tient entre ses mains un très grand trafic et une grande richesse : que Dieu la fasse prospérer. Je crois que les épices viendront d’ici à Alexandrie et en Italie, selon leur qualité et leur prix : ainsi va le monde ».

    26 Lettre de 1502, p. 243 : « Parce que notre venue avait pour but de découvrir, et avec un tel ordre nous quittâmes Lisbonne, et non de chercher quelque profit, nous ne nous sommes pas occupés d’engager des recherches dans le pays ni dans celui-ci de chercher quelque profit ; c’est pourquoi dans celui-ci nous ne perçûmes rien qui ne fut de valeur : non que je croie que la terre ne produise toutes sortes de richesses grâce à son admirable disposition étant donné la zone climatique dans laquelle elle est située. Et il n’est pas étonnant que tout aussitôt nous n’avons pas perçu tout le profit que l’on pouvait tirer, car les habitants (de cette terre) n’estiment rien, ni or ni argent ou autres joyaux, sauf des choses comme les plumes ou les os, comme il a été dit ; et j’ai bon espoir que, si ce roi envoie des explorations pour bien la connaître, il ne se passera pas beaucoup d’années avant qu’elle ne rapporte à ce royaume du Portugal énormément de profit et de revenus ».

    27 Lettre de 1502, p. 243-244 : « Nous avons trouvé du bois du brésil et très bon à l’infini, tel que l’on pourrait en charger autant de navires qu’il y a dans la mer aujourd’hui, et sans aucun coût, et également de la cassia fistula. Nous avons vu des cristaux et d’infinies saveurs et plantes d’épices et de droguerie, mais elles ne sont pas connues. Les hommes du pays font des récits incroyables à propos de l’or et d’autres métaux et drogueries, mais je suis de ceux de saint Thomas : le temps nous le dira ».

    28 La cosmographie et la géographie représentent un intérêt constant de la famille Médicis. En ce qui concerne le XVe siècle, Sebastiano Gentile mentionne Cosme l’Ancien et son frère Lorenzo parmi les personnes qui fréquentaient le couvent de Santa Maria degli Angeli où, autour de Poggio Bracciolini, Niccolò Niccoli et Paolo Toscanelli, les amateurs florentins de géographie s’adonnaient à l’étude de cette discipline, notamment par le biais de la redécouverte de la Géographie de Ptolémée. Sebastiano Gentile, « Toscanelli, Traversari, Niccoli e la geografia », Rivista Geografica Italiana, 100 (1993), p. 113-131.

    29 Lettre de 1502, p. 216 : « Et puisque, si je me souviens bien, je sais que Votre Magnificence s’y entend plutôt bien en cosmographie, j’entends vous décrire le parcours de notre navigation selon la longitude et la latitude ».

    30 Fragment Ridolfi, p. 252 : « Et je ne sais quel est l’ignorant qui vous demande une telle chose à propos d’une lettre familière, car à la vérité, vous me flattez trop car il semble que ma lettre soit évaluée à l’instar d’un travail de grande littérature, alors que je l’ai écrite au fil de la plume, comme on écrit les lettres familières ».

    31 Luc Vaillancourt, La lettre familière au XVIe siècle. Rhétorique humaniste de l’épistolaire, Paris, Champion, 2003.

    32 Lettre de 1500, p. 219 : « Il me semble, Magnifique Lorenzo, que mon voyage conteste la plupart des philosophes car ils disent qu’entre les tropiques on ne peut pas y habiter, à cause de la température qui serait trop élevée ; et au cours de mon voyage j’ai trouvé que c’était le contraire : que l’air est plus frais et tempéré dans cette région que hors de celle-ci, et qu’il y a tant de gens qui habitent à l’intérieur qu’en nombre il sont beaucoup plus que ceux qui habitent en dehors de celle-ci, pour la raison que nous dirons plus bas, car il est certain que la pratique vaut mieux que la théorie ».

    33 Mundus Novus, p. 253 : « Les jours passés je t’ai amplement écrit à propos de mon retour de ces nouvelles régions que nous avons cherchées et découvertes avec la flotte, le financement et par ordre de ce sérénissime roi du Portugal, régions qu’il convient d’appeler Nouveau Monde, car nos anciens n’en avaient aucune connaissance et car, pour tous ceux qui écouteront, ce sera quelque chose de vraiment nouveau ».

    34 Voir en particulier les études de Magnaghi, 1926 et Caraci, 1987. Plus récemment : Luzzana Caraci, 2007.

    35 Albert Ronsin, La fortune d’un nom : America, baptême de l’Amérique à Saint-Dié-les-Vosges, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1991. Albert Ronsin, Le nom de l’Amérique, l’invention des chanoines et savants de Saint-Dié, Strasbourg, Éditions La Nuée bleue, 2006.

    Auteur

    Céline Cifoni Roque

    EA 3656 AMERIBER Université Michel de Montaigne Bordeaux 3

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    1 En voici une bibliographie sélective : Angelo Maria Bandini, Vita e lettere di Amerigo Vespucci, gentiluomo fiorentino, Florence, Nella stamperia all’insegna di Apollo, 1745 ; Alexander Von Humboldt, Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent et des progrès de l’astronomie nautique aux XVe et XVIe siècles, Paris, Gide, 1836-1839, vol. 4 et 5 ; Henry Vignaud, Améric Vespuce, 1451-1512, sa biographie, sa vie, ses voyages, ses découvertes, l’attribution de son nom à l’Amérique, ses relations authentiques et contestées, Paris, E. Leroux, 1917 ; Alberto Magnaghi, Amerigo Vespucci. Studio critico, con speciale riguardo ad una nuova valutazione delle fonti, accompagnato dai documenti del Codice Vaglienti (Riccardiano 1910), Rome, Fratelli Treves, 1926 ; Luciano Formisano, Amerigo Vespucci. Lettere di viaggio, Milan, Mondadori, 1985 ; Giuseppe Caraci, Problemi Vespucciani, Rome, Bulzoni, 1987 ; Ilaria Luzzana Caraci, Nuova raccolta colombiana, Vol. 21 : Amerigo Vespucci, Rome, Istituto Poligrafico dello Stato, 1997 ; Jean-Paul Duviols, Le Nouveau Monde : les voyages d’Amerigo Vespucci (1497-1504), Paris, Chandeigne, 2005 ; Ilaria Luzzana Caraci, Per lasciare di me dopo la morte qualche fama, Rome, Viella, 2007.

    2 Les lettres de Vespucci sont publiées entre autres dans les monographies suivantes : Mario Pozzi, Mundus Novus. Il mondo Nuovo di Amerigo Vespucci. Vespucci autentico e apocrifo, Milan, Serra et Riva, 1984 ; Luzzana Caraci 1997 et Luzzana Caraci 2007 pour la publication italienne ; Duviols 2005 pour la publication française. Les numéros des pages correspondant aux citations des lettres sont donnés à partir de l’édition de Luzzana Caraci, 2007. Les traductions françaises données en notes sont de notre fait.

    3 Pour la liste des éditions de Mundus Novus de 1504 au début du XXe siècle, voir Vignaud, 1917, p. 5-30. Sur la chronologie des premières éditions latines, Ilaria Luzzana Caraci, “Alle origini della geografia d’America. Le prime edizioni del Mundus Novus”, Rivista Geografica Italiana, 102 (1995), p. 559-583.

    4 Sur les éditions de la Lettre à Soderini et des Quattuor navigationes, voir Vignaud, 1917, p. 31-58.

    5 Lettre à Soderini, p. 269-270. « Me souvenant que dans le temps de notre jeunesse j’étais votre ami, et aujourd’hui votre serviteur, et nous allions écouter les principes de grammaire sous la bonne conduite et doctrine du vénérable religieux frère de Saint Marc, Fra Giorgio Antonio Vespucci, mon oncle ».

    6 Maria Cristina Panzera, « L’école de l’épistolier. Modèles et manuels de lettres de Pétrarque à Sansovino », La politique par correspondance. Les usages politiques de la lettre en Italie (XIVe-XVIIIe siècles), dir. Jean Boutier, Sandro Landi et Olivier Rouchon, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.

    7 Christian Bec, Les marchands écrivains à Florence, 1375-1434, Paris et La Haye, Mouton, 1967.

    8 John M. Najemy, Between friends, discourses of power and desire in the Machiavelli-Vettori letters of 1515-1513, Princeton, Princeton University Press, 1993.

    9 L’ensemble du corpus a été publié une première fois par Ida Masetti Bencini et Mary Howard Smith dans « La vita di Amerigo Vespucci a Firenze. Da lettere inedite a lui dirette », Rivista delle Biblioteche e degli Archivi, XIII (1902), p. 170-187 et XIV (1903), p. 41-61. Plus récemment ces lettres sont publiées parmi tous les documents d’archives de la Question Vespucci dans Luzzana Caraci, 1997.

    10 Lettre de 1500, p. 214 : « Cela fait très longtemps que je n’ai pas écrit à Votre Magnificence, et l’unique raison à cela est qu’il ne m’est rien arrivé qui soit digne de mémoire. Et la présente lettre sera pour vous donner nouvelle qu’il y a environ un mois je suis revenu des régions des Indes par la voie de la mer Océane, par la grâce de Dieu sain et sauf, dans cette ville de Séville, et car je crois que Votre Magnificence prendra plaisir à apprendre le déroulement du voyage et les choses plus merveilleuses qui se sont présentées à moi. Et si je suis quelque peu prolixe, je vous prie de la lire lorsque vous aurez le plus loisir, tel un fruit après le repas ».

    11 Lettre de 1500, p. 219 : « Jusqu’ici j’ai déclaré combien j’ai navigué vers le midi et vers l’occident ; maintenant il me reste à vous dire de la disposition des terres que nous avons trouvées et de la nature des habitants et de leur aspect, et des animaux que nous avons vus, et de beaucoup d’autres choses dignes de mémoire qui s’offrirent à moi ».

    12 Lettre de 1502, p. 240 : « Venons-en à la description de la terre et des habitants et des animaux et des plantes et des autres choses utiles et communes que nous trouvâmes en ces lieux pour la vie humaine ».

    13 Lettre de 1502, p. 241 : « Venons-en aux animaux rationnels ».

    14 Lettre publiée dans l’édition critique du manuscrit 1910 de la Bibliothèque Riccardiana de Florence, cf. Iddio ci dia buon viaggio e guadagno. Firenze, Biblioteca Ricardiana ms 1910, Codice Vaglienti, éd. Luciano Formisano, Florence, Polistampa, 2006, p. 131-137.
    P. 132 : « Revenons à la ville nommée plus haut Calicut, qui est plus grande que Lisbonne, peuplée de chrétiens indiens, comme je l’ai dit, et dans cette ville il y a des églises avec des clochers, mais il n’y a pas de prêtre, et ils ne font pas d’office sacré ni de célébration, seulement chaque église a un récipient d’eau de la même manière des nôtres qui ont l’eau bénite, et un autre récipient avec un baume : et ils se baptisent tous les trois ans une fois dans un fleuve qui est prêt de ladite ville. Dans ladite ville il y a des maisons de pierre et de chaux, faites à la moresque et les rues sont ordonnées et droites comme celles-ci ; et le roi de la ville se fait servir très majestueusement et tient le rang d’un roi, avec ses serveurs et gardes et barons et un palais très riche. Et quand ledit capitaine dudit navire arriva dans ladite ville, ledit roi était à l’extérieur dans un château qui se trouvait à environ six lieux de ladite ville, et on lui porta la nouvelle qu’ici étaient arrivés des chrétiens, et immédiatement il vint à la ville avec environ 5 000 personnes ».

    15 Lettre de 1502, p. 241 : « La viande qu’ils mangent, surtout la (plus) commune, c’est de la viande humaine, de la manière dont nous le dirons ».

    16 Il s’agit des rites cannibales des populations Tupi, décrites plus en détails par d’autres voyageurs successifs tels qu’André Thévet et Jean de Léry. André Thévet, Les singularitez de la France Antarctique, Paris, Maspero, 1983 [1557] ; Jean de Léry, Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil, Paris, Librairie Générale Française, 1994 [1578] ; pour une étude anthropologique du cannibalisme des Tupi : Alfred Métraux, La civilisation matérielle des tribus Tupi-Guarani, Paris, P. Geuthner, 1928 ; et plus récemment : Isabelle Combès, La tragédie cannibale chez les anciens Tupi-Guarani, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.

    17 Lettre de 1502, p. 242 : « Également, ce sont des populations très belliqueuses et entre elles très cruelles (…) Et lorsqu’ils combattent, ils se tuent très cruellement, et les vainqueurs enterrent tous leurs morts, et les morts ennemis ils les découpent et les mangent. Et ceux qu’ils capturent, ils les emprisonnent et les gardent comme esclaves dans leurs maisons. Et si c’est une femme, ils couchent avec elle ; et si c’est un homme, ils le marient à leurs filles. Et à certains moments, quand ils sont en proie à une fureur diabolique, ils invitent leurs parents et le peuple et les disposent devant eux, c’est-à-dire la mère et les enfants qu’ils ont eu d’elle, et avec certaines cérémonies et avec des traits de flèches ils les tuent et les mangent ; et ils font la même chose aux dits esclaves et aux enfants qui naissent d’eux ».

    18 Bec, 1967.

    19 Raul Mordenti, « Les livres de famille en Italie », Annales, 4 (2004), p. 785-804.

    20 Mordenti, 2004, p. 785.

    21 Lettre de 1500, p. 225 : « En conclusion, nous sommes passés à 6°30’ de la ligne équinoctiale puis nous sommes revenus en direction du septentrion, à tel point que l’étoile Tramontane se levait au-dessus de notre horizon de 35°30’. Et vers l’occident nous avons navigué à 84° de distance du méridien de la ville et du port de Cadix. Nous avons découvert une infinité de terres, nous avons vu une infinité de gens parlant des langues différentes, et tous étaient nus. Sur ces terres nous avons vu beaucoup d’animaux sauvages et plusieurs sortes d’oiseaux et un nombre infini d’arbres, et tous aromatiques. Nous avons rapporté des perles et de l’or brut en pépites. Nous avons rapporté deux pierres, l’une couleur de l’émeraude et l’autre d’améthyste très dures et longues d’un demi-empan et de trois doigts d’épaisseurs : ces rois les ont tenues en grande estime et les ont gardées parmi leurs joyaux ».

    22 Pierre Martyr d’Anghiera, De orbe novo decades. I. Oceana decas, Paris, Les Belles Lettres, 2003 ; Associazione Italiana di Studi Americanistici, Pietro Martire d’Anghiera nella storia della cultura. Secondo convegno internazionale di studi Americanisti. Gênes-Arona, 16-19 ottobre 1978, Gênes, Associazione Italiana di Studi Americanistici, 1980.

    23 Mundus Novus, p. 267-268.

    24 Il s’agit du Codice Vaglienti édité par Formisano : Iddio ci dia buon viaggio, 2006.

    25 Lettre de 1501, p. 237 : « En conclusion, le roi du Portugal tient entre ses mains un très grand trafic et une grande richesse : que Dieu la fasse prospérer. Je crois que les épices viendront d’ici à Alexandrie et en Italie, selon leur qualité et leur prix : ainsi va le monde ».

    26 Lettre de 1502, p. 243 : « Parce que notre venue avait pour but de découvrir, et avec un tel ordre nous quittâmes Lisbonne, et non de chercher quelque profit, nous ne nous sommes pas occupés d’engager des recherches dans le pays ni dans celui-ci de chercher quelque profit ; c’est pourquoi dans celui-ci nous ne perçûmes rien qui ne fut de valeur : non que je croie que la terre ne produise toutes sortes de richesses grâce à son admirable disposition étant donné la zone climatique dans laquelle elle est située. Et il n’est pas étonnant que tout aussitôt nous n’avons pas perçu tout le profit que l’on pouvait tirer, car les habitants (de cette terre) n’estiment rien, ni or ni argent ou autres joyaux, sauf des choses comme les plumes ou les os, comme il a été dit ; et j’ai bon espoir que, si ce roi envoie des explorations pour bien la connaître, il ne se passera pas beaucoup d’années avant qu’elle ne rapporte à ce royaume du Portugal énormément de profit et de revenus ».

    27 Lettre de 1502, p. 243-244 : « Nous avons trouvé du bois du brésil et très bon à l’infini, tel que l’on pourrait en charger autant de navires qu’il y a dans la mer aujourd’hui, et sans aucun coût, et également de la cassia fistula. Nous avons vu des cristaux et d’infinies saveurs et plantes d’épices et de droguerie, mais elles ne sont pas connues. Les hommes du pays font des récits incroyables à propos de l’or et d’autres métaux et drogueries, mais je suis de ceux de saint Thomas : le temps nous le dira ».

    28 La cosmographie et la géographie représentent un intérêt constant de la famille Médicis. En ce qui concerne le XVe siècle, Sebastiano Gentile mentionne Cosme l’Ancien et son frère Lorenzo parmi les personnes qui fréquentaient le couvent de Santa Maria degli Angeli où, autour de Poggio Bracciolini, Niccolò Niccoli et Paolo Toscanelli, les amateurs florentins de géographie s’adonnaient à l’étude de cette discipline, notamment par le biais de la redécouverte de la Géographie de Ptolémée. Sebastiano Gentile, « Toscanelli, Traversari, Niccoli e la geografia », Rivista Geografica Italiana, 100 (1993), p. 113-131.

    29 Lettre de 1502, p. 216 : « Et puisque, si je me souviens bien, je sais que Votre Magnificence s’y entend plutôt bien en cosmographie, j’entends vous décrire le parcours de notre navigation selon la longitude et la latitude ».

    30 Fragment Ridolfi, p. 252 : « Et je ne sais quel est l’ignorant qui vous demande une telle chose à propos d’une lettre familière, car à la vérité, vous me flattez trop car il semble que ma lettre soit évaluée à l’instar d’un travail de grande littérature, alors que je l’ai écrite au fil de la plume, comme on écrit les lettres familières ».

    31 Luc Vaillancourt, La lettre familière au XVIe siècle. Rhétorique humaniste de l’épistolaire, Paris, Champion, 2003.

    32 Lettre de 1500, p. 219 : « Il me semble, Magnifique Lorenzo, que mon voyage conteste la plupart des philosophes car ils disent qu’entre les tropiques on ne peut pas y habiter, à cause de la température qui serait trop élevée ; et au cours de mon voyage j’ai trouvé que c’était le contraire : que l’air est plus frais et tempéré dans cette région que hors de celle-ci, et qu’il y a tant de gens qui habitent à l’intérieur qu’en nombre il sont beaucoup plus que ceux qui habitent en dehors de celle-ci, pour la raison que nous dirons plus bas, car il est certain que la pratique vaut mieux que la théorie ».

    33 Mundus Novus, p. 253 : « Les jours passés je t’ai amplement écrit à propos de mon retour de ces nouvelles régions que nous avons cherchées et découvertes avec la flotte, le financement et par ordre de ce sérénissime roi du Portugal, régions qu’il convient d’appeler Nouveau Monde, car nos anciens n’en avaient aucune connaissance et car, pour tous ceux qui écouteront, ce sera quelque chose de vraiment nouveau ».

    34 Voir en particulier les études de Magnaghi, 1926 et Caraci, 1987. Plus récemment : Luzzana Caraci, 2007.

    35 Albert Ronsin, La fortune d’un nom : America, baptême de l’Amérique à Saint-Dié-les-Vosges, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1991. Albert Ronsin, Le nom de l’Amérique, l’invention des chanoines et savants de Saint-Dié, Strasbourg, Éditions La Nuée bleue, 2006.

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    Cifoni Roque, Céline. « Entre lettre de marchand et lettre humaniste : le regard épistolaire d’Amerigo Vespucci sur le Nouveau Monde ». In L’exemplarité épistolaire, édité par Maria Cristina Panzera. Pessac: Presses Universitaires de Bordeaux, 2013. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pub.18178.
    Cifoni Roque, Céline. « Entre lettre de marchand et lettre humaniste : le regard épistolaire d’Amerigo Vespucci sur le Nouveau Monde ». L’exemplarité épistolaire, édité par Maria Cristina Panzera, Presses Universitaires de Bordeaux, 2013, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pub.18178.

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    Panzera, M. C. (éd.). (2013). L’exemplarité épistolaire (1‑). Presses Universitaires de Bordeaux. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pub.18048
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    Panzera, Maria Cristina, éditeur. L’exemplarité épistolaire. Presses Universitaires de Bordeaux, 2013, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pub.18048.
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