Liberté, un mot spécieux
Le jeu d’un concept
Hobbes nous dit que le mot « liberté » est spécieux. Il existe de fait un contraste frappant entre la plénitude que peut donner l’énonciation du mot, comme dans le célèbre poème d’Éluard, et le sentiment de vide provoqué par la désolante diversité des usages concrets, parfois ouvertement contradictoires. Tôt ou tard, la réflexion bute sur la polarité de la liberté comme affirmation de l’ordre censé nous protéger de la licence, de l’anarchie ou du nihilisme, c’est-à-dire de la « fausse » libert...
Note de l’éditeur
Ouvrage publié avec le concours de la commission de la recherche de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 29 mars 2022
ISBN numérique : 979-10-351-0733-8
DOI : 10.4000/books.psorbonne.95640
Collection : La philosophie à l’œuvre
Année d’édition : 2020
ISBN (Édition imprimée) : 979-10-351-0518-1
Nombre de pages : 276
Hobbes nous dit que le mot « liberté » est spécieux. Il existe de fait un contraste frappant entre la plénitude que peut donner l’énonciation du mot, comme dans le célèbre poème d’Éluard, et le sentiment de vide provoqué par la désolante diversité des usages concrets, parfois ouvertement contradictoires. Tôt ou tard, la réflexion bute sur la polarité de la liberté comme affirmation de l’ordre censé nous protéger de la licence, de l’anarchie ou du nihilisme, c’est-à-dire de la « fausse » liberté, ou comme négation de l’ordre dont les contraintes sont suspectées d’être oppressives et incompatibles avec la « vraie » liberté. Les contradictions entre les conceptions de l’ordre associées à la liberté donnent une justification à la conception de la liberté comme négation. Mais celle-ci est également difficile à tenir car elle risque de nier son objet en basculant dans la licence illimitée. Le conflit entre la liberté comme affirmation et la liberté comme négation n’est pas un défaut du concept. Il faut plutôt dire : la liberté est l’un des concepts qui servent à penser la production historique d’objets par l’activité collective et conflictuelle des hommes. L’oscillation entre ces deux pôles, qui peut être embarrassante au point d’inciter à n’en plus parler, montre que de tels concepts ont une structure ludique, au sens de ce qui fait l’intérêt de jeux intellectuels aussi futiles que les échecs. Ce livre peut se lire comme une introduction au jeu conceptuel de la liberté.
Maître de conférences en philosophie politique à l’université Paris-Nanterre et membre de Sophiapol. Il a notamment publié Las Casas, une politique de l’humanité. L’homme et l’empire de la foi (éditions du Cerf, 1998) ; Le concept d’idéologie (PUF, 2004) ; Tocqueville et les frontières de la démocratie (PUF, 2007) ; Impérialisme, empire et destruction, dans B. de Las Casas, La controverse entre Las Casas et Sepúlveda (Vrin, 2007) ; Tocqueville ou Marx. Démocratie, capitalisme et révolution (PUF, 2012) ; Équivoques et tourments de l’utopie. Un concept en jeu (Publications de la Sorbonne, 2015).
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