Citoyens et sujets de Rome : une vision lyrique
p. 61-82
Texte intégral
1Les thèmes romains, dans lesquels il convient d’inclure la « protohistoire » troyenne ou albaine, apparaissent tôt à l’opéra, avec les précurseurs florentins, puis Monteverdi, Cesti et Cavalli, à Venise puis dans toute l’Italie1, puis dans le reste de l’Europe, voire hors d’Europe2. La France cependant est ici en retard3 (excepté en ce qui concerne la « protohistoire » troyenne de Rome4), à l’inverse de ce qu’on peut constater pour la tragédie5 : on ne peut voir là une hostilité politique, précisément démentie par la richesse des tragédies romaines ; il faut plutôt y reconnaître un effet du goût français pour le grand spectacle6 à l’opéra : les sujets mythologiques ou exotiques (comme les Indes galantes par exemple) offrent à cet égard plus de possibilités qu’Horace ou Régulus. L’opéra s’empare de toute l’histoire romaine et ne néglige pas à ses origines des sujets que la censure du xixe siècle jugera subversifs et interdira, ou n’autorisera qu’avec difficulté : la chute des Tarquins ou des décemvirs, les Gracques, Marius, la mort de César, la chute de Séjan, et diverses usurpations7 : triomphe d’un double adultère et éclatante illustration d’une tyrannie impériale, L’Incoronazione di Poppea reste à cet égard un modèle8. Curieusement, bien que les librettistes aient généralement fait leurs humanités, que plusieurs d’entre eux, laïcs ou ecclésiastiques, soient membres d’illustres académies, et qu’ils soient aussi parfois juristes, ils oublient aussi volontiers le droit romain que les règles de l’onomastique romaine, particulièrement (mais non exclusivement) féminine9 : on a donc évité le titre, trop puriste, de « citoyens et pérégrins ». On relève néanmoins quelques éléments juridiques : la Grande Vestale rappelle au Grand Pontife son privilège de juridiction, Ben sai che il giudicar delle Vestali a me sola appartien10 ; Publio rappelle au consul les privilèges qui protègent le citoyen romain, même si ses propos évoquent plus l’habeas corpus que la prouocatio ad populum, Ei nacque in sen di Roma e libero ; Nè a ceppi mai soggiacque Un cittadin che i giudici Pria non dannar11 ; une autre Grande Vestale vante les privilèges de leur collège à Julia qui pleure sur son sort, En est-il de plus digne d’envie ? C’est à nous que Rome confie Du saint palladium le précieux trésor : les respects, les honneurs, enchantent notre vie ...Dans une paix profonde, Au sein du plus heureux séjour, Nous recevons les hommages du monde12 ; autre Vestale encore, mais secrète chrétienne, Rubria tente d’user de son droit de grâce pour sauver les chrétiens dans l’arène : Stende Vesta con me la man Che riscatta le vite, mais Néron lui aussi connaît son droit, ou prétend le connaître, Ave, o Vergine sacra. Scopri il volto, poi giura (Legge è di Numa) Che in questi rei Non qui ad arte t’imbatti, et quand Rubria proteste Una Vestale a giurar non s’astringe, l’empereur lui fait arracher son voile13 ; au mépris cette fois de tout droit, la Vestale va être livrée aux fauves ; d’autres citoyens romains périssent aussi dans l’arène, au lieu d’être décapités comme l’exigerait la loi : Murena pleure en imaginant la mort de Settimio, qu’il a pourtant injustement livré, Entra nel circo Ahi misero ! ...Cade fra belve ! ...Il piagano !...Fuma quel sangue !...E il popolo !.. Applaude a tant’orror !14 ; de même, alors que Corneille avait respecté le droit, le Polyeucte de Donizetti, accompagné ici par Pauline, meurt dans le cirque15.
2Le citoyen apparaît moins en tant que tel, individuellement, que par rapport à la cité. Rome, la souveraine, est un absolu, dès sa gestation dans la « préhistoire troyenne » : sacrifiée après les héros troyens (Hector, Andromaque, Astyanax, Cassandre), mais comme eux, pour que les destins s’accomplissent et que Rome puisse naître, Didon dans sa vision d’agonie découvre l’échec d’Hannibal, Des destins ennemis ... implacable fureur ...Carthage périra ! ... Rome ! Rome ...immortelle !, tandis que la marche troyenne, devenue marche triomphale romaine, étouffe les imprécations vengeresses des Carthaginois ; une première version du finale concluait plus brièvement Fuit Troia ! Stat Roma !16 Mais la citoyenneté romaine résulte d’une fusion, préparée par celle des Troyens et des Latins grâce au mariage d’Énée avec Lavinie (Ella è l’astro felice Che propizio risplende al mio disegno Per fonder nell’Italia un nuovo regno, soupire Énée, et Lavinia complète Il suo venir predisse Già da gran tempo il cielo ; e nel vederlo Il mio cor m’annunziò che meco a parte del mio letto sarebbe e del mio trono), prolongée par le mariage d’Ascagne, fils d’Énée et fondateur d’Albe, avec Emilia, fille d’un roi ennemi vaincu, ou avec Silvia, descendante d’Hercule (E la stirpe d’Enea occupi il mondo !)17. Dès Romulus, Rome est l’Urbs geminata des Troyano-Romains et des Sabins : à l’occasion des élections de 1765 à Lucques, Boccherini fait chanter à Romulus les futurs triomphes de Rome plus encore que la fusion des peuples, Un sacro nodo Delle donne Sabine e de’Romani Potrà le destre unir..., Sulla sicura sponda Roma il pié riposera, E pel sentier dei venti Cosi superba il volo Dall’uno all’altro polo L’aquila stenderà18 mais le premier Giacomo Puccini (trisaïeul de l’auteur de Tosca) insiste sur cette union qu’il fait chanter par deux jeunes Sabines, Sia pur Roma, il Tebro sia Di due popoli signor19. Une fusion néanmoins encore mal stabilisée sous Numa, Sabin orphelin par la faute de Rome et témoin du meurtre de Tatius, richiamando sempre nel pensiero Il furor d’un popolo nemico, Il malvaggio attentato e l’odio antico, et pourtant fasciné par l’Urbs, Ha Roma un certo Incognito poter, che mi disarma, La debolezza mia Io stesso non comprendo ! Mi governa un destin che non intendo ; fiancé à la fille de Romulus, il l’abandonnera pour la fille de Tatius par fidélité sabine, non sans hésitation, favellar non oso ...Non trovo più riposo, Più me non trovo in me20.
3Le Romain se doit tout à Rome : « à l’aube de Rome, sont jetés les fondements du caractère romain qui persistera, inchangé, jusqu’au déclin de Rome. Et d’abord l’obéissance aux dieux, dont Énée a donné un remarquable exemple. Mais si Polybe faisait de l’obéissance aux dieux la force principale de Rome, une autre force conjointe, tout aussi impérieuse, régnait dans l’âme romaine : la croyance en une divinité absolue : la Cité....
4Tout individu porte en lui la communauté tout entière »21. Ce service de Rome, le citoyen l’accomplit en quelque sorte domi militiaeque. Sa mission est celle de Rome, définie par Virgile, Tu regere imperio populos, Romane, memento. Hae tibi erunt artes, pacisque imponere morem, Parcere subiectis et debellare superbos22 : gouverner par l’imperium, mais aussi par la justice23 et le droit qui en découlent et qu’il faudra défendre : à Rome, dans les affaires intérieures ; dans les conquêtes, face aux sujets24.
I - A ROME
5Autant et plus qu’elle ne protège ses fils, la cité doit être protégée contre l’ennemi extérieur ou intérieur, par la discipline dont Valère Maxime faisait son égide, et qui permet de faire régner la justice et le droit : « sous sa garde repose dans un calme profond l’état de paix heureuse dont nous jouissons »25. Le citoyen ne peut laisser la cité déchoir : aux premiers temps de Rome, le vieil Horace se scandalise de la fuite de son fils, Ah, se morendo, s’ei prolungato Avesse almeno il gran cimento, L’aspro servaggio almen tardato Di Roma avrebbe qualche momento ! Sul padre antico, e sui Romani Di quel codardo l’onta piombò !26 Au soir de l’empire, Aétius s’afflige du déclin de Rome et se jure d’y remédier : Dagli immortali vertici Belli di gloria, un giorno, L’ombre degli avi, ah, sorgano Solo un istante intorno ! Di là vittrice l’aquila Per l’orbe il vol spiegò...Roma nel vil cadavere Chi ravvisare or può ?... E gettata la mia sorte, Pronto sono ad ogni guerra ; S’io cadrò, cadrò da forte, E il mio nome resterà. Non vedrò l’amata terra Svenir lenta e farsi a brano. Sopra l’ultimo romano Tutta Italia piangerà27.
6« Donner sa vie pour la patrie : cet idéal antique est devenu au fil des siècles un lieu commun. Rome en faisait, plus qu’un idéal d’utopie, une application constante... Cette « dévotion » -le mot dans sa force initiale est romain- aveugle et enthousiaste de l’individu à la collectivité dont il a conscience de tenir les destinées à bout de bras, procédait d’un véritable fanatisme patriotique, mais aussi d’une conception générale à Rome, d’essence religieuse »28. Pour sauver Rome, nul sacrifice n’est trop grand, et le citoyen s’offre à la mort d’un cœur joyeux. Roma ! E dovere amarla...Il vedi, in lei Noi, figli, amiam la madre,...E la madre amorosa, s’exclame Curtius, qui interdit de pleurer sur son sacrifice : Roma è salva, e si piange ? Può cotanto vil debolezza in voi ? Cessi quel pianto !...... Addio. Ma voi piangete ? Deh ! Non fate che il pianto A troppa debolezza a voi s’ascriva ! Il mio fato si compia, e Roma viva !29. Les opéras dont Régulus est le héros sont jusqu’ici inaccessibles30, mais le livret de Métastase met en relief cet héroïsme : Colpa sarebbe (explique Régulus) Della patria col danno Ricuperar la libertà smarrita ; Ond’è mio mal la libertà, la vita ; Virtù col proprio sangue E della patria assicurar la sorte : Ond’è mio ben la servitù, la morte ...La patria è un tutto, Di cui siam parti. Al cittadino è fallo Considerar se stesso Separato da lei. L’utile, o il danno, Ch’ei conoscer dee solo, è cio che giova O nuoce alla sua patria, a cui di tutto è debitor. Il repousse tous les efforts de ses enfants, du consul Manlius (naguère son ennemi, transformé en ami par l’admiration), et du peuple romain même pour le soustraire à son sort, Non è Romano Chi una viltà consiglia, et finit par se glorifier de ses chaînes et de sa mort prochaine, pour le salut de Rome : Queste mi fanno De’posteri l’esempio, Il rossor de’nemici, Lo splendor della patria : e più non sono, Se di queste mi privo, Che uno schiavo spergiuro, e fuggitivo ...Se giammai Minaccia al Campidoglio Alcun astro maligno influssi rei, Ecco Regolo, o Dei : Regolo solo Sia la vittima vostra ; e si consumi Tutta l’ira del ciel sul capo mio : Ma Roma illesa ...Ah qui si piange ! Addio. D’emblée il l’a affirmé : son retour à Carthage, donc sa mort, est nécessaire au redressement de Rome : Vendicatemi, o Padri ; io fui Romano. Armatevi, correte A sveller da’ lor tempi L’aquile prigioniere ...Fate ch’io là tornando Legga il terror dell’ire vostre in fronte A’carnefici miei ; che lieto or mora Neil’osservar fra’miei respiri estremi Come al nome di Roma Africa tremi31. Le jeune Horace, aspirant à être le champion de Rome, est prêt à mourir pour elle, Fate, pietosi Numi, Che possa in campo E in si bel giorno anch’io Per la Patria, versar Il sangue mio32. Captif des Cimbres, le consul Scaurus refuse toute grâce, et lance à son vainqueur Voyons qui de nous saura le mieux, Germain, Toi, me frapper en vrai barbare, Et moi mourir en vrai Romain33.
7Mais le Romain doit aussi être prêt, pour Rome, à sacrifier les autres, et même ses plus proches, comme Énée a quitté Didon, comme Romulus a sacrifié Rémus34. Horace sacrifie son ami : l’affetto antico Ricopra un vel d’obblio. O te svenar degg’io, O me svenar dei tu ! Di Roma sei nemico, Non ti conosco più, proclame en traduisant Corneille l’Orazio de Mercadante, tandis que celui de Cimarosa affirme Tu sei Albano, lo più non ti conosco35. Et il sacrifie sa sœur devenue l’ennemie de Rome : Sol di Roma veggo il nume Che m’accenna di ferir ... ; Tu pagherai, empia, col sen trafitto, La pena ben dovuta Al tuo delitto36. Et si Orazia meurt sans mot dire, Camilla, avant d’expirer, se repent : Roma, perdoni a me37. Pour que restent intactes et triomphantes la loi et la discipline de Rome, chacun, innocent ou coupable, finit par accepter le sacrifice le plus douloureux : Manlius Torquatus surmonte sa douleur de père pour condamner son fils, qui a combattu et vaincu malgré ses ordres : Adempiti alfin siete Di cittadin, di console e guerriero Sacri dover all’universo in faccia. Or vieni, o figlio, alle paterne braccia ...Addio, In questo estremo amplesso Ricevi, o figlio amato, D’un padre desolato L’alma, gli affetti, il cor. Lo sai ...Se ognor t’amai ...S’io t’amo, e ti condanno, Deh non chiamar tiranno, Ma giusto il genitor, et Manlius le jeune souscrit à sa propre condamnation, Se il mio tristo esempio Util tu credi alle Romane squadre, Lieto io pur son di tal sentenza, o padre38. Jusque sous l’Empire, cette noble sévérité persiste : informé de l’indigne conduite de Caligula, Germanicus s’apprête à sévir, Anche quel che governa Alle leggi è soggetto. Io di padre l’affetto Come consol depone. E sia punito Calligola s’è reo ; Caligula lui-même accepte cette sévérité, Padre, giusto tu sei. Mertan pena maggiore i falli miei39 Pères, maris ou fiancés se résignent à frapper la fille ou femme coupable : Ti prometto e giuro Che intrepido Roman, sposo, consorte ...Torcerò il guardo, e segnerò la morte, jure le consul Valerius à Fabius dont la fille, sa fiancée, est faussement accusée d’empoisonnement40 ; à Pompéi, le magistrat Sallustio se force à faire enterrer vive son épouse Ottavia, faussement accusée d’adultère et de « détournement de mineur », Il suo destino io vado A pronunciar. Vedrà la patria, il mondo, Come in mezzo al dolor, che lo tormenta, Sempre Sallustio il suo dover rammenta41 ; dans les diverses affaires de Vestales séduites, pères et confidents rappellent au respect des lois, Io custodisco, Non distruggo le leggi, proclame le consul Licinio ; Publio rappelle à Decio Deve a Roma un cor romano Immolar qualunque affetto42 ; Sempronio, père d’Emilia, affirme Mi troverà Romano, Non sentirò pietà43 ; les Vestales coupables elles-mêmes se résignent à se sacrifier : O paternelles lois ! Puisqu’un crime et les Dieux ont voulu que je sois, Vivante : la Défaite, et, morte : la Victoire ! J’accepte comme un don cette heure expiatoire44. Même quand la cité condamne injustement, le Romain doit obéir, et finalement renoncer à toute vengeance, tel Camille ou Coriolan45. Rome peut, et, en principe, doit sacrifier à la discipline non seulement les traîtres ou les vrais criminels, mais ceux qui sont coupables d’avoir agi pour son bien en désobéissant ; parfois néanmoins, l’opéra remédie à cette « excessive » rigueur des lois : le dictateur Papirius s’apprête à faire exécuter son maître de la cavalerie, Q. Fabius, qui a livré malgré ses ordres un combat victorieux ; il oppose aux prières l’offense à la patrie et à son honneur, Dell’onor mio rammenti, Pensa alla patria offesa46 ; sa fille Emilia, fiancée de Fabius, proteste contre cette « tyrannie », Il dittator tiranno Non sente, o Dio, pietà47 ; Fabius sera sauvé par la provocatio ad populum. A ce sauvetage historique48, l’opéra a parfois ajouté, en dépit de l’Histoire, celui du jeune Manlius, et de bien subversive façon : le Manlius de Nicolini repoussait avec indignation le secours de ses troupes révoltées, et Torquatus approuvait, Manlio è figlio di Roma ; io son contento ; le dénouement de Vivaldi est tout différent, et bien peu romain : Tito Manlio rejette un premier ultimatum des légions, Chi da legge a Roma ? Chi è console ? Chi regge ? Son io, son io. Del Romano popolo in quest’ora Padre e giudice sono, e il figlio mora, et son fils s’oppose aussi à toute révolte, mais le centurion Decio, à la tête des mutins, proclame Nostro è Manlio guerrier, non più di Roma ...Non si dee, gran Tito, a chi merta l’allor, la scure infame, et Tito cède, è il voler delle squadre legge alla legge ; in mano Chi tiene Roma, impero ha sul Romano.
8Si elle est sévère, Rome sait aussi récompenser les citoyens qui l’ont bien servie ; l’opéra présente volontiers des scènes de triomphe, qui permettent de déployer des mises en scène fastueuses, et de saluer, sous de transparents déguisements, les vainqueurs du moment : Napoléon en Licinius dans La Vestale de Spontini, Le trépas ou l’esclavage Allait être le partage Des enfants de Romulus ; Licinius de l’aigle altière Ranime l’audace première, Et nos ennemis sont vaincus, Wellington en Licinio dans La Vestale de Pucitta, Viva di Roma L’eroe guerriero, Del grande Impero Vendicator, Viva Licinio Il vincitor49 ; le triomphe de Severo dans Poliuto n’offre pas de tels sous-entendus, mais Severo, comme les héros des Vestales, découvre la perte de son amour au milieu des acclamations, Plauso all’inclito Severo, Lauri eterni alla sua chioma ; Egli è vita dell’impero, Scudo e brando egli è di Roma ; Crispo, fils de Constantin, ne rêve que d’épouser sa princesse captive, tandis que les chœurs célèbrent sa gloire, Dio dell’arme, in lui splendevi, Come stella che sfavilla, Onde in campo ...al par del lampo Seppe il prode trionfar. Per te, Gallia prigioniera Vide l’aquila più altera Dispiegar le invitte piume : Salve, o nume tutelar50. Parfois, il est vrai, la pompe romaine est traitée sur un mode burlesque : le sénat ordonne que Duilius, le consul vainqueur des Carthaginois, soit partout escorté d’un joueur de flûte qui devra aussi chanter Je célèbre la gloire immense Du grand consul Duilius, Le digne fils de Romulus, mais l’auteur de cette proposition, le sénateur Cucurbitus, craignant (à juste titre) le trop grand intérêt de Duilius pour son épouse Tulipia, a imaginé cet expédient pour être prévenu de toute approche51. Mais la cité doit aussi protéger plus sérieusement les bonnes mœurs : quand le jeune Ebuzio, poussé par Sempronio, son oncle perfide, vers le culte de Bacchus, se précipite a iniziar(si) ne’tremendi misteri di quel Nume, le consul Postumio, prévenu par l’amante d’Ebuzio, va découvrir le scandale des Bacchanales, et sauver Rome de ces turpitudes, et de la guerre civile qu’envisageaient Sempronio et son complice le prêtre Minio ; mais l’impitoyable répression décrite par Tite-Live est ici remplacée par une amnistie générale, à condition que les Bacchants retrouvent la voie de l’honneur, Siate Romani, e Roma II fallo scorderà, promet le consul52.
9La première obligation (et presque l’unique, tant elle résume les autres) du citoyen romain est en effet d’être digne de la cité, dont l’édile Q. Fabio Massimo résume l’austère vertu : Roma felice. Se povera, sarà ; coli’opulenza Non alberga virtù : se i figli suoi Avvezzi all’armi e a impietosir ne’tempi Seguiran l’orme degli aviti esempi : gli uomini iniqui e rei Son sempre, allor ch’hanno in obblio gli dei ! Se le madri e le spose I talami giocondi e i patri lari Illuminate da pudiche faci, Riscalderan con fervorosi baci ... Virtù, ti sclama in petto Genio roman feroce ! Del sangue tuo la voce Virtù ti suona in cor !53. Et l’ombre de Scipion l’Africain, accompagnée de celle de Paul-Emile, apparaît en songe à Scipion Émilien pour le guider sur la même voie et lui faire préférer la Constance à la Fortune : Quelle che vedi Lucide eterne sedi, Serbansi al merto ; e la più bella è questa In cui vive con me qualunque in terra La patria amò, qualunque offri pietoso Al pubblico riposo i giorni sui, Chi sparse il sangue a benefizio altrui. Se vuoi che ti raccolgano Questi soggiorni un di, Degli avi tuoi rammentati, Non ti scordar di me54. Ainsi Fabius Cunctator rappelle à l’honneur la foule effrayée par l’annonce du désastre de Cannes et prête à suivre un vieillard qui incite à la fuite : Vous écoutez ce lâche et vous êtes Romains ! Hors d’ici, toi qui dis de déserter la ville Et de fuir le combat comme un troupeau servile. Peut-on être un grand peuple et se croire perdu ? Pour répandre des pleurs, avez-vous répandu Tout votre sang en rouges fleuves ? Et, femmes, parmi vous n’est-il donc que des veuves ? Ce n’est point où je suis qu’Hannibal est vainqueur. Il ne passera pas, si vous avez du cœur ! Cette fidélité à Rome et aux ancêtres, on la retrouve plus loin, dans le dialogue entre Fabius et sa fille adoptive Fausta, quand la Vestale coupable comprend que sa mort seule assurera le salut de la cité : Sauras-tu bien mourir ? Le promets-tu, ma fille ?- Les Fabius n’ont pas de lâche en leur famille ! En vos bras je retrouve une âme de Romaine55. De même, peu importe aux légionnaires de se savoir voués à la défaite et à la mort, quand l’honneur est sauf et les aigles protégées, Qu’importe de mourir, Si c’est le fer au poing, en regardant en face Son ennemi vainqueur ?56.
10Il arrive cependant que le citoyen, avili, désespère de retrouver cette grandeur : ainsi Pétrone, dans une taverne de Suburre, récusant l’espoir de renouveau de Nevio, E puoi pensare Che nuove sorgano Leggi, a risollevare questa pleba Tanto trista, affamata e sempre oppressa ? Et le tableau que dresse Nevio lui-même est bien sombre, Come si può vivere ? ...Sentite...La tirannia, sistema...Vergogna, ozio, catene...Ogni virtù derisa...Sui rostri abbandonati Regna il vile silenzio Che i vivi ai morti uguaglia...Sepulcro tetro è l’Urbe ! Chi può dalla rovina Salvare Roma e il mondo ?57 Mais le citoyen qui a perdu sa dignité en s’abaissant au rang de sujet peut la retrouver par la mort : ainsi Sénèque, Amici, è giunta l’hora Di praticare in fatti Quella virtù che tanto celebrai58 ; ainsi Pétrone, dans Quo Vadis cette fois, qui veut faire de sa mort une apothéose sur laquelle le jour mourant effeuillera ses roses, tandis que Vesper allume enfin son flambeau d’hyménée.... Astre pur et radieux, Vesper qui luis aux cieux...59.
11Nous sommes là sous l’Empire. Mais l’opéra évoque la construction du pouvoir, la défense du droit et la manifestation de la citoyenneté dans toutes les étapes constitutionnelles, sans toujours nuancer selon les époques60, de la royauté archaïque à l’empire déjà byzantin. Les Tarquins sont rejetés comme tyrans, mais aussi comme Étrusques et usurpateurs, ce qui semble d’ailleurs revenir au même : Rome is now ruled by the Etruscan upstart, Tarquinius Superbus. How did Tarquinius reach the throne? By making his own virtues and his will Bend to the purpose of determined evil... So he climbed and married the king’s own daughter Whom he murdered, then married her sister, The self-seeking, self-appointed widow Who’d poisoned her first husband, the heir. Once joined in holy wedlock, they throttled the king, And now rule Rome by force and govern by sheer terror, Whilst their son Tarquinius Sextus... Treats the proud city as if it were his whore... When the Etruscan Princes conquered Rome, They founded the Imperial city, Building it in stone. And the Etruscan builders Watched the proud Romans sweat As they toiled in mountain quarry... Through all their art there runs this paradox: Passion for creation and lust to kill... And the whole city sulked in discontent, Hating the foreign aristocrats With their orgies and auguries And effete philosophies. There was whispering Behind shuttering And every stone that was thrown Spoke for the whole of Rome61. Et c’est au cri de Romans, arise ! See what the Etruscans have done ! que Brutus appelle les citoyens romains à l’insurrection. Le Brutus de Duncan et Britten n’est d’ailleurs pas le modèle des vertus civiques de l’historiographie traditionnelle : mari trompé, il hait Lucrèce pour sa vertu, et jalouse Collatin ; ambitieux, il suggère l’attentat à Tarquin pour prendre le pouvoir à la faveur des troubles, Destroyed by beauty, Their throne will fall. I will rule ! Cette conception a pu choquer : « Si Brutus s’était vraiment livré à ces menées sournoises pour s’arroger le trône, il semble que ses actes auraient été davantage ceux d’un tyran, tandis qu’il se comporta en parfait observateur de la légalité républicaine »62. Pourtant l’ambition de Brutus est révélée par l’anecdote de sa réaction à l’oracle de Delphes, et sa façon d’évincer Tarquin Collatin du consulat et de Rome même, sous prétexte que « le sang des rois au pouvoir entrave la liberté », et de faire exiler « tous les membres de la famille des Tarquins » (alors que sa mère Tarquinia était sœur du Superbe) peut donner quelques doutes63. Rien de tel dans la Lucrezia de Respighi64 ; Brutus « l’idiot » (stoltissimo, brutissimo, disent ses cousins royaux) se borne à suggérer que les épouses princières n’attendent pas leur mari en filant la laine, tout en proclamant la chasteté de Lucrèce ; s’il déclenche le drame, c’est, semble-t-il, involontairement. Mais ce n’est pas par hasard que Lucrèce, avant l’arrivée de Sextus Tarquin, raconte à ses suivantes l’histoire de Didon, et la fuite d’Enée a nuova patria, a più splendido imperio, se lo vogliono i Numi ... Cuore di bronzo, triplice bronzo, gli eroi, commente Venilia, en soupirant sur la mort de la reine, senza amore non poteva vivere ... ; mais Lucrèce rectifie, No, senza onore ; è più grande miseria ; les deux sacrifices sont ainsi reliés à travers les siècles, celui de la reine et celui de la citoyenne romaine, mais si Didon restait sans vengeur, le souhait de vengeance de Lucrèce (date le destre e la fede che voi mi farete vendetta) sera exaucé ; Brutus le premier jure de combattre la race du Superbe, nè patirò che un Tarquinio o altri in Roma più regni ; conduits par une Voix qui est à la fois celle de Rome et du destin, Collatin, Valerius et le père de Lucrèce choisissent Brutus pour chef afin de chasser les tyrans : Libertà ! A Roma !
12Le citoyen va défendre la liberté nouvelle de Rome face à Porsenna, l’allié de Tarquin : Horatius Coclès, Clélie, Mucius Scaevola rivalisent d’héroïsme65, surmontant leurs sentiments pour l’honneur de Rome : mio cor, pria ti ricordi d’esser Romano, adempi alle leggi d’onor ; pria con la patria usa il dover di cittadino ; ils impressionnent si bien l’envahisseur que, malgré sa victoire, il renonce à soumettre Rome : Eccessi di virtù son quest’alme Romane ! ...Sù quel ara fumante implacabile sdegno, giuro a Tarquinio e alla sua stirpe ! E giuro a voi, Romani invitti, pace, difesa e libertà !66.
13Mais les citoyens commencent à se déchirer entre eux, patriciens et plébéiens s’affrontent ; la plèbe rend hommage à Siccius Dentatus assassiné, Quai frangono l’aere mestissime note ! ... Di Siccio Dentato al cenere muto L’estremo si rende funereo tributo, tandis que le décemvir Appius Claudius, véritable maître de Rome, convoite la plébéienne Virginie, Non basta a me del Tebro Curva la fronte e doma, Virginia al par di Roma Piegar si deve a me67 ; il ne redoute pas la colère de la foule, i susurri del volgo non pavento68, et tente d’éloigner le fiancé de la jeune fille, le tribun Icilius, en l’envoyant à l’armée, illégalement, comme préteur, Si opporrebbe, è ver, la legge, L’uom plebeo d’alzar cotanto, Pur talvolta può chi regge La virtù guardar soltanto, mais Icilius déjoue le piège et refuse, Non a Roma, ch’egli adora, A te nega d’obbedir L’uom plebeo ...che fe’talora Il patrizio impallidir69 ; le décemvir alors fait assassiner son rival, et prétend que ses amis l’ont frappé parce qu’il aspirait à la royauté, ce que chacun se refuse à croire, Re di Roma ? Ah no ! Straniero Era ad esso il rio pensiero ! Sol per Roma, sol per noi Tutto ei disse, tutto osò !70. Verginius devra tuer sa fille pour la sauver du déshonneur, mais les décemvirs seront renversés et leur chute rendra aux citoyens leurs droits.
14A mesure qu’on avance dans l’Histoire, le citoyen est de plus en plus entraîné dans les luttes pour le pouvoir ; Sylla ainsi triomphe, Vinto Mario e serva Roma, doppio alloro alla mia chioma or mi vedo a scintillar71, mais conduits par la fille de Marius, ses adversaires (curieusement transformés en nobili) invoquent l’aide des ancêtres, Fuor di queste urne dolenti, Deh n’uscite, alme onorate, E sdegnose vendicate La Romana libertà ; Sylla finalement renonce à son pouvoir, Più dittator non son, son vostro uguale. Ecco alla patria resa La libertade72.
15Même dans les tumultes des guerres civiles, les citoyens romains n’oublient leur qualité ni face aux autres partis, ni face aux étrangers : Cornélie, veuve de Pompée, repousse avec dédain les avances d’Achillas et de Ptolémée, Una Romana sposa ad un vil Egizio ?... Scostati, indegno, e pensa Che Cornelia è Romana73 ; César, prenant sous sa protection les fils de Pompée, leur rappelle qu’un Romain est digne dans la douleur, L’ombra vagante Coll’onor del sepolcro placherò di Pompeo. D’esser Romani Ripensate però74. A Utique, Caton retrouve les mots du Sertorius cornélien75 dans un cri d’hybris, Roma non sta fra quelle mura. Ella è per tutto Dove ancor non è spento Di gloria e libertà l’amor natio. Son Roma i fidi miei, Roma son io ; il prétend dicter à César d’impossibles conditions de paix, Lascia dell’armi L’usurpato comando ; il grado eccelso Di dittator deponi, e come reo Rendi in carcere angusto Alla patria, ragion di tuoi misfatti...Non dubitar ch’allora Sarò tuo difensore76 ; il se veut, même seul, défenseur de la liberté romaine, et seul digne du nom de Romain, Va, ritorna al tuo tiranno, Servi pur al tuo sovrano, Ma non dir che sei Romano Fin che vivi in servitù77. César souhaite rétablir paix et concorde, et (malgré l’Histoire) pardonne à ses ennemis, romains ou non, pour la grandeur de Rome : Con mille e mille abbiamo Il trionfar comune, Il pardonar non già, questa è di Roma Domestica virtù78, Io general perdono A’nemici concedo, Nè fuor che fede, altro di lor richiedo79. Avant même de devenir Auguste, Octave aussi saura pardonner, pour ramener la concorde, A giusta morte Condannarlo io dovrei, Se giudice sol fossi, e delle leggi Esecutor severo ; ma in rammentar, che sono Di Cesare figliuolo, io gli perdono : la rigueur romaine cède devant l’horreur des guerres civiles80. Auparavant, les triumvirs s’affrontent et se reprochent mutuellement de rabaisser la dignité de Rome et de ses citoyens ; pour le Marc-Antoine de Scarlatti, è scritto in ciel l’alto decreto : Non puo petto gentil soffrir l’ingiusto Oprar d’Ottavio, che s’appella Augusto ; fumano ancor le ceneri di Julio, E di Crasso e Pompeo sospiran l’urne...Ei superbo s’abusa E, senza fede, La gloria degl’eroi calca col piede81. Le Marc-Antoine de Massenet est d’abord un Romain fidèle, Des colonnes d’Hercule aux montagnes d’Asie, le soleil rayonnant n’éclaire désormais que des terres romaines. Le triumvir Octave a vaincu l’Occident, moi, j’ai dans l’Orient asservi la victoire...Rome est la plus forte et sa gloire à jamais rayonne sur le monde ; puis, asservi à son tour par Cléopâtre, il renie sa patrie, Que le monde romain s’ensanglante et périsse, que je sois traître à Rome, à ma gloire, au devoir ...J’accepte tout pour garder Cléopâtre82 ; même métamorphose chez La Rosa Parodi, io sono soldato di Roma cède à non ricordarmi più d’essere Antonio83 ; chez Lauro Rossi, Antoine meurt en Romain, Vedrà la patria, vedran gli Dei Che da Romano saprò morir, tandis qu’Octave murmure Non basta a me l’impero d’Occidente, Che ho di Cesare il sangue e insieme il cor ; i miei sguardi son fissi all’Oriente, Di sua gran luce attratti allo splendor ! In quella vaga ragion beata Spiegare il suo poter Roma non può Se la spada fatai non sia spezzata Che a doppia punta due rivali armò84. Quant à Sextus Pompée, il rêve de détruire l’hydre à trois têtes du triumvirat, O perchè non poss’io Di quest’idra triforma Tutti troncare ad un sol colpo i capi85. Sous l’Empire, les luttes pour le pouvoir continuent, et des citoyens parfois naïfs y sont entraînés, tel Sesto manipulé par l’ambitieuse et rancunière Vitellia (È la gloria il tuo voto ? Io ti propongo la patria a liberar. Sei d’un illustre ambizion capace ? Eccoti aperta una strada ali’impero) ; parce que le prince doit rester digne de Rome, Titus pardonne86. Sous Justinien encore, des Romains devenus « byzantins » restent fidèles aux antiques principes : un songe a révélé à Bélisaire que son fils ébranlerait l’empire, et il a donné l’ordre d’immoler le bébé, Della patria Crudo mi fè il periglio. Mandò natura un gemito...È caddè estinto il figlio ! Accusé à tort, exilé, aveuglé, il reste inébranlable dans sa fidélité : quand « Alamir », le prisonnier devenu officier (et qui n’est autre que son propre fils), veut le venger sur l’empire (Trema, Bisanzio, sterminatrice Su te la guerra discenderà !), l’ancien général s’indigne, D’ingiusta guerra far strumento il mio nome ! E Greco sei tu !87.
16D’un bout à l’autre de l’Histoire, la virtus romaine doit triompher. Dans un seul cas, le citoyen romain peut légitimement désobéir à la loi : c’est lorsqu’il devient chrétien : dunque tiranno è Augusto ? demande Claudio à Adriano, qui rétorque E idolatro, e cio basti ; mais il accepte nécessairement sa mort, qui peut seule résoudre le conflit de devoirs ; le chrétien n’est d’ailleurs pas ennemi de Rome elle-même, mais seulement de l’idolâtrie88 : Nazareno Sono, ma pur Romano, proclame Acilio, E rispondo all’insulto : Morendo bene, a Cesare sia noto Che due volte Romano è il Cristiano89.
II - HORS DE ROME
17« Dégoûtée d’une puissance qui ne serait pas légitime et renversant les bases de son impérialisme, Rome a mis délibérément sa force au service de la justice, suivant les paroles de César dans la harangue qu’il adressa, en 49 av. J.-C, aux mutins de Plaisance...C’est la raison pour laquelle, seul entre tous, son empire s’est enraciné dans les cœurs »90. Hors de Rome, toutes époques confondues, le citoyen doit réaliser la mission virgilienne, parcere subjectis et debellare superbos, commentée, paraphrasée, voire simplement traduite dans maints livrets : vainqueur à Palmyre, Aurélien proclame Romani, ...Come in battaglia prodi, Pronti l’ire a depor, se cessan l’armi, Il vinto si risparmi, E si faccia per voi noto alla terra Che Roma è grande in pace, e grande in guerra. Cara patria, il mondo trema Se coll’armi abbatti i troni, Ma t’adora allor che doni Pace ai vinti, e libertà91. Rome perdona ai vinti, E a debellar s’accinge Solo i superbi, et Questi fur sempre I dolci del mio cor voti primieri, Amar gli oppressi e debellar gli alteri, affirme Scipion l’Africain92. La citation n’est pas réservée aux héros : Marzio, le peu sympathique tribun de Mitridate, en fait aussi sa devise, Da chi ti volle oppresso Già la superbia è doma, Mercè il valor dì Roma93.
18Debellare superbos : Rome intimide et impressionne même ses ennemis : le désintéressement et la droiture de Fabricius firent plus, dit-on, que la fortune des armes pour faire quitter l’Italie à Pyrrhus, qu’il avait refusé d’empoisonner et qui lui rendit des prisonniers sans rançon ; Popilius Laenas, envoyé porter un ultimatum au roi Antiochos, exige une réponse immédiate et en attendant « enferme » le roi dans un cercle tracé avec sa canne : l’opéra n’a pas manqué d’évoquer Fabricius ou Popilius, dans des compositions oubliées94. Mais Rome se veut aussi libératrice : le consul T. Quinctius Flamininus (qu’une vieille erreur tenace appelle Flaminius) proclame à Corinthe, aux Jeux Isthmiques de 196, la liberté de la Grèce, le peuple grec « exempt de garnisons, libre, dispensé d’impôts, indépendant sous ses lois nationales » ; en 1801, quand le Premier Consul se pose aussi en libérateur, l’opéra célèbrera « Flaminius »95. Parcere subjectis : Paul-Emile tient à peu près le même langage, Divenga un nome solo Di Roma e Grecia il suolo. Nè sia fra noi distinto Dal vinto il vincitor96.
19Le conquérant romain, d’ailleurs, veut aussi conquérir les cœurs, même si son affection est parfois impérative et menaçante : Se voi sprezzate Il mio pietoso amore, Nel giusto mio rigore Io vi farò tremar, dit Trajan à Décébale et à son épouse97. Mais Lucejo, quand Scipion lui a rendu sa fiancée Bérénice, accepte volontiers l’alliance romaine, In testimon io chiamo Giove, e gli eterni Numi, Che la mia vita e il regno A Scipion e a Roma In guerra e in pace impegno98. César « libère » l’Egypte en donnant le trône à Cléopâtre, Goda pur or l’Egitto In più tranquillo stato, la prima libertà : Cesare brama Dall’uno al altro polo Ch’il gran nome Roman spanda la fama ; lucide, la reine connaît et accepte sa véritable position : Cesare, questo regno è sol tuo dono. Tributaria regina, Imperator t’adorerò di Roma99. Claude fait grâce aux Bretons de Caractacus, By the Gods, they shall not die; Their blood would curse the ground to which it grew. We grant you grace... Brave chieftain, all thy suff’rings are o’er; Dwell here in Rome, and by the Emperor’s side Find safety, peace and rest for evermore... Et Caractacus et les siens acceptent cette paix, Grace from the Roman ! Peace and rest are ours, Freedom is lost, but peace and rest remain; Britain, farewell! thro’ all the ling’ring hours, Hope, mem’ry, love shall hide our golden chain100. Aurélien rappelle à Arsace qu’il fut l’allié de Rome, qui est prête à l’accueillir à nouveau, Pensa che festi a Roma Tal giuramento in prima, Che il Tebro lo sentia, Nè il Tebro lo scordò ; Arsace dénonce d’abord cette alliance qui lui fut imposée, Roma rammenti ancora Come l’ottenne e quando ! Lo domandò col brando, Col sangue lo segnò, mais la clémence d’Aurélien prévaudra, Liberi siete ed a regnar tornate, Copra un eterno oblio Ogni passato error ; Arsace revient, cette fois sincèrement, à son alliance ancienne, Amico a te son io, Sarò Romano in core : Serbi il gran voto amore Che le nostr’alme uni101. Un dialogue presque identique oppose Hadrien au roi parthe Osroa, Oppresso e vinto T’invito, t’offerisco Di Roma l’amistà — Si, questo è il nome, Empi, con cui la tirannia chiamate ; Ma poi servi ne siam, e voi regnate ; mais c’est en silence qu’Osroa bénéficie de la clémence impériale, Ad Osroa io dono E regno e libertà102. Prisonnière de Constantin (qui s’est d’ailleurs épris d’elle) la Franque Ildegonde s’apprête à le tuer, car Maximien (pour reprendre le trône) l’a persuadée que l’empereur tramait la mort de son époux Ascaric, prince goth ; mais Constantin domine son amour, pardonne, et promet de rendre à Ascaric son trône ancestral, Tu non conosci Appieno il cor di Costantino ... Va ! Ti rendo e patria e trono ! Torna in braccia a chi t’adora... Quà giunto, I suoi lacci sciorrò ; sul trono avito Forse ancor regnerai con Ascarico. A conoscer impara il tuo nemico, et la princesse à son tour le sauve du complot103.
20Bien avant l’édit de Caracalla de 212, Hadrien considère Rome sinon comme la patrie commune (une formule qui sera courante au ve siècle), au moins comme la mère commune : Madre comune D’ogni popolo è Roma, e nel suo grembo Accoglie ognun che brama Farsi parte di lei. Gli amici onora, Perdona a’vinti, e con virtù sublime, Gli oppressi esalta ed i superbi opprime104. On rêve volontiers de nouvelles fusions par mariage. Le proconsul Pollion se voit épousant la Gauloise Adalgisa, Meco all’aitar di Venere Era Adalgisa in Rome, Cinta di bende candide, Sparsa di fior la chioma ; Udia d’imene i cantici, Vedea fumar gl’incensi ... ; confiant ses enfants à Adalgisa, Norma imagine les fils de celle-ci accédant aux faisceaux, c’est-à-dire au consulat, Deh con te, con te li prendi, Li proteggi, li difendi. Non ti chiedo onori e fasci, A tuoi figli ei fian serbati105. Crispo, fils de Constantin, obtient d’épouser une princesse gauloise : Figlia di prence è Irella. Quanto me stesso io l’amo ! Costei consorte io bramo : Donala a me in tal di106. Divers empereurs rêvent de mariages avec leurs alliées ou leurs ennemies vaincues : Lucius Verus, pourtant fiancé à la fille de Marc-Aurèle, Lucilla, soupire pour Bérénice, femme du roi parthe Vologèse107, Hadrien (malgré son engagement envers Sabine) s’éprend d’Emirena, fille d’Osroa et fiancée du prince assyrien Farnaspe, et bien sûr Titus rêve de Bérénice, car tout l’éclat d’un triomphe romain Ne vaut pas le baiser de deux êtres qui s’aiment108. Chez Graun, César épouse Cléopâtre dans la liesse générale : E ti prometto Sotto il ciel Romano Un impero maggior nella mia mano. Resta sol che l’Egitto Sua Regina e mia sposa t’onori, déclare l’imperator, et tous de répondre E i nuovo suoi monarchi il mondo adori. Lieta viva la sposa amorosa Coll’Augusto Monarca sul trono ; que César et Cléopâtre soient tous deux déjà mariés ne semble gêner personne. Il est vrai que, poussé peut-être par un vague souvenir de droit romain, le librettiste a imaginé une lettre de César au sénat, in ceppi Tolomeo, sol Cleopatra A superar restava. Unico mezzo Per si grand’acquisto E la fallace speme, Che le dono di sposo. Il Tebro dunque Ambi in breve vedrà co’lor tesori Seguir il mio trionfo ; cette lettre tombe aux mains de Cléopâtre et suscite une violente querelle, mais César affirme n’avoir voulu tromper que le sénat, et le mariage est célébré...109. Tout cela, quand il s’agit de iustae nuptiae, est bien sûr juridiquement fantaisiste, et les réserves de Rome sont d’ailleurs parfois exprimées avec fermeté : Pensa soltanto Che Roma non accorde a’cittadini Le regine sposar, dit Arsace à Cléopâtre, et Lentulus fait à César le même rappel, Non soffrira il senato Che una Barbara ottenga Il tuo soglio110. Flavius rassure l’inquiète Lucilla, Lucius Verus ne pourra épouser Bérénice, car Roma non soffre al suo misto il sangue straniero111. Et la populace romaine chante, sous les fenêtres de Titus, Deux rois ont passé dans sa couche, Et, par Hercule, ils en sont morts, pour manifester son hostilité à Bérénice ; on connaît le dénouement, Tito ha l’impero E del mondo, e di se. Già per suo cenno Berenice parti112. Quel que soit leur rang, les citoyens romains n’épousent pas les sujettes de Rome.
21Les sujets, bien sûr, sont parfois rebelles ou du moins réticents. L’opéra s’est volontiers intéressé aux grands ennemis de Rome113 : Sophonisbe faisait passer Masinissa de l’alliance romaine à celle de Carthage et soupirait avec lui Una soave calma Nascere in cor mi sento, Scende a bearmi l’alma Dolce tranquillità114 ; Mithridate grondait Il terribil acciaro riprendo, o figli, E da quest’erme arene cinto d’armi e di gloria, L’onor m’affretto a vendicar del soglio, Ma non già su Pompeo, sul Campidoglio115 ; Vercingétorix refusait l’amitié de César et l’alliance romaine, La Louve, même en minaudant, Montre les dents Et menace !...Depuis six ans déjà, Sans répit, Rome ravagea Nos villes et nos champs et pilla nos javelles ; et sans remords elle égorgea Femmes, vieillards, guerriers, enfants à la mamelle, par milliers et milliers ! ... (la paix) Ah’j’en connais l’implacable formule, Obéir Ou périr. C’est la paix sinistre de l’ergastule Ou le silence des déserts Que Rome étend comme un linceul sur l’univers116; les druides de Boadicée imploraient les dieux de Bretagne, Hear, ye Gods of Britain, Hear us this day, Let us not fall the Roman eagle’s prey, Clip their wings, chase them home, And check the tow’ring pride of Rome ...Divine Andate, president of war, The fortune of the day declare, Shall we to the Romans yield, Or shall each arm that wields a spear, Strike it through a massy shield, And dye with Roman blood the field117? Attila menaçait, Vanitosi ! Che abbietti e dormenti Pur del mondo tenete la possa, Sovra monti di polvere e d’ossa Il mio baldo corsier volerà. Spanderò la rea cenere ai venti Delle vostre superbe città118, et si, vaincu, il feignait d’accepter la paix et l’amitié offertes par le vainqueur, c’était pour mieux préparer sa revanche, Poi vedrai chi sono, ma sarà tardi allor !119.
22Avec le même intérêt, voire parfois la même sympathie, l’opéra présente aussi les sujets malcontents : Orovèse et les druides de Norma voudraient purger la Gaule des aigles romaines, Ah ! del Tebro al giogo indegno Fremo pur e all’armi anelo...Ma il furore in se si covi...Guai per Roma allor che il segno Dia dell’armi il sacro aitar...Guerra, guerra ! ...Come biade da falci mietute Son di Roma le schiere cadute. Tronchi i vanni, recisi gli artigli, Abbattuta ecco l’aquila al suol ; Norma ne les retient qu’en prophétisant l’échec d’une rébellion mais aussi l’inéluctable chute de Rome, di Roma affrettar il fato arcano ? Ei non dipende, no, Da potere umano !... Io nè volumi arcani leggo del cielo : In pagine di morte Della superba Roma è scritto il nome. Ella un giorno morrà, Ma non per voi : Morrà pei vizi suoi, Qual consunta morrà120 ! Arbacès a la nostalgie de l’indépendance égyptienne, della corona egizia, Roma s’ornò fastosa ; Balda sulle piramidi Or l’aquila si posa ; Ma se degli anni il turbine Quella corona ha sperso, Per tutto l’universo Sudditi Arbace avrà121. Vestapor le Gaulois veut sauver la Vestale Fausta pour empêcher le salut de Rome, Moi... qui fus témoin du crime et qui pourrais tout dire... Je subirais le martyre Plutôt que de livrer la Vestale aux Romains ... De son destin Dépend le destin de la guerre : Le salut des Romains à sa perte est lié ; Vestapor, qui a deux fils, deux héros, dans l’armée africaine, attend la victoire d’Hannibal, Peuples vaincus, levez la tête ! Rome est en pleurs ! Rome est défaite ! Eveillez d’un cri triomphal Les révoltés et l’espérance, Voici le jour de la Vengeance ! Brennus renaît dans Hannibal !... Rome enfin doit périr122. Cléopâtre maudit Rome lorsqu’Antoine épouse Octavie, Trema, o Roma, il tuo sole splendente Quando un giorno eclissar si vedrà, Dalla terra, tua schiava fremente, Maledetto il tuo nome sarà123 ; après Actium, elle redoute d’être traînée au triomphe du vainqueur, E pur Cesare ha vinto E l’aquile Romane nella regia d’Egitto Ferman superbe il nobil volo altero. Dunque al latino impero Andrà Cleopatra ad illustrar gl’allori124 : une idée qui la fait frémir d’horreur, Shall they hoist me up And show me to the shouting varletry Of censuring Rome ? Rather a ditch in Egypt Be gentle grave unto me ! Rather make My country’s high pyramides my gibbet And hang me up in chains125 ; à son dernier moment, elle se réjouit d’avoir pu tromper Octave, Pur, nel morir, deludere Posso un Romano ancora, Contro gli estinti, Cesare Incrudelir non può126. Arminius enfin, chez Haendel, refuse toute soumission à Rome, Prima che Arminio pieghi La fronte al latin soglio, e che rinieghi E patria, e sangue, e Dei, morrà frà strazi ; son beau-père Ségeste au contraire est passé aux Romains, Se Arminio oggi non piega A ricever da Roma e legge e pace, Colla sua testa pagherà l’orgoglio ; che aver non può, mentre che Arminio vive, pace con la Germania il Campidoglio ; les deux hommes s’affrontent durement, Ségeste veut la paix, Il dar pace alla patria, deh, fia tua gloria ; pour Arminius, ce serait un déshonneur, Gloria ? Il renderla schiava ad un giogo tiranno ?127 Mais Biber, dans son unique opéra, n’hésite pas à nous montrer Arminius faisant hommage à Tibère, Io ravviso, oh Tiberio, Ch’è volere de’Numi Ch’abbia Roma l’imperio. Il tutto cede Arminio A quello, e ancora gli giura fede, un hommage que Tibère accepte et récompense, Per amici vi prendo, E libertà col regno ecco vi rendo128.
23Enfin on évoquera à la fois l’autosatisfaction des Romains et les acclamations fort peu sincères de la foule sujette, dans Hérodiade : Romains ! Nous sommes Romains ! A ce nom seul le monde entier frémit de crainte. Devant Jérusalem, devant la cité sainte, Arrêtons-nous en souverains ! Nos aigles d’un coup d’aile étendent notre gloire A travers la plaine et les mers, Et nous parcourons l’univers En marquant tous nos pas avec une victoire ! Nos fronts ont l’auréole Des Césars triomphants ! Nous monterons au Capitole ! Romains ! Nous sommes Romains ! Et la foule des Juifs qui peu de temps auparavant s’apprêtait à la révolte avec Hérode (Aux Romains orgueilleux de nous avoir soumis Faisons une guerre sacrée !), face aux légions acclame, Hérode, gloire à toi ! Gloire à toi, Vitellius129 ! Pompier ? Assurément. Mais en montrant à la fois l’orgueil du citoyen et la (feinte) soumission des sujets, cette scène résume assez bien notre propos. Elle nous permet en outre de saluer à la fois Toulouse, en jouant sur la pluralité des Capitoles, et Lyon puisque, selon la tradition, Hérode et Hérodiade exilés seraient morts à Lugdunum (bien qu’à la vérité ce Lugdunum soit plutôt celui des Convènes, Saint-Bertrand de Comminges)...
Notes de bas de page
1 Caccini, M. da Gagliano et Peri, intermèdes d’Il Giudizio di Paride de M. Buonarotti, Florence, 1608 ; Monteverdi, Le nozze d’Enea con Lavinia, Venise, 1641, L’incoronazione di Poppea, Venise 1642 ; Cavalli, Didone, Venise, 1641, Scipione Affricano, Venise, 1664, Mutio Scevola, Venise, 1665, Pompeo Magno, Venise, 1666, Eliogabale, Venise, 1667/8 ; Cesti, Cesare amante, Venise, 1664, Il Tito, Venise, 1666 ; P.A. Ziani, Annibale in Capua, Venise, 1661, Attila, Venise, 1672 ; M.A. Ziani, Caio Popilio, Venise, 1704 ; Boretti, Eliogabalo, Venise, 1668, Marcello in Siracusa, Venise, 1670, Claudio Cesare, Venise, 1672 ; Legrenzi, Germanico sul Reno, Venise, 1676, Publio Elio Pertinace, Venise, 1684 ; P.S. Agostini, Il ratto delle Sabine, Venise, 1680 ; G. Bononcini, Tulio Ostilio, Rome, 1694, Muzio Scevola, Rome, 1695 ; Landi, Il Sant’Alessio, Rome, 1632 ; Tenaglia, Il Giudizio di Paride, Rome, 1656 ; A. Scarlatti, Pompeo, Rome, 1683 ; Monteverdi revu par Cirillo, Il Nerone (révision de L’incoronazione di Poppea), Naples, 1651 ; Cirillo, Il ratto d’Elena, Naples, 1655 ; Provenzale, Il Martirio di San Gennaro, Naples, 1664 ; A. Scarlatti, Nerone fatto Cesare, Naples, 1695, Scipione nelle Spagne, Naples, 1714 ; D. Scarlatti, Ottavia restituita al trono, Naples, 1703 ; Lonati, Scipione Africano, Milan, 1692 ; G. Bononcini, L’arrivo della gran madre degli Dei in Roma, Milan, 1713 ; J. Melani, Enea in Italia, Pise, 1670 ; Albinoni, Lucio Vero, Ferrare, 1713 ; Bassani, Alarico re de’Goti, Ferrare, 1685, Il Cocceio Nerva, Ferrare, 1691 ; Pollarolo, Tito Manlio, Florence, 1696 ; A. Scarlatti, Lucio Manlio l’imperioso, Pratolino, 1705 ; Caldara, Paride sull’Ida ovvero Gli amori di Paride con Enone, Mantoue, 1704, Arminio, Mantoue, 1705.
2 Cesti, La Cleopatra (révision de Cesare amante), Innsbruck, 1654, Il Pomo d’Oro, Vienne, 1667. Bontempi, Il Paride, Dresde, 1662 ; Steffani, Marco Aurelio, Munich, 1681, Arminio, Düsseldorf, 1707 ; J.H. Kusser, Julia, Augsbourg, 1678 ; J.W. Franck, Aeneas der trojanischen Fürsten Aukunge in Italien, Hambourg, Marché aux Oies, 1680, Vespasianus, Marché aux Oies, 1681, Diocletianus, Marché aux Oies, 1682 ; Keiser, Der beydem allgemeinem Welt-Friede und dem grossen Augustus geschlossene Tempel des Janus (La fermeture du temple de Janus par le grand Auguste à l’occasion de la paix du monde), Hambourg, Marché aux Oies, 1698 (l’opéra, créé pour fêter la paix de Ryswyck, narre le mariage de Tibère et de Julie), Die verdammte Staats-Sucht oder der verführte Claudius, Marché aux Oies, 1703, Die römische Unruhe oder Die edelmüthige Octavia (Les troubles de Rome ou la noble Oclavie), Marché aux Oies, 1705, Der die Festung Siebenbürgisch-Weissenburg erobernde und über Dacien triumphirende Kayser Trajanus, Marché aux Oies, 1717 ; Mattheson, Porsenna, Marché aux Oies, 1702, Die unglückselige Cleopatra, Marché aux Oies, 1704 ; Schürmann, Das verstöhrte Troja, Brunswick, 1706, Porsenna, Brunswick, 1718 ; Draghi, Gli amori di Clodio e Pompea, Vienne, 1669, Il ratto delle Sabine, Vienne, 1674, Il fuoco eterno custodito dalle Vestali, Vienne, 1674, Turia Lucretia, Vienne, 1675, Adriano sul Monte Casio, Vienne, 1677 ; Caldara, Caio Marzio Coriolano, Vienne, 1717, Lucio Papirio dittatore, Vienne, 1719 ; Caldara, Gasparini et Fux, Teodosio ed Eudossa, Brunswick, 1716/8 ; Purcell, Dioclesian, Londres, 1690. L’Opéra de Moscou ouvre en 1742 avec La Clemenza di Tito de Hasse, augmentée d’un prologue en russe ; Araia écrit son Scipione en 1740 pour Saint-Pétersbourg. Le premier compositeur suédois, Arvid von Höpken, écrit en 1753 un Catone in Utica. Le premier opéra joué à La Havane, en 1776, fut une Didone abbandonata d’un compositeur inconnu, sur le livret de Métastase.
3 Aucun sujet romain chez Lully. On trouve des « entrées » romaines dans divers opéras-ballets, d’auteurs souvent oubliés : Ovide paraît dans Les Amours déguisés de Bourgeois ou dans Ovide et Julie de Cardonne, Tibulle et Antoine dans Les Fêtes grecques et romaines de Colin de Blamont (1723). Mais la Camille de Campra (1717) est la princesse volsque dont Draghi (Vienne, 1690), Bononcini (Venise, 1698), Vinci (Parme, 1725), Leo (Rome, 1726) Porpora (Naples, 1740, rév. 1760), Ciampi (Londres, 1750), ont célébré le « triomphe » : une « protohistoire latine » revue et éloignée de la version virgilienne (et même anti-virgilienne et anti-romaine). Pour un « vrai » sujet d’histoire romaine en France à l’Opéra, il faut attendre, semble-t-il, le 3e acte du Temple de la Gloire de Rameau (1745, livret de Voltaire), consacré à la louange de Trajan, puis le Sabinus de Gossec en 1773, que l’on peut d’ailleurs juger plus « gaulois » que romain, avec son Grand Druide et son « Génie des Gaules », selon les nouveaux goûts du temps ; Sabinus et Eponine inspireront aussi Sarti (Epponina, Turin, 1777, titré Giulio Sabino à Venise, 1781, récemment remonté), Giordani (Epponina, Florence, 1779), Cherubini (Il Giulio Sabino, Londres, 1786, Epponina, Trieste, 1791), Tarchi (Giulio Sabino, 1790), Hoffmann (Sabinus, 1810, inachevé), V. Trento (Giulio Sabino in Langres, Bologne, 1824), Viviani (Giulio Sabino, Florence, 1827).
4 Collasse, Ènée et Lavinie, 1690, Canente, 1700 (« protohistoire latine ») ; Desmarest, Didon, 1693 ; Campra, Hésione, 1700 ; Rameau, Dardanus, 1739, révisé 1744 ; Dauvergne, Énée et Lavinie, 1758, Canente, 1760 ; Piccinni, Didon, 1783, Sacchini, Dardanus, 1784.
5 Cf notre étude « Images de Rome dans la littérature française du xviie siècle », Etudes d’Histoire du Droit et des Idées politiques, n° 3 (Droit romain, « Jus Civile » et droit français, dir. J. Krynen), 1999, p. 17-47.
6 L’opéra, avec Lully, a finalement absorbé le ballet de cour à la française, dont il a pris les caractéristiques de « spectacle total », y compris les « machines ».
7 Caldara, Cesarini et A. Scarlatti, Giunio Bruto ovvero La Cadutà de’Tarquini, Vienne, 1711 ; Logroscino, Giunio Bruto, Rome, 1748 ; Cimarosa, Giunio Bruto, Gênes, 1781 ; A. Scarlatti, La Cadutà de’Decemviri, Naples, 1697 ; Vinci, La Cadutà de’Decemviri, Naples, 1727 ; Piccinni, I Decemviri, s.d. ; Andreozzi, Virginia, 1786 ; Berton, Virginie, Paris, 1823 ; Miro, Virginia, Lisbonne, 1840 ; Nini, Virginia, Gênes, 1843 ; Petrella, Virginia, Naples, 1861 ; Rinaldo da Capua, Mario in Numidia, Rome, 1749 ; G. Bononcini, Mario fuggitivo, 1708 ; Mancini, Mario fuggitivo, 1710 ; Telemann, Mario, 1709 ; Heinichen, Mario, Venise, 1713 (retitré Calpurnia oder Die römische Grossmut, Hambourg, 1716) ; Jommelli, Caio Mario, Rome, 1746 ; Piccinni, Caio Mario, Naples, 1757 ; Galuppi, Caio Mario, 1764 ; Anfossi, Caio Mario, 1770 ; Cimarosa, Caio Mario, Rome, 1780 ; Bertoni, Caio Mario, 1781 ; Bianchi, Caio Mario, 1784 ; A. Scarlatti, Tiberio Sempronio Gracco, Naples, 1702 ; Sarro, Tiberio Sempronio Gracco, 1725 ; G. Bononcini, Caio Gracco, 1710 ; Porsile, Spartaco, Vienne, 1726 ; Foroni, Spartaco ovvero I Gladiatori, Milan, 1851 ; Sinico, Spartaco, Trieste, 20.11.1886 ; De Ferrari, Catilina, Amsterdam, 1852 ; Cavalli, La Prosperità infelice di Giulio Cesare dittatore, Venise, 1646 ; Bianchi, La morte di Cesare, Venise, 1788 ; Andreozzi, La morte di Cesare, 1789 ; Zingarelli, La morte di Cesare, Milan, 1790 ; Sartorio, La Prosperità d’Elio Seiano et La Caduta d’Elio Seiano, Venise, 15.1. et 3.2.1667 ; Draghi, La Prosperità d’Elio Seiano, Vienne, 1671 ; Perti, Nerone fatto Cesare, 1693 ; A. Scarlatti, Nerone fatto Cesare, Naples, 1695 ; Vivaldi, Nerone fatto Cesare (révision de Perti), Venise, 1715 ; Haendel, Agrippina, Venise, 1710 ; Graun, Britannico, 1751 ; Pollarolo, Il repudio d’Ottavia, 1699 ; Legrenzi, L’anarchia nell’impero, Venise, 1683/4. Ajoutons le succès d’un épisode moins célèbre, et qui dut beaucoup exercer l’imagination des librettistes, la tentative de déposition de Tarquin le Superbe par Turnus d’Aricie (Tite-Live, I, 50-51) : A. Scarlatti, Turno Aricino, 1704 ; G. Bononcini, Turno Aricino, 1707 ; Mancini, Turno Aricino, 1708 ; Vinci, Turno Aricino, 1724. En revanche, le Catilina de Salieri, d’après Rome sauvée de Voltaire, composé en 1792, n’a été créé qu’en 1994 !
8 Au xixe siècle au contraire, les maîtresses royales triomphent rarement : on sait quel destin (historiquement fantaisiste mais tragique) La Favorite de Donizetti (Paris, 2.12.1840) donne à Éléonore de Guzman, qui ne fut assassinée qu’un an après la mort de son amant Alphonse XI ; la Maria Padilla (Scala, 26.12.1841) de Donizetti commença par mourir de joie ( !) et ne retrouva son triomphe historique qu’à la révision pour Trieste (1.3.1842).
9 Citons pêle-mêle quelques exemples : Giunia, fille de Marius, et Celia, sœur de Cinna, dans Lucio Siila (Mozart, 1772), Argelia et Leontina, filles de Murena (Donizetti, L’esule di Roma), Fausta, fille de Fabius (Massenet, Roma), Emilia et Fulvia, filles de Decio (Nicolini, I Manlii, Milan, Scala, 1802), Licinia, fille de Genuzio (Capotorti, Marco Curzio, Naples, 1813), Menenio fils de Sallustio et d’Ottavia (Pacini, L’ultimo giorno di Pompei), Decio comme prénom du fils de Licinio Murena (Mercadante, La Vestale). Notons un cas amusant de purisme partiel : Sografi, librettiste pour Cimarosa de Gli Orazii e i Curiazii (Venise, 26.12.1796), « corrige » Corneille en rebaptisant Camille « Orazia », mais conserve Sabine, qui devrait probablement s’appeler Curiazia !
10 Gluck, L’Innocenza giustificata, livret G. Durazzo d’après Métastase, Vienne, 1755.
11 Mercadante, La Vestale, livret Cammarano, Milan, Scala, 10.3.1840.
12 Spontini, La Vestale, livret De Jouy, Paris, 15.12.1807.
13 Boito, Nerone, livret du compositeur, Milan, Scala, 1.5.1924 (création posthume).
14 Donizetti, L’esule di Roma, livret Gilardoni d’après Caigniez, Androclès ou le lion reconnaissant, Naples, San Carlo, 1.1.1828.
15 Donizetti, Poliuto, livret Cammarano, Naples, 30.11.1848 (création posthume), et Les Martyrs, livret Scribe, Paris, 10.4.1840.
16 Berlioz, Les Troyens, livret du compositeur, Paris, 4.11.1863. Le passage d’Énée à Carthage et le sacrifice de Didon sont des thèmes favoris à l’opéra. Citons, outre la Didone de Cavalli, Purcell, Dido and Aeneas, Londres, 1689 ; Graupner, Dido, Königin von Karthago, 1707 ; Pepusch, The death of Dido, Londres, 1716 ; Haydn, Dido, 1776 (perdue) ; Holzbauer, La morte di Didone, 1779 ; Piccinni, Didon, Fontainebleau, 1783 ; P.A. Guglielmi, Didone, Venise, 1785 ; Kraus, Aeneas i Carthago (Dido och Aeneas), Stockholm, 1799 (posthume) ; Capotorti, Enea in Cartagine, Naples, 1800 ; Liverati, Enea in Cartagine, Prague, 1808 ; Danzi, Dido, Stuttgart, 1809/11 ; Umlauff, Aeneas in Cartagine, Vienne, 1811 ; Rossini, La morte di Didone, 1812 (cantate) ; Neitzel, Enea e Didone, Brême, 1884, et la longue série des Didone abbandonata sur le livret de Métastase (parfois revu) : Sarro, Naples, 1724 ; Albinoni, Venise, 1724 ; Porpora, Reggio nell’Emilia, 1725 ; Vinci, Rome, 1726 ; Haendel (pasticcio), Londres, 1737 ; Duni (perdu) ; Ristori, 1737 ; Bernasconi, 1738 ; Lampugnani, 1739 ; Galuppi, Modène, 1740 ; Hasse, 1742 ; Jommelli, Rome, 1747, Vienne, 1748, Stuttgart, 1763 ; Terradellas, 1750 ; Perez, Gênes, 1751, rév. 1753 ; Ciampi, Londres, 1755 ; Traetta, Venise, 1757 ; Auletta, Florence, 1759 ; Sarti, Copenhague, 1762, rév. 1782 ; Brunetti, Florence, 1766 ; Insanguine, Naples, 1770 ; Piccinni. Rome, 1770 ; Anfossi, Venise, 1775 ; Sacchini, Londres, 1775/6 ; Schuster, 1776 ; Andreozzi, 1785 ; Paisiello, Naples, 1794 ; Paër, Paris, 1810 ; Fioravanti, Rome, 1810 ; Mercadante, Turin, 1823 ; Reissiger, Dresde, 1824, etc.. L’opéra s’est également intéressé à l’ensemble du « cycle troyen » et même à ses dérivés : Lully et Collasse, Achille et Polyxène, Paris, 1687 ; Collasse, Polyxène et Pyrrhus, Paris, 1706 ; J. Weldon, The Judgement of Paris, Londres, 1701 ; Daniel Purcell, The Judgement of Paris (masque), Londres, 1701 ; Ame, The Judgement of Paris, Londres, 1742 ; Gratin, Il Giudizio di Paride, 1752 ; Gluck, Paride ed Elena, Vienne, 1770 ; Winter, Helena und Paris, Munich, 1782 ; Cafaro, L’incendio di Troia, Naples, 1757 ; Caldara, Enone, 1729 ; Morlacchi, Enone e Paride, Livourne, 1808 ; Manfroce, Ecuba, Naples, 13.12.1812 ; Cimarosa, Achille all’assedio di Troia, Rome, 1797 ; Caldara, Andromaca, Vienne, 1724 ; Leo, Andromaca, Naples, 1742 ; Perez, Andromaca, Vienne, 1750 ; Pampani, Andromaca, Rome, 1753 ; Jommelli, Andromaca, Londres, 1755 ; Sacchini, Andromaca, Naples, 1761 ; Bertoni, Andromaca, 1771 ; Grétry, Andromaque, Paris, 1780 ; Martin y Soler, Andromaca, 1780 ; Paisiello, Andromaca, Naples, 1797 ; Pavesi, Andromaca, 1804 ; G. Tritto, Andromaca e Pirro, Rome, 1807 ; Rossini, Ermione, Naples, 1819 ; A.M. Bononcini, Astianatte, Pratolino, 1718 ; Gasparini, Astianatte, 1719 ; Vinci, Astianatte, Naples, 1725 ; G. Bononcini, Astianatte, 1727 ; Jommelli, Astianatte, Rome, 1741 ; Uttini, Astianatte, Bologne, 1748 ; Pampani, Astianatte, Venise, 1755 ; R. Kreutzer, Astyanax, Paris, 1801 ; Grabu, Albion and Albianus, Londres, 1685 (légende troyenne britannique) ; Daniel Purcell, Brutus of Alba, Londres, 1696, semi-opéra (légende troyenne britannique).
17 G.Sarti, Enea nel Lazio, livret F.Moretti, Saint-Pétersbourg, 1799, repris à Saint-Pétersbourg en 2001. Fux, Iulo Ascanio, re d’Alba, 1708; Mozart, Ascanio in Alba, Milan, 1777; Moreira, Ascanio in Alba, 1785. De nombreux opéras « oubliés » traitent des noces latines d’Énée et de l’ensemble de ses aventures italiennes, ainsi que de la « préhistoire » légendaire du Latium, d’après Virgile et Ovide: Draghi, Enea in Italia, Vienne, 1678; Steffani, I trionfi del fato (Enea in Italia), 1695; Perez, Enea nel Lazio, Lisbonne, 1759; Porpora, Enea nel Lazio, Londres, 1734; Jommelli, Enea nel Lazio, Stuttgart, 1755 et 1766; Traetta, Enea e Lavinia, Parme, 1761; Galuppi, L’arrivo d’Enea nel Lazio, Florence, 1763; Righini, Enea nel Lazio, 1793; Antonio Puccini, Enea nel Lazio, Lucques, 1795; Sacchini, Enea e Lavinia, Londres, 1779; P.A. Guglielmi, Enea e Lavinia, 1785; Steffani, Amor vien dal destino ovvero Il Turno, Dusseldorf, 1707; Cherubini, Mesenzio re d’Etruria, Florence, 1782; Bianchi, Mesenzio re d’Etruria, 1786; Fux, Enea negli Elisi, Vienne, 1731; Lajanu, Enea negli Elisi, Parme, 1807; Stegmayer, Aeneas in der Hölle, Vienne, 1800; Hasse, Enea in Caonia, 1727; Piccinni, Enea in Cuma, Naples, 1775; Paisiello, La Daunia felice, Foggia, 1797; Hidalgo, Pico y Canente, Madrid, 1656. Sur Albe, Porta, Numitore, Londres, 2.4.1720. Le xxe siècle a montré un renouveau d’intérêt pour Virgile : Lysenko, Aeneid, Kiev, 1911 ; Malipiero, Vergilii Aeneis, R.A.I., 1946 et 1958.
18 Boccherini, La Confederazione dei Sabini con Roma, livret anonyme, Lucques, 1765.
19 G.Puccini, La Confederazione dei Sabini con Roma, livret anonyme, Lucques, 1765. Les deux oeuvres ont été reprises à Lucques, en 1997 (Puccini) et 1998 (Boccherini).
20 Paër, Numa Pompilio, Paris, 1808 ; Balducci, Tazia, livret L.Ricciuti, Naples, San Carlo, 11.1.1826, unique représentation (l’opéra semble avoir été victime d’une cabale). Les deux œuvres s’inspirent du roman de Florian où cette opposition Romains-Sabins joue un grand rôle. Autres opéras sur Numa : Pagliardi, Numa, 1674 ; Hasse, Numa Pompilio, 1741, Egeria, 1764 ; Sousa Carvalho, Numa, Lisbonne, 1789 ; Federici, Il giudizio di Numa, Scala, 1803 ; Buchwieser, Numa Pompilius, Scala, 1808 ; Morlacchi, Numa Pompilio, Dresde, 1810 ; Mayr, Numa Pompilio, Bergame, 1811, Egeria, Brescia, 1816 ; Fodor, Numa Pompilio, Amsterdam, 1812 ; Nannetti, Numa Pompilio, Buenos-Aires, 1883.
21 D. Porte, Roma Diva, Paris, 1987, p. 57.
22 Virgile, Enéide, VI, v. 851-853.
23 Nous devons avant tout songer à la justice. Avec elle la force des armes peut tout espérer. Sans elle rien n’est solide, disait César aux mutins de Plaisance (Dion Cassius, XLI, 32, 5).
24 Pour l’étude qui suit, nous n’avons utilisé (à de rares exceptions près) que des œuvres qui ont été enregistrées ou radiodiffusées, en tout ou en partie, ou dont le livret est aisément accessible ; la grande majorité des œuvres citées n. 1 à 4, et 7, n’entre pas dans cette catégorie (plusieurs sont d’ailleurs perdues). On pourra consulter notamment (outre le Groves) R. Mezzanotte (dir.), L’opéra de 1597 à nos jours, Paris, 1979 ; G. Negri, L’opéra italien, Paris, 1987 ; J. Gourret, Nouveau dictionnaire des chanteurs de l’Opéra de Paris du 17e siècle à nos jours, Paris, 1989 ; M. Honegger et P. Prévost, Dictionnaire des œuvres de l’art vocal, 3 vol. , Paris, 1992 ; H. Rosenthal, J. Warrack, R. Mancini et J.J. Rouveroux, Guide de l’opéra, Paris, nlle éd., 1998 ; A. Holden (éd.), The New Penguin Opera Guide, Londres, 2001. Roma Diva de D. Porte est aussi une mine de précieux renseignements.
25 Valère Maxime, II, 7.
26 Mercadante, Orazi e Curiazi, livret Cammarano, Naples, 10.11.1846.
27 Verdi, Attila, livret Solera et Piave, Venise, Fenice, 17.3.1846.
28 D. Porte, Roma Diva, p. 58.
29 Capotorti, Marco Curzio, livret Schmidt, Naples, 15.8.1813. Halévy a composé un Marco Curzio en 1822, durant son séjour en Italie après son prix de Rome.
30 Il en existe dès avant le livret de Métastase : A. Scarlatti, Marco Attilio Regolo, Rome, 1719 (avec une fin heureuse). Sur la version tragique de Métastase, Hasse, Attilio Regolo, Dresde, 1750 ; Jommelli, Attilio Regolo, Rome 1751 et Londres 1753.
31 Métastase, Attilio Regolo, II, 1 ; II, 4 ; III, scène finale ; I, 7.
32 Cimarosa, Gli Orazii e i Curiazii, I, 5.
33 Saint-Saëns, Les Barbares, livret Sardou, Paris, 23.10.1901.
34 Sur Romulus, Latilla et Terradellas, Romolo, 1739 ; Pampani, La cadutà d’Amulio, Venise, 1747 ; Fuss, Romulus und Remus, livret Treitschke, Pest, 9.9.1816 ; Berck, Romulus und Remus, Brême, 1829 ; Draghi, Il ratto delle Sabine, 1669 ; P.S. Agostini, Il ratto delle Sabine, Venise, 1680 ; Courcelle (dit Corsetti), La cautela en la amistad y robo de las Sabinas, Madrid, 1735 ; Zingarelli, Il ratto delle Sabine, 1799 ; Lauro Rossi, Le Sabine, Scala, 1852 ; Hasse, Romolo ed Ersilia , livret Métastase, Innsbruck, 1765 ; Myslive_ek, Romolo ed Ersilia, Naples, 1773 ; B. di Dominici, Romolo e Numa, Brescia, 1805.
35 Mercadante, Orazi e Curiazi, livret de Cammarano, Naples, 10.11.1846, II, 2 ; Cimarosa, Gli Orazii e i Curiazii, I, 9. Sur le même sujet, Auletta, L’Orazio, Naples, 1737 (plusieurs fois révisé sous divers titres) ; Salieri, Les Horaces, Versailles, 1786 ; Zingarelli, Gli Orazi e i Curiazi, 1795 ; Porta, Les Horaces, Paris, 1800 ; Capotorti, Gli Orazi e Curiazi, Naples, 1800.
36 Mercadante, Orazi III, se. finale ; Cimarosa, Gli Orazii II, 7.
37 Mercadante, Orazi III, finale.
38 Nicolini, I Manlii, Scala, 1802. Autres opéras sur le sujet : Pollarolo, Tito Manlio, Florence, 1696 ; Ariosti, Tito Manlio, 1717 ; Vivaldi, Tito Manlio, Mantoue, 1720 ; Jommelli, Tito Manlio, Turin, 1742, Venise, 1746 et Stuttgart, 1758 ; Cocchi, Tito Manlio, 1761 ; P.A. Guglielmi, Tito Manlio, 1763 ; Nicolini, Il trionfo di Tito Manlio, 1833. Plusieurs de ces opéras substituent un lieto fine au dénouement tragique historique.
39 Biber, Chi la dura la vince, ower Arminio, livret F.M. Raffaelini ( ?), Salzbourg, 1691/2.
40 Pavesi, Le Danaidi romane, livret Sog Tafi (inspiré de Tite-Live, VIII, 18), Venise, 1816. L’histoire finira bien, grâce à l’aveu des vraies coupables.
41 Pacini, L’ultimo giorno di Pompei, livret Tottola, Naples, 19.11.1828. La terreur suscitée par l’éruption du Vésuve amène l’aveu du vrai coupable ; Sallustio et Ottavia sont sauvés par leur fils qui les enlève sur son char.
42 Mercadante, La Vestale. Sur le même thème, Pavesi, Arminia la Vestale, Scala, 3.2.1810 ; Pucitta, La Vestale, Londres, 3.5.1810 ; K. Guhr, Die Vestalin, Cassel, 3.6.1814 ; Pacini, La Vestale, Scala, 6.2.1823 ; Fry, Aurelia the Vestal, 1841 (inachevé).
43 Pavesi, Il trionfo d’Emilia, Scala, 1805. Dans la plus grande fantaisie historique et juridique, Emilia, bien que Vestale, est fiancée à Scipion l’Africain ; elle se disculpe en dégageant du sable le navire qui apportait Cybèle à Rome ! Sur le même épisode du dégagement du vaisseau, outre Gluck, L’innocenza giustificata, Paisiello, La Claudia vendicata, 1769 ; Andreozzi, // trionfo di Claudia, Florence, 1803.
44 Massenet, Roma, livret H. Cain, Monte-Carlo, 17.2.1912.
45 Les opéras qui les concernent sont jusqu’ici inaccessibles. Sur Camille, Perii, Furio Camillo, 1692 ; Pacini, Furio Camillo, Rome, 1839. Sur Coriolan, Perti, Caio Marzio Coriolano, 1683 (perdu) ; Caldara, Caio Marzio Coriolano, Vienne, 1717 ; Ariosti, Coriolano, 1723 ; Treu, Coriolano, Wroclaw, 1726 ; Graun, Coriolano, 1749 ; Lavigna, Coriolano, Turin, 1806 ; Nicolini, Coriolano o l’assedio di Roma, Scala, 1808 ; Radicati, Coriolano, Amsterdam, 1809 ; Caracciolo, // trionfo di Veturia ovvero Coriolano in Roma, Naples, 1811 ; Seidel, Coriolanus, Berlin, 1811.
46 Hasse, Lucio Papirio dittatore, 1742.
47 Domenico Puccini, 77 trionfo di Quinto Fabio, livret Prunetti, Bologne, 9.11.1811. Sur le même sujet, sur ou d’après le livret d’Apostolo Zeno, Caldara, Lucio Papirio dittatore, Vienne, 1719 ; Haendel, Lucio Papirio (pasticcio), Londres, 1732 ; Leo, Lucio Papirio, Naples, 1735 ; Porpora, Lucio Papirio, Venise, 1737 ; Logroscino, Quinto Fabio, Rome, 1737 (perdu) ; Graun, Lucio Papirio, 1745 ; Anfossi, Quinto Fabio, 1771 ; Bertoni, Quinto Fabio, Milan, 1778 ; Bortniansky, Quinto Fabio, Modène, 1778 ; Cherubini, Quinto Fabio, Alessandria, 1779, refait (Quinto Fabio Massimo) Rome, 1783 ; Zingarelli, Quinto Fabio, Livourne, 1794 ; Nicolini, Quinto Fabio, Florence, 1802.
48 Tite-Live, VIII, 30-35.
49 La Vestale de Pucitta (version italienne de celle de Spontini) fut créée à Londres le 3.5.1810, au lendemain des premières victoires « péninsulaires » d’Arthur Wellesley, futur duc de Wellington.
50 Donizetti, Fausta, livret Gilardoni terminé par le compositeur, Naples, 12.1.1832.
51 Hervé, Le Joueur de flûte, livret Jules Moinaux (père de Courteline), Paris, 1864.
52 Pavesi, I Baccanali di Roma, livret Buonavoglia, Livourne, 1806 (d’après Tite-Live, XXXIX, 8-19) ; Nicolini, I Baccanali di Roma, livret Romanelli, Scala, 21.1.1801 ; Generali, I Baccanali di Roma, Venise, 14.1.1816 ; Belloli, I Baccanali aboliti, Scala, 23.8.1823 ; C. Romani, I Baccanali di Roma, Florence, 1854.
53 Pavesi, Le Danaidi romane.
54 Mozart, Il Sogno di Scipione, livret Métastase, composé 1772, créé Salzbourg 1979.
55 Massenet, Roma, acte I et acte IV.
56 Chélard, Les Aigles de Rome, livret Du Casse, Paris, 1853, et version italienne de Marcello, Le Aquile Romane, Scala, 10.3.1864.
57 Mascagni, Nerone, livret G. Targioni-Tozzetti, Scala, 16.1.1935.
58 Monteverdi, L’incoronazione di Poppea.
59 Nouguès, Quo Vadis ? , livret H. Cain, Nice, 9.2.1909. La mort de Pétrone a été enregistrée en 1912 en italien par Mattia Battistini , ainsi que deux autres airs ; avec l’air d’Eunice enregistré par Aline Vallandri, c’est tout ce qu’on peut entendre aujourd’hui de Quo Vadis ? Le roman de Sienkiewicz a inspiré toute une série d’oeuvres lyriques, Bezzi, Quo Vadis ? Ancône, 1901, Chapi, Quo Vadis ? Madrid, 1901(cf D. Porte, Roma Diva, p. 600-603).
60 Presque tous les rois de Rome et une majorité d’empereurs (souvent fort peu connus) apparaissent à l’opéra. Relevons (outre les opéras sur Romulus et Numa cités n.34 et 20) M.A. Ziani, Tullo Ostilio, 1685 ; G. Bononcini, Tulio Ostilio, Rome, 1694 ; Pescetti, Tullo Ostilio,.Venise, 1740 ; Pavesi, Anco Marzio, Naples, 1822 ; Steffani, Servio Tullio, 1686 ; Legrenzi, Ottaviano Cesare Augusto, Mantoue, 1682 ; Poissl, Ottaviano in Sicilia, Munich, 1812 ; Porpora, Agrippina, moglie di Tiberio, Naples, 1708 ; Sammartini, Agrippina moglie di Tiberio, Milan, 1743 ; Braga, Caligola, Lisbonne, 1873 ; Boretti, Claudio Cesare, 1672 ; Pistacchi, L’ingresso alla gioventù di Claudio Nerone, Modène, 1692 ; Haendel, Nero, Venise, 1705 (perdu) ; Duni, Nerone, 1735 ; Rubinstein, Néron, Hambourg, 1.11.1879 ; Rasori, Nerone, Turin, 21.11.1888 ; Vivaldi, Ottone in villa, Vicence, 1713 ; Sarro, Il Vespasiano, 1707 ; Ariosti, Vespasiano. 1724 ; Haendel, Titus l’empereur, inachevé, 1731 ; P. Raimondi, Il trionfo di Tito, Turin, 1814 ; Bassani, Il Cocceio Nerva, Ferrare, 1691 ; Mancini, Il Trajano, 1723 ; Bochsa, Le retour de Trajan ou Rome triomphante, Lyon, 1805 ; Lesueur et Persuis, Le triomphe de Trajan, Paris, 1807 ; D. Tritto, Il trionfo di Traiano, Naples, 1818 ; Weigl, Kayser Hadrian, Vienne, 1807 ; Albinoni, Lucio Vero, livret A. Zeno, Ferrare, 1713 ; Steffani, Marco Aurelio, Munich, 1681 ; A. Scarlatti, Comodo Antonino, 1696 ; Legrenzi, Publio Elio Pertinace, Venise, 1684 ; G. Tritto, Marco Albino in Siria, Naples, 1810 ; Cavalli, L’Eliogabalo, Venise, 1667 ; Boretti, Eliogabalo, 1668 ; Déodat de Sévérac, Héliogabale, Béziers, 1910 ; Mancini, Alessandro Severo, 1718 ; Pergolèse, La Salustia (d’après Alessandro Severo d’A. Zeno), Naples, 1732 ; Haendel, Alessandro Severo, Londres (pasticcio), 1738 ; Bernasconi, Alessandro Severo, 1738 ; Sacchini, Alessandro Severo, Venise, 1763 ; A. Scarlatti, Massimo Pupieno, 1695 ; Cavalli (achevé par Sartorio), Massenzio, Venise, 1673 ; Caldara, Lotti et Fux, Il Costantino, 1716 ; Stuntz, Costantino imperator, Venise, 1720 ; Persiani, Costantino in Arles, Venise, 1830 ; M.A. Ziani, Il Gordiano Pio, Vienne, 1700 ; Purcell, Theodosius (musique de scène), Londres, 1680 ; Vivaldi, L’Atenaide, Florence, 1728 ; Porpora, Flavio Anicio Olibrio, livret A. Zeno et P. Pariati, Naples, 1711 et 1722 ; Haendel, Genserico, ovvero Olibrio, 1728, inachevé ; Vinci, Flavio Anicio Olibrio, 1728 ; Bernasconi, Flavio Anicio Olibrio, 1737 (cet intérêt pour Olybrius peut surprendre : les librettistes s’inspirent-ils de certains épisodes de l’Astrée, aujourd’hui bien oubliés, ou se rappellent-ils que depuis au moins le Lignum Vitae de Wion pour Philippe II -Venise, 1595- et l’Arbor Aniciana de Seifried pour Philippe III —Vienne, 1613-, Olybrius est, en tant qu’Anicius, un ancêtre « officiel » des Habsbourgs et donc de tous les princes d’Europe ?) ; Albinoni, Zenone, imperatore d’Oriente, Venise, 1696 ; D. Scarlatti, Il Giustino, Naples, 1703 ; Albinoni, Giustino, Venise, 1711 ; Vivaldi, Il Giustino, Rome, 1724 ; Haendel, Giustino, Londres, 1737 ; A. Scarlatti, La Teodora Augusta, Naples, 1692, Tiberio imperatore d’Oriente, Naples, 1702.
61 Britten, The Rape of Lucretia (d’après A. Obey, Le viol de Lucrèce, 1931), livret R. Duncan, Glyndeboume, 12.7.1946.
62 D. Porte, l.c., p. 189.
63 Tite-Live, II, 2, 3-11 ; sur l’oracle de Delphes, I, 56, 10-12 ; sur la famille de Brutus, I, 56, 7 ; sur celle de Collatin (petit-neveu de Tarquin l’Ancien, donc parent plus éloigné du Superbe), I, 34, 1-3, et I, 57, 6. Les fils de Brutus, qu’il fait exécuter (Tite-Live, II, 4-5), voulaient rétablir non « la royauté » abstraite, mais Tarquin (Brutus perdrait donc le pouvoir ; sa sévérité peut s’expliquer ainsi autant que par l’attachement à la république). Sur la transmission de la royauté romaine en ligne féminine, P.M. Martin, L’idée de royauté à Rome, 2 vol. , Clermont-Ferrand, 1982-1994.
64 Respighi, Lucrezia (terminée par Elsa Respighi après la mort de son mari), livret Guastalla, Scala, 24.2.1937.
65 Lotti, Porsenna, Venise, 1712 ; Cavalli, Muzio Scevola, Venise, 1665 ; Stradella, Le gare dell’amor eroico, ovvero L’Orazio, o Code sul ponte, 1679 ; Keyser, Clelia, Hambourg, 1695 ; G. Bononcini, Muzio Scevola, 1710 ; Amadei, Bononcini, Haendel, Muzio Scevola, Londres, 1721 ; De Nebra, Amor aumenta el valor, Madrid, 1728 ; Galuppi, Muzio Scevola, 1762 ; Métastase, Il trionfo di Clelia, mis en musique par Hasse, 1762, Gluck, 1763, Myslive_ek, 1767, Bertoni, 1769, Jommelli, 1774 (Lisbonne), Tarchi, 1786, Portogallo, 1802 (Lisbonne, livret refait par Sografi) ; Méhul, Horatius Coclès, 1794.
66 Haendel, Muzio Scevola, 1721, acte III, sc. 2 et 11.
67 Mercadante, Virginia, livret Cammarano, Naples, 7.4.1866.
68 Casella, Virginia, livret Romanelli, Scala, 26.12.1811.
69 Mercadante, Virginia.
70 Vaccai, Virginia, livret Giuliani, Rome, 14.1.1845.
71 Haendel, Silla, livret G. Rossi, Londres, 1713.
72 Mozart, Lucio Silla, livret G. da Gamerra, Milan, 26.12.1772. Autres opéras sur Sylla : Mancini, Lucio Silla, 1703 ; Vinci, Silla dittatore, Naples, 1723 ; Graun, Silla, 1753 ; Anfossi, Lucio Silla, 1774 ; Jean-Chrétien Bach, Lucio Silla, Mannheim, 1775.
73 Haendel, Giulio Cesare in Egitto (livret Haym, Londres, 20.2.1724), I, 11 et III, 2. Sur le même sujet, Sartorio, Giulio Cesare in Egitto, Venise, 1676; Pollarolo, Giulio Cesare in Egitto, s.d.; Jommelli, Cesare in Egitto, Rome, 1751; Sarti, Cesare in Egitto, Copenhague, 1763; Piccinni, Cesare in Egitto, 1770; G. Tritto, Cesare in Egitto, Rome, 1805; Pacini, Cesare in Egitto, Rome, 1821. Sur César, Pavesi, La gioventù di Cesare, 1817 ; Salieri, Cesare in Farmacusa, Vienne, 2.6.1800 ; Liverati, Il trionfo di Cesare, Londres, 1814 ; Nicolini, Giulio Cesare nelle Gallie, Rome, 1819 ; Malipiero, Giulio Cesare, Gênes, 8.2.1936.
74 Graun, Cesare e Cleopatra, livret Bottarelli, Berlin, 7.12.1742 (inauguration de l’Opéra royal).
75 Corneille, Sertorius, 1662, III, 1.
76 Vivaldi, Catone in Utica, livret Métastase, Vérone, 1735. Sur le même livret, Leo, Venise, 1729 ; Hasse, Turin, 1731 ; Haendel (pasticcio), Londres, 1732 ; Langendyck, Amsterdam, 1738 ; Duni, 1740 ; Graun, 1744 ; Jommelli, Vienne, 1749 ; Ferrandini, 1753 ; Ciampi, Venise, 1756 ; J. Chrétien Bach, Florence, 1761 ; Gassmann, 1761 ; Piccinni, Naples, 1770 ; Andreozzi, 1786 ; Paisiello, Naples, 1789 ; Winter, 1791, etc.
77 Vinci, Catone in Utica, livret Métastase, Rome, 1728.
78 Vivaldi, Catone in Utica, III, 12.
79 Graun, Cesare e Cleopatra, III, 13.
80 Soliva, Giulia e Sesto Pompeo, livret Perotti, Scala, 24.2. 1818. Sur la clémence d’Auguste, G. Bononcini, Pollarolo et S. de Lucca, La clemenza d’Augusto, 1696 ; Graun, Cinna, 1748 ; Portogallo, Il Cinna, 1793 ; Paër, Cinna, 1795 ; Bianchi, Cinna, 1798 ; Asioli, Cinna, Scala, 1801. Sur Octave-Auguste, Legrenzi, Ottaviano Cesare Augusto, Mantoue, 1682 ; Poissl, Ottaviano in Sicilia, Munich, 1812.
81 A. Scarlatti, Marc’Antonio e Cleopatra, cantate « de chambre » pour soprano, contralto et continuo ; librettiste et date inconnus. Le nom d’Auguste est ici un anachronisme : il ne date que de 27, quatte ans après la mort d’Antoine.
82 Massenet, Cléopâtre, livret L. Payen, Monte-Carlo, 23.2.1914 (posthume).
83 La Rosa Parodi, Cleopatra, livret Meano, Turin, 16.4.1938.
84 L. Rossi. Cleopatra, livret D’Arienzo, Turin, 5.3.1876. L’air d’Octave (acte II) a été ajouté par Nannetti.
85 Soliva, Giulia e Sesto Pompeo.
86 Métastase, La clemenza di Tito (également titrée Tito Vespasiano), musique de Caldara, Vienne, 1734, Hasse, 1742, Corselli, Mele et Corradini, Madrid, 1747, Grua, 1748, Perez, Naples, 1749, Gluck, Naples, 1752, Jommelli, Stuttgart, 1753, Ciampi, 1756, Holzbauer, 1757, Cocchi, 1760, Galuppi, Turin, 1760, Bernasconi, 1768, Anfossi, 1769 et 1772, Naumann, 1769, Mysliveek, 1773, P.A. Guglielmi, Turin, 1785, Mozart, Prague, 1791, Nicolini, 1797, Del Fante, Florence, 1802, Portogallo, Livourne, 1807, Marschner, Titus, 1816 (le livret a souvent été révisé et modifié).
87 Donizetti, Belisario, livret Cammarano, Venise, 4.2.1836.
88 Pistocchi, Il Martìrio di Sant’ Adriano, Modène, 1692.
89 Robbiani, Roma dei Cesari, livret du compositeur, EIAR, 28.10.1941.
90 J. Carcopino, Les étapes de l’impérialisme romain, Paris, 1934, p. 15.
91 Rossini, Aureliano in Palmira, livret L. Romanelli (ou F. Romani), Scala, 26.12.1813. Autres opéras sur le même sujet, Albinoni, Zenobia, regina de’Palmireni, 1696 ; Leo, Zenobia in Palmira, 1725 ; Anfossi, Zenobia in Palmira, 1789 ; Paisiello, Zenobia in Palmira, 1790. Zénobie peut être aussi la reine d’Arménie épouse de Rhadamiste, et en l’absence d’allusion à Palmyre dans les titres, on ne peut toujours savoir de quelle reine il s’agit.
92 J. Chrétien Bach, La clemenza di Scipione, librettiste inconnu, Londres, 4.4.1778 ; Farinelli, La caduta della Nuova-Cartagine, Venise, 1803. Sur Scipion, sa clémence et ses diverses aventures, Ariosti, I gloriosi presagi di Scipione Africano, 1704 ; A. Scarlatti, Scipione nelle Spagne, Naples, 1714 ; Vinci, Publio Cornelio Scipione, Naples, 1722 ; Caldara, Scipione nelle Spagne, Vienne, 1722 ; Haendel, Scipione, Londres, 1726 ; Graun, Scipio Africanus, 1732 ; Ferrandini, Scipione nelle Spagne, 1732 ; Caldara, Scipione Africano il maggiore, Vienne, 1735 ; Galuppi, Scipione in Cartagine, Londres, 1742 ; Bertoni, Scipione nelle Spagne, 1768 ; Sacchini, Scipione in Cartagine, Munich et Padoue, 1770 ; Rodriguez de Hita, Scipion en Cartagena, 1770 ; Bianchi, Scipione Africano, Naples, 1787 ; Cercia, Scipione in Cartagine, Naples, 1801 ; Farinelli, Scipione in Cartagine, Turin, 1815 ; Mercadante, Scipione in Cartagine, Rome, 1820.
93 Mozart, Mitridate, livret Cigna-Santi (déjà utilisé par Q. Gasparini, 1767), Milan, 26.12.1770.
94 M.A. Ziani, Caio Popilio, Venise, 1704. Caldara, Caio Fabrizio, Vienne, 1727 ; Hasse, Caio Fabrizio, 1732 ; Haendel, Caio Fabrizio, Londres, 1733 (pasticcio) ; Graun, Caio Fabrizio, 1746 ; Jommelli, Caio Fabrizio, Mannheim, 1760.
95 Nicolo Isouard et R. Kreutzer, Flaminius à Corinthe, Paris, 1801.
96 Jannoni, Paolo Emilio, livret Romanelli, Scala, 2.2.1807.
97 Nicolini, Traiano in Dacia, livret Prunetti, Rome, 3.2.1807. Sur le même sujet, Blangioni, Traiano in Dacia, Munich, 1814.
98 Haendel, Scipione, livret Rolli, Londres, 12.3.1726.
99 Haendel, Giulio Cesare in Egitto, III, 9.
100 Elgar, Caractacus, livret Acworth, Leeds, 1898. Sur Caractacus, J. Chrétien Bach, Carattaco, livret Bottarelli, Londres, 14.2.1767.
101 Rossini, Aureliano in Palmira.
102 Pergolèse, Adriano in Siria, livret Métastase, Naples, 25.10.1734. Sur le même livret, Caldara, 1732 ; De Nebra (Mas gloria es triunfar de si : Adriano in Siria), Madrid, 1737 ; Ferrandini, 1737 ; Ristori, 1739 ; Graun, 1745 ; Hasse, 1752 ; Giuseppe Scarlatti, 1752 ; Perez, Naples, 1752/4 ; Bernasconi, 1755 ; Galuppi, 1758 ; J.-Ch. Bach, Londres, 1765 ; P.A. Guglielmi, 1765 ; Holzbauer, 1768 ; De Maio, 1769 ; Sacchini, 1771 ; Mysliveek, 1776 ; Anfossi, 1777 ; Sarti, 1778 ; Mayr, 1798 ; Portogallo, Padoue, 1813 ; Farinelli, Milan, 1816 ; Airoldi, Palerme, 1821 ; Mercadante, Lisbonne, 1828.
103 Persiani, Costantino in Arles, livret Pola, Venise, 26.12.1829.
104 Pergolèse, Adriano in Siria, I, 1.
105 Bellini, Norma, livret F. Romani, Scala, 26.12.1831.
106 Donizetti, Fausta, livret Gilardoni, Naples, 12.1.1832. Autres opéras sur Crispus, Heinichen, Crispo, 1720 (inachevé) ; Bononcini, Crispo, 1721, revu 1722.
107 Nombreux opéras intitulés Lucio Vero ou Vologeso, d’après un livret d’Apostolo Zeno, revu par Verazi, musique de F. Gasparini, 1719 ; Sarro, 1722 ; R. da Capua, Rome, 1739 ; Perez, Lisbonne, 1754 ; Jommelli, Milan, 1754 (Lucio Vero) et Ludwigsburg (Vologeso), 1766 ; Sarti, 1754 ; Bertoni, 1757 (Lucio Vero) et 1759 (Vologeso) ; Sacchini, Naples, 1764 (Lucio Vero) et 1772 (Vologeso) ; Traetta, Saint-Pétersbourg, 1774 ; P.A. Guglielmi, 1775 ; Martin y Soler, 1783.
108 Magnard, Bérénice, livret du compositeur, Paris, 15.12.1911 ; sur le même sujet, Caldara, Tito e Berenice, Rome, 1714 ; Mellara, Berenice in Roma, Vérone, 1805 ; P. Raimondi, Berenice in Roma, Naples, 1824.
109 Graun, Cesare e Cleopatra, III, 4.
110 Graun, Cesare e Cleopatra, I, 8, et II, 8.
111 Jommelli, Vologeso.
112 Magnard, Bérénice ; Mozart, La clemenza di Tito, acte I.
113 Citons Annibale (Porpora, Venise, 1731), Annibale in Capua (P.A. Ziani, 1661 ; Terradellas, Londres, 1746 ; Salieri, Trieste, 1801 ; Cordella, Naples, 1809 ; Farinelli, Milan, 1810), Annibale in Torino (Paisiello, Turin, 1771 ; Zingarelli, Turin,1792 ; Luigi Ricci, Turin, 1830) ; Mitridate (Caldara, Vienne, 1728 ; Porpora, 1730, Rome, et 1736 ; Terradellas, Londres, 1746 ; Gratin, 1750 ; Sacchini, 1781) ; Sofonisba (Caldara, 1708 ; Gluck, 1744 ; Jommelli, Venise, 1746 ; Traetta, Mannheim, 1762, avec dénouement tragique ; Galuppi, 1764 ; Vento, Londres, 1765 ; Neefe, 1778 ; Portogallo, Lisbonne, 1803 ; Federici, Turin, 1805 ; Paër, Bologne, 1805) ; Siface e Sofonisba (Porpora, Milan, 1725 ; Cocchi, 1749 ; Moreira, 1782 ; P.A. Guglielmi, Naples, 1802) ; Siface, re di Numidia (Feo, Naples, 1723, livret Métastase) ; Viriate (Galuppi, 1762) ; Vercingétorix (Canteloube, Paris, 1933) ; Numance (H. Barraud, Paris, 1955) ; Baodicea (Pucitta, Londres, 1813 ; Morlacchi, Naples, 1818) ; Brenno (Reichardt, 1789) ...
114 Paër, Sofonisba, livret D. Rossetti, Bologne (inauguration du théâtre du Corso), 19.5.1805.
115 Mozart, Mitridate, II, 10.
116 Canteloube, Vercingétorix, livret Clémentel et Louwyck, I, 6.
117 Purcell, musique de scène pour Bonduca (d’après Fletcher), 1695, acte II.
118 Verdi, Attila, prologue, sc. 6.
119 Farinelli, Attila, librettiste inconnu, Livourne, 1806. Autres opéras sur Attila : Von Seyfried, Vienne, 1809 (livret de Werner) ; Generali, Bologne, 1812 ; Mosca, Palerme, 1818 et Messine, 1824 ; Ferr-Tuczek (livret Werner), Pest, 1819 ; Persiani, Parme, 1827 ; F.Malipiero, Venise, 15.11.1845 ; Bordese, Paris, 1882.
120 Bellini, Norma. II, 5 et 7, et I, 4.
121 E. Petrella, Jone ovvero l’ultimo giorno di Pompei, livret Peruzzini (d’après le roman de Bulwer-Lytton), Scala, 26.1.1858, III, 2.
122 Massenet, Roma, acte III.
123 Lauro Rossi, Cleopatra.
124 E. Rincon d’Astorga, E pur Cesare ha vinto, cantate, librettiste inconnu, 1708.
125 Barber, Antony and Cleopatra, texte de Shakespeare adapté par Zeffirelli, New-York, 16.9.1966, III, 2.
126 Combi, Cleopatra, livret P. Bertrami, Gênes, 22.6.1842. Autres opéras sur Cléopâtre, Hasse, Antonio e Cleopatra, 1725 ; Anfossi, Cleopatra, 1779 ; Danzi, Cleopatra, Mannheim, 1780 ; Cimarosa, Cleopatra, Saint-Pétersbourg, 1789 ; Nasolini, La morte di Cleopatra, 1791 ; P.A. Guglielmi, La morte di Cleopatra, 1796 ; Bianchi, La morte di Cleopatra, Londres, 1801 ; Malipiero, Antonio e Cleopatra, Florence, 1938 ; Bondeville, Antoine et Cléopâtre, Rouen, 1974.
127 Haendel, Arminio, livret Salvi, Londres, 1736. Autres opéras sur Arminius, A. Scarlatti, Arminio, Pratolino, 1703 ; Caldara, Arminio, Mantoue, 1705 ; Steffani, Arminio, 1707 ; Pollarolo, Arminio, Venise, 1722 ; Hasse, Arminio, Milan, 1730 et Dresde 1745 ; Cocchi, Arminio, 1749 ; Tarchi, Arminio, 1785 ; Mayr, I Cherusci, 1801 ; Pavesi, I Cherusci, 1807, Arminio ovvero l’eroe germano, 1821 ; Fioravanti, La foresta d’Hermannstadt, 1812 ; Pacini, La foresta d’Hermannstadt, 1839.
128 Biber, Arminio ower Chi la dura la vince, scène finale.
129 Massenet, Hérodiade, livret Millet, Grémont et Zanardini, Bruxelles, 19.12.1881.
Auteur
Professeur à l’Université de Toulouse I
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