Énergie
p. 155-156
Texte intégral
1L’énergie, enjeu stratégique, a été au moins depuis la révolution industrielle un sujet de préoccupation pour les États et le sujet de politiques publiques qui – en particulier en France – ont façonné les infrastructures énergétiques développées grâce aux capitaux mobilisés conjointement par l’État et les entreprises. Le rôle de l’État comme organisateur du système énergétique s’est renforcé avec les nationalisations d’après guerre dans le secteur énergétique français. Puis les privatisations dans le secteur énergétique à partir du milieu des années 1980 ont consacré un mouvement inverse de renforcement du rôle de l’entreprise dans la production et la distribution d’énergie, l’État et ses agences conservant un pouvoir de régulation important.
2Cependant, l’urgence des enjeux climatiques et environnementaux et l’inefficacité relative des tentatives de régulation des émissions de gaz à effet de serre par le Marché amènent aujourd’hui à réinterroger la capacité de l’État et du Marché à organiser de façon légitime et efficace le système énergétique. Il ne s’agit plus seulement d’assurer une fourniture d’énergie sécurisée et à moindre coût tout en gérant des externalités mais de repenser l’énergie en tant que système complexe interconnecté à d’autres systèmes complexe : villes, atmosphère, océans, biosphère, sociétés, territoires, et humanité. Les communs apparaissent alors comme un levier de changement clé, qui non seulement complète les capacités d’action de l’État et du Marché, mais transforme également ces dernières. En effet, le système énergétique apparaît aujourd’hui plus que jamais comme une coproduction d’une multiplicité d’acteurs, villes, territoires, organisations de la société civiles, personnes… qui s’engagent dans une démarche de transition de façon autonome.
3L’enjeu de cet approfondissement sous l’angle des dynamiques de bien commun est d’interroger à nouveaux frais les conditions d’une mise en œuvre d’objectifs « techniques » (de développement de capacités renouvelables efficaces et rentables, d’aménagement, de densification urbaine, de rénovation des bâtiments, de solidarité interterritoriale…) comme la résultante de processus sociaux émergents, plutôt que de flécher par la norme, l’incitation (fiscale ou communicationnelle) ou la contrainte les transformations qu’elles seraient censées produire. Les politiques publiques et les acteurs de Marché peuvent alors contribuer à favoriser ces dynamiques en tant que leviers de changement, entraînant à leur tour la satisfaction d’objectifs techniques et contribuant à la satisfaction d’objectifs communs ainsi que des objectifs propres de chaque acteur. Les nouveaux rôles que construisent l’État et le Marché aux interfaces avec les communs, en facilitant leur émergence, en leur apportant des ressources ou en jouant un rôle de modérateurs de dynamiques de commun d’intérêt public, sont alors à leur tour porteurs d’une transformation de l’action publique et du Marché dont il est difficile aujourd’hui de prédire si elle restera superficielle ou constituera au contraire une mutation profonde.
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Dynamiques du commun
Ce livre est cité par
- LAVELLE, Sylvain. (2022) Economic Reason and Political Reason. DOI: 10.1002/9781394188161.ch2
Dynamiques du commun
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