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Changement climatique et composition physico-chimique de la Méditerranée

p. 25-45

Résumé

Bien que ne représentant que 0.8 % de la surface totale des océans, la mer Méditerranée est l’un des environnements marins les plus étudies du monde, notamment en raison des enjeux socio-économiques que cet espace recouvre (tourisme, trafic maritime, pêche, géopolitique, etc.). Sous l’influence directe de 3 continents à la fois par les apports d’eaux continentales (fleuves et émissaires artificiels) qui affectent directement les zones littorales et côtières, et les apports atmosphériques qui peuvent se propager très au large, les sources anthropiques de contamination apparaissent multiples et très diversifiées, exacerbées par les effets de la littoralisation sur l’ensemble de ses côtes. La mer Méditerranée est également une des régions marines où le changement climatique a déjà un impact détectable à la fois sur les caractéristiques et la circulation des masses d’eau, menaçant à très court terme le bilan hydrique, ses caractéristiques chimiques et les ressources biologiques. Dans ce contexte, la région méditerranéenne est confrontée à des défis majeurs au xxie siècle pour s’adapter à ces conditions climatiques changeantes qui risquent d’avoir de fortes conséquences socio-économiques et doit être considérée comme une « sentinelle » pour identifier les effets du changement climatique sur la dynamique et la biogéochimie des océans.


Texte intégral

Le fonctionnement de la Méditerranée

Situation géographique

1La mer Méditerranée, du latin Medius Terrae, qui signifie au milieu des terres, s’étend sur 2.5 millions de km2, entre l’Afrique et l’Europe. Elle est le plus grand bassin semi-fermé au monde, et son volume avoisine les 3.7 millions de km3. Elle est profonde (1 500 m en moyenne) et ses abysses, qui côtoient souvent son littoral abrupt, atteignent plus de 5 000 m dans la fosse de Matapan. Elle communique avec l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar (14,4 km de large et une profondeur moyenne de 300 m) et avec la mer Noire par le détroit des Dardanelles (entre 1.2 et 6 km de large pour une profondeur moyenne de 55 m). La Méditerranée se divise en deux bassins (bassin occidental et bassin oriental) séparés par le détroit de Sicile profond d’environ 400 m.

2Dans le bassin ouest, la température de surface varie de 12–13 °C en hiver à 26 °C en été, tandis que dans le bassin oriental la température de surface est d’environ 16–17 °C en hiver et 27 °C en été. Pendant l’été, les eaux de surface sont caractérisées par une thermocline, dont la profondeur, le gradient de
température et la durée augmentent progressivement de l’ouest vers l’est. Les eaux profondes de la Méditerranée (à partir de 250 m) sont très homogènes, avec une température de l’ordre de 12,8 °C et une salinité d’environ 38,2.

3Le temps de résidence des eaux méditerranéennes est très court (~ 70 ans) par rapport à celui des autres océans (500-1 000 ans), induisant une circulation rapide des masses d’eau qui se révèle être du même ordre de grandeur que la durée de l’ère industrielle. Ceci confère à la Méditerranée un caractère unique de « hot spot » pour le changement climatique1 et on peut estimer que l’ensemble de la Méditerranée a actuellement subi l’impact des pressions anthropiques. A ce titre, elle peut être considérée comme une sentinelle pour identifier l’effet du changement climatique sur la physique et la biogéochimie des océans2. Ceci étant, sa disposition à l’intersection de l’Afrique, l’Europe et l’Asie engendre des pressions anthropiques hétérogènes à l’échelle des différents sous-bassins3.

Circulation générale et hydrologie

4La mer Méditerranée, située entre des régions désertiques au sud et des régions au climat tempéré au nord, est un bassin d’évaporation, appelé aussi bassin de concentration, où l’effet des vents se conjugue avec l’aridité du climat pour générer un déficit d’eau (3 130 km3an-1) que les apports par les pluies (1 000 km3an-1), des fleuves et des eaux souterraines (430 km3/an) ne suffisent pas à compenser. La perte en eau représente l’équivalent d’une couche d’environ 1 m sur l’ensemble du bassin4. Pour combler ce déficit en eau, de l’eau Atlantique entre en surface par le détroit de Gibraltar, avec un débit estimé entre 0.5 et 1 million de m3.s-1 (figure 1). Cette eau, moins salée que l’eau méditerranéenne, est moins dense et va circuler en surface5.

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Figure 1 : Description schématique des échanges d’eau atlantique et méditerranéenne au niveau du détroit de Gibraltar.

5Très schématiquement, la circulation de surface en Méditerranée suit une boucle anticyclonique (sens inverse d’une aiguille d’une montre ; figure 2). L’eau atlantique peu salée (35-36) et donc « légère » coule vers l’est en surface à partir du détroit de Gibraltar, en devenant plus chaude et plus salée tout au long de son trajet. Au cours de ce voyage, l’eau atlantique se modifie en subissant une évaporation et un mélange avec les eaux résidentes, très probablement en raison d’une activité méso-échelle intense (tourbillons indiqués en bleu sur la figure 2) et d’un mélange vertical en hiver. Dans le bassin levantin, les eaux de surface deviennent suffisamment denses en hiver pour « plonger en profondeur » et forment l’eau intermédiaire levantine. Cette eau revient vers l’ouest à des profondeurs comprises entre 200 et 500 m et rejoint l’océan atlantique à travers le détroit de Gibraltar6. La circulation en Méditerranée, peut être ainsi comparée à un moteur qui transforme l’eau Atlantique peu salée entrant en surface par le détroit de Gibraltar en une eau plus salée et plus dense, appelée eau méditerranéenne, qui coule et retourne vers l’Atlantique en profondeur, également par Gibraltar, selon un schéma de circulation dit anti-estuarienne (figures 1 et 2).

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Figure 2 : La circulation méditerranéenne des eaux de surface7.

6La circulation en Méditerranée, est également en grande partie contrôlée par le forçage météorologique. Dans le golfe du Lion et en Provence, trois régimes de vents intenses et qui se renforcent en hiver dominent : le Mistral, vent de nord à nord-ouest ; la Tramontane, vent d’ouest à nord-ouest ; et le vent de secteur est à sud-est qui amène généralement nuages et pluies. En Adriatique, c’est la bora qui souffle fort en hiver et dans le bassin oriental, c’est le meltem qui rafraîchit la mer Egée en été. Ces vents induisent des processus de déplacement horizontaux et verticaux des masses d’eau (upwellings, downwellings, jets côtiers et structures tourbillonnaires).

7Les vents d’hiver sont également à l’origine d’un phénomène primordial pour la circulation et le fonctionnement de la Méditerranée : la formation d’eau dense lié à un processus de mélange souvent dénommé convection hivernale.

8En effet, l’action conjuguée des vents du nord et du refroidissement hivernal se traduit par une forte évaporation, entraînant une augmentation de salinité, et une diminution de température des eaux superficielles, d’où une augmentation de leur densité à l’origine d’importants mélanges verticaux8. Ce processus de convection ou de « plongée » des eaux de surface peut concerner la colonne d’eau sur plus de 2 000 m de profondeur. Cette formation d’eau dense a lieu dans le golfe du Lion (centrée sur 42°N et 5°E) et au nord de la mer Adriatique. Ces eaux, initialement en contact avec l’atmosphère, sont riches en oxygène, s’écoulent en remplissant l’ensemble des bassins profonds pour ensuite s’évacuer dans l’océan Atlantique via le détroit de Gibraltar.

9Comme pour l’océan mondial, ce processus de convection hivernale gouverne la circulation thermohaline des masses d’eau de Méditerranée. De plus, il permet d’alimenter les eaux de surface en sels nutritifs à l’origine de la production primaire, d’oxygéner le fond de la mer, et accentue l’exportation de carbone vers les couches profondes.

Éléments nutritifs – Niveau trophique

10L’eau de mer est principalement constituée de sels dissous ou d’ions, provenant en grande partie de la décomposition des roches de la croûte terrestre. Ces éléments se comportent de manière dite conservative (comme le sel), c’est-à-dire que leur concentration est peu affectée par les processus chimiques et biologiques. Les autres éléments montrent des concentrations très faibles (<1 partie par million), et ont presque tous un comportement non conservatif, leur concentration étant fortement contrôlée par les réactions chimiques et biologiques. Parmi eux, on retrouve les nutriments, qui sont des composés chimiques essentiels au maintien et la croissance des cellules algales, et plus généralement des organismes vivants. On distingue les macronutriments (respectivement carbone, phosphore, azote, et silicium) qui fournissent l’énergie pour les fonctions métaboliques, et les micro-nutriments (Fe, Zn, Cu, Mn Co, etc.), qui jouent le rôle de co-facteurs, et qui sont requis en plus faibles quantités par les organismes vivants. Les formes de nutriments les plus facilement accessibles pour la croissance algale associée à la photosynthèse sont généralement les formes inorganiques.

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Figure 3 : Image satellitale composite montrant les concentrations de chlorophylle de surface sur l’ensemble de la Méditerranée et révélant le gradient d’oligotrophie qui s’accentue d’ouest en est lié à la répartition des éléments nutritifs disponibles en profondeur.

11Globalement, la Méditerranée est une mer pauvre en nutriments, et même l’une des régions du monde où les concentrations sont les plus faibles9, avec une variabilité géographique significative, caractérisée par un gradient d’oligotrophie ouest-est révélée par l’image satellitale de la figure 3. Les concentrations de nutriments dépendent principalement des échanges à travers le détroit de Gibraltar et du Bosphore, des dépôts atmosphériques et des rejets fluviaux. Les échanges aux détroits de Gibraltar et du Bosphore se traduisent globalement par une exportation nette importante de nutriments, environ 10 % pour l’azote (N) et le phosphore (P), et 50 % pour le silicium10. Les pertes nettes sont supposées être compensées par des sources externes à l’échelle climatologique11.

12Une autre spécificité de la mer Méditerranée est le déficit de phosphore par rapport à l’azote12. Alors que le rapport azote/phosphore est égal à 16 dans l’océan global, celui de la Méditerranée est anormalement élevé (entre 22 et 24 pour les bassins ouest et est respectivement), suggérant une limitation de la production primaire par le phosphore13. Une des hypothèses fréquemment évoquées pour expliquer cette particularité est une forte contribution des sources externes14, notamment les apports atmosphériques et fluviaux, qui présentent un déficit en phosphore par rapport à l’azote15, déficit qui tend de plus à s’accentuer d’ouest en est. La mer Méditerranée orientale a été décrite comme étant la plus grande étendue d’eau de la planète limitée en phosphore.

Influences continentales : fleuves et atmosphère

13Les caractéristiques et la circulation des eaux méditerranéennes sont aussi influencés par les des fleuves qui s’y déversent. Ces apports d’eau douce, principalement en provenance des fleuves du nord, jouent un rôle important car ils favorisent la productivité primaire à l’échelle locale et ont un rôle majeur dans l’équilibre du bilan hydrique avec l’Atlantique. La moyenne annuelle du débit des fleuves méditerranéens est de l’ordre de 10 000 m3 s-1, avec des valeurs minimales pendant l’été et des valeurs maximales au printemps. Plus de 50 % des apports sont assurés par les fleuves européens (Rhône, Pô et Ebre), parmi lesquels le Rhône a le plus gros débit (1 700 m3 s-1 en moyenne), pouvant dépasser 10 000 m3/s lors de crues exceptionnelles. Le Nil, autrefois premier fleuve méditerranéen par son débit, n’atteint pratiquement plus la mer depuis la construction du barrage d’Assouan. Entre 1960 et 2000, une diminution de 20 % des apports fluviaux, a été observée en Méditerranée16, principalement à cause des activités anthropiques (construction de barrages, irrigation…), et, dans une moindre mesure, suite à la baisse des précipitations.

14En Méditerranée, à cause de la proximité immédiate des côtes, mais aussi de l’industrialisation et de l’urbanisation intensive du rivage, les apports atmosphériques sont abondants et contribuent fortement aux caractéristiques chimiques des eaux de surface17. Les dépôts atmosphériques ont ainsi été reconnus comme étant une source majeure d’éléments biogènes pouvant être supérieure aux apports fluviaux18. Les modèles récents de dépôt atmosphérique en Méditerranée montrent que l’Europe du Nord est une source très importante, et que la partie nord-ouest de la Méditerranée y est particulièrement affectée pour plus de 70 % du temps19. À ce bruit de fond se superposent des événements impulsionnels « sahariens » d’origine naturelle, qu’il est possible d’identifier à partir de l’abondance relative de géotraceurs appropriés, tels que le titane ou l’aluminium20. L’évolution actuelle et à venir du climat pourrait perturber les régimes éoliens de la planète et par conséquent modifier l’intensité et les voies d’apport à la mer.

15La circulation générale des masses d’eau en Méditerranée occidentale est susceptible de transférer cette contamination d’origine atmosphérique loin de ses lieux de dépôt, en particulier via leur transit en profondeur lors des phénomènes de formation d’eau dense. À noter que les zones de formation d’eau profonde hivernale sont situées aux endroits même où d’importants apports en contaminants atmosphériques sont suspectés ; il s’agit en particulier du large du golfe du Lion et du golfe de Gênes.

16Ainsi, les concentrations d’éléments chimiques retrouvées en Méditerranée sont la combinaison de nombreux processus, tous impactés plus ou moins directement par le changement climatique et l’anthropisation : échanges avec l’océan Atlantique au niveau de Gibraltar, circulation et plongée des masses d’eau, apports par les fleuves, dépôts atmosphériques naturels et anthropiques.

Impacts climatiques et anthropiques

17Selon le GIEC21, la réalité du changement climatique est désormais établie sans équivoque comme étant directement lié à l’augmentation des teneurs atmosphériques des gaz à effet de serre anthropiques qui a induit une hausse moyenne de la température évaluée à 1 °C en 201822. Cependant, dans certaines régions, y compris la région méditerranéenne, l’élévation future de température devrait être supérieure à l’augmentation globale23 en raison de caractéristiques locales. L’océan, qui à lui seul stocke près de 90 % de l’énergie solaire, se réchauffe également rapidement. Ainsi les températures de surface (0-75 m) ont augmenté en moyenne de +0,11 °C par décennie depuis 1971, et il est très probable que ce réchauffement atteigne aussi les couches profondes24.

18La mer Méditerranée apparaît comme une zone très sensible au changement climatique et a été identifiée comme particulièrement vulnérable25. Elle est en effet caractérisée par des temps de renouvellement des masses d’eau très courts (voir plus haut), spécificité qui en fait un milieu où les variations climatiques ont un impact rapide sur l’hydrodynamique et les écosystèmes marins.

Changement hydrologique et réchauffement des eaux

19Les échelles spatiales et temporelles des processus physiques en mer Méditerranée sont d’un ordre de grandeur inférieur à celles de l’océan mondial, et les changements environnementaux en Méditerranée peuvent se produire sur des durées relativement courtes. Par exemple, jusqu’à récemment, les régions de formation en eaux profondes méditerranéennes les plus connues étaient le golfe du Lion et la zone nord de l’Adriatique. Cependant, une zone supplémentaire a été détectée en mer Egée entre 1980 et 1990. Près de 20 % des eaux de fond du bassin oriental, normalement issues du traditionnel site de formation d’eaux profondes en mer Adriatique, ont été remplacées par des eaux très denses formées en mer Égée. Cet évènement transitoire appelé EMT (Eastern Méditerranean Transient26) a bouleversé la répartition des principales masses d’eau et apparaît comme la perturbation climatique majeure des caractéristiques de fonctionnement de la Méditerranée depuis le début des observations instrumentales. Un évènement similaire s’est déroulé dans le bassin ouest en 2006 appelé WMT (Western Mediterranean Transient27). Ce mélange intense, localisé dans la mer Ligure, a produit une grande quantité d’eau plus salée et plus dense qui s’est propagée dans tout le bassin occidental, modifiant la structure d’origine des eaux intermédiaires et profondes28. Ce changement rapide a également influencé les caractéristiques chimiques, notamment les teneurs en l’oxygène et des nutriments des eaux occidentales intermédiaires et profondes.

20Comme pour l’océan mondial, la mer Méditerranée connaît une évolution régulière des températures de surface, évolution qui est également détectable au niveau des eaux profondes. Ainsi, c’est l’ensemble de la mer Méditerranée qui se réchauffe (tableau 1).

Période

Température

Salinité

Référence

°C an-1

psu an-1

1969 -1987

0,0027

0,0019

Leaman & Schott, 199129

1960 - 1995

0,0016

0,0008

Krahmann & Schott, 199830

1957 - 1996

0,0035

0,0011

Béthoux & Gentili, 199931

1993–2016 

0,024

0,006

Schroeder et al., 201732

1997 - 2007

0.06

0.012

Margirier et al., 201933

Tableau 1 : Exemples de données d’évolution annuelle de température et de salinité pour les eaux profondes de méditerranée.

21Les instruments modernes de mesure installés sur en point fixe des mouillages ou sur des sous-marins autonomes (gliders), réalisent de la collecte de données à haute fréquence temporelle et avec une résolution spatiale très fine, fournissant des images très précises de l’évolution des paramètres hydrologiques sur de vastes régions marines. La figure 4 montre l’évolution de la température entre 0 et 2500 m en mer Ligure et dans le golfe du Lion. Il apparaît clairement une augmentation de l’épaisseur de la couche chaude superficielle, associée à une hausse des températures. De plus, l’intensité des épisodes convectifs à l’origine de formation d’eaux profondes tend à diminuer de manière très significative.

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Figure 4 : Évolution temporelle de la température de la surface au fond entre 2007 et 2018 en mer Ligure (graphe du haut) et dans le golfe du Lion (graphe du bas). Les traits noirs représentent les épisodes de convection hivernale34.

22Il est également important de citer des épisodes de chaleur anormales (canicules) qui ont conduit à des températures estivales très élevées dans la couche de surface comme en 1999 et 200335. Ces épisodes, bien que transitoires et affectant essentiellement les eaux de surface (0-100 m), ont eu un impact important sur la vie marine, avec notamment une mortalité importante de colonies de gorgones36.

23Les modèles océaniques indiquent clairement que les modifications des caractéristiques thermohalines auront comme conséquence au cours du xxie siècle une intensification de la stratification de la colonne d’eau37, comme cela est déjà visible sur la série temporelle réalisée dans le bassin nord-occidental (figure 4). Par voie de conséquence, on assisterait à un ralentissement de la circulation générale en Méditerranée et à une diminution de l’intensité du processus de convection hivernale38. La ventilation (oxygénation) des eaux profondes sera affectée ainsi que l’apport de nutriments vers les couches de surface siège de la production primaire, exacerbant les conditions oligotrophes de la Méditerranée. Les teneurs croissantes en chaleur et en sel des eaux profondes du bassin méditerranéen occidental pourraient à leur tour modifier les caractéristiques de l’écoulement vers l’océan Atlantique et perturber la circulation océanique à plus grande échelle.

24Ce réchauffement global est très susceptible d’avoir de graves répercussions sur le fonctionnement de la mer Méditerranée notamment sur les cycles biogéochimiques, sur la vie marine pélagique ainsi que sur les écosystèmes benthiques et sur le fonctionnement des réseaux trophiques. Des changements de la répartition des espèces et les modifications des habitats méditerranéens sont en cours et seront sans aucun doute accentués dans les prochaines décennies. De plus, l’évolution de tous ces processus, combinée à la réduction des précipitations et à l’intensification de l’érosion des sols, renforcera le rôle des sources externes d’éléments biogènes (apports continentaux et atmosphériques) dans le bilan biogéochimique de la Méditerranée.

Éléments nutritifs et productivité

25Il existe encore à l’heure actuelle un débat autour de l’évolution des teneurs en sels nutritifs en Méditerranée. Suite à la contamination des fleuves et des rivières par les engrains agricoles et rejets industriels, certains travaux ont suspecté une augmentation des teneurs en nitrate et phosphate au cours des dernières décennies (figure 5). Par exemple, l’augmentation rapide des concentrations de +0.56 %/an et +0.53 %/an respectivement pour le nitrate et le phosphate39, fait encore souvent référence40. Pourtant, ce schéma va l’encontre de l’évolution des principaux pourvoyeurs que sont les fleuves et des résultats plus récents issus des observations de terrain et de la modélisation.

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Figure 5 : Compilation de données de concentrations en phosphate pour les eaux profondes du bassin ouest méditerranéen. Les triangles représentent les données utilisées par Béthoux et al.41 pour établir leur modèle d’évolution des teneurs en phosphates. Les points bleus représentent des données complémentaires, toutes issues de la même masse d’eau.

26La figure 5 complète le jeu de données initiales qui a amené à cette hypothèse d’évolution rapide des teneurs en sels nutritifs en Méditerranée. Des données à la fois plus récentes et plus anciennes, mais toutes associées à la même masse d’eau profonde, révèle que les données initiales42 n’étaient pas appropriées pour décrire une évolution à long-terme et qu’aucune augmentation drastique des concentrations en phosphate ne semble détectable actuellement.

27De fait, ce constat semble confirmé par des études récentes basées sur des séries longues en un même site. Une série de 20 ans de données obtenues en mer Ligure43, conclut plutôt à une diminution des concentrations en phosphate (-62 %/an) et à une augmentation, sans doute peu significative, de la concentration en nitrate (+0,23 %/an).

28La variabilité des charges nutritives mesurées par différents auteurs peut s’expliquer par les évolutions parfois antagonistes des multiples facteurs qui les contrôlent : distribution et évolution des masses d’eau, changements des caractéristiques des sources externes (débit et concentrations des fleuves, météorologie et composition atmosphérique).

29Par exemple, une augmentation du flux de nitrate dans les rivières a été observée entre les années 1970 et 1990, avant de rester assez stable depuis les années 2000. Dans le même temps, les charges de phosphate qui avaient fortement augmenté dans les années 1970, montrent une diminution régulière depuis les années 1990 suite à l’interdiction du phosphate dans les détergents et à la modernisation des stations d’épuration44. De plus, les grands bassins versants sud-européens sont affectés différemment par les forçages anthropiques et climatiques avec des impacts plus ou moins contrastés sur le milieu marin45.

30En ce qui concerne les changements dans les sources d’émissions non fluviales (c’est-à-dire principalement les dépôts atmosphériques), il n’y a pas encore suffisamment de données temporelles pour conclure à un impact direct sur l’évolution des teneurs en mer.

31Mais il est maintenant démontré à l’aide de simulations numériques que l’affaiblissement de la circulation thermohaline et de la convection profonde, que pourrait engendrer le changement climatique, réduirait l’apport en éléments nutritifs dans les eaux de surface.

32Par exemple, il a été montré que l’affaiblissement du mélange hivernal, associé à la diminution des apports fluviaux (-55 % d’après UNEP-MAP, 2003) et des précipitations (- 20 % d’après IPCC, 2008), réduirait l’enrichissement en nitrate et phosphate de la couche superficielle ; mais ces changements ne seraient significatifs qu’à partir de 2050 (Figure 6).

33Les résultats permettent de fournir une quantification de cette évolution : dans le Bassin Ouest, la concentration de nitrate en surface diminuerait progressivement de 48 % (de 0,42 μmol. l − 1 à 0,22 μmol·l − 1) et de 37 % pour les concentrations de phosphate (0,027μmol·l − 1 à 0,017μmol·l). Des tendances similaires sont trouvées pour le bassin oriental.

34Le même schéma est présenté pour l’ensemble de la mer Méditerranée46 et pour le nord-ouest de la Méditerranée47 où la diminution du stock nutritif serait de l’ordre de 10-20 %.

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Figure 6 : Modélisation de l’évolution des teneurs en nitrate et phosphate dans les eaux de surface de Méditerranée occidentale et orientale au cours du xxie siècle48.

35Ces résultats suggèrent ainsi que les différents bassins de la Méditerranée deviendront de plus en plus oligotrophes, et donc potentiellement de moins en moins productifs, bien que certains travaux tendent à prédire le contraire49. L’évolution du statut nutritif, contrôlant la croissance du plancton, pourrait avoir des implications sur la constitution et le fonctionnement du réseau trophique. Telle une réduction de l’abondance des grandes espèces de phytoplancton (22 % - 38 % dans le bassin oriental) au profit des petits organismes50.

36Les nutriments, parce qu’ils contrôlent la production primaire océanique, et par conséquent une partie de la séquestration du carbone, exercent aussi une influence majeure sur le climat. Dans le contexte du réchauffement climatique, des modifications importantes des cycles biogéochimiques sont à prévoir51, et la Méditerranée, par sa configuration particulière, où les processus sont exacerbés et où la réponse de l’écosystème est particulièrement rapide apparaît comme un site d’étude idéal pour l’étude de ce couplage biologie/séquestration du carbone anthropique.

37Ces changements prédits par les modèles actuels pourraient être encore plus importants si les apports de nutriments par les rivières et au niveau du détroit de Gibraltar devaient diminuer, ou être atténués si ces derniers augmentaient. Les contributions relatives de chacune des sources doivent donc être précisées à l’avenir afin d’affiner les résultats de ces modèles prédictifs.

Gaz carbonique – pH

38Depuis le début de l’ère industrielle, une grande quantité de gaz à effet de serre a été rejetée dans l’atmosphère par les activités humaines. La concentration atmosphérique moyenne de gaz carbonique, qui était d’environ 280 ppm à l’époque préindustrielle, a atteint 408 ppm en 201952. Environ 1/3 du CO2 produit par l’activité humaine est absorbé par les mers et les océans53 par le processus physique de dissolution à l’origine d’importants changements dans le système carbonaté océanique. Ce processus, qui forme spontanément de l’acide carbonique à l’origine de l’acidification des eaux, provoque notamment des effets néfastes sur les organismes à squelette ou coquille calcaire (coraux, coccolithophoridés).

39La capacité d’absorber du gaz carbonique est relativement élevée en Méditerranée par rapport à l’océan mondial pour deux raisons principales : une échelle de temps courte de renouvellement des eaux profondes et une alcalinité totale plus élevée, liée à sa salinité, qui favorise la dissolution du CO2 de l’air54. Une première synthèse des données historiques indique que toutes les masses d’eau méditerranéennes sont contaminées par le carbone anthropique55, le bassin ouest étant plus affecté que le bassin oriental. Bien que ne représentant que 0,3 % du volume océanique mondial, la teneur en carbone anthropique de la méditerranée a été estimée à 1,1 % de la quantité océanique globale56.

40L’augmentation de la teneur en CO2 dans l’eau a entraîné une diminution significative du pH, comme le révèle le suivi réalisé sur 10 ans en mer ligure57 période marquée par une diminution de l’ordre de -0.0028 unité par an (Figure 7).

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Figure 7 : Évolution du pH dans les eaux de surface au large
de Villefranche /mer58.

41Une acidification équivalente (0,0024 ± 0,0004 unité pH), basée sur une étude des données historiques du système des carbonates, a été récemment mise en évidence pour l’ensemble des eaux de surface méditerranéennes59.

42Les séries temporelles des teneurs en CO2 et du pH sont encore peu nombreuses mais les modèles confirment ces tendances pour le futur (figure 8). Selon différents scenarios climatiques, la diminution de pH pourrait être d’ici 2100 de l’ordre de -0,245 et -0,462 unité dans le bassin occidental et de -0,242 et -0,457 unité dans le bassin oriental60. Ainsi, malgré son alcalinité élevée, la mer Méditerranée s’acidifie rapidement, et sans action de grande ampleur pour limiter les émissions de CO2, l’évolution sera plus rapide que pour l’océan globale61.

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Figure 8 : Évolutions du pH dans les eaux méditerranéennes d’ici 2100 estimées selon le scénario climatique optimiste BI (trait en pointillés) et le scénario pessimisteA1F1 (trait plein) du GIEC62.

43L’acidification des eaux pourrait modifier de nombreux autres aspects de la biogéochimie des océans et notamment son niveau de production primaire. Beaucoup de phytoplanctons non carbonatés (par exemple, les diatomées) pourraient potentiellement bénéficier de l’acidification avec une augmentation du taux de la photosynthèse et de la croissance dans des conditions de CO2 élevés. La réponse de phytoplanctons carbonatés (par exemple, les coccolithophores) semble plus variable. Des niveaux d’acidification élevés peuvent également influencer la spéciation des nutriments. Par exemple, le degré de limitation des ions phosphate, déjà un facteur limitant pour la production primaire, va augmenter, accentuant le caractère oligotrophe de la Méditerranée et affectant potentiellement l’ensemble de la structure des réseaux trophiques ainsi que l’exportation de carbone. Mais l’ampleur et l’importance de ces effets ne sont que très difficilement quantifiables.

44D’autres évolutions menaçantes se profilent sur les biotopes méditerranéens.

45La pollution marine est un problème majeur, avec plus de 10 millions de tonnes de déchets et de contaminants qui se retrouvent dans la mer chaque année en provenance de la terre par les rivières et l’atmosphère. Le cas du plomb est exemplaire pour démontrer la réactivité de la méditerranée à une contamination anthropique. Les premières mesures fiables de cet élément réalisées en 1983 ont révélé une forte contamination des eaux de surface, très supérieure à celle des océans. La poursuite des mesures sur une quinzaine d’années a permis de détecter une phase d’augmentation de ces teneurs en plomb jusqu’en 1989, suivie par une diminution progressive63. Cette évolution a été corrélée à la fois à l’augmentation des rejets dans l’atmosphère du plomb utilisé comme additif dans les carburants, puis à sa diminution suite à l’application des directives européennes concernant l’essence sans plomb. Cet exemple est significatif de la sensibilité de la Méditerranée au sein de laquelle tout impact peut être très rapidement détectable.

46La thématique des contaminants chimiques en Méditerranée a fait l’objet de nombreux travaux depuis deux décennies. Mais la plupart concernent les régions côtières, et le plus souvent la frange littorale, incluant les zones estuariennes, en particulier celles du Rhône et de l’Ebre. Plus rares sont les travaux qui ont traité de la Méditerranée du large, c’est-à-dire au sein de sa « province océanique ». En effet, si le littoral méditerranéen est relativement bien surveillé, tout au moins dans sa partie nord avec la mise en application des directives-cadre (DCE, DCSMM), le milieu hauturier l’est beaucoup moins et les grands fonds (au-delà des 500 m) ne sont que très faiblement explorés et donc encore moins étudiés sous l’angle de la pollution.

47Jusqu’à présent très peu de travaux se sont attachés à la description systématique de la répartition des contaminants majeurs dans les différentes masses d’eau et à leur dynamique. Une des difficultés, et non la moindre, est leur présence à l’état de traces et d’ultra-traces, qui implique la mise en œuvre de méthodes de prélèvement, de préconcentration et de dosage, à la fois spécialisées et sophistiquées, que seuls quelques rares laboratoires possèdent. De plus des milliers de molécules nouvelles apparaissent en permanence, circulant dans l’atmosphère mondiale et les systèmes aquatiques, pour lesquelles les méthodes analytiques ne sont pas toujours disponibles.

48Ainsi, malgré une surveillance accrue des pollutions chimiques en Méditerranée en appui aux politiques publiques depuis de nombreuses années, il subsiste un besoin crucial de recherches scientifiques sur ces questions.

Conclusion

49La mer Méditerranée subit des changements rapides en réponse à des pressions naturelles et anthropiques qui sont souvent étroitement liées. Le changement climatique influence directement sa dynamique physique qui dépend essentiellement des échanges de chaleur et des bilans hydriques, tandis que l’urbanisation croissante et l’anthropisation du littoral impactent à la fois sa composante biogéochimique et l’ensemble du système du vivant, à la côte comme au large.

50Si la prévisibilité du climat liée à l’accroissement de l’effet de serre reste incertaine, il est de plus en plus probable que les pressions anthropiques conduisent déjà et conduiront à des changements sur les cycles biogéochimiques (e.g. acidification globale, charges nutritives…), dont les répercussions sur l’écosystème marin restent à évaluer et à quantifier, mais auront des conséquences indiscutables (des faibles impacts jusqu’à l’irréversibilité) sur les aspects sociétaux (pêche, tourisme, contamination chimique et microbienne…). L’intensification de la stratification thermique de la colonne d’eau associée à une réduction des apports nutritifs via les fleuves suite à une baisse de leur débit et à des périodes de sécheresse plus fréquentes pourraient accentuer le caractère oligotrophe de la Méditerranée. Il semble également y avoir un consensus selon lequel, parallèlement à une augmentation de la température et de la salinité au cours du siècle prochain, l’intensité de la formation d’eau dense hivernale, et donc de l’oxygénation des eaux profondes de Méditerranée, sera fortement réduite. Il est de plus attendu une modification (vers une intensification) de la fréquence et de l’ampleur des évènements extrêmes dans le futur (crues, épisodes sahariens, tempêtes, canicules) du fait des perturbations de la circulation atmosphérique, modifiant les apports de nutriments du continent vers l’écosystème marin côtier.

51Malgré les avancées récentes, la compréhension des mécanismes abiotiques et biotiques par lesquels la variabilité du climat affecte les mers et les océans, et notamment la Méditerranée, reste assez pauvre, limitant notre capacité de prédiction des changements dans les écosystèmes, les cycles biogéochimiques et les ressources exploitées. La modélisation apparaît comme un outil indispensable à la fois pour prédire mais également comprendre les processus de changement. L’établissement de scénarios hydrologiques et biogéochimiques selon différents modèles climatiques apparaît prioritaire car l’anticipation des changements environnementaux futurs est actuellement un des défis scientifiques majeurs. Il y a encore un fort besoin d’atteindre une compréhension mécaniste des processus pertinents afin de prédire les changements dans les écosystèmes. Ces changements influencent clairement les cycles des éléments biogéniques majeurs, la biodiversité, la pêche, les espèces invasives ont finalement des impacts socio-économiques. La modélisation semble particulièrement adaptée en mer Méditerranée où les forçages physiques et les interactions continent/mer/atmosphère sont bien connus, malgré une forte variabilité spatio-temporelle. De plus, d’importants efforts de collecte de données sont réalisés par des programmes nationaux et européens, dont certains (services nationaux d’observation) sont spécialement dédiés et conçus pour le suivi à long-terme du lieu marin méditerranéen64.

52Ces flux permanents de nouvelles données sont indispensables pour explorer de futures périodes climatiques, par définition non accessibles aux observations, via la modélisation numérique. Pour une croissance plus bleue et l’établissement de relations homme-environnement plus durables indispensable à la préservation de l’espace maritime méditerranéen, il est également primordial de coupler ces modèles climatiques et océanographiques aux sciences sociales, dans un effort concerté des 18 pays riverains afin de garantir la définition et la mise en place de mesures appropriées à la réduction des pressions anthropiques.

Bibliographie

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Notes de bas de page

1 F. Giorgi, « Climate change hot-spots », Geophys. Res. Lett., 33, L08707, doi : 10.1029/2006GL025734.

2 I. Siokou-Frangou et al., « Plankton in the open Mediterranean Sea : a review », Biogeosciences, 7, p. 1543-1586, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.5194/bg-7-1543-2010.

3 I. Attané et J. Courbage, « La démographie en Méditerranée. Situation et projections », Les Fascicules du Plan Bleu, 11, 249 p., Economica, Paris.

4 M. Ribera d’Alcalà et al., « Nutrient ratios and fluxes hint at overlooked processesin the Mediterranean Sea », J. Geophys. Res., 108(C9), 8106, doi : 10.1029/2002JC001650.

5 C. Millot, « Circulation in the Western Mediterranean Sea », Journal of Marine Systems 20, 1999, p. 423-442.

6 I. M. Ovchinnikov, « The formation of the intermediate waters in the Mediterranean Sea », Okeanologiya, 26 (2) (1984), p. 217-225.

7 C. Millot, « Circulation in the Western Mediterranean Sea », op. cit.

8 J.-C. Gascard, « Mediterranean deep water formation, baroclinic eddies and oceaneddies », Oceanologica Acta, 1(3), p. 315-330.

9 D. A. McGill, « The relative supplies of phosphate, nitrate and sili-cate in the Mediterranean Sea », Comm. Int. Mer Medit., 18, p. 737-744. I. Siokou-Frangou et al., op. cit.

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11 J. Béthoux et al., « Nutrients in the Mediterranean Sea, mass balance and statistical analysis of concentrations with respect to environmental change », Mar. Chem., 63, p. 155-169. M. Ribera d’Alcalà et al., op. cit.

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13 T. Moutin et P. Raimbault, « Primary production, carbon exportand nutrients availability in western and eastern MediterraneanSea in early summer 1996 (MINOS cruise) », J. Mar. Syst., 33/34, p. 273-288, 2002.

14 X. Durrieu de Madron et al., « Marine ecosystems’ responses to climatic and anthropogenic forcings in the Mediterranean », op. cit. B. Herut et al., « Atmospheric input ofnitrogen and phosphorus to the Southeast Mediterranean : sources, fluxes, and possible impact », Limnol. Oceanogr. 44 (7), 1999, p/ 1683-1692. W. Ludwig et al., « River discharges of water and nutrients to the Mediterranean Sea : Major drivers for ecosystem changes during past and future decades ? », Prog. Oceanogr., 80, 2009, p. 199-217, doi : 10.1016/j.pocean.2009.02.001.

15 S. Guerzoni et al., « The role of atmospheric deposition in the biogeochem-istry of the Mediterranean Sea », Prog. Oceanogr. 44 (1–3), p. 147-190. B. Herut et al., « Atmospheric input ofnitrogen and phosphorus to the Southeast Mediterranean : sources, fluxes, and possible impact », Limnol. Oceanogr. 44 (7), p. 1683-1692. W. Ludwig et al., op. cit..

16 W. Ludwig et al., op. cit.

17 S. Guerzoni et al., op. cit.

18 J.-M. Martin et al., « River versus atmospheric input of material to the Mediterranean sea : an overview », Marine Chemistry 28, 1989, p. 159-182 ; K. Djaoudi et al., « Sensitive Determination of the Dissolved Phosphate Pool for an Improved Resolution of ItsVertical Variability in the Surface Layer : New Views in the P-Depleted Mediterranean Sea », Frontiersin Marine Science, Frontiers Media, 2018, 5, p. 234. 10.3389/fmars.2018.00234.

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21 IPCC, « Summary for Policymakers », in Global Warming of 1.5_C. An IPCC Special Report on the Impacts of Global Warming of 1.5_C Above Pre-Industrial levels And Related Global Greenhouse Gas Emission Pathways, In The Context Of Strengthening The Global Response To The Threat Of Climate Change, Sustainable Development, And Efforts To Eradicate Poverty, V. Masson-Delmotte, P. Zhai, H.-O. Pörtner, D. Roberts, J. Skea, P. R. Shukla, et al. (eds.) (Geneva : World Meteorological Organization), 32.

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24 IPCC, Climate Change 2014 : Synthesis Report. Contribution of Working Groups I, II and III to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change (Core Writing Team, R.K. Pachauri and L.A. Meyer [eds.]). IPCC, Geneva, Switzerland, 151 p.

25 C. M. Turley, « The changing Mediterranean Sea – A sensitive ecosystem ? », Progress in Oceanography, Vol. 44, p. 387-400.

26 W. Roether et al., « Recent changes in the Eastern Mediterranean Deep Waters », Science, 271, p. 33-335.

27 K. Schroeder et al., « Abrupt warming and salting of the Western Mediterranean Deep Water after 2005 : Atmospheric forcings and lateral advection », J. Geophys. Res., 115, C08029, doi : 10.1029/2009JC005749.

28 X. Durrieu de Madron et al., « Interaction of dense shelf water cascading and open-sea convection in the northwestern Mediterranean during winter 2012 », Geophys. Res. Lett., 40,1379–1385, doi : 10.1002/grl.50331. J. C. Marty et J. Chiavérini, « Hydrological changes in the Ligurian Sea (NW Mediterranean, DYFAMED site) during 1995–2007 and biogeochemical consequences », Biogeosciences, 7, p. 2117-2128, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.5194/bg-7-2117-2010.

29 K. D. Leaman et F. A. Schott, « Hydrographic Structure of the Convection Regime in the Gulf of Lions : Winter 1987 », J. Phys. Oceanogr., 21, p. 575-598.

30 G. Krahmann et F. Schott, « Longterm increases in Western Mediterranean salinities and temperatures : Anthropogenic and climatic sources », Geophys. Res. Lett., 25, p. 4209-4212 8.

31 J. Béthoux et B. Gentili, « Functioning of the mediterranean sea : past and present changes related to freshwater input and climate changes », J. Mar. Syst. 20, p. 33-47. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1029/98JC011964.

32 K. Schroeder et al., « Rapid response to climate change in a marginal sea », Sci. Rep. 7. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1038/s41598-017-04455-5.

33 F. Margirier et al., « Abrupt warming and salinification of intermediate waters interplays with decline of deep convection in the Northwestern Mediterranean Sea », Sci Rep 10, 20923. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1038/s41598-020-77859-5.

34 D’après F. Margirier et al., op. cit.

35 N. Bensoussan et al., « Insights on 2017 Marine Heat Waves in the Mediterranean Sea. Copernicus Marine Service Ocean State Report #3 », Journal of Operational Oceanography, 2019.

36 J. Garabou et al., « Mass mortality in Northwestern Mediterranean rocky benthic communities : effects of the 2003 heat wave », Global Change Biology, Wiley, 2009, 15, p. 1090-1103.

37 S. Somot et al., « 21st century climate change scenario for the mediterranean using a coupled atmosphere-ocean regional climate model », Glob. Planet. Chang. 63 (2008). DOI 10.1016/j.gloplacha.2007.10.003. F. Adloff et al., « Mediterranean Sea response to climate change in an ensemble of twenty first century scenarios », Clim. Dynam., 2015, 45 :2775. doi : 10.1007/s00382-015-2507-3. S. Darmaraki et al., « Future evolution of marine heatwaves in the Mediterranean Sea », Clim. Dyn. 53, 2019, p. 1371-1392. doi : 10.1007/s00382-019-04661.

38 R. Pagès et al., « Changes in rivers inputs during the last decades significantly impacted the biogeochemistry of the eastern Mediterranean basin : a modelling study », Prog. Oceanogr., 2020, 181:102242. doi : 10.1016/j.pocean.2019.102242 ; J. Soto-Navarro et al., « Evolution of Mediterranean Sea water properties under climate change scenarios in the Med-CORDEX ensemble », Clim. Dyn. 54, 2020, p. 2135-2165. doi : 10.1007/s00382-019-05105-4 ; M. Herrmann et al., « Dense water formation in the Gulf of Lions shelf : impact of atmospheric interannual variability and climate change », Cont Shelf Res 28(15), 2008, p. 2092-2112.

39 J. P. Bethoux et al., « Nutrients in the Mediterranean Sea, mass balance and statistical analysis of concentrations with respect to environmental change », Mar. Chem., 63, 1998, p. 155-169. J. P. Bethoux et al., « Temporal trends in nutrient ratios : Chemical evidence of Mediterranean ecosystem changes drive by human activity », Deep Sea Res., Part II, 49, 2002, p. 2007-2016.

40 The MerMex Group, « Marine Ecosystems Responses to climatic and 902anthropogenic forcings in the Mediterranean », Progress in Oceanography, 91, 2011, 97-903166.

41 J. Béthoux et al., « Nutrients in the Mediterranean Sea, mass balance and statistical analysis of concentrations with respect to environmental change », op. cit.

42 Ibid.

43 O. Pasqueron de Fommervault et al., « Temporal variability of nutrient concentrations in the northwestern Mediterranean Sea (DYFAMED time-series station) », Deep Sea Res., Part I, 100, p. 1-12.

44 W. Ludwig et al., op. cit..

45 S. Cozzi et al., « Flow Regime and Nutrient-Loading Trends from the Largest South European Watersheds : Implications for the Productivity of Mediterranean and Black Sea’s Coastal Areas », Water, 11, 1 ; 2019, doi :10.3390/w11010001.

46 P. Lazzari et al., « The impacts of climate change and environmental management policies on the trophic regimes in the Mediterranean Sea : scenario analyses », J. Mar. Syst. 135, 2014, p. 137-149. doi : 10.1016/j.jmarsys.2013.06.005.

47 M. Herrmann et al., « Impact of climate change on the Northwestern Mediterranean Sea pelagic planktonic ecosystem and associated carbon cycle », Journal of Geophysical Research : Oceans, 119, 2014, p. 5815-5836 ; D. M. Macias et al., « Productivity changes in the Mediterranean Sea for the twenty-first century in response to changes in the regional atmospheric forcing », Front. Mar. Sci. 2 :79, 2015, doi : 10.3389.

48 D’après R. Pagès et al., « Changes in rivers inputs during the last decades significantly impacted the biogeochemistry of the eastern Mediterranean basin : a modelling study », op. cit.

49 M. Herrmann et al., « Impact of climate change on the Northwestern Mediterranean Sea pelagic planktonic ecosystem and associated carbon cycle », op. cit. ; F. Moullec et al., « An end-to-end model reveals losers and winners in a warming Mediterranean Sea », Front. Mar. Sci. 6 :345, 2019, doi : 10.3389/fmars.2019.00345.

50 C. Richon et al., « Biogeochemical response of the Mediterranean Sea to the transient SRES-A2 climate change scenario », Biogeosciences 16, 2019, p. 135-165. doi : 10.5194/bg-16-135-2019.

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54 M. Álvarez et al., « The CO2 system in the Mediterranean Sea : a basin wide perspective », Ocean Sci., 10, 2014, p. 69-92, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.5194/os-10-69-2014.

55 F. Touratier. et C. Goyet, « Impact of the Eastern Mediterranean Transient on the distribution of anthropogenic CO2 and first estimate of acidification for the Mediterranean Sea », Deep-Sea Research I 158, 1-1, 2010.

56 A. Schneider et al., « High anthropogenic carbon content in the Eastern Mediterranean », J. Geophys. Res. 115 :C12, 2010 doi : 10.1029/2010JC006171 ; K. Lee et al., « Roles of marginal seas in absorbing and storing fossil fuel CO2 », Ener. Environ. Sci. 4, 2011, p. 1133-1146. doi : 10.1039/C0EE00663G.

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58 Reproduit d’après L. Kapsenberg et al., « Coastal ocean acidification and increasing total
alkalinity in the northwestern Mediterranean Sea », op. cit.

59 C. Wimart-Rousseau et al., « Seasonal and Interannual Variability of the CO2 System in the Eastern Mediterranean Sea : A Case Study in the North Western Levantine Basin », Front. Mar. Sci. 8 :649246, 2021, doi : 10.3389/fmars.2021.649246.

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61 J. E. Dore et al., « Physical and biogeochemical modulation of ocean acidi » cation in the central North Pacific », op. cit. ; N. R. Bates et al., « Detecting anthropogenic carbon dioxide uptake and ocean acidification in the North Atlantic Ocean », op. cit..

62 Schéma reproduit d’après C. Goyet et al., « Thermodynamic Forecasts of the Mediterranean Sea Acidification », op. cit.

63 E. Nicolas et al., « Heavy metal concentrations and Pb evolution from 1986 to 1992 in the northwestern Mediterranean Sea », EROS 2000 Third Workshop on the Northwestern Mediterranean Sea, Plymouth (UK), septembre-octobre 1992, Water Pollution Research Reports 30, p. 279-286.

64 https://www.moose-network.fr/fr/ ; https://www.socib.eu/ ; https://poseidon.hcmr.gr/ ; https://www.cmcc.it/projects/adricosm-star ; https://www.emso-fr.org/EMSO-France

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