L’Union soviétique ou l’impossible alliée (1921-1941)
p. 79-96
Texte intégral
1Dans les années 1930, la perspective d’une alliance avec l’Union soviétique, c’est-à-dire d’un rapprochement politico-diplomatique et d’une coopération militaire, se présente à la France dans sa recherche d’un contrepoids à l’Allemagne. Se pose également le problème de la réception et, éventuellement, de l’appropriation de cette politique par les États d’Europe centrale. Or le passé récent des relations « russo-européennes » constitue un obstacle à cette orientation. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, les puissances européennes ont été conduites à considérer, pour des raisons essentiellement stratégiques et économiques, que la Russie restait une puissance avec laquelle il faudrait composer. Mais face à la menace pour la paix en Europe que peut représenter l’Allemagne entre les deux guerres mondiales, c’est avec la plus extrême réticence que l’Union soviétique est considérée comme une alliée possible des démocraties occidentales.
2Dans le cas de la France, le poids de la Première Guerre mondiale et de la révolution russe pèsent : pour les politiques et surtout pour les militaires français, la Russie soviétique symbolise la trahison du traité de Brest-Litovsk et la collusion avec l’Allemagne, accentuée par le traité de Rapallo de 1922, avant même de signifier la subversion révolutionnaire1. Pour les nouveaux États d’Europe centrale et orientale, qui deviennent rapidement les alliés de la France, la question russe implique celle de leur survie. Rappelons qu’à la sortie de la Grande Guerre, la Russie est en guerre contre la Roumanie, la Pologne, la Finlande et que les crises révolutionnaires secouent l’Allemagne, la Hongrie, la Slovaquie et la Bavière. Certes, passée la guerre polono-russe, le traité de Riga de mars 1921 fixe les frontières orientales de la Pologne que la Russie soviétique accepte à contrecœur, mais la paix reste toujours instable.
3 Dans ces conditions, il ne peut plus être question d’un retour à l’alliance franco-russe d’avant 1914. Dans les années 1920, au temps de la reconstruction économique du continent européen et de la sécurité collective, le débat porte sur l’éventuelle intégration de l’Union soviétique dans la politique de sécurité européenne. Face à la menace hitlérienne des années 1930 seulement, l’enjeu devient celui d’une coopération militaire et donc d’une alliance, mais d’un type limité. La crainte de la guerre et de la menace révolutionnaire, la mémoire des conflits et des alliances, enfin la perception d’une Russie souvent considérée dans l’opinion publique comme extra-européenne sont autant de facteurs qui contribuent à la tenir à distance.
Composer avec la puissance russe
4La politique russe de la France reste invariablement dépendante de sa politique allemande durant toute la période de l’entre-deux-guerres. La principale constante réside dans la nécessité de tenir Berlin et Moscou, toutes deux hostiles aux traités de 1919-1920, aussi éloignées que possible l’une de l’autre. Or l’admission de la Russie à la conférence de Gênes d’avril 1922, marque le début de son retour dans la politique européenne et confirme la fin de la politique du « cordon sanitaire ». L’essentiel se déroule le 16 avril, en marge de cette conférence, à Rapallo où les Allemands et les Soviétiques, « parias » de l’Europe, rétablissent leurs relations diplomatiques et établissent une coopération économique. Cet événement majeur impressionne profondément les politiques et les militaires français, hantés par le cauchemar d’une alliance germano-soviétique. Le président du Conseil, Raymond Poincaré, attise le mythe de la collusion militaire germano-soviétique2. Il cherche une réplique sous la forme d’une « protestation collective des Alliés3 ». Mais sa politique est battue en brèche par les radicaux-socialistes qui, dans la ligne de la politique extérieure britannique, annoncent ne souhaiter exclure ni Berlin ni Moscou de la politique européenne. Poincaré reste isolé dans sa démarche diplomatique. Même les pays de la Petite Entente (Tchécoslovaquie, Yougoslavie et Roumanie) et la Pologne restent plus proches de l’attitude conciliante du Premier ministre britannique David Lloyd George.
5Il faut considérer que même les nouveaux États d’Europe centrale tâchent de ne pas envenimer leurs relations avec la Russie4 car l’équilibre issu des traités de paix reste fragile. En effet, de 1921 à 1924, les incidents frontaliers empoisonnent les relations entre Varsovie et Moscou, le litige territorial concernant la Bessarabie rend constante la tension entre l’Union soviétique et la Roumanie ; enfin, l’action de Moscou et du Komintern auprès des minorités nationales, la tentative de coup d’État en Estonie de décembre 1924, entretiennent la perception de l’URSS comme une menace pour la paix en Europe centrale et orientale5. Non seulement il devient nécessaire de calmer le jeu avec les Soviétiques mais encore il semble opportun, pour Moscou comme pour Varsovie, d’en appeler à la puissance française pour garantir la paix dans cette partie instable de l’Europe. Pour leur part, les Polonais ou encore les Baltes ont besoin du soutien solidaire de la France face à la menace de Moscou, pendant que cette dernière s’achemine vers une recherche de garantie française de la paix avec ses voisins orientaux. La complexité de ce billard diplomatique à trois bandes explique pourquoi il devient question, dès 1925, dans le contexte de la construction de la politique de sécurité collective, d’obtenir la participation de l’Union soviétique dans les affaires européennes. Il s’agit cependant surtout d’une exigence stratégique française diversement perçue par les alliés de l’Est, en raison des relations conflictuelles qu’ils entretiennent avec Moscou.
6La nouvelle diplomatie du cartel des gauches passe par une gestion commune par les puissances occidentales des rapports avec l’Union soviétique, dans le but d’empêcher Moscou de continuer à jouer des rivalités franco-britanniques, attitude qui s’était accentuée depuis 19226. Tout rapprochement politique avec Moscou reste cependant interdit à cause des nombreux griefs de l’opinion publique française, largement antisoviétique. Ainsi, de 1924 (date de la reconnaissance diplomatique de l’Union soviétique par la plupart des capitales européennes) à 1927 (date de la rupture des relations diplomatiques anglo-soviétiques), l’opinion est régulièrement secouée par des campagnes de presse hostiles à Moscou et à l’action de l’Internationale communiste7. Le souci de conserver de bonnes relations avec les Alliés de l’Est, en particulier avec la Pologne, a également pour effet de freiner tout rapprochement franco-soviétique. Pour Édouard Herriot, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, les Polonais, les Tchèques et les Roumains ne forment pas un ensemble stratégique suffisamment cohérent pour remplacer l’ancienne alliance franco-russe dont la résurrection reste inimaginable. Le Quai d’Orsay combat la volonté de certains, dont l’ambassadeur français à Moscou Jean Herbette, d’approfondir la relation avec Moscou en favorisant l’alliance russe contre une éventuelle résurgence de la menace allemande au détriment des alliés centre-orientaux : « Il restera sans doute longtemps difficile de faire une politique pro-russe sans qu’elle prenne aussitôt un aspect anti-polonais8. »
7Dans la seconde moitié des années 1920, à l’époque des accords de Locarno et du rapprochement franco-allemand, l’Europe centre-orientale est devenue l’enjeu de nouveaux règlements de paix. Il devient alors véritablement question d’intégrer l’Union soviétique dans un système de sécurité européen afin d’éviter une coalition germano-soviétique et de neutraliser les conflits frontaliers, à condition toutefois que Moscou adhère aux principes de Locarno. C’est la voie choisie par Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, lorsqu’il accueille son homologue soviétique Georgi Tchitcherine, de passage à Paris, par ces mots : « Je voudrais vous entraîner dans la Société des Nations9. » Mais il se montre plus réservé lorsqu’il se rend compte de la politique de Moscou visant à établir un contre-système à la SDN par la réalisation d’alliances bilatérales. Le jeu de Paris est alors de souder ses alliés de l’Est face à l’URSS, pour garantir leur sécurité, mais de les pousser en même temps à un dialogue avec elle.
8Pour Briand, l’URSS est un acteur indispensable de la sécurité en Europe mais son régime politique peut constituer une menace. C’est pourquoi il estime nécessaire de tenir l’Europe à l’abri de l’URSS en englobant cette dernière dans un pacte large, un « Locarno de l’Est ». C’est un lent processus diplomatique dans lequel méfiance et rivalité prévalent, y compris lors de négociations d’accords généraux, comme le pacte Briand-Kellogg d’août 1928 de renonciation à la guerre comme moyen de régler les conflits, que l’URSS rejoint, ou encore comme le protocole Litvinov de février 1929, par lequel Moscou applique ces principes à ses relations avec ses voisins occidentaux. Au moins le dialogue est-il engagé en dépit des litiges, l’objectif principal étant d’éviter d’avoir à intervenir dans un conflit provoqué en Europe orientale, zone d’instabilité notoire, et d’intégrer la menace soviétique potentielle à la sécurité du continent. Pour le personnel politique français des années 1920, en général, les frontières de l’URSS marquent également celles de l’Europe. Il s’agit quasiment d’une barrière de civilisation derrière laquelle se déploie une zone d’influence russe10. Les pactes généraux de paix permettent un semblant d’extension du système de sécurité collective en Europe orientale mais il n’est pas question d’intégrer cette zone entière dans les projets européens. Ainsi, dans son projet d’Union européenne formulé dans le Mémorandum de mai 1930, Aristide Briand se refuse à une intégration de l’URSS11.
Les perspectives techniques d’une « alliance »
9Les pactes de non-agression signés en 1932 entre l’URSS d’une part, la France et la Pologne de l’autre, voient l’aboutissement d’années de négociations freinées par les questions de politique intérieure. Ils n’assurent pas la paix sur le continent mais permettent d’envisager une coopération militaire avec l’URSS. En s’assurant la neutralité soviétique en cas de conflit franco-allemand, l’URSS devient un partenaire incontournable de la sécurité en Europe, même si son système politique interdit encore tout rapprochement avec elle. Il devient toutefois impérieux d’entretenir des contacts susceptibles de renseigner sur les capacités militaires de l’URSS.
10C’est en effet avec le réarmement allemand et l’arrivée de Hitler au pouvoir que la question d’une intégration de l’Union soviétique dans un système de sécurité européen se pose avec le plus de vigueur. Dans la presse française, le mot d’alliance commence à ne plus effrayer. De quoi s’agit-il en réalité ? Certainement pas, comme en 1914, de mobiliser des centaines de milliers d’hommes en cas de conflit avec l’Allemagne. L’échange d’attachés militaires et les premières conversations sur la livraison de matériel militaire à l’Union soviétique au début de 1933, suivent la prise en compte du fait, par l’état-major français, que la « neutralité bienveillante » de Moscou est indispensable. La France ne peut assurer la livraison de matériel militaire à l’Europe centrale, l’URSS devient donc un partenaire stratégique incontournable. Il devient également un partenaire acceptable dans la mesure où le gouvernement soviétique renonce à demander la révision des traités de 1919-1920, comme l’annonce la Pravda en mai 1933, sous la plume de Karl Radek12. De plus, en septembre, Moscou prend l’initiative de cesser sa collaboration militaire avec Berlin.
11L’idée d’alliance militaire à proprement parler prend corps avec les voyages d’Édouard Herriot et de Pierre Cot à Moscou à la fin de l’été 1933. Ces visites débouchent sur des conversations en vue d’une collaboration technique, en particulier dans le domaine aéronautique13. L’alliance consisterait en fait à intégrer l’Union soviétique dans un système d’assistance régionale (c’est le projet de Locarno oriental initié par Joseph Paul-Boncour et porté par Louis Barthou), système qui serait le cadre d’une assistance industrielle à l’Europe centrale. L’idée d’une alliance franco-soviétique soulève des objections car elle rappelle l’alliance franco-russe d’avant-guerre, accusée d’avoir entraîné la France dans le conflit mondial. Il s’agirait donc seulement d’impliquer l’Union soviétique dans la conservation du statu quo en Europe centre-orientale, dans le cadre de la sécurité collective. D’après les archives françaises et soviétiques qui concordent, un accord d’assistance industrielle, assorti d’une adhésion de l’URSS à la Société des Nations, doit éviter la signature d’un pacte d’assistance mutuelle bilatéral, pour éviter le retour à une alliance classique ostensiblement tournée contre l’Allemagne14.
12Cette idée de pacte régional d’assistance mutuelle, dont la condition préalable est l’adhésion de l’URSS à la SDN, est émise par Joseph Paul-Boncour après le départ de l’Allemagne de la Société des Nations. L’objectif est de coordonner un pacte franco-soviétique sous contrôle de l’organisation et, en cas d’agression allemande, de placer l’action soviétique en coordination avec la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Roumanie. Le Kremlin suit l’avis du chef de la diplomatie soviétique Maksim Litvinov, et signifie son accord le 4 janvier 193415. Le projet de Locarno oriental ne voit pas le jour en raison de l’opposition de la Pologne et de l’Allemagne. On arrive une fois de plus à un point de malentendu franco-polonais. Varsovie considère que le projet de pacte multilatéral ne prend en compte qu’une menace allemande et néglige celle pouvant venir de l’Est. Varsovie ne considère pas du tout la Russie comme un allié potentiel et redoute la perspective d’un passage de troupes soviétiques sur son territoire. Cet argument a été parfaitement compris mais fortement critiqué, aussi bien par les Français que par les Soviétiques. La mésentente vient du fait que Varsovie refuse, et ce jusqu’au 22 août 1939, toute forme, même atténuée, de soutien soviétique : qu’il s’agisse d’envoi de matériel ou d’un survol aérien. Cela s’explique par le fait que le maréchal Piłsudski et son ministre des Affaires étrangères, Józef Beck, se sont engagés dans la politique dite d’équilibre entre Berlin et Moscou, dans laquelle le système de sécurité collective n’a que peu de place. Accusée à l’époque, puis dans l’historiographie française, de faire peu de cas de la Société des Nations, de favoriser la coopération avec l’Allemagne et d’affaiblir les relations avec la France et la Tchécoslovaquie (sans parler de l’Union soviétique) cette politique est aujourd’hui justifiée par les historiens polonais. Ainsi, Marek Kornat trouve la logique de la politique d’équilibre dans l’histoire de la Pologne et la géographie politique de l’Europe orientale16. Favorable aux accords bilatéraux afin d’assurer sa sécurité et donc méfiant envers les pactes multilatéraux, Varsovie refuse surtout de voir l’Union soviétique garantir la sécurité et les frontières de la Pologne. De même, le gouvernement polonais cherche à éviter toute coopération militaire avec Moscou. Il refuse de s’engager dans un accord qui modifierait la nature de l’alliance franco-polonaise et surtout celle de l’alliance polono-roumaine, largement tournée contre l’URSS. Pourtant, le ministre roumain des Affaires étrangères est un fervent partisan du « Locarno oriental17 ». Varsovie refuse donc un projet estimé qui semble unir Paris, Moscou et Prague, tenants de la sécurité collective, contre l’Allemagne.
Le débat sur l’alliance avec Moscou
13Après l’adhésion de l’URSS à la SDN en septembre 1934, la seule réalisation à peu près concrète est celle du pacte d’assistance mutuelle franco-soviétique de mai 1935, qui ne contient pas de clause militaire. L’accord est suivi par un pacte analogue signé entre l’URSS et la Tchécoslovaquie. En ce milieu des années trente, l’image de l’Union soviétique s’est largement améliorée dans l’opinion publique française, au moment où la politique extérieure du Kremlin rejoint celle des dirigeants français en adoptant la politique de sécurité collective et en ralliant la SDN. De fait, l’URSS peut apparaître comme un modèle ou, au moins, comme une alliée contre le fascisme18. Dans l’opinion française, c’est-à-dire principalement dans la presse, de même que dans les déclarations politiques, la notion d’alliance dirigée contre l’Allemagne est alors explicitement évoquée pour qualifier la relation avec Moscou, ce qui n’est pas le cas dans les milieux diplomatiques19. Mais il s’avère impossible de donner vie au pacte d’assistance mutuelle du côté français. Pierre Laval laisse traîner en longueur la ratification, résistant aux pressions de Maksim Litvinov et de Štefan Osuski, le ministre tchécoslovaque en France. Il est connu que Laval préfère trouver un contrepoids à l’Allemagne en Italie plutôt qu’en URSS et qu’il ne désespère pas de s’entendre avec Hitler. Il faut ajouter que l’état-major français, qui compte principalement sur l’armée polonaise en cas de conflit avec l’Allemagne, redoute de pousser les Polonais à se rapprocher encore davantage de Berlin et de donner le prétexte à Hitler de remilitariser la Rhénanie. Les chefs militaires français sont de plus majoritairement hostiles à une coopération militaire avec Moscou. Certes, les rapports de l’attaché militaire français à Moscou sont positifs dans leur jugement sur l’Armée rouge et préconisent une alliance, mais l’état-major se montre hostile et porte plutôt son attention sur les rapports les plus critiques, dont celui du général Schweisguth rédigé en septembre 1936, dans lequel est souligné le risque d’une rupture du lien franco-polonais qu’occasionnerait un rapprochement franco-soviétique. Pour Schweisguth, l’Armée rouge cache beaucoup trop d’inconnues dans le domaine de la qualité du commandement, de l’état des voies de communication et des stocks d’armement20. Le général français considère également que l’éloignement géographique de la Russie représente un argument supplémentaire contre tout rapprochement avec Moscou21. Cette opinion est notamment partagée par le secrétaire-général du Quai d’Orsay, Alexis Léger.
14Après la ratification française de 1936 (et donc la remilitarisation de la Rhénanie) et l’arrivée au pouvoir du Front populaire, le moment devient propice à la reprise des conversations militaires, ce qui est le souhait de Litvinov et même de Staline. Certes, les conversations militaires continuent mais on est loin d’un rapprochement concret. L’opposition des militaires y est pour beaucoup. Elle est alimentée par les informations concernant le procès du maréchal Toukhatchevski en juin 1937 et les purges opérées dans le commandement militaire soviétique. Ces événements rendent en effet difficile toute confiance en un gouvernement qui décapite sa direction militaire en l’accusant de pactiser avec l’ennemi allemand. Le clivage idéologique de l’époque est également un facteur essentiel. En particulier, le contexte de la guerre d’Espagne ne pousse guère à un véritable rapprochement, au moment où Léon Blum opte pour la non-intervention, pendant que Staline apporte son aide aux communistes espagnols.
15Le sujet reste celui d’une coopération dans le domaine de l’aéronautique, avec un projet de convention aérienne au moment où Moscou et Prague en signent une. Mais la position de l’état-major français (celle du général Schweisguth, en particulier) a un effet bloquant auprès du gouvernement de Léon Blum. Le président du Conseil est généralement favorable à un approfondissement des conversations militaires avec Moscou mais le ministre de la Guerre, Édouard Daladier, tout comme le général Maurice Gamelin, à la tête de l’état-major, s’y opposent. Dans le contexte du Front populaire, du déclenchement de la guerre d’Espagne et de la polarisation idéologique qu’elle traduit, l’état-major français est obnubilé par le danger communiste. Il est rendu dubitatif par les purges dans l’armée soviétique, notamment par le procès de Toukhatchevski. C’est un sujet d’inquiétude pour le Haut commandement français, mais il ne s’agit que d’un argument supplémentaire pour éviter un rapprochement car son hostilité à l’alliance soviétique est visible avant les purges22. Quant à la diplomatie soviétique, elle semble alors entrée dans une phase attentiste, voire neutraliste et ne pousse plus aux échanges. La méfiance envers l’URSS augmente donc en même temps que la crainte de s’engager dans un conflit.
16De leur côté, les Soviétiques ne poussent pas vraiment à une coopération militaire avec la France. Il est vrai que depuis décembre 1936, Moscou s’oriente vers une normalisation de ses relations avec Berlin. En février 1937, après avoir rappelé au Quai d’Orsay qu’il était indispensable, le cas échéant, de laisser les troupes soviétiques traverser la Pologne et la Roumanie, l’ambassadeur Potemkine fait savoir à Léon Blum qu’en cas de refus de ces dernières d’une assistance soviétique à la France et à la Tchécoslovaquie, l’assistance de Moscou s’en trouverait forcément limitée. Le 10 avril, Édouard Daladier, ministre de la Guerre, exprime son scepticisme et répond qu’il semble difficile à la France de livrer du matériel militaire à l’URSS23. De plus, le général Gamelin ne tient pas à renoncer aux alliances traditionnelles de la France. Lors d’une réunion du Conseil permanent de la défense nationale le 15 mars 1938, il affirme qu’une intervention soviétique serait inutile car elle empêcherait toute action polonaise ou roumaine24. Gamelin est plutôt favorable à une alliance avec l’Italie, pour des raisons stratégiques et idéologiques mais surtout, la France considère comme prioritaire une alliance avec la Grande-Bretagne, semblable à celle de la Première Guerre mondiale. La difficulté d’un accord avec Moscou réside principalement dans le fait que l’entente avec Londres est nécessaire pour que les Soviétiques puissent intervenir auprès des alliés orientaux de la France. Paris reste donc résolument aligné sur la politique britannique, celle de la négociation avec l’Allemagne.
17Dans la période 1933-1935, les alliés orientaux de la France suivent diversement la politique de rapprochement soviétique. Depuis que, sous l’impulsion de Litvinov, l’Union soviétique s’est rangée à la politique de sécurité collective, la double perspective à venir est celle d’un isolement de l’Allemagne et l’octroi d’une place d’arbitre à l’Union soviétique. Ce dernier point est inacceptable pour une partie de l’opinion d’Europe occidentale et davantage encore pour celle d’Europe centrale, d’autant plus qu’à la différence de pays comme la France ou l’Espagne, il n’existe pas de politique de « front populaire » contre le fascisme en Europe centrale et orientale25. On peut constater deux types d’attitude, celle de la Pologne et de la Yougoslavie, hostiles à Moscou et celle de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie qui approuvent la politique française.
18Le rapprochement diplomatique prend forme à Genève au début de 1933. Le ministre des Affaires étrangères roumain Nicolae Titulescu est alors intéressé par un pacte d’assistance mutuelle avec Moscou26. Le principal différend reste celui du contentieux territorial au sujet de la Bessarabie, qui rend impossible la réalisation d’un pacte et la possibilité du passage de troupes soviétiques à travers le territoire roumain. En juillet 1933, les voisins occidentaux de l’URSS signent avec elle une déclaration de définition de l’agresseur mais on est encore loin de pouvoir parler d’alliance. Au moins voit-on la Roumanie s’ancrer dans l’axe Paris-Moscou et les relations s’améliorer provisoirement sur la question de la Bessarabie, même si l’opinion roumaine ne veut entendre parler d’un rapprochement avec Moscou. Toutefois, à Genève, le chef de la diplomatie roumaine et son collègue tchèque, Edvard Beneš, agissent pour la reconnaissance juridique de l’URSS par la Petite Entente, ce qui est fait en juin 1934 par échange de lettres avec le chef de la diplomatie soviétique27. On peut alors constater une politique concertée entre Paris, Prague et Bucarest mais qui se voit toujours confrontée à la méfiance des opinions publiques envers Moscou.
19La position de la Tchécoslovaquie est particulière. Réputée comme étant le pays de la région le moins hostile à l’Union soviétique, elle prend quand même soin de ne jamais s’avancer dans une relation d’alliance bilatérale avec Moscou. Dans les négociations pour le pacte d’assistance mutuelle de mai 1935, Prague tient invariablement, non seulement à ce que le texte s’inscrive dans le cadre de la sécurité collective, mais à ce qu’il soit lié à l’alliance franco-tchécoslovaque. Le pacte conditionne finalement une assistance soviétique à la Tchécoslovaquie à une intervention française préalable (c’est ce que le Politburo a décidé d’inclure dans l’accord). Prague refuse de se porter à l’aide de l’URSS en cas de conflit polono-soviétique et exige d’inscrire le pacte avec Moscou dans le cadre des accords de Locarno. Beneš refuse donc d’aller au-delà d’engagements français qui demeurent très faibles. Il évite tout rapprochement avec Moscou qui nuirait à la position française et conserve cette position jusqu’aux accords de Munich28. Il faudrait faire ici la part de la foi en la sécurité collective, de la méfiance en un allié potentiellement dangereux et surtout des raisons de politique intérieure, l’opposition communiste pesant un poids important en Tchécoslovaquie.
Munich et les conditions de la rupture
20Même si elle n’est traitée qu’en arrière-plan, la question d’une alliance soviétique, sous la forme d’une assistance militaire en troupes et en matériel, devient particulièrement cruciale dans les années 1938-1939, de la crise des Sudètes à la conclusion du pacte germano-soviétique. Les chancelleries se posent la question d’une éventuelle intervention de l’Union soviétique au secours de la Tchécoslovaquie en cas d’agression allemande. Par ailleurs, on assiste à un alignement de la politique française sur les positions du Foreign Office, en particulier sous l’action de Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères favorable à l’apaisement avec l’Allemagne. Les interrogations françaises sont alors formulées à trois niveaux : celui de la volonté politique de Moscou d’intervenir, celui des capacités militaires de l’Union soviétique et celui des possibilités pratiques d’une intervention à travers la Pologne ou la Roumanie.
21Les Soviétiques sont-ils sincères dans leurs affirmations selon lesquelles ils sont prêts à respecter leurs engagements envers la Tchécoslovaquie si la France fait de même ? Le débat historiographique soulevé à ce propos est aujourd’hui encore loin d’être clos. Les travaux d’historiens russes (S. Z. Slutch, D.G. Nadjafov29) ont souligné au début des années 1990 que la politique extérieure soviétique s’est tournée vers l’Allemagne bien avant Munich, en dépit des efforts de Litvinov. Adoptant une attitude isolationniste à partir de l’Anschluß de mars 1938, le Politburo aurait renoncé à intervenir au secours de la Tchécoslovaquie en cas de conflit. Mais une tendance actuelle, conduite par Geoffrey Roberts, Hugh Ragsdale et Michael J. Carley, affirme au contraire la loyauté de Moscou envers ses engagements, contrecarrée par le lâchage franco-britannique de Munich30. Pour Michael J. Carley, la responsabilité principale de la victoire de Hitler incombe aux quatre grandes puissances réunies à Munich, décidées à laisser l’Union soviétique en dehors des questions européennes et suivies en cela par Beneš lui-même. Face à la thèse d’Igor Lukes selon laquelle Moscou, par son attitude, avait seulement réussi à « faire croire » que l’Union soviétique serait intervenue au secours de la Tchécoslovaquie31, la nouvelle tendance qu’il incarne, à la suite de Hugh Ragsdale, s’appuie notamment sur le fait que l’Armée rouge a effectivement mobilisé des troupes le long des frontières de la Pologne et de la Roumanie.
22L’actualité de ce débat soulève le problème encore actuel de l’acceptation ou du refus de la Russie comme acteur essentiel de la politique européenne. Comme l’a souligné Fritz Taubert, « à part les communistes, aucun des décideurs politiques européens ne voulait d’une intervention de cette puissance “extra-européenne”32 ». Du reste, les dirigeants de Prague et des autres capitales de l’Europe centre-orientale devaient se poser la question suivante : qu’attendre d’un soutien soviétique contre une agression allemande ?
23Si l’on admet que subsiste toujours une « inconnue soviétique » dans la question tchécoslovaque33, il faut convenir d’emblée du fait que les dirigeants français n’ont jamais réellement cru à la possibilité d’une intervention soviétique. Malgré les affirmations répétées du Narkomindel et des ambassadeurs soviétiques Iakov Surits à Paris et Ivan Maïski à Londres, selon lesquelles l’Union soviétique remplirait ses engagements envers la Tchécoslovaquie si la France venait à son secours en cas d’agression allemande, la méfiance de Paris persiste car Moscou ne développe jamais le thème des conditions de son intervention.
24Bonnet évacue aussi bien la proposition soviétique de conversations militaires franco-soviéto-tchécoslovaque et de recours à la SDN que l’idée d’une déclaration commune franco-anglo-soviétique. En mars 1938, Litvinov donne pour instruction au ministre soviétique à Prague Sergeï Aleksandrovski, de signifier à Beneš que Moscou est prête à assurer la sécurité de la Tchécoslovaquie, en coopération avec la France34. Prague a en effet besoin du soutien soviétique, et le demande, mais reste attachée à la priorité du soutien franco-britannique. Aleksandrovski a sans doute raison lorsqu’il rapporte que Beneš souhaite le soutien soviétique mais qu’il le redoute en même temps35. L’alliance française signifie l’ancrage du pays à l’ouest. Refusant l’éventualité d’un lâchage occidental, il néglige Moscou lorsqu’il sent Paris et Londres proches de lui mais s’inquiète du soutien soviétique lorsqu’il sent le Quai d’Orsay faiblir. Or le 24 mars, le chef de la diplomatie britannique Neville Chamberlain, rejette la proposition soviétique. Il s’exprime pour un accord entre la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie excluant l’URSS. À l’opposition britannique envers un accord avec Moscou s’ajoute celle de la presse de droite française qui accuse les initiatives soviétiques de vouloir séparer la France de la Grande-Bretagne, et stigmatise les partisans d’un accord avec Moscou, vus comme membres du « parti de la guerre36 ».
25En outre, les Soviétiques ne cachent pas que leur préoccupation principale est liée à l’attitude de la Pologne. Litvinov s’inquiète auprès de Bonnet de la position française en cas d’attaque polonaise contre la Tchécoslovaquie, suivie d’une action soviétique contre la Pologne37. Paris en vient donc à penser que la qualité de la collaboration franco-soviétique dépendrait, pour les Soviétiques, de la dénonciation de l’alliance franco-polonaise. La méfiance de la Pologne envers l’URSS, de manière traditionnelle, est ainsi montrée comme un obstacle à toute alliance avec l’Union soviétique. Elle est tout autant utilisée comme un prétexte, en particulier chez les militaires, pour ne pas pousser cette dernière trop loin38.
26Ni le Quai d’Orsay, ni le Haut-Commandement français, à la veille de Munich, ne veulent tenir compte de l’appui soviétique qu’une convention d’assistance aérienne aurait permis. Au lendemain de Munich, d’ailleurs, l’état-major de l’armée de l’air, mettant en avant la faiblesse des capacités militaires françaises, fixe pour premier objectif d’obtenir la neutralité de l’Italie, ce qui implique une rupture avec Moscou. Cet avis est partagé par une majorité des parlementaires favorables aux accords de Munich.
27La possibilité d’une intervention soviétique reste invariablement subordonnée au passage de troupes par la Pologne ou la Roumanie. Si la position polonaise reste négative, la position roumaine est sensiblement différente. Après les démarches de Titulescu pour la réalisation d’un pacte soviéto-roumain, son successeur Victor Antonescu s’était vu confronté à la même question en septembre 1936. Le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, Yvon Delbos, lui avait signifié que Litvinov semblait d’accord pour une reconnaissance de la souveraineté de la Roumanie sur la Bessarabie contre la signature d’un pacte prévoyant le passage de l’Armée rouge en Roumanie en cas d’agression allemande contre la Tchécoslovaquie. Antonescu avait répondu évasivement en mentionnant l’hostilité de l’opinion roumaine envers l’URSS39. Au printemps 1938, le gouvernement roumain est désormais prêt à un survol de son territoire par les avions soviétiques, au moment où le gouvernement Paul-Boncour montre une position ferme face à Hitler et intervient auprès de Bucarest en même temps que Beneš.
28La méfiance de la diplomatie française envers les intentions soviétiques se justifie dans la mesure où Moscou, en dépit de certaines mesures de mobilisation, manque de fermeté dans son attitude et où son objectif reste certainement de s’attaquer uniquement à la Pologne. Mais il ne faut pas négliger le fait que Bonnet et les partisans des accords de Munich, favorables à un rapprochement avec l’Allemagne, sont persuadés qu’une guerre en Europe centrale provoquerait des troubles sociaux en Europe et ne profiterait qu’à l’Union soviétique. Ils préfèrent donc détourner les appétits de Hitler vers l’Est.
29Avec les accords de Munich, le statut international de la France ne paraît pas encore menacé. La Tchécoslovaquie ne vaut donc pas une guerre qui pourtant, comme le comprend le président du Conseil Édouard Daladier, devient une perspective certaine pendant que le soutien de l’URSS s’éloigne. Pour la plupart des dirigeants français, comme Daladier et Bonnet, l’Union soviétique ne serait pas intervenue en cas de conflit. Litvinov prodigue ses déclarations volontaires principalement parce qu’il est certain que le contexte international l’empêcherait d’honorer ses promesses40. Le choix d’un rapprochement avec Moscou reste donc secondaire après Munich, mais un tournant dans la politique soviétique est prévisible. L’ambassadeur français à Moscou Robert Coulondre, s’en inquiète à juste titre lorsqu’il s’adresse au Quai d’Orsay, le 4 octobre. Il prévoit alors de la part de Moscou l’intention de procéder à un quatrième partage de la Pologne, la perte de confiance soviétique dans la sécurité collective, une intensification de l’action révolutionnaire et une politique d’entente avec le Reich41.
30Il faut attendre le démantèlement de la Tchécoslovaquie, survenu le 15 mars 1939, pour que l’URSS soit invitée à rejoindre le concert européen pour neutraliser l’Allemagne, mais il s’agit ici d’une initiative britannique et non française. Le principe d’une aide soviétique est évoqué. D’après Viatcheslav Molotov, qui remplace Litvinov à la tête du Narkomindel, Moscou offrirait une aide militaire et enverrait ses troupes sur le territoire polonais. Ce point a toujours été refusé par Varsovie, qui reste sur sa position jusqu’au dernier moment42. Mais, comme le rappelle le nouvel ambassadeur français à Moscou, Émile Naggiar : « Le plus grave serait que les Soviétiques ne s’engagent pas pour la Pologne et la Roumanie43. » Il faut dire qu’à ce moment encore, l’assistance réelle que les Soviétiques voudraient apporter à leurs voisins occidentaux est douteuse, et le Quai d’Orsay, comme le Foreign Office, y croit peu. Pour un homme comme Georges Bonnet, la garantie récemment apportée par Londres et Paris à Varsovie et Bucarest n’est qu’un atout à abattre à la table des négociations avec les Soviétiques, en même temps qu’un semblant de résistance à Hitler destiné à l’opinion mondiale et aux alliés de l’Est44. La perception toujours vivace d’un danger soviétique sur le continent fait que l’alliance avec Moscou ne peut être que contrainte et forcée par les circonstances. Le projet de Grande Alliance élaboré en 1939 échoue principalement en raison de cette méfiance réciproque entre Moscou, Paris et Londres car les négociateurs français et britanniques songent apparemment surtout à dissuader l’Allemagne45. D’après Milan Hauner, Beneš a songé à se tourner vers l’URSS après Munich et était prêt à lui céder une partie du territoire, la Ruthénie subcarpathique, afin de favoriser une intervention militaire soviétique46. L’alliance avec l’URSS coûte désormais très cher, elle devient une alliance forcée, ce que l’on voit ensuite, dès 1943. À partir de l’automne 1939, les États baltes deviennent des Républiques soviétiques, la Pologne est envahie. La Finlande est également agressée par l’Union soviétique, ce qui provoque en France, pendant la drôle de guerre, une vague de sympathie pour le pays envahi et une dénonciation unanime de l’envahisseur, en même temps que ce dernier est exclu de la SDN47. Quant à la Roumanie livrée à elle-même, à la fin de juin 1940, elle est obligée de se plier aux exigences de l’URSS, devenue l’alliée objective de l’Allemagne, qui annexe la Bessarabie et de la Bucovine du Nord. Les craintes sont confirmées. La région est l’enjeu de la sécurité soviétique et une cause essentielle de la guerre germano-soviétique. L’URSS devient alors seulement une alliée indispensable.
31La perspective de l’Union soviétique comme alliée dans l’éventualité d’une guerre déclenchée par l’Allemagne ne se pose véritablement que dans les dernières années de l’entre-deux-guerres. Elle est d’autant plus difficile à admettre dans l’opinion européenne que l’Union soviétique est elle-même perçue comme une menace. De fait, le terme d’alliance ne recouvre en réalité que l’idée d’une assistance militaire. La Russie est perçue comme une puissance extra-européenne et la méfiance demeure persistante envers elle. Outre l’opposition idéologique vis-à-vis de l’URSS, c’est finalement le refus de s’engager dans un conflit en Europe centrale qui constitue le frein principal à une alliance avec la puissance soviétique.
Notes de bas de page
1 La « menace communiste » et l’homme « au couteau entre les dents » n’apparaissent véritablement en France qu’au moment des élections de 1919.
2 Renata Bournazel, Rapallo, naissance d’un mythe. La politique de la peur de la France du Bloc national, Paris, FNSP/Armand Colin, 1974. La coopération militaire entre l’Allemagne et l’Union soviétique est réelle jusqu’en 1933 mais elle ne se déclenche pas avec l’accord de Rapallo.
3 Documents diplomatiques français (DDF), 1922, t. 1, document no 254, télégramme no 258 de Raymond Poincaré à Louis Barthou (garde des Sceaux), 18 avril 1922, Bruxelles, PIE Peter Lang, p. 489-499.
4 De la même manière, ces États observent une attitude prudente vis-à-vis de l’Allemagne, en 1923, au moment de l’occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges.
5 Frédéric Dessberg, Le triangle impossible. Les relations franco-soviétiques et le facteur polonais dans les questions de sécurité en Europe (1924-1935), Bruxelles, PIE Peter Lang, 2009, p. 65- 67 et 70-71.
6 Ministère des Affaires étrangères (MAE), papiers d’agents, Herriot, note de Damien de Martel du 27 juin 1924.
7 Voir à ce sujet Serge Berstein, Jean-Jacques Becker, Histoire de l’anti-communisme en France, t. 1, 1917-1940, Paris, Olivier Orban, 1987, p. 200 et suiv. Également Frédéric Monier, Le complot dans la République. Stratégies du secret de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, 2001, p. 156 et suiv.
8 MAE, 1918-1940, vol. 358 (France-Russie), note pour le président du Conseil, 24 octobre 1925, fol. 43-49.
9 Arkhiv vneshneï politiki Rossiïskoï Federatsii [Archives de politique extérieure de la Fédération de Russie, AVP RF], fonds 0136, carton 8, dossier 105, document no 104, Journal de Rakovski (ambassadeur soviétique à Paris).
10 Frédéric Dessberg, « Marches d’Empire, États-tampons et zones d’instabilité : une approche française de la notion de périphérie aux xixe et xxe siècles », dans Éric Schnakenbourg, Frédéric Dessberg (dir.), La France face aux crises et aux conflits des périphéries européennes et atlantiques, du xviie au xxe siècle, Rennes, PUR, 2010, p. 31-46.
11 Voir Antoine Fleury (dir.), Le plan Briand d’union fédérale européenne : perspectives nationales et transnationales avec documents, Berne, Peter Lang, 1998.
12 Arnold J. Toynbee, Survey on International Affairs, 1933, Londres, Oxford University Press, 1934, p. 383.
13 Sabine Jansen, Pierre Cot. Un antifasciste radical, Paris, Fayard, 2003, p. 179-180.
14 Dokumenty vneshneï politiki SSSR [Documents de politique extérieure de l’URSS], t. XVI, no 396, télégramme de Nikolaï Krestinski (Narkomindel) à Valerian Dovgalevski (ambassadeur soviétique à Paris), 29 novembre 1933, p. 695 ; MAE, vol. 1003 (France-URSS), note secrète de la Direction politique pour le ministre, 5 décembre 1933, fol. 9-15.
15 DDF, 1932-1939, 1re série, t. V, no 193, note du Département du 4 janvier 1934, p. 402-405.
16 Marek Kornat, « The Policy of Equilibrium and Polish Bilateralism, 1934-1939 », dans Piotr S. Wandycz (éd.), Reflections on Polish Foreign Policy, New York, Columbia University Press, 2005, p. 47-86.
17 Ibid., p. 53.
18 Voir sur ce thème Sophie Cœuré, La grande lueur à l’Est. Les Français et l’Union soviétique, 1917-1939, Paris, Seuil, 1999.
19 Il faut rappeler que le pacte d’assistance mutuelle du 2 mai 1935 est signé en réaction à l’annonce du réarmement allemand et du rétablissement du service militaire obligatoire en Allemagne. Sur le pacte, outre Sabine Dullin, Des hommes d’influences. Les ambassadeurs de Staline en Europe, 1930-1939, Paris, Payot, 2001, p. 126-151, et Frédéric Dessberg, Le triangle impossible, op. cit., p. 349-366, voir Henri Slovès, La France et l’Union soviétique, Paris, s. e., 1935 ; William E. Scott, Le pacte franco-soviétique : alliance contre Hitler, Paris, Payot, 1965.
20 Élisabeth du Réau, « La France, l’Allemagne et l’URSS, 1936-1939 », dans Ilya Mieck, Pierre Guillen (dir.), Deutschland-Frankreich-Russland. Begugnung und Konfrontationen. La France et l’Allemagne face à la Russie, Munich, R. Oldenbourg, 2000.
21 Frédéric Guelton, « Les relations militaires franco-soviétiques dans les années trente », dans Michael Narinski, Élisabeth Du Réau, Georges-Henri Soutou, Alexandre Tchoubarian (dir.), La France et l’URSS dans l’Europe des années 30, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2005, p. 61-72.
22 Michael Jabara Carley, « “Only the USSR Has… Clean hands” : The Soviet Perspective on the Failure of Collective Security and the Collapse of Czechoslovakia, 1934-1938 (part 1) », Diplomacy and Statecraft, 21/2, 2010, p. 202-225.
23 S. Dullin, Des hommes d’influences…, op. cit., p. 176.
24 Service historique de la défense, Département de l’armée de terre (SHD-DAT), 2 N 20, réunion du CPDN, 15 mars 1938.
25 Georges-Henri Soutou, « Les totalitarismes en Europe du Centre-Est », dans Jerzy Kłoczowski, Henryk Łaszkiewicz (éd.), East-Central Europe in European History. Themes and Debates, Lublin, IES, 2009, p. 277-291.
26 Traian Sandu, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale. L’exemple roumain, 1919-1933, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 431.
27 F. Dessberg, Le triangle impossible, op. cit., p. 341.
28 M. J. Carley, « “Only the USSR Has… Clean hands”… », art. cité, Part 1, p. 206.
29 Voir notamment, de Sergeï Z. Slutch, « Sovietskii Soyuz i tshehoslovatskii krisis 1938 g. : nekotorie aspekti politiki nevmeshatelistva » [L’Union soviétique et la crise tchécoslovaque de 1938 : quelques aspects de la politique de non-ingérence], et Djanguir G. Nadjafov, « Dokument natsionalnovo arhiva USA o faktore SSSR b mejdunarodnom rasbitii b 1930-e rodi » [Document des archives nationales des États-Unis sur le facteur soviétique dans la situation internationale des années 1930], dans N. S. Lebedeva, Marius Wołos (éd.), Miunhenckoïe soglashenie 1938 goda : istoriya I sovremennosti [Les accords de Munich : histoire et modernité], Moscou, Institut bseobshtsheï istorii, 2009, p. 114-144 et p. 350-366.
30 Geoffrey Roberts, The Soviet Union and the Origins of the Second World War : Russo-German Relations and the Road to War, 1933-1941, New York, St. Martin’s Press, 1995 ; Hugh Ragsdale, The Soviets, the Munich Crisis and the Coming of World War II, Cambridge, Cambridge University Press, 2004 ; M. J. Carley, « “Only the USSR Has… Clean Hands”… », art. cité, Part 1, p. 202-225, Part 2, p. 368-396.
31 Igor Lukes, Czechoslovakia between Stalin and Hitler. The Diplomacy of Edward Benes in the 1930’s, New York/Oxford, Oxford University Press, 1996.
32 Fritz Taubert, « Munich : une question européenne ? », dans Antoine Marès (dir.), La Tchécoslovaquie, sismographe de l’Europe au xxe siècle, Paris, Institut d’études slaves, 2009, p. 61-71.
33 Yvon Lacaze, La France et Munich. Étude d’un processus décisionnel en matière de relations internationales, Berne, Peter Lang, 1992.
34 Jonathan Haslam, The Soviet Union and the Struggle for Collective Security in Europe, 1933- 1939, Londres, Macmillan, 1984, p. 165 ; G. Roberts, The Soviet Union and the Origins of the Second World War…, op. cit., p. 50-51.
35 M. J. Carley, « “Only the USSR Has… Clean Hands”… », art. cité, Part 2, p. 378.
36 Y. Lacaze, La France et Munich…, op. cit., p. 151-153.
37 DDF, 1932-1939, 2e série (1936-1939), t. X, no 5, Coulondre à Bonnet, 10 juin 1938, Paris, Imprimerie nationale, 1976.
38 Pierre Grosser, Pourquoi la Deuxième Guerre mondiale ?, Bruxelles, Éditions Complexe, 1999, p. 202.
39 M. J. Carley, « “Only the USSR Has… Clean Hands”… », art. cité, Part 1, p. 216.
40 Y. Lacaze, La France et Munich…, op. cit., p. 305.
41 DDF, 1932-1939, 2e série, t. XII, no 17, Coulondre à Bonnet, 4 octobre 1938 et no 164, Coulondre à Bonnet, 18 octobre 1938.
42 Pour un point de vue polonais sur la position du colonel Beck, voir Anna M. Cienciala, « The Nazi-Soviet Pact of August 23, 1939 : When Did Stalin Decide to Align with Hitler, and Was Poland the Culprit ? », dans M. B. B. Biskupski (éd.), Ideology, Politics and Diplomacy in East Central Europe, Rochester, University of Rochester Press, 2003, p. 147-126.
43 DDF, 1932-1939, 2e série, t. XVII, no 85, Naggiar à Bonnet, 4 juillet 1939, p. 151-153.
44 Małgorzata Gmurczyk-Wrońska, Polska-niepotrzebny aliant Francji ? [France-Pologne : une alliance inutile ?], Varsovie, Wydawnictwo Neriton, 2003, p. 86.
45 Michael J. Carley, 1939. L’alliance de la dernière chance. Une réinterprétation des origines de la Seconde Guerre mondiale, Montréal, Presses universitaires de Montréal, 2001.
46 MilanHauner, « EdvardBenešetMunich », dansAntoineMarès (dir.), LaTchécoslovaquie…, op. cit., p. 74-86.
47 Sur ce dernier cas, voir Louis Clerc, La Finlande et l’Europe du Nord dans la diplomatie française. Relations bilatérales et intérêt national dans les considérations françaises et nordiques des diplomates et militaires français, 1917-1940, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2011.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/écoles de Saint-Cyr Coëtquidan
Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, détaché aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan.
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