Actius et l’Actius : exempla stylistiques de Virgile chez Sannazar et modèle stylistique virgilien chez Pontano
p. 319-331
Note de l’auteur
Cet article, qui veut offrir un simple aperçu de travaux en cours à propos de la phonostylistique de l’hexamètre chez Sannazar, est dédié à Giuseppe Germano.
Texte intégral
1Le De partu Virginis du Napolitain Iacopo Sannazaro (dit Sannazar en France), publié en 1526, ne versifie pas les évangiles à la façon de Sedulius, Juvencus, Arator et Prudence, tous auteurs connus du poète et explicitement écartés de son projet dans les lettres autocritiques qu’il fit circuler en 1521 afin d’associer certains de ses amis les plus chers, mais absents de Naples, à la révision chorale de son poème finalement publié en 15261. Le De partu Virginis entend draper dans la pourpre stylistique virgilienne les humbles scènes des évangiles afin de chanter la renouatio temporum2. Ce recommencement des temps n’est pas celui qu’entraîna l’Incarnation au temps d’Auguste avec Virgile pour prophète putatif. Il s’agit de celui qui est au cœur de tout un pan de l’humanisme italien et que le théologien humaniste et kabbaliste Gilles de Viterbe (Egidio da Viterbo), dans son Historia uiginti saeculorum, devait organiser en antitype contemporain de son type augustéen3. L’intimité de Sannazar avec cet esprit inquiet contribua puissamment au traitement kabbalistique de certains épisodes du poème auxquels ne fut pas insensible Guy Le Fèvre de La Boderie, disciple de Postel et premier traducteur français du De partu Virginis4.
2Au chant III, le long épisode de l’Adoration des bergers reproduit dans son plan bipartite les couples de prose et d’églogue qui scandent le prosimètre de l’Arcadia du même Napolitain en langue vulgaire5. Dans les vers qui ressortissent à une prose au sens narratif, les bergers de cette pastorale de Terre Sainte sont avertis par une allégorie de la Laetitia peinte sous les traits coruscants de la Shekhinah kabbalistique battant des ailes au-dessus de la maison des hommes. Ils parcourent les bois puis, parvenus à la grotte de la Nativité, y plantent un jardin de feuillages symboliques classiques, hébraïques et chrétiens. Ils s’y livrent de façon cryptique aux mystères de la cérémonie juive des palmes agitées devant l’autel en signe de victoire ou lulab, comme ils rassemblent aussi les éléments végétaux nécessaires à la fête des Cabanes ou Soukkot6. Deux bergers, Aegon et Lycidas, se distinguent dans ce qu’il faut appeler l’Adoration des académiciens pontaniens sub ueste hebraïca, tant il est vrai que les déambulations agrestes et les récitations mises en scène dans l’Arcadia et transposées dans la Palestine campanienne du De partu Virginis, dans le prosimètre en vulgaire comme dans le poème latin, traduisent du côté du jardin les réalités de l’Académie napolitaine du côté de la ville et de la cour. Selon les principes combinés de la composition classique et de l’itération méliorative de la renouatio antique au début du xvie siècle7, ces deux bergers kabbalistes chrétiens, revenus de l’Arcadia et membres de l’Académie pontanienne, sont saint Augustin et Virgile. Ils sont également deux bergers venus des Bucoliques du second mais ils n’en sont pas moins Gilles de Viterbe, ex-général des Augustins, et Sannazar lui-même. Cela n’empêche pas qu’ils soient encore deux pasteurs sortis des bucoliques latines que composa Gilles en 15048, ni que Lycidas soit aussi un pêcheur puisqu’il se désigne lui-même dans ses propres vers comme l’auteur des Eclogae piscatoriae de Sannazar, ses Pescheries comme traduira Belleau9. Or ce genre nouveau (genus litoreum) dépayse la bucolique dans le golfe et sur les rivages de Naples et en traduit le code sous les formes marines et côtières propres au pays qui s’étend du Pausilippe à la Punta della Campanella, à l’extrémité de la presqu’île sorrentine. L’Adoration des Bergers du De partu Virginis prend ainsi les dimensions d’une composition de lieux qui convoque à Naples les paysages et les révélations propres aux traditions bucoliques gréco-latines antiques et modernes, non sans développer, peut-être, ce que les scènes des évangiles qui ont le lac de Tibériade pour décor pouvaient contenir in nuce d’un genus piscatorium inédit. Cette conception d’une élection providentielle du pays napolitain, lieu de la révélation des mystères depuis les Sirènes d’Homère et de la réception des traditions sapentielles dont Virgile fut l’héritier putatif, est l’un des traits saillants de l’historiographie napolitaine au tournant des xve et xvie siècles, en prose chez Pontano10, en vers chez Sannazar, et on pourrait faire l’hypothèse qu’il perdure par des voies secrètes jusque dans la forme canonique de la crêche napolitaine sous Charles III de Bourbon, où les évangiles sont mêlés à tous les métiers du peuple des campagnes et de la ville de Naples. Aussi, l’interprétation sapientielle ne peut-elle pas être absente de cette vérification de la IVeBucolique. Sannazar a porté dans les marges de ses manuscrits autographes11, en regard du v. 197 du chant III de son poème, la mention Sybillae uaticinium per Maronem, Virgile dont il suffit qu’il ait évoqué au v. 28 de sa bucolique l’arista, ou l’épi de blé du pain azyme, pour que le remploi par le Napolitain de ce mot, associé au palmier ou phœnix, symbole de résurrection, appelle cette autre note marginale en grec : Eucharistia. En face de la citation intégrale du v. 22 de la bucolique de Virgile (ubera nec magnos metuent armenta leones) au v. 218 du De partu Virginis, Sannazar cite Luc 10, 3 : Ecce ego mitto uos sicut oues inter lupos. Enfin, la reprise complète aux v. 228-229 des v. 34-35 de Virgile sur le nouveau navire Argo et le nouveau pilote Tiphys est glosée par la mention Petri nauicula, qui vaut pour les apôtres et l’Église des premiers temps comme pour les modernes argonautes attendus, dont le voyage en Colchide sera une croisade contre le Turc.
3Mais ce n’est pas là, pourtant, la voie que je voudrais emprunter ici. Si le poète prend soin de souligner que l’une des personae du berger Lycidas est l’auteur des Piscatoriae, c’est aussi parce qu’il échappe ainsi lui-même au travestissement pastoral et bucolique pour demeurer en-deçà de la récitation du De partu Virginis. Dans le secret de son cabinet et de sa bibliothèque, réelle ou intérieure, il ménage une version abrégée et prophétiquement vérifiée de la IVeBucolique où nous trouvons des vers entiers de Virgile, des fragments de vers de ce poète mêlés à des inventions de Sannazar, ainsi que des vers qui ne doivent rien à personne en apparence. Or si nous oublions un instant l’obsédante question de la signification et que nous observons la facture rythmique et phonostylistique de ces vers, nous sommes d’un coup transportés dans le traité de Pontano intitulé Actius, publié posthume en 1507, après qu’il eut été rédigé entre 1499 et 150112. Sannazar, sous son nom académique d’Actius, éponyme de ce dialogue, s’y voit confier par l’auteur et coryphée de l’Académie napolitaine le soin d’exposer le secret des rythmes et de la musicalité poétiques à partir d’exemples presque exclusivement tirés de Virgile13. Le but de cette pédagogie raisonnée est d’illustrer par l’exemple ce que j’ai appelé une poétique de l’excellentia et de l’admiratio où le poète, détaché de toute communication nécessaire et à la différence des autres usagers de l’éloquence, n’est redevable qu’à ses confrères poètes de la virtuosité qu’il leur donne à admirer et en exemple14. De même que les vers qui précèdent l’Adoration des bergers nous reconduisent aussi à l’Arcadia, la récitation virgilienne par Lycidas et par Aegon nous offre l’occasion de saisir comment Sannazar entend et analyse les vers de Virgile, de mesurer s’il est fidèle aux leçons de son maître Pontano sur les finesses de l’ouïe15.
4Le v. 197 (Hoc erat, alme puer, patriis quod noster in antris), à partir d’un matériel surtout emprunté à l’Énéide et à Ovide, réussit à construire un hexamètre profondément original et virgilien selon les critères définis dans l’Actius et que nous suivrons ici16. Les pieds libres 1 et 4 soulignent la structure syntaxique (hoc erat… quod) de ce vers qui inaugure le chant des bergers par un monosyllabe compensé par une hâte dactylique répandue dans presque tout ce vers et arrêtée par le spondée 5e libre, où un deuxième monosyllabe fournit un accent supplémentaire. Dans ce mètre où aucun accent de mot ne se confond avec l’accent métrique, sauf aux places canoniques des deux derniers pieds, une grande attention est portée aux masses syllabiques dont dépend la richesse ou la pauvreté accentuelle. C’est l’adjectif patriis qui fait ici charnière en produisant les temps faibles du dactyle 3e et le temps fort du spondée libre 4e : d’un côté, il appartient au groupe croissant qui fait suivre un monosyllabe, trois disyllabes et ce trisyllabe unifiés par une double assonance en e et en a ; d’un autre côté, patriis forme une rime intérieure avec la finale antris, rime rendue plus sensible par la double suite monosyllabe-disyllabe.
5Cette netteté du profil rythmique et sonore opère indifféremment de l’invention d’un lexique qui lui fût propre et jouit de sa virtuosité en construisant encore le vers suivant 198 (Tityrus attritae spreuit rude carmen auenae) avec des vocables tirés de la première bucolique de Virgile et des Tristes d’Ovide. Que l’invention du poète se limite au groupe attritae spreuit n’empêche pas ce vers d’enchâsser trois disyllabes entre trois trisyllabes, de disposer deux pieds libres aux mêmes places que dans le vers précédent et, surtout, de chatouiller l’oreille en jouant sur la uocalitas, ici composée d’un quadruple i, depuis l’initiale jusqu’au temps fort du dactyle 4e, puis d’un septuple é, du temps fort du spondée 3e à la diphtongue finale.
6Le cas du v. 199 (et cecinit dignas romano consule siluas) ne vaut qu’en regard du vers de Virgile qu’il cite et qui, accentuellement nombreux, fronce le sourcil de trois manières : il ménage trois spondées autour de la césure penthémimère, isole consule au dactyle 5e et soigne moins la rime interne entre siluae et dignae qu’en diffusant dans tout l’hexamètre les trois premiers phonèmes de silua. Sannazar, à partir de siluas, a pris le parti de souligner la citation de Virgile (si canimus siluas, siluae sint consule dignas) : il fait rimer dignas, inversement déporté avant la césure, avec ce mot déplacé en finale, enchâsse deux trisyllabes (romano consule) entre ces deux disyllabes et tempère la solennité du spondée libre 4e chez Virgile, senti comme doublement accentué sur ae et sur sint, en réunissant accent métrique et accent tonique sur le a de romano.
7Le v. 201 (magna per exactos renouantur saecula cursus), qui emprunte à Martial l’expression centrale de tout le passage (renouantur saecula) et qui dit l’attente de la renouatio temporum, n’aurait guère de quoi nous retenir s’il n’offrait rien de plus que la uariatio à laquelle il se livre sur le v. 5 de Virgile. Cependant, s’il respecte scrupuleusement le schéma rythmique virgilien jusqu’à la césure, il semble raffiner la suite de deux trisyllabes et d’un disyllabe du second hémistiche de son modèle (saeclorum nascitur ordo) en faisant valoir, sans modifier la coïncidence accentuelle aux pieds libres 4e et 5e, une suite plus sensible d’un quadrisyllabe, d’un trisyllabe et d’un disyllabe (renouantur saecula cursus). La preuve patente, en ce cas, d’une méditation de l’exemplum virgilien selon la leçon de l’Actius se trouve toutefois ailleurs : dans l’observation musicale d’une quadruple suite vocalique en o dans le second hémistiche virgilien, rendue sensible par la rime intérieure entre la césure et la finale, une suite que le Napolitain rend par une quintuple assonance en a distribuée sur les cinq premiers pieds.
8Parce qu’il dit l’essentiel en reprenant au v. 6 de la IVe bucolique Virgo et Saturnia regna, le v. 202 (scilicet haec virgo, haec sunt saturnia regna) peut consacrer la ferveur de son exercice d’admiration à l’emploi que Virgile fait de deux monosyllabes aux temps forts des deux premiers pieds (iam et et), ainsi qu’à la saturation accentuelle et à la lenteur qu’ils induisent dans la récitation. Pour sa part, le vers de Sannazar contient trois monosyllabes, dont les mêmes vertus sont exploitées en en plaçant un couple (haec sunt) de façon à rendre libre le spondée 3e et à ralentir encore la césure après uirgo. L’introduction de ce couple monosyllabique avant le quadrisyllabe qui ouvre la reprise finale (saturnia regna) souligne habilement qu’il s’agit là d’une citation, ainsi mise à distance dans le corps même du vers, comme uirgo par le monosyllabe haec. Enfin, la contexture sonore du v. 202 s’allie bien à celle du v. 201 puisqu’elle est marquée par une assonance en é, tandis que le vers de Virgile ménage un triple écho entre le préverbe itératif re- et la syllabe initiale de regna.
9Un usage très voisin d’un couple de monosyllabes, afin de distinguer dans la matière rythmique et phonique du vers ce qui appartient à Virgile, ce qui tient à l’enchâssement des perles sonores et mesurées de ce modèle, mais aussi ce qui naît du tour personnel que leur confère Sannazar, s’observe nettement dans le v. 204 : progenies per quam toto gens aurea mundo. Au v. 9 de la IVe bucolique, Virgile a enchâssé deux disyllabes (toto surget), disposés autour de la césure, entre deux monosyllabes (ac et gens) eux-mêmes encadrés par deux trisyllabes (desinet et aurea) et il a donné une sorte d’équivalent de cette disposition, en quelque sorte concentrique, en plaçant trois spondées dont le dernier est libre entre deux dactyles dont le dernier est également libre, le tout ordonné par un écho de toto dans mundo. Rejetant le verbe surget dans le vers suivant 205, le Napolitain conserve ce même écho vocalique en o en le resserrant dans le seul second hémistiche sans pourtant rien modifier au schéma rythmico-accentuel virgilien. Ici encore, il signale la citation en ralentissant son premier hémistiche, pourtant semblable à son modèle, plus rapide, en créant un couple monosyllabique de part et d’autre d’un pied libre 2e et au contact de la césure que suivront les mots de Virgile. Mais on peut, à bon droit, parler en ce cas d’enchâssement de perles ou de gemmes tirées des Anciens si l’on observe que cette citation comprend le verbe surget rejeté au début du v. 205 et lui-même suivi, cette fois, d’un couple monosyllabique (et in). L’effet d’arrêt et d’isolement est d’autant plus net que le premier clôt le dactyle libre initial en donnant un écho à la syllabe finale de surget (surget et), tandis que la musicalité de ce vers se fonde sur la rime mediis aristis entre les deux fins d’hémistiches.
10C’est au vers qui ouvre le chant X de l’Énéide que Sannazar emprunte le groupe pandetur Olympi et la solennité épique ainsi introduite dans l’humilité bucolique et évangélique se reflète dans le vers 208, selon les critères de l’Actius : et uetitum magni pandetur limen Olympi. Solidement appuyé sur le monosyllabe initial et, lui-même mitigé d’un rythme dactylique lié, ce vers est bâti sur trois trisyllabes et deux disyllabes régulièrement alternés qui ménagent trois spondées où accents métriques et de mot sont différemment combinés (/tùm màg/ sur chaque syllabe, /nì pan/ sur la première longue et /dê tur/ doublement sur la même) entre les dactyles 1er et 5e. Aux sonorités sourdes du triple t de uetitutum et de la rencontre du m final de ce même mot et de la même consonne initiale de magni s’oppose la clarté vocalique de l’écho en i entre magni à la fin du premier hémistiche et Olympi en finale, écho comme doublé par les deux consonnes (l et m) communes à limen et à Olympi.
11Le vers 210 est de ceux qu’un lecteur de l’Actius ne peut manquer de remarquer car il y ferait assurément l’objet d’un examen : elusit portentificis imbuta uenenis. Il est fondé sur un emprunt aux Métamorphoses d’Ovide mais cet emprunt n’est cependant pas restitué aux mêmes places. Encadré par des trisyllabes (elusit, imbutas, uenenis), le pentasyllabe portentificis occupe la place de choix de l’hexamètre, car il couvre le temps faible non accentué du spondée 2e, fournit le dactyle 3e non césuré et le temps fort du spondée 4e dont le temps faible n’est pas accentué non plus. Isolé comme il l’est, portentificis n’en diffuse pas moins la consonne t et la voyelle i dans les trois trisyllabes qui l’enchâssent.
12Sannazar et Pontano savent d’expérience combien Virgile est redevable à Lucrèce et c’est une sorte d’hommage que lui paie le v. 214 (Aspice felici diffusum lumine coelum) quand on le compare au v. 50 de la IVe bucolique. Ne citant de ce vers que le verbe aspice, il emprunte en effet au prologue de Lucrèce le syntagme diffuso lumine coelum. Celui-ci permet à Sannazar, avec l’adjonction de felici, d’offrir ici un hexamètre qui, sans presque rien de virgilien, reproduit pourtant au détail près le schéma métrico-accentuel du v. 50 de la IVe bucolique, jusque dans sa disposition des pieds libres et liés ou la suite de quatre trisyllabes des pieds 1 à 5. En revanche, si le vers de Virgile multiplie les nasales, celui du Napolitain enchaîne les mots par une suite d’échos entre la dernière voyelle d’un mot et la première du suivant : aspice/felici, felici/diffusum, diffusum/lumine, lumine/coelum, conférant à son vers une admirable uocalitas et une savante uarietas à la fois.
13De cette virtuosité, le vers suivant 215 (camposque fluuiosque ipsasque in montibus herbas) donne une leçon tout aussi magistrale, puisque les trois emplois de l’enclitique -que dans le v. 51 de la IVe bucolique trouvent un remploi dans le vers du Moderne, dont le lexique n’a rien de virgilien pourtant. Le premier enclitique chez Virgile, sur le temps fort du spondée 2e et allongé, trouve un double dans le dactyle 2e chez Sannazar ; le deuxième, sur le premier temps faible du dactyle 3e, se transforme en enclitique élidé qui sert à allonger la césure penthémimère ; le troisième, placé sur le même temps que le précédent au dactyle 5e, remonte chez le Napolitain au spondée 4e où il s’élide également, en alentissant non seulement ce pied mais aussi le couple spondaïque qu’il forme avec le précédent (/osqu(e) ip/sosqu(e) in/). Le poète tenait si fort à nous faire entendre la subtilité de cette variation qu’il l’a signalée à notre admiratio en la soulignant d’une rime (osque/osque/asque).
14J’ai choisi de finir cet examen avec les v. 219-220 (agnaque per gladios ibit secura nocentes/bisque superfusos seruabit tincta rubores), tout en donnant en annexe la suite de cette récitation, parce qu’ils offrent de quoi conclure provisoirement à propos de la participation supposée de Sannazar à l’école pontanienne de l’analyse rythmique et phonostylistique du vers virgilien. Le second (220) résume le contenu des v. 42-43 de la IVe bucolique et peut-être peut-on en trouver un signal dans la finale rubores qui assemble rubenti en finale du v. 43 et colores en finale du v. 42. Le premier (219) redistribue habilement les trois ou quatre mots empruntés à Ovide dans une suite de trisyllabe/ monosyllabe, trisyllabe/disyllabe et trisyllabe/trisyllabe. Mais ce qui rend ces deux vers 219-220 inséparables et comme gémellaires ou spéculaires, c’est qu’ils se font écho l’un l’autre en présentant aux mêmes places métriques les phonèmes associés ou isolés per, os, a et es :
agnaque / per gladi/os i/bit se/cura no/centes
bisque su/perfu/sos ser/uabit / tincta ru/bores.
15Donnera-t-on quitus à Lycidas-Sannazar de sa piété filiale pour Pontano ? Au moment où, présent dans sa propre fiction, Sannazar fait l’aveu topique de sa faiblesse avant de relever le défi de l’émulation la plus exigeante qui soit, nous le voyons rendre hommage à la mémoire du maître de l’Académie napolitaine qui lui avait enseigné, dans un long tirocinium poétique pour ainsi dire par scissiparité : alter ab illo, ou comment inventer son propre moi poétique par l’observation minutieuse des exempla de Virgile, dans laquelle on distingue malaisément ce que le disciple doit au paradigme rythmico-musical virgilien et au paradigme de sa réinvention quasi exaspérée par Pontano à l’usage des Modernes. Or, comme cette brève étude veut le fait voir, le génie propre de Sannazar le poussait à donner une version de la IVe bucolique de Virgile qui s’approchât du lexique, des rythmes et de la musicalité de l’Énéide. Cette grandeur et cette pourpre jetées sur l’humilité des Évangiles sont explicitement revendiquées par le poète dans l’une de ses lettres circulaires de 1521, quand il moque les humbles pauvretés de ceux qui peignent la Vierge en fileuse. « Moi, je la fais reine », dit-il avant d’ajouter « chacun va au marché avec son idée en tête » ! Les pages qui précèdent, d’autre part, suggèrent que Sannazar use parfois des monosyllabes dans la récitation de la IVeBucolique du De partu Virginis afin de signaler les citations de Virgile dans les vers où elles se mêlent à ce qui lui appartient. Enfin, dans sa réception des leçons résumées dans l’Actius et qui firent assurément partie du magistère de Pontano dans l’Académie comme dans l’école que ce dernier tint17, Sannazar est respectueux du primat des subtilités de l’ouïe. Il fait toutefois, selon toute vraisemblance, une place aussi à l’appréciation visuelle des masses syllabiques dans le vers car les accents de mots plus ou moins fréquents qui en résultent ne suffisent pas à en épuiser les effets en un temps où la mémoire auditive se combine à la mémoire visuelle dans l’appréciation critique chorale, mais aussi solitaire, de poètes dont nous savons qu’ils ont fréquemment recours à leurs manuscrits comme à leurs imprimés. Ici encore le poète peut le faire à l’exemple de son maître Pontano, qui n’oublie pas la dimension matérielle du texte manuscrit ou même imprimé, lorsque la considération des rencontres vocaliques ou de l’agencement des syllabes et des mots dans le vers lui fait regarder un poème depuis la marge ou bien depuis le bas de page en imaginant que les monosyllabes sont de vieux soldats aguerris qui tiennent la ligne de front ou bien, développant la métaphore de Cicéron dans l’Orator à propos de la compositio uerborum dans la prose d’art, que les mots sont les pierres assemblées d’un mur parfaitement appareillé18.
Annexe
Annexe
Traduction des v. 197-236
« C’était pour cela, enfant nourricier, que dans les grottes de nos pères notre compagnon Tityre dédaigna le chant grossier du chalumeau rebattu et chanta des forêts dignes d’un consul romain. L’âge dernier de la prophétie cuméenne vient maintenant, les longs siècles par leur cours accompli se renouvellent ; à l’évidence, voici la vierge, voici le règne de Saturne, voici que ce rejeton nouveau descend du ciel élevé, rejeton par qui le peuple d’or dans le monde entier se lèvera et au milieu des épis fleurira le sarment de la vigne. Avec lui pour guide, si de notre crime les traces demeurent annulées ils délivreront de sa terreur perpétuelle la terre et le seuil interdit du vaste Olympe s’ouvrira ; il périra le serpent aussi, qui le premier de nos malheureux pères se joua gorgé de venins monstrueux. Est-ce toi qui recevra la vie des dieux et verras les héros confondus avec les dieux et te verront-ils parmi eux et conduiras-tu le monde pacifié selon les vertus de ton père ? Regarde le ciel d’une lumière favorable baigné et les plaines et les rivières et jusqu’aux plantes sur les montagnes ; regarde comme tout s’éjouit du siècle à venir. D’elles-mêmes au logis les chevrettes rapporteront leurs mamelles gonflées de lait et les troupeaux ne craindront plus les grands lions, l’agnelle parmi les glaives funestes ira tranquille et, teinte, conservera les tons rouges dont on l’a baignée deux fois. Cependant te reviennent, petit enfant, tes premiers menus présents et des corymbes au lierre mélangées ; jusqu’à ton berceau qui te fera éclore d’exquises fleurs et les rudes chênes distilleront des miels de rosée ; c’est du miel que donneront les chênes, toute la terre portera tous les fruits. Mais après que l’âge affermi t’aura fait homme et qu’à ce moment dans le monde entier tes actes se seront divulgués, il y aura alors un autre Tiphys et une autre Argo pour porter des héros choisis ; il y aura aussi de secondes guerres et tu iras aux ondes du Styx en pillard sans pareil. Commence, petit enfant, d’un sourire à reconnaître ta mère, précieux surgeon de dieu, du ciel la noble pousse ». Tandis que les bergers redisent ces propos, les bois inaccessibles au loin répondent et les montagnes chevelues vers les constellations relancent leurs paroles ; jusqu’aux rocs, jusqu’aux bosquets qui dans les chaos rocheux résonnent : « dieu, c’est dieu, Ménalque ».
Nota : dans les vers 197-220 (numérotés en gras) du DpV., les mots en gras sont cités de la quatrième bucolique de Virgile, dont le texte est donné avec le seul numéro des vers à la ligne suivante ; les mots soulignés sont empruntés à d’autres œuvres de Virgile ou à d’autres auteurs, également cités.
197 « Hoc erat, alme puer, patriis quod noster in antris
Buc. 4, 18 At tibi prima, puer, nullo munuscula cultu ; En. 2, 664 : Hoc erat,
alma parens… ; in antris : cf. Ovide passim en finale.
198 Tityrus attritae spreuit rude carmen auenae,
Buc. 1, 2 : Tityrus+auena ; Ov., Trist. 1, 7, 15 et 39 : rude carmen.
199 et cecinit dignas romano consule siluas.
3 si canimus siluas, siluae sint consule dignae.
200 Ultima cumaei uenit iam carminis aetas,
4 Ultima cumaei uenit iam carminis aetas,
201 magna per exactos renouantur saecula cursus ;
5 magnus ab integro saeclorum nascitur ordo ; Mart.8,80, 2 : saecula ; 3 : renouantur.
202 scilicet haec virgo, haec sunt saturnia regna,
6 Iam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna ;
203 haec noua progenies coelo descendit ab alto,
7 iam noua progenies caelo demittitur alto.
204 progenies per quam toto gens aurea mundo
9 desinet ac toto surget gens aurea mundo,
205 surget et in mediis palmes florebit aristis.
9… surget… ; 28 molli paulatim flauescet campus arista/ ; Pline, Hist. Nat. 13 : palmes+floreo.
206 Qua duce, siqua manent sceleris uestigia nostri
13 te duce. Si qua manent sceleris uestigia nostri,
207 irrita perpetua soluent formidine terras
14 inrita perpetua soluent formidine terras.
208 et uetitum magni pandetur limen Olympi ;
En. 10, 1 : Panditur interea domus omnipotentis Olympi/.
209 occidet et serpens, miseros quae prima parentes
24 Occidet et serpens… ; 26… heroum laudes et facta parentis ; En. 12, 932 : … miseri… parentis/ ; Georg. 3, 262 : … miseri… parentes/.
210 elusit portentificis imbuta uenenis.
24… et fallax herba ueneni ; Ov., Met. 14, 55 : … portentificisque uenenis/ ;
Enn., Ann. inc. lib. apud Fest. (Epit. op. de uerborum signif. Verrii Flacci) : … imbuta ueneno.
211 Tu ne deum uitam accipies diuisque uidebis
8 Tu modo… ; 15… deum uitam accipiet diuisque uidebit
212 permistos heroas et ipse uideberis illis
16 permixtos heroas et ipse uidebitur illis
213 pacatumque reges patriis uirtutibus orbem ?
17 pacatumque reget patriis uirtutibus orbem.
214 Aspice felici diffusum lumine coelum
50-1 Aspice conuexo nutantem pondere mundum, / terrasque tractusque maris
caelumque profundum ; Lucr., De r. nat. 1, 9 : placatumque nitet diffuso lumine caelum/ (cf. En. 10, 275 : … et laeuo contristat lumine caelum/).
215 camposque fluuiosque ipsasque in montibus herbas ;
in montibus : cf. Virg. et Ov., passim, à la même place.
216 aspice, uenturo laetentur ut omnia saeclo.
50 Aspice… ; 52… uenturo laetantur ut omnia saeclo.
217 Ipsae lacte domum referent distenta capellae
21 Ipsae lacte domum referent distenta capellae
218 hubera nec magnos metuent armenta leones,
22 ubera nec magnos metuent armenta leones ;
219 agnaque per gladios ibit secura nocentes
Ov., Her. 17, 246 : ibit per gladios, ei mihi ! noster amor/ ; Fast. 4, 925 : utilius gladios et tela nocentia carpes/.
220 bisque superfusos seruabit tincta rubores.
42-3 nec uarios discet mentiri lana colore/, ipse sed in pratis aries iam suaue rubenti [44 murice]
[221 Interea tibi, parue puer, munuscula prima
222 contingent ederaeque intermixtique corymbi ;
223 ipsa tibi blandos fundent cunabula flores
224 et durae quercus sudabunt roscida mella :
225 mella dabunt quercus, omnis feret omnia tellus.
226 At postquam firmata uirum te fecerit aetas
227 et tua iam totum notescent facta per orbem,
228 alter erit tum Tiphys et altera quae uehat Argo
229 delectos heroas ; erunt etiam altera bella
230 atque ingens stygias ibis praedator ad undas.
231 Incipe, parue puer, risu cognoscere matrem,
232 cara dei soboles, magnum caeli incrementum ».
233 Talia dum referunt pastores, auia longe
234 responsant nemora et uoces ad sidera iactant
235 intonsi montes ; ipsae per confraga rupes,
236 ipsa sonant arbusta : « Deus, deus ille, Menalca ».]
Notes de bas de page
1 Sannazaro, De partu Virginis [Napoli, mai 1526], introd. Ch. Fantazzi et éd. A. Perosa, Firenze, Olschki, coll « Studi e Testi / Istituto Nazionale di Studi sul Rinascimento », XVII, 1988. Les lettres autocritiques de l’auteur sont publiées aux p. 87-108. Voir la p. 89 pour les quatre poètes cités. Sur ces mêmes lettres, consulter M. Deramaix, « Non mea uoluntas sed tua. La révision académique du De partu Virginis de Sannazar et l’expression latine du sentiment religieux », dans M. Deramaix, P. Galand-Hallyn, G. Vagenheim, J. Vignes (dir.), Académies italiennes et françaises de la Renaissance : idéaux et pratiques (Actes du colloque international, Paris, 10-13 juin 2003), Genève, Droz, 2008, p. 211-248 pour l’organisation de la révision à distance du De partu Virginis et, à propos de l’imitation de Virgile dans ce poème, voir Id. « Synceromastix nescio quis. Théorie et pratique de l’imitation de Virgile dans la correspondance critique de Sannazar sur le De partu Virginis », dans M. Deramaix et G. Germano (dir.), Le modèle et les originaux. L’exemplum virgilien à Naples entre dynastie aragonaise et vice-royaume espagnol (Actes du colloque international, Rouen, 3-5 juin 2013), Rouen, Presses des Universités de Rouen et du Havre, à paraître en 2014.
2 Plus généralement, pour des informations biographiques et bibliographiques, le lecteur voudra bien se reporter à M. Deramaix, La pourpre et le cédrat. Renouatio temporum et poétique théologique chez Sannazar et Gilles de Viterbe [titre provisoire], à paraître (texte latin du De partu Virginis et traduction française en appendice) et, d’autre part, à certains des plus récemment parus de nos articles (nous y renverrons le cas échéant en les citant en abrégé dans la suite de ces pages) : « Urna nouis uariata figuris. Métatexte, intertexte, autoréflexivité et ekphrasis : essai de définition du moi poétique dans le De partu Virginis de Sannazar (III, 281-322) », dans P. Galand-Hallyn et C. Lévy (dir.), Vivre pour soi, vivre pour la cité de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Publications de l’Université Paris-Sorbonne, coll. « Rome et ses renaissances », 2006, p. 253-284 ; « Non mea uoluntas sed tua. La révision académique du De partu Virginis de Sannazar et l’expression latine du sentiment religieux », dans M. Deramaix, P. Galand-Hallyn, G. Vagenheim, J. Vignes (dir.), Académies italiennes et françaises de la Renaissance : idéaux et pratiques, Genève, Droz, 2008, p. 211-248 ; « Musa tua me recepit. Les Sirènes, la Kabbale et le génie du lieu napolitain dans une lettre inconnue de Gilles de Viterbe à Sannazar », dans Ch. Mouchel et C. Nativel (dir.), République des Lettres, République des Arts. Mélanges en l’honneur de Marc Fumaroli, Genève, Droz, 2008, p. 83-101 ; « Proteus uaticinans. Poétique et théologie de Protée dans l’œuvre de Sannazar (1457-1530) lecteur de Virgile », dans A. Rolet (dir.), Protée en trompe-l’œil. Genèse et survivances d’un mythe, d’Homère à Bouchardon, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 383-402 ; « Tamquam in acie. Lexique de la bataille et critique euphonique de la rencontre vocalique chez Virgile dans l’Actius de Pontano », dans G. Abbamonte, J. Barreto, T. D’Urso, A. Perriccioli Saggese, F. Senatore (dir.), La battaglia nel Rinascimento meridionale, Roma, Viella, coll. « I libri di Viella », n° 126, 2011, p. 169-187.
3 Voir M. Deramaix, « Phoenix et Ciconia. Il De partu Virginis di Sannazaro e l’Historia viginti saeculorum di Egidio da Viterbo », dans M. De Nichilo, G. Di Stasio, A. Iurilli (dir.), Miscellanea in onore di Francesco Tateo, vol. I, II, III, Roma, Roma nel Rinascimento, 2003, vol. II, p. 523-556 ; « Renovantur saecula. Le quintum bonum du dixième âge selon Gilles de Viterbe dans l’Historia viginti saeculorum et le De partu Virginis de Sannazar », dans P. Gilli (dir.), L’Humanisme et l’Église du xve siècle au milieu du xvie siècle (Italie et France méridionale), Roma, École Française de Rome, 2004, p. 281-326 ; « Spes illae magnae. Girolamo Seripando lecteur et juge de l’Historia viginti saeculorum de Gilles de Viterbe », dans G. Abbamonte, L. Gualdo Rosa et L. Munzi (dir.), Parrhasiana III. « Tocchi da huomini dotti » : codici e stampati con postille umanistiche, Pisa-Napoli, Istituti editoriali e poligrafici internazionali, coll. « Annali dell’Istituto universitario Orientale di Napoli, Dipartimento di studi del mondo-classico e del mediterraneo antico, sezione filologico-letteraria », 27, 2005, p. 209-237 ; « Non uoce pares. Sannazar, Gilles de Viterbe et leurs doubles », dans Vite parallele : memoria, autobiografia, coscienza dell’io e dell’altro, dans R. Gorris Camos et A. Vanautgaerden (dir.), L’auteur à la Renaissance. L’altro che è in noi, Brepols, Turnhout, 2009, p. 332-357 ; « Campaniae delitiae, Sirenum uox. Napoli ed il concetto di rinascimento nel pensiero di Egidio da Viterbo », dans Egidio da Viterbo, cardinale agostianiano, tra Roma e Europa del Rinascimento, Roma, Roma nel Rinascimento et Istituto Storico Agostiniano, 2014, p. 363-379.
4 Voir M. Deramaix, « Sonitus rotarum ou Ofanins ailez. Le Fèvre de La Boderie premier traducteur (1582) du De partu Virginis de Sannazar », dans M. Deramaix et G. Vagenheim (dir.), L’Italie et la France dans l’Europe latine du xive siècle au xviie siècle. Influence, imitation, traduction, Rouen, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2006, p. 359-395.
5 Nous renvoyons au sujet de l’Arcadie à l’édition toute récente, avec introduction et commentaire, donnée par Carlo Vecce (I. Sannazaro, Arcadia, Roma, Carocci, coll. « Classici italiani », 26, 2013). Le lecteur y trouvera en note une bonne partie de l’histoire du commentaire de ce prosimètre.
6 Voir M. Deramaix, « Sonitus rotarum ou Ofanins ailez… », art.cit.
7 Voir Id., « Campaniae delitiae, Sirenum uox… », art.cit. ; « Spes illae magnae… », art.cit.
8 Voir M. Deramaix, « La genèse du De partu Virginis de J. Sannazar et trois églogues latines inédites de Gilles de Viterbe », Mélanges de l’École Française de Rome, Moyen Âge, 102, 1990, 1, p. 173-276.
9 L’editio princeps des Eclogae piscatoriae est celle du De partu Virginis : Napoli, Antonio Frezza da Corinaldo, mai 1526 (voir W. P. Mustard (éd.), The Piscatory Eclogues of Jacopo Sannazaro, Baltimore, John Hopkins Press, 1914). Pour une bibliographie partielle, se reporter à C. Salemme, Il canto del Golfo. Le Eclogae piscatoriae di Iacopo Sannazaro, Napoli, Loffredo, coll. « Studi latini », 61, 2007, p. 99-102 ; on ajoutera L. Monti-Sabia, « Virgilio nelle Piscatoriae di Iacopo Sannazaro », dans D. Canfora et A. Caracciolo Aricò (dir.), La Serenissima e il Regno nel Ve centenario dell’Arcadia di Iacopo Sannazaro, Bari, Cacucci, coll. « Rinascimento e Barocco », 2, 2006, p. 501-532.
10 Signalons en particulier le livre VI et dernier du De bello Neapolitano de Pontano (voir L. Monti-Sabia, Pontano e la storia. Dal De bello Neapolitano all’Actius, Roma, Bulzoni, coll. « Humanistica », 16, 1995, p. 159 sq.), qui forme une digression historico-géographique, en particulier sur Naples et ses environs, avec une large part donnée aux mythes et légendes locaux, mais aussi aux connaissances archéologiques et antiquaires contemporaines dans l’Académie napolitaine. Consulter A. Iacono, « La Laudatio Urbis Neapolis nell’appendice archeologico-antiquaria del De bello Neapolitano di Giovanni Gioviano Pontano », Bollettino di Studi Latini, 39, II, juillet-décembre 2009, p. 562-586.
11 Sur ces versets des évangiles dans les marges des autographes, voir I. Sannazaro, De partu Virginis…, op. cit., p. XCIII. Ils sont tous édités dans un apparat particulier du texte critique.
12 On se reportera à l’appendice bio-bibliographique et aux notes contenus dans M. Deramaix, « Non mea uoluntas sed tua… », art. cit.
13 Pour l’analyse de l’hexamètre de Virgile menée dans l’Actius, voir M. Deramaix, « Tamquam in acie… ».
14 M. Deramaix, « Excellentia et admiratio dans l’Actius de Giovanni Pontano : Une poétique et une esthétique de la perfection », Mélanges de l’Ecole Française de Rome, Moyen Âge-Temps modernes, 99, 1, 1987, p. 171-212.
15 On trouvera en appendice une traduction du passage en question ainsi que le texte latin muni des informations nécessaires à l’entendement des observations qui forment la seconde partie de cet article.
16 L’étude du dialogue montre que l’accent de mot y est senti comme intensif et de même nature que l’accent métrique, que les monosyllabes y sont accentués, que les diphtongues ae et oe y sont prononcés é et i. Pour le reste, la prononciation est celle qui est en usage aujourd’hui en Italie, tant dans l’Université que dans l’Église.
17 J’évoque ici le ludus tenu par Pontano à Naples parce que l’on peut faire l’hypothèse que les innombrables citations de Virgile à l’appui de la démonstration d’Actius-Sannazar dans le dialogue homonyme viennent de répertoires dressés peu à peu – par Pontano ou bien par Sannazar selon que l’on voit dans Actius un simple porte-parole de Pontano ou bien quelqu’un à qui l’auteur donne la parole parce qu’il le considère comme un expert – et organisés selon des critères lexicologiques et métrico-stylistiques variés. Si les répertoires de Pontano n’ont pas été conservés ou retrouvés jusqu’à nos jours, nous en avons un reflet dans ceux de Sannazar. Pour le ludus de Pontano et l’insertion de son premier traité, De aspiratione, dans les courants contemporains, voir G. Germano, Il De aspiratione di Giovanni Pontano e la cultura du suo tempo. Con un’Antologia di brani scelti dal De aspiratione in edizione critica corredata di introduzione, traduzione e commento, Napoli, Loffredo, coll. « Nova Itinera Humanitatis Latinae », 3, 2005. Sur les répertoires de Sannazar (métriques pour Horace, Ovide et Stace, historiques pour Florus, Justin et Plutarque, alphabétiques pour les Adagia d’Érasme et le De re aedificatoria d’Alberti), voir Carlo Vecce, Gli zibaldoni di Iacopo Sannazaro, Messina, Sicania, coll. « Studi e testi », 7, 1998, p. 67-124.
18 M. Deramaix, « Tamquam in acie… », art. cit.
Auteur
Université de Rouen EA ERIAC-Membre honoraire de l’IUF
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