1 Voir le livre de Jacques Chouillet, Diderot poète de l’énergie, PUF, 1984, et le livre de Michel Delon, L’idée d’énergie au tournant des Lumières (1770-1820), PUF, 1988.
2 Voir les textes de Diderot intitulés De l’interprétation de la nature, et Principes philosophiques sur la matière et le mouvement.
3 Diderot, Troisième entretien sur le Fils naturel, dans Œuvres esthétiques, Garnier, 1968, p. 152.
4 Diderot, Deuxième entretien sur le Fils naturel, dans Œuvres esthétiques, Garnier, 1968, p. 102.
5 Diderot, Paradoxe sur le comédien, Garnier Flammarion, 1981, p. 126.
6 Diderot, Le Neveu de Rameau, Flammarion, 1981, p. 100.
7 Ibid., p. 153-154.
8 Ibid., p. 153.
9 Ibid., p. 63-64 et 65.
10 Ibid., p. 150.
11 Diderot, Deuxième entretien sur le Fils naturel, dans Œuvres esthétiques, Garnier, 1968 p. 122.
12 Pendant la Révolution, cela a été théorisé du point de vue de la réception de la musique dans l’Essai sur la propagation de la musique en France (1796) de Jean-Baptiste Leclerc qui voit dans la musique de Gluck, qui avait été très à la mode en France dans les années 1770, une « révolution » esthétique qui a préparé la Révolution politique par « une énergie » communiquée aux auditeurs : « Ce n’est pas une erreur de dire que la révolution opérée par Gluck dans la musique aurait dû faire trembler le gouvernement. Ses accords vigoureux réveillèrent la générosité française ; les âmes se retrempèrent et firent voir une énergie qui éclata bientôt après : le trône fut ébranlé » (Essai sur la propagation de la musique en France et ses rapports avec le gouvernement, par Jean-Baptiste Leclerc, Imprimerie Nationale, An IV, p. 10, rééd. Imprimerie Jansen, an 6ème de la République, p. 12-13). Il est remarquable de voir que l’auteur parle de la nouveauté musicale de Gluck en employant le mot de « révolution », et que le lien entre cette révolution musicale et la Révolution politique, lien rappelé par les derniers mots cités, passe par la notion d’énergie.
13 Friedrich Schiller, Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme (Briefe über die aesthetische Erziehung des Menschen [1795]), traduites et préfacées par Robert Leroux, édition bilingue, Aubier Montaigne, 1943. Je donnerai les références directement dans mon texte.
14 « Beide Triebe […] insofern sie als Energien gedacht werden […] » (p. 180).
15 Ce qui est une réponse à l’étonnement devant le fait que, au XXe siècle, le nazisme s’est développé paradoxalement dans un pays aussi cultivé esthétiquement que l’Allemagne (ce qui semble un démenti à l’optimisme de Schiller) : les influences libératrices, morales et politiques, de l’éducation esthétique de l’homme ne sont pas automatiques, elles peuvent ne pas avoir lieu. La vertu libératrice et émancipatrice de l’art peut ne pas se réaliser (justement parce que l’art ne contraint pas, et donc ne contraint pas à être libre).
16 Victor Hugo, William Shakespeare [1864], Flammarion, 1973, p. 243 et 244. Plus loin : « L’art émeut. De là sa puissance civilisatrice » (p. 395). De là aussi l’usage de l’œuvre de Victor Hugo pour consolider la République dans les années 1880.
17 Ibid., p. 481-482.
18 « Pourquoi publier, par l’abominable temps qui court ? […] j’écris […] non pour le lecteur d’aujourd’hui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter, tant que la langue vivra » (lettre à George Sand, 4 décembre 1872).
19 Mallarmé, Igitur, Divagations, Un Coup de dés, édition de Bertrand Marchal, Gallimard, collection Poésie, 2003, p. 261. Je donnerai les références directement dans mon texte.
20 Je renvoie à mon Mallarmé et le Mystère du Livre, Éditions Champion, 1998.
21 Je renvoie à mon article « Lecture à voix haute ou lecture à voix mentale ? » dans le numéro Voix de Mallarmé de la revue Études françaises, Presses de l’Université de Montréal, volume 52, 3, 2016, p. 17-29.
22 Voir Jacques Scherer, Le « Livre » de Mallarmé, Gallimard, 1957, 1977 ; les « Notes en vue du Livre » dans les Œuvres Complètes de Mallarmé, édition de Bertrand Marchal, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, volume 1,1998, p. 945-1060 ; et Éric Benoit, Mallarmé et le Mystère du Livre, Éditions Champion, 1998.
23 Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (Also sprach Zarathustra), édition bilingue, traduction de Geneviève Blanquis, Aubier-Flammarion, volume 1, 1969, p. 111.
24 Nietzsche, Ecce homo, traduit par Jean-Claude Hémery, Gallimard, collection Idées, 1974, p. 8.
25 Nietzsche, Aurore, traduit par Julien Hervier, Gallimard, collection Idées, p. 20 et 21.
26 Proust, « Journées de lecture » [1905], dans Contre Sainte-Beuve précédé de Pastiches et mélanges et suivi de Essais et articles, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, édition établie par Pierre Clarac, 1971, p. 160-194. Je donnerai les références directement dans mon texte.
27 J.B. Pontalis dans Nouvelle Revue de psychanalyse, n° 37, La lecture, Gallimard, 1988, p. 26.
28 Cette fonction thérapeutique de la lecture, déjà mentionnée vers le début du XIXe siècle par Rabbi Nahman de Braslav (« je vous raconterai des histoires et vous serez guéris »), sera théorisée plus récemment par Hélène Merlin-Kajman et Alexandre Gefen, ainsi que par tout le courant de la « bibliothérapie » (voir le livre de Marc-Alain Ouaknin, Bibliothérapie, Lire c’est guérir, Seuil, 2015).
29 Œuvres en prose de Charles Péguy 1909-1914, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, p. 1321. Je donnerai dorénavant les références des citations directement dans mon texte en fonction de cette édition.
30 Dans ce texte, Péguy fait parler Clio, la muse de l’Histoire : façon, pour lui, de s’opposer aux historiens de la Sorbonne et à leur conception du temps figé, pour valoriser la conception bergsonienne du temps, le temps libre et vivant.
31 Il m’a fallu reprendre ici (mais en l’abrégeant et en me limitant à ce qui concerne la lecture) un développement que j’avais donné dans Écritures de l’énergie, Presses Universitaires de Bordeaux, collection Modernités, volume 42, 2017, p. 171-172.
32 Péguy, Œuvres poétiques et dramatiques, sous la direction de Claire Daudin, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2014. Je donnerai les références des citations directement dans mon texte.
33 Pour de plus amples développements sur l’énergie dans les Mystères de Péguy, je renvoie à mon article « Polyphonie des trois Mystères (l’émotion spirituelle) » dans Voix de Péguy, échos, résonances, sous la direction de Jérôme Roger, Classiques Garnier, 2016, p. 141-168 (j’ai repris ici quelques lignes de mon texte). Et pour approfondir la réflexion sur la récitation poétique, je renvoie au chapitre « Le relais des voix » dans mon ouvrage intitulé Dynamiques de la voix poétique, Classiques Garnier, 2016, p. 49-78.
34 Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? [1948], Gallimard, collection Idées, 1980. Je donnerai les références directement dans mon texte.
35 Il faudrait mettre cette problématique présente dans Qu’est-ce que la littérature ? en relation avec Les Mots (1964), l’autobiographie de l’enfance de Sartre. Dans les deux parties successives (« Lire » et « Écrire »), Sartre montre comment ses lectures d’enfance l’ont conditionné, lui ont donné une consistance existentielle (et une énergie) mais illusoire, et comment il a dû les démystifier pour conquérir, justement, sa liberté.