Avertissement
p. 11-12
Texte intégral
1Quels enseignements peut-on tirer de l’étude de la Correspondance plinienne, c’est-à-dire de l’ensemble de ses lettres qui ont une nature privée (les livres I à IX), ou encore des écrits établis en raison de sa relation privilégiée avec l’empereur Trajan (le livre X) ? Peut-on aussi mettre en lumière certaines de ses réflexions qu’il dresse dans son Panégyrique où, lors d’une instance pompeuse et solennelle, il tient à louer César et son nouveau régime, que l’on appellera plus tard « antonin ».
2C’est précisément la tâche que nous nous assignons dans ce petit ouvrage : connaître davantage, grâce à Pline, les idées des philosophes, car il a des attaches avec le Portique, mais aussi les juristes de cette époque.
3Nous n’ignorons pas cependant pas les difficultés qui jalonnent ces quelques recherches, les faiblesses, parfois, de la documentation scripturale ou épigraphique, les barrières linguistiques voire les méconnaissances ou l’ignorance des « sciences auxiliaires du droit » qui sont ici, dans ce domaine, plus utiles et nécessaires qu’ailleurs pour pénétrer la question.
4Toutefois, pour éviter le risque d’égarement dans des voies périlleuses et accidentées, nous aurons quasiment toujours soin de débuter nos propos ou d’initier nos commentaires à partir de points fixes ou acquis, établis avec certitude par les données historiques, chronologiques ou événementielles.
5C’est ainsi que les faits et gestes de Pline, le déroulement de son cursus « élémentaire » puis à l’échelon « gouvernemental » ne peuvent être raisonnablement abordés qu’après un précieux rappel introductif des règles, des coutumes et des institutions romaines qui dominent la société du premier siècle1.
6On aura donc comme principal souci de partir du général pour cerner le singulier. Comment sinon poser avec justesse la problématique du christianisme sous l’Empire si l’on ne situe pas celle-là par rapport au judaïsme dont il est issu2 ? Il en va d’ailleurs du statut même de cette croyance orientale dont on ne sait trop s’il elle est licite ou illicite dans un monde gréco-romain qui lui devient hostile, par la force même des choses, à la fin du premier siècle.
7Par ailleurs une autre difficulté semble résulter de la pluralité des fonctions successives assurées par Pline, fonctions tour à tour officieuses ou officielles, religieuses ou purement civiles, judiciaires ou administratives. Notre plan devra tenir compte de ses activités variées et s’articuler essentiellement en tenant compte des charges ordinaires de la carrière des honneurs communément exercée par notre personnage, carrière qui comprend des fonctions juridictionnelles, certes, mais également civiles et militaires. Mieux encore la carrière de Pline lui a permis d’assurer des charges qu’on peut sans excès qualifier d’extraordinaires car elles se situent à l’échelon gouvernemental dans une province relevant à la fois du sénat (solution traditionnelle) mais placée sous le regard direct de l’empereur (nouvelle politique orientale).
8Nous devons encore reconnaître que la bibliographie des auteurs appartenant « aux pays de l’Est » n’est pour nous accessible que par des résumés ou des commentaires remarquables mais sporadiques diffusés de longues années après les travaux originels3.
9Enfin, sur le fond, l’optique de cette « recherche » se tourne résolument vers un Pline « juriste et administrateur » dégagé de ses seules activités littéraires même s’il demeure un « fin lettré » voire un « homme de salon ». Les enseignements que nous apporte Pline, son apport original eu égard aux autres auteurs de son temps, éclairent d’un jour nouveau la politique trajane et permettent d’expliciter les relations de l’Etat et de son droit, des institutions et de la pratique au quotidien. En fait, l’ensemble de son Œuvre contient assurément de grandes richesses dans la mesure où elle permet de mieux juger ou apprécier les débuts de l’époque antonine, les forces et faiblesses d’un Empire qui cherche un second souffle.
Notes de bas de page
1 V. infra, Introd., sect. I.
2 V. infra Titre I, chap. II, § 2.
3 Sur certains travaux d’ensemble on peut consulter l’ouvrage de M. RASKOLNIKOFF, La recherche soviétique et l’histoire économique et sociale du monde hellénistique et romain, C. N. R. S. et Université des Sc. Hum. de Strasbourg, Strasbourg, 1975, étude reprenant les travaux de R. K. ZELIN, S. L. ULTCHENKO et E. M. SCHTAERMAN de 1956 à 1965...
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