Retour à Moret
p. 37-62
Texte intégral
1Un voyage d’études, c’est toute une affaire ! Il y a le thème à définir, la destination à choisir, l’intendance à mettre en place, les visites à programmer, les interventions à se répartir puis à préparer, le fascicule à composer. Sur place, il faut encore penser à bien d’autres choses qu’aux études : rencontrer les étudiants, les écouter, voire les conseiller, tenter de le faire de la même façon avec tous, susciter l’esprit de groupe, par exemple en faisant des jeux dans le bus – j’adore jouer au loup-garou dans le bus et m’y rendre insupportable tant je triche –, choisir le bon endroit pour déjeuner puis dîner, et se plonger encore dans la night life, mais sans perdre de vue aucune des brebis du troupeau. L’enseignant-chercheur se fait un peu berger dans un voyage d’études, et il en revient en général bien plus fatigué que s’il était resté à faire cours dans sa faculté ou ses recherches à son bureau. Fatigué certes, mais heureux aussi, car un voyage d’études est toujours une précieuse occasion d’accomplir autrement son métier et sa mission.
2J’ai été formé au voyage d’études dans le cadre de l’unité d’enseignement de troisième année de licence « Cultures et sociétés politiques en Europe à la fin du Moyen Âge », où j’assurais, avec Patrick Boucheron, les travaux dirigés de Jean-Philippe Genet. Jean-Philippe et Patrick, c’était l’alliage de deux traditions voyageuses, pour le premier celle des voyages des médiévistes de Paris 1 des années 1970-1980, et pour le second la tradition cloutière réinventée en voyage d’intégration à Fontenay-aux-Roses dans les années 1980-1990. Entre 2005 et 2013, il y eut huit voyages d’études en Italie. Après la retraite de Jean-Philippe, Patrick et moi n’avons pas su, ou pas voulu, poursuivre un voyage qui était pourtant un signe d’identité de cette unité d’enseignement. Bologne avait été notre dernier voyage !
3Entre 2009 et 2011, en tant que coordinateur de la deuxième année de licence en histoire médiévale à Paris 1, j’ai transporté vers ce niveau d’enseignement une part de l’expérience acquise à l’occasion des voyages en Italie. L’enjeu était moins ici de fidéliser des étudiants à l’histoire médiévale que de les y amener tout simplement. Et, pour l’équipe pédagogique que je coordonnais, très marquée par l’expérience de la « grève active » du printemps 2009 contre les réformes initiées par Valérie Pécresse, c’était là une manière de continuer à projeter hors les murs tant notre volonté de transformer nos pratiques pédagogiques que notre vision de l’université. Jusqu’à mon départ en délégation en septembre 2012, il y eut trois voyages d’études, mais d’un format bien plus resserré que ceux en Italie : l’un à Moret-sur-Loing, en 2010, et deux à Provins, en 2011 et en 2012. Moret fut en somme le voyage inaugural d’une tradition qui ne (re)prit finalement pas.
4Dans le train entre Paris et Moret, j’étais un peu nerveux ce matin du 15 mai 2010. J’étais l’organisateur du voyage, mais aussi le local de l’étape, et il me revenait à ce double titre de commencer la visite en donnant un sens au voyage. A priori, c’était là chose aisée. Le programme portait sur la ville médiévale et Moret offrait une monumentalité qui collait assez bien au sujet. En Italie, j’avais appris cependant que l’adéquation du lieu et du sujet n’était pas suffisante, il fallait encore trouver le bon angle, c’est-à-dire à la fois le placement et l’idée permettant de voir d’un coup la ville, à la fois celle qu’elle est lorsque l’on arrive et celle qu’elle fut au moment qu’il s’agit de ressusciter. Cet angle-là implique de trouver non pas une belle vue, mais celle qui permettra de prendre toute la mesure d’une problématique. En Italie, nous passions beaucoup de temps à chercher le bon angle, et Patrick me lançait souvent carte en mains dans la ville pour que je lui trouve le bon endroit d’où commencer à parler. À Moret, il me fallut trouver moi-même cet endroit. Je n’avais certes pas besoin d’une carte, mais sa recherche me prit un certain temps. Dans le train, mes jeunes collègues s’amusèrent de me voir lire et relire mon « PQ » de dix pages (tel est le nom, dans la tradition cloutière, des interventions réalisées lors d’un voyage d’étude), mais il n’est pas impossible qu’ils aient cherché ainsi à oublier la nervosité que leur créait peut-être le fait de devoir s’exprimer après et devant moi à Moret. Les étudiants eux, comme à leur habitude un matin de voyage d’études, dormaient paisiblement pour la plupart.
5À la descente du train, je conduisis le groupe au centre-ville et, sans marquer aucun arrêt préalable, je posais ma sacoche devant la « façade François Ier » dans la cour de l’hôtel de ville. C’était là le seul angle possible à mes yeux. Certains de mes anciens étudiants restent peut-être dans l’attente de commentaires plus précis sur sa construction, son élévation ou encore son programme décoratif, en particulier la frise de portraits royaux sculptés en médaillons qui fait transition entre les arcades du rez-de-chaussée et les fenêtres de l’étage. Tout cela ne m’intéressait pas vraiment. Ce qui m’avait conduit à choisir cet endroit, c’était qu’il n’était pas l’emplacement original de ladite façade, qui se trouvait lui à une bonne centaine de mètres de cette cour de l’hôtel de ville dans laquelle nous nous trouvions. Dans cette migration, la façade avait perdu sa fonction, qui était celle d’une galerie assurant la jonction entre les deux corps de logis de l’hôtel particulier d’une figure modeste du système fisco-financier de la France du xvie siècle. En 1822, un colonel épris d’une tragédienne avait fait déposer puis transporter le portique de cette galerie à Paris. L’hôtel particulier qu’il avait décidé de faire construire pour sa bien-aimée sur le cours la Reine devait en effet donner le coup d’envoi de sa carrière immobilière. En 1956, la façade avait été à nouveau déposée puis ramenée à Moret, où elle avait été remontée sur l’un des flancs de la cour de l’hôtel Clément, une édification néogothique du début des années 1910, où la municipalité s’était installée en 1953. Si la façade voyageuse m’intéressait, c’était donc parce qu’elle me permettait de poser la question du rapport de la ville à son patrimoine et à son identité à l’époque contemporaine. Car le départ de la façade avait été l’occasion d’une prise de conscience, avivée quelques années plus tard par le projet municipal de destruction des portes fortifiées. Celles-ci avaient pu trouver à Paris des défenseurs illustres, lesquels œuvraient alors à établir une politique et une administration du patrimoine.
6Le Moyen Âge avait été sauvé à Moret. Il serait même recréé au cours du premier quart du xxe siècle en raison de la médiévalisation de son centre-ville, dont témoignait l’hôtel Clément devenu hôtel de ville ainsi que quelques autres belles maisons (maison Raccolet, maisons de la rue de Grez et villa Provencher). Le retour de la façade Renaissance en 1956 ouvrait cependant un autre cycle. Car, sur le plan de l’exploitation du Moyen Âge à proximité de Paris, Provins présentait des atouts monumentaux plus nombreux, et politiques en raison de la personnalité d’Alain Peyrefitte qui fut maire de la ville pendant plus de trente ans. Dans sa politique de promotion touristique, Moret fit peu à peu le choix de préférer la Belle Époque des artistes, celle-là même qu’avait rendu possible l’arrivée du chemin de fer (1858) dans une ville médiévale puis médiévalisée. En 1994, la statue d’Alfred Sisley, sur le Champ de Mars depuis son inauguration en 1911, fut ainsi déplacée à l’entrée ouest de la ville, place Samois, en avant de la porte fortifiée du même nom, à côté de l’office de tourisme et du musée. C’est là que commencent les visites de groupes aujourd’hui. Pour ma part, j’avais demandé aux étudiants de ne surtout pas regarder le monument Sisley avant d’entrer dans la vieille ville, ils auraient tout le loisir de s’y arrêter en reprenant le chemin de la gare.
7En achevant mon propos sur l’affrontement entre Moret et Provins dans leur placement touristique, je pouvais enfin dire ce qui avait fait Moret au Moyen Âge, c’est-à-dire sa position à la frontière du domaine royal, face au comté de Champagne puis au duché de Bourgogne. La visite pouvait donc commencer, avec un itinéraire structuré par quatre axes de compréhension : 1) cette fonction de frontière – la prairie du donjon, afin d’observer depuis cet angle les restes de la citadelle du pont, le pont et la porte de Bourgogne ; le donjon et, depuis sa terrasse, le tracé des remparts et l’assiette de la ville – 2) la question de la dévotion et de l’assistance – l’église de Moret ; la maison médiévale du Bon-Saint-Jacques, que prolongent les façades néogothiques de la rue de Grez ; le prieuré de Pont-Loup, pour y évoquer la maladrerie Saint-Lazare et l’hôtel-Dieu – 3) le thème de la production et des échanges – les moulins du pont ; une cave médiévale de la rue Grande ; la place royale ou du marché ; les anciennes granges près du donjon – 4) un retour enfin, sans oublier de marquer l’arrêt devant l’ancienne maison de Sisley, sur la question de la conservation du patrimoine au xixe siècle et la médiévalisation de la ville à la Belle Époque, ce temps qui l’emporte sur le Moyen Âge dans la visite de Moret aujourd’hui – les remparts conservés, du quai des Laveuses au Champ de Mars ; les remparts détruits, de la caserne des pompiers sur le Champ de Mars à la porte de Samois ; la place médiévalisée de l’hôtel de ville ; l’ancien emplacement de la façade François Ier et les maisons Renaissance de la rue Grande. À la fin de cet itinéraire, nous étions donc revenus sur nos pas – je me rends compte que j’aime bien les constructions circulaires, celles qui vous font revenir au début, mais par un tel chemin, qu’il vous apparaît finalement sous un nouveau jour, comme transfiguré.
8On laisse forcément des choses de côté dans ce genre de visite. Pendant la nôtre, hormis la halte à Pont-Loup et le déjeuner sur le Pré de Pins, j’avais décidé de ne pas pousser jusqu’au canal du Loing l’exploration du faubourg de Moret. Il n’était nullement besoin d’aller si loin pour évoquer cet espace de la ville. En vérité, une autre raison m’avait conduit à faire ce choix : dans Moret, le faubourg m’était bien trop personnel. Ma mère, mes deux frères et ma sœur y avaient rejoint mon père en mars 1965. Depuis ma naissance, le 3 décembre 1971, jusqu’au début de mes études, j’avais été un habitant du faubourg. Poussé peut-être par la nécessité inconsciente d’opérer mon départ en Espagne depuis mon lieu d’origine, j’y étais revenu pour quitter la France. Je ne savais pas alors que la desmemoria de ma mère me forcerait à y passer encore pratiquement tous mes week-ends de mes périodes on de janvier 2009 à juillet 2015, et les poutres chancelantes de la rue Commines à réinvestir même ma chambre-bureau du 49 rue du peintre Sisley pendant deux de ces mêmes périodes, en 2013 et en 2014. Tous ces temps cumulés font finalement une épaisse tranche de vie !
9À ma décharge cependant, disons que, dans Moret, le faubourg n’est pas tout à fait Moret. Des médiévistes ne seront pas surpris d’apprendre que cet espace de la ville au débouché du pont sur le Loing a son identité propre, et, comme toute identité, celle-ci est le produit d’une histoire. Le pont, son châtelet et le prieuré de Pont-Loup ont favorisé l’émergence du faubourg dès le Moyen Âge. Toutefois, le facteur déterminant de son développement est plus tardif : il s’agit du creusement du canal du Loing au début des années 1720, qui capte à partir de ce moment la navigation fluviale. Déjà bordé à l’ouest et au sud par le Loing, ce creusement a contribué à insulariser le faubourg, désormais bordé à l’est et au nord par ce même canal et l’alignement sur son tracé du cours de l’Orvanne – l’embouchure de cette rivière dans le Loing se trouvait jusque-là à quelques centaines de mètres de la cascade du parc de l’ancien château de Ravanne à Écuelles, là où le pont de la nationale 6 franchit aujourd’hui l’Orvanne, le canal et le Loing. Avec cet aménagement, le faubourg voit ses activités commerciales et artisanales s’enrichir d’une activité batelière, laquelle favorisera à terme l’implantation d’activités industrielles, telles que l’ouverture d’une carrière de calcaire et de fours à chaux en contrebas du Calvaire, là où le canal et l’Orvanne se jettent dans le Loing, ou l’implantation de l’usine de vélos Prugnat.
10L’insularité produite par le creusement du canal va contribuer à faire dériver ce faubourg actif vers Moret. Car, jusqu’au milieu du xixe siècle, le faubourg de Moret ce n’est presque pas Moret, mais Écuelles. Entre la rive droite du Loing et, au nord, la route de Fontainebleau – elle prendra le nom de rue du Faubourg-du-Pont avant d’être rebaptisée rue du peintre Sisley –, et, à l’est, la route de Saint-Mammès à Moret – actuelle route de Saint-Mammès –, Moret en son faubourg, ce n’est qu’une étroite langue de terre. Elle est peu propice à l’installation des hommes et des activités, en raison d’une forte inondabilité, du poids de la propriété collective, communale (le Pré de Pins) ou ecclésiastique (le prieuré jusqu’à la Révolution), et seigneuriale (arrivée de la grande allée du parc de Ravanne au faubourg). Hormis le prieuré et un relais de poste, il n’y a pas grand-chose dans la partie morétaine du faubourg au xviiie siècle. Mais en émancipant les territoires de Saint-Mammès et des Sablons de Moret, la Révolution provoque un tel mal-être territorial morétain, que la municipalité n’aura de cesse de réclamer une compensation. En 1855, Moret obtient de repousser sa frontière avec Écuelles à la limite désormais plus naturelle que fixent le canal du Loing et l’Orvanne entre ces deux communes. Le faubourg de Moret est enfin morétain en son entier.
11Après l’annexion, le train puis la Belle Époque des impressionnistes, du vélo et des concours de pêche amèneront dans les restaurants et auberges du faubourg un public parisien en mal d’un dimanche pittoresque dans une ville d’art et d’histoire. Le faubourg n’échappe d’ailleurs pas au goût du pastiche architectural en vogue au centre-ville. Sur la place du pont, où commence le faubourg, la villa Provencher (maison Bègue ensuite) propose une lecture néogothique de l’ancienne citadelle dont elle conserve quelques éléments. Au bout de la rue du Faubourg, près du pont de Bourgogne, la pension familiale Les Violettes cède la place à l’hôtel de La Source, qui s’inspire fortement de l’hôtel du château de Madrid du bois de Boulogne, pastiche néo-Renaissance construit par Louis Lefranc. Sans doute faut-il interpréter comme un dernier signe de l’intégration urbaine du faubourg, le fait que le comité formé en 1905 pour promouvoir l’érection d’un monument en l’honneur de Sisley, ait songé à l’installer sur la place du pont. À défaut du monument, inauguré finalement sur le Champ de Mars en 1911, le faubourg verrait son artère principale rebaptisée rue du peintre Sisley. L’intégration du faubourg ne fait cependant pas disparaître l’ancienne frontière entre sa partie morétaine et sa partie écuelloise qui passait précisément par cette rue du peintre Sisley. Car, sur l’ancienne partie morétaine, dont on a dit quels facteurs avaient freiné le développement, l’habitat présentait par rapport à l’ancienne partie écuelloise un profil bien distinct. Là, des maisons plus vastes avec des jardins sur les berges du Loing prirent leurs aises.
12Quelques noms contribuèrent à faire de cette partie du faubourg un quartier des Grandes Familles de la République, celle des sciences, de la politique, du capital et de l’industrie – j’aime bien ce film de Denys de La Patellière (1958), en particulier le moment où Pierre Brasseur (Lucien Schoudler) lance à Jean Gabin (Noël Schoudler) cette réplique de Michel Audiard : « Nous avons de l’argent tous les deux. Toi, tu représentes le patronat, moi le capitalisme. Nous votons à droite. Toi, c’est pour préserver la famille, moi, c’est pour écraser l’ouvrier. Dix couples chez toi, c’est une réception. Chez moi, c’est une partouze ! Et le lendemain, si nous avons des boutons, toi, c’est le homard, moi, c’est la vérole ! » Le premier des représentants de ces grandes familles fut probablement Arthur Vernes, le fondateur de l’institut prophylactique de Paris, apparenté par son père à la Banque Vernes et par sa mère à la tribu Monod. Dans les années 1930, il serait maire de Moret. En 1926, le fils du Tigre, Michel Clemenceau, fit construire sa « Grange-Batelière » d’inspiration vendéenne entre le parc de l’hôtel de La Source et le viaduc de la Vanne. En 1949, il céderait une annexe de sa grange à l’ancien président du Conseil Paul Reynaud, et pousserait Paul-Louis Weiller à reprendre l’ancien moulin Provencher durement endommagé par l’explosion du pont sur le Loing en 1944. L’hôtel de La Source, touché pour sa part par le bombardement de l’écluse du canal en 1940, passerait lui entre les mains de Suzanne Brandt, fille de Jules Brandt et nièce d’Edgar Brandt. Réalisés au même moment, en 1952-1953, les choix architecturaux de ces deux propriétaires furent opposés : tandis que Weiller demanda à Albert Bray, Morétain et architecte en chef du palais de Fontainebleau, de lui édifier un pastiche médiéval et Renaissance, qui fut la dernière construction dans cet esprit à Moret, Brandt commanda elle une villa moderniste à l’architecte Jean Ginsberg. La construction de la villa La Loingtaine entraîna la destruction complète de cet autre pastiche architectural qu’était l’hôtel de La Source. De ce monde des grandes familles, la veuve de Michel Clemenceau resta l’ultime représentante à partir du milieu des années 1970. La municipalité l’inviterait à toutes ses réjouissances officielles jusqu’à peu de temps avant son décès en 2004. Et elle s’y rendrait jusqu’à la fin des années 1990 au volant de sa DS noire, que les Morétains percevaient comme la marque d’une antique autorité républicaine.
13Face à cet îlot des grandes familles, l’autre côté de la rue du peintre Sisley commença à accueillir des travailleurs étrangers, principalement espagnols et portugais, à partir du début des années 1960. Leur arrivée fut favorisée par le chantier de construction aux Renardières, sur la commune d’Écuelles, à quelques kilomètres à l’est du faubourg, d’un centre de recherches EDF qui dopa les entreprises locales de bâtiments et travaux publics à partir du début de 1964. Attiré en France par la signature de la convention franco-espagnole d’immigration (1961), peut-être aussi par la volonté de prouver la justesse de ses choix à ses parents, mon père se fixa alors au faubourg, où ma mère et mes frères le rejoignirent en mars 1965. Je pourrai commencer ici l’histoire du faubourg comme espace du melting-pot français et raconter quelques détails de la vie de la communauté espagnole (Antonio, Maruja, Tino, Amelia, Rosalina, etc.). Toutefois, d’autres espaces voisins, tels que Champagne-sur-Seine ou Montereau, avec Surville, se prêteraient mieux à ce récit convenu me semble-t-il. Car les nouveaux arrivants au faubourg n’étaient pas tous espagnols puis portugais, il y avait aussi quelques Français, d’origine locale ou plus lointaine, venus là pour changer de vie en lançant une affaire. Ainsi, au quai du Canal, mes parents avaient-ils pour voisins des travailleurs portugais célibataires, à l’étage de la maison dont ils n’occupaient que le rez-de-chaussée dans un premier temps, mais aussi les Coulmier qui venaient de reprendre l’auberge-restaurant Au pêcheur tranquille, ou les Rousselle qui venaient d’ouvrir, sur la rue du peintre Sisley, la première supérette de Moret, à laquelle était accolé un bar. La camaraderie entre leur fils Thierry (†) et mes frères fut au fondement d’une amitié durable. À ma naissance, en décembre 1971, les Rousselle et les Coulmier se relaieraient pour aider mon père à faire face à ma fratrie pendant la semaine d’hospitalisation de ma mère à la clinique des Glycines à Montereau.
14Par ailleurs, la force de la religion civique qu’entretenait de concert l’abbé Tribhout, la municipalité et l’association de commerçants fit bien vite de mes frères, comme d’autres enfants morétains, des enfants de chœur, des pêcheurs à la ligne, des joueurs de foot et bientôt des figurants au spectacle historique de la ville créé en 1964 – c’étaient là cependant des activités plutôt masculines, ma sœur Loli, quand elle ne suivait pas mes frères, allait apprendre la broderie et le tricot chez les bonnes sœurs de l’hospice. Enfin, dans ce monde socialement assez divers qu’était le faubourg, l’excellente formation au service domestique qu’avait reçue ma mère du fait de son placement si jeune dans la maison d’un médecin à Cazorla, s’avéra essentielle quand les accidents de mon père et son alcoolisme tronquèrent sa capacité de travail. Ses heures de ménage et de repassage lui firent une certaine réputation dans les bonnes maisons du faubourg, et son service à table en tant qu’extra chez les Coulmier l’amena à rencontrer les Achard. Arrivé d’Algérie en 1962, le chirurgien Maurice Achard était devenu le gérant de la clinique des Glycines en 1969. Avec sa femme Suzanne, ils s’installèrent à La Loingtaine, la villa Brandt, au début des années 1970. Quand les Fernández quittèrent leur service en 1976, c’est vers ma mère qu’ils se tournèrent. Elle serait leur femme de ménage, cuisinière, repasseuse et un peu gouvernante jusqu’à sa retraite en 1995, et mon père, seulement après le départ de Pierrot, leur jardinier jusqu’à sa mort en 1987. Je n’avais pas 5 ans quand ma famille s’installa dans la maison de gardien de La Loingtaine. Pour mes parents et mes frères, c’était là une deuxième phase de leur trajectoire à Moret. Pour moi, qui ne garde pratiquement aucun souvenir du quai du Canal, la première commençait vraiment, du meilleur côté de la rue du peintre Sisley.
15Au début des années 1990, la cloche sonna au grand portail de La Loingtaine. Seul à la maison, j’allai ouvrir. Il s’agissait d’un petit-fils ou d’un petit-neveu de madame Brandt, qui souhaitait pouvoir revoir la villa. En 1998, lorsque les Achard vendirent La Loingtaine, en trois lots, je leur téléphonai afin de pouvoir accomplir ce même (re)tour nostalgique dans une maison qui avait été aussi la mienne pendant près de vingt ans. Nous prîmes un café dans le grand salon, parlâmes un peu de mon projet de thèse, de la propriété, de l’Algérie et d’Oran – bien plus tard, je fus surpris dans cette ville et à Alger de ressentir une émotion à laquelle je ne m’attendais pas, comme si quelque chose m’avait attaché moi aussi à ces lieux. Ils comprirent le besoin que je ressentais de revenir une dernière fois à La Loingtaine, et me laissèrent faire seul une longue promenade dans le jardin. En voyant la photo aérienne reproduite ici, le lecteur comprendra mieux ce qu’était La Loingtaine. L’entrée se trouvait non pas rue du peintre Sisley, mais face à la maison de l’éclusier. Un grand portail ouvrait sur une placette, gardée par notre maison, d’où partaient deux allées. La première, en direction du nord, conduisait vers un grand potager, puis, à la place de l’édifice de l’ancien hôtel de La Source, à une seconde placette et un grand bâtiment, qui logeait des garages et un atelier au rez-de-chaussée, des chambres et un petit appartement à l’étage. C’était là la zone vivrière et technique de la villa. Depuis la placette d’entrée, la seconde allée, qui formait une boucle, conduisait, au sud, vers la villa proprement dite, sise au milieu de parterres de gazon et accrochée à la berge même du Loing. À l’extrémité orientale de cette berge, un bois longeait la Grange-Batelière de madame Clemenceau, puis rejoignait le mur bordant le chemin de halage, contre lequel avait été aménagé un cimetière aux chiens, un peu avant le poulailler et la maison de gardien. À l’extrémité occidentale de la berge, l’embarcadère ouvrait une zone récréative pour grands et petits avec, après le parterre des arbres fruitiers, la piscine et son vestiaire – j’aime bien les piscines, rappelez-vous –, puis, le long du potager et avant le bâtiment des garages, l’aire des jeux pour enfants, équipée d’un bac à sable, de balançoires et d’une maison de poupée. Dans cette villa sans enfants – hormis Emmanuel, petit-neveu de Suzanne Achard, qui venait parfois les week-ends et les étés –, le garçon solitaire que je fus en raison de la différence d’âge avec mes frères fit du parc de deux hectares son grand domaine à histoires, dans lesquelles l’histoire tint vite la première place.
16J’aimerais pouvoir, comme le font certains de mes collègues, attribuer mon choix de l’histoire à quelque choc intellectuel, un livre, une conférence, un enseignement. Mais il n’en est rien. L’histoire pour moi, ce furent d’abord les histoires que me racontait mon père sur le chemin de l’école maternelle. L’itinéraire était invariable : rue du peintre Sisley, pont de Moret, porte de Bourgogne, rue de la Tannerie, rue de l’Est, place Royale, rue du Donjon. Au coin de la place Royale et de la rue du Donjon, je regardais toujours la statue de l’archange saint Michel d’un air soupçonneux, car mon père m’avait dit qu’il l’avait vu un jour lever sa lance et transpercer la bête. Mes premières vacances en Espagne, en 1975 puis en 1977, me firent découvrir d’autres conteurs de l’extraordinaire, mon oncle Andrés, mari de ma tante Dolores, et son frère Francisco. Leurs histoires à eux étaient plutôt celles de châteaux que se disputaient maures et chrétiens, dans l’un desquels une femme-serpent, la Tragantía, se laissait voir chaque nuit de la Saint-Jean. Aux vacances de 1979 – au retour, le 29 juillet, le triple attentat de l’Euskadi Ta Askatasuna (ETA) à Madrid manqua de nous tuer dans la gare de Chamartín, j’en ressortis avec une forte fièvre et puis, pendant un temps, la passion du feu et la manie de faire sauter à l’essence des gares de circuits de train ou d’autres édifices, assez gothiques de fait, que je construisais en Lego ; il n’y avait pas de cellules psychologiques alors –, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais sans hésiter, en espagnol bien entendu, mais avec un roulement de « r » très français : historiador. Il faut dire que j’étais sur la voie de la professionnalisation depuis l’année précédente. En 1978 en effet, j’avais commencé ma carrière de guide de Moret, en accompagnant, pendant l’été, mes cousines Paqui et Carmen à la Grange-Batelière, où madame Clemenceau s’étonna de voir un si petit garçon s’intéresser à ses histoires et faire le traducteur, puis, au cours de l’hiver, mon cousin Pedro et sa fiancée Béatrice dans leur découverte de la ville. Bien plus tard, à Madrid, un jour que Carmen, Pedro, Béatrice, Aurelio et moi-même prenions un verre, Pedro rappela avec humour la précocité de ma vocation historienne, avec une expression d’usage familier, qui sert en Espagne à indiquer une inclination d’un autre ordre : « ya de pequeño apuntaba maneras » (« Petit déjà, il montrait un certain penchant »).
17Nous autres historiens savons bien que chaque année qui passe ne nous rend pas plus intelligents mais en tout cas plus savants : les lectures d’historiens locaux – ma sœur Loli ne me pardonnerait pas si je ne disais pas ici à quel point elle m’aida à apprendre à lire au cours préparatoire – ; les incursions dans l’église de Moret, où une porte sans cadenas permettait d’atteindre la balustrade au-dessus du portail ainsi que la galerie derrière le triforium du bas-côté méridional, pleine de débris de vitraux – des restes des vitraux soufflés lors de l’explosion du pont pendant la retraite des Allemands en 1944 ? –, qui donnait accès à l’orgue Renaissance ; les visites du donjon, de la porte de Samois, de la porte de Bourgogne, où se trouvait une supposée fillette de Louis XI réputée avoir accueilli pendant un temps le cardinal Ballue ; les semaines médiévales organisées par une municipalité qui n’avait pas renoncé à concurrencer Provins ; un stage de patrimoine médiéval organisé pour les classes de cinquième, mais que je suivis en classe de troisième, grâce auquel je pus découvrir Provins… Ainsi, ma professionnalisation prit-elle un méchant tour de médiéviste au cours de la première moitié des années 1980.
18Après, la trajectoire est moins nette : l’adolescence – les filles ? les garçons ? –, le théâtre – non pas avec Brigitte Macron mais avec ma professeure de français, madame Bernardi –, le lycée – j’ai bien failli ne pas y aller, car la principale du collège, par ailleurs adjointe au maire de Moret, était prompte à envoyer les fils d’immigrés de niveau moyen en filière professionnelle… Catherine Devol, la mère de Nathaëlle et de Marie-Pauline, conseillère municipale de gauche et représentante des parents d’élèves, veilla cependant à m’éviter ce sort –, la mort de mon père à la fin du premier trimestre de classe de première – le deuil, la liberté, les vins de bordeaux d’Yves-Christian Devol –, la littérature – les bibliothèques des Achard, celle du petit bureau sur le Loing, pleine des livres au chiffre des Brandt, une littérature des années 1930-1960 surtout, et celle du couloir de l’office, où Suzanne Achard remisait ses lectures plus récentes –, le théâtre à nouveau – après la compagnie Tidcat, les Tréteaux de l’âne vert de Jean Villanova surtout, en particulier avec Sandrine Ambert (mon premier baiser, en cours préparatoire, alors que nous jouions sans doute à singer Albator repoussant une attaque de Sylvidres) et Édouard Héron (le grand Douardo) –, la philosophie – l’écoute presque religieuse des cours de Robert Maggiori, dont les articles dans Libération impressionnaient le lycéen que j’étais –, l’économie – la découverte de l’actionnariat populaire à la faveur des privatisations menées par Édouard Balladur –, la politique – de la droite vers la gauche, un élan timide encore pendant le mouvement contre le projet de loi d’Alain Devaquet, puis accéléré par le second septennat de François Mitterrand, et finalement reconduit en direction d’une gauche plurielle, ce qui doit, j’imagine, m’installer aujourd’hui dans la fausse gauche –, l’écriture enfin – j’avais encore ravivé le pseudo-adolescent de Jean Padillat pour signer quelques poèmes dans le premier et unique numéro de la revue Demo(s). Des mots pour la démocratie, paru en décembre 1997. Cette dispersion manqua bien de m’envoyer ailleurs qu’en histoire. Le tout jeune homme plein d’intérêts et d’ambitions n’envisageait d’avenir que politique ou littéraire. En même temps – un aveu de macronisme penseront certains –, il savait qu’il lui fallait faire un choix d’études rentables au vu de sa situation familiale.
19Le 4 juillet 1989, tandis que j’attendais à Melun les résultats du baccalauréat, disposé à aller m’inscrire en droit dans l’antenne que l’université Assas venait d’ouvrir dans cette ville, ma sœur Loli faisait elle la queue devant Tolbiac pour que je puisse, si jamais je changeais d’avis, m’inscrire en histoire à Paris 1. À mon arrivée, il n’y avait plus de queue, mais l’histoire venait de l’emporter. Je croyais cependant avoir une dernière carte à jouer avant de me résoudre tout à fait à ce choix : l’examen d’entrée à l’Institut d’études politiques en septembre. Après les épreuves, j’apprenais en parlant avec d’autres candidats, qu’ils avaient passé toute leur année à se préparer à l’examen. En octobre 1989, je n’avais pas encore 18 ans et je faisais ma rentrée à Tolbiac. Au même endroit, je fis celle de 1996 en tant que chargé de cours en histoire médiévale. Entre-temps, un DEUG, les échanges avec Patrick à partir d’octobre 1990, deux khâgnes et une licence en examen terminal, la rencontre avec Claude Gauvard venue donner une conférence à Henri-IV au printemps 1993, une grosse maîtrise sous sa direction – en salle Bloch, vêtu d’un bermuda, je lui avais dit vouloir travailler sur l’amour en politique… et ce furent les formules de politesse dans la correspondance de Louis XI –, l’agrégation – l’épisode bien connu de la colère de Claude, alors présidente du jury, me découvrant prêt à suivre les leçons du hors-programme la veille de mon passage habillé à nouveau d’un magnifique bermuda –, le service militaire au service historique de la Marine – le Jockey Club selon le contre-amiral Kessler, la tentation de l’histoire contemporaine ? Tout cela semblait avoir fait de moi un historien, voire déjà un historien médiéviste.
20Je ne sais pas quel fut le ressenti de ma famille pendant tout ce temps. Encore que, dans ma famille, c’était plutôt celui de ma mère qui m’importait. Car, si elle ne chercha jamais à se mêler de mes choix d’études, je savais que son soutien était inébranlable et je n’avais pas le droit de la trahir. Elle m’en avait donné une première preuve à la fin de la classe de troisième, en prenant rendez-vous avec ma professeure principale, madame Bernardi. Elle ne voulait ni d’un redoublement ni d’une orientation, et pour être tout à fait comprise, elle passa sa plus belle robe, sortit ses perles et prit son sac verni. Mon entrée au lycée à Fontainebleau fut pour elle sa première revanche sociale, voire familiale, et elle ne ferait que s’amplifier avec mon baccalauréat, mon entrée à Henri-IV, mon uniforme d’officier, l’agrégation et puis mon écharpe municipale au mariage de mon frère. Avec Suzanne Achard, quand elle faisait les lits le matin ou qu’elle cuisinait à midi, elle parlait beaucoup de moi, et elle n’était pas peu fière d’en savoir plus qu’elle sur les classes préparatoires, ou de lui raconter quel menu elle avait préparé pour l’un de nos déjeuners à La Loingtaine, avec Catherine et Yves-Christian, ou bien Lili, Christine et Francis, ou encore, et surtout, Patrick et Sabine. Ce n’est que bien plus tard, en écoutant quelques morceaux de ses vies inventées – la desmemoria a du bon, il faudrait écrire un traité de la desmemoria feliz (« l’oubli heureux ») –, que je prendrai tout à fait la mesure de la blessure sociale qui avait été la sienne. Je suis simplement heureux aujourd’hui d’avoir pu soulager un peu sa souffrance, ce dont elle ne se souvient pas. Encore qu’elle ait parfois d’amusants réflexes de classe me concernant. À une auxiliaire de vie lui disant qu’elle allait dîner avec moi, d’une moue contrariée, elle rétorqua que cela était impossible, car j’étais un grand professeur de la Sorbonne – elle ne sera pas présente lors de ma soutenance d’habilitation, et il me faudra surmonter cet autre deuil. Désormais, à chaque visite que je lui rends, elle me demande quand je vais enfin me décider à me marier, ce qui me conduit à renouveler périodiquement mon coming out. Fort heureusement, le fait que je vive avec un médecin rend la question de mon homosexualité tout à fait secondaire dans son esprit fugitif. Dans sa chambre de la maison de retraite de Cazorla, que tiennent des religieuses, j’ai laissé la photo de ma poignée de main avec Jean-Paul II qu’elle gardait dans ses affaires – l’audience privée à laquelle avaient été convié les participants au colloque « Suppliques et requêtes » à Rome en 1998, auquel assistèrent également Étienne Anheim, rencontré au lycée Henri-IV, et Valérie Theis, laquelle sera probablement déçue de ne pas trouver cette photo à la suite. Dans sa chambre, ma mère pousse peut-être encore un soupir d’aise en regardant la photo de cette poignée de main.
21En 1997, ma mère m’informa de l’intention des Achard de vendre La Loingtaine en trois lots. J’étais professeur agrégé dans le secondaire depuis la rentrée de 1996 et l’achat du lot central, le nôtre (de la maison de gardien à la piscine) n’était peut-être pas impossible. Mais il fallait vendre la maison de ma mère du 49 rue du peintre Sisley et s’endetter lourdement. Sur les conseils de Patrick et de Claude, je m’étais en outre résigné à abandonner le règne de Louis XI pour travailler sur l’Espagne médiévale, et il me faudrait envisager à terme une candidature à la Casa de Velázquez et une installation à Madrid. L’achat paraissait régressif et j’y renonçais. Mais ce faisant, j’avais l’impression de ne pas tenir la promesse que je lui avais faite, entre une virée au donjon, l’explosion d’une gare ou un tour en barque sur le Loing, de lui construire un jour une belle maison. Car, petit, j’avais aussi la passion de l’architecture et j’ai dessiné très tôt des plans de palais avec d’immenses parcs à la française – j’aime bien les palais. J’avais fait aussi cette promesse d’aspirant architecte à ma marraine Amelia, elle aussi du faubourg, mais de la partie toujours écuelloise, dont j’avais failli être désigné le tuteur par les services sociaux en février 2008, car son unique famille, ses neveux de Valence, tardèrent beaucoup à se manifester quand son insuffisance rénale devint critique. On déçoit forcément quelqu’un à un moment de sa vie. J’espère en tout cas n’avoir pas déçu mes étudiants lors de leur visite à Moret le 15 mai 2010. Certes, je ne les ai pas promenés dans le faubourg. Mais en les emmenant dans la prairie du donjon, pour qu’ils découvrent de là la porte de Bourgogne, le pont et ses moulins, l’ancien châtelet et le prieuré, j’avais voulu les rapprocher d’un angle de vue qui avait été le mien quand je prenais la barque à La Loingtaine pour faire une promenade sur le Loing. Avec ce recul d’historien qui était désormais le mien, je savais que cet angle de mon enfance était finalement le meilleur pour comprendre la fonction de ville frontière qui avait été celle de Moret au Moyen Âge.
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