Introduction
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Texte intégral
1La genèse des karsts de haute montagne ne peut s'étudier que si l'on se défait provisoirement de la notion morphoclimatique de haute montagne. En effet, en fonction de la surrection, des anciennes surfaces d'altération, du décapage des couvertures géologiques, de l'action ou non des glaciers au Plio-Quaternaire, les karsts actuellement situés dans le domaine supraforestier peuvent avoir une histoire très variée selon les régions.
2Dans le chapitre XIII, nous développons le problème posé par les paléo-surfaces d'altération karstique (notion de surface d'aplanissement) portées ultérieurement en altitude par la surrection néogène. Ce type est remarquablement illustré par les karsts crétois (chap. III). Anciennes couvertures d'altérités (formations rouges de piémont), crypto-karsts en cours de décapage sont là pour témoigner de l'importance de la notion de décapage et d'altération en zone méditerranéenne. Dans le cas de nombreux karsts haut-alpins, la mise à l'affleurement des couches calcaires s'est faite souvent tardivement au cours de la surrection, avec l'intervention de l'érosion glaciaire.
3Les facteurs endogènes (séismes, hydrothermalisme, plutonisme, volcanisme) jouent parfois un rôle non négligeable dans l'évolution morphologique (chap. XIV). Les écroulements sismiques en zone sensible (ex : Méditerranée orientale, Nouvelle-Guinée) contribuent au recul des escarpements. L'hydrothermalisme a une incidence particulière : concrétionnements en filons, géodes, travertins de sources, remontées d'eaux acides (H2SO4) le long des zones de fractures (en régime d'extension). Le volcanisme a une influence plus importante. Signalons le problème de l'assimilation magmatique des calcaires dans le phréato-magmatisme, les relations morphologiques entre le volcanisme et le karst, et l'incidence des cinérites comme accélérateur de la dissolution et comme marqueur chronologique (téphrochronologie).
4L'évolution syntectonique et post-tectonique des surfaces karstiques d'altitude et des hauts karsts en général repose sur la notion de niveaux de base (chap. XV). La surrection induit obligatoirement la baisse relative du niveau de base général (niveau marin) et le creusement corrélatif des vallées et des réseaux endokarstiques. L'intérêt des montagnes calcaires est de renfermer des niveaux d'anciens conduits, autrefois façonnés en régime noyé, témoignant des stades d'approfondissement des vallées et par conséquent des étapes du soulèvement. Les indices extérieurs les plus intéressants sont les canyons (ex : pharangis de Crète) et les formations de versants (brèches) ou de piémont (conglomérats). L'étude micro-morphologique des dépôts consolidés apporte des informations précieuses sur les paléo-environnements ; lorsque l'on dispose de niveaux-repères datés, par exemple par téphrochronologie (ciment brique pliocène de Crète), la compréhension de la genèse du relief s'en trouve facilitée (chap. III).
5Pour illustrer la complexité de l'évolution de certains karsts de montagne, on termine par le massif de la Pierre Saint-Martin (Pyr.-Atl.) en mettant en évidence la superposition des karstifications successives depuis le Permien (chap. XVI). Le glacio-karst actuel recoupe des morphologies et dépôts souterrains datant du Tertiaire. Les étages de conduits à l'aval (Arphidia) comme à l'amont (gouffres AN8, SC60) seraient les témoins de l'abaissement du niveau de base, c'est-à-dire de la surrection épirogénique néogène. Les massifs stalagmitiques mis à jour dans la partie amont du géosystème (décapage de plusieurs centaines de mètres de calcaires) traduisent une altitude plus basse et un climat différents de l'Actuel dans la genèse de ces spéléothèmes. Au total, on constate à nouveau l'importance morphogénétique que sont les dépôts piégés dans l'endokarst et les morphologies associées.
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Forêts d’hier et de demain
50 ans de recherches en Aquitaine
Michel Arbez, Jean-Michel Carnus et Antoine Kremer (dir.)
2017