Les citoyens et la théorie de la représentation dans l’Angleterre Révolutionnaire : les Putney Debates, 1647
p. 123-136
Texte intégral
1Le concept de citoyenneté est lié à diverses traditions culturelles qui, à partir de l’âge classique grec et romain, en passant par les spécificités doctrinales et institutionnelles de l’histoire de l’Église (ou plus précisément de l’histoire des églises chrétiennes occidentales), se fondent pour se concrétiser dans les expériences révolutionnaires anglaise, américaine et Française. C’est avec elles que l’idée de citoyenneté se fixe sur la dichotomie axiologique sujet citoyen, dans laquelle la citoyenneté est entendue comme la « sortie de l’état de minorité », comme c’est le cas de l’homme moderne1. Si l’on se réfère à l’aspect lexical du terme « liberté » (ou, si l’on préfère, des libertés), l’on ne peut résister à la tentation de proposer un énième renvoi à la célèbre distinction entre liberté négative, fruit des garanties constitutionnelles d’origine libérale, et liberté positive, dimension dans laquelle prime la volonté de l’homme moderne de participer activement aux processus du pouvoir, qui régissent son expérience existentielle2 ; ou bien, mais ce ne sera pas notre propos, l’on pourrait en décrire l’aspect politico doctrinal au moyen de l’idée des droits de nature publique, droits qui ont connu une scansion historique précise et une scansion conceptuelle - des droits civils aux droits politiques, pour arriver enfin aux droits sociaux - et qui, à divers titres, ont voulu donner sens et substance à l’idée moderne de citoyenneté3. En d’autres termes, la notion de citoyenneté naît du désir, propre à l’homme moderne, de ne pas simplement subir le pouvoir - ce qui arrive, dans quelque mesure, dans toutes les communautés politiques, tant que la distinction classique entre gouvernants et gouvernés en est la conséquence - mais, d’abord, de reconnaître l’autorité comme légitime selon un schéma rationnel, et à partir de là orienter les actions de cette autorité, de manière cohérente, vers la satisfaction des exigences reconnues et des besoins de la communauté dans laquelle il vit.
2Il semblerait maintenant intéressant d’examiner les racines dans la culture politique moderne de cette idée de citoyenneté, en se limitant évidemment aux expériences nationales particulières, pour analyser quand et comment elle s’est manifestée pour la première fois dans l’histoire et la doctrine. Dans l’histoire anglaise, c’est sans aucun doute pendant les événements de ce que l’on appelle la première révolution, durant la première partie du xviième siècle jusqu’à un peu plus de la moitié, quand les premières idées libérales, et pour certains aspects également démocratiques au sens moderne, furent mises à jour par la guerre civile. Les débats de Putney représentent probablement le moment le plus solennel pendant lequel les doctrines de la citoyenneté et de la représentation, entendues au sens moderne, se sont pour la première fois trouvées articulées verbalement au sein de la culture politique, et de l’histoire institutionnelle anglaise.
3Chronologiquement, les débats de Putney d’octobre et novembre 1647 se situent entre ce que les historiens appellent la première guerre civile - qui va d’août 1642 jusqu’à la Bataille de Naseby du 14 juin 1645 -, et la seconde guerre civile - qui eut lieu entre le 10 novembre 1647 et le 17 août 1648 -, après la tentative de fuite en Écosse de Charles I Stuart. La tentative renouvelée de ce dernier de gouverner sans le concours du Parlement avait, en effet, conduit à la constitution de deux factions politiques et militaires. La première était le parti des Cavaliers, formation royaliste liée à l’Église anglicane, aux groupes catholiques et aux classes de la grande noblesse d’origine féodale ; la seconde, le parti parlementaire des Têtes Rondes, alimenté par les humeurs puritaines de la petite noblesse de campagne et des classes sociales émergentes, plus liées aux récents développements à caractère mercantile4. Pendant la dernière année de la première guerre civile, marquée par la supériorité militaire croissante des forces parlementaires dirigées par Olivier Cromwell (1559-1658), l’armée des Ironsides fut réorganisée selon les plans de la New Model Army, avec l’autorisation du Parlement5.
4Il est bien connu que la principale caractéristique des militaires combattant pour les droits et les privilèges du Parlement était d’être fortement imprégnés des doctrines du calvinisme anglais. Toutefois, ce vaste éventail de sensibilités et d’élaborations théologiques qui se synthétisent sous l’appellation de Puritanisme anglais, surtout vers la moitié du xviième siècle et en particulier après la première défaite des « forces réalistes » en 1645, constituait une réalité extrêmement variée et polymorphe, dans laquelle coexistaient des courants culturels et politiques parfois fondés sur des positions plutôt lointaines6. À part le groupe des Erastiens, lequel penchait nettement pour que la direction de l’Église fut attribuée au pouvoir civil, présent dans le « Long Parlement » mais peu organisé dans la société civile de l’époque, les principaux groupes puritains étaient les Presbytériens, les Indépendants, et les Sectaires (dont le nombre considérable des différentes formations appelait la comparaison à une constellation). Acteurs de la première atteinte portée à l’absolutisme des Stuart7, les Presbytériens étaient majoritaires au Long Parlement, c’est-à-dire dans la House of Commons en exercice au moment où eurent lieu les débats de Putney8. Notons toutefois que les Presbytériens anglais ne doivent pas être confondus avec les Presbytériens Écossais, puisque les premiers se différenciaient des derniers par l’objectif érastien de placer l’Église sous le contrôle de l’État, plutôt que de la confier aux Congrégations « laïco-religieuses » existantes sur la terre d’Albe. Une autre de leurs caractéristiques était l’absence d’intérêt, voire l’hostilité aux questions de tolérance religieuse. Du côté opposé au continuum puritain se trouvaient les sept dissidents non-conformistes, c’est-à-dire les Séparatistes et les Anabaptistes pour les deux plus importants, mais aussi les Congréganistes, les Indépendants hétérodoxes, et des Millénaristes de diverses inspirations. Ce qui les unissait était l’aspiration à une nette séparation entre l’État et l’Église, et l’affirmation sans appel du principe d’une liberté de conscience qui mettrait définitivement fin aux persécutions dont eux-mêmes étaient l’objet comme « hérétiques de la grande hérésie protestante ». Au centre, se trouvaient les Indépendants, le parti le plus fort au sein de la New Model Army, lesquels, éprouvant une aversion d’égale ampleur envers l’érastianisme et le presbytérianisme, finirent par devenir le parti de la tolérance, craignant qu’un déplacement de l’axe politique en faveur du Parlement puisse engendrer une nouvelle ère de pouvoir autocratique semblable, au final, aux tentatives absolutistes des Stuarts, au moins dans le domaine religieux9. Du point de vue politique, la caractéristique la plus importante des Indépendants résidait dans leur alliance avec les Niveleurs -« le seul parti de la révolution puritaine qui réussit à sortir la position religieuse prédominante de la lutte politique »10 - formation proto-démocratique qui s’était mise à s’organiser dans la City londonienne, en marge des succès de la New Model Army, et qui désormais s’occupait d’infiltrer leurs rangs avec leurs propres idéaux.
5Il serait presque superflu de rappeler qu’à la base de telles divisions se trouvait en fait l’acte schismatique promu par Henri VIII en 1534 quand, au moyen de l’Acte de Suprématie voté par le Parlement, la couronne anglaise avait assumé le rôle de chef de l’Église Anglicane d’Angleterre11. Après la large diffusion des doctrines calvinistes dans la dernière partie du règne des Tudor12, la défaite politique de la Couronne mettait inévitablement à l’ordre du jour la discussion sur sa propre position constitutionnelle sur la question religieuse. En outre, la spoliation des monastères, consécutive à l’Acte de Suprématie, avait engendré une série de conséquences politiques et sociales qui, à moyen et à long terme, ne pouvaient en rien avantager la Couronne. Cela facilita l’ascension déterminante des « classes propriétaires », comme la gentry et les yeomen, sans aucune ascendance féodale, qui maintenant revendiquaient un rôle politique correspondant à leur position sociale13.
6Il y avait, enfin, la réalité de la guerre civile à peine terminée - qui restait en grande partie latente tant qu’un accord avec le Roi ne serait pas trouvé - et les conséquences des rapports difficiles entre le New Model Army, désormais l’unique acteur de contrôle social resté sur la scène politique et institutionnelle, et le Long Parlement, au nom duquel l’Armée de Cromwell disait avoir combattu, tout en faisant plus ou moins ouvertement pression sur lui pour obtenir des décisions politiques favorables, faisant appel à la force de ses effectifs. Pour le moment, l’armée demandait seulement les paies en retard et l’immunité devant les juridictions ordinaires pour les actes commis et les faits arrivés pendant la guerre civile14. Mais les soldats espéraient surtout pouvoir exprimer leur opinion sur l’ordre politique et social à reconstruire sur les cendres de la défaite de Charles Ier. À cette fin, au sein de la New Model, s’étaient formés des organes représentatifs de soldats et officiers, dans un climat de grande effervescence intellectuelle et dans un but de propagande, tels que circulait désormais une quantité, impressionnante pour l’époque, de libelles et de pamphlets de diverses natures15.
I - CITOYENNETÉ ET REPRÉSENTATION DANS LES DÉBATS DE PUTNEY
7Les débats de Putney eurent lieu au sein du Conseil Général de la New Model Army entre le 28 octobre et le 1er novembre 164716, en l’Église de Putney, dans la banlieue de Londres et le long de la Tamise. Comme nous l’avons déjà rappelé, la New Model Army se structura seulement la dernière année de la première guerre civile, en 1645, quand, au Parlement, se posa le problème de l’organisation des forces militaires qui avaient combattu pour lui. En avril de cette même année, le commandement des opérations fut confié à Sir Thomas Fairfax (1612-1671), tandis que Cromwell devenait lieutenant général et commandant de la Cavalerie, l’unité d’élite de la New Model Army.
8Le Conseil Général avait une base représentative et était une sorte d’extension du Conseil de guerre convoqué régulièrement pour déterminer la stratégie militaire à suivre à chaque opération guerrière. Après qu’en mars 1647 a circulé l’information selon laquelle le Parlement, sur proposition de l’Essex Peace Party, le groupe presbytérien conduit par Denzil Holles (1599-1680), voulait dissoudre la New Model Army et créer une autre milice pour la répression de la menaçante révolte irlandaise, en premier lieu, par précaution, l’armée de Cromwell prit « possession » de la personne du Roi (jusqu’à ce moment surveillé par le Parlement), pour éviter que puisse se sceller un accord secret entre le Roi et le Parlement au détriment du New Model, puis, le 5 juin, alla à Newmarket, près de Cambridge, où elle proclama 1’« engagement solennel » - un véritable convenant militaire17 - de ne pas se dissoudre jusqu’à ce que le pays ait une nouvelle structure politique. C’est en cette occasion que fut créé le Conseil Général, dont faisaient partie, de droit, les officiers supérieurs du New Model, ainsi que deux officiers et deux représentants des soldats de troupe envoyés par chaque régiment. Ces derniers furent d’abord nommés « les agents des cinq régiments », puis, plus simplement, les agitateurs, surtout en raison des liens toujours plus étroits qu’ils entretenaient avec les Niveleurs de la capitale conduits par John Lilburne (1614-1657). Le 6 août, avec le précieux soutien des radicaux londoniens et du Conseil Communal de la City, l’armée de Cromwell entra à Londres, donnant une démonstration de son pouvoir qui eut un grand impact politique.
9À partir de ces semaines, non sans difficultés, le Conseil Général discuta, et quelquefois approuva, divers documents rédigés, en son sein ou à l’extérieur, et lui soumit par l’initiative de l’un ou de l’autre de ses membres. Les officiers supérieurs, grandees, conduits par Henry Ireton (1611-1651), en juillet 1647 produisirent The Heads of the proposals18, document de médiation qui fut inutilement soumis à l’approbation de Charles Ier. Les agitateurs répondirent par The case of the armie trully stated19, largement discuté au Conseil général. Le 27 octobre, ces derniers présentèrent un nouveau document, beaucoup plus clair, lucide et fin, intitulé An Agreement of people, for a Firme and Present Peace, upon Grounds of Common-Rights, composé d’un préambule, quatre courts articles et une conclusion, qui montrait l’influence des Niveleurs, et qui fut probablement rédigé par William Walwyn (1600-1680 ?)20.
10Le Pacte prévoyait : "
- une redistribution électorale des sièges parlementaires "selon le nombre d’habitants"
- la dissolution du Long Parlement avant le 30 septembre 1648
- des élections parlementaires tous les deux ans avec des sessions inférieures à six mois maximum
- la suprématie de la Chambre des Communes, dite inférieure seulement devant les électeurs
11L’idée de la souveraineté populaire, impliquée par le dernier point, était par la suite renforcée d’une série de clauses réservant au peuple (people) lui-même certains pouvoirs, ou mieux, certaines garanties. La première clause concernait la « matière religieuse » et la conscience individuelle. La seconde déclarait illégale la conscription obligatoire. La troisième garantissait l’immunité pour les actes accomplis et les opinions exprimées pendant la guerre civile. La quatrième introduisait l’égalité de tous les sujets devant la loi, tandis que le dernier pouvoir réservé au peuple affirmait le principe, très général, que les lois devraient être "bonnes et pas évidemment nuisibles à la sécurité et au bien-être du peuple"21. Au-delà du contenu de ces diverses clauses, émergeait clairement la revendication d’une constitution écrite, qui une fois approuvée par le Conseil Général serait soumise au peuple pour un assentiment formel, tout ceci contrastant nettement avec la tradition juridico-politique britannique et avec les partis parlementaires qui rêvaient d’un retour aux présumées libertés antiques anglo-saxonnes d’origine coutumière22.
12Aux fins de discuter ce premier Agreement of people niveleur, le 28 octobre commencèrent ce que les historiens appelleront plus tard les débats de Putney. De ces trois jours sont restées les retranscriptions de William Clarke23, Secrétaire chargé de verbaliser les réunions du Conseil Général, le premier jour (le 28 octobre) et le dernier (le 1er novembre) semblent avoir été consacrés, respectivement, à un débat sur la valeur du Solemn Engagement de Newmarket, et sur les limites de la prérogative royale mise en place par rapport aux privilèges du Parlement. Le 29 octobre, on y parla, au contraire, presque exclusivement de la nature de la citoyenneté et, par conséquent, du droit de vote et de la représentation parlementaire, discussion marquée par une division idéologique et politique entre les officiers et les agitateurs, (ces derniers toujours en rapport constant avec les Niveleurs londoniens), qui commençait à s’exprimer nettement. Les acteurs les plus éloquents de la deuxième journée furent Henry Ireton, porte-parole des grandees, et le major William Rainsborough, qui exprimait l’opinion des troupes et des rédacteurs de l’Agreement. À une demande d’éclaircissement formulée par Ireton, relative au sens littéral du premier article de l’Agreement, le plus déterminant au plan politique, mais non exempt d’ambiguïté lorsqu’il mentionnait la "redistribution électorale des sièges parlementaires selon le nombre d’habitants", Rainsborough répondit :
“(...). For really I think that the poorest he that is in England hath a life to live, as the greatest he; and therefore truly, sir, I think it’s clear, that every man that is to live under a government ought first by his own consent to put himself under that government; and I do think that the poorest man in England is not at all bound in a strict sense to that government that he hath not had a voice to put himself under (...)”24.
13Ireton répliqua en expliquant son point de vue sur les catégories de personnes qui devraient avoir le droit de participer activement à la vie politique du pays :
“I think that no person hath a right to an interest or share in the disposing of the affairs of the kingdom, and in determining or choosing those that shall determine what laws we shall be ruled by here - no person hath a right to this, that hath not a permanent fixed interest in this kingdom, and those persons together are properly the represented of this kingdom, and consequently are [also] to make up the representers of this kingdom, who take together do comprehend whatsoever of real or permanent interest in the kingdom”25.
14Sur la base de ces deux affirmations doctrinaires clairement alternatives, le débat décolla ensuite selon les paradigmes classiques de la rhétorique d’assemblée. Ireton eut l’occasion de préciser que, selon lui, devaient seuls être admis comme électeurs actifs, ceux qui percevaient un revenu annuel d’au moins 40 shillings, comme il était d’usage en Angleterre en ce temps, craignant qu’une assemblée élue par des gens ne possédant rien puisse abolir la propriété elle-même : Ireton argumentait encore en prenant l’exemple de l’étranger qui, dans le cas où il n’y aurait pas de référence à l’intérêt réel et permanent dans le royaume, pourrait difficilement être exclu du droit de vote. Face à lui, Rainsborough et son camp semblaient « accepter l’accusation » de militer en faveur du droit naturel (alors défini comme droit inné) de chaque sujet à exprimer son accord au gouvernement, particulièrement après que les plus humbles aient combattu armés pour la cause parlementaire. À Putney, cet avis fut exprimé avec virulence par le soldat Sexby :
“(...) There are many thousands of us soldiers that have ventured our lives; we have had little propriety in the kingdom as to our estates, yet we have had a birthright. (...) I do think the poor and meaner of this kingdom - I speak as in relation [to the condition of soldiers], in which wa are – have been the means of the preservation of this kingdom (...). And now they demand the birthright for which they fought”26.
15Mais bien que l’on ne puisse contester le caractère fortement novateur des doctrines des agitateurs et des Niveleurs, l’on ne doit pas se méprendre sur leur réelle position en matière de droit de vote. En effet, ceux-ci soutenaient un suffrage que l’on pourrait définir comme large, ou à la limite généralisé, mais sûrement pas universel, dans le sens où ils n’admettaient comme électeurs que les hommes libres, car indépendants économiquement, capables de conduire une existence autonome, expression de leur profession ou de leur position sociale. Tout ceci est confirmé clairement par l’un des civils qui participaient aux débats, Maximilian Petty :
“I conceive the reason why we would exclude apprentices, or servants, or those that take alms, is because they depend upon the will of other men and should be afraid to displease [them], (...) but if there be any general way taken for those that are not [so] bound [to the will of other men], it would be well”27.
16On peut donc s’accorder à Macpherson quand il identifie une idée commune de liberté qui traversera toute la pensée politique du xviième siècle en Angleterre, de Hobbes à Locke en passant par Harrington et les Niveleurs. Le plus caractéristique de cette idée est ce que Macpherson appelle l’« individualisme possessif » :
“Its possessive quality is found in its conception of the individual as essentially the proprietor of his own person or capacities, owing nothing to society for them. The individual was seen neither as a moral whole, nor as part of a large social whole, but as an owner of himself. The relation of ownership, having become for more and more men the critically important relation determining their actual freedom and actual prospect of realizing their full potentialities, was read back into the nature of the individual. The individual, it was thought, is free inasmuch as he is proprietor of his person and capacities. The human essence is freedom form dependence on the wills of others, and freedom is a functions of possession. Society becomes a lot of free equal individuals related to each other as proprietors of their own capacities and of what they have acquired by their exercise”28.
17Macpherson, très justement, souligne bien que la position des Niveleurs ainsi qu’elle émerge dans tous leurs écrits politiques ne fut pas en faveur du suffrage universel, mais bien en faveur d’une forme de suffrage qui, bien que très étendue au regard de la norme électorale en vigueur à l’époque des débats de Putney, aurait exclu une portion considérable de la population du pays, c’est-à-dire tous ceux vivant de mendicité et les serviteurs29. En d’autres termes, les doctrines niveleuses ne sont pas encore des doctrines politiques réellement démocratiques, mais plutôt une version plus radicale du libéralisme anglais de ce siècle, radicalisme qui comportait sans aucun doute une forte poussée progressive, mais qui deviendra seulement plus tard le véhicule des courants démocratiques britanniques qui, tout au long du xixème siècle, soutiendront avec succès l’extension du suffrage, à partir de 183230. C’est probablement le fait d’observer des événements datant de plus de deux siècles avec des yeux mûris à la civilisation industrielle (comme on le verra par la suite, les débats de Putney furent découverts il y a relativement peu de temps), qui en a amené beaucoup à interpréter de manière assez superficielle l’appel au droit naturel qui émerge en filigrane des textes de Putney, en l’assimilant à l’idée de suffrage universel, laquelle verra le jour beaucoup plus tard, étant presque inconcevable dans cette première partie du xviième siècle. Le suffrage universel est historiquement l’un des fruits de la lutte des classes, de ce mouvement politique qui entendit rendre sa dignité au travail manuel, avec l’objectif de dépasser les traditionnels préjugés sociaux qui motivaient son exclusion de la citoyenneté politique : il serait donc anachronique de voir une dynamique de ce type en action au xviième siècle, en Angleterre, bien avant l’avènement de la série de changements économiques et sociaux nécessaires à cette lutte des classes.
18En novembre 1647, la querelle doctrinale sur le droit de vote et sur la représentation se résolut avec l’accueil de la proposition faite par Cromwell de constituer une commission au sein du Conseil Général, chargée d’aplanir les contrastes et de faciliter une prise de position unique de la New Model Army, que l’intelligence aiguë de Cromwell - pour le moins peu intéressé par ce différend doctrinal - considérait avec raison comme la chose la plus importante en cette période31. La commission, incapable de parvenir à un compromis vraiment satisfaisant, décida de laisser au Parlement le soin de régler les points critiques restés sans réponse (entre lesquels le droit de vote), et adopta pour en finir un document plutôt incolore et peu précis sur un certain nombre de points essentiels32. Les événements firent le reste : le 10 novembre 1647, le Roi réussit à s’enfuir en Ecosse dans l’intention d’y organiser sa revanche, et une fois retournés au combat, tous les membres de la New Model oublièrent bien vite le premier Agreement of people et les débats de Putney qui, à la fin de la deuxième guerre civile en août 1648, semblaient désormais une base politique décidément dépassée (surtout parce qu’avant eux, personne n’avait sérieusement pensé à une plate-forme constitutionnelle républicaine). Mais, à ce moment, les Niveleurs étaient devenus un problème car, poussant les troupes à se révolter, ils menaçaient l’unité de l’armée et concrétisaient le risque de mutineries en son sein33 : le seul moyen d’assurer le pouvoir conquis par la New Model devenait donc leur révocation politique. Il est bien connu qu’en 1649, Lilburne finit à la Tour de Londres, et que c’est là, quelques mois après l’exécution de Charles I, qu’il écrivit le troisième et dernier Agreement of people, sûrement le plus lu et connu34.
II - HISTORIOGRAPHIE SUR LES NIVELEURS ET SUR LES DÉBATS DE PUTNEY
“Cromwell dovette reprimere il partito dei livellatori che, appoggiandosi alla Bibbia, volevano stabilire l’uguaglianza assoluta, non solo politica, ma anche delle fortune”35.
19Cette note rapide de Gaetano Mosca (1858-1941) pourrait être citée comme le paradigme de la partie la plus importante de l’historiographie d’époque relative aux niveleurs, et en grande partie de l’historiographie qui a suivi. L’illustre Edward (the second) Earl of Clarendon (1611-1676 ?), rendu célèbre grâce à son œuvre, publiée après sa mort en 1702, The History of the Rebellion and the Civil War36, émit la même opinion dans ses écrits, ainsi que David Hume (1711-1776) dans son History of England de 1754, et le prince de l’historiographie sur la guerre civile anglaise, l’historien de l’âge victorien Samuel Rawson Gardiner (1829-1902), auteur de la monumentale History of the Great Civil War (1898) et du fondamental recueil The Constitutional Documents of the Puritan Revolution, 1625-1660 (1889), et enfin François-Pierre-Guillaume Guizot (1787-1874), qui s’attacha, dans l’étude de la Révolution anglaise, engrande partie à sonder les origines du gouvernement représentatif en Europe37.
20La raison de ce jugement un peu hâtif, au moins du point de vue des termes employés par ces différents auteurs, est due certainement à un manque de connaissance des doctrines politiques desquelles s’inspiraient les niveleurs et, en conséquence, à la tendance à assimiler, sans distinctions, toutes les positions « radicales » dans un agrégat qui « de gauche », harcelait Cromwell et le groupe des officiers supérieurs du New Model avec une fureur révolutionnaire presque irrationnelle. Le résultat de ce défaut d’analyse historique, pour ne donner qu’un seul exemple, fut que pendant longtemps l’on ne distingua pas clairement les positions des Niveleurs de John Lilburne de celles des Diggers conduits par Gerrard Winstanley (1609-1676), lesquels prêchaient pour une forme communiste d’emploi et d’exploitation du sol dans l’agriculture38.
21Du reste, les manuscrits des débats de Putney n’ont été connus qu’après la Restauration, en 1662, et n’ont été publiés pour la première fois par la Royal Society et par l’éditeur londonien Longsmans qu’à la fin du xixème siècle, par les soins de C.H. Firth, avec tous les autres « Clarke Papers »39. En 1938, A.S.P. Woodhouse fit paraître une autre édition des débats de Putney, intitulée Puritanism and liberty, being the Army debates (1647-1649) from the Clarke manuscripts with supplementary documents40. La préface qu’A.D Lindsay fit de cette édition laissait entrevoir les possibilités d’utilisation idéologique de ces débats pour la culture anglo-saxonne, préface très originale compte tenu de l’aversion pour les Niveleurs que démontrait précédemment l’historiographie à ce sujet. En effet, l’auteur de The Essentials of Democracy (1929) y légitimait l’attention portée sur les débats de Putney en relevant leur apport considérable à nos « modem discussions on democracy ». Dans l’édition de 1950, fut en outre ajouté un « Poscript » qui définissait la première édition des débats de Putney désormais comme un « standard text » pour « all who wish to study the early beginnings of estern Europe, can be understood by study of this volume more than in any other way I know », à cause de la « fondamental connection between western democracy and any kind of totalitarism »41 : si en 1938 le but de la bataille idéologique était le fascisme dans ses déclinaisons européennes de l’époque, durant l’après-guerre et les années de la deuxième édition, cette « place de choix » fut désormais attribuée au communisme soviétique42. Et il faut dire que, dans le monde occidental actuel, cette voie idéologique ouverte par les débats ne s’est probablement pas refermée : à l’occasion du 350ème anniversaire des débats de Putney, en 1997, ont été organisés deux événements simultanés d’un côté et de l’autre de l’Atlantique : à Washington, un colloque spécial a recueilli les contributions des historiens anglo-saxons les plus brillants et les plus compétents en la matiere (publiées en 200143), tous partageant la même sensibilité libérale, tandis qu’à Londres se tenait une célébration à l’Eglise de Putney, à laquelle participaient Tony Benn, Christopher Hill et d’autres historiens britanniques de culture progressiste et néo-marxiste. Paradoxalement, c’est à ce moment que reprit de la vigueur la vieille erreur des premières études sur les débats de Putney - à savoir le manque d’analyse et l’assimilation à toutes les formes de radicalisme des contemporains de Cromwell - sous de fausses apparences, dans la rhétorique socialiste de la Guerre froide : si les conservateurs avaient eu l’objectif de discréditer les niveleurs en les assimilant aux Diggers, il semblait que les marxistes aient voulu inclure les premiers dans le camp socialiste, dédaignant de parler de la distance notable qui les séparait des seconds !44
22Il m’a semblé opportun d’ajouter quelques observations au sujet des éditions italiennes des débats de Putney. La première édition apparut en 1956, grâce aux soins de Vittorio Gabrieli, traduction partielle de l’anthologie de Woodhouse45, tandis que ce n’est qu’à l’occasion du 350ème anniversaire des débats que sortit la première publication entièrement consacrée aux débats de Putney, entreprise par le politologue turinois Marco Revelli. Celle-ci fut enrichie de l’Agreement of people, écrit en 1649 par Lilburne lui-même et les autres niveleurs emprisonnés à la Tour de Londres, ainsi que d’une importante chronologie et de nombreuses informations bibliographiques, et enfin de deux essais critiques de Marco Revelli.
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23La pénible parenthèse révolutionnaire, puis républicaine pendant l’inter-règne de Cromwell, se ferma temporairement en mars-avril 1660, quand la Déclaration de Breda, rédigée par celui qui deviendra Charles II, ouvrit les portes à la restauration de la monarchie46. Puis celle que l’on appela la Glorieuse Révolution de 1688-1689 donna ensuite un équilibre définitif à la Constitution anglaise, au nom de l’acquisition qui ne fut plus jamais remise en question par la suite de la primauté politique du Parlement sur les « prérogatives » de la Couronne47.
24Mais qu’est-il sorti de la première révolution anglaise ? Qu’en avons-nous retenu ? Ou, de manière plus limitée, quelle est la valeur historique et politique des débats de Putney ? C’est cette dernière question à laquelle il est sûrement le plus difficile de répondre sans céder à la tentation de plier l’histoire aux exigences politiques actuelles, en faisant d’arbitraires anachronismes. De même, éluder complètement une telle question signifierait probablement retomber dans une erreur autrement insidieuse sur le plan intellectuel, celle de renoncer à distinguer l’histoire des idées politiques de la simple historiographie.
25À ce propos, un passage de Lindsay, dans Essentials of Democracy, vient justement nous apporter quelques lumières, l’auteur suggérant que les congrégations puritaines du xviième siècle anglais aient été, sans le savoir toutefois, de réelles « school of democracy »48. Et bien qu’une telle affirmation puisse sembler elle-même teintée d’idéologie, elle garde toute sa vérité intrinsèque, difficilement réfutable.
26Des principes comme le consentement et l’origine contractuelle de l’obligation politique, la mention de certains droits individuels et inaliénables ou la délégation de pouvoirs en faveur des représentants du peuple souverain sont des concepts politiques qui rapprochent les Niveleurs de notre credo libéral-démocratique de manière certaine. Mais c’est également le cas, peut-être encore plus, du fonctionnement de l’assemblée démocratique au sein du Conseil Général du New Model Army, où la rhétorique et la capacité de persuasion des orateurs donnent lieu à une dialectique d’argumentations rationnelles, sur la base de l’assertion selon laquelle les règles de la lutte pour le pouvoir et les décisions politiques doivent avoir gagner, au préalable, le libre consentement de chaque membre de la communauté ou au moins de la majorité de ses composants. L’idéal premier des puritains était évidemment la constitution de la communauté des saints, réservée à l’aristocratie des élus et des prédestinés inspirés par la grâce, dont le centre de gravité moral était la notion de rectitude (righteousness) entendue au sens théologique. Mais la distinction, de toute façon présente, entre l’ordre de la grâce et l’ordre naturel49 ouvrait des portes à des élaborations au plan civil, dans un tel ensemble doctrinal. Les Niveleurs, avec leur « pamphletistique » extrêmement politique, utilisèrent ces opportunités, en conservant toutefois le concept du covenant pour rendre impératives les stipulations du pacte civil et politique :
“It is, of course, the Agreements of People that mark the apotheosis of the covenant idea and its complete and triumphant translation to the civile sphere: in the Agreements the covenenat’s every principle is represented: the recognition of a fundamental law (the law of nature for the law of Christ), which the terms of the contract must embody and by which alone they are conditioned; the idea of voluntary association and government by consent; the reservation of the individual’s inalienable rights, implicit in the church covenant and safeguarded by the power of withdrawal, but necessarily explicit in the Agreements (since the power of withdrawal is virtually non-existent in the civil state); the delegation of power, under due safeguards, to those who must act for the community; the elaboration of an ‘order’, or the necessary machinery of administration and of popular expression; (...) Behind the Agreements lies the belief in free and equal discussion which seems to have nourished by the more liberal forms of Puritanism, and which dominates the proceedings of the General Council of the Army”50.
27Ce serait une grave erreur que de ne pas prendre en compte le fait que, au sein d’un groupe de révolutionnaires puritains, le principe du consentement ne puisse descendre, indirectement, de la doctrine protestante du sacerdoce universel du croyant, et par conséquent refuse de toute autorité intermédiaire qu’elle éloigne le fidèle de la plus intense et intime expérience religieuse engendrée par le rapport direct avec Dieu ; non moins présente est la croyance en la progressive interprétation de la réalité, apanage éternel du croyant seul. La culture puritaine de ce siècle anglais, puis la doctrine de la liberté chrétienne, avec leurs thèses antinomiques, tendit à voir la foi en Dieu comme l’unique voie vers la liberté pour l’homme, mais tendit aussi à lui faire justifier une révolte sur la base de cette conscience :
“The ideas advanced and the methods adopted are everywhere the same: a primitive model of excellence to which institutions, corrupted by custom, must be restored, or a fundamental law into conformity with which they must be brought; the possibility of arriving through discussion at truth, that is, at a free and uncostrained recognition of what model and law demand, and hence of agreement therein; government resting on a contract and on consent; and implicit in it all - becoming explic it where necessary - the idea of egual rights, which is the distinguishing idea of democracy”51.
28Cela implique donc que les valeurs, même démocratiques, que les doctrines théologiques puritaines portent en elles, ne sont qu’un produit indirect et involontaire ou, comme l’on pourrait dire en philosophie, une hétérogenèse des fins. Mais ceci ne diminue en rien leur importance historique, ainsi que leur valeur aux plans civique et politique. Elles ont même peut-être contribué à expliciter les différents degrés de solidité de la démocratie dans les divers contextes culturels occidentaux. Mais ceci est une idée quelque peu sensible, et si bien controversée qu’elle pourrait peut-être nous amener trop loin...
Notes de bas de page
1 Pierpaolo Marrone, “Cittadinanza” dans Aa. Vv., Enciclopedia del pensiero politico. Autori, concetti, dottrine, diretta da R. Esposito e C. Galli, Roma-Bari, Laterza, 2000, p. 121; voir aussi le numero monographique de la revue Filosofia politica, n. 1 (2000), tout dédié à la citoyenneté.
2 Voir Isaiah Berlin, Four Essays on Liberty, Oxford, Oxford University Press, 1982, et naturellement De la liberté des anciens comparée à celle des modernes (1819) de Benjamin Constant.
3 Voir Norberto Bobbio, L’età dei diritti, Torino, Einaudi, 1992
4 Lawrence Stone, The causes of the English Revolution 1529-1642, London, Routledge and Keagan Paul, 1972
5 Mark A. Kishlansky, The Rise of the New Model Army. Cambridge, Cambridge University Press, 1979; Ian Gentles, The New Model Army in England, Ireland and Scotland. 1645-1653, Oxford, Blackwell, 1992.
6 Emile G. Leonard, Histoire du protestantisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1963 ; Quentin Skinner, The Foundations of Modern Political Thought. The Age of Refomation (vol 2), Cambridge, Cambridge University Press, 1978.
7 L’absolutisme de la dynastie Stuart remonte principalement aux theories du père de Charles I. Guillaune VI d’Écosse et I d’Angleterre: sur ce point, voir Charles H. McILWAIN (ed.), The political Works of James I, with an Introduction of C.H. McIlwain, Cambridge, Harvard University Press, 1918; Johann P. Sommerville (ed.), King James VI and I: Political Writings (Cambridge Texts in the History of Political Thought), Cambridge, Cambridge University Press, 1995; Lorenzo D’Avack, La ragione dei Re. Il pensiero politico di Giacomo I, Milano, Giuffrè, 1974.
8 Il est utile de rappeler que le Long Parlement a succédé au Court Parlement, convoqué et dissous par Charles Ier entre avril et mai 1640. Convoqué au début de novembre 1640, le Long Parlement resta en fonction jusqu’à la dispersion ordonnée par Cromwell en avril 1653, après que le 6 décembre 1648, il ait été « purgé» des éléments hostiles au pouvoir cromwellien. De toute façon on doit tenir en compte du fait que pendant cette période se déroulèrent beaucoup de by-elections (élections supplémentaires), qui permirent à plusieurs cadres du New Model de devenir aussi parlementaires (entre ceux-ci, les mêmes Ireton e Rainborough), alors que Cromwell l’était déjà à partir de l’an de la Petition of Right (1628).
9 Arthur S.P. Woodhouse, “Introduction” dans Id. (ed.), Puritanism and Liberty. Being the Army Debates (1647-49) from the Clarke Manuscripts with Supplementary Documents, Foreword by A.D. Lindsay, London, J.M. Dent and Sons Limited, 1951, pp. 14-20 ; cf également Michael Walzer, The Revolution of the Saints. A Study in the Origins of Radical Politics, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1965 et Ugo Bonanate (a cura di), I puritani. I soldati della Bibbia, Torino, Einaudi, 1975.
10 10 “L’unico partito della rivoluzione puritana che riuscì a superare la prevalente impostazione religiosa della lotta politica” : Vittorio Gabrieli, “Studio introduttivo” in Id. (a cura di), Puritanesimo e libertà. Dibattiti e libelli, Torino, Einaudi, 1956, p. xviii ; sur le mouvement des Niveleurs Henry N. Brailsford, The Levellers and the English Revolution, London, Cresset Press, 1961; sur l’origine du terme Niveleurs cf. Blair Worden, “The Levellers in History and Memory, c. 1660-1960” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647. The Army, the Levellers and the English State, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, pp. 280-282.
11 En ce qui concerne le rôle développé du Parlement, voir Conrad Russell. The Crisis of Parliaments. English History 1509-1660, Oxford. Oxford University Press, 1971 (trad. it. Alle origini dell’Inghilterra moderna. La crisi dei parlamenti 1509-1660, Bologna, Il Mulino, 1993, pp. 121-170).
12 12 Lorenzo d’Avack, Ordine e rivoluzione. Un dibattito ideologico nell’Inghilterra tudoriana, 1529-1558, Macerata, Università di Macerata, 1986, en particulier voir le chapitre sur le droit de résistance et les doctrines des premiers monarchomaques, pp. 63-1
13 Dans l’Académie anglaise il y a une polémique sur les origines sociales de la révolution anglaise, en particulier sur le rôle développé de la gentry, qui a vu comme protagonistes aucuns des principaux historiens des derniers dix ans: R.H. Tawney, H.R. Trevor-Roper, C. Hill, P. Zagorin, J.H. Hexter et L. Stone. Cette polémique a été, et est encore, de grande importance, contribuant à élever le niveau du débat sur l’épistémologie et la méthodologie de la recherche historique: voir Lawrence. Stone, op. cit. (trad. it. Le cause della rivoluzione inglese, 1529-1642 (1972), Torino, Einaudi, 2001, pp. 33 e sg.).
14 cf. Michael Mendle, “Putney’s pronouns: identity and indemnity in the great debate” et Barbara Donagan, “Army, state and soldier in the English civil war” in Michael MENDLE (ed.), The Putney Debates of 1647 cit., pp. 125-147 et 79-102.
15 “La collezione degli opuscoli fatta dal libraio Giorgio Thomason tra il raduno del Lungo Parlamento nel 1640 e l’incoronazione di Carlo II nel 1661 (ora al British Museum), quantunque incompleta, comprende più di 20.000 titoli (...)” [La collection faite du libraire George Thomason entre la réunion du Long Parlement en 1640 et la couronnement de Charles II en 1661 (maintenant au British Muséum), bien que incomplète, compte plus de 20.000 titres (...)]: George H. Sabine, A History of Political Thought, Holt, Rinehart and Winston, 1961 (III ed.) (trad. it. Storia delle dottrine politiche (1937), Milano, EtasLibri, 1998, p. 365, in nota).
16 En réalité les débats continuèrent jusqu’au 9 novembre 1647, mais il n’est pas resté de documentation sur les réunions suivant le 1er novembre.
17 Sur le “Pacte” qui fonde des valeurs dans la traduction occidentale, voir Ettore A. Albertoni, “Patto” dans Aa. Vv., Enciclopedia, vol. X, Torino, Einaudi, 1980, pp. 530-559.
18 Cf. Ian Gentles, “The Agreements of the people and their political contexts, 1647-1649” et Barbara Taft, “From Reading to Whitehall: Henry Ireton’s journey” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit, pp. 149e 179-181.
19 John Morril and Philip Baker, “The case of the armie truly re-stated” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit., pp. 103-124.
20 Barbara Taft, “From Reading to Whitehall: Henry Ireton’s journey” cit., p. 183.
21 “That as the laws ought to be equal, so they must be good, and not evidently destructive to the safety and well-being of the people”: Arthur S.P. Woodhouse (ed.), Puritanism and Liberty cit., pp. 443-444.
22 John G.A. Pocock, The Ancient Constitution and the Feudal Law: A Reissue with a Retrospect, Cambridge, Cambridge University Press, 1987.
23 Lesley Le Claire, “The survival of the manuscript” et Frances Henderson, “Reading, and writing, the text of the Putney debates” in Michael Mendle (ed.), The Putney Debates of 1647 cit, pp. 19-50.
24 Arthur S.P. Woodhouse, op. cit., pp. 53.
25 Ibidem, pp. 53-54.
26 Ibidem, p. 69-70.
27 Ibidem, p. 83.
28 Crawford B. Macpherson, The Political Theory of Possessive Individualism Hobbes to Locke, London, Oxford University Press, 1962, p. 3.
29 Macpherson souligne comme les deux catégories sociales étaient entendues d’une manière extensive, comprenant dans les mendiants tous ceux qui jouissaient de providences publiques et privées, et dans la catégorie des serviteurs chaque forme du travail subordonné, rétribué par un salaire: voir ibidem, pp. 133-189 et tout le précieux appendice statistique sur les classes sociales et les classes électorales placé à la fin du volume, pp. 311-328 (les pages sont de l’édition italienne).
30 Simon Maccoby, English Radicalism, vol. 5, London, Allen, 1955-1961.
31 Sur la figure du futur Lord Protecteur avant la dictature personnelle, cf. Oliver Cromwell, The Letters and Speeches of Oliver Cromwell with elucidation of Thomas Carlyle, notes supplement and enlarged index by S.C. Lomas, vol. 3, New York, Putnam, 1904; Charles H. Firth, Oliver Cromwell and the Rule of the Puritans in England, with an Introduction by G.M. Young, London, Oxford University Press, 1972; Christopher Hill, God’s Englishman: Oliver Cromwell and the English Revolution, Harmondsworth, Penguin, 1972; Maurice P. Ashley, Oliver Cromwell and the Puritan Revolution, London, The English Universities Press, 1972; Alfred Stern, Oliver Cromwell e la rivoluzione inglese, Genova, I Dioscuri, 1990; John Morril (ed.), Oliver Cromwell and the English Revolution. Harlow, Londgman, 1990; David L. Smith, Oliver Cromwell: Politics and Religion in the English Revolution, 1640-1658, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.
32 Ian Gentles, “The Agreements of the people and their political contexts, 1647-1649” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit., pp. 153.
33 Austin Woolrych, “The debates from the perspective of the Army” et Ian Gentles, “The Agreements of the people and their political contexts, 1647-1649” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit, pp. 73-78 e pp. 154-155.
34 Vittorio Gabrieli (a cura di), op. cit., pp. 151-164; in Tim Harris, “The Leveller Legacy: from the Restoration to the Exclusion Crisis” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit, pp. 219-240.
35 5 [Cromwell devait réprimer le parti des niveleurs qui, s’appuyant sur la Bible, voulaient établir l’égalité absolue, pas seulement politique, mais également des chances] Gaetano Mosca, Storia delle Dottrine Politiche, Bari, Laterza (III ed.), 1939, p. 193.
36 L’œuvre a été réimprimée en 1834 en édition classique oxfordienne
37 François Guizot, Histoire des origines du gouvernement représentatif en Europe, vol. 2, Bruxelles, Société Typographique Belge, 1851.
38 Blair Worden, “The Levellers in History and Memory, c. 1660-1960” et John G.A. Pocock, “The True Leveller’s standerd revisited: an afterword” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit., pp. 256-291
39 Charles H. Firth (ed.), The Clarke Papers: selection from the Papers of William Clarke, Segretary to the Council of the Army, 1647-1660, and General Monck and the Commanders of the Army in Scotland, 1651-1660, London, Office of the Royal Historical Society (Camden Society), 1891-1901, new series, vols. 49 54 61 62 (les débats se trouvent dans le premier volume, pp. 226-418); la série toute entière a été réimprimée à Londres et New York par la Johnson Reprint Company en 1965. En 1992 la Royal Historical Society a réimprimé séparément le premier et le deuxième volume avec une nouvelle introduction de Austin Woolrych.
40 Le volume est sorti à Londres chez l’éditeur J.M. Dent and Sons Limited. Une deuxième édition, avec de très petites variations, a été réimprimée en 1951; au contraire, une nouvelle édition, avec de significatives mises à jour, est sortie en 1974, avec de simples intégrations bibliographiques, en 1986 et en 1992, toutefois, laissant toujours inaltérée la magistrale introduction de Woodhouse écrite pour la première édition.
41 Dans l’édition du 1951 les annotations de Lindsay se trouvent toutes les deux à la page 3.
42 William Lamont, “Puritanism, liberty and the Putney debates” in Michael Mendie (ed.), The Putney Debates of 1647 cit., pp. 245-246.
43 Il s’agit de l’oeuvre collective préparée par Michael Mendie, de l’University de l’Alabama, laquelle on fait référence plusieurs fois dans cet essai.
44 Pour une vision de la culture politique des Nivelleurs et des Diggers, voir Walter Abbondanti – Robertino Ghiringhelli, Appunti sul pensiero politico inglese da Bacone alla Rivoluzione industriale, Introduzione di E.A. Albertoni, Milano, Cisalpino-Goliardica, 1978. pp. 41-52; voir aussi Antonino Recupero, Stato Provvidenza Utopia. Forme ideologiche nel Seicento inglese, Catania, Maimone, 1994.
45 Puritanesimo e libertà. Dibattiti e libelli, Torino, Einaudi, 1956, pp. 3-164. Oltre ai dibattiti di Putney del 1647, l’antologia comprendeva Il Patto del Popolo (1649), La giusta difesa (1649) di W. Walwyn, Libertà legali fondamentali (1649) di J. Lilburne, Il Piano della Legge della Libertà (1652) di G. Wintanley
46 Pour le texte en italien de la “Déclaration de Breda”, voir Ugo Bonanate (a cura di), op. cit., pp. 218-220; sur le republicanism anglo-saxon, voir John G.A. Pocock, The Machiavellian Moment.Florentine Political Thought and the Atlantic Republic Tradition (vol. 2), Princeton, Princeton University Press, 1975.
47 George M. Trevelyan, The English Revolution 1688-89, London, Butterworth, 1939.
48 Alexander D. Lindsay, Essentials of Democracy, London, Oxford University Press, 1929, pp. 11-24.
49 Arthur S.P. Woodhouse, “Introduction” cit., pp. 39-40 e sg.: L’auteur, par une thèse séduisante, parle du principe de ségrégation et de la force de l’analogie en référence aux deux domaines.
50 Ibidem, p. 76.
51 Ibidem., p. 80.
Auteur
Dottore di ricerca in Storia et Dottrina delle Istituzioni a l’Università degli studi dell’Insubria Facoltà du Giurisprudenza (Côme)
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