1917-1918 : les soldats américains aux regards des militaires et des civils français
p. 59-77
Texte intégral
1Lorsque Woodrow Wilson annonce l’entrée en guerre pour le 6 avril de son pays, il déclare : « Notre but ne sera ni de nous venger, ni d’affirmer victorieusement la puissance matérielle de notre pays, mais de défendre le droit, le droit de l’humanité1. »
2En fait bien d’autres raisons font intervenir les Américains, mais il n’entre pas dans notre propos aujourd’hui de les étudier, pas plus qu’il ne s’agit ici de refaire la thèse d’André Kaspi2. Si les regards des Français sur la jeune armée américaine sont assez bien connus, ils peuvent être enrichis avec des sources et approches nouvelles. Le regard américain a d’ailleurs changé lui aussi, sur les relations complexes entre Français et Américains. Après des années de lectures importées tout droit d’Angleterre, les choses ont évolué ces derniers temps. Robert Bruce a travaillé sur les archives françaises3, montrant qu’une vraie fraternité d’arme existait entre Français et Américains, alors que Jennifer Keen4 essaie également de préciser les rapports franco-américains. En ce qui concerne l’apprentissage de la guerre à l’européenne par les états-majors et les troupes, des travaux sont disponibles, comme ceux de Kenneth E. Hamburger5, ainsi que la documentation de l’US Army Military History Institute de Carlisle Barracks, dont une part est consultable en ligne et dont certains éléments m’ont été signalés6 par le général Robert Doughty, que je remercie à cette occasion.
3Nous voudrions ici aborder plusieurs échelles différentes de regards. D’abord nous interroger sur les systèmes de représentations croisées qui existent dans les deux armées, au moment de l’entrée en guerre puis de l’engagement sur le front occidental des forces armées américaines.
4Dans un deuxième temps, nous voudrions aborder la question du regard que les officiers français sur leurs homologues états-uniens avant d’essayer de caractériser l’attitude des soldats de base et des civils. Il ne s’agit pas seulement pour nous de reproduire une échelle hiérarchique. Il s’agit surtout de réfuter une démarche méthodologique trop répandue opposant la « vraie » guerre des combattants « d’en bas », à la guerre des états-majors, guerre « d’en haut » qui n’en serait pas tout à fait une.
5Les questions transversales qui parcourent cette communication tiennent, bien évidemment, à la notion de transmission d’expérience combattante, qui passe par la compréhension de la culture de l’allié.
Des systèmes de représentations réciproques prêts à l’emploi
6Compte tenu d’un long passé de relations complexes qui remonte à 1776, les Français et les Américains se regardent – ainsi que j’ai proposé de caractériser leurs relations dans un travail antérieur – en « amis si distants7 ». Chacun arrive sur le champ de bataille avec son système de pensée constitué :
- Les Français sont persuadés, au niveau des chefs comme des combattants de base, que les Américains manquent d’expérience au feu et qu’il faut les encadrer. Ce système de représentations n’est d’ailleurs pas très éloigné de celui qui existe alors dans l’armée française à l’égard des troupes coloniales. Paternalisme et condescendance sont de mise. Beaucoup pensent et disent que les Américains ne feront des bons combattants que s’ils sont commandés par les Français.
- Les Américains sont, pour leur part, persuadés – et c’est aussi vrai pour les chefs que pour les soldats de base – que la « vieille Europe » ne sait pas faire la guerre. La conviction des Américains est qu’il faut sortir impérativement du Trench Warfare. Pour eux, les Français mènent un combat routinier qui les empêche de parvenir au succès et de déboucher en terrain libre, cet Open Warfare dans lequel, les Américains estiment n’avoir rien à apprendre des Français.
7En d’autres termes, l’immodestie est la chose la mieux partagée au monde.
8Dès la déclaration de guerre états-unienne, une mission d’assistance anglaise, dirigée par lord Balfour, secondée par le général Bridges, arrive aux États-Unis. Une mission française fait de même, confiée à René Viviani (président du Conseil à la déclaration de guerre en 1914) assisté du récent maréchal Joffre.
9Joffre est précédé de sa réputation de vainqueur de la Marne. Une des batailles les mieux connues aux États-Unis8. Toujours roué, il sait gagner une immense admiration avec peu de chose. Le 1er mai, il parle devant le Sénat américain (en violation du protocole officiel américain), agite son képi et prononce seulement quelques mots. « I do not speak english, vive les États-Unis ». Cela lui vaut des acclamations frénétiques et la première page du New York Times du lendemain, 2 mai. Le 3 mai, Joffre parle cette fois devant la Chambre des représentants : « Thank you, vive l’Amérique. » Le New York Times rapporte, à nouveau, ce texte fondamental. C’est sans doute pour cela, et parce qu’il faut bien employer le vainqueur de la Marne, qu’en juin 1917, Joffre est nommé inspecteur général des troupes américaines en France.
10On voit que les Alliés entendent, dans un premier temps, imposer leur vision aux Américains. La réponse du président fédéral Wilson tranche nettement, puisqu’il affirme que l’armée américaine combattra comme une armée nationale indépendante, tout en retenant l’idée de Joffre d’envoyer le plus rapidement une première division américaine, afin que les États-Unis soient symboliquement présents dans les combats.
11Nous voilà donc propulsés au cœur des débats. Comment doit être utilisée cette armée américaine en formation ? Les Français et les Anglais voudraient clairement s’en servir comme d’un simple réservoir d’hommes, leur permettant de continuer de mener la guerre à leur manière, tout en palliant la crise des effectifs. Les Américains n’entendent pas être des partenaires de seconde zone. Ils conçoivent leur intervention en France comme un moment clé d’une politique et pas seulement d’une action militaire.
12Les regards français connaissent bien des déboires par rapport à leurs attentes. En avril 1917, la crise des effectifs est grave pour les Français. L’entrée en guerre des États-Unis leur apparaît comme la solution idéale pour pallier cette crise. Pour le moins, les Français espèrent voir débarquer 20000 hommes en état de combattre, dès le mois de juin 1917. Les déboires qui résultent de cette attente sont d’ordres variés :
131) Si les équipements courants de l’armée américaine sont récents et de qualité lorsque les premiers Sammies débarquent à Saint-Nazaire9, cela dissimule mal le fait que lorsqu’ils entrent en guerre, les Américains ont un écrasant retard en ce qui concerne le matériel militaire.
142) Alors qu’ils attendaient des hommes en armes, les Alliés sont donc particulièrement sollicités pour fournir au CEA les nombreuses armes qui manquent aux Sammies. Outre les matériels anglais, la France fournit 2000 des 2700 avions utilisés, 3000 des 3500 pièces d’artillerie et la totalité des chars d’assaut. Les Américains adoptent les pièces françaises de 105 et de 75 mm. Les armements collectifs sont également fournis largement par la France (FM Chauchat et mitrailleuses Hotchkiss), avant que les mitrailleuses et un nouveau FM mis au point par Browning BAR10 ne commencent à équiper l’armée américaine au cours de l’été de 1918.
15En octobre 1917, les États-Unis attendent de la France :
- 620 canons de 75 et 8 millions de coups,
- 260 canons de 155 Court et 1 million d’obus,
- 600 canons de 37 et 2 millions de coups,
- 29000 fusils-mitrailleurs « Chauchat », modèle 1915,
- 1500 mitrailleuses Hotchkiss.
163) Après les avoir équipés, il faut entraîner ces soldats. C’est sur ces dimensions que les rivalités franco-américaines vont être les plus graves. Une mission militaire confiée aux ordres du colonel Claudon est ainsi envoyée aux États-Unis pour aider l’état-major américain à organiser l’armée et à participer à l’instruction, dont le commandant Édouard Réquin, futur général en 1940.
17Selon Réquin, certains colonels américains font de l’opposition alors que les officiers plus jeunes sont demandeurs de l’expérience française. Le commandant Fabry estime que sans instructeurs français, « il y aura des tâtonnements inévitables, des erreurs qu’il faudra redresser ultérieurement, d’où perte de temps11 ».
18Le 11 août 1917, les Américains demandent 143 officiers et 165 sous-officiers Français pour l’instruction de leurs troupes, et un programme d’instruction est défini.
194) Le débat le plus important porte cependant sur l’« Amalgame ». Sous ce terme est définie la posture des Français souhaitant que chaque division américaine soit étroitement associée à une division française (ou anglaise), afin de parfaire son apprentissage de la guerre, ce qui suppose une subordination aux Français. Clemenceau est un chaud partisan de l’Amalgame : « Notre crainte est qu’une division américaine, non encadrée de troupes expérimentées puisse s’exposer à de fâcheuses surprises12. »
20Les Américains refusent énergiquement toute idée de ce genre. Seuls quatre régiments de la 93e DIUS (des régiments « colored ») sont placés sous commandement français et sont revêtus d’uniformes français. De ce point de vue, les officiers français, s’ils déploient un paternalisme certain à l’égard des troupes de couleur, ne partagent pas les présupposés raciaux des officiers américains et de Pershing lui-même, pour qui le Noir ne peut pas être un bon officier, même si politiquement il est indispensable que des soldats noirs participent aux combats.
Les regards des « conseillers » français
Sur les états-majors américains
21Au niveau des états-majors, les défis à relever sont énormes pour de si jeunes entités non rompues au maniement des grandes unités. Robert Doughty écrit que la réduction du saillant de Saint-Mihiel et plus encore l’opération « Meuse-Argonne » étaient des opérations « extraordinairement complexes, montées par une force inexpérimentée qui n’avait pas fait ses preuves13 ». Comme le remarque Russel F. Weigley, aussi bien Foch que Pershing n’étaient pas persuadés de la capacité américaine à passer d’une opération limitée comme la réduction du saillant de Saint-Mihiel à une opération de plus grande envergure14. Malgré les critiques acerbes émises par Clemenceau, Pétain et Foch, pour Weigley l’opération Meuse-Argonne représente pourtant le « meilleur exemple des progrès du travail de l’état-major américain en France15 ».
22Les officiers français, au contraire rompus aux techniques du travail d’état-major, se sont étonnés du manque d’organisation des états-majors américains. Pour le commandant Réquin, il n’y a « ni premier, ni troisième bureau proprement dits… Il en résulte que les questions primordiales d’organisation et d’instruction de l’armée sont réparties entre des officiers peu nombreux qu’absorbent par ailleurs des questions très différentes16 ». De fait, les officiers supérieurs américains avaient été, de la fin de la guerre civile à 1917, formés pour penser la petite unité, le poste sur la frontière, la lutte contre les Indiens ou les Mexicains. L’arrivée en France vient rompre ce continuum de pensée. Il leur faut maintenant penser grand. Cette révolution dans l’apprentissage du travail d’état-major est réalisée en quelques mois. La performance ne relève pas de la perfection, certes, mais d’une capacité d’organisation peut-être venue en partie de la sphère de l’industrie civile.
23Bien entendu, les jugements de valeur sur l’efficacité du travail d’état-major réalisé par les Américains varient considérablement selon le camp des protagonistes. Au jugement sévère de Philippe Pétain au moment de l’offensive Meuse-Argonne – « les raisons de cette stabilisation momentanée sont à rechercher moins dans la résistance de l’ennemi que dans les difficultés qu’éprouve l’état-major américain à mouvoir ses troupes et à les ravitailler17 » – répondent les arguments de George Marshall interrogé par Forrest Pogue en 1957, qui reconnaissait devoir aux Français énormément de choses dans son apprentissage de la guerre : « J’ai appris les techniques du commandement d’état-major, les techniques de la logistique », ajoutant qu’il avait également appris des Français les « choses qu’il ne fallait pas faire18 ».
Sur les soldats américains à l’instruction et au feu
24Les Français ne sont pas les seuls à émettre des jugements critiques sur les attitudes au feu des soldats américains. De ce point de vue, le jugement de Haig du 21 mai 1918, à l’égard de la 153e brigade (77e DIUS) de l’AEF semble sans appel. Il se sent obligé de laisser des officiers et des sous-officiers pour aider cette unité en précisant : « Parce que c’aurait été une espèce de meurtre d’envoyer ces hommes à l’assaut des tranchées dans leur état actuel d’ignorance (du combat)19. » Mais ce jugement, trop réducteur, ne tient pas compte des évolutions que connaissent les combattants américains dans leur formation au feu.
25L’apprentissage auprès des Français révèle en outre des cultures nationales divergentes, notamment à l’égard des procédures. Les instructeurs français s’expriment surtout par le biais de conférences qui doivent être traduites et qui font perdre beaucoup de temps. Le commandant de la 1re division note : « L’entraînement avec les Français est lent, et nous avons constaté, après une ou deux démonstrations qu’il est difficile de maintenir l’attention de nos soldats20. »
26La situation de départ n’est pas bonne. Les soldats qui arrivent en France n’ont, au mieux, tiré que quelques dizaines de cartouches aux États-Unis. Une compagnie de mitrailleuses ne voit sa première pièce que quelques semaines avant l’offensive de Saint-Mihiel21.
27Marshall arrive en France le 25 juin 1917, affecté à la 1re DIUS, comme chef d’état-major de cette unité qui est la première à entrer en lignes. Il a constaté dans ses mémoires : « Cette division était supposée être ce qu’il y avait de mieux au sein de l’armée d’active, et pourtant elle ressemblait à la plus grossière des unités territoriales22. » Il a alors des mots assez durs à l’égard des combattants américains. Selon lui, la plupart des soldats américains étaient alors « ignorants de l’entraînement militaire le plus rudimentaire, ne savaient rien de la tactique, et étaient peu habitués à la discipline militaire ». Les officiers, selon le même auteur, « avaient beaucoup à apprendre sur les techniques d’attaque et de défense ainsi que sur la coordination entre les mouvements d’infanterie et le feu d’artillerie23 ».
28L’exemple éclairant de la 79e division peut être emprunté à Kenneth Hamburger. Ses soldats viennent de Pennsylvanie, du Maryland et du District de Columbia. Les premiers hommes incorporés ont connu un entraînement au Camp Meade (Maryland) d’octobre 1917 à mai 1918. La division arrive en France le 1er août 1918, mais en fait, une part importante des soldats n’a été incorporée qu’en juin et n’a pratiquement pas reçu d’instruction. C’est donc dans l’urgence que des champs de tirs sont improvisés pour former les hommes au feu d’infanterie et pour « accoutumer les soldats à leurs armes24 ».
29Le 23 juillet 1918, le général Pershing se déclare satisfait du comportement de ses hommes. Pourtant à la fin de l’année 1918, George Marshall parle encore d’un « niveau d’entraînement limité et de manque total d’expérience de la part des hommes et des jeunes officiers25 ». Comment concilier des regards aussi contradictoires provenant des responsables militaires américains eux-mêmes – loin d’être unanimes, comme on le voit – et dont l’un des deux rejoint le regard des officiers français ?
30Selon les Français, les Américains au feu sont impétueux et imprévoyants. Quand ils montent à l’assaut, ils se débarrassent de tout ce qui le gêne : sac, paquets de cartouches, vareuse. Une fois l’objectif atteint, ils se retrouvent sans munitions, sans outils, sans protection contre les intempéries. Ils ne font pas d’effort pour se cacher ou s’abriter, ce qui explique des pertes considérables.
31La répugnance du soldat américain à manier la pelle et la pioche font que les abris individuels ne sont pas assez profonds. Selon les regards français, le soldat américain voit dans la guerre un sport excitant et non une besogne prosaïque. Il n’arrive pas à régler sa marche, non par manque d’endurance, mais par indiscipline. Il quitte les rangs facilement. Il monte à l’assaut après avoir mangé ses vivres de réserve. Ce sont là des observations souvent relevées dans les archives par les officiers de liaison français en service auprès des Américains.
32Si le soldat américain peut être mis en cause, ses chefs le sont encore plus aux yeux des Français qui pensent que toutes ces faiblesses ne viennent que des officiers. Le capitaine Gauthier, instructeur auprès de la 2e DIUS, constate avec quelque amertume le 16 avril 1918, que les conférences sont très peu suivies par les officiers américains : « Il n’y vient qu’un nombre d’officiers toujours inférieur aux prévisions faites… Il ne semble pas que les officiers américains considèrent ces séances comme essentielles26. »
33Il est vrai que les officiers américains se trouvent en face de difficultés qu’ils ne soupçonnaient pas, comme de préparer des reconnaissances, répartir les troupes en secteurs, maintenir les liaisons.
34Pour les officiers français, les officiers subalternes américains s’exposent inutilement, méprisent les ordres écrits, manquent d’initiatives, connaissent mal les spécialités de l’infanterie. Pour les Français, si les officiers noirs sont « de vaniteux porte-galons », sans aucune connaissance militaire27, les officiers blancs peuvent être améliorés, à condition d’accepter les avis des Français. On voit combien les partis pris sont évidents et tranchés.
35Il n’est pas question de suivre ici tout le détail des opérations militaires auxquelles participent les unités américaines.
36D’avril à juillet 1918, les officiers français reconnaissent que la participation américaine à la deuxième bataille de la Marne est tout à fait primordiale et qu’elle contribue notamment à la contre-offensive du 18 juillet (Mangin). Mais c’est l’époque où les troupes américaines ne combattent pas encore de manière autonome, et cette appréciation se coule alors tout à fait dans le système de représentations françaises.
37À la fin du mois de mai 1918, l’opération de Cantigny remonte le moral des Américains. Le général Robert L. Bullard et sa 1re DIUS (rattachée à la 1re armée française de Debeney) obtient de Pétain l’autorisation de monter une offensive locale. Le village de Cantigny doit être pris. Les Français fournissent l’appui en chars et en artillerie lourde (175 pièces). L’opération est lancée le 28 mai 1918, c’est-à-dire le lendemain même de l’offensive allemande sur le « Chemin des Dames ». D’un seul élan, le 28e RI avec son colonel Hanson Ely à sa tête, emporte les positions allemandes et fait 250 prisonniers. Les contre-attaques allemandes se succèdent ensuite durant trois jours. Les Allemands renoncent finalement le 31 mai. Les Français cette fois sont admiratifs, mais toujours parce que l’unité de Bullard fait partie intégrante de l’armée Debeney. « L’action a été conduite avec beaucoup d’ordre28. »
38Du coup, la confiance acquise par les Américains devient – peut-être – trop grande sûreté de soi.
39L’affaire du « Bois de Belleau » fait la gloire des Marines qui savent faire oublier la participation d’autres unités américaines, au prix de 9777 pertes américaines (dont 1811 tués29), chiffre qui affirme la combativité des troupes américaines30. Dès le lendemain des combats (du 6 au 23 juin 1918), le bois est rebaptisé « Bois de la Brigade des Marines ».
40Lorsque Mangin déclenche la contre-offensive le 18 juillet 1918, il confie une part importante de la tâche au XXe CA (1re division marocaine, 1re et 2e DIUS), dont l’objectif est constitué par les hauteurs de Soissons. En quatre jours, la 1re DIUS avance de 11 kilomètres et atteint l’objectif, au prix de la perte de 60 % des officiers au 26e RIUS.
41La réduction de la vaste « poche » allemande entre Soissons, Reims et Château-Thierry coûte aux Américains 30000 tués, blessés et disparus.
42Il ne faut pas oublier non plus les combats de juillet 1918 sur Souain, Aubérive, Saint-Hilaire dans lesquels la 42e DIUS du Texas participe activement aux combats.
43Le 8 août 1918, le front se situe sur la Vesle ; le long de la ligne Soissons-Reims. Deux CA américains sont engagés (le 1er CAUS devant Bazoches, le 3e CAUS devant Fismes). Leur combativité frappe les observateurs.
44Arrivent alors les deux grandes opérations dans lesquelles les Américains constituent leur attaque de manière – presque – autonome : la réduction du saillant de Saint-Mihiel et l’offensive Meuse-Argonne. Il n’est pas question ici d’en dresser une chronique. L’offensive Meuse-Argonne a alimenté, du côté américain, une littérature plus qu’abondante. Allons à l’essentiel en termes de regard des officiers français.
45Officiellement, les opérations du saillant de Saint-Mihiel constituent un grand succès américain : un matériel important, dont 200 canons, y a été pris.
46En privé, les officiers français sont plus réservés. Le succès a été facile. Les Allemands savent à l’évidence, dès le début du mois de septembre, que les Américains vont attaquer. Les états-majors américains n’ont pas été discrets. Dès le 24 août à… Marseille, on parle de l’opération américaine en Lorraine31. Tous les témoignages concordent pour constater la faible combativité des troupes allemandes. La 77e DR compte, par exemple 800 Alsaciens-Mosellans peu fiables (d’ailleurs 23 désertent en quelques semaines).
47En Meuse-Argonne, il ne s’agit pas de la même affaire. Le système défensif des Allemands est puissant et ils ne sont pas en repli dans cette zone. Le général von Gallwitz dispose de 20 divisions, dont 10 en réserve. Quatre lignes de défense sont étalées sur une profondeur de 30 km. Après la prise de Montfaucon, le général Liggett marque le pas. Les Américains sont arrêtés durant trois jours. Les Allemands en profitent pour acheminer des renforts.
48Comme lors des opérations de Saint-Mihiel, les Américains souffrent de difficultés de ravitaillement et de communication importantes. C’est le moment où les officiers de liaison français se montrent les plus critiques vis-à-vis des Américains, déplorant l’incapacité organisationnelle des Sammies. Le lieutenant-colonel Nodé-Langlois alerte Foch le 30 septembre 1918, en termes très nets :
Les Américains n’ont pas dit la vérité depuis deux jours. Ils n’ont eu ni grosses contre-attaques ni pertes considérables, ni six nouvelles divisions boches engagées sur leur front […], les Américains donnent le change pour ne pas avouer que, depuis trois jours, ils subissent un embouteillage indescriptible. […] Les munitions n’ont pas été transportées en quantités suffisantes pour permettre de reprendre une opération d’ensemble32.
49Les embouteillages atteignent des proportions « inimaginables ». Il faut une heure et demie pour aller en auto de Varennes à Bourreuilles, distant de deux kilomètres.
50À la fin du mois de septembre 1918, pour Pétain, ce sont les états-majors qui sont les grands responsables. Foch est très agacé et envisage un éclatement de la 1re armée américaine, l’une placée sous les ordres de Pershing sur les rives de la Meuse, l’autre placée sous commandement français sur l’Argonne. Foch met en demeure Pershing d’attaquer sans temps d’arrêt. Les politiques s’en mêlent. Clemenceau adopte une attitude intransigeante : Pershing doit désormais obéir à des chefs qualifiés (c’est-à-dire Français, dans son esprit). La manœuvre politique est claire. Il s’agit de minimiser le concours militaire américain pour affaiblir la position de Wilson avant les pourparlers de paix.
51Au total, il faut presque un mois, du 4 au 30 octobre 1918, pour que les Américains « nettoient » dans la douleur la forêt d’Argonne. Nous sommes alors loin de l’Open War dont ils rêvaient33.
52Ne s’agit-il pas tout simplement de l’inévitable crise que traversent toutes les armées rapidement mises sur pied ? N’oublions pas qu’un an avant cette offensive, l’armée américaine n’existait que sur le papier.
53En tout cas, les combats de Champagne viennent, tardivement, apporter de l’eau au moulin de ceux qui quelques mois plus tôt, étaient encore favorables à l’« Amalgame ». Le 3 octobre 1918, la 2e DIUS s’empare du Blanc-Mont, lancée avec la 36e DIUS à la poursuite des Allemands au sein de la 4e armée française. Lors de ces combats encore très acharnés, la division américaine est « encadrée » littéralement par la 21e DIF à sa gauche et par la 167e DIF à sa droite. Ces combats du Blanc-Mont semblent donner raison à Pétain qui, quelques jours plus tard, le 12 octobre, écrivait à Foch :
Seul l’organe Division, orienté, conseillé et soutenu par le commandement français eut été susceptible d’un bon rendement. Cette armée forme actuellement un conglomérat d’unités de valeur très variable et dont les efforts ne peuvent être coordonnés par un commandement et des états-majors inexpérimentés […] des progrès d’organisation ont été effectués. Ils eussent été plus sensibles et plus rapides si un amour-propre national démesuré n’avait pas fait obstacle à l’influence que les officiers français, détachés dans les états-majors américains, auraient dû légitimement exercer34.
54Avec un regard légèrement rétrospectif, le capitaine Hanaut écrit en 1921, dans la Revue de l’Infanterie : « Force est d’avouer que la valeur professionnelle des officiers hâtivement fabriqués en grande série est bien mince35. »
55Si l’on essaie de quitter les sphères dirigeantes des militaires français pour aller voir du côté des civils et des combattants de base, quels regards sont jetés sur l’« associé » américain ?
Contacts et perceptions chez les civils et les combattants de base
56Dans un premier temps, l’arrivée des Américains est suivie de manière enthousiaste par l’arrière. L’espoir qu’ils font naître est proportionnel à la lassitude qu’éprouvent les Français face à la guerre. Les Américains vont remplacer les Français dans les tranchées et remporter la victoire. Les soldats américains sont attendus par les soldats français comme on attend la relève ou la démobilisation. La population, comme les soldats, attendent le soulagement de leurs épreuves, mais aussi une prise de relais. Toute la symbolique propagandiste alliée, depuis le « Lafayette nous voilà ! » du futur colonel Charles Stanton au cimetière de Picpus jusqu’aux innombrables photographies montrant la bonne entente avec les populations civiles, notamment féminines36, en passant par une chanson fort populaire alors, attestent de ces bonnes relations.
57Quels comportements est-il possible d’identifier sous cette surface médiatique ? Assez rapidement apparaît un second temps. Des sentiments plus ambigus se dessinent, construits sur des comportements que les Français leur reprochent. Ils seraient volontiers enclins à l’ivrognerie et « feraient la noce » – les Français parlent d’expertise à ce sujet –, paresseux, trop habitués au confort. Le reproche majeur du coq gaulois tient, bien sûr, dans la capacité qui leur serait prêtée de venir chiper des Françaises aux poilus. Les honnêtes femmes n’oseraient plus sortir pour ne pas se trouver en butte aux avances des Sammies. Pershing, par son General Order du 7 août 1918, a pourtant rappelé – mais n’est-ce pas là le résultat d’un regard par trop puritain et tout hypocrite ? – que « la pratique des rapports sexuels n’est pas nécessaire à la bonne santé ».
58Le principal reproche qui est fait aux Américains est surtout d’entretenir un phénomène de hausse des prix. S’il est vrai que les soldes américaines sont confortables au regard des soldes françaises, il s’agit là de la continuation d’une tendance lourde de la guerre. Les commerçants de tous poils, surtout dans la zone des armées, ont largement profité de la masse captive des militaires présents sur le front. Dès fin 1914-début 1915, Maurice Genevoix, parmi de nombreux autres témoignages, signale la flambée des prix alimentaires, pratiqués par les roués paysans meusiens. S’il est vrai que l’arrivée massive des Américains a correspondu à un effet de cliquet dans l’évolution des prix français, ce système d’explication arrange les commerçants qui mettent sur le dos des Américains les hausses qu’ils pratiquaient eux-mêmes avant l’arrivée de ces derniers.
59Une question importante doit être posée, qui est loin d’être anodine. Les arrivées massives d’Américains alimentent-elles les débuts d’un anti-américanisme de masse dont notre pays a le secret et la quasi-exclusivité en Europe ? Un soldat écrit ainsi à sa femme à l’arrière : « Te laisse pas influencer par cette race qui ne vient que pour nous exploiter. D’abord, quand j’irai en perme, que je n’en trouve pas à la maison, ça ferait du vilain37. »
60Un petit parcours dans certaines archives départementales, notamment dans les rapports de préfets, peut apporter quelques lumières sur certains comportements français à l’égard des Américains.
61Le 11 juin 1917, dans l’ambiance des mouvements au sein de l’armée française, visiblement mieux connus à l’arrière qu’on ne l’a dit longtemps, le préfet de Loire-Inférieure38 fait parler les Américains : « Les Américains sont consternés de cet état de choses. C’est la déclaration des premiers arrivés, en entendant chanter L’Internationale, crier “Vive la Révolution !”, “À bas la guerre !” et même “Vive l’Allemagne !” par des ivrognes39. »
62Le 29 août 1917, le préfet de Dordogne signale, que « l’état moral de la population de Périgueux qui était inquiétant au mois de juin dernier, s’est beaucoup amélioré ces derniers temps. L’aide américaine et les offensives des armées alliées ont ramené la confiance et le courage40 ».
63Lorsque l’état-major de Pershing s’installe en Haute-Marne, le préfet de ce département émet quelques bémols en janvier 1918, à propos des populations locales qui sont « satisfaites de les voir arriver, un bon accueil leur est fait partout, on a admis que leur intervention était indispensable pour terminer la guerre de façon heureuse, mais de ce qu’on les coudoie, on est amené à se rendre compte plus exactement du temps long qu’il va leur falloir avant d’être à même de nous donner un concours efficace et définitif41 ». Dès janvier, l’état d’impréparation de l’AEF est ainsi bien mesuré par le représentant du gouvernement.
64Le 7 juin 1918, devant l’avance des troupes allemandes, le doute s’instille chez certaines populations de Loire-Inférieure : « Qui sait si les Américains ne nous lâcheront pas »… Mais le doute a disparu le 4 juillet, jour de l’Independance Day : « Tous disent beaucoup de bien des Américains. »
65Le 6 septembre 1918, le préfet du même département, rapporte des propos de permissionnaires très optimistes :
Les boches ramassent la piquette, mais que ce serait encore autre chose quand toute l’armée américaine sera en France. Les Allemands seront chassés de France cette année et la guerre pourra être terminée l’été prochain, à moins qu’ils ne demandent la paix auparavant42.
66Le 16 septembre, les succès des armées alliées « ont produit l’impression la plus favorable sur les populations qui fondent les plus grands espoirs sur la coopération des troupes américaines. De nouvelles attaques par ces troupes sur d’autres points du front sont attendues avec une véritable impatience, mais sans crainte43 ».
67Pour l’anecdote, et simplement pour rappeler que les troupes américaines ne sont, bien entendu, pas immédiatement rapatriées aux États-Unis après le 11 novembre, un soldat américain est arrêté le 7 juin 1919 pour vol de bicyclette à Périgueux44.
68Mais les soldats américains sont surtout attendus au front par les poilus français. Quelles images laissent-ils d’eux ?
69La perception des Américains passe d’abord par des contacts visuels. Le brigadier Boulens, appartenant à une formation vétérinaire, note par exemple, lors des bombardements de la ville d’Épernay le 2 janvier 1918 : « En dehors des bombardements, c’est un va-et-vient de militaire de toutes nationalités : Italiens, Américain, Nègres, Jaunes45 », qui en dit long d’ailleurs sur la diversité des armées alliées de la fin de la guerre.
70Le maréchal des logis Delbast, se trouve en Meuse le 20 juin 1918, avec des Américains, « car depuis nos pertes dans l’Aisne, on avait dissous un régiment d’infanterie, et des deux autres, on avait fait un seul, alors on avait joint à notre division deux régiments d’Américains mixtes, des blancs et des noirs, le 371e et le 372e d’infanterie ». Le 29 juillet, le même Delbast est nommé en liaison avec une unité américaine. Il amène alors quelques notations intéressantes, non seulement sur la nourriture de Dough Boys, mais également sur son propre système de représentations à l’égard des soldats américains :
La nourriture des Américains est assez bizarre, elle consiste en mélange de viande, patates, ail, ognons [sic] tomates, confitures. C’est une drôle de partie […] je mets en bonne relation [sic] avec les Américains, c’est de très bons camarades. Je commence à faire un cours d’anglais avec un sergent-major de bataillon américain. Le soir je vais les entendre chanter, ils chantent très bien en leur genre, ce sont en général des types très riches qui gaspillent leur argent. Ils ne sont pas propres du tout sur le corps ; ils sont dévorés par les poux, ils ont de drôles de façon pour se laver46.
71Ainsi, à travers ce témoignage inédit qu’il n’est pas question d’ériger en preuve absolue, c’est la simple camaraderie d’armes qui l’emporte. Au vrai pouvait-il en aller autrement, à la lumière des difficultés linguistiques et culturelles rencontrées pour communiquer entre les deux groupes ?
72Les regards d’ignorance des cultures respectives se trouvent d’ailleurs également dans les rangs des Sammies. Le soldat Hulse, qui ne sait comment trouver de la place pour se coucher dans la gare d’Is-sur-Tille, près de Dijon, sort un paquet de cigarettes qu’il distribue autour de lui :
Je sortis de ma poche le paquet de cigarettes, je l’ouvris et mis une cigarette en bouche, et j’en offris une à mon voisin. Il me la prit en me remerciant beaucoup et m’offrit son briquet. La plupart des autres s’étaient à demi redressés et nous regardaient. Je passai le reste des cigarettes aux autres, jusqu’à ce qu’il n’y en eût plus. J’étais tout de suite devenu un « bon camarade » et on me fit aussitôt une place pour étendre mes couvertures par terre. Pour un soldat français, les cigarettes américaines étaient un luxe. Elles n’étaient pas abondantes parmi nos propres soldats non plus et un homme qui faisait cadeau d’un paquet entier de cigarettes devait être très généreux. Je crois que quelques-uns seraient restés debout toute la nuit pour me donner une place pour dormir47.
73Au plan « professionnel » toutefois, des évolutions sont mesurables également. Après avoir admiré les soldats américains, les poilus français deviennent plus dubitatifs. Un système dual de représentations fait tout à la fois d’attraction et de répulsion, se construit au gré des stéréotypes nationaux. Un retournement évident s’opère dans l’esprit des Français, qu’ils soient à l’arrière ou au front, après les déboires de l’opération Meuse-Argonne. Autant les Doughboys étaient des « super-héros » parés de toutes les vertus avant l’opération, autant ils apparaissent dorénavant comme des entêtés naïfs. Le contrôle postal intercepte des lettres de poilus qui constatent que les Américains sont naïfs, trop sûrs d’eux, et qu’ils attaquent comme des Cow-Boys.
74À titre de conclusion, nous insisterons sur le fait que le moment 1917-1918 vient, dans les regards civils et surtout militaires français à l’égard des Américains, se situer à un point d’inflexion des relations complexes entre les deux nations.
75Les systèmes de représentations des uns et des autres sont bien constitués et chacun trouve, dans les travers de l’autre, des exemples pour justifier de ses attitudes. En 1917-1918, les militaires français se sont incontestablement comportés en « grands frères » à l’égard des soldats américains. Persuadés de leurs savoirs de guerre, achetés au prix fort du sang, les Français ont voulu transmettre ces savoirs à une armée dont le rôle politique était aussi important que la dimension strictement guerrière. Désormais première puissance manufacturière mondiale, les États-Unis s’émancipent largement des Français, refusent leur parrainage un peu lourd, mais du coup, doivent faire l’apprentissage sur le tas des comportements au feu. Ils passent, à la fin de l’année 1918, par toutes les phases que l’armée française a connue en 191448. Sûre d’elle-même, malgré des déboires objectifs, l’armée américaine se construit véritablement en 1917-1918, en tuant le père français, avant de se déconstruire dans les années de l’entre-deux-guerres. Après 1940 et jusqu’à aujourd’hui, malgré quelques enseignements concrets, l’armée française n’est-elle plus guère qu’une fabrique de vaincus aux yeux des Américains ? Les regards de 1917-1918 sont ainsi complétés dans des systèmes de stéréotypes de pensée.
Notes de bas de page
1 Cité par le colonel Frédéric Guelton, « Les Américains dans la Grande Guerre », 14-18. La Grande Guerre, 40, février-mars 2008, p. 7.
2 André Kaspi, Le temps des Américains, 1917-1918, Paris, Publications de la Sorbonne, 1976.
3 Robert Bruce, Fraternity of Arms : America and France in the Great War, Lawrence, University Press of Kansas, 2003.
4 Jennifer Keen, Doughboys, the Great War and the Remaking of America, Baltimore, John Hopkins University Press, 2001.
5 Kenneth E. Hamburger, Learning Lessons in the American Expeditionary Forces, United States Army Center of Military History (CMH pub 24-1), s. d.
6 J’ai notamment utilisé les Infantry Drill Regulations, et plus encore les deux volumes de l’United States Army in the World War, 1917-1919, Military Operations of the AEF, celui consacré à Saint-Mihiel et celui consacré aux opérations Meuse-Argonne.
7 « Des Amis si distants », introduction de François Cochet (dir.), États-Unis-France : postures américaines, réceptions françaises, Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire/14-18 Meuse, Metz, 2010, p. 3.
8 A. Kaspi, Le temps des Américains…, op. cit., p. 33-35.
9 Chapeau modèle 1912 avec cordon de couleur bleu pour l’infanterie, rouge pour l’artillerie, jaune pour la cavalerie, vareuse en drap kaki à quatre grandes poches. Sur la patte de droite, on trouve un cercle métallique entourant les lettres US. Sur la patte gauche, l’insigne d’arme et de régiment : deux fusils croisés pour l’infanterie. Les guêtres sont en toile. Les brodequins de modèle 1904, trop fragiles, allaient être remplacés par des brodequins français. L’arme standard est le moderne fusil Springfield adopté en 1903, en calibre 30-06 (lames chargeur de cinq cartouches).
10 Pour Browning Automatic Rifle.
11 Service historique de la défense, Département de l’armée de terre (SHD-DAT), 16 N 3208.
12 Frédéric Guelton, « Les Américains dans la Grande Guerre », art. cité, p. 13.
13 Robert Doughty, « George Marshall face à la “dure et âpre” réalité de la guerre », dans François Cochet (dir.), De Gaulle et les « jeunes turcs » dans les armées occidentales (1930- 1945) : une génération de la réflexion à l’action, Paris, Rive neuve Éditions, 2008, p. 182.
14 Russell F. Weigley, History of the United States Army, New York, Mac Millan, 1967, p. 389.
15 The greatest single achievement of American staff work in France, ibid., p. 388, cité par R. Doughty, « George Marshall… », art. cité.
16 Cité par le lieutenant-colonel Remy Porte, « L’armée américaine de 1917, et le regard des officiers français », dans F. Cochet (dir.), États-Unis-France…, op. cit., p. 61.
17 F. Guelton, « Les Américains dans la Grande Guerre », art. cité, p. 47.
18 It was a continuous series of lessons. Most of them what to do and quite a number what not to do. I learnt the technique of high command, the techniques of logistics…, interview de Marshall du 11 avril 1957, dans Forrest C. Pogue, George C. Marshall : Education of a General, 1890- 1939, New York, Viking, 1963, cité par R. Doughty, « George Marshall… », art. cité, p. 3.
19 Robert Blake, The Private Papers of Douglas Haig, 1914-1919, Londres, Eyre and Spottisman, 1952, p. 307.
20 Training in conjunction with French troops is slow and we have found that after one or two demonstrations by French organizations it is difficult to keep our soldiers interested, cité par K. Hamburger, Learning Lessons…, op. cit., p. 15.
21 Vaux Papers, 90th Division file, Carlisle Barracks.
22 This division was supposed to be the pick of the regular Army, and yet it looked like the rawest of territorial units, cité dans George Marshall, Memoirs of my Services in the World War, 1917- 1918, Boston, Hougthon-Mifflin, 1976, p. 14.
23 Ibid., p. 12.
24 To become generally acquainted with their rifles, historique anonyme de la division cité par K. Hamburger, Learning Lessons…, op. cit., p. 14.
25 The limited amount of training and the complete lack of experience on the part of the men and young officers, G. Marshall, Memoirs of my Services…, op. cit., p. 122.
26 R. Porte, « L’armée américaine de 1917… », art. cité, p. 62.
27 A. Kaspi, Le temps des Américains…, op. cit., p. 277.
28 SHD, 15 N 11.
29 Les Allemands auraient perdu environ 10000 hommes.
30 Après ces succès, Pershing décide de ne plus faire appel aux conseillers français. Le 28 juillet, l’état-major de Washington est averti que les Américains ne feront plus appel aux Français. Le 27 août, Pershing impose à l’état-major que la formation des officiers d’état-major aux États-Unis ne soit plus assurée par les Français… sans avertir ces derniers. Réquin et les autres doivent quitter les États-Unis pour le 31 octobre.
31 A. Kaspi, Le temps des Américains…, op. cit., p. 290.
32 Message téléphoné du lieutenant-colonel Nodé-Langlois, SHD, 16 N 1927.
33 Les pertes sont lourdes : 1606 morts pour la première semaine de septembre ; 6589 et 6019 pour les deux premières d’octobre ; 5159 pour la troisième. Entre 2700 et 2000 pour les deux dernières du mois. Soit un total de 22000 morts à comparer aux 35000 morts Français du mois, SHD, 6 N 58.
34 SHD, 16 N 1926, cité par A. Kaspi, Le temps des Américains…, op. cit., p. 327.
35 Capitaine Hanaut, « La transformation de la vie militaire aux États-Unis pendant la guerre de 1917-1918 », Revue d’infanterie, novembre 1921, p. 455-468, cité par R. Porte, « L’armée américaine de 1917… », art. cité, p. 62.
36 Voir par exemple, « Les Américains et la Meuse », dans Verdun, histoire et mémoire. La revue de la Grande Guerre, 1, p. 245-256.
37 A. Kaspi, Le temps des Américains…, op. cit., p. 130.
38 Ce témoignage n’est pas choisi à titre d’exemple tout à fait au hasard, mais du fait de la présence de Nantes-Saint-Nazaire, gros port de débarquement des forces américaines.
39 Archives départementales (AD) Loire-Atlantique, 1 M 529.
40 AD Dordogne 1 M 82
41 Archives nationales, F 1c III, 1130.
42 AD Loire-Atlantique, 1 M 529.
43 Ibid., rapports sur l’esprit public.
44 AD Dordogne, 4 M 44.
45 Correspondance inédite du brigadier Boulens avec 470 cartes postales de l’arrière-front, mises à ma disposition par Patrick Corbet, professeur d’histoire médiévale à l’université Nancy II.
46 Témoignage personnel recueilli par l’auteur.
47 Hugh C. Hulse, Mémoires de guerre d’un soldat américain, 1918-1919. Le bon endroit, trad. de Lloyd K. Hulse, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 160.
48 Ne serait-ce que parce que les manuels d’instruction américains sont une traduction pure et simple de ceux des Français du début de la guerre, faisant la part belle à l’enseignement de l’escrime à la baïonnette, notamment.
Auteur
CRULH-MSH Lorraine
Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Metz, CRULH-MSH Lorraine.
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