De la lettre privée à la lettre publique : les Letras de Fernando del Pulgar
p. 25-36
Texte intégral
1Fernando del Pulgar est l’un des plus éminents lettrés castillans de la seconde moitié du XVe siècle. Né sans doute en 1430 dans une famille converse tolédane, il fait son éducation à la cour de Jean II et occupe sous le règne de son successeur, Henri IV (1454-74), divers emplois et offices. Il est secrétaire royal, conseiller et ambassadeur, notamment auprès du roi de France, Louis XI, ou à Rome auprès du Saint Siège où il se trouve en 14731. Grand voyageur, érudit, intime des représentants des hauts lignages, les Manrique, Guzmán, Mendoza … dont il trace le portrait dans son œuvre la plus célèbre, les Claros varones de Castilla2, il est de par sa culture nourrie des lettres antiques – essentiellement Cicéron, Salluste, Tite Live et Valère Maxime – un des premiers humanistes espagnols, entre Moyen Âge et Renaissance.
2Depuis 1465, date de la farce d’Ávila, la Castille s’enfonce dans une crise politique et morale sans précédent, avec pour toile de fond le problème successoral. Fernando del Pulgar écrit alors la Glosa a las coplas de Mingo Revulgo3, fiction allégorique et satirique qui lui permet de fustiger de manière détournée le gouvernement du roi et d’appeler de ses vœux le relèvement du royaume à travers l’exercice des vertus cardinales et théologales. Après la mort d’Henri IV, Fernando del Pulgar devient, tout naturellement, l’un des plus fidèles serviteurs da la reine Isabelle qui, dans un privilège de 1475, en pleine guerre civile, le nomme « nuestro secretario e del nuestro consejo4 » ; il participe également au voyage qu’effectuent les futurs Rois Catholiques à Séville en 1477 et, l’année suivante, dans une lettre, célèbre la naissance de l’infant Jean.
3En 1478, Fernando del Pulgar abandonne ses charges sans en donner la raison et se retire à Tolède ; il ne reviendra à la cour qu’en 1482, sur l’ordre d’Isabelle qui le nomme chroniqueur royal ; durant les dix dernières années de sa vie, il rédige son histoire, La Crónica de los Reyes Católicos5, qu’il conçoit selon la formule cicéronienne comme lux veritatis, vita memoriae et magistra vitae6.
4En homme de son temps, Fernando del Pulgar entretient durant toutes ses années d’activités une correspondance nourrie avec nombre de ses amis ou de ses relations, des lettrés comme lui au service de la royauté, des nobles en cour, ou encore des prélats7. Certaines de ses lettres sont parvenues jusqu’à nous de façon éparse, d’autres se trouvent insérées fragmentairement dans sa chronique comme autant de témoignages directs d’un événement, d’autres encore ne sont connues que par la réponse de leur destinataire et, enfin, un nombre relativement important – trente-deux lettres – ont fait l’objet d’une publication. Cette publication ne doit rien au hasard puisque c’est Fernando del Pulgar lui-même qui a présidé en 1485, au tout début donc de l’imprimerie en Espagne, à la mise sous presse de cet ouvrage, premier du genre en Espagne8. Il a donc réalisé un choix et offert au public un corpus hétérogène, tant par l’extension des lettres retenues, que par leur thème, le ton employé ou encore leur destinataire. Cet ensemble de lettres privées reçut de son auteur non le titre de Cartas, qui eût correspondu à l’usage du moment – pensons aux cartas de Diego de Valera ou encore à celles de Fernando de la Torre – mais celui de Letras9. Ce titre, à mon sens éloquent, signale la volonté ou la conscience qu’avait leur auteur de faire œuvre littéraire.
5L’usage de la lettre est, on le sait, éminemment social et correspond à un besoin d’information certes mais également au désir d’échanger réflexions, pensées ou sentiments, et suppose souvent une connivence culturelle entre celui qui écrit et le destinataire10. Mais à la différence de la conversation, la lettre revêt des aspects formels bien définis et répond à des stratégies d’écriture fluctuantes selon les intentions de son auteur et le lien social entre les deux pôles de l’échange ; elle est donc avant tout du texte, un texte dialogal proche du sermo mais s’en démarquant par le souci de la composition, le soin dans la rédaction, toutes choses rendues possibles grâce au temps dont dispose celui qui écrit11.
6Les Letras de Fernando del Pulgar sont donc à considérer avant tout comme un objet littéraire qui s’inscrit dans une évolution du genre, entre ars dictaminis et la lettre du XVIe siècle, je pense essentiellement au modèle épistolaire que constitueront les échanges entre Érasme et Guillaume Budé12. Toutefois l’analyse de ces lettres privées volontairement rendues publiques par leur auteur ne peut se faire sans tenir compte du contexte socio-politique et des enjeux de ces échanges.
7Pour une plus grande cohérence de l’analyse, j’ai opté pour un corpus constitué des cinq lettres écrites par Fernando del Pulgar entre 1473, derniers temps du règne d’Henri IV, et 1478, année de la fin de la guerre de succession, qui portent toutes sur la situation socio-politique de la Castille. Il s’agit d’une époque-clé qui voit l’émergence difficile, puis la consolidation d’un pouvoir royal fort incarné par Isabelle et Ferdinand. Les fonctions de ces letras apparaissent à première lecture comme multiples : fonction de communication, fonction informative et aussi fonction argumentative, car, de façon délibérée, il semble bien que Fernando del Pulgar vise à travers ces lettres privées à agir sur l’espace public et à peser sur les débats qui agitent la société castillane. Ce qui revient à reconsidérer la distance séparant la lettre privée de la lettre publique13.
8La première de ces lettres est adressée à l’évêque de Coria et date de 1473. Fernando del Pulgar adapte le schéma médiéval en réduisant la salutatio à sa plus simple expression – « Reverendo señor14 » – et en contournant de manière abrupte la captatio benevolentiae ; on lit en effet :
Increpame vuestra merced porque no escrivo nuevas de la tierra. Ya señor estó cansado de os escrivir generalmente algunas vezes, pero me he asentado con proposito de escrevir particularmente las muertes…15
9Ceci posé, la missive s’apparente à une narratio car suivant une structure énumérative Fernando del Pulgar s’emploie à dresser un tableau, une fresque pourrions-nous dire, des territoires composant la couronne de Castille. La dénonciation des exactions commises en ces temps troublés est explicite, l’auteur jouant en une sorte de crescendo sur les répétitions et accumulations. Après la mention des morts, viennent « los robos, quemas, injurias, asonadas, desafíos, fuerças, juntamientos de gentes, roturas que cada día se fazen abundanter…16 ». L’auteur n’épargne à son destinataire aucun détail, précise les responsabilités, pointe les rivalités entre les nobles et les méfaits des factions séditieuses, faisant œuvre de chroniqueur. Ainsi établit-il un parallèle entre lui-même et l’historien gallo-romain Trogue Pompée pour signifier l’amplitude du désastre : « E son por nuestros pecados de tan mal calidad e tantas cantidad, que Trogo Pompeo ternía asaz que fazer en recontar solamente las acaescidas en un mes »17. Dans cette lettre, véritable plaidoyer pour une réforme des mœurs politiques, Fernando del Pulgar s’implique en passant habilement de la première personne, il interpelle ainsi l’évêque, procédé fort courant pour qui veut à la fois communiquer et convaincre à travers des amorces comme « Yo vos certifico, señor » ou bien « Puedo bien certificar a vuestra merced… »18, à la première personne du pluriel, notamment grâce aux possessifs, comme « nuestra Castilla »19, qui créent entre le locuteur et le lecteur un même sentiment d’appartenance et marquent l’apparition de ce que l’on doit appeler un sentiment national.
10S’il y a bien un domaine dans lequel excelle Fernando del Pulgar et qui confère à tous ses écrits – ses portraits, ses lettres et même sa chronique – tant de dynamisme et de force, c’est dans l’art de la formule qui, condensant le sens, frappe l’esprit. J’en donnerai pour cette première lettre deux exemples ; la première formule clôt la longue énumération des territoires dévastés par la guerre civile et souligne l’ampleur et la gravité du conflit : « No ay más Castilla, si no, más guerras avría »20, tandis que la seconde indique l’origine de tous ces maux : « Y esto porque falta el officio de rey, que lo avía de mandar solo »21. Cette accusation est certes exprimée dans une lettre privée et confidentielle mais, publiée quelques années plus tard, conforte la version officielle voulue par Isabelle et Ferdinand dans le but de légitimer leur lutte pour le pouvoir. La publication en 1485 de lettres choisies répondrait donc en grande partie à la volonté de se positionner a posteriori de la manière la plus favorable politiquement mais aussi moralement. Cette critique lapidaire d’Henri IV trouve d’ailleurs un écho dans la chronique de Fernando del Pulgar qui glose à l’envi les manquements et errements du souverain.
11La narratio se double d’une argumentatio22, il s’agit pour Fernando del Pulgar, bien informé puisqu’en 1473 il vit à la cour en tant que secrétaire royal, de rendre compte de l’état du royaume à son ami, évêque d’une petite ville d’Estrémadure, d’en donner sa propre version, ce qui lui permet de se présenter comme instance narrative et d’accéder à un statut, non plus de simple témoin, mais bien de juge ou pour le moins de critique de son temps23.
12Cette propension à argumenter se retrouve dans une série de trois lettres dans lesquelles s’exprime le même positionnement idéologique en faveur du gouvernement des Rois Catholiques. Ces trois lettres privées acquièrent de par le statut du destinataire une résonance particulière qui fonde leur ambivalence, entre lettre privée et lettre publique. La première est adressée par Fernando del Pulgar en 1475 à l’archevêque de Tolède et primat d’Espagne de 1446 à 1481, don Alfonso Carrillo de Acuña, noble de haut lignage qui, après avoir joué un rôle décisif dans l’union entre Isabelle et Ferdinand, prend, à la mort d’Henri IV, le parti de Jeanne de Castille et des portugais. Fernando del Pulgar s’il n’est pas un familier de l’archevêque le connaît cependant bien pour avoir été chargé par Henri IV puis par Isabelle d’ambassades auprès du prélat. La deuxième lettre, de la même année, est adressée au roi du Portugal, Alphonse V, qui, prenant la tête d’une coalition pour faire valoir les droits de sa femme, Jeanne, envahit la Castille. La dernière, enfin, est adressée en 1477 à Isabelle et comporte un titre fort explicite : Letra del razonamiento fecho a la reyna cuando fizo perdón general en Sevilla24 ; cet écrit s’apparente à la fois à un conseil et à un sermon, sermon sur l’art de restaurer la paix et donc de gouverner.
13Le seul énoncé du rang des destinataires permet de mesurer l’originalité de la démarche de Fernando del Pulgar, qui instaure un dialogue, entre fiction littéraire et réalité25 avec des princes, de l’Église ou du siècle, marquant en cela la conscience qu’il avait de sa valeur, sans doute conférée par son savoir et sa vaste érudition tout autant que par les charges qu’il exerce. Jeremy Lawrance relève à propos de Fernando del Pulgar cette particularité du genre épistolaire en Espagne : « La letra pertenece a un tipo muy frecuente durante el siglo XV : la autodefensa de los fueros del escritor no profesional a pronunciarse en cartas personales sobre asuntos políticos »26. Ce chercheur signale qu’en cela Fernando del Pulgar est un précurseur, avec d’autres bien sûr, Diego de Valera, Fernando de la Torre, Enrique de Villena, Alonso de Cartagena, Juan Rodríguez del Padrón…27, d’un mouvement littéraire qui culmine avec les Epístolas familiares d’Antonio de Guevara (1541)28.
14La lettre adressée à l’archevêque de Tolède, si elle commence bien par une salutatio topique, s’apparente davantage à une exhortation dont le but déclaré est la réformation des actions du prélat ; l’incipit accumule certaines figures de style, notamment l’anadiplose qui donne rythme et vigueur à la proposition :
Clama, ne cesses, dize Ysayas, muy reverendo señor. Y pues no vemos cessar este reyno de llorar sus males, no es de cessar de reclamar a vos, que dizen ser causa dellos.29
15Étonnant renversement des rôles, où le secrétaire royal d’origine converse admoneste l’archevêque, représentant d’une des plus grandes familles castillanes. Fernando del Pulgar fait feu de tout bois et, outre l’usage de formules lapidaires, utilise l’apostrophe, multiplie les impératifs – « contad », « considerad », « temed, pues, por Dios » – ainsi que les impératifs négatifs encore plus explicites « no los alborotes, no los levantes » et termine par un « no pequéis »30.
16La lettre privée s’apparente dans ce cas précis à un sermon, elle a en cela une portée collective, et l’on comprend sans peine pourquoi son auteur l’a intégrée dans le volume publié en 1485, le cas particulier fonctionnant comme un contre modèle pour tous. Cette similitude est d’autant plus forte entre la lettre et le sermon (rappelons l’étymologie commune entre le sermon et la lettre nommée par les Anciens sermo absentium) que Fernando del Pulgar a inséré dans sa missive des exemples tous tirés de la Bible : plusieurs personnages exemplaires sont ainsi convoqués comme autant d’arguments propres à influencer un homme d’Église, Moïse, Jéroboam31 et surtout David :
Dexad ya, señor, de rebellar e favorescer rebeldes a sus reyes e señores, que el mayor denuesto que dio Nabal a David fue yrado e desobediente a su señor…32
17Enfin, il termine son épître par une série de conseils qui sont en fait des admonestations : « aved compassion desta atribulada tierra, que piensa tener perlado y tiene enemigo »33. L’éloquence sermonnaire est, dans cette lettre, mise au service d’un dramatisme certain et contraste avec le ton détaché, quasiment neutre pourrait-on dire, qu’emploie quelques années plus tard Fernando del Pulgar lorsqu’il brosse le portrait littéraire de l’archevêque34. Il n’occulte alors rien du caractère ni des actions controversées de don Alfonso Carrillo, mais le fait sous forme de constat, au lecteur revient d’en tirer les conclusions. On perçoit alors la charge émotionnelle que peut contenir une lettre, qui, sauf artifice littéraire, est écrite « à chaud » et répond à une nécessité immédiate, que ce soit de communication ou d’argumentation.
18La lettre adressée au roi du Portugal, Alphonse V, répond au même besoin d’argumentation, mais elle n’use pas du même ton ni des mêmes arguments. Si Fernando del Pulgar entendait dans la lettre précédente toucher la conscience morale et religieuse du prélat, dans celle-ci il s’adresse à l’entendement du souverain et fait parler la raison : « Muy poderoso rey y señor […] despues de aver bien pensado en esta materia, acordé de escrevir a vuestra alteza mi parescer »35. Il va alors démonter ce qu’Alphonse V considère comme son droit : s’approprier par les armes le pouvoir en Castille au nom de sa femme, Jeanne. Il fait œuvre de chroniqueur, rappelle l’enchaînement des évènements et leurs si désastreuses conséquences pour en souligner la cause première : la cupidité de certains nobles castillans qui, selon lui, est à l’origine des prétentions portugaises. Habilement, Fernando del Pulgar décharge le souverain de la responsabilité du conflit, ce qui rendrait plus facile son renoncement :
Estos cavalleros no vienen a vuestra señoría con zelo de vuestro servicio, ni menos con deseo desta justicia que publican, mas con deseo de sus propios intereses, que el rey o la reina no quisieron, o por ventura, no pudieron complir segun la medida de su cobdicia, la qual tiene tan ocupada la razon en algunos ombres que tentando sus propios intereses acá e alla dan el derecho ageno, do fallan su utilidad propia.36
19Il accumule les exemples historiques castillans et portugais, mais aussi bibliques en puisant dans le Livre des Rois et finit par mentionner l’idéal de royauté juste qu’incarna le roi Salomon ; enfin, il fait appel aux plus grandes autorités comme saint Anselme ou encore saint Augustin.
20Apostrophes, formules, anaphores, apothèmes, questions et figures rhétoriques servent ainsi une pensée structurée qui se veut convaincante. Mais si la censure est atténuée ou enrobée en quelque sorte, il n’en reste pas moins que, de manière implicite, s’opposent deux types de royauté, la première est une royauté juste soucieuse du bien public et respectueuse des commandements divins, il s’agit, n’en doutons pas, de la royauté incarnée par Isabelle et Ferdinand, tandis que la seconde oublieuse de ses devoirs est tyrannie : « (…) es officio de tirano y no rey »37 écrit ainsi Fernando del Pulgar lorsqu’il détaille les exactions des portugais… Mais nul n’est nommé, au lecteur encore d’en tirer un enseignement.
21Mêlant considérations politiques et impératifs moraux, Fernando del Pulgar rédige une harangue qu’il envoie au roi du Portugal avec cette belle formule en guise de conseil : « Porque como quier que vuestro fin es ganar honrra en esta vida, vuestro principio sea ganar vida en la otra »38. Croit-il en l’efficacité de son message ? Sans doute pas, il n’empêche qu’il entend faire œuvre utile, en se positionnant, en intervenant, en écrivant donc et la lettre lui offre un cadre générique unique : il n’aurait pu adresser pareilles remontrances à un roi dans un autre support qu’une lettre prétendument familière et privée.
22La troisième lettre de 1477 est adressée à Isabelle, sans doute durant le voyage des souverains en Andalousie – Fernando del Pulgar les accompagne – afin de pacifier le territoire, notamment l’ancien royaume de Séville, qui avait été le théâtre de soulèvements et de coups de force contre le nouveau pouvoir royal. La répression fut sévère et s’abattit en premier lieu sur les représentants des lignages andalous.
23Fernando del Pulgar utilise les mêmes procédés stylistiques que précédemment tout en donnant une certaine solennité à sa lettre ; il scande en effet sa missive d’une salutatio qui, sous sa plume, n’a rien de conventionnel : « Muy alta y excellente reyna e señora39 », reprise selon des variantes, comme par exemple « muy poderosa reyna e señora40 ». Cette répétition, en général située à chaque début de paragraphe, fonctionne comme une anaphore et confère à l’écriture rythme et gravité. Alléguant exemples bibliques et exemples historiques, l’épistolier entend démontrer les bienfaits de la clémence, qui, pour lui, est la vertu royale par excellence car, ajoute-t-il, elle fut l’attribut du Christ :
Y de la piedad procede amor, e del amor caridad, e de la caridad siempre se sigue merito e gloria. E po resta razon fallará vuestra excellencia que la sacra Escriptura está llena de loores, ensalçando la piedad, la mansedumbre, la misericordia y clemencia que son titulos e nombres de Nuestro Redemptor…41
24Fernando del Pulgar alterne dans cette lettre les louanges et les conseils, parfois voilés d’une pointe de blâme, même s’il prend bien soin de ne point imputer à Isabelle la rigueur de la justice :
E si estonces, muy excellente reyna y señora, estava a punto de se perder (la ciudad) por la poca justicia, agora está perdida e muy cayda por la mucha e muy rigurosa que vuestros juezes e ministros en ella ejecutan.42
25Tout en poursuivant un but précis, obtenir d’Isabelle et de Ferdinand que soit tempéré le bras de la justice à Séville, cette lettre dévoile la conception qu’avait son auteur de la royauté, qui doit être certes fondée sur l’obéissance, mais également empreinte d’un amour réciproque entre le monarque et ses sujets. Sujets que Fernando del Pulgar appelle, ce n’est pas un hasard, « sus naturales »43. Le concept de naturaleza44 – que l’on peut traduire par naturalité – désigne, dès le XIIIe siècle, la seigneurie naturelle et fonde l’autorité du roi. Alphonse X le Sage (1252-84) expose cette notion essentielle dans le titre 24 de la Quatrième partie, intitulé « Del deudo que han los hombres con los señores por razón de naturaleza »45 ; on lit dans la première loi :
Naturaleza tanto quiere decir como deudo que han los hombres unos con otros, por alguna derecha razón, en se amar e en se querer bien. E del departimiento que ha entre natura e naturaleza es este. Pues natura es una virtud que hace ser todas las cosas en aquel estado que Dios las ordenó. Naturaleza es cosa que semeja a la natura, e que ayuda a ser e mantener todo lo que desciende de ella.46
26Par petites touches donc, Fernando del Pulgar donne sa vision de ce que doit être la fonction royale et rappelle le contrat socio-politique fait d’obéissance, de dépendance mais aussi d’amour – comprenons d’amitié selon le concept aristotélicien. Cette lettre n’innove pas, elle reprend l’essentiel de la science politique médiévale mais révèle, de la part de son auteur, la volonté de dépasser sa condition de secrétaire royal et d’accéder au statut de conseiller. La lettre est alors Miroir du prince47.
27Le genre épistolaire est bien, selon les résultats de cette analyse, un genre mouvant et protéiforme aux potentialités multiples, la lettre se prêtant à toutes les finalités, informer, convaincre, émouvoir, réformer, admonester, conseiller… Pour ce faire Fernando del Pulgar mêle arguments historiques et arguments moraux, révèle un art consommé de la rhétorique et se donne comme instance discursive et morale. En effet, même s’il feint de participer à un possible dialogue ou échange, l’auteur de la lettre n’en reste pas moins le seul à affirmer son point de vue et sa vérité. La volonté manifeste d’appuyer le gouvernement d’Isabelle et de célébrer les vertus des souverains n’entraîne pas, tout au contraire me semble-t-il, l’occultation de leur auteur, le « je » de ces lettres privées qui sont par leur teneur et par leur publication des lettres publiques, devenant la véritable autorité. Une question se pose alors : la lettre publique ne rendrait-elle pas compte, davantage ou mieux que la lettre privée, mais de façon implicite, détournée et subreptice du vécu, des affects et des valeurs de l’épistolier ?
28Dans ses Letras Fernando del Pulgar s’affranchit de la structure formelle médiévale et use d’une grande liberté de ton, entre écriture travaillée et langage parlé, et fait montre d’une grande érudition, essentiellement biblique et historique dans les lettres étudiées où apparaissent néanmoins des sources antiques, notamment Cicéron et Sénèque48. L’échange épistolaire le plus souvent fictionnel, suppose un double mouvement, ad docendum et ad delectandum, qui confère dynamisme et donne une impression de spontanéité. Fernando del Pulgar use de ce stratagème d’écriture pour se présenter non comme simple témoin de l’histoire en train de se dérouler mais bien en acteur. Le « je » épistolier devient ainsi sujet de l’histoire, et l’on pourrait, en usant d’une métaphore, dire que pour Fernando del Pulgar sa plume est son épée. Cette démarche suppose la conscience, d’une part, de sa propre valeur et, d’autre part, de l’importance que sont en train d’acquérir les élites lettrées dans l’Espagne des Rois Catholiques.
29On retrouve là les conclusions de Dominique Maingueneau49 qui voit dans la lettre un genre hyper-auctorial, lettre qui permettrait la construction (délibérée) d’un éthos. Dans le cas de notre auteur, cet éthos se structure fondamentalement à travers la pratique des vertus, que l’on pourrait appeler – déjà – civiques, vertus cardinales et vertus théologales, qui placent l’homme au cœur de la société, ce qui correspond à l’idéal humaniste. Éthos exemplaire nécessaire pour qui veut délivrer des leçons.
30Cependant, dans ses lettres au contenu historique et socio-politique, Fernando del Pulgar ne parle jamais de lui-même directement : il semble donc à la fois omniprésent et absent dans son discours. Par quel biais alors se construit cet éthos qui évite le dévoilement ? Pour tenter de répondre à cette question, je me suis penchée sur la lettre intitulée « Letra para un su amigo de Toledo »50, dernière lettre écrite sur ces sujets socio-politiques durant ces années. Fernando del Pulgar y aborde une question sensible en 1478, les relations entre les vieux chrétiens et les nouveaux chrétiens, en l’occurrence les conversos51. Le nom du destinataire n’est pas spécifié et, malgré le titre et la salutatio « Señor compadre »52, on peut voir dans cette adresse un procédé d’écriture facilitant l’instauration d’une fiction dialogique, surtout si l’on considère la divergence de vues entre ce supposé ami et Fernando del Pulgar. Les premières lignes condensent la position adverse, en une sorte d’amorce :
En essa noble cibdad no se puede buenamente suffrir que algunos que juzgais no ser de linaje tengan honrras e officios de governacion, porque entendeis que el defecto de la sangre les quita la abilidad del governar.53
31La suite de la lettre est une longue réfutation, point par point, de cette thèse visant à la marginalisation ou à l’exclusion des conversos. Il n’est pas dans mon propos de faire une analyse exhaustive de cette missive que d’aucuns considèrent comme l’un des plus poignants témoignages sur l’époque qui voit l’instauration des statuts de pureté du sang, mais de considérer l’enchaînement des arguments et leur nature. Les premiers sont d’ordre théologique : Dieu a créé tous les hommes égaux « par nature » – on retiendra la belle formule « Dios fizo hombres e no fizo linajes »54 –, et vouloir les départir est un signe d’orgueil tout comme le fut la tour de Babel. Les arguments qui suivent sont plus novateurs : non seulement tous les hommes sont différents en dons et en aptitudes mais certains, s’écartant de leur origine, peuvent, par l’étude et le travail, connaître une ascension sociale :
Vemos por esperiencia algunos hombres destos que juzgamos nascidos de baxa sangre forçarles su natural inclinación a dexar los officios baxos de los padres, e aprender ciencia, e ser grandes letrados.55
32Et, ajoute Fernando del Pulgar, l’inverse est également vrai car certains encore, d’illustre famille, déchoient par manque de vertu : « Tambien vemos los fijos descendientes de muchos reyes e notables hombres obscuros e olvidados por ser inábiles e de baxa condición »56. Il défend ainsi l’idée de la mutabilité des rangs et des honneurs, qui ne dépendraient selon lui que des vertus et des actions de chacun. Il reprend en cela l’idée chrétienne du libre arbitre mais la mène jusqu’à ses plus ultimes conséquences ; on lit en effet :
La vileza de la sangre e obscuridad del linaje con sus manos los toman aquél que, dexando el camino de la virtud, se inclina a los vicios e máculas del camino errado.57
33Il établit ainsi une équivalence entre la vertu et la véritable noblesse, qui seule fonde la Fama ou réputation. Ces arguments renvoient au débat qui, durant la seconde moitié du XVe siècle, agitent les élites castillanes et aragonaises, entre défenseurs de la nobilitas, comme excellence de la personne, et les champions de la noblesse de sang. Mais pour Fernando del Pulgar, cette argumentation revêt des accents plus personnels en fonction, on peut le supposer, de son origine sociale. Les champs lexicaux de la souffrance et de la honte, les exclamations, les sonorités et le rythme, le « je » répétitif rendent compte de l’empathie ressentie envers ceux qui subissent cette marginalisation et, n’oublions pas, les premières poursuites de l’Inquisition. Fondé la même année, le tribunal inquisitorial sévit en premier contre les conversos suspectés dans leur grande majorité de « judaïser ». Dans une autre lettre postérieure intitulée « Para un su amigo encubierto »58 Fernando del Pulgar répond à une lettre d’accusations et, tout en se défendant d’avoir censuré la politique d’Isabelle, persiste à déplorer la sévérité, excessive selon lui, de l’Inquisition à Séville. On peut alors penser que la fondation de l’Inquisition qui traduisait l’inflexion de la politique royale en matière religieuse et sociale pourrait être à l’origine de sa décision de se retirer de la cour, son retrait étant sans doute le seul moyen dont il disposait pour marquer sa désapprobation.
34Il s’agit bien d’un éthos exemplaire qui émerge de ces lettres à travers de nombreux indices formels et les valeurs défendues. Fernando del Pulgar s’érige en figure morale et vertueuse, en chrétien et aussi en humaniste59, à la fois en écrivain et en serviteur de la Couronne. Figure d’une étonnante modernité, il offre une vision quelque peu discordante de l’Espagne des Rois Catholiques, qui, loin du tableau monolithique qui prévaut habituellement, apparaît comme une époque de débat, comme une nation à la croisée des chemins.
35La lettre, et plus particulièrement la lettre publiée, qu’elle soit à l’origine privée ou publique, dessine avant tout l’image que veut donner de lui celui qui écrit60. Fernando del Pulgar, comme épistolier, veut faire œuvre pédagogique et, pour cela se désigne comme le modèle par excellence, paré de toutes les vertus et soucieux du bien public. Le destinataire, qu’il soit réel ou fictif, lui sert en quelque sorte de faire-valoir, et les « échanges » n’ont d’autre but que la construction d’une figure unique et exemplaire dont l’auteur assure la pérennité à travers la publication. Les Letras de Fernando del Pulgar peuvent alors être lues comme un auto-portrait de celui qui excella dans la peinture de ses contemporains, mais il s’agit d’un auto-portrait éclaté, émietté au fil des textes qu’il appartient au lecteur de reconstituer.
Notes de bas de page
1 Sur la biographie de Fernando del Pulgar consulter Béatrice Leroy, Histoire et politique en Castille au XVe siècle. II. Les hommes illustres de Castille de Hernando del Pulgar, Limoges, Pulim, 2001, ainsi que María del Pilar Rabade Obrado, Una élite de poder en la corte de los Reyes Católicos, los judeoconversos, Madrid, Sigilo, 1993.
2 Fernando del Pulgar, Claros varones de Castilla, éd. Miguel Ángel Pérez Priego, Madrid, Cátedra, 2007.
3 http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/glosa-a-las-coplas-de-mingo-revulgo--0/html/
4 Fernando del Pulgar, Claros varones, op. cit., int. p. 14. « Notre secrétaire et notre conseiller ».
5 Disponible dans le site http://www.cervantesvirtual.com/obra/cronica-de-los-senores-reyes-catolicos-don-fernando-y-dona-isabel-de-castilla-y-de-aragon.
6 Cicéron, De oratore, II, 9, 36. http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/orateur.htm
7 Voir à ce propos Domingo Yndurain, « Las cartas en prosa », dans Literatura en la época del emperador, éd. Victor García de la Concha, Academia literaria renacentista, Salamanca, Universidad de Salamanca, 1988, p. 53-79 et Jeremy N. H. Lawrance, « Nuevos lectores y nuevos géneros : apuntes y observaciones sobre la epislolografía en el primer renacimiento español », dans Literatura en la época…, op. cit., p. 81-99.
8 Gonzalo Pontón, Correspondencias. Los orígenes del arte epistolar en España, Madrid, Biblioteca Nueva, 2002, p. 28.
9 La première publication eut lieu à Burgos en 1485, la seconde à Tolède en 1486. Les versions en ligne de la Biblioteca Saavedra Fajardo et de la Biblioteca Virtual Cervantes suivent l’édition de 1500 : Fernando del Pulgar, Letras, Séville, Etanislao Polono para García de la Torre Alfonso Lorenzo, 24 de abril de 1500, ff. 43v-88v (Bibliothèque nationale de Madrid I-566). Consulter également Hernando del. Pulgar, Letras, Glosa a las coplas de Mingo Revulgo / Fernando del Pulgar ; edición y notas de J. Domínguez Bordona Pulgar, Madrid, Espasa-Calpe, 1949. L’édition retenue est celle de la Biblioteca Saavedra Fajardo : http://saavedrafajardo.um.es/biblioteca/biblio.nsf/FichaObra, désormais Letras.
10 Epistulae Antiquae III, Actes du IIIe colloque international « L’épistolaire antique et ses prolongements européens », U. de Tours, 25-27 septembre 2002, sous la dir. de Léon Nadjo et Elisabeth Gavoille, Petters-Louvain-Paris, 2004, introduction, p. 22-26.
11 Laurent Gavoille, « Lettre et sermo », dans Epistulae Antiquae III, op. cit., p. 33-52.
12 En ce qui concerne l’évolution du genre épistolaire à la Renaissance consulter Jamile Trueba Lawand, El arte epistolar en el renacimiento español, Londres, Tamesis, 1996, ainsi que Pedro Martín Baños, El arte epistolar en el Renacimiento europeo 1400-1600, Bilbao, Universidad de Deusto, 2005.
13 Dominique Maingueneau, « Scénographie et débat public », dans La lettre entre réel et fiction, sous la dir. de Jürgen Sicos, Paris, Sedes, 1998, p. 55-71.
14 « Révérend Père ».
15 Letras, p. 6. « Vous me reprochez de ne pas vous donner des nouvelles, et bien que fatigué de vous écrire aussi souvent, je prends la plume pour vous écrire et vous rapporter les morts… ».
16 Ibid., « Les vols, incendies, injures, agressions, duels, attaques, brigandages, exactions qui chaque jour se renouvellent… ».
17 Letras, p. 6-7. « Ces crimes sont, pour nos péchés, si horribles et si nombreux, que Trogue Pompée n’arriverait pas à narrer que ceux commis en un mois ».
18 Letras, p. 10. « Je vous assure, Monsieur… Il m’est tout à fait possible de vous assurer… ».
19 Letras, p. 9. « Notre Castille ».
20 Ibid., « Là s’arrête la Castille et s’il y avait plus de Castille il y aurait plus de guerres ».
21 Letras, p. 10. « Et tout ceci arrive car fait défaut l’office de roi qui seul pourrait agir ».
22 Lire au sujet de la structure de la lettre Trueba Lawand 1996, p. 36-42.
23 Lire à ce propos Pierre Mesnard, « Le commerce épistolaire », dans Individu et société à la Renaissance, Bruxelles, Presses Universitaires de Bruxelles, 1967, p. 17-31.
24 Raisonnement fait à la reine lorsqu’elle octroya pardon général à Séville.
25 Consulter sur cette question La lettre entre réel, op. cit.
26 Lawrance 1998, 87. « La lettre appartient à un genre très fréquent au XVe siècle : genre qui prend en charge l’autodéfense des droits de l’écrivain non professionnel à prendre position dans des lettres privées sur des problèmes d’ordre politique ».
27 Voir la liste complète dans Lawrance, 1998, 86.
28 Lire L’épistolaire au XVIe siècle, Actes du colloque organisé par le Centre Saulnier (Université Paris IV-Sorbonne, 9 mars 2000), Paris, Éditions Rue d’Ulm, Presses de l’École normale supérieure, 2001.
29 Letras, p. 11. « N’arrête pas de protester, dit Isaïe, et puisque ce royaume n’arrête pas de pleurer ses maux, je n’arrêterai pas, Monsieur, de protester auprès de vous, vous qui en êtes responsable ».
30 Letras, p. 11-14. « Dîtes, considérez, craignez Dieu, ne les poussez pas, ne les incitez pas à la révolte, ne péchez point ».
31 Jéroboam, roi biblique (931-909 av. J.-C.), apparaît dans l’Ancien Testament, dans les deux premiers livres des Rois et dans le premier livre des Chroniques.
32 Letras, p. 13. « Cessez, Monsieur, de vous soulever et d’aider les rebelles au roi et à la reine, rappelez-vous que le plus grand reproche que fit David à Nabal fut d’avoir été désobéissant et contraire à son seigneur ».
33 Ibid., « Ayez pitié de cette terre dévastée, qui, croyant avoir un prélat, se retrouve avec un ennemi ».
34 Fernando del Pulgar, Claros varones…, op. cit., p. 178-181.
35 Letras, p. 14. « Très haut et puissant seigneur après avoir mûrement réfléchi à cela, j’ai décidé d’écrire à Votre Majesté pour lui donner mon sentiment ».
36 Letras, p. 15. « Ces nobles ne soutiennent pas Votre Seigneurie par souci de votre couronne, et encore moins par esprit de justice comme ils le proclament, non ils ne le font que pour leurs propres intérêts, intérêts que le roi et la reine ont combattus ou n’ont pas satisfaits comme ils le souhaitaient. La cupidité s’est en effet rendue maîtresse de certains qui, ne pensant qu’à leur intérêt, vous concèdent sur la Castille un droit qui ne vous appartient pas mais qui leur est bien utile ».
37 Ibid., « C’est là office de tyran et non de roi ».
38 Letras, p. 15. « Si votre but est, ici-bas, de gagner honneur et prestige, votre fin première doit être de mériter la vie éternelle ».
39 Letras, p. 23. « Très haute et excellente reine ».
40 Letras, p. 23. « Très puissante dame et reine ».
41 Letras, p. 23. « La pitié engendre l’amour, l’amour la charité et la charité le mérite et la gloire. Pour cette raison, Votre Majesté lira dans les Saintes Écritures de nombreuses louanges de la pitié, de la magnanimité, de la miséricorde et de la clémence, vertus qui toutes étaient l’apanage de Notre Rédempteur ».
42 Letras, p. 24. « Et, Très haute et excellente reine, si auparavant la ville était sur le point de se perdre par l’absence de justice, aujourd’hui elle est abattue et perdue par la rigueur de cette même justice mise en œuvre par vos ministres et vos juges ».
43 Letras, p. 27. « Ses (sujets) naturels ».
44 Georges Martin, « Le concept de “naturalité” (naturaleza) dans les Sept Parties », E-Spania, 5, juin 2008.
45 De l’obligation qu’ont les hommes envers les seigneurs en raison de la naturalité.
46 Alfonso X, Siete Partidas, éd. de José Sánchez-Arcilla, Madrid, Reus, 2004, p. 675. « La naturalité est une obligation qu’ont les hommes les uns envers les autres pour quelque juste raison qu’ils ont de s’aimer et de se vouloir du bien. Et la différence entre nature et naturalité est la suivante. La nature est une vertu qui fait être toutes choses dans l’état où Dieu les a ordonnées ; la naturalité est quelque chose qui ressemble à la nature et qui aide à être et à se maintenir tout ce qui procède de celle-ci ».
47 Lire à ce sujet Le Miroir du Prince. Écriture, transmission et réception en Espagne (XIIIe-XVIe siècle), Ghislaine Fournès et Elvezio Canonica (éds.), Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2011.
48 Letras, p. 10, 32, 40, 41, 43, 45, 47, 50, 56, 62, 63 et 82.
49 Maingueneau, 1998, 60.
50 Lettre pour un sien ami de Tolède.
51 Entendons les juifs convertis.
52 Letras, p. 34. « Monsieur mon compère ».
53 Ibid., « Dans cette noble ville, il n’est pas supportable que certains que vous jugez d’un lignage indigne aient offices et charges de gouvernement, car vous pensez que le défaut du sang les prive de la capacité de gouverner ».
54 Letras, p. 36-37. « Dieu créa les hommes et non les lignages ».
55 Letras, p. 35. « L’expérience prouve, nous le voyons bien, qu’il existe des hommes de basse extraction qui, poussés par leur naturelle inclination, abandonnent les vils métiers de leurs pères, embrassent les sciences et deviennent de grands savants lettrés ».
56 Letras, p. 36. « Tout comme nous voyons des descendants de rois et de personnages illustres vivant obscurs et oubliés car bons à rien et de tempérament vil ».
57 Letras, p. 37. « La vilenie du sang et l’indignité du lignage ne peuvent être reprochées qu’à ceux qui abandonnent le chemin de la vertu, pratiquent les vices et se perdent sur le chemin du péché ».
58 Letras, p. 38-41. « Pour un sien ami caché ».
59 Voir Guy Gueudet, L’art de la lettre humaniste, textes réunis par France Wild, Paris, Honoré Champion, 2004.
60 Marie-Ange Calvet-Sébasti, « Image de l’autre et art épistolaire », Epistulae Antiquae IV, Actes du IIIe colloque international « L’épistolaire antique et ses prolongements européens », U. de Tours, 25-27 septembre 2002, sous la dir. de Patrick Laurence et François Guillaumont, Paris, 2006, p. 185-193.
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