La responsabilité des opérateurs de terminaux portuaires dans le cadre des conventions CNUDCI
p. 45-63
Texte intégral
À mes professeurs et capitaines Pierre, Christian et Philippe
1Face au développement de la spécialisation des navires, les ports maritimes ont progressivement adapté leurs outillages en créant des zones dédiées à la gestion de trafic spécifique que l’on désigne en pratique sous le vocable de terminaux. Si en droit positif la notion de terminal reste encore assez floue1, la « terminalisation » du domaine portuaire fait désormais partie intégrante de la dynamique du développement des ports maritimes2. Aboutissement de la spécialisation du traitement des trafics, si les terminaux ont entraîné une véritable rationalisation de l’espace portuaire, ils ont fait naître de nouveaux contrats d’occupation de cette interface devenue stratégique pour les armateurs3 mais également créé de nouveaux acteurs de la manutention. Il s’agit des exploitants ou opérateurs de terminaux dont le rôle a été croissant au cours des deux dernières décennies en particulier sur le secteur du conteneur qui a favorisé le développement de l’intermodalité. Tel que désigné par le professeur Pierre Bonassies, l’ère du « transport transmaritime multimodal »4, c’est-à-dire le transport maritime incluant un segment multimodal, est plus que jamais en ordre de marche hégémonique.
2En adoptant la Convention de Vienne du 19 avril 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international5, et la Convention de New York sur le contrat de transport international de marchandises effectué entièrement ou partiellement par mer dites « Règles de Rotterdam » du 12 décembre 20086, la Commission des Nations unies sur le droit du commerce international, la CNUDCI7, a pris en considération la nécessité de définir un cadre juridique pour les opérations réalisées en amont ou en aval du transport maritime et donc implicitement au sein des terminaux. En effet, les opérations de chargement, de déchargement de stockage, d’entreposage,… telles que définies sous la notion globale de « services relatifs au transport » dans la Convention de Vienne, concernent directement les entreprises de manutention, quelle que soit leur nature, acconage ou stevedoring8 ainsi que les exploitants de terminaux qu’ils soient portuaires ou aéroportuaires. Ils sont désignés comme « opérateur portuaire » ou encore comme « opérateur de terminal portuaire ». Pour ce qui concerne les Règles de Rotterdam, la prise en considération de l’opérateur de terminal est moins explicite. Ces dernières traitent d’un opérateur polyvalent : la « partie exécutante maritime » défini à l’article 1.7. Si cette partie exécutante maritime manque de précision, elle présente l’intérêt d’englober un grand nombre d’acteurs susceptibles d’intervenir « pendant la période comprise entre l’arrivée des marchandises au port de chargement d’un navire et leur départ du port de déchargement d’un navire ». Il peut s’agir de toutes les opérations de transport ou de manutention des marchandises y compris leur réception, garde, entreposage, ou livraison. Cela signifie que les sociétés de gardiennage, entreposeurs, manutentionnaires et donc les opérateurs de terminaux portuaires, peuvent être considérées comme des parties exécutantes maritimes9.
3Dans la mesure où la France a signé ces deux conventions mais ne les a pas encore ratifiées10, la question fondamentale est de savoir dans quelle mesure elles affecteront le régime de responsabilité des exploitants de terminaux portuaires lors de l’entrée en vigueur. Ce sont ces deux nouveaux régimes et leur articulation que nous présenterons à travers les principes fondamentaux de la responsabilité de l’opérateur de terminal (I) et les conditions d’application des plafonds de réparation dont il bénéficie en cas de mise en jeu de sa responsabilité (II).
I. Les principes de la responsabilité de l’opérateur de terminal
4Comme l’a démontré le professeur Pierre Bonassies, si le droit du contrat de transport maritime de la fin du xixe à celle du début du xxie siècle peut se résumer « Du Hacter Act aux Règles de Rotterdam »11, nous aurions souhaité rajouter la Convention de Vienne sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport en 1991 parmi les textes majeurs du droit des transports internationaux. De par son objet, l’importance de ce texte est incontestable tout autant que par sa méconnaissance ( !), et il demeure d’actualité car il ne manque plus qu’une ratification pour qu’il entre en vigueur. Les rédacteurs de la Convention de Vienne ont défini les services pouvant être offerts au sein des terminaux comme « services relatifs au transport » à savoir les opérations telles que « le stockage, l’entreposage, le chargement, le déchargement, l’arrimage, le fardage, l’accorage » laissant entrevoir un caractère non exhaustif12. L’analyse formelle de la Convention nous conduit à relever une responsabilité impérative à la charge de l’opérateur du terminal ainsi qu’une obligation de garde des marchandises transitant par sa zone d’activité (A). Quant aux Règles de Rotterdam, « Pragmatism first » rappellerait le professeur Philippe Delebecque13, la partie exécutante maritime qui peut être implicitement un opérateur de terminal portuaire, présente un régime de responsabilité calqué sur celui du transporteur maritime (B).
A. Au regard de la Convention de Vienne de 1991
5Parmi les principes novateurs de la Convention de Vienne apparaît celui de la responsabilité impérative de l’exploitant portuaire. Considérant les disparités des législations nationales en la matière, le traitement parfois « indulgent » de l’opérateur, et considérant les lacunes des conventions internationales, l’instauration d’un régime de responsabilité impératif est apparue comme une « nécessité » normative14. Toutes clauses contractuelles dérogeant aux principes de responsabilité de la Convention sont interdites15. Le régime de responsabilité déterminé par les rédacteurs de la Convention de Vienne s’apparente formellement à celui de la présomption de faute mais la doctrine considère qu’il s’agit de la présomption de responsabilité (1). En outre, l’opérateur de terminal est débiteur d’une responsabilité assez large (2).
1. Une présomption de faute ou présomption de responsabilité ?
6Selon la Convention, la responsabilité de l’exploitant est engagée pour les préjudices résultant des pertes ou dommages subis par les marchandises ainsi que du retard dans leur remise, si l’événement qui a causé la perte, le dommage ou le retard a eu lieu pendant la période où les marchandises étaient sous sa garde16. Le texte emploie l’indicatif, « l’exploitant est responsable », il semble donc qu’il s’agit d’une responsabilité de plein droit. Toutefois, la Convention affirme que l’opérateur demeure responsable sauf s’il rapporte la preuve que lui-même, ses préposés ou sous-traitants ont pris toutes les mesures qui pouvaient être raisonnablement exigées pour éviter le dommage. La formulation de ce principe général d’exonération de responsabilité est conforme à la présomption de faute. Aucune obligation de résultat n’incombe à l’exploitant, sa diligence comme celle des personnes sous sa responsabilité reposent sur des mesures « raisonnables », c’est-à-dire celles normalement prises par le bon professionnel. La simple démonstration par l’exploitant de sa « due diligence », c’est-à-dire qu’il a adopté ou fait prendre par ses subordonnés les mesures habituelles et raisonnables suffira à l’exonérer. Ce régime de responsabilité serait donc moins sévère que celui de la présomption de responsabilité du transporteur maritime.
7Ce point de vue souffre cependant de la position contraire de la doctrine qui considère que le régime en cause est celui des Règles de Hambourg et de la Convention sur le transport multimodal, deux textes dont la rédaction fut également sous l’égide des Nations unies17. De manière unanime, la doctrine aborde la responsabilité du transporteur maritime18 et de l’entrepreneur de transport multimodal19 suivant une présomption de responsabilité l’obligeant, pour s’exonérer, à établir la cause exacte du dommage et démontrer sa diligence pour éviter le dommage et ses conséquences, l’absence de faute ne suffisant pas20. En comparant la rédaction de la Convention de Vienne pour l’opérateur de terminal et celle de Hambourg pour le transporteur maritime, il n’est pas contestable que les deux textes sont très similaires, portant par ailleurs le même numéro et titre d’article : « article 5 : Fondement de la responsabilité », titre dont la maladresse de langage n’a pas été corrigée depuis Hambourg21… La seule différence réside dans l’existence de cas exceptés dans les Règles de Hambourg et leur inexistence pour la Convention de Vienne. Si l’affirmation par la doctrine de l’incompatibilité entre le régime de la présomption de faute et les cas exceptés ne se conteste pas22, nous pensons en conséquence que le régime défini par la Convention de Vienne est donc bien celui de la présomption de faute. L’incohérence juridique des Règles de Hambourg qui associent formellement des cas exceptés avec une définition de responsabilité proche de la présomption de faute, ne se retrouve plus dans la Convention de Vienne. La note explicative de la CNUDCI confirme que la responsabilité de l’opérateur de terminal est fondée sur le principe de la faute ou de la négligence présumée23.
8Cette affirmation se relativise cependant par l’exemple du régime de la responsabilité du transporteur aérien. Dans la Convention de Varsovie, sa responsabilité est celle en effet de la présomption de faute24. Or, la jurisprudence sévère à l’encontre du transporteur aérien témoigne davantage d’une présomption de responsabilité25, régime confirmé par la doctrine26. L’exonération par la preuve de l’absence de faute nécessite la cause exacte de l’avarie ou de l’événement qui l’a générée et lorsque la cause reste inconnue, le transporteur aérien sera condamné27. La Convention de Montréal de 1999 conforte a fortiori cette présomption de responsabilité dans la mesure où elle institue une série limitative de cas d’exonération, seules échappatoires à la responsabilité du transporteur28.
9En définitive, nous pouvons penser que la véritable nature de la responsabilité de l’opérateur de terminal sera « dévoilée » par la jurisprudence avec, nonobstant le vœu pieu d’uniformisation, le danger des interprétations divergentes selon les pays. La pression des transporteurs risque d’être assez forte car, en effet, suivant quels fondements juridiques seraient-ils assujettis à la présomption de responsabilité tandis que les exploitants de terminaux bénéficieraient d’une simple présomption de faute ? En conséquence, au lieu d’opérer une certaine « égalité » dans les régimes juridiques entre opérateurs de terminaux et transporteurs, la Convention crée un réel déséquilibre au détriment des transporteurs, contredisant les objectifs d’équité affirmés par le texte29.
2. L’étendue de la responsabilité de l’opérateur du terminal portuaire
10L’étendue de la responsabilité de l’exploitant de terminal – qui ne doit pas être un transporteur –, a été définie de manière assez large reposant sur deux critères : la garde des marchandises et la zone de compétence.
11La Convention détermine le point de départ de la responsabilité de l’exploitant à partir du moment où il prend « en garde » les marchandises et fixe la fin de cette période à leur livraison ou à leur mise à disposition à la personne habilitée30. L’étendue de la responsabilité apparaît assez large puisque dans la durée, la responsabilité de l’exploitant repose a priori sur la conservation des marchandises et s’il est établi que la survenance du dommage à ces dernières s’est réalisée durant la période sous laquelle l’exploitant en avait la « garde » matérielle, il en sera présumé responsable. À l’instar de l’étendue de la responsabilité dans le contrat de transport, la principale difficulté reste la détermination de la notion « prise en garde » de la marchandise et de son application in concreto. S’agit-il de la même notion que la « prise en charge » dans le cadre du contrat de transport, acte matériel et juridique par lequel le transporteur prend possession effective de la marchandise et l’accepte au transport31 ? Cette prise en charge ne signifie pas que le transporteur devient le « gardien » de la chose confiée pour son déplacement, mais tout simplement que commence à jouer la présomption de responsabilité et qu’il devient garant des pertes et des dommages pouvant survenir à la marchandise. Selon nous, la « prise en garde » suppose au préalable une prise en charge, c’est-à-dire un contact physique avec la marchandise et le début de l’exercice de l’usage, du contrôle et de direction sur cette dernière32. La signature par l’opérateur du terminal d’un document identifiant la marchandise, remis par le client ou émis par l’exploitant lui-même facilitera la détermination du commencement de la garde. Ce document, que nous pourrions dénommer « document de service de transport », doit attester de l’état et de la quantité de la marchandise confiée à la garde de l’opérateur33. En l’absence de la signature ou de l’émission du document, l’exploitant est présumé avoir reçu les marchandises en bon état. La difficulté principale réside dans le fait qu’un chargeur ou un réceptionnaire ne peut demander à l’exploitant un document attestant du moment de la prise en charge de la marchandise ou de son identification alors que l’exploitant n’est jamais en contact « physique » avec cette dernière et ne dispose d’aucun moyen raisonnable pour l’identifier. Cependant, la Convention a prévu que la présomption de réception des marchandises en bon état apparent ne joue pas lorsque la prestation de l’exploitant se limite au transfert immédiat de la marchandise d’un moyen de transport à un autre34. Par ailleurs, d’après les travaux préparatoires35, les pratiques usuelles de certaines professions sont respectées, et s’il n’est pas d’usage d’émettre de tels documents, le texte ne modifiera pas ce principe.
12En l’espèce, l’étendue de la responsabilité telle que définie entraîne de jure des juxtapositions de responsabilités et donc corollairement des conflits inévitables entre le transporteur et l’opérateur du terminal36. Lors des travaux préparatoires de la Convention de Vienne, les États-Unis qui l’ont signée37, n’ont pas manqué de relever les interférences en particulier au regard de la Convention de Bruxelles de 1924 relative à l’unification de certaines règles en matière de connaissement qu’ils appliquent sur leur territoire38. Conformément à ces règles en effet, les services de transport depuis le chargement jusqu’au déchargement sont sous la responsabilité impérative du transporteur39. Il faudra donc bien dissocier les opérations qui restent sous couvert de la responsabilité première du transporteur de celle incombant à l’opérateur du terminal.
13Toutefois, la détermination du commencement de la prise en garde est résolue en partie par ce que nous pourrions appeler la « zone de compétence » de l’opérateur. Afin de ne pas exclure du champ d’application de la Convention un grand nombre d’opérations, les rédacteurs ont prévu que l’exploitant sera responsable des dommages ou pertes que peut subir la marchandise à partir du moment où ils seront survenus dans une « zone placée sous le contrôle de l’exploitant ou sur laquelle il a droit d’accès ou d’utilisation »40. Ce lieu sera principalement le terminal portuaire dont la matérialisation ne devrait pas poser de difficultés grâce aux exigences du Code ISPS qui préconise la réalisation de clôture autour des terminaux portuaires41. De façon schématique, l’opérateur est responsable de la marchandise à partir du moment où elle entre dans le terminal et en sort. Le principe demeure simple mais paraît assez strict puisque la responsabilité de l’opérateur repose alternativement sur sa diligence professionnelle, c’est-à-dire sur la manière dont il accomplit ses prestations lorsqu’il assure la conservation des marchandises qui lui ont été confiées ainsi que sur le lieu et le moment de la survenance du dommage. Ainsi, les prestations accomplies sur les terre-pleins, les jetées, sous hangars, entrepôts implantés sur le terminal, seront sous couvert de la responsabilité de l’opérateur et les pertes ou dommages qui en résulteront seront présumés lui être imputables.
14Enfin, la Convention de Vienne a prévu que les préposés de l’opérateur du terminal bénéficieront du même régime de responsabilité que ce dernier, et que les ayants droit à la marchandise perdue, endommagée ou livrée avec retard pourront les poursuivre quelle que soit la nature de l’action, contractuelle ou délictuelle (art. 7.1). Le délai pour agir est de deux ans (art. 12) à l’instar des Règles de Hambourg et des Règles de Rotterdam.
B. Au regard des Règles de Rotterdam
15La convention CNUDCI sur le transport de marchandises entièrement ou partiellement par mer dite Règles de Rotterdam42 n’a pas véritablement intégré les terminaux et ses opérateurs, du moins de manière expresse. Cette carence est d’autant plus singulière que cette nouvelle convention est par essence dédiée au transport multimodal43, définissant même la notion de « conteneur » et occultant l’installation stratégique censée l’opérer à savoir le terminal. Cet oubli « terminologique » nous paraît regrettable car la Convention sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport faisait partie du travail préliminaire pour l’élaboration de ce nouvel instrument. Cependant, en créant la partie exécutante maritime, les rédacteurs des Règles de Rotterdam ont implicitement pris en considération ces opérateurs de terminaux portuaires (1), dont le régime de responsabilité est pour l’instant moins connu que celui du transporteur maritime (2).
1. Quid de la Partie exécutante maritime ?
16Partie exécutante maritime ou maritime performing party en anglais… le terme n’est pas heureux mais ce nouveau concept a le mérite d’exister et d’avoir un champ d’application relativement large. Définie à l’article 1.7 de la convention, la « partie exécutante maritime » désigne
« une partie exécutante dans la mesure où elle s’acquitte ou s’engage à s’acquitter de l’une quelconque des obligations du transporteur pendant la période comprise entre l’arrivée des marchandises au port de chargement d’un navire et leur départ du port de déchargement d’un navire. La qualité de partie exécutante maritime ne peut reconnue à un transporteur intérieur que si celui-ci fournit ou s’engage à fournir ses services exclusivement dans une zone portuaire ».
17Au regard du droit positif français, le statut de la partie exécutante maritime n’est pas celui d’un mandataire car « elle s’acquitte ou s’engage à acquitter » des obligations mais plutôt d’un sous-traitant agissant en son nom mais pour le compte et sous la responsabilité du transporteur.
18Ayant fait l’objet de plusieurs modifications avant sa version définitive telle que présentée ci-dessus44, cette notion est fort intéressante car elle formalise indirectement le rôle du port dans l’exécution du contrat de transport maritime. Par les Règles de Rotterdam, le port devient de jure l’interface globale qui consacre le début et la fin du contrat de transport maritime. Il aurait été pertinent que les rédacteurs en offrent une définition car celle proposée par la Convention et Statut de Genève sur le régime international des ports maritimes de 1923 ne comble pas cette lacune du droit positif45.
19La notion de partie exécutante maritime semble donc plus large que celle de « transporteur substitué » qui a effectué une partie ou la totalité de la prestation de transport46. Elle présente l’intérêt de couvrir toutes les opérations de transport ou de manutention des marchandises y compris leur réception, garde, entreposage, ou livraison au sein des ports ou terminaux portuaires. Cela signifie que les manutentionnaires, les opérateurs de terminaux, sociétés de gardiennage, entreposeurs… peuvent être considérés comme des parties exécutantes maritimes. Néanmoins, ce statut de partie exécutante n’est pas retenu si l’ayant droit à la marchandise requiert directement les services de ces opérateurs47. Enfin, cette notion se différencie de la partie exécutante dite terrestre, agissant pour le compte du transporteur maritime mais hors de la zone portuaire dans le cadre d’une prestation de transport routier ou ferroviaire par exemple, précédant ou postérieurement à la phase portuaire.
2. Le régime de responsabilité de la partie exécutante maritime
20À la différence des Règles de La Haye et du système HVR plus largement, la force novatrice des Règles de Rotterdam est de conférer un régime impératif et uniforme à l’ensemble des opérateurs portuaires dont le cadre juridique est actuellement régi par des législations nationales disparates48. Le principe est clair : la partie exécutante, ses préposés ou substitués bénéficient du même régime de responsabilité que le transporteur lui-même49 que ce soit dans les actions contractuelles ou délictuelles (art. 4)50, mais ils n’assument pas les obligations additionnelles acceptées par le transporteur telles que des limites de responsabilité plus élevées (art. 19.2). Le professeur Philippe Delebecque a souligné cette avancée car à l’exception de quelques législations nationales dont la loi française n° 66-420 du 18 juin 1966 sur les contrats d’affrètement et de transport maritimes51, l’action contre les substitués et exécutants n’était que de nature délictuelle à défaut de relation contractuelle entre le demandeur et l’auteur du dommage52.
21La nature et le régime de la responsabilité du transporteur maritime ont fait l’objet de nombreuses analyses53 et nous rappellerons simplement que ce dernier est débiteur d’une lourde responsabilité dans la mesure où il répond des actes et omissions des parties exécutantes, du capitaine et de l’équipage du navire, de ses propres préposés ou de ceux d’une partie exécutante (art. 18). En contrepartie, il bénéficie d’une longue liste de quinze cas exceptés qui profitent également à la partie exécutante maritime (art. 17) à la différence majeure de la Convention de Vienne. Les Règles de Rotterdam instituent une action directe à l’encontre de cette dernière (art. 68) pour un manquement aux obligations sous-traitées du transporteur au regard de tout événement qui a causé la perte, le dommage ou le retard. Cependant, les conditions de responsabilité de la partie exécutante maritime sont strictement encadrées54 et le bénéfice du cadre juridique applicable au transporteur requiert que la partie exécutante maritime – l’opérateur de terminal notamment –, a reçu les marchandises à transporter dans un État contractant, les a livrées dans un État membre également, ou a fourni ses services dans un port rattaché à un État contractant. Par ailleurs, l’événement qui a causé la perte, le dommage ou le retard doit avoir eu lieu pendant les phases portuaires du transit de la marchandise, c’est-à-dire depuis leur arrivée au port de chargement et leur départ au port de déchargement, et cet événement doit se réaliser lorsque la marchandise est sous la garde de l’opérateur. À cet égard, il aurait été pertinent de définir les concepts fondamentaux de prise en charge et de livraison mais le Groupe de travail a craint de rendre le texte trop détaillé55. Enfin, la partie exécutante maritime a une responsabilité conjointe et solidaire avec celle du transporteur maritime (art. 20), ce qui confère une certaine sécurité juridique au demandeur qui au demeurant, dispose de quatre choix de juridiction possibles pour intenter son action contre la partie exécutante maritime (art. 68).
II. La limitation de responsabilité de l’opérateur de terminal
22La Convention de Vienne explicitement et les Règles de Rotterdam implicitement, posent le principe que l’opérateur d’un terminal peut bénéficier d’une limitation de responsabilité de la même manière que les transporteurs eux-mêmes. « Enfin ! » diront les gestionnaires de terminaux. Pourquoi avoir étendu le bénéfice de la limitation de responsabilité au profit de nombreux acteurs de la chaîne logistique maritime : affréteur, assistant, assureur, capitaine, … en résumé la plupart des préposés nautiques et terrestres de l’armateur pour la responsabilité encourue dans l’exercice de leurs fonctions56 et pourquoi avoir occulté le maillon portuaire ? Certes, les opérateurs de terminaux n’existaient pas au moment de l’adoption de la Convention de La Haye et ils étaient encore au début de leur développement pour les Règles de Hambourg. Au regard du droit français, cette carence était jusqu’alors d’autant plus singulière que l’entrepreneur de manutention pouvait bénéficier de la limitation de responsabilité57.
23Le fondement de la limitation de responsabilité reconnue à l’exploitant de terminal peut difficilement s’expliquer par la fortune de mer ou d’autres notions traditionnellement « maritimes » d’autant que cette réparation plafonnée pourra bénéficier à un opérateur de terminal aéroportuaire. Selon les rédacteurs de la Convention de Vienne, si la formalisation de ce principe traduit le souhait affirmé d’harmoniser les règles concernant la responsabilité pour les dommages affectant les marchandises lorsqu’elles se trouvent sur les terminaux58, selon nous elle traduit également une volonté implicite de rétablir un certain équilibre dans les régimes de responsabilité des transporteurs et des opérateurs portuaires. L’affirmation de ce droit en principe général, « universel » et non plus en exception, constitue un réel bouleversement pour les exploitants de terminaux. De manière plus systémique encore, les Règles de Rotterdam, confortent l’uniformisation du droit applicable à l’ensemble des intervenants portuaires en lui attribuant un régime impératif similaire à celui du transporteur maritime.
24Si ces deux textes poursuivent donc le même objectif d’universalité, la compensation des dommages ou pertes n’est pas identique. En instituant un double niveau d’indemnité, la réparation plafonnée de l’opérateur de terminal demeure assez singulière pour la Convention de Vienne (A), tandis que celle de la partie exécutante maritime pour les Règles de Rotterdam est basée sur celle du transporteur lui-même (B). La déchéance de ce privilège n’en reste pas moins aussi spécifique avec des différences entre les deux textes (C).
A. Une responsabilité plafonnée singulière pour l’opérateur de terminal au sens de la Convention de Vienne
25Prenant en compte l’existence ou l’absence d’un segment maritime dans le transport de marchandises, la Convention de Vienne propose des montants de réparation variables. Il a été ainsi mis en place un plafond de limitation général ainsi qu’un plafond de limitation spécifiquement lié au transport maritime bien que l’opérateur de terminal peut accepter des limites de responsabilité supérieures (art. 6.4). En outre, cette même limitation a été étendue aux préposés et mandataires de l’opérateur de terminal qui agissent dans l’exercice de leurs fonctions59.
26De façon égale au régime de la responsabilité du transporteur routier international tel qu’il découle de la Convention CMR60, l’opérateur responsable des pertes ou dommages subis par les marchandises transitant par son terminal doit une réparation égale à 8.33 unités de compte par kilogrammes de marchandises perdues ou endommagées. Nonobstant son application certaine à toutes les opérations de manutention préalables ou postérieures à un transport terrestre par voie routière ou ferroviaire, ce plafond ne peut être qualifié de « terrestre », car, en effet, il pourra être appliqué chaque fois que les dommages ou les pertes résulteront également d’un service de transport par voie aérienne. Ainsi, l’exploitant d’un terminal de fret aéroportuaire, une société de « handling » chargée des opérations de manutention, de l’entreposage du fret ou de sa sécurisation pourront être soumis au régime de la Convention de Vienne. Ce plafond de réparation est susceptible de s’appliquer également aux préposés ou mandataires de l’exploitant du terminal s’ils ont agi dans l’exercice de leurs fonctions61.
27Eu égard au régime du contrat de transport aérien international, au-delà de l’affirmation expresse de la limitation de responsabilité reconnue à l’opérateur du terminal et ses préposés, la Convention de Vienne ne constitue pas vraiment une avancée. Le plafond de 8.33 DTS est inférieur de moitié à celui de la Convention de Varsovie, 16.58 DTS et de Montréal, arrondi à 17 DTS. Ce nouveau régime de responsabilité représente donc pour eux un net « durcissement ». Par ailleurs, cette limitation de responsabilité que nous pouvons qualifier de « générale » ne s’appliquera pas aux terminaux portuaires à affectation maritime et fluviale. En effet, les rédacteurs ont prévu un montant de réparation plus bas dans l’hypothèse où les marchandises sont remises à l’exploitant après ou en vue d’un transport maritime ou fluvial. Ce montant est fixé à 2.75 DTS par kilogrammes de marchandises perdues ou endommagées, montant d’indemnisation qui n’est pas sans rappeler celui adopté dans les Règles de Hambourg de 197862. Ce plafond de réparation, qui place sur un pied d’égalité l’opérateur portuaire et le transporteur maritime lui-même, est justifié selon la CNUDCI par le fait que les marchandises transportées par mer ont une moins grande valeur que celles transportées par d’autres modes de transport63. Or, en ce xxie siècle, cette justification n’est pas vraiment pertinente eu égard à la nature et la valeur des marchandises pouvant être expédiées en conteneur. A fortiori, plus de 20 ans après l’adoption des Règles de Hambourg, les rédacteurs de la Convention de Vienne auraient pu relever quelque peu le montant de la limitation mais ils n’ont certainement pas voulu créer de « déséquilibre » avec le régime d’indemnisation du transport maritime, mode qui reste prédominant en tonnage transporté à travers le monde64.
28Enfin, la Convention de Vienne n’a pas prévu de plafond maximum pour l’indemnisation et s’est concentrée spécifiquement sur les dommages matériels occasionnés aux marchandises opérées par le terminal à l’exception de ceux liés au retard limités à 2.5 fois le montant des sommes dues à l’exploitant (art. 5.2).
B. Au regard des Règles de Rotterdam
29Les plafonds de réparation de la partie exécutante maritime sont ceux du transporteur lui-même. Dans la mesure où ces limites ont été largement commentées65, nous rappellerons en synthèse que les montants d’indemnisation sont de 875 DTS par colis ou autre unité de chargement ou 3 DTS par kilo de poids brut, la limite la plus élevée étant applicable au profit de l’ayant droit à la marchandise66. Si par rapport aux Règles de Hambourg un léger effort a été consenti aux chargeurs67, l’indemnité au kilo du transport maritime continue d’être la plus basse de tous les modes de transport alors que la valeur ajoutée des produits transportés par voie maritime, notamment depuis la conteneurisation, n’a plus aucune mesure de comparaison avec celle du début du siècle dernier. Cette augmentation des plafonds a notamment été saluée par les chargeurs68 et décriée par les armateurs69. Les Règles de Rotterdam prévoient également l’indemnisation des préjudices résultant du retard à la livraison, ce qui constitue une réelle avancée par rapport au système HVR et un alignement sur celles de Hambourg. Cette réparation est fixée à deux fois et demie le montant du fret mais ne peut dépasser la limite fixée pour la perte totale des marchandises70.
C. La déchéance de la limitation de responsabilité
30Les rédacteurs de la Convention de Vienne et de New York n’ont pas fait du bénéfice de la limitation de responsabilité un principe absolu. L’opérateur de terminal peut perdre ce droit en cas de faute intentionnelle ou de « faute inexcusable » personnelle mais plus singulièrement, au-delà de ses propres actes ou abstentions, il peut être déchu du bénéfice de la limitation par la faute intentionnelle ou inexcusable de ses préposés ou mandataires (1). Pour les Règles de Rotterdam, la perte de la réparation plafonnée est conforme aux conventions en vigueur (2).
1. La faute intentionnelle ou « inexcusable » de l’opérateur de terminal
31L’exploitant du terminal sera déchu du droit de limiter sa responsabilité en cas de faute intentionnelle, acte ou abstention, ou faute commise témérairement en sachant que la perte, le dommage ou le retard en résulterait probablement (art. 8), c’est ce que notre droit positif qualifie de « faute inexcusable ». La Convention de Vienne « calque » a priori le régime de la déchéance de la limitation sur celui du transporteur maritime tel qu’il résulte de la Convention de Bruxelles 1924 modifiée71, des Règles de Hambourg 197872 ou encore de la Convention de Varsovie de 192973 ou de Montréal74 pour le transport aérien. Or, dans la mesure où la déchéance de la limitation de responsabilité de l’opérateur de terminal peut également résulter de la faute intentionnelle ou inexcusable de ses préposés ou mandataires, en réalité la Convention de Vienne se distingue fondamentalement des instruments juridiques précités. En effet, aussi bien en transport aérien que maritime, lorsque la faute inexcusable d’un préposé est reconnue, le transporteur, dont aucune faute personnelle de la même gravité ne peut lui être imputable, garde le bénéfice de la limitation de responsabilité75. Le professeur Pierre Bonassies considère à juste titre que cette singularité de la Convention de Vienne demeure source de conflits notamment dans le cas où l’opérateur intervient pour le compte du transporteur76. En justification à cette disposition, la CNUDCI considère que l’opérateur du terminal a le devoir de superviser ses préposés ou mandataires77. Aussi justifiable soit-il, cet argument ne va pas contribuer à l’harmonisation des régimes de responsabilité dans le transport maritime.
32Pour des raisons de solvabilité évidente, la recherche de l’imputabilité des dommages sur le fondement de la faute inexcusable ou intentionnelle de l’un des préposés de l’opérateur du terminal ne constitue pas un avantage pour la victime. En ce qui concerne le contentieux des terminaux pétroliers, l’imputabilité des dommages occasionnés au cours du transit de la marchandise est exclusivement recherchée à l’encontre de son exploitant plutôt que contre un préposé78.
33Une interrogation subsiste dans l’appréciation de la faute intentionnelle ou inexcusable de la faute de l’opérateur du terminal et ou de son personnel préposé. Si la preuve de cette faute doit être rapportée par la victime, l’acte ou l’abstention de l’exploitant devra selon nous faire l’objet d’une analyse la plus juste possible sachant que l’opérateur a une lourde responsabilité. Nous pouvons considérer que le non-respect des règles élémentaires de sécurité dans les manutentions, le défaut d’entretien normal des installations, des quais, et plus largement dans l’organisation défaillante de la sécurité au sein du terminal, constitueront des sources possibles de faute inexcusable. Nonobstant certaines exceptions, telle l’affaire du pétrolier Sea Saint79, les hypothèses de faute inexcusable seront peu nombreuses et celles de faute intentionnelle exceptionnelles.
34Corollairement, nous pouvons nous interroger sur l’appréciation du caractère inexcusable de cette faute par les magistrats français. S’agira-t-il d’une conception objective ou in abstracto de l’acte ou de l’abstention de l’exploitant, c’est-à-dire en prenant en considération le comportement qu’adopterait un opérateur de terminal vigilant, prudent, diligent, avisé,… se trouvant dans une situation analogue ou plutôt subjective, en vérifiant si l’exploitant avait eu conscience de la probabilité du dommage ? Nonobstant quelques exceptions, la jurisprudence française soutient depuis plusieurs décennies l’approche in abstracto et nous pensons, comme le professeur Pierre Bonassies80, qu’il faudra continuer à l’apprécier de cette manière en faveur des ayants droit.
2. La faute inexcusable de la partie exécutante maritime
35Selon les Règles de Rotterdam, le privilège de la limitation de responsabilité de la partie exécutante maritime n’est pas davantage absolu. Ainsi, en vertu des articles 60 et 61, la réparation plafonnée disparaît lorsque l’ayant droit prouve que le préjudice, y compris le retard, résulte d’un acte ou omission personnels commis soit dans l’intention de causer ce préjudice, soit témérairement et avec conscience que ce préjudice en résulterait probablement. À la différence de la Convention de Vienne, les Règles de Rotterdam n’instaurent pas un régime spécial de cette catégorie de faute. Seule la faute personnelle inexcusable de celui qui revendique le droit de limiter sa responsabilité entraîne la déchéance de ce droit… à condition que la victime rapporte la preuve bien entendu de cette faute personnelle intentionnelle ou inexcusable81. Ainsi, la responsabilité du transporteur pour fait d’autrui présente en l’espèce ses limites et la faute inexcusable de la partie exécutante ne doit pas l’empêcher de limiter sa propre responsabilité.
Conclusion
36Les conventions CNUDCI que nous venons de présenter présentent un intérêt majeur pour uniformiser le droit maritime international en ce qui concerne les opérations réalisées au sein des terminaux portuaires. En faisant bénéficier l’opérateur de terminal portuaire de la limitation de responsabilité, ces conventions ont une approche plus systémique du droit maritime international dépassant le seul segment maritime tout en confirmant une fois encore l’adage specialia generalibus derogant. La reconnaissance d’un régime impératif et la limitation de responsabilité des opérateurs portuaires constituent une avancée considérable tant pour les gestionnaires eux-mêmes que pour leurs clients.
37Cependant, l’entrée en vigueur de ces deux textes reste encore très hypothétique à cette heure. La Convention de Vienne nécessite cinq instruments de ratification pour son entrée en vigueur et il en manque encore un à ce jour82. Si elle entre en application, son rayonnement sera néanmoins très modeste. Quant aux Règles de Rotterdam, elles nécessitent vingt ratifications et seulement trois États les ont ratifiées à ce jour83. Nonobstant un mouvement de signatures enthousiastes, une pédagogie pertinente de ses rédacteurs dont celle du professeur Philippe Delebecque84, le rythme des ratifications est très lent, ralenti par des pressions antinomiques et des dissensions nombreuses85. Or, une ratification mitigée qui superposerait in fine un régime juridique supplémentaire au système HVR et aux Règles de Hambourg constituerait un véritable échec pour l’unification du droit du contrat de transport maritime. La « mosaïque de textes » évoquée par le professeur Pierre Bonassies deviendrait en effet « inextricable »86. A fortiori, si un État ratifie à la fois la Convention de Vienne et les Règles de Rotterdam, comment le juge national abordera l’opérateur de terminal portuaire ? Lui conférera-t-il le régime de la partie exécutante maritime ou le régime de l’exploitant de terminal sachant que les montants d’indemnisation ne sont pas uniformes tout autant que les conditions de responsabilité ?
38L’objectif d’universalisation peut aboutir parfois à des situations paradoxales et finalement contraires à sa démarche prophylactique. À l’instar du contrat de transport maritime international, le segment portuaire a donc bien du mal à trouver un cadre juridique uniforme87. L’opérateur de terminal et le transporteur maritime sont désormais dans la même galère… Décidément, à défaut de devenir le droit commun maritime du début du xxie siècle, ces conventions CNUDCI n’ont pas fini d’alimenter le débat.
Notes de bas de page
1 L. Fedi, « La notion de terminal : entre incertitudes de jure et certitudes de facto », DMF 2008, p. 455-463.
2 B. Slack, « Terminalisation of ports : an academic question ? », Proceedings of the international workshop on New generation of port-cities & their role in global supply chains, 12-14 décembre 2005, Hong-Kong, p. 20-30.
3 L. Fedi et R. Rézenthel, « L’exploitation des terminaux portuaires face aux enjeux maritimes du 21e siècle », DMF 2007, p. 828 et R. Rézenthel : « Le régime d’exploitation des terminaux portuaires », Etudes de droit maritime à l’aube du xxie siècle, Mélanges offerts à Pierre Bonassies, éd. Moreux, 2001, p. 749.
4 P. Bonassies, « Le transport multimodal transmaritime, Approche juridique », Annales IMTM 1988, Edisud, 1988, v. p. 93.
5 Convention des Nations unies du 19 avril 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international. Cf. Official Records Documents of the Conference, A/CONF 152/14 UN 1993.
6 UNCITRAL Convention on Contracts for the International Carriage of Goods Wholly or Partly by Sea. La convention a été signée sous les auspices de la CNUDCI et du CMI. P. Delebecque, « La Convention sur les contrats internationaux de transport de marchandises effectué entièrement ou partiellement par mer : a civil law perspective », DMF 2009, Spécial CMI Athènes, p. 335 et suivantes et. S. Miribel : « Signature des Règles de Rotterdam », DMF 2009, p. 853.
7 La CNUDCI ou UNCITRAL en anglais, a été établie par la Résolution 2205 XXI du 17 décembre 1966 de l’Assemblée Générale des Nations unies. Elaborant des instruments juridiques dans différents domaines dont le règlement des litiges commerciaux internationaux, le commerce électronique, les paiements internationaux ou la vente de marchandises, la Commission a pour mission d’encourager l’harmonisation et l’unification progressive du droit du commerce international. Site internet : www.uncitral.org.
8 P. Bonassies : « Note sur la Convention des Nations unies de 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international », Annales IMTM 1996 : « Vingt ans de conventions internationales maritimes », p. 129 et suiv.
9 Selon l’art. 1.6 b) ce statut de partie exécutante n’est pas retenu si l’ayant droit à la marchandise requiert directement les services de ces opérateurs. C’est donc a priori la loi nationale qui régira ces relations.
10 La France a signé la Convention de Vienne le 15 octobre 1991 et les Règles de Rotterdam le 23 septembre 2009. Site de la CNUDCI : www.uncitral.org.
11 P. Bonassies, « Du Hacter Act aux Règles de Rotterdam », Annales IMTM 2010, p. 25.
12 Art. 1er de la Convention des Nations unies du 19 avril 1991.
13 P. Delebecque, « La Convention sur les contrats internationaux de transport de marchandises effectué entièrement ou partiellement par mer : a civil law perspective », DMF 2009, déjà cité.
14 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international.
15 Art. 13 de la Convention de Vienne, « Clauses contractuelles ».
16 Art. 5-1 de la Convention de Vienne, « Fondement de la responsabilité ».
17 Convention des Nations unies sur le transport multimodal international 1980 et Règles CNUCED-CCI 1992.
18 P. Bonassies, « Note sur la Convention des Nations unies de 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international », déjà cité.
19 C. Scapel, « Le régime de la responsabilité de l’entrepreneur de transport multimodal », Colloque IMTM du 11 avril 1994, rencontre internationale, documents du colloque.
20 R. Rodière, « La responsabilité du transporteur maritime suivant les Règles de Hambourg », DMF 1978, p. 451. C. Scapel : « Les réformes apportées par les Règles de Hambourg à la responsabilité du transporteur maritime », compte rendu de la Rencontre Internationale du 25 nov. 1992 sur la Convention des Nations unies, IMTM 1992, p. 51.
21 C. Scapel, « Les réformes apportées par les Règles de Hambourg à la responsabilité du transporteur maritime », acte du Colloque IMTM du 25 novembre 1992 sur la Convention des Nations unies sur le transport des marchandises par mer, p. 54.
22 R. Rodière et C. Scapel, références précitées supra.
23 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
24 Art. 18-1, 18-2, 20 et 21 de la Convention de Varsovie du 12 octobre 1929 pour l’unification de certaines règles relatives au transport aérien international.
25 « Responsabilité du transporteur aérien », Lamy Transport, Tome 2, p. 608.
26 B. Mercadal, Droit des transports terrestres et aériens, éd. Dalloz, p. 267.
27 Ch. Scapel, « Les réformes apportées par les Règles de Hambourg à la responsabilité du transporteur maritime », p. 51 et suiv., déjà cité.
28 Art. 18 et 20 de la Convention de Montréal du 28 mai 1999 relatives à l’unification de certaines règles en matière de transport aérien international. JO 143 du 22 juin 2004, p. 11205. Elle est en vigueur depuis le mois de novembre 2004. « Le point sur la Convention de Montréal », Les infos du Snagfa, n° 11, du 22 octobre 2003, p. 1-3.
29 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
30 Art. 3 de la convention : « L’exploitant est responsable des marchandises à partir du moment où il les prend en garde jusqu’au moment où il les remet à la personne habilitée à en prendre livraison ou les met à sa disposition ».
31 Pour le transport maritime : Tribunal de commerce de Marseille, 21 juin 1994, BTL 1994, p. 605.
32 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité. La jurisprudence française distingue quelquefois la garde de la structure, qui porte sur le contrôle de la matière composant la chose et la garde du comportement qui concerne le contrôle du fonctionnement ou de l’utilisation de la chose.
33 Art. 4 de la Convention de Vienne, « Émission d’un document ».
34 Art. 4 - 2. de la Convention de Vienne, « Émission d’un document ».
35 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
36 P. Bonassies : « Note sur la Convention des Nations unies de 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international », déjà cité.
37 Les États-Unis ont signé mais pas ratifié la Convention de Vienne : site des Nations unies : www.un.org.
38 Liabilty of transport terminal operators : compilation of comments by governments and international organisations on the draft Convention on liability of transport terminals operators in international trade : Report of Secretary general A/CN.9/319 and Add. 1 to 5. p. 157.
39 Art. 3-2 de la Convention du 25 août 1924 : « Le transporteur […] procèdera de façon appropriée et soigneuse au chargement, à la manutention, à l’arrimage, au transport, à la garde, aux soins et au déchargement des marchandises transportées », Lamy transport tome 2, éd. 2013.
40 Cf. les travaux préparatoires du Groupe de travail de la CNUDCI.
41 Le Code ISPS exige le contrôle des accès aux installations portuaires et Amendements à l’annexe à la Convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer, chapitre XI-2, Annexe 2. Mesures spéciales pour renforcer la sécurité maritime, OMI.SOLAS/
CONF.5/DC/1 du 12 décembre 2002.
42 P. Delebecque, « La Convention sur le contrat de transport international entièrement ou partiellement par mer : dernières précisions », DMF 2008, p. 787.
43 F. Berlingieri, « Aspects multimodaux des Règles de Rotterdam », DMF 2009, p. 837.
44 F. Berlingieri, « La genèse et les travaux préparatoires des Règles de Rotterdam », Annales IMTM 2010, p. 43-53.
45 Entrée en vigueur en 1932, cette convention définit a minima la notion de port maritime comme « les ports fréquentés par les navires de mer et servant au commerce extérieur ». JO du 11 décembre 1932, p. 9946. SDN, Rec. des traités, t. 28. Cf. L. Fedi et A. Lavissière : « Les régimes d’exploitation des ports francs au début du 21e siècle », DMF 2014, p. 766.
46 Art. 1.2 et 10 des Règles de Hambourg.
47 Selon l’art. 1.6 b) ce statut de partie exécutante n’est pas retenu si l’ayant droit à la marchandise requiert directement les services de ces opérateurs. C’est donc a priori la loi nationale qui régira ces relations.
48 F. Smeele, « The Maritime Performing Party in the Rotterdam Rules », Annales IMTM, p. 115.
49 Art. 19 des Règles de Rotterdam : « Responsabilités des parties exécutantes maritimes ».
50 Art. 4 des Règles de Rotterdam : « Applicabilité des moyens de défense et des limites de responsabilité ».
51 Voir Art. 52. JO du 24 juin 1966, complétée par le décret n° 66-1078 du 31 décembre 1966, JO du 11 janvier 1967 et du 23 mars 1967 (décret n° 67-268 JO du 27 mars 1967. Loi n° 86-1292 du 23 décembre 1986 modifiant la loi n° 66-420 du 18 juin 1966 sur les contrats d’affrètement et de transport maritimes, modifiée par la loi n° 79-1103 du 21 décembre 1979.
52 P. Delebecque, « Pour ou contre les Règles de Rotterdam », Séminaire organisé par l’AMLOG, l’Association Marocaine pour la Logistique, le 28 janvier 2010 Hyatt Regency Hotel – Casablanca.
53 M. El Khayat, « Le Maroc et les Règles de Rotterdam », Annales IMTM p. 246.
54 F. Smeele, « The Maritime Performing Party in the Rotterdam Rules », p. 137 et suiv., cité supra.
55 Report of Working Group III on the work of its twenty-first session, Vienna 14-25 January 2008, document A/CN. 9/645 point 32. p. 12. L. Fedi, « Présentation de la Convention des Nations unies sur le contrat de transport international de marchandises entièrement ou partiellement par mer » Revue de Droit des Transports n° 7-8 juillet-août 2009, p. 15-22.
56 P. Bonassies et Ch. Scapel, Traité de droit maritime, LGDG, 2e éd., p. 439-496.
57 Art. 54 de la loi n° 66-420 du 18 juin 1996 sur les contrats d’affrètement et de transport maritimes modifiée par la loi du 23 décembre 1986. Le régime de la responsabilité de l’entreprise de manutention est « aligné » sur celui du transporteur maritime. Cf. Lamy Transport, Tome 2, « L’entreprise de manutention », point 601, p. 393.
58 Paragraphe 3 du Préambule de la Convention de Vienne du 19 avril 1991.
59 Art. 7-2 de la Convention de Vienne.
60 Convention de Genève relative au contrat de transport international de marchandises par routes du 19 mai 1956, dite convention CMR, entrée en vigueur en 1961. Lamy Transport Tome 1.
61 Cette disposition rappelle art. 25 A de la Convention de Varsovie de 1929, modifiée par le Protocole La Haye 1955.
62 Convention des Nations unies sur le transport de marchandises par mer du 30 mars 1978, dite Règles de Hambourg, entrée en vigueur le 1er nov. 1992.
63 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
64 En 2012, plus de 9,2 milliards de tonnes ont été transportées par voie maritime. Rapport UNCTAD « Maritime Transport Review 2013 ».
65 P. Delebecque, « Règles de Rotterdam, Règles de La Haye Visby, Règles de Hambourg, Forces et faiblesses respectives », Annales IMTM, p. 71.
66 Art. 59 de la convention CNUDCI : « Limites de responsabilité ».
67 835 DTS par colis et 2.5 DTS par kilo. Art. 6 des Règles de Hambourg : « Limites de la responsabilité ».
68 P. Bonnevie, « Présentation de la position des chargeurs sur les Règles de Rotterdam », Annales IMTM 2010, p. 179 en ce qui concerne les limites de responsabilité du transporteur.
69 J. Zhengliang Hu, « The Rotterdam Rules : The China’s attitude », Annales IMTM 2010, p. 205.
70 Art. 60 : « Limites de responsabilité pour le préjudice causé par le retard ». L’ayant droit à la marchandise a 21 jours à compter de la livraison pour transmettre au transporteur un avis de préjudice pour retard.
71 Art. 4-e de la Convention de Bruxelles amendée par les protocoles de 1968 et 1979.
72 Art. 8-1 de la Convention des Nations unies pour sur le transport de marchandises par mer, 31 mars 1978, précité.
73 Art. 25 de la Convention de Varsovie du 12 oct. 1929, modifiée par le Protocole de La Haye 28 sept. 1955.
74 Art. 22-5 de la Convention de Montréal du 29 mai 1999.
75 Ce principe a été rappelé dans les relations entre le capitaine et l’armateur du navire : CA Montpellier, 2e ch. sec. A, 18 novembre 2003, « navires L’Inglais et François Delphine », DMF 2005, p. 708 et CA Montpellier, 3e ch. corr., 4 novembre 2004, navire « Brescou », DMF 2005, p. 713, note I. Corbier.
76 P. Bonassies, « Note sur la Convention des Nations unies de 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international », déjà cité.
77 Paradoxalement, la CNUDCI considère également que l’exploitant ne devrait pas subir les actions téméraires des préposés. Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
78 L. Fedi, Le cadre juridique de l’exploitation des terminaux pétroliers, thèse doctorat Université Paul Cézanne, 2006, p. 471.
79 Cour cass., ch. com. 7 janvier 2003, navire « Sea Saint », DMF 2003, p. 791, note J.-L. Goutal.
80 P. Bonassies et Ch. Scapel, Traité de droit maritime, p. 766 et suiv.
81 P. Delebecque, « Le projet CNUDCI : suite et fin », DMF 2008, p. 214 à propos de la faute inexcusable.
82 Cinq instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion sont nécessaires pour son entrée en vigueur, il en manque encore un à ce jour. 4 États l’ont déjà ratifiée : Egypte, Géorgie, Paraguay, Gabon. Cinq États l’ont signée : Espagne, États-Unis d’Amérique, France, Mexique et Philippines. Cf. site internet CMI : www.comitemaritime.org ou site internet des Nations unies : www.un.org.
83 Les trois pays sont l’Espagne, le Togo et le Congo.
84 P. Delebecque : « Pour ou contre les Règles de Rotterdam », Séminaire organisé par l’AMLOG précité, voir également R. Illescas : « L’Espagne ratifie les Règles de Rotterdam : ce qui change au niveau du droit du transport international suite à ces règles », DMF 2011, p. 632.
85 L. Fedi, « Les Règles de Rotterdam : le droit des transports au 21e siècle – Synthèse du Colloque IMTM du 20-21 mai 2010 », Revue du droit des transports, septembre 2010, p. 9-16.
86 P. Bonassies et Ch. Scapel, Traité de droit maritime, 2e ed., p. 608.
87 L. Fedi, « Le cadre juridique de l’exploitation des installations portuaires ou comment passer d’une législation spécifique atomisée à un régime universel reconnu », DMF 2008, p. 645-655.
Auteur
Professeur Kedge BS
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