Chapitre préliminaire. Une nation aux multiples visages
p. 37-58
Texte intégral
1Numériquement, la nation est formée d’un peuple ou de peuples, vérité perçue scientifiquement dès 1770150. La première signification de la nation est donc le peuple151 même si celle-ci s’apparente alors plus à une « ethnie »152. Néanmoins, la nation ne doit pas être confondue avec la notion de race153 qui forme à l’origine une communauté linguistique, c’est-à-dire une entité qui ne revendique aucune prétention à un pouvoir souverain. D’une manière liminaire, la race, au contraire des xvième et xviième siècles154, ne prend pas consistance au xviiième siècle155. Politiquement, la nation est formée d’un peuple faisant appel au concept même d’humanité jouant un rôle unificateur156. Naturellement, la nation par son peuple évolue comme « un être animal créant successivement ses organes et son intelligence »157. Le mot « nation », surtout dans une neutralité sans charge idéologique et psychologique158, est alors usuellement employé dans le sens de peuple159. La nation paraît « statique » parce que fondée sur un territoire peuplé d’hommes ayant un caractère déterminé permettant la cristallisation d’un modèle national pré-défini et sécurisant. Enfin juridiquement, la nation n’a pas de droits, elle n’a que des devoirs liés à sa sujétion au roi.
2Ainsi, il faut considérer la nation à travers le(s) peuple(s), le préjugé lié à la notion de multitude, sa possible classification en ordres par les économistes, et l’éventualité d’être perçue comme une personne morale. À la limite de la lexicologie et même si toute description peut paraître rébarbative, il est important, à ce stade, de retracer simplement la réalité d’une polysémie nationale ubiquitaire et parfois effrayante. Celle-ci est utilisée maintes fois par les différents protagonistes du siècle comme non seulement un élément interchangeable, voire un fourre-tout, mais aussi comme une nuance partiale légitimant leurs propos.
I - LA NATION-PEUPLE(S)
3Sans parler de la territorialité des lois, du pagus160, du regnum Francorum et de la « mosaïque » des principautés territoriales vers l’an mil, la signification de la nation à l’époque médiévale ne suit qu’un sillon. C’est l’acception d’origine romaine161 reprise par Isidore de Séville162. Ainsi, privilégiant les groupes d’hommes ayant une origine commune163, la nation est un « ensemble de gens d’une même communauté culturelle, politique ou linguistique »164. Stricto sensu, elle intègre une idée familiale, celle reprise par Bossuet dans sa conception de gentes165. Ce sens est récupéré au xviiième siècle par Voltaire166, d’Alembert167, Etienne-Gabriel Morelly168 et le janséniste Pierre Barral affirmant que « toutes les nations ne sont que les différentes familles d’une même république dont Dieu est le père commun »169. La famille tient une place importante dans l’ossature de la société étant donné qu’elle représente la cellule de base mais aussi la synapse entre les individus et l’autorité. Selon Puget de Saint-Pierre, le peuple « dans le sens général, signifie l’ensemble des familles et des particuliers qui composent une nation »170. Pour l’écrivain rennais Jean-Baptiste Robinet, plagiant le chevalier de Jaucourt171, la patrie est la nation-société familiale172.
4D’ailleurs la composition en clans, en familles, se retrouvait déjà, dans un autre ordre d’idée, appliquée au xiiième siècle, à l’instar d’Orléans, à l’Université de Paris divisée en quatre « nations »173. Ce corps parfaitement autonome au xvème siècle174 est redécouvert par les dictionnaires du xviiième siècle175, par des juristes tels que Claude-Joseph de Ferrière176 et par J.-J. Piales en 1780 comparant l’Université aux Parlements de France177. Mais grâce à la profusion de dictionnaires en tout genre, le siècle des Lumières permet d’étendre et d’élucider cette définition.
5Le premier sens fait donc apparaître un couple répandu : celui de nation-peuple(s). Ce binôme sera propagé par les dictionnaires du xixème et xxème siècles178. Les glossaires du siècle des Lumières définissent le terme peuple comme une assemblée de personnes qui compose une nation, le populus179. Une telle orientation s’explique par l’apparition du mot nation au Moyen Âge180. Cette conception est diffusée par les dictionnaires du xviiième siècle, ouvrages dont le rayonnement intellectuel n’est pas contestable181. Bien qu’ils soient parfois décalés dans le temps182 et très touffus183, ils offrent un échantillon utile du vocable nation184 même si la pâleur et la banalité de certaines définitions poussent à une certaine circonspection.
6Les dictionnaires insistent sur les ramifications ethniques, géographiques et politiques car la nation est un nom collectif, un grand peuple, des peuples habitant une certaine étendue de terre, renfermés en certaines limites ou sous une même domination. Le dictionnaire de César-Pierre Richelet de 1693 est aussi peu prolixe, la nation s’incarnant dans « tous les gens d’un certain pays »185. Le Dictionnaire de l’Académie française de 1694, renvoyant à l’entrée « naistre »186, ajoute l’élément linguistique : « Tous les habitants d’un même État, d’un même pays qui vivent sous les mêmes lois et usent du même langage »187. Le dictionnaire de Louis Moreri en 1759 excepté188, cette définition fait l’unanimité. Elle traduit une évolution touchant à la matérialité de la « centralisation » monarchique héritée du roi Soleil189. La France est une nation royale composée d’un peuple lié naturellement à son souverain. Néanmoins, le Dictionnaire de l’Académie française de 1765, tout en admettant, comme le futur député du tiers état de Paris Jean-Nicolas de Démeunier190, la dualité géopolitique et linguistique, développe une définition particulariste et provinciale191 rompant avec l’harmonie d’un monde idéal où les découpages seraient nets192. En 1767, avec le capucin François-Alexandre Aubert de la Chesnaye, on note une synthèse remarquable de tout ce qui a été écrit :
« Ce mot, dans sa signification primitive, veut dire un nombre de familles sorties d’une même tige ou nées en même pays. On entend ordinairement par le mot nation un grand peuple gouverné par les mêmes lois, et parlant une même langue, et quelquefois la nation se divise en tribus comme la nation juive ; en cantons comme la nation helvétique ; en royaumes comme la nation espagnole ; en divers peuples comme l’ancienne Gaule où le mot de nation est exprimé par celui de civitas qui comprenait sous lui des peuples particuliers. Plusieurs peuples sont une seule nation (civitas) : les Bourguignons, les Champenois, les Picards, les Normands, les Bretons, les Angevins, les Tourangeaux etc. sont autant de peuples qui font partie de la nation française »193.
7Ainsi, le terme de nation signifie dans un premier temps le ou les peuples sans autre précision et ne représente qu’une suite logique de la perception littéraire ambiante. Le laconisme du postulat nation-peuple est éminent chez nombre d’écrivains.
8À la charnière des xviième et xviiième siècles, cette manière d’expliciter la nation avait ses adeptes avec Bernard de Mandeville194, avec des mémorialistes comme Bassompierre, Goulas, Brienne, Gramont195 ou encore dans les récits des voyageurs français à travers toute l’Europe196 ou enfin chez les historiens comme Charles-Jean Hénault et Millot197. À ce sujet, l’analyse très fine de l’abbé Dubos éclaire quelque peu le flou sémantique et propose une autre interprétation, celle d’un peuple incluant la nation :
« Ainsi, le mot peuple ne signifiait point dans les Gaules durant les siècles dont je parle [vème et vième siècle], la même chose que le mot de nation, et je supplie le lecteur de se souvenir de l’acception particulière qu’avaient alors ces deux mots là, qui dans le langage ordinaire, signifient aujourd’hui la même chose. Quoique les écrivains qui ont vécu sous nos premiers rois, n’aient point été toujours assez exacts à n’employer le mot de peuple, et le mot nation que dans l’acception propre à chaque mot, il est sensible néanmoins en lisant leurs ouvrages, qu’on entendait alors par nation, une société composée d’un certain nombre de citoyens, et qui avait ses mœurs, ses usages, et même sa loi particulière. On entendait au contraire par le mot de peuple, l’assemblage de toutes les différentes nations qui habitaient sur le territoire d’une même monarchie. On comprenait sous le nom de peuple, tous les sujets du prince qui la gouvernaient, de quelque nation qu’ils fussent citoyens »198.
9Néanmoins, Rousseau199, Montesquieu200, Diderot201, Voltaire, les mémoires jésuites de Trévoux202 et même l’historiographe Jacob-Nicolas Moreau203, admettent très bien la coïncidence nation-peuple. En effet, la nation est explorée, si ce n’est dans sa globalité, tout du moins dans sa description la plus simple. Ce lieu commun englobe un espace donné, un signalement a priori ni négatif ni positif telles que les différentes nations de Marc-René de Montalembert204, la nation égyptienne de Mably205, les nations du monde entier de Simon-Nicolas Linguet206. Voltaire parle de « nation russe »207, de « nation allemande »208, de « nation hollandaise, anglaise »209. L’analogie entre la nation et le peuple s’amplifie lorsque le patriarche de Ferney met en exergue, en parlant de Louis XIV et de son règne, qu’enfin « le roi parvint à faire d’une nation jusque là turbulente un peuple paisible, qui ne fut dangereux qu’aux ennemis »210. Dès lors, il emploie ces termes dans un jugement descriptif, « ethnique »211, car pour lui « les Albinos sont à la vérité une nation très petite et très rare »212 !
10Pourtant, Voltaire n’échappe pas à une perspective orientée voire partiale. Son attitude face au peuple juif faisant appel à un portrait médiéval en est la manifestation flagrante213. Cette subjectivité relève légèrement l’intérêt et l’impulsion que l’on peut accorder à une telle énumération dans le compte rendu « national » des différents peuples qui habitent la surface de la planète214. Influencé par le patriarche de Ferney, l’avocat Linguet pense qu’il existe une opposition très marquée entre d’un côté les « nations policées » et de l’autre les « peuples sauvages »215 s’accomplissant lorsqu’on est en présence d’une concordance entre les vocables de nation et de peuple216. Parlant de l’Afrique et de l’Amérique, il indique qu’en
« général ces peuples plus malheureux que nous, ont aussi une société mais ils en éprouvent presque tous les inconvénients sans en avoir les avantages. Ils ne sont unis que pour se massacrer (…) Celles des nations policées sont plus douces et moins destructives »217.
11Comme on le verra plus loin, la supériorité de la nation française sera montée au pinacle, prééminence qui aura sans nul doute des effets lorsque les révolutionnaires français voudront « éclairer » l’Europe et le monde entier.
12Pourtant à ce stade, un contresens doit être évité. La pernicieuse systématisation dans une summa divisio nation civilisée-peuple barbare est à écarter. En effet, s’il existe une telle dualité, elle est vite dépassée par la réalité de l’écriture et de la narration. Ainsi, dans un premier temps, la partialité d’analyse s’amplifie chez le monarchiste et magistrat bordelais Jean-Charles de Lavie218, pour qui, les peuples sauvages « ont quelques règles, qui sont des usages plutôt que des lois »219. Suivant le fervent gallican et avocat au Parlement de Paris François Richer en 1755, l’ordre pour le bien commun « établi chez les peuples barbares et sauvages, se maintient avec bien plus d’harmonie chez les nations civilisées »220. Selon le baron Jacques-Frédéric de Biefield, précepteur du frère de Frédéric II, « une nation policée est infiniment plus facile à gouverner qu’un peuple farouche »221. D’ailleurs, ce versant sémantique est repris par de Du Buat Nançay en 1778222. À l’inverse et dans un second temps, ce penchant prête le flanc à quelques distorsions avec J.-F. Bernard, pour lequel, « les nations les plus reculées sont sauvages »223. Il y a, pour Nicolas-Antoine Boulanger, des « nations sauvages » et des « peuples raisonnables et civilisés »224. Rousseau parle de « nations sauvages » et de « peuples sauvages »225. L’académicien Charles Duclos Pineau pense que « les peuples les plus sauvages sont ceux parmi lesquels il se commet le plus de crimes : l’enfance d’une nation n’est pas son âge d’innocence »226. Le baron d’Holbach, adoptant comme beaucoup l’idée de nation-peuple227, admet qu’une « nation se civilise à force d’expériences ; à l’aide de l’industrie (...) Les nations sauvages, privées d’industries et de ressources, commencent par chasser »228. Selon de Démeunier, il existe des « peuples policés » et des « peuples barbares »229. Enfin, d’après l’abbé Pierre-Joseph Roubaud,
« les Iroquois, les Abénaquis et autres peuples sauvages qui ne forment proprement que des hordes ou des bandes, des troupes, sont justement appelés nations et distingués comme nations par leurs traditions mêmes, qui les font descendre de différents chefs »230.
13En présence de tels écrits, la nation ne doit pas être considérée obligatoirement et schématiquement comme supérieure qualitativement au peuple malgré la liaison évidente. La nation ne doit pas être séparée du peuple prétendu « mauvais » qui n’est pas encore civilisé. Admettre cette théorie est une conjecture. La nation, c’est aussi en premier lieu le peuple. La nation-peuple n’est ni une silhouette aux contours abstraits ni une communauté vague et insignifiante. De surcroît, la fusion sémantique de ces deux termes ne laisse planer aucun doute sur non seulement les différents sens du concept mais aussi sur quelques approximations, voire fluctuations, issues du début du xxème siècle avec Carré de Malberg, séparant nettement le peuple et la nation. Le siècle des Lumières essayera justement, avec plus ou moins d’entrain et plus ou moins consciemment, de réduire le fossé entre une nation positive digne de respect et un peuple négatif handicapé par son nombre, sa masse disparate. Ces définitions aussi fluides soient-elles ont une résonance importante au sein du discours parlementaire.
14En effet, à partir des années 1730, le mot nation ne remplace pas les termes de peuple ou de sujet mais constitue un nouvel élément syntaxique en soutien à cette vision populaire générale qu’il faut désormais défendre. Ces années montrent seulement une légère inversion de tendance quant à l’utilisation du mot peuple ; vocable tendant à être remplacé par le terme nation. Néanmoins, cette inclination ne doit pas être généralisée231. La nation dans les remontrances de la Cour des aides de Paris emprunte la synonymie populaire232 même si ce n’est que dans un sens assez restreint233. On note une utilisation conjointe des termes peuple et nation dans les remontrances des cours souveraines de Paris en 1723234, d’Aix en 1756235, de la Cour des aides de Montauban en 1756236, des Parlements de Besançon en 1758237, de Dijon en 1762238 et de Pau239. D’ailleurs, les magistrats usent souvent du mot peuple au pluriel car ce sont les peuples de France qu’il faut protéger. Il est indéniable que la prise en charge sémantique parlementaire du terme nation se tourne naturellement vers des revendications pluralistes. Cependant, le terme nation glisse parfois vers une signification étatique. Lorsque le Parlement de Paris utilise le vocable « nation », il le fait aussi au pluriel pour désigner les États240. Les juges parisiens font donc coïncider les nations et les différents royaumes241 comme leurs homologues toulousains en 1724242. Indéniablement, la polysémie nationale a envahi le champ officiel des actes parlementaires et ne fait qu’ajouter à la complexité de l’analyse. De plus, la distinction nation « policée » et peuple « sauvage », jusqu’à preuve du contraire, ne fait l’objet d’aucune remontrance ni lettre au roi.
15Si le discours judiciaire est très perméable à cette première idée de nation-peuple(s) descriptive, le préjugé du peuple immature, le « gros de la nation », suscitant méfiance et rejet, est par contre bien présent dans la littérature politique, fissurant par delà même l’immobilisme général de la définition nationale. La description d’un peuple-nation, loin de la relative narration scientifique, permettra tout au long du siècle de comprendre que la plupart des auteurs mais aussi des juristes emploient généralement ce binôme sauf à marquer leur défiance vis-à-vis de la populace ou au contraire d’essayer de sortir le peuple de sa torpeur habituelle.
II - LA NATION-MULTITUDE
16La pensée religieuse polarise son attention sur le côté négatif du mot nation comme le concevait Bossuet. Allant à l’encontre de l’universalité chrétienne, de l’unitas christianorum, les nations sont la conséquence d’un manichéisme tenant comme maudit la division humaine243. Cette passivité, cette apathie populaire cadre avec une certaine vision du peuple comme masse « facile à émouvoir »244. Entité jouissant de peu de biens par rapport aux classes privilégiées, cette partie de la nation souffre de la survivance d’une perception péjorative de l’homme de la terre, du « bon paysan »245. D’ailleurs, il n’est qu’à remarquer l’attitude de Diderot246 et des révolutionnaires de 1789 ayant du mal à se détacher de tels préjugés247. La conception fluctuante et incertaine de l’ancien ordre248 était admise par Seyssel à travers le terme « menu peuple »249, relayée par toute la littérature monarchomaque protestante250 et une description éparse sous la Fronde251. Ce sens reprend la sanior et major pars des Anciens et surtout la césure entre la plèbe et le populus. La partie la plus nombreuse de la nation lato sensu, comme le professe le Marseillais Jean-François de Bastide en 1773252, ou stricto sensu253 est stigmatisée. Les différents dictionnaires reprennent ce sens254. La « multitude »255, fraction de la nation quantitativement plus nombreuse, est reconnue comme « la partie la moins considérable d’entre les habitants (...) le menu peuple (...) le bas peuple (...) le petit peuple »256, en somme la « populace »257. Le terme est emprunté à un dérivé dépréciatif de l’italien popolaccio258.
17La philosophie du siècle des Lumières est loin d’être « populaire » mais au contraire restreinte et annonciatrice de la conception censitaire révolutionnaire259 : la démocratie capacitaire260. C’est la continuité d’une prose anti-démocratique dont le fil conducteur est tissé tout au long de l’histoire par des auteurs comme Platon, Bodin ou Hobbes. Celle-ci est relayée par un certain nombre d’écrivains notamment l’Anglais John Brown261. En France, on observe un unanimisme flagrant à propos de la vision réductrice par nature de la « basoche ». Voltaire marque une différence entre d’un côté la populace et de l’autre la nation « élitiste »262. Parlant des troubles des années 1647-1648 en France, il précise que
« la populace peut d’abord courir aux armes et se choisir un chef, comme on avait fait à Naples : mais des magistrats, des hommes d’État procèdent avec plus de maturité, et commencent par observer les bienséances, autant que l’esprit de parti peut le permettre »263 [ainsi] « le peuple est toujours porté au fanatisme »264.
18Le « gros de la nation » ne possède aucune lumière et se perd souvent en probabilité. Montesquieu se défie du peuple car il n’a pas de « capacité » de par son ignorance265. S’agissant des magistrats, de Lavie pense qu’un « corps politique bien gouverné ne doit pas admettre à ce rang une vile populace »266. Se référant à Horace, il ne craint pas d’affirmer que « le peuple souverain dans la démocratie est un monstre à plusieurs têtes »267. Ainsi, que ce soit pour le jusnaturaliste Emer de Vattel adoptant en 1758 un schéma sélectif du peuple268 ou le militaire bisontin Claude-François d’Auxiron assurant que ce sont les hommes les plus intelligents et les plus capables qui sont aptes à recevoir une délégation de l’autorité souveraine269, une grande majorité d’auteurs tournent leurs regards vers le préjugé de la nation-multitude. En ce sens, la position nobiliaire, par tradition, continue à alimenter le parti pris. La définition du peuple du Dictionnaire philosophique en 1762 révèle alors que « plus on accorde au peuple, plus il demande, plus il devient fier (...) Tel est le naturel du peuple ; ou il sert en esclave ou il domine en tyran »270. L’attitude traditionnelle de la position aristocratique est loin d’être marginale. Rousseau admet une grande différence entre le peuple organisé et le peuple-populace271. On doit se méfier de ce « peuple, incapable de raisonnement »272, « aveugle et facile à séduire »273, « populace abrutie et stupide »274. Le Genevois, logique dans son argumentation, reconnaît qu’il « est pour les nations comme les hommes un temps de maturité qu’il faut attendre »275. Les partisans de la défense absolutiste du régime emboîtent volontiers le pas à ladite rhétorique craignant l’acrimonie de cette partie de la nation. Selon l’abbé et publiciste Bernard Capmartin de Chaupy en 1756, même si le public, qui n’est pas le peuple276, est facile à séduire car par nature ignorant, il n’en demeure pas moins dangereux.
« C’est l’applaudissement public, ou si l’on veut populaire, qui donne l’assurance de le prendre sur le plus haut son, qui fait qu’on peut se servir de grands noms de nation et de citoyen »277.
19Selon Moreau, le mot populus signifie toute multitude qui s’assemble et désigne non la nation en corps mais les habitants d’une cité278. De plus, en ce qui concerne l’époque du coup d’État Maupeou, les brochures absolutistes n’hésitent pas à discréditer la masse279. On parle alors de « bêtes farouches »280. Le règne de l’ignorance est brocardé par une brochure de 1771 dénonçant la stratification du peuple. D’après ce libelle, le peuple ouvrier-artisan « ferait mieux de s’occuper du pauvre peuple qui ne peut presque pas avoir du pain », le peuple « notable » veut tout changer pour ses privilèges, le « petit peuple » est facile à séduire281. Également, les tenants d’une réforme institutionnelle basée sur le socle parlementaire national subissent et propagent ce préconçu comme le Paige282. Ainsi, G.-N. Maultrot, C. Mey, A. Blonde, J.-C. Aubry, A.-G. Camus, auteurs des Maximes du droit public français en 1775, sont perméables à un tel sentiment de méfiance envers la populace283.
20Tel un serpent aux multiples têtes, le peuple, qui compose la plus grande partie de la nation, ne réussit pas jusqu’à la pré-Révolution à se débarrasser totalement de son fardeau. Le peuple fait peur, le peuple n’est pas digne de confiance, le peuple a en lui une force physique qu’il faut éviter de réveiller. Quelques auteurs du xviième siècle, comme la Bruyère, parlaient « d’animalité »284 ! Fantôme et spectre emblématique d’a priori défavorables, celui-ci ne possède aucun pouvoir politique tangible car devant être par définition soumis. La nation-multitude n’est viable que dépendante de ses autorités traditionnelles. Dès lors, le peuple ne jouit pas de l’animus juris285. Ainsi, d’anciens préjugés persistent car si le peuple fait partie intégrante de la nation, il est quand même encore reconnu impuissant politiquement286. Il sera alors facile de le diviser en classes pour mieux le comprendre, l’appréhender et, à terme, le contrôler.
III - LA NATION-CLASSES
21Avant d’expliquer l’existence d’une nation-classes en France au xviiième siècle287, en tant que « concept vivant et mouvement de l’esprit »288, deux principes doivent être mis en lumière. Le clergé est le seul ordre du royaume qui soit représenté auprès du roi289. La réalité de corps et d’organismes ainsi que des communautés tendant à substituer, à la hiérarchie des relations féodo-vassaliques, une pluralité de « libertés juxtaposées, inégales et toutes fondées sur des contrats », ne peut pas être remise en doute290. La catégorie sociale qui au siècle des Lumières n’a aucune connotation « socialiste »291 fait fi d’une quelconque lutte des classes au sens moderne du terme292. Elle emprunte plutôt le triptyque politico-juridico-sociétal de la hiérarchie des trois ordres293 : « Qui orant qui pugnant et qui laborant », réalité par ailleurs théorisée au ixème siècle294. Cette classification doit beaucoup au droit canon295 même si l’échelle réelle ne se confond pas avec celle des ordres296. Ainsi, à l’instar du peuple de Genève297, la nation-peuple française, caractérisée aussi par le peuple de Paris298, admet une hiérarchie économico-politique à l’image des écrits de Necker299. Si des travaux importants ont montré l’existence d’une nation physiocratique partagée en classes300, il est nécessaire de comprendre pourquoi cette division est fondamentale dans un discernement complet de la réalité nationale301. Ainsi, Pierre-Samuel Dupont de Nemours adopte une dichotomie simple dans sa vision de la nation302 :
« Si on considère les hommes dans l’état de multitude, où la communication entre eux est inévitable, et où cependant il n’y aurait pas encore de lois positives qui les réunissent en société sous l’autorité d’une puissance souveraine et qui les assujettissent à une forme de gouvernement, il faut les envisager comme des peuplades de sauvages dans des déserts (…) Ceux de chaque canton se voient plus fréquemment ; ils s’accoutument à se voir, la confiance s’établit entre eux, ils s’entraident, ils s’allient par des mariages et forment en quelque sorte des nations particulières »303.
22À travers cet exemple, il faut désormais analyser, en premier lieu avec François Quesnay, la nation face à une de ses composantes : le « petit peuple ». En second lieu, pour l’abbé Ferdinand Galiani, la nation peut se diviser en « axiomes »304.
23Partant d’un postulat d’un ou des hommes jouissant de leur « droit naturel »305, le docteur Quesnay propage une définition nationale tripartite. « La nation est réduite à trois classes de citoyens : la classe productive, la classe des propriétaires et la classe stérile »306. Le physiocrate, de par l’aspect économique évident307, aboutit à un examen beaucoup plus fin de la nation française lu en termes de subordination. En effet, ayant en tête la nation équivalent au royaume308, celui-ci considère que la communauté économique et surtout « agricole »309 est composée du « menu peuple », sa partie la plus nombreuse310. Ce sont les « manouvriers »311, « le petit peuple »312, les « habitants de la campagne »313, les « paysans »314, c’est-à-dire la partie du peuple dont il ne faut pas mésestimer la valeur315 comme le professe d’ailleurs le chanoine régulier Nicolas Baudeau316. L’originalité de Quesnay s’appréhende dans l’exposé du terme commerce : « Peut-on concevoir un commerce sans nation, et une nation sans commerce, et n’est-il pas absurde de raisonner contre les faits »317 ? En effet, se pose ici le problème des intermédiaires entre les nations commerçantes. Agissent-ils en faveur de la nation entière ou représentent-ils des entités autonomes et inhérentes aux nations ? Quesnay privilégie la seconde analyse censurant ces
« agents intermédiaires, dont les gains sont payés par les nations et qui tiennent également à toutes les nations par la communication de leur commerce intermédiaire. Ce commerce n’a point de patrie puisqu’il est extérieur et étranger à chaque nation, et qu’il n’est point exercé par les nations mêmes qui n’ont de communication entre elles que par son entremise »318.
24Il ne faut pas confondre la nation elle-même, ayant pour but unique la satisfaction de l’intérêt général et les commerçants, tels les armateurs, agissant pour leurs intérêts particuliers319. Ainsi, l’existence de négociants ne formant à eux seuls qu’une « sorte de république » et « ne reconnaissant chez eux d’autres nations qu’eux-mêmes » est à proscrire320. Par le biais de cette définition classique, Quesnay prouve que la nation peut compter sur l’effort patriotique de certaines de ses classes, de certains de ses peuples. Toutefois, l’abbé Galiani ira plus loin dans l’analyse.
25Combattant l’idée physiocratique car adepte d’un libéralisme modéré321, il fournit une définition beaucoup plus précise de la nation française. L’apogée du peuple-nation en classes est explicité. Dans sa terminologie générique initiale : pays = peuple = nation agricole322, Galiani divise la nation en quatre éléments. Les nobles sont au sommet de la société, les bourgeois à la transition, les paysans artisans en troisième position et en dessous de tout, « les portefaix », la « vile canaille de faquins », les « troupeaux malheureux »323. Ces derniers composent une classe complètement hermétique sauf en cas de persécutions religieuses où une cohésion de circonstances se crée dans la terreur324 ! Galiani, lucide dans l’approche du problème économique325, entend compartimenter la nation commerciale en plusieurs catégories326 dont « la multitude immense des meuniers et des boulangers » en est la meilleure illustration327. Ici se trouve le point d’orgue de sa pensée où subsiste au sein de la nation une « race de héros »328, véritable « peuple de héros » en opposition au « peuple non-héros »329. L’organisation sociale de l’abbé fonctionne sur un schéma limpide : des peuples composant la nation et plus précisément des classes à l’intérieur de la nation en totale soumission330.
26Ainsi, ces deux auteurs se prononcent pour la promotion d’un ordre naturel social et national grâce à l’équilibre préexistant entre toutes les classes au sommet desquelles se trouve le roi. Diviser la nation procède d’une opération simple, celle d’édifier une structure raisonnable, palpable, d’une population qui jadis était éparse. La nation, à travers sa partie la plus nombreuse, ne peut avoir une utilité politique que dans un schéma rationnel. Les physiocrates intègrent parfaitement l’avantage qu’ils peuvent tirer d’un organigramme où chaque classe doit, pour une grande part dans un système économique mais aussi politique, produire en faveur du bien national. Savoir qui constitue la nation, c’est lui donner implicitement une importance. Dès lors, on comprend aisément que les économistes s’opposent aux théories de Rousseau et surtout de Montesquieu car un système de contrepoids n’est pas admissible331. La classification nationale ne résiste pourtant pas à une autre idée -importante durant tout le xviiième siècle -celle de la perception d’un peuple français comme un être vivant, celle de la nation-personne.
IV - LA NATION-PERSONNE MORALE
27La nation française à l’étranger est une partie de la France qui s’expatrie. Un tel terme à propos d’une minorité s’identifie, par exemple, à travers l’ordonnance servant de règlement pour le Consulat de la nation française à Cadix du 24 mai 1728. En l’espèce, « il sera élu des députés de l’assemblée générale de la nation française » en Espagne avec comme obligation inscrite dans les articles 18 et 19 que
« nul ne pourra être élu député de la nation s’il n’est pas Français naturels ou naturalisés.. [et que].. les Français naturels ou naturalisés, qui auront épousé des femmes espagnoles sans la permission du roi, ne pourront être élus députés de la nation »332.
28La minorité française prend corps également en Corse avant que celle-ci soit annexée. Le consul Coutlet écrivait au ministre le 27 mars 1749 que « si le peuple [corse] est ici mécontent de ce gouvernement ainsi qu’il en donne des marques dans toutes les occasions, notre nation a lieu de l’être encore davantage par le peu d’égards que l’on a pour elle »333. La même dénomination s’observe vis-à-vis de la nation française à Lisbonne334 ou dans les droits du Consulat et les puissances barbaresques en 1785335. Ainsi, une partie du corps national se forme à l’extérieur du territoire français. Cette France en miniature, cette nation française à l’étranger est donc une réalité institutionnelle mais n’a aucune incidence sur le débat philosophique, politique et judiciaire. Le modèle populaire de la communauté explicité, un autre schéma plus théorique prend le relais.
29À l’image de Hobbes, les nations entre elles peuvent être saisies comme de véritables personnes morales -en tant qu’organisation rationnelle mais aussi fictivement comme des personnes physiques -en tant qu’être humain -au sein d’une vision organique et universelle336. Fénelon opérait déjà cette distinction337. À l’exception de Vattel pour qui « une société civile, un État, est un sujet bien différent d’un individu humain »338, des juristes comme d’Aguesseau339 ou des philosophes comme Voltaire340 ou Montesquieu, soutiennent que les nations sont à l’égard de tout l’univers ce que les particuliers sont dans un État341. La nation qui tend à se transformer en un être physique capable de s’effrayer pour le Parlement de Rennes en 1764 est ainsi reconnue comme une personne à part entière342. Même si Duclos Pineau relativise l’interaction entre l’homme physique et la nation343, il n’en demeure pas moins, qu’à l’intérieur du monde, se trouvent les nations qui elles-mêmes ont comme ramifications les hommes. La graduation peut alors commencer dans le cadre d’une légitimation universelle du peuple national. Selon le baron d’Holbach, la nation se trouve au sein d’une entité plus large car
« le genre humain dans son ensemble n’est qu’une vaste société composée de tous les êtres de l’espèce humaine. Les différentes nations ne doivent être envisagées que comme des individus de cette société générale »344.
30Toute une structure organique est établie dans la nation, « assemblage de plusieurs êtres de l’espèce humaine »345. Promotion d’une échelle humaine dont les subdivisions sont multiples346, cette orientation entraîne d’Holbach à saisir « le genre humain entier [comme] form[ant] une vaste société, dont les nations diverses sont les membres répandus sur la terre de France »347. Il opère une « humanisation » de la nation par le biais d’une stratification minutieuse. La même architecture se retrouve, par ailleurs, chez Helvétius en 1759. En effet, à l’instar de l’avocat Rossel348, le philosophe admet « des nations comme des particuliers »349. Selon lui,
« tout homme s’imagine que, sur la terre, il n’est point de partie du monde ; dans cette partie du monde, de nation ; dans la nation, de province ; dans la province, de ville, de société comparable à la sienne ; qui ne se croit encore l’homme supérieur de sa société ; et qui, de proche en proche, ne se surprenne en s’avouant à lui-même qu’il est le premier homme de l’univers »350.
31Expliquer que la nation n’est en fin de compte qu’un être humain, c’est lui conférer une présence, une capacité d’action et lui permettre à terme de se détacher d’une existence traditionnelle : celle d’un corps national monarchique. Pourtant, le discours absolutiste n’est pas hostile, a priori, à cette idée. Selon Moreau en 1755,
« différentes familles se sont réunies sous un même gouvernement ; le genre humain s’est partagé en plusieurs sociétés : l’on a connu la distinction des peuples (…) Mais chaque nation prise comme un individu est demeurée par rapport aux nations, dans cet état de société naturelle ou se trouvaient les premiers hommes entre eux »351.
32L’historiographe affirme derechef que « les particuliers se lient par des contrats ; les nations se lient par des traités »352. Les auteurs tenants de l’absolutisme monarchique ont à l’esprit la tripartition nationale naturelle mais avec un roi à sa tête. Pourtant, ce double degré organique établit une dichotomie pratique entre la nation en corps et l’unité des individus qui la constitue comme le perçoit le rousseauiste Paul-Henri Mallet en 1770353.
33Cette définition « humaine » peut être, à ce sujet, rapprochée de la théorie du droit des gens propagée par le jusnaturaliste Wolff354.
34L’idée nationale au xviiième siècle emprunte commodément le terrain et le parallèle de la notion d’humanité. Source aussi de l’organicisme, le thème de la nation-homme fait découler la communauté française de l’universel grâce à un agencement hiérarchique. S’apparentant quelque part au mécanisme des poupées russes s’imbriquant les unes aux autres, le peuple de France n’est qu’un segment important du monde entier. Ainsi, il est facile à la philosophie mais aussi aux parlementaires de prendre en compte la nation à travers sa nature, son comportement, son caractère, son esprit. L’audace du propos est telle que la nation ne peut se départir d’une activité porteuse d’une dimension politique efficace.
***
35Un concept aussi mouvant que la nation ne doit donc pas cacher un investissement politique sans précédent. Même si la généralité des occurrences peut paraître anodine et sans grand intérêt, il est toutefois utile de savoir que le mouvement philosophique, tel un automate, n’a fait que reproduire dans un premier temps une interconnexion de termes sans objectif politique. Dans un second temps, force est d’observer un début de changement de cap à partir du milieu du siècle au profit de la communauté française. L’idée nationale s’est petit à petit affinée. En effet, la nation reçoit et bénéficie au xviiième siècle d’une attention particulière des différents acteurs politiques et juridiques dans une définition beaucoup plus précise et novatrice grâce au prisme d’un caractère national en évolution. L’idée-force est le développement dynamique d’une morphologie humaine s’attachant à l’allégorie nationale dans le cadre d’une définition institutionnelle.
Notes de bas de page
150 P. Kreager, « Quand une population est-elle une nation ? Quand une nation est-elle un État ? La démographie et l’émergence d’un dilemme moderne, 1770-1780 », Population, 1992, n° 6, p. 1642.
151 Selon le constitutionnaliste J. Laferrière, « la France était divisée en territoires historiques également soumis au [roi] mais très différents les uns des autres, ils ne composaient pas une nation. Le mot nation était en usage ; Louis XIV l’employait mais on entendait par là simplement un ensemble d’hommes nés sujets du roi de France sans penser qu’ils pussent faire corps par eux-mêmes en dehors de lui », (Manuel de droit constitutionnel, Paris, Domat-Montchrestien, 1943, p. 17).
152 S’apparente seulement car une ethnie ne constitue pas nécessairement une nation et une nation ne se compose pas obligatoirement d’une seule ethnie, (R. Martelli, Comprendre la nation, Paris, Editions Sociales, 1979, pp. 51-52). Mais, s’il fallait opérer une comparaison et sans tomber dans l’anachronisme, le premier sens de nation serait celui d’ethnie ; une sorte de communauté de civilisation, (M. Albertini, « L’idée de nation », APP, 1969, n° 8, p. 5). D’ailleurs, l’ethnie était, selon Aristote, une société organisée sur un fondement familial et non politique, c’est la différence entre la politea et l’ethnos. L’ethnie « désigne un ensemble linguistique, culturel et territorial d’une certaine taille, le terme tribu étant généralement réservé à des groupes de faibles dimensions », (A.-C. Taylor, Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, v°« Ethnie », sous la dir. de P. Bonte et M. Izard, 2ème édition, Paris, PUF, 1992, p. 242). Dès lors, on est encore loin des nations « constituant [pour certains auteurs du xixème siècle tel que Fouillée] des races secondaires ou ethnies, composés plus ou moins stables de races zoologiques », (E.-M. Lipiansky, L’identité française, représentations, mythes, idéologies, La Garenne-Colombes, Espace Européen, 1991, p. 149).
153 L. Trénard, « Les fondements de l’idée de race au xviiième siècle », L’Information Historique, 1981, t. 43, n° 4, p. 165 et A. Jouanna, Dictionnaire historique de la Révolution française, v°« Race », sous la dir. d’A. Soboul, Paris, PUF, 1989, p. 1047.
154 G. Cayrou, Dictionnaire du français classique, la langue au xviième siècle, v°« Nation », Paris, Klincksieck, 2000, p. 527 ; R. Mousnier, Monarchies et royautés, de la Préhistoire à nos jours, Paris, Perrin, 1989, p. 43 ; A. Jouanna, L’idée de race au xvième siècle et au début du xviième siècle, t. 1, thèse imprimée de l’Université de Paris V, Paris, H. Champion, 1976, p. 19.
155 A. Devyver, Le sang épuré, les préjugés de race chez les gentilshommes français de l’Ancien Régime, 1560-1720, Bruxelles, EUB, 1973, p. 392. Cf. les travaux d’O. Tholozan, Henri de Boulainvilliers, l’anti-absolutisme aristocratique légitimé par l’histoire, Aix, PUAM, 1999.
156 M. Darviche, L’idéologie de la nation, thèse dactyl. de l’Université de Montpellier I, 1994, p. 114.
157 A. Esmein, Éléments de droit constitutionnel français et comparé, 5ème édition, t. 1, Paris, Sirey, 1909, p. 238.
158 J.-R. Suratteau, « Cosmopolitisme et patriotisme au siècle des Lumières », AHRF, 1983, n° 253, p. 365.
159 B. Vonglis, « Souveraineté de la nation et souveraineté du peuple », Nonagesimo anno, Mélanges en hommage à Jean Gaudemet, Paris, PUF, 1999, p. 694.
160 À partir du xvième siècle et sous les coups de boutoir de Machiavel, le vocable État touchera deux champs sémantiques, celui de l’organisation politique d’un pays et celui du pays lui-même. N’oublions pas que « pays » vient du latin pagus qui désignait la circonscription dévolue au Comté par les rois mérovingiens, (J.-L. Mestre, Historique des collectivités locales, sous la dir. de F.-P. Benoît, Paris, Dalloz, 1976, n° 17). Cette terminologie officielle fut très rapidement remplacée par celle de province, (R. Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue, t. 1, Paris, PUF, 1974, pp. 470-471 ; K. Malettke, « Pays d’élection et pays d’État en France à l’époque moderne », Beihefte Der Francia, band 39, Jan Thombecke Verlag Sigmaringen, 1997, p. 7).
161 N. Dupont, « Les familles de patrie, État, nation », Les mots de la nation, op. cit., p. 183. Il faut quand même dire que Rome n’a pas été une nation mais une cité, (A. Leca, « L’idée nationale dans la Rome Antique », État et pouvoir, réception des idéologies dans le Midi, l’Antiquité et les temps modernes, actes du colloque de Lyon de l’AFHIP des 19-21 septembre 1985, Aix, PUAM, 1986, p. 439 ; H. Hintze, « Nation et humanité dans la pensée des temps modernes », RHMC, 1933, t. 8, p. 3). De plus, comme le rappelle P. Fougeyrollas, « il faut revenir, pour des raisons étymologiques, à l’opposition entre, d’une part, le peuple romain, forme supérieure et même unique de l’existence et de l’organisation sociale, du moins aux yeux des Romains eux-mêmes, et, d’autre part, les nations, formes différentes, pour ne pas dire inférieures, de la vie collective des êtres humains », (La nation, op. cit., p. 15). En effet, Cicéron employait le terme natio en tant que groupe social, celui des aristocrates, alors que pour Pline, cela coïncidait avec l’école des philosophes, (H. Schulze, État et nation dans l’histoire de l’Europe, op. cit., p. 119).
162 J.-Y. Guiomar, L’idéologie nationale, nation, représentation, propriété, Paris, Champs-Libre, 1974, p. 22 et La nation entre l’histoire et la raison, op. cit., p. 13 ; B. Guenée, « État et nation en France au Moyen Âge », op. cit., p. 19.
163 O. Dann, « Nation », op. cit., p. 761 ; S. Citron, Le mythe national, op. cit., p. 151 ; M. Casevitz et L. Basset, « Peuple, nation, État en grec ancien », Les mots de la nation, op. cit., p. 153 ; K. Renner, La nation, mythe et réalité, op. cit., p. 30.
164 A.-J. Greimas et T.-M. Keane, Dictionnaire du Moyen Âge français, la Renaissance, v°« Nation », Paris, Larousse, 1992, p. 433.
165 P. Rétat, « Roi, peuples, nation à la fin de l’Ancien Régime », Les mots de la nation, op. cit., p. 190.
166 « Une patrie est un composé de plusieurs familles, et comme on soutient communément sa famille par amour-propre, lorsqu’on n’a pas un intérêt contraire, on soutient par le même amour-propre sa ville ou son village qu’on appelle sa patrie. Plus cette patrie devient grande, moins on l’aime ; car l’amour partagé s’affaiblit. Il est impossible d’aimer tendrement une famille trop nombreuse qu’on connaît à peine », (F.-M. Voltaire, Dictionnaire philosophique, v°« Patrie », présentation, notes de B. Didier, Paris, Imprimerie Nationale, 1994, p. 382).
167 J.-B. le Rond d’Alembert, Mélanges de littérature, d’histoire et de philosophie, nouvelle édition, t. 4, Amsterdam, Zacharie Châtelain, 1759-1767, pp. 85-86.
168 E.-G. Morelly, Le code de la nature ou le véritable esprit de ses lois, Partout, Chez le vrai sage, 1755, p. 67.
169 P. Barral, Manuel des souverains, s.l., 1754, p. 1.
170 Puget de Saint-Pierre, Dictionnaire des notions, v°« Peuple », t. 3, op. cit., p. 170. « La patrie est un corps composé de plusieurs familles, qui ne forment ensemble qu’une seule et même famille politique dont le souverain est et doit se montrer le père », (v°« Patriotisme », ibid., p. 135).
171 Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres, v°« Patrie », t. 12, mise en ordre par D. Diderot et J.-B. le Rond d’Alembert, Paris, 1751-1780, p. 178.
172 « Le rhéteur peu logicien, le géographe qui ne s’occupe que de la position des lieux et le lexicographe vulgaire, prennent la patrie pour le lieu de la naissance, quel qu’il soit ; mais le philosophe sait que ce mot vient du latin pater, qui représente un père et des enfants, et conséquemment il exprime le sens que nous attachons à celui de famille, de société, d’État libre, dont nous sommes membres, et dont les lois assurent nos libertés et notre bonheur », (J.-B. Robinet, Dictionnaire universel des sciences, morale, économique, politique et diplomatique ou bibliothèque de l’homme d’État et du citoyen, v°« Patrie », t. 26, Londres, Libraires Associés, 1777-1783, p. 257).
173 « On distinguait chaque nation par une épithète dans les harangues publiques : honoranda Gallorum natio, fidelissima Picardorum natio, veneranda Normandorum nation, constantissima Germanorum natio », (A. Chéruel, Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France, t. 2, Genève, Mégariotis reprints, 1978, p. 851). Selon l’abbé Prévost, « en termes d’Université, on appelle nations certaines provinces qui la composent. L’Université de Paris est composée de quatre nations, qui ont leurs titres particuliers ; l’honorable nation de France, la fidèle nation de Picardie, la vénérable nation de Normandie, la constante nation de Germanie », (Manuel lexique ou dictionnaire portatif des mots français, Paris, Didot, 1750, p. 476).
174 A. Talazac-Landaburu, La nation de France au sein de l’Université de Paris d’après le livre de ses procureurs, 1443-1456, Paris, PUF, 1975, p. 10.
175 Dictionnaire de l’Académie française, t. 2, Paris, 1765, p. 137 ; Dictionnaire universel français et latin vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux, t. 6, Paris, 1771, p. 145 ; Encyclopédie, v°« Nation », t. 11, [1765], op. cit., p. 747. Cf. G. Zernatto, « Nation, the history of a world », Review of Politics, 1944, n° 6, pp. 351-366.
176 C.-J. de Ferrière, Dictionnaire de droit et de pratique, v°« Nation », t. 2, Paris, Saugrain Fils, 1755, p. 347.
177 « L’Université a le droit de nommer son chef, d’élire son recteur (…) Ce droit est fondé sur la constitution de l’Université, qui, en qualité de compagnie littéraire chargée du précieux dépôt des principes de l’éducation nationale, est un corps libre placé sous les yeux du roi, ainsi que les autres corps de l’État », (J.-J. Piales, Mémoire à consulter et consultation pour les nations de France, de Picardie et de Normandie contre le procureur général, Paris, P.-G. Simon, 1780, p. 1).
178 P.-E. Littré, Dictionnaire de la langue française, v°« Nation », t. 3, Chicago, Encyclopedia Britannica, 1982, p. 4091 ; Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue française du 19ème et 20ème siècle, t. 13, publié sous la dir. de P. Imbs, Paris, 1971-1994, p. 202 ; S. Remi-Giraud, « Le micro champ lexical », Les mots de la nation, op. cit., pp. 21-22.
179 Dictionnaire universel français et latin vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux, t. 5, Paris, 1752, p. 502 ; Dictionnaire de Trévoux, t. 6, [1771], op. cit., p. 722. Cf. à ce sujet l’introduction de l’ouvrage d’A. Longnon, La formation de l’unité française, leçons professées au Collège de France, 1889-1890, publiées par H.-F. Delaborde, Paris, Paris, A. Picard, 1922, pp. VII-VIII.
180 On dénombre sept acceptions possibles du mot entre le xiiième et le xvième siècle comme l’ensemble du peuple de France, les groupements universitaires, les marchands dans le commerce international, les six groupes de députés aux États généraux de 1484, les provinces, les portions de provinces, les villes, (G. Dupont-Ferrier, « De quelques synonymes du terme province dans le langage administratif de l’ancienne France », RH, mai-août 1929, n° 161, pp. 301-303 et « Sur l’emploi du mot province notamment dans le langage administratif de l’ancienne France », RH, janvier-avril 1929, n° 160, p. 247).
181 S. Remi-Giraud, « Le micro champ lexical français », Les mots de la nation, op. cit., p. 36.
182 C. Buzon et C. Girardin, « La constitution du concept de nation : analyse du signe, description de la notion et usage socio-politique dans le traitement lexicographique du mot », Autour de Féraud, la lexicographie en France de 1762 à 1835, actes du colloque de l’ENS de Jeunes Filles des 7-9 décembre 1984, Paris, ENSJF, 1986, p. 185.
183 B. Didier, Alphabet et raison, le paradoxe des dictionnaires au xviiième siècle, Paris, PUF, 1996, p. 151.
184 P. Stockinger, « La nation », Actes Sémiotiques, 1987, n° 9, p. 8 ; L. Pérol, « Le peuple, vu par le Dictionnaire de Trévoux et l’Encyclopédie », RFHL, 1990, n° 66-67, p. 157.
185 C.-P. Richelet, Dictionnaire français, v°« Nation », t. 2, [1693], Nîmes, Reprints, 1995, p. 57.
186 Dictionnaire de l’Académie française, v°« Naistre », t. 2, Paris, 1694, p. 112.
187 Ibid., p. 110.
188 La nation en tant que « déesse du paganisme, était adorée chez les Romains, qui lui faisaient des sacrifices solennels à Ardée, ville du Latium, où elle avait un temple. Elle présidait à la naissance des enfants et était invoquée par les femmes pour leur procurer d’heureuses couches », (Le grand dictionnaire historique Moreri, v°« Nation », t. 7, Paris, 1759, p. 937).
189 A.-F. Prévost, Manuel lexique ou dictionnaire portatif, op. cit., p. 476.
190 L’encyclopédie de Démeunier n’a pas le mot nation en entrée mais à celui de peuple intégrant une vision géophysique car selon lui, « on peut mesurer un corps de deux manières ; savoir, par l’étendue du territoire et par le nombre du peuple, et il y a entre l’une et l’autre de ces mesures un rapport convenable pour donner à l’État sa véritable grandeur : ce sont les hommes qui font l’État, et c’est le terrain qui nourrit les hommes », (J.-N. de Démeunier, Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières, par une société de gens de lettres, de savants et d’artistes, v°« Peuple », t. 3, 2ème partie, Paris, Panckoucke, 1784, p. 608).
191 « Nation se dit aussi des habitants d’un même pays encore qu’ils ne vivent pas sous les mêmes lois et qu’ils soient sujets de différents princes. Ainsi quoique l’Italie soit partagée en divers États et en divers gouvernements, on ne laisse pas dire la nation italienne. En parlant de tous ceux d’une même nation qui se trouvent dans un pays étranger, on dit, la nation, toute la nation. Dans cette occasion l’ambassadeur assembla toute la nation. Toute la nation se rendit chez l’ambassadeur », (Dictionnaire de l’Académie française, v°« Nation », t. 2, [1765], op. cit., p. 137).
192 M. le Guern, « Le mot nation dans les six premières éditions du Dictionnaire de l’Académie », Les mots de la nation, op. cit., p. 163.
193 F.-A. Aubert de la Chesnaye-Desbois, Dictionnaire historique des mœurs, usages et coutumes des Français, t. 3, Paris, Vincent, 1767, p. 162.
194 B. de Mandeville, La fable des abeilles ou les vices privés font le bien public, [1714], traduction de L. et P. Carrive, Paris, Vrin, 1990, p. 153.
195 N. Hepp, « Les nations européennes sous le regard des mémorialistes français au temps de Louis XIII et de Mazarin », Pouvoir, ville et société en Europe, 1650-1750, actes du colloque international du CNRS d’octobre 1981, publié par G. Livet et B. Vogler, Paris, Ophrys, 1983, pp. 265-277.
196 Y. Durand, « L’appartenance nationale en France au xviième siècle : jus sanguinis ou jus soli », Revue Dix-Septième Siècle, juillet-septembre 1992, n° 173, p. 296.
197 B. Grosperrin, La représentation de l’histoire de France dans l’historiographie des Lumières, t. 2, thèse dactyl. de l’Université de Paris IV, 1982, pp. 694-698.
198 J.-B. Dubos, Histoire critique de l’établissement de la monarchie dans les Gaules, 2ème édition, t. 2, Paris, Ganeau, 1742, p. 378.
199 J.-J. Rousseau, Du contrat social, 1ère version, in Œuvres, t. 3, op. cit., pp. 316, 320-321.
200 « Il ressort, [chez Montesquieu] que peuple et nation ont des traits sémantiques communs ; l’un et l’autre terme désignant des sociétés humaines occupant un espace politique », (A. Eskenazi, « Peuple et nation dans De l’esprit des lois, quelques remarques d’un lexicologue », Revue Montesquieu, 1993, n° 3, p. 112).
201 Pour Diderot, il y a aussi une concordance entre les termes nation et peuple, (R. Mortier, « Diderot et la notion de peuple », Europe, janvier-février 1963, n° 405-406, p. 79).
202 C. Albertan et S. Albertan, « Le sentiment national dans les Mémoires de Trévoux », HEI, 1992, t. 15, n° 1-3, p. 281.
203 Pour J.-N. Moreau, la nation, c’est aussi le peuple dans le sens d’une « nombreuse association », (Les devoirs du prince réduits à un seul principe ou discours sur la justice dédié au roi, Versailles, Imprimerie du Roi, 1775, pp. 82, 33).
204 M.-R. de Montalembert, Essai sur l’intérêt des nations en général et de l’homme en particulier, s.l., 1749, p. 147.
205 G. de Mably, Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale et de la politique, [1763], introduction de S. Goyard-Fabre, Caen, Bibliothèque de Philosophie Politique et Juridique, 1986, p. 70.
206 S.-N. Linguet, Théorie des lois civiles ou principes fondamentaux de la société, [1767], Tours, A. Fayard, 1984, p. 257.
207 F.-M. Voltaire, Discours sur l’histoire de Charles XII, in Œuvres historiques, édition présentée, établie et annotée par R. Pomeau, La Pléiade, Paris, NRF-Gallimard, 1957, p. 74.
208 F.-M. Voltaire, Le siècle de Louis XIV, (ibid., p. 621).
209 Ibid., p. 694.
210 Ibid., p. 980.
211 J. Dubois, R. Lagane, A. Lemond, Dictionnaire du français classique, le xviième siècle, v°« Nation » et « Peuple », Paris, Larousse, 1992, pp. 340, 378.
212 F.-M. Voltaire, Nouveaux mélanges philosophiques et historiques, t. 1, in Œuvres complètes des œuvres de M. de Voltaire, s.l., 1764, p. 10.
213 Ibid., t. 5, p. 5. Voir à ce sujet les articles de P. Aubery, « Voltaire et les Juifs : ironie et démystification », SVEC, 1963, t. 24, pp. 67-79 et de M.-G. Badir, « Race et nation au xviiième siècle, étude comparative de la nation juive et arabe par Voltaire », HEI, 1992, t. 15, pp. 709-715.
214 H. Baysson, L’idée d’étranger chez les philosophes des Lumières, Paris, Lharmattan, 2002, pp. 186-198.
215 S.-N. Linguet, Théorie des lois civiles, op. cit., p. 13. Il utilise même les termes de « peuples grossiers », (ibid., p. 99).
216 Ibid., p. 427.
217 Ibid., p. 104.
218 J.-P. Duprat, « Le président Jean-Charles de Lavie, critique De l’esprit des lois », Études offertes à Pierre Jaubert, liber amicorum, textes réunis par G. Aubin, Talence, PUB, 1992, p. 194.
219 J.-C. de Lavie, Des corps politiques et de leurs gouvernements, t. 1, Lyon, P. Duplain, 1754, p. 11.
220 F. Richer, Traité de la mort civile, Paris, Desaint et Saillant, 1755, p. 3. Mais, il dit aussi que « tous les hommes forment différentes sociétés que l’on nomme peuples ou nations », (ibid., p. 2).
221 J.-F. de Biefield, Institutions politiques, t. 1, La Haye, Pierre Gosse, 1760, p. 35.
222 « En prouvant à mon maître que ce n’est plus une nation qu’il gouverne, mais des sauvages de la mauvaise espèce », (L.-G. de Du Buat Nançay, Les maximes du gouvernement monarchique, t. 4, op. cit., p. 43).
223 J.-F. Bernard, Recueil de voyages au Nord, t. 1, Amsterdam, 1731, p. CLXXI.
224 N.-A. Boulanger, Recherches sur l’origine du despotisme oriental, ouvrage posthume, s.l., 1761, pp. 7-8.
225 J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité, in Œuvres, t. 3, op. cit., pp. 167, 170.
226 C. Duclos Pineau, Considérations sur les mœurs de ce siècle, 6ème édition, Paris, Praut-Durand, 1772, pp. 11-12.
227 P.-H. d’Holbach, La politique naturelle ou discours sur les vrais principes du gouvernement, t. 1, Londres, 1773, pp. 32-32, 110 et Système social ou principes naturels de la morale et de la politique avec un examen de l’influence du gouvernement sur les mœurs, t. 3, Londres, 1773, p. 77.
228 P.-H. d’Holbach, Système social, t. 3, op. cit., p. 171.
229 J.-N. de Démeunier, L’esprit des usages et des coutumes des différents peuples ou observations tirées des voyageurs et des historiens, t. 1, Paris, Pissot, 1776, p. 281.
230 P.-J. Roubaud, Nouveaux synonymes français, v°« Nation, Peuple », t. 3, Paris, Moutard, 1785-1786, p. 239.
231 On peut citer les remontrances du 18 décembre 1733 du Parlement de Paris sur la déclaration du dixième, (J. Flammermont, Les remontrances, t. 1, op. cit., p. 314).
232 Remontrances de la Cour des aides de Paris du 12 novembre 1760, (L-A. Dionis du Séjour, Mémoires pour servir à l’histoire du droit public de la France en matière d’impôts ou recueil de ce qui s’est passé de plus intéressant à la Cour des aides, depuis 1756 jusqu’au mois de juin 1775, Bruxelles, 1779, p. 85).
233 M.-T. Allemand, « Les grandes remontrances de la Cour des aides et la réforme de l’État », BHESRF, 1976, p. 75.
234 Lit de justice du 22 février 1723 tenu au Parlement pour proclamer la majorité de Louis XV, (J. Flammermont, Les remontrances, t. 1, op. cit., pp. 164-165).
235 Le Parlement parle de la « partie la plus nombreuse de la nation » qu’il faut à tout prix aider, (Remontrances du Parlement de Provence au roi sur le second vingtième, Aix, 5 novembre 1756, p. 4).
236 « Sire, daignez faire cesser à la fois le fléau de la guerre et les horreurs du vingtième. C’est le désir général de la nation ; c’est en particulier le vœu des peuples de ce ressort », (remontrances de novembre 1756 de la Cour des aides de Montauban, in Recueil de Remontrances, s.l.n.d., p. 133).
237 « Les peuples de notre ressort ont uni leurs vœux et leurs acclamations à celle de la nation », (remontrances du Parlement de Besançon du 9 août 1758, in Recueil de pièces servant à l’histoire du Parlement séant à Besançon pour les années 1758, 1759, 1760, 1761, t. 1, s.l.n.d., pp. 18-19).
238 Nouvelles remontrances du Parlement de Bourgogne au roi, Dijon, 7 juillet 1762, p. 71.
239 F. Bidouze, « Discours parlementaires et culture politique, le Parlement de Navarre », Revue Dix-Huitième Siècle, 1998, n° 30, p. 352.
240 « Il n’est pas juste que le créancier qui s’est choisi un débiteur, qui a suivi sa foi, persuadé de sa solvabilité et qui a confié ses deniers, perde l’action et les droits que toutes les nations donnent au créancier contre le débiteur (...) C’est le droit commun de toutes les nations », (remontrances du 9 septembre 1717 du Parlement de Paris, in J. Flammermont, Les remontrances, t. 1, op. cit., pp. 54-55).
241 Remontrances du 17 avril 1720, remontrances du 18 mai 1722, lit de justice du 22 février 1723, remontrances du 18 décembre 1733, remontrances du 30 août 1751, remontrances du 9 avril 1753, lit de justice du 21 août 1756, (ibid., pp. 133, 149, 168, 314, 469, 585 et t. 2, p. 112).
242 « Les principes de bonté et de justice qui ont éclaté dès votre naissance dans la personne sacrée de V.M. ont fait l’admiration de toutes les nations et la consolation de vos peuples », (remontrances du 4 août 1724 du Parlement de Toulouse, AN G7 1597 f° 1 v°-2).
243 En effet, la société médiévale voit fleurir l’unité chrétienne avec comme corollaire une langue commune qui est le latin, une trinité politique qui est le pape, l’empereur, le roi, des guerres extérieures comme les croisades et une paix intérieure avec la pax christiana, (L. Febvre, Honneur et patrie, op. cit., p. 171). « Nations, en termes d’écriture, signifient les peuplades infidèles et idolâtres qui ne connaissent ou n’adorent pas le vrai Dieu, gentes », (Dictionnaire de Trévoux, v°« Nation », t. 5, [1752], op. cit., p. 866). Ainsi, le premier sens chronologiquement est au pluriel, celui de Païens, (Dictionnaire de la langue française, v°« Nation », t. 2, sous la dir. d'A. Rey, Paris, Robert, 1998, p. 2345).
244 S. Gougeaud-Arnaudeau, Entre gouvernants et gouvernés : le pédagogue au xviiième siècle, Paris, 2000, p. 72.
245 S. Bianchi, « Représentation et images des paysans à l’époque moderne et pendant la Révolution française », Églises, éducation, Lumières, histoires culturelles de la France, (15001830), hommage en l’honneur de J. Quéniart, textes réunis par A. Croix, Rennes, PUR, 1999, pp. 339-347.
246 Cette passivité correspond à la dichotomie appliquée par Denis Diderot dans l’Encyclopédie avec le peuple laborieux dans l’article « Misère » et le peuple multitude dans l’article « Multitude » même s’il ne semble pas que l’auteur « ait voulu donner une identité sociale ou ethnique trop précise à la populace », (A.-M. Chouillet, « Peuple versus populace : analyse de quelques occurrences dans l’œuvre de Diderot et dans celle de Condorcet », RFHL, 1990, n° 6667, p. 123). Cf. aussi M. Deguergue, « La conception de la volonté générale chez Diderot », RHFDSJ, 1991, n° 12, p. 121.
247 R. Monnier, « Autour des usages d’un nom indistinct : Peuple sous la Révolution française », Revue Dix-Huitième Siècle, 2002, n° 34, p. 399.
248 J.-J. Clere, « L’emploi des mots nation et peuple », Nation et République, op. cit., p. 58.
249 C. Seyssel, La grant monarchie de France, s.l., 1519, f°2-2 v°, 13-14.
250 Cf. E. Gasparini, « À l’orée de la pensée monarchomaque : la Question politique de J. de Coras (1570) », RRJ, 1995-2, pp. 680-681.
251 B. Biancotto, « Le concept de peuple dans les pamphlets de la Fronde », La pensée démocratique, actes du colloque de l’AFHIP d’Aix en Provence des 21-22 septembre 1995, Aix, PUAM, 1996, p. 59.
252 Le peuple est « souverain dans ses opinions et dans ses habitudes, esclave dans ses devoirs et dans ses travaux », (J.-F. de Bastide, Dictionnaire des moeurs, v°« Peuple », Paris, Monory, 1773, p. 108).
253 Au sens large, c’est « l’ensemble des gouvernés qui n’ont aucun espoir de participer à la gestion des affaires » et au sens étroit, c’est la « multitude d’hommes destinés à vivre uniquement du travail de leurs mains », (F. Weil, « La notion de peuple et ses synonymes de 1715 à 1755 dans les textes non littéraires », Images du peuple au 18ème siècle, op. cit., pp. 26, 29).
254 « Peuple, se dit encore plus particulièrement par opposition à ceux qui sont nobles, riches ou éclairés. Le peuple est peuple partout, c’est-à-dire, sot, remuant, aimant les nouveautés. Cet homme est gâté de toutes les erreurs et opinion du peuple. Il est de la lie du peuple. Le petit peuple, le menu peuple », (Encyclopédie, v°« Peuple », t. 12, [1765], op. cit., p. 474).
255 Dictionnaire de Trévoux, v°« Peuple », t. 5, [1752], op. cit., p. 503. Le peuple « se prend aussi très souvent pour une multitude d’hommes qui vivent sous une même domination », (Dictionnaire de quelques mots français, v°« Peuple », s.l.n.d. BN Ms. Fr. 12430 f° 109 v°).
256 Dictionnaire de l’Académie française, v°« Peuple », t. 2, [1765], op. cit., p. 290 ; Dictionnaire de Trévoux, v°« Peuple », t. 6, [1771], op. cit., p. 722.
257 « Se dit encore particulièrement par opposition à ceux qui sont nobles, riches ou éclairés. Plebs, vulgus. Il y a le peuple qui est opposé aux grands, c’est la populace, la multitude. Il y a le peuple qui est opposé aux sages ; ce sont les grands comme les petits », (Dictionnaire de Trévoux, v°« Peuple », t. 5, [1771], op. cit., p. 503).
258 L. Loty, « Le peuple et la populace chez les philosophes des Lumières et chez Restif de la Bretonne », Études Rétiviennes, 1988, n° 8, p. 35.
259 R. Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l’État, t. 1, Paris, Sirey, 1920, pp. 14-15.
260 Comme le montre la Révolution de 1789 et surtout la République thermidorienne. En effet, des auteurs comme Condorcet mais aussi Mme de Staël, Benjamin Constant, Boissy d’Anglas propagent l’idée que l’on ne peut pas faire confiance à cette partie de la nation, prisonnière de ses passions incontrôlées, (A. Slimani, Le républicanisme de Benjamin Constant, 1792-1799, Aix, PUAM, 1999, pp. 117-121).
261 « Les moeurs et les principes du peuple ou la multitude entreront pour peu de chose dans cet essai. Car quoique la somme totale du bonheur immédiat d’une nation, doive être le résultat des principes et des moeurs de la totalité des membres qui en composent le corps, on sent bien pourtant, que ce qui doit le plus contribuer à la force ou à la faiblesse de ce corps, à sa conservation ou à la destruction, ce sont les moeurs et les principes de ceux qui conduisent plutôt que ceux qui sont conduits, de ceux qui gouvernent plutôt que ceux qui sont gouvernés ; en un mot, ceux qui font les lois plutôt que ceux qui les exécutent », (J. Brown, Les moeurs anglaises ou appréciations des mœurs et principes qui caractérisent actuellement la nation britannique, traduit de l’anglais par S. Chais, La Haye, Pierre Gosse, 1758, p. 19).
262 L. Ameline indique que Voltaire se montre anti-démocrate non dans ses écrits publics mais dans sa correspondance privée et donne comme exemple une lettre envoyée à Frédéric II qui trahit cette attitude : « Quand je vous suppliais d’être le restaurateur des beaux-arts de la Grèce, ma prière n’allait pas jusqu'à vous conjurer de rétablir la démocratie athénienne ; je n’aime pas le gouvernement de la canaille » ou encore cette lettre à Damilaville du 1er avril 1766 : « Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article de peuple que vous croyez digne d’être instruit. J’entends par peuple la populace qui n’a que ses bras pour vivre » et enfin une lettre du 1er février 1769 à Tabareau : « Le peuple sera toujours sot et barbare. Ce sont des bœufs auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin », (L’idée de la souveraineté d’après les écrivains du xviiième siècle, Paris, Jouve, 1904, p. 168).
263 F.-M. Voltaire, Le siècle de Louis XIV, in Œuvres historiques, op. cit., p. 644.
264 F.-M. Voltaire, Essai sur l’histoire générale et sur les moeurs et l’esprit des nations depuis Charlemagne à nos jours, in Œuvres complètes, t. 18, op. cit., p. 325.
265 C. de Montesquieu, De l’esprit des lois, in Œuvres complètes, La Pléiade, Paris, Gallimard, 1949, liv. II, chap. 11.
266 J.-C. de Lavie, Des corps politiques, t. 1, op. cit., pp. 121-122.
267 Ibid., p. 300.
268 « S’il arrive donc qu’une nation soit mécontente de l’administration publique, elle peut y mettre ordre et réformer le gouvernement. Mais prenez garde que je dis la nation ; car je suis bien éloigné de vouloir autoriser quelques mécontents ou quelques brouillons à troubler ceux qui gouvernent en excitant des murmures et des séditions. C’est uniquement le corps de la nation qui a le droit de réprimer des conducteurs qui abusent de leur pouvoir », (E. de Vattel, Le droit des gens ou principes de la loi naturelle, t. 1, Londres, 1758, p. 35).
269 C.-F. d’Auxiron, Principes de tout gouvernement ou examen des causes de la splendeur ou de la faiblesse de tout État considéré en lui-même et indépendamment des mœurs, t. 1, Paris, J.-T. Hérissant Fils, 1766, p. 9. De plus, il ajoute : « On voit partout le bas peuple disputer aux gentilshommes les postes et les charges qui leur étaient originairement destinés, et les emporter sur eux, sans avoir plus de mérite. De là de nouvelles familles s’élèvent continuellement, et les anciennes tombent et s’éteignent », (ibid., t. 2, pp. 312-313).
270 Dictionnaire philosophique ou encyclopédie de pensées, de maximes et de réflexions sur toutes sortes de sujets, v°« Peuple », Paris, Guillyn, 1762, pp. 432-433.
271 « Dans les émeutes, dans les querelles des rues, la populace s’assemble, l’homme prudent s’éloigne : c’est la canaille », (J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité, in Œuvres complètes, t. 3, op. cit., p. 156).
272 J.-J. Rousseau, Lettres écrites de la montagne, (ibid., p. 729).
273 Ibid., p. 782.
274 Ibid., p. 889.
275 J.-J. Rousseau, Du contrat social, liv. II, chap. 8, (ibid., p. 386).
276 B. Capmartin de Chaupy, Réflexions d’un avocat sur les remontrances du Parlement du 27 novembre 1755 au sujet du Grand Conseil, t. 1, Londres, août 1756, BN Lb38 649 p. 8.
277 Ibid., t. 2, p. 6. Il ajoute qu’il « ne serait donc pas d’une absolue nécessité d’instruire le public, on ne peut nier que ce ne puisse être d’une très grande utilité », (ibid., p. 7).
278 J.-N. Moreau, L’observateur hollandais, t. 2, La Haye, 1755-1759, p. 8.
279 « Et vous Français, nation aussi raisonnable, quand elle le veut, qu’aimable, en tout temps, modérez cette vivacité, quelquefois si déplacée. Combien parmi vous y en a-t-il d’instruits à fond sur ces lois fondamentales », (Le mot d’un militaire. Prenez et lisez, s.l.n.d. BN Lb38 1122 pp. 45).
280 Le confiteor d’un ci-devant avocat qui n’était pas du commun, s.l.n.d. BN Lb38 1529 p. 11. Il ajoute : « Mais y-a-t-il un ordre dans l’État qui soit plus intéressé au maintien de l’autorité royale, que la magistrature elle-même ? Car enfin, comment espérer, qu’après que, sous le prétexte de réformer l’État, elle pourra ensuite parler de lois et d’arrêts à des gens en état de les fouler aux pieds ? N’a-t-on pas vu au temps de la Ligue, un simple tribun de la populace mener le Parlement en corps en prison à la Bastille », (ibid., p. 8).
281 Au public abusé, Messieurs, entendons-nous, s.l.n.d. BN Lb38 1184 pp. 4-5, 6, 8.
282 À propos de l’édit de 1771 détruisant les Parlements à cause de l’unité des cours souveraines, le Paige indique que « ce raisonnement politique suffisait pour faire impression sur la multitude, qui voit, mais qui ne raisonne pas », (Le point de vue, ou lettres de M. le pref… à M. le duc de N…, s.l., 1772, BN Ld39 570 p. 41).
283 En effet, les Maximes s’engagent sur la voie tracée par Fleischer pour « lequel il serait dangereux de confier au peuple, entendu au sens de plèbe, la charge de la décision [de juger]. Celui-ci présente trop de défauts », (J.-L. Mestre, « L’évocation d’un contrôle de constitutionnalité dans les Maximes du droit public français, 1775 », Europe et État, actes du colloque de Toulouse de l’AFHIP des 11-13 avril 1991, Aix, PUAM, 1992, p. 23).
284 B. Garnot, Le peuple au siècle des Lumières, échec d’un dressage culturel, Paris, Imago, 1990, p. 86.
285 Pour une nouvelle interprétation du rôle du peuple comme acteur essentiel et quasi-autonome dans le processus politique cf. R. Dupuy, La politique du peuple, racines, permanences et ambiguïtés du populisme, Paris, A. Michel, 2002.
286 « Nous considérons particulièrement dans la nation, la puissance, les droits des citoyens, les relations civiles et politiques. Nous considérons dans le peuple la sujétion, le besoin », (P.-J. Roubaud, Nouveaux synonymes, t. 3, v°« Nation, Peuple », op. cit., p. 242).
287 F. Furet, « Pour une définition des classes inférieures à l’époque moderne », AESC, mai-juin 1963, pp. 459-474.
288 R. Mousnier, « Le concept de classe sociale et l’histoire », RHES, 1970, n° 4, p. 449.
289 R. Mousnier, « La participation des gouvernés à l’activité des gouvernants dans la France du xviième et du xviiième siècle », Recueil de la Société Jean Bodin, 3ème partie, Bruxelles, 1966, p. 242. Dans une harangue du président de l’assemblée du clergé du 9 mars 1760 (AN G8 692 p. 61) cité par A. Vergne, La notion de constitution, op. cit., p. 129 note 106, on peut lire : « Oui, Sire, le clergé est le premier corps de votre royaume, moins encore par la constitution de l’État, que par la gloire d’être un des plus solides appuis de la monarchie ».
290 J. Revel, « Les corps et les communautés », The French Revolution and the creation of modern political culture, t. 1, Oxford, Pergamon Press, 1987, p. 226 ; Fr. Olivier-Martin, L’absolutisme français, op. cit., pp. 186-187 et Les Parlements, op. cit., pp. 400-401.
291 M. Leroy, Histoire des idées sociales en France de Montesquieu à Robespierre, Bibliothèques des Idées, 3ème édition, Paris, NRF-Gallimard, 1946, p. 53.
292 R. Martelli, Comprendre la nation, op. cit., pp. 73-74.
293 M.-F. Piguet, Classe, histoire du mot et genèse du concept : des physiocrates aux historiens de la Restauration, Lyon, PUL, 1996, p. 11.
294 Y. Sassier, Royauté et idéologie au Moyen Âge, Paris, A. Colin, 2002, pp. 214 et s.
295 R. Mousnier, « Les concepts d’ordre, d’états, de fidélité et de monarchie absolue en France de la fin du xvème siècle à la fin du xviiième siècle », RH, 1972, n° 502, p. 290.
296 D. Richet, De la réforme à la Révolution, études sur la France moderne, Paris, Aubier, 1991, p. 391.
297 Les ordonnances somptuaires suisses de 1560 à 1772 distinguent trois classes : la première concerne « les riches devenus aristocrates », la seconde les « artisans mécaniques, les femmes des artisans et les paysans », la troisième les « servantes, chambrières, tailleuses, graveurs », (M. Launay, « Qu’entend-on par peuple à Genève au 18ème siècle ? », Images du peuple au 18ème siècle, op. cit., p. 58).
298 D. Roche, Le peuple de Paris, Collection Historique, Paris, Aubier, 1981, pp. 41-43.
299 H. Grange, Les idées de Necker, Paris, Klincksieck, 1974, pp. 138-147.
300 G. Weulersse, La physiocratie à l’aube de la Révolution : 1781-1792, Paris, EHESS, 1985, pp. 212-219 ; C. Larrère, L’invention de l’économie au xviiième siècle, Léviathan, Paris, PUF, 1992, pp. 241 et s.
301 C. Gide et C. Rist, Histoire des doctrines économiques depuis les physiocrates jusqu'à nos jours, réédition présentée par A.-L. Cot et J. Lallement, Paris, Dalloz, 2000, p. 6.
302 « Les hommes peuvent être considérés dans l’état de solitude et dans l’état de multitude », (P.-S. Dupont de Nemours, Physiocratie ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain, Paris, Merlin, 1768, p. 23).
303 Ibid., pp. 26-27.
304 M.-F. Piguet, « Le peuple est-il divisible en classes chez les physiocrates ? », RFHL, janvier-juin 1990, n° 66-67, p. 177.
305 F. Quesnay, Physiocratie, Droit naturel, Tableau économique et autres textes, édition établie par J. Cartelier, Paris, G.-F. Flammarion, 1991, p. 74.
306 Ibid., pp. 209-210.
307 Quesnay ira jusqu'à dire que « la partie militaire d’une nation ne peut subsister, ni agir que par la partie contribuable », (ibid., p. 264).
308 Ibid., p. 246.
309 Ne dira-t-il pas, faisant l’apologie d’une agriculture au secours de la nation : « Les Colons qui subsistent misérablement d’une culture ingrate ne servent qu’à entretenir infructueusement la population d’une pauvre nation », (ibid., p. 250).
310 Ibid., p. 113 note a.
311 Ibid., p. 112.
312 Ibid., p. 263.
313 Ibid.
314 Ibid.
315 « Ce sont les riches laboureurs et les riches commerçants, attachés au commerce rural, qui animent l’agriculture, qui font exécuter, qui commandent, qui gouvernent, qui sont indépendants, qui assurent les revenus de la nation, qui, après les sciences, forment l’ordre de citoyens le plus honnête, le plus louable et le plus important dans l’État. Ce sont pourtant ces habitants honorables de la campagne, ces maîtres, ces patriarches, ces riches entrepreneurs d’agriculture, que le bourgeois ne connaît que sous le nom dédaigneux de paysans, et auxquels il veut même retrancher les maîtres d’école qui leur apprennent à lire, à écrire, à mettre de la sûreté et de l’ordre dans leurs affaires, à étendre leurs connaissances sur les différentes parties de leur État », (ibid., p. 118).
316 N. Baudeau, Idées d’un citoyen sur les besoins, les droits et les devoirs des vrais pauvres, t. 1, Amsterdam, B. Hochereau, 1765, p. 20.
317 F. Quesnay, Physiocratie, Droit naturel, Tableau économique, op. cit., p. 312.
318 Ibid.
319 Ibid.
320 Ibid.
321 C. Larrère, L’invention de l’économie, op. cit., p. 250.
322 F. Galiani, Dialogues sur le commerce des blés, [1770], COPLF, Paris, Fayard, 1984, p. 105.
323 « Soyez persuadé de cette théorie que je vais vous dire. Les grands conspirent et se révoltent ; les bourgeois se plaignent et restent dans le célibat. Les paysans et les artisans se désespèrent et s’en vont ; les portefaix s’ameutent. Cela ne change jamais, et jamais une de ces classes ne prend les usages et l’instinct de l’autre », (ibid., p. 200).
324 Ibid., pp. 200-201.
325 Ibid., p. 188.
326 « S’il est vrai en général que la classe d’hommes la plus chère à l’État est la classe productrice, cette règle qu’on a prise pour générale n’est pas sans exception », (ibid., p. 191).
327 Ibid., p. 257.
328 Ibid., p. 180.
329 Ibid.
330 Ibid., p. 15.
331 H. Michel, L’idée d’État, [1895], 3ème édition, Paris, Fayard, 2003, p. 31.
332 Recueil Isambert, t. 21, n° 373, op. cit., pp. 315-316.
333 R. Boudard, La nation corse et sa lutte, op. cit., pp. 111-112.
334 Le roi « a établi et ordonné, établit et ordonne que pour aider ladite nation à subvenir à ses charges, elle pourvoira par cotisation de ses membres », (Ordonnance du roi, concernant les droits à percevoir par la nation française à Lisbonne, relativement à l’administration de l’Église et confrérie nationale de Saint Louis, Paris, Imprimerie Royale, 25 février 1765, p. 2). D’ailleurs, « dans le vocabulaire commercial, le terme nation française avait une acception très précise : l’ensemble des négociants français établis dans les ports et villes de commerce étranger (...) Juridiquement, la nation française constituait un corps, avec ses institutions, ses officiers, ses règlements et ses privilèges », (J.-F. Labourdette, La nation française à Lisbonne de 1669 à 1790, Paris, 1988, pp. 21-22).
335 Arrêt du Conseil, suivi des lettres patentes sur les droits de consulat, la chevalerie de Marseille, et les présents à faire aux puissances barbaresques du 29 avril 1785, (Recueil Isambert, t. 28, n° 2062, op. cit., pp. 42-43).
336 « Les nations, êtres organiques, sont soumises comme telles aux lois naturelles de la vie. Leur histoire offre les mêmes âges que la vie des individus. Les forces naturelles, les facultés, l’imagination, les besoins d’une nation sont autres dans son enfance, autres dans sa vieillesse », (M. Bluntschli, Théorie générale de l’État, op. cit., p. 76).
337 « L’humanité met donc un devoir mutuel de défense du salut commun, entre les nations voisines, contre un État voisin qui devient trop puissant, comme il y a des devoirs mutuels entre les concitoyens pour la liberté de la patrie. Si le citoyen doit beaucoup à sa patrie, dont il est membre, chaque nation doit, à plus forte raison, bien davantage au repos et au salut de la république universelle dont elle est membre, et dans laquelle sont renfermées toutes les patries des particuliers », (F. de Fénelon, Examen de conscience sur les devoirs de la royauté, in Œuvres, t. 2, La Pléiade, Paris, GF-Gallimard, 1997, p. 1006).
338 E. de Vattel, Le droit des gens, t. 1, op. cit., p. 3.
339 « Je puis juger de toute nation comme je juge d’un seul homme parce qu’en effet, chaque nation ne forme qu’un seul corps, par les liens d’un intérêt commun, qui unissent tous les membres, et qui font que tout moral imite l’unité d’un tout physique. Il y a donc un amour-propre qui doit attacher chaque nation à elle-même, comme il y en a un qui agit ainsi dans chaque homme (…) Chaque nation peut être considérée comme un seul homme, qui aurait toute la force de cette multitude de citoyens dont la nation est composée », (H.-F. d’Aguesseau, Dixième méditation métaphysique, in Œuvres, t. 11, op. cit., pp. 579, 582).
340 F.-M. Voltaire, Histoire de Charles XII, in Œuvres historiques, op. cit., p. 56.
341 C. de Montesquieu, De l’esprit des lois, liv. XXI, chap. 21. Il ajoute au liv. X, chap. 2 que « la vie des États est comme celle des hommes. Ceux-ci ont droit de tuer dans le cas de la défense naturelle ; ceux-là ont droit de faire la guerre pour leur propre conservation ».
342 Remontrances du 12 janvier 1764 du Parlement de Rennes, BN Lb38 942 p. 5.
343 « Les peuples ont comme des particuliers leurs caractères distinctifs, avec cette différence que les mœurs particulières d’un homme peuvent être une suite de son caractère, mais elles ne le constituent pas nécessairement ; au lieu que les moeurs d’une nation forment précisément le caractère national », (C. Duclos Pineau, Considérations sur les moeurs de ce siècle, op. cit., p. 10).
344 P.-H. d’Holbach, La morale universelle ou les devoirs de l’homme fondés sur sa nature, t. 1, Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1776, p. 70.
345 Ibid.
346 « Chaque nation, une cité ou une ville forme une société particulière composée d’un certain nombre de familles et de citoyens, intéressés également et au nombre de familles et de citoyens (…) Une famille est une société plus particulière encore, composée d’un nombre plus ou moins considérable d’individus », (ibid., pp. 70-71).
347 Ibid., t. 2, p. 2.
348 Rossel, Histoire du patriotisme français ou nouvelle histoire de France, t. 6, Paris, Lacombe, 1769, p. 383.
349 C.-A. Helvétius, De l’esprit, t. 1, op. cit., pp. 209, 281.
350 Ibid., pp. 103-104.
351 J.-N. Moreau, L’observateur hollandais, t. 1, op. cit., p. 20.
352 J.-N. Moreau, Les devoirs du prince, op. cit., p. 82.
353 « Cette morale des nations qu’on nomme ordinairement politique, offre à leurs considérations des préceptes de deux sortes. Les uns regardent la nation en corps, et traitent du gouvernement, des lois, des maximes qui conviennent le mieux à sa position, à ses besoins, à son caractère. Les autres s’adressent aux individus, aux citoyens en particulier, et ont pour objet les mœurs, les sentiments, les usages de la vie privée, en tant qu’ils intéressent le bien général de la nation », (P.-H. Mallet, Des intérêts et des devoirs d’un républicain. Par un citoyen de Raguse, Yverdon, 1770, p. 3).
354 « On considère les nations différentes, comme autant de personnes libres, qui vivent dans l’état de nature, et qui sont obligées à remplir, tant envers elles-mêmes que les unes à l’égard des autres, les mêmes devoirs que la loi de nature impose aux particuliers », (C. Von Wolff, Principes du droit de la nature et des gens, t. 3, traduit par M. Formey, Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1758, p. 257). Cf. pour ce thème l’ouvrage de M. Belissa, Fraternité universelle et intérêt national, 1713-1795, le cosmopolitisme du droit des gens, Paris, Kimé, 1998.
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