Introduction au tome II
p. 431-432
Texte intégral
1La division fondamentale du droit musulman est méthodologique. Elle distingue deux disciplines, celle qui étudie les fondements ou les racines du droit (usûl al-fiqh) et celle qui traite des branches du droit (furû‘ al-fiqh). En première approximation on peut dire que la première est une sorte de méthodologie de l’usage des sources sacrées de l’islam, posant, en même temps un certain nombre de résultats généraux. Elle justifie les solutions détaillées par la seconde, qui correspond en gros à l’idée qu’on se fait d’un traité de droit, étant entendu que le culte fait partie de ce droit. La formation normale d’un cadi inclut ces deux disciplines. Si la pratique a eu tendance parfois à négliger ou à ignorer la première, du moins jusqu’à une date récente, la présentation de ces deux versants du droit musulman est indispensable à sa bonne compréhension.
2Nous commencerons donc par présenter les fondements du droit musulman. La technicité de la matière est considérable et elle reste l’objet d’études de spécialistes. L’exposer avec l’ampleur qu’elle a toujours eue ne correspondrait pas à ce que doit être un manuel. Aussi on ne lui a consacré qu’un chapitre.
3Il n’en est pas de même du reste, les branches du droit musulman. Il pose un problème épineux quant au plan. Les anciens musulmans ne travaillaient pas sans plan, mais ils en avaient une conception très particulière. L’ordre de l’exposé devait être celui de l’urgence des devoirs et la hiérarchie des devoirs dépendait de chaque rite.
4Cette conception est totalement déroutante pour les gens du xxe siècle, musulmans ou non. Le grand as-Sanhûrî nous fait l’aveu de sa surprise en découvrant, dans sa jeunesse, le “pêle-mêle” du droit musulman (Le califat, p. xii). Aussi tous les auteurs contemporains, musulmans ou non, s’efforcent peu ou prou de remettre en ordre la matière. Plus personne, même le plus conservateur, ne suit pas à pas l’ordre traditionnel, tous introduisent des innovations dans les plans classiques. Les remises en ordre les plus radicales s’inspirent généralement des grandes divisions du droit occidental, principalement français. Il est évident qu’il y a un risque permanent de trahison envers le droit musulman, chez tout le monde, mais comment faire autrement ?
5Il nous faut d’abord séparer le culte du reste. La division entre le culte et les relations (mu‘âmalât) est connue des fuqahâ’et ils commencent toujours par traiter du culte, car dans leur vision du monde c’est l’affaire la plus urgente. La suite est plus épineuse. On a utilisé des divisions inspirées du droit français : droit public, droit mixte, droit privé. Le concept de droit mixte (à la fois public et privé) n’est pas d’usage courant, mais il permet de mettre à part un certain nombre de matières de manière bien logique.
6Ce tome II n’est qu’une partie du tome II annoncé dans le tome I. Simplement en raison de l’ampleur de la matière, on a divisé l’ensemble des chapitres V à XIII en un tome II et un tome III.
7Voici comment tout cela se présente. Les chiffres arabes correspondent aux distinctions qui sont connues en droit musulman, et les chiffres romains aux autres.
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Droit musulman
Tome 1 : Histoire. Tome 2 : Fondements, culte, droit public et mixte
Hervé Bleuchot
2000