Introduction
p. 367
Texte intégral
1Les montagnes occupent une place importante dans les régions tropicales qu’il s’agissent des chaînes de formation récente, chaînes liminaires ou guirlandes insulaires associées à un volcanisme actif (Cordillères andines, Antilles, Indonésie, Himalaya, Nouvelle-Guinée, etc.), des montagnes de socle (Afrique, Inde, Madagascar, Ceylan, etc.) ou des massifs volcaniques insulaires (Hawaï, Réunion, îles du Pacifique, etc.). Comme toutes les montagnes, celles de la zone tropicale sont caractérisées par une dégradation des conditions écologiques en altitude, mais en outre elles offrent des caractéristiques propres : leur rythme de vie est diurne et non saisonnier, les phénomènes périglaciaires sont constants toute l’année, les contrastes d’exposition de versants sont faibles par rapport au soleil, mais très importants par rapport aux vents dominants. Enfin, les limites qui marquent l’étagement, fonction de l’altitude, sont remarquablement stables d’une saison à l’autre.
2Cette dernière particularité en fait un milieu enregistreur particulièrement intéressant ; aussi est-il important de relever les divers témoignages des fluctuations passées des limites des différents étagements observés, et ce à diverses échelles de temps : végétations relictes, sols et paléosols, dépôts corrélatifs et traces d’érosion. Les indications que peuvent procurer les études de ces multiples champs de recherches sont précieuses non seulement du point de vue de la connaissance du milieu proprement dit, mais aussi de son évolution et de sa dynamique.
3Il ne faut pas oublier que le milieu montagnard tropical apporte à l’homme, à partir d’une certaine altitude, un climat plus supportable, moins chaud, plus venté, avec de meilleures conditions sanitaires. C’est pourquoi les anciennes puissances coloniales ont très souvent développé des stations climatiques d’altitude de repos et de récupération à l’usage de leurs ressortissants. Nous devons aussi souligner que les zones de moindres pentes des montagnes tropicales ont souvent été mises en valeur par l’homme et ce depuis des millénaires (Andes du Pérou, de Bolivie, jusqu’à près de 5 000 m dans le nord-ouest argentin ; hauts plateaux mexicains ; hautes vallées de l’Himalaya) et ont parfois permis le développement de civilisations brillantes.
4Aujourd’hui les montagnes tropicales sont des mondes qui sont de plus en plus confrontés aux emprises anthropiques : la très forte croissance démographique actuelle des régions tropicales et l’absence fréquente d’autres choix obligent un grand nombre d’hommes à se diriger vers l’exploitation de ces domaines peu “maniables”. L’exemple du Rwanda et du Burundi (plus de 300 hab/km2) et de leurs conflits internes préfigure-t-il de tristes lendemains ? La mise en valeur de la haute montagne tropicale en est encore, dans la plupart des cas, au stade de l’exploration. Ne conviendrait-il pas de mieux connaître ces milieux que l’homme aménagera ?
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Forêts d’hier et de demain
50 ans de recherches en Aquitaine
Michel Arbez, Jean-Michel Carnus et Antoine Kremer (dir.)
2017