Les capitales littéraires allemandes
p. 323-334
Texte intégral
1Dans tous les pays européens, la vie littéraire se concentre en des lieux et on est tenté de les considérer confusément comme des capitales. Pourtant, avant de s’interroger plus précisément sur ce que pourrait être une capitale littéraire allemande, quelques distinctions préliminaires s’imposent. Ce n’est pas parce qu’un écrivain considéré par la postérité comme important a vécu dans une ville que celle-ci peut devenir rétrospectivement une capitale. Il y a une différence de nature entre la constitution d’un panthéon qui repose sur le travail, le filtre et les transformations de la mémoire collective et une capitale qui existe dans le présent et certainement pas à titre rétrospectif. Il convient donc de reconstituer la perception des acteurs de la vie littéraire au moment même de leur activité, ce qui doit détourner de plaquer des modèles extérieurs. D’autre part, l’espace culturel germanophone n’est pas jusqu’à l’époque actuelle l’État allemand, il intègre des centres aussi importants que Vienne ou Zurich. A plus forte raison, serait-il absurde pour des époques anciennes d’établir des distinctions. La polémique entre Bodmer et Breitinger de Zurich d’un côté, Gottsched de Leipzig de l’autre, structure les débats littéraires au milieu du xviiie siècle. Le libraire Trattner de Vienne répand ses éditions pirates à travers l’Allemagne. Au moins jusqu’à Königgrätz (Sadowa), le morcellement politique de l’ensemble issu de l’Empire romain germanique exclut que l’on puisse définir l’une de ses parties comme l’Allemagne au détriment des autres. Dans les remarques qui suivent, on envisagera la période qui va du milieu du xviiie siècle à nos jours en mettant toutefois l’accent sur le moment où s’est constituée une littérature nationale allemande.
Les fonctions de la capitale
2Avant de s’interroger sur le sens exact de la notion de capitale littéraire dans le monde germanique, on peut commencer par rechercher une définition précise du mot capitale. Reinhart Koselleck dans ses Geschichtliche Grundbegriffe nous laissant sans secours particulier, on doit aller à la source des différents lexiques. Kant et Hegel ignorent le terme, qui n’apparaît pas non plus chez Goethe. Dans le dictionnaire d’Adelung (édition de 1796) Hauptstadt désigne « la plus noble et plus importante ville d’une province ». Par exemple, Erfurt est la capitale de la Thuringe. Le dictionnaire de Grimm, qui paraît depuis 1854 mais dont le 10e volume, contenant le terme de Hauptstadt, n’a été publié qu’en 1877 après la fondation de l’Empire, donne trois sens :
- La première ville d’un pays, d’une province du point de vue de sa grandeur, de sa situation et de son importance politique. Parmi les exemples donnés : « Mayence fut à la même époque capitale de la Germanie et de la Gaule » et une phrase de Justus Möser écrite en 1798 : « C’est une de nos particularités à nous pauvres Allemands, sans capitale, nous devons avoir notre propre théâtre national ». Le dictionnaire précise ensuite : « Comme la première ville du pays est d’habitude le siège du prince territorial, on emploie comme des synonymes Hauptstadt et Residenzstadt ». Grimm cite une formule empruntée à la Volkszeitung de 1863 « Unsere Haupt- und Residenzstadt Berlin »1.
- La métropole par rapport aux colonies.
- La ville la plus importante dans un domaine : Solingen, capitale de l’acier. Le dictionnaire de Trübner, paru en 1939 à Berlin, n’a tout simplement pas d’entrée capitale (mais a bien des entrées Häuptling, chef de horde, Hauptmann, capitaine, Hauptsache, chose principale, Hauptsatz, proposition principale). Il faut dire que d’après le lexique de la langue parlée de Küpper de 1983, on appelait dans les années 1930 Munich Hauptstadt der Bewegung, capitale du mouvement national-socialiste. Le dictionnaire de Kempcke paru en RDA en 1984 précise que la capitale est « la ville généralement la plus grande d’un pays où en règle générale les organes centraux du pouvoir d’État ont leur siège ». Quant au dictionnaire Duden de 1993, il propose prudemment comme définition « la ville [la plus grande] d’un pays où se trouve le siège du gouvernement ». On pourrait dire pour résumer cette brève exploration que le terme de capitale n’est pas un concept sémantiquement lourd, qu’il désigne naturellement le siège du pouvoir mais que dans cette fonction la capitale est soit absente, soit plurielle, soit ambiguë comme dans le composé Haupt- und Residenzstadt.
3Qu’est-ce qu’une capitale littéraire ? Quand on pose cette question dans un cadre francophone, on pense immédiatement à Paris, c’est-à-dire à un lieu où vivent de nombreux auteurs, où leurs livres sont produits, où leur consécration se décide, où sont engagées les traductions, où s’opère la diffusion et se pratique intensément la lecture critique. On pensera rarement au fait que toutes ces fonctions qu’enveloppe le terme de capitale sont en fait radicalement distinctes et au mieux font système entre elles. Il est très difficile de dire d’un point de vue général où vivent les écrivains allemands au xxe siècle, mais il est bien évident qu’ils ne sont pas concentrés dans un lieu ni dans une région unique. De très grandes figures sont associées à de minuscules terroirs, comme Arno Schmid dans son village de Basse-Saxe ou Ernst Jünger dans son village de la Forêt noire. Et ce ne sont pas des écrivains de terroir mais bien des auteurs d’envergure nationale. Une partie non négligeable est installée à l’étranger, notamment à Paris, comme si cette distance était une condition favorable à la production littéraire. En remontant dans le passé, on peut voir que la situation est la même dans la longue durée. Un des personnages aux réseaux les plus efficaces pour entretenir une sociabilité littéraire dans le dernier tiers du xviiie siècle, Gleim, vivait à Halberstadt et l’un des promoteurs de la littérature de la Empfindsamkeit, Jacobi, a longtemps habité Eutin.
4Le lieu de production des livres est, dans de très nombreux cas, différent du lieu de séjour. Il s’agit souvent de Leipzig. Wieland qui vit dans un hameau pas très éloigné de Weimar, Osmannsredt, publie ses œuvres chez le Leipzigois Göschen2. Goethe passe de Göschen à Cotta à Stuttgart3. Jean Paul vit à Bayreuth mais ses livres sont publiés chez Matzdorff ou chez Voss à Berlin, accessoirement chez Beygang à Leipzig4. Vers 1790, on compte dans l’ensemble du monde germanique un écrivain pour 4 000 habitants, mais 1 pour 800 à Vienne, 1 pour 675 à Berlin et 1 pour 170 à Leipzig5. Entre 1765 et 1805, Vienne produit 1 235 livres en moyenne décennale contre 2 423 à Berlin et 5 556 à Leipzig. En 1835, ont été publiés 24 titres à Berlin, 23 à Munich, 31 à Stuttgart et 110 à Leipzig. C’est seulement vers 1913 que Berlin, en nombre de titres produits, l’emporte sur les autres centres allemands. Ces résultats statistiques doivent être considérés avec une certaine prudence, car des notions comme le nombre de titres ou le nombre d’auteurs recouvrent des choses parfaitement disparates en l’absence de toute hiérarchie des valeurs esthétiques ou du degré de consécration. On peut toutefois en tirer l’idée que les lieux de production du livre sont sensiblement dispersés sur le territoire, que les auteurs le sont également, et que le centre qui se dessine peu avant la guerre de 1914 n’a même au moment de son plus grand rayonnement qu’une importance relative. À l’époque contemporaine Francfort, qui n’est en rien, on le sait, un lieu de séjour traditionnel pour les écrivains, est certainement l’un des principaux lieux de production de livres.
5Observons le mode de consécration immédiate d’un texte important pour la culture allemande de son époque, les Discours à la nation allemande de Fichte qui paraissent à Berlin en 18086. Les échos immédiats en 1808 et 1809 ont évidemment une importance décisive dans la diffusion de l’œuvre. La première recension paraît en juillet 1808 dans la Allgemeine Zeitung qui est publiée à Stuttgart et Tübingen. Le même mois on trouve une recension dans Der Freimüthige, revue berlinoise. Puis c’est la Neue Leipziger Literaturzeitung qui publie un compte rendu en septembre. La Jenaische Allgemeine Literaturzeitung n’intervient qu’en novembre. Il faut encore signaler des comptes rendus dans la Oberdeutsche Allgemeine Literaturzeitung de Munich, dans la Neue Sammlung kleiner historischer und literarischer Schriften d’Altona, dans Pallas. Eine Zeitschrift fur Staats- und Kriegskunst de Tübingen et dans les Heidelbergische Jahrbücher der Literatur où Jean Paul Richter, écrivain fixé à Bayreuth, écrit son commentaire. Sur huit recensions immédiates, une seule a été publiée à Berlin, les autres venant de Stuttgart, Leipzig, Tübingen, Heidelberg, Jena, Munich et Altona, c’est-à-dire de sept lieux différents.
6Les canaux de consécration obéissent, quant à eux, à une répartition géographique tout aussi autonome. Après les Acta eruditorum de Leipzig, l’Allgemeine deutsche Bibliothek de Berlin, le Göttingischer Gelehrtenanzeiger (Göttingen), la Jenenser Literaturzeitung de Jena ont eu, au xviiie siècle, une position dominante relayée, au xixe siècle, par des revues essentiellement leipzigoises (Zeitschrift für die elegante Welt) ou hambourgeoises. Ajoutons que la reconnaissance passe plus nettement en Allemagne qu’en France par l’étranger. Le succès obtenu par tel ou tel auteur allemand le renforce dans sa position allemande.
7Dans le domaine des traductions, de la pénétration sur le marché allemand d’œuvres étrangères, on peut dire que le système d’inscription obligatoire au Börsenverein de Leipzig7 a créé une situation de monopole de fait. Pour sortir les livres plus rapidement, les libraires avaient ensuite créé de véritables usines de traduction, évoquées par Nicolai dans son roman Sebaldus Nothanker8 et partageant la tâche entre de nombreux traducteurs censés réaliser la traduction dans un temps très limité. Mais, dès le xviiie siècle, les traducteurs les plus réputés vivent à l’écart de la librairie. Garve par exemple est installé à Breslau.
8Une des fonctions de la capitale littéraire est d’être un lieu de diffusion et de lecture. Or, comme l’a montré Frédéric Barbier9, si l’on voit bien entre 1837 et 1913 le nombre des librairies berlinoises passer de 25 % à 37 % du nombre des librairies allemandes, si l’on évolue d’un ratio de 10 000 à un ratio de 3 700 habitants par librairie, il n’en reste pas moins que cette évolution est récente, et que durant la même période Leipzig passe d’un libraire pour 3 000 habitants à un libraire pour 1 700 habitants. A Dresde, Stuttgart et à Hambourg, on compte respectivement vers 1810 un libraire pour 3 400, 3 800 et environ 4 700 habitants. La capitale de l’Empire, au moment où se réalise une concentration de pouvoir maximale, ne se caractérise pas par une densité de lecteurs qui permette d’en faire une capitale de la lecture.
Le passage de Leipzig à Weimar
9Plus que les autres, la ville de Leipzig, nous l’avons déjà suggéré, concentre, à plusieurs époques, différentes fonctions qui caractérisent la capitale littéraire. Le moment le plus clair est sans doute le milieu du xviiie siècle. On trouve à Leipzig une forte densité d’hommes de lettres parmi lesquels des noms importants de l’histoire littéraire (Gottsched, Weisse, Gellert)10. Ces écrivains bénéficient d’un très fort succès populaire. En particulier Gellert qui est véritablement un auteur à succès, contribue largement à inaugurer cette catégorie sociologique dans l’espace germanique. Surtout Leipzig est devenu le principal lieu éditorial d’Allemagne, après avoir définitivement relégué Francfort au second plan, et le prince des libraires qu’est Philipp Erasmus Reich11 durant la période 1765-1787 a réussi à moderniser et moraliser le commerce des livres. Jusqu’au début du xviiie siècle, prévalait un commerce fondé sur l’échange de papier imprimé dans des fûts de bois. Après une phase où le système d’échange prévoyait la possibilité de renvoi des invendus, les libraires leipzigois introduisirent et imposèrent, dans la seconde moitié du siècle, le système d’un achat des livres sans retour possible. Une des contributions de Reich à la modernisation de la librairie dans le monde germanique consiste notamment à développer le catalogue de la foire, à combattre les éditions pirates, à clarifier et normaliser les relations éditeur-auteur. On aboutit à une mise en évidence de la fonction de l’auteur comme sujet bien individualisé et doté de droits. On assiste également au phénomène du best-seller.
10À cet égard, il faut mentionner le Werther. L’éditeur Christian Friedrich Weygand, originaire de Helmstedt, venait de s’installer à Leipzig. Rédigé dans les premiers mois de 1774, le Werther paraissait en septembre de la même année. Ce prodigieux succès qui inlassablement réédité fut bientôt traduit dans de nombreuses langues12 intervient au moment où la place de Leipzig a conforté sa situation de quasi-monopole, où le passage à la lecture extensive, la part grandissante de la littérature de fiction deviennent de plus en plus évidents. C’est à Leipzig, chez Georg Joachim Göschen, que Christoph Martin Wieland publie ses œuvres complètes, dont on s’accorde à reconnaître le rôle dans la création d’un large lectorat pour la forme romanesque. Or Leipzig est aussi le lieu où la consécration peut être prononcée, d’abord par les nombreux lecteurs que la densité des librairies permet d’imaginer dans la classe des négociants, lecteurs qui utilisent parfois les services de cabinets de lecture particulièrement bien dotés comme celui de Beygang13, mais aussi par l’instance médiatrice des revues. Gottsched, qui enseigne la littérature allemande à l’Université, est un inépuisable fondateur de revues selon le modèle anglais des journaux sentimentaux, et Nicolai de Berlin installe même la rédaction de sa revue Bibliothek der schönen Wissenschaften und der freyen Künste [Bibliothèque des belles sciences et des arts libéraux] à Leipzig. Une concentration comparable peut être constatée au milieu du xixe siècle, lorsque les romanciers dits de la Jeune Allemagne, par exemple le romancier Laube, publient des romans destinés à un vaste public, sont en même temps responsables de revues, dans le cas de Laube la Zeitung fur die elegante Welt [Journal pour le monde élégant] et sont en relation immédiate avec des éditeurs. Un best-seller aussi notable que Doit et avoir de Gustav Freytag a été publié en 1855 à Leipzig où l’auteur travaillait dans une grande revue littéraire réaliste Die Grenzboten [Les messagers de la frontière].
11La proximité d’écrivains soucieux du succès de leurs ouvrages auprès d’un public découvrant un nouveau type de lecture et de maisons d’édition florissantes a entraîné une conséquence pour le moins inattendue. Les écrivains de Leipzig, accompagnés et soutenus par les écrivains d’autres régions d’Allemagne – on pense en particulier à Klopstock – ont tenté de constituer une coopérative de production, de confondre en quelque sorte les fonctions de l’édition et de la production littéraire. Un gigantesque système de souscription rendait les libraires superflus. Cette entreprise de la société typographique de Dessau (1781) était notamment dirigée contre les bénéfices que certains éditeurs, en particulier Reich, retiraient de la commercialisation des productions intellectuelles. L’éditeur Wendler était par exemple célèbre pour avoir fait fortune en exploitant sans grands scrupules le talent littéraire de Christian Fürchtegott Gellert. Pourtant l’idée de république des savants défendue par Klopstock fut un échec. Elle avait notamment pour défaut d’exclure la dimension du public et de ses goûts pour faire de l’espace littéraire une simple affaire d’écrivains.
12La juxtaposition du travail d’écriture, des instances de consécration des maisons d’édition et de ce lieu d’échange qu’est la foire du livre aboutit à favoriser une littérature de large diffusion au détriment de la littérature de cénacle. Le phénomène explique sans doute en partie un glissement de Leipzig à Weimar dans la fonction de capitale. Lorsque Georg Joachim Göschen, qui a publié en 1787 une édition des Œuvres complètes de Goethe en huit volumes refuse en 1791 de publier l’Essai sur la métamorphose des plantes, Goethe quitte son éditeur pour faire affaire avec Cotta. Ce qui revêt une importance symbolique, c’est moins le divorce de Goethe et de son éditeur leipzigois, que le refus d’une littérature soumise aux intérêts de l’édition. Le mythe de Weimar comme capitale littéraire repose sur le mythe d’une littérature incarnée par Goethe et Schiller qui ne se plierait pas aux exigences du marché littéraire. Cultivant l’idée d’autonomie de l’art et s’inscrivant en faux contre son asservissement à l’idée même de marché, la nouvelle capitale va se définir par une certaine distance vis-à-vis des contraintes propres à l’ancienne. Des auteurs comme August Lafontaine, produisant des romans qui se vendent fort bien et font la fortune de leurs éditeurs, se situent désormais en marge et sont l’objet d’une condescendance appuyée. Les échecs éditoriaux que peuvent rencontrer Schiller ou Goethe – qui doit pourtant le début de sa carrière au succès fulgurant du Werther – sont réinterprétés comme des signes de qualité, d’une élection inaccessible au commun. Wieland, qui après avoir été publié chez Weidmann s’en est libéré au terme d’un procès pour rejoindre Göschen, Wieland qui, avec son Merkur, dispose sur place à Weimar d’un support de consécration constitue un peu une exception à la tendance à l’élection qui caractérise la nouvelle capitale. Il faut dire, d’une part, que le thème de l’autonomie de l’art est en partie une conséquence de l’individualisation de l’œuvre liée au développement du marché littéraire, d’autre part, que l’autonomie de l’art finit par devenir, elle aussi, un argument sur le marché : on en arrive au phénomène du Cercle de Stefan George dont le succès, y compris commercial, repose sur le mépris affiché des lois du marché littéraire14.
13Alors que la définition d’une capitale littéraire reposant sur l’étroite collaboration d’un grand nombre d’auteurs et d’éditeurs répond à des considérations de type comptable ou statistique, la capitale littéraire se fondant sur l’autonomie de l’art peut être plébiscitée par une reconnaissance étrangère. Quand Madame de Staël érige Weimar en temple de la littérature allemande aux yeux du public francophone ou même anglophone, elle néglige le nombre d’exemplaires vendus mais répercute l’idée propre aux weimariens de l’autonomie de l’art.
Berlin et les petits centres
14La question de la capitale littéraire allemande envisagée du point de vue de la période la plus contemporaine dissimule aussi la question, très actuelle, du rôle de Berlin. Il n’est certainement pas question de nier que, dans la longue durée, Berlin a joué un rôle éminent dans les lettres allemandes, notamment lorsque s’est opérée la conjonction de plusieurs facteurs favorables, tels que la présence d’auteurs, de maisons d’édition et un rayonnement politique de la ville sur le reste du pays. C’est ainsi, par exemple, que Nicolai dans sa triple fonction d’éditeur d’une très grande revue la Allgemeine deutsche Bibliothek [Bibliothèque universelle allemande], d’auteur prolifique et de propriétaire d’une maison d’édition a fortement contribué à faire de Berlin, dans les années 1770-1780, un lieu de première importance.
15Un deuxième moment facilement reconnaissable est ce que l’on pourrait appeler le moment Theodor Fontane. Il suit la guerre de 1870 qui a définitivement donné à la Prusse un rôle dominant en Allemagne. L’œuvre de Fontane présente la caractéristique d’être un retour, au demeurant critique, sur la société prussienne. D’autre part, les premiers ouvrages de Fontane à avoir connu un large succès sont ses récits de captivité en France15 – il avait été fait prisonnier en 1870 – et ses récits de voyage ultérieurs dans la France occupée. Deux textes qui donnent lieu à des prépublications dans la Vossische Zeitung, grand journal berlinois du temps.
16Un troisième moment serait le moment brechtien entre la fin de la guerre de 1914 et l’avènement du national-socialisme. Il se caractérise par l’éclosion, très clairement ancrée à Berlin d’une modernité littéraire liée à d’autres expérimentations esthétiques (de la musique de Kurt Weill à la peinture de Grosz) qui se veut en même temps une expérimentation de formes sociales nouvelles. C’est l’époque où Döblin publie son roman Alexanderplatz. Il est toutefois caractéristique qu’on désigne ce grand moment de l’histoire culturelle berlinoise du nom de « république de Weimar ». Berlin est un lieu central pour cette esthétique car la ville a été un épicentre de la catastrophe antérieure, le cœur du pouvoir politique wilhelminien, un peu à la manière dont l’anticonformisme berlinois de l’après seconde guerre mondiale était adossé à l’hyperconformisme de la période national-socialiste.
17Si cette place de Berlin ne saurait être niée, on est en droit de s’interroger dans le long terme sur la place relative d’autres centres qui peuvent, à y regarder de près, apparaître comme aussi importants pour une histoire culturelle. Dans les années 1770, Göttingen est le lieu d’éclosion d’une école poétique qui avec Voss, Boie, Stolberg, Hölty etc., fournit à l’Allemagne une série de poètes beaucoup plus novateurs et significatifs que ceux qui gravitent autour de la cour de Berlin comme le métricien Ramier par exemple. Même si l’on ne souhaite pas minimiser la fonction des salons berlinois, dont celui de Rahel Varnhagen, on doit considérer que la vie littéraire autour de 1800 s’opère sur le théâtre de petites villes qui sont, du point de vue des œuvres qui y voient le jour, plus importantes que le centre berlinois. On pense à Tübingen-Stuttgart comme lieu où se fonde la philosophie de Schelling et Hegel, où se développe la poésie de Hölderlin, mais aussi comme siège d’une des principales maisons d’édition de l’époque la maison Cotta. Il est devenu courant de parler d’un romantisme de Iéna ou d’un romantisme de Heidelberg et, de fait, ces deux villes ont été, à des moments différents, des centres tout aussi importants que Berlin. A Iéna, on associera Schelling, Fichte, Novalis, Tieck mais aussi Schiller. Un des grands journaux du tournant du siècle susceptible de faire ou défaire les réputations le Jenenser Literaturzeitung se publie, comme son nom l’indique, à Iéna. Avec Brentano, Gunderode, les frères Grimm, Görres, se dessine un romantisme de Heidelberg qui fait de la ville à partir de 1805 un épicentre de la littérature allemande, n’ayant de ce point de vue rien à envier à Berlin. À noter que ces petites villes qui sont les véritables centres éphémères de la vie littéraire allemande à la fin du xviiie et au début du xixe siècle ont en général une université dotée d’une grande bibliothèque et possèdent leur revue de fort rayonnement et une maison d’édition. L’osmose entre l’érudition académique et la vie littéraire est un trait tout à fait notable : Schiller enseigne à Iéna et Creuzer, proche de la poétesse Gunderode, développe à l’université de Heidelberg sa théorie du Symbolisme.
18Même si des polarisations plus fortes s’opèrent au tournant xixe-xxe siècle, on ne peut manquer d’observer que la Vienne de Musil, Freud, Stefan Zweig, Arthur Schnitzler, Hermann Broch n’est en rien un centre moins considérable que le Berlin de la même époque.
19Lorsque, dans un article célèbre de 1889 sur les archives littéraires, Wilhelm Dilthey suggère une répartition des manuscrits, de la mémoire philologique16, Berlin n’est pas oublié, mais Munich, Stuttgart, Hannovre, Heidelberg ont chacun leur part de l’héritage dans cette répartition idéale. Et, jusqu’à nos jours, Leipzig, Francfort, Göttingen, Wolfenbüttel restent encore les lieux des principales bibliothèques, les lieux d’une mémoire imprimée de la nation allemande.
20À mesure qu’on se rapproche de la période la plus contemporaine, on doit noter que Berlin n’émerge pas comme le centre littéraire décisif. Le lieu de résidence des écrivains allemands depuis les années 1930 est en fait aléatoire. Les lieux de consécration et de publication depuis 1945 sont en revanche très étroitement rattachés à Francfort qui dispose avec le feuilleton de la Frankfurter Allgemene Zeitung – où régna le critique d’origine juive polonaise Reich-Ranicki17 – d’un des vecteurs essentiels de consécration, avec la foire du livre, d’un des vecteurs principaux de diffusion des livres et, avec les maisons d’édition Fischer et surtout Suhrkamp, de deux des principales maisons d’édition. La maison Suhrkamp principalement bénéficie ou bénéficiait, durant tout le règne de son directeur Unseld, de la réputation de fabriquer les auteurs. Très liée à l’université et dévoué à la philosophie critique qu’y dispensaient Max Horkheimer et Theodor Adorno puis Jürgen Habermas, la maison Suhrkamp disposait, des années 1950 aux années 1970, d’une propre idéologie de légitimation qui la rendait incontournable sur tous les campus et faisait de Francfort une Mecque de la littérature et, plus généralement, de la production intellectuelle allemande. Bien que les prix littéraires n’aient pas, et de loin, dans l’espace germanique l’importance qu’ils revêtent en France, on doit ajouter que les prix n’étaient pas ou pas majoritairement décernés à Berlin. Cet équilibre dans la longue durée entre une ville qui cherche à assurer son hégémonie politique et des centres nombreux qui lui font pleinement équilibre dans la pratique de la création, de la production matérielle, de la diffusion et de la consécration montre le danger qu’il y aurait à projeter une catégorie de la capitale, tirée de l’histoire de France, sur des espaces auxquels elle est mal adaptée. Et ceci même s’ils la revendiquent, puisqu’il s’agit au fond d’exercer par l’importation de la catégorie étrangère de la capitale, d’affirmer un monopole intellectuel du centre sur la périphérie.
La fonction de l’étranger
21Une des caractéristiques les plus singulières de l’histoire littéraire allemande depuis le xviiie siècle est l’importance de l’étranger comme lieu de séjour durable et lieu de consécration. On peut dire que si le terme de capitale littéraire allemande doit être employé au pluriel, plusieurs capitales se situent dans un espace non germanophone. Le premier exemple qui vient chronologiquement à l’esprit est celui de Rome, où Winckelmann s’installe de 1755 à 1768, sert de guide à un grand nombre d’artistes ou d’aristocrates en voyage et fait de la référence à l’Antiquité un élément désormais central de la culture littéraire classique. La présence d’un individu pourrait paraître statistiquement sans importance si les œuvres qui s’y préparent et en sont issues, essentiellement l’Histoire de l’art dans l’antiquité de 1764 ne devenaient immédiatement des textes de référence, suscitant notamment des débats avec des écrivains restés en Allemagne comme Lessing.
22Après Winckelmann, le voyage en Italie est devenu une sorte de rituel obligé18 pour quantités d’écrivains qui en ont tiré un récit et ont fondé leur consécration sur leur séjour à Rome ou plus généralement en Italie en général. Le portrait de Goethe dans la campagne romaine par Tischbein, l’une des représentations les plus connues de Goethe, montre assez le poids qu’il attribuait à cette expérience italienne. Il faudrait énumérer les noms d’écrivains qui, de Herder à Heine, ont jugé indispensable d’aller chercher leur inspiration dans la péninsule. Johann Gottfried Seume, lecteur de la maison Göschen, s’engage en 1802 dans un voyage à pied à Syracuse d’où il tire le manuscrit de son principal ouvrage19. L’écrivain Heinse célèbre dans son Ardinghello (1787) les Apennins et Jean Paul Richter, qui n’a pu se rendre lui-même en Italie, estime indispensable de compenser son séjour en parsemant son grand roman le Titan (1790) de descriptions de paysages italiens. tirés de son imagination alliée à la consultation de récits de voyage. On aurait tort de considérer le voyage en Italie comme un simple poncif littéraire : il correspond à une donnée dans le long terme qui dépasse de loin la place occupée par la référence italienne dans l’œuvre de Stendhal par exemple. Il s’agit d’un véritable décentrement du champ littéraire allemand.
23Durant la première moitié du xixe siècle et durant les années 1920 et 1930, Paris joue un rôle un peu comparable. Il y a d’ailleurs une relation entre le décentrement romain et le décentrement parisien. Paris est devenu, avec la Révolution et pour quelques décennies, une sorte de capitale politique, un laboratoire des mouvements sociaux à l’écoute duquel tout intellectuel allemand se doit de rester. Et il ne s’agit pas ici des voyages sur le théâtre de la Révolution qu’une très forte proportion d’écrivains ont accomplis, mais bien de séjours durables. Ce sont des années entières que Guillaume de Humboldt passe à Paris, avec un programme explicitement défini, celui d’une anthropologie comparée exigeant de se situer à l’extérieur du monde allemand. Même si les persécutions politiques à l’encontre des écrivains d’opposition sous l’ère de Metternich sont une cause immédiate de l’exil massif d’hommes de lettres allemands vers Paris, on doit reconnaître chez beaucoup un prolongement du projet humboldtien d’anthropologie comparée. Comme si l’on ne pouvait tenir un discours pertinent sur l’Allemagne qu’en parlant de Paris, ou, mieux encore, comme si les opposants allemands devaient parler de Paris pour aborder indirectement la situation politique de l’Allemagne. Outre le cas de Heine, qui vit à Paris de 1831 à 1856, on peut évoquer le nom de Ludwig Börne et citer celui des philosophes jeunes-hégéliens Arnold Ruge, Moses Hess, Lorenz von Stein. Par rapport au cas romain, le cas parisien a la particularité de voir s’établir à Paris des journaux et des maisons d’édition20. Le Paris des années 1830-1840 avec autour de 50 000 émigrés allemands peut être considéré comme une capitale littéraire allemande. Une situation comparable réapparaît dans les années 1930, où les écrivains allemands qui parlent de la France et sont installés à Paris (Walter Benjamin ou Siegfried Kracauer pour ne donner que deux exemples) évoquent en fait le national-socialisme21. Un fort pourcentage des écrivains qui comptent, c’est-à-dire des antinazis, passent des mois ou des années à Paris et y écrivent. Après la guerre, une partie des écrivains juifs d’expression allemande s’installent encore à Paris, l’exemple le plus connu étant celui de Celan, mais aussi des écrivains qui cultivent la tradition de l’observatoire extérieur, à notre époque Peter Handke ou Paul Nizon parmi d’autres noms connus. Paris est à l’évidence aussi une capitale littéraire allemande.
24Le décentrement caractéristique et récurrent de la littérature allemande a en fait plusieurs dimensions. Les aléas de l’histoire allemande imposent à un pourcentage important d’écrivains un exil plus ou moins long en France. Si l’on s’en tenait à ce seul critère, on pourrait dire que durant quelques périodes des années 1930 Sanary-sur-Mer a été une véritable capitale allemande (fréquentée par J. Meier-Graefe, E. Toller, H. Mann, Th. Mann, René Schickelé, B. Brecht, Fr. Wolf, Fr. Hessel, Lion Feuchtwanger)22. Cet exil peut être l’occasion nous l’avons dit d’une réflexion sur l’Allemagne depuis l’extérieur, cette recherche d’une relation objectivante peut même s’autonomiser par rapport aux conditions extérieures chez des écrivains que rien ne pousse depuis 1945 à vivre hors des frontières. Car leur lectorat est évidemment allemand et si l’on parle de Paris comme d’une capitale littéraire allemande, c’est aussitôt pour préciser que les lecteurs sont très majoritairement ailleurs, qu’il s’agit seulement d’un lieu d’observation et d’une source d’inspiration.
25Toutefois il y a aussi essentiellement durant la grande période de la littérature allemande au tournant du xviiie et du xixe siècle une autre fonction des capitales littéraires étrangères, celle qui consiste à assurer la consécration à un certain nombre d’auteurs et plus généralement à la littérature elle-même. La première anthologie du lyrisme allemand (Choix de Poésie allemande de Michael Huber, 4 vol., Humblot, 1766) est parue en France et en français et elle est l’œuvre d’un Allemand soucieux de la diffusion de sa littérature nationale naissante. Quand Michael Huber publie son ouvrage, il n’existe quasiment pas de littérature allemande et il s’agit précisément de la créer et, pour la créer, d’obtenir une reconnaissance parisienne. C’est un Allemand Gottfried Sellius qui publie la première traduction de l’ Histoire de l’art dans l’antiquité évoquée plus haut. C’est un Allemand Georg Adam Junker, qui publie en français une Anthologie du théâtre allemand (1784, 4 vol.). Le premier traducteur d’Hoffmann en France est encore un Allemand, Loève-Veimars. Benjamin Constant ou Madame de Staël sont des auxiliaires précieux de la littérature allemande dans la mesure où l’écho qu’ils en diffusent depuis Paris a valeur de consécration. Il est certain que cette fonction de consécration de Paris s’estompe au cours du xixe siècle et ne réapparaît épisodiquement que sous le fascisme et dans l’immédiat après-guerre où il peut revenir à ce lecteur arbitre qu’est devenu l’étranger de distinguer le bon grain de l’ivraie. La fonction canonisatrice et extraterritoriale de l’étranger et plus particulièrement de Paris après Rome est en tous cas un élément à prendre en compte dans la complexité des capitales littéraires allemandes.
26Une capitale littéraire est un lieu où une majorité d’écrivains d’une aire linguistique donnée écrivent, sont publiés, sont diffusés, reconnus et lus. Bien que ces fonctions soient tout à fait différentes dans la définition de l’espace littéraire, on a pris l’habitude de les considérer selon le modèle français, sans doute aussi anglais, comme indissociables. L’Allemagne fournirait un exemple extrême d’une dissociation possible. On peut sans grande peine associer tel ou tel lieu du monde germanique, à l’inclusion de Zurich et de Vienne, à une ou plusieurs des fonctions qui définissent une capitale littéraire. Aucun pourtant, sauf peut-être Leipzig et encore durant une période limitée, ne rassemble toutes ces fonctions. Berlin n’a jamais été une capitale littéraire et si l’on tend souvent à donner ce titre à Weimar, c’est en mettant entre parenthèses toute une série de fonctions de la capitale. Il reste que la dispersion des centres et une translation sur la carte de l’aire culturelle allemande des pôles dominants aboutit à une irrigation du pays par la culture du livre certainement plus forte qu’ailleurs. Le rôle de l’étranger dans l’organisation de la vie littéraire pousse à l’extrême la tendance à la décentralisation. Les autres remarques que l’on pourrait être tenté de faire sur la notion de « capitale littéraire » dans l’espace germanique ressortissent au jugement de valeur. Si l’on considère qu’une extrême centralisation du dispositif est un gage d’efficacité et de modernisation, on pourra parler d’un déficit allemand. On pourrait dire aussi, à la manière dont Frédéric Barbier avait montré l’incidence des catalogues de foire, substitut d’une localisation étroite des livres, sur la genèse de la science bibliographique, que la multiplicité des capitales littéraires a contribué à faire de la culture allemande plus que d’autres une culture du livre.
Notes de bas de page
1 Dans ses travaux sur Berlin qui annoncent la science statistique J.P. Süßmilch ne parle de Berlin que comme de la Residenzstadt.
2 E. Zänker, Georg Joachim Göschen, Leipzig, Sax Verlag Beucha, 1996.
3 S. Unseld, Goethe und seine Verleger, Francfort, Insel, 1991.
4 L. Fertig, « Ein Kaufladen voll manuskripte. Jean Paul und seine Verleger », in Archiv für geschichte des Buchwesens, 32, 1989, pp. 273-395.
5 J. Goldfriedrich, Geschichte des deutschen Buchhandels, Leipzig, Verlag des Börsenvereins, 1886-1913, t. 3 (1909). R. Wittmann, Geschichte des deutschen Buchhandels: ein Überblick, Munich, Beck, 1991.
6 J.G Fichte in zeitgenössischen Rezensionen, éd. pat E. Fuchs, W.G. Jacobs et W. Schieche, Stuttgart, Fromann-Holzboog, 1995, t. 4.
7 F. Perthes, Der deutsche Buchhandel als Bedingung des Daseyns einer deutschen Literatur, Hambourg, 1816.
8 F. Nicolai, Sebaldus Nothanker (1773), rééd., Stuttgart, Reclam, 1991.
9 F. Barbier, L’Empire du livre. Le livre imprimé et la construction de l’Allemagne contemporaine (1815-1914). Paris, Cerf, 1995.
10 G. Witkowski, Geschichte des literarischen Lebens in Leipzig, Leipzig, Teubner, 1909.
11 H. Rosenstrauch, Buchhandelsmanufaktur und Aufklärung. Die Reformen des Buchbändlers und Verlegers Ph. E. Reich (1717-1787), Francfort-sur-le-Main, Buchhändler-Vereinigung GmbH, 1986.
12 C. Helmreich, « La traduction des ‘Souffrances du jeune Werther’ en France (1776-1850). Contribution à une histoire des transferts franco-allemands », in Revue germanique internationale, 12/1999, pp. 179-193.
13 M. Lehmstedt, « Lektüre in Leipzig. Beygangs ‘Literarisches Museum’ zwischen 1795 und 1820 », in M. Lehmstedt (dir.), Beiträge zur Geschichte des Buchwesens im frühen 19. Jahrhundert, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 1993, pp. 179-233.
14 R. Kolk, Literarische Gruppenbildung. Am Beispiel des George-Kreises 1890-1945, Tiibingen, Niemeyer, 1998.
15 Voir Th. Fontane, Kriegsgefangen. Erlebtes 1870 - Briefe 1870/71, Berlin, Verlag der Nationen, 1984 et, du même auteur, Aus den Tagen der Okkupation. Eine Osterreise 1871, Berlin, Verlag der Nationen, 1984.
16 W. Dilthey, « Archive für Literatur », in Deutsche Rundschau, 58, février-mars 1889, pp. 360-375.
17 M. Reich-Ranicki, Mein Leben, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1999.
18 A. Wilton et I. Bignamini, Grand Tour. Il fascino dell’Italia nel xviii secolo, Milan, Skira, 1997. Catalogue d’exposition, Rome février-avril 1997.
19 J.G. Seume, Spaziergang nach Syrakus im Jahre 1802 (1803).
20 H. Jeanblanc, Des Allemands dans l’industrie et le commerce du livre à Paris (1811-1870), Paris, CNRS-Éditions, 1994.
21 Voir B. Witte, Walter Benjamin. Une Biographie, Paris, Cerf, 1988 ; A. Betz, Exil et engagement. Les intellectuels allemands et la France 1930-1940, Paris, Gallimard, 1991.
22 Voir J.-P. Guindon, « Sanary-sur-Mer, capitale mondiale de la littérature allemande », in J. Grandjonc et Th. Grundtner (dir.), Zones d’ombre, Aix, Alinea, 1990, pp. 25-64.
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