Introduction
p. 342
Texte intégral
1L’étude du fonctionnement chimique (dissolution) et hydrologique (hydrodynamique) de l’exokarst, de l’endokarst et des émergences de la haute montagne calcaire permet de préciser la nature des processus et leur variation spatio-temporelle dans les conditions actuelles. Les chapitres 8 et 9 sont donc préliminaires car il est impossible d’étudier l’évolution karstique à long terme à partir de son seul fonctionnement actuel. Pour cela, nous aurons recours à l’analyse des remplissages endokarstiques (spéléothèmes et dépôts détritiques), puis à l’étude géomorphologique de synthèse qui doit prendre en compte tous les critères.
2L’étude de la dissolution dans le domaine de l’exokarst de haute montagne permet d’apprécier les modalités et la vitesse de la corrosion sans l’intervention des sols. Plusieurs aspects sont envisagés : la solubilité différentielle des roches carbonatées (porosité, pétrographie, fracturation, gélifraction), enfin le rôle respectif des eaux sous-glaciaires, proglaciaires, nivales et pluviales. Dans tous les cas, on constate que la dissolution spécifique exokarstique ne dépasse pas 10 à 20 % de la dissolution spécifique totale en raison de l’absorption rapide des eaux dans l’endokarst et de l’absence de CO2 biogénique.
3En zone tempérée humide — cas des karsts hautalpins — l’endokarst est donc le siège d’une forte dissolution qui explique l’important développement des réseaux spéléologiques. La forte karstification interne peut être appréhendée dans un premier temps par l’étude hydrodynamique. On constate que le régime des émergences, en relation directe avec les conditions climatiques, n’est pas pondéré et dépend essentiellement de la fusion nivo-glaciaire, nivale ou nivo-pluviale selon les régions. La concentration de l’écoulement — près de 75 % en trois mois — détermine aussi la répartition saisonnière de la dissolution. L’eau s’écoule librement dans les conduits souterrains et ressort rapidement aux exutoires, même s’il existe une zone noyée de base. Dans la majorité des cas (systèmes karstiques perchés), les réserves dynamiques (ou écoulables) sont faibles.
4En régime d’étiage estival, la fusion des névières et glacières emprisonnées dans les puits explique le débit de base alors que la condensation souterraine, souvent évoquée, joue un rôle négligeable.
5La dissolution est très forte dans la zone de transfert vertical (puits), plus progressive dans la zone de transfert oblique des rivières hypogées. Le régime hydrochimique des émergences est compliqué s’il existe des alimentations diverses : haute montagne dénudée, moyenne montagne forestière. Le rôle du CO2 disponible se traduit par la baisse de la minéralisation des eaux avec l’augmentation de l’altitude moyenne de l’impluvium. En domaine supraforestier, il existe une relation linéaire entre la dissolution spécifique et le volume des précipitations.
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Forêts d’hier et de demain
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Michel Arbez, Jean-Michel Carnus et Antoine Kremer (dir.)
2017