Notices individuelles
p. 443-460
Texte intégral
1Les notices individuelles concernent des Éduens mentionnés pour l’essentiel dans les Panégyriques latins. Présentées sous forme de fiches, les informations sur les individus ont été réévaluées à la lumière de travaux récents sur la vie municipale d’époque tardive, comme ceux de Claude Lepelley ou de Giovanni Cecconi. Les conclusions de la deuxième partie de ce travail ont également été mises à contribution1. Cette liste vise à éclairer le destin des élites civiques sur une période relativement courte, des années 270 à 320 environ. En appendice, sont mentionnés cinq clercs éduens dont l’historicité est assurément attestée. Leur présence se justifie du point de vue de l’histoire sociale des élites, dans la mesure où ces ecclésiastiques appartenaient très certainement au cercle étroit des dirigeants de la cité.
2La présentation des notices suit un ordre alphabétique et chronologique. Les individus dont le nom est attesté (cognomen seul ou tria nomina) précèdent les anonymes.
Les notables éduens
Argicius (né au plus tard vers 220-mort après 270), décurion d’Autun
3Argicius est l’arrière-grand-père d’Ausone du côté maternel. Membre d’une puissante famille de notables implantée chez les Éduens et chez les Allobroges en Narbonnaise, il fut mêlé à la révolte de 270 contre Victorin. Partisan de Claude II, proscrit avec son fils par les deux Tétricus (270-273), il perdit à l’occasion ses biens ainsi qu’une large partie de son patrimoine. La famille parvint à s’enfuir et vécut cachée, en exil à Dax (Aquae Tarbellicae) , en Aquitaine, où l’on retrouve sa trace au début du ive siècle. Ausone ne donne pas le nom du personnage. Celui-ci se déduit de l’onomastique du fils, Caecilius Argicius Arborius. On soupçonne qu’Argicius était l’un des primores ciuitatis ayant joué un rôle de premier plan dans la révolte, grâce à ses connexions familiales chez les Allobroges, dont le territoire, en 269, était sous le contrôle des détachements militaires envoyés par Claude II. On remarque chez Ausone la fierté affichée d’appartenir à cette lignée éduenne, d’où les longs développements consacrés dans les Parentalia à cette branche maternelle, alors que l’écrivain demeure silencieux sur le rameau paternel, moins illustre. Dans la seconde moitié du ive siècle, même si la cité des Éduens semble avoir perdu une partie de son ancien lustre2, son prestige demeure intact aux yeux des élites gallo-romaines.
4Sources : Aus., i, Prefationes, 1, Ausonius lectori salutem, 5-6 : Vasates patria est patri, gens Aedua matri / de patre, Tarbellis sed genetrix ab Aquis·, 11, Commemoratio professorum Burdigalensium, 16, Aemilius Magnus Arborius rhetor Tolosae, 7-8 : Stemma tibi patris Aeduici, Tarbellica Maurae / matris origo fuit : ambo genus procerum.
5Aus., Parent., 4, Caecilius Argicius Arborius, auus, 2-9 : maternum post hos commemoremus auum / Arborium Aeduico ductum de stemmate nomen, / complexum multas nobilitate domus, / qua Lugdunensis prouincia quaque potentes / Aedues Alpino quaque Vienna iugo. / Inuidia set nimium generique opibusque superbis / aerumna incubuit. Namque auus et genitor / proscripti regnum cum Victorinus haberet / uictor et in Tetricos reccidit imperium.
6Travaux modernes : PLRE, i, Argicius, p. 102 ; Heinzelmann, p. 560 ; Sivan, Ausonius, p. 50-51. Sivan considère cette famille comme une puissante famille gallo-romaine, dont l’influence était fondée en grande partie sur des liens matrimoniaux et sur un patrimoine foncier important en Gaule du Centre et du Sud-Est. Il note la rareté des noms Arborius et Argicius, preuve d’une origine gallo-celtique. Dans le stemma de cette famille, il propose d’ajouter un ancêtre supplémentaire, un anonyme, qui serait le père d’Argicius. Ce serait le personnage dont il est question dans les sources mentionnées ci-dessus, celui qui fut proscrit et exilé par Victorin. Cette reconstruction paraît peu convaincante. Sivan s’appuie ici sur les réflexions de R. Green, « Prosopographical Notes on the Family and Friends of Ausonius », BICS, 25 (1978), p. 19-20 (repris dans Green, Works of Ausonius, p. 307). Voir également le schéma légèrement différent proposé par Coşkun, Die gens Ausoniana, p. 112. La famille s’est peut-être arrêtée à Dax, étape du chemin vers l’Espagne, lieu d’exil initialement prévu, même si l’hypothèse demeure invérifiable. Sur ces personnages et sur l’ascendance d’Ausone : Étienne, Ausone, p. 6-8 ; Ausonius, Parentalia. Introduzione, testo, traduzione e commento a cura di Massimo Lolli, Bruxelles, 1997 (coll. Latomus, 232), p. 86-89, pour le commentaire du passage sur Argicius.
Caecilius Argicius Arborius (né vers 240-mort en 332), décurion d’Autun
7Caecilius Argicius Arborius est le grand-père maternel d’Ausone. Il est membre d’une puissante famille de notables, implantée chez les Éduens et chez les Allobroges à Vienne, dans la province de Narbonnaise.
8Avec son père Argicius, il fut mêlé à la révolte de 270 contre Victorin. Partisan de Claude II, il fut proscrit par Tétricus et s’exila en Aquitaine, où l’on retrouve sa trace dans les premières décennies du ive siècle.
9Sources : voir notice précédente.
10Travaux modernes : PLRE, i, Arborius 2, p. 97 ; Heinzelmann, p. 558, Arborius 2, peut-être darissime (à tort, dans la mesure où ce titre n’est mentionné dans aucune source) ; Sivan, Ausonius, p. 52, le fait naître en Aquitaine en empruntant une idée à R. Green, « Prosopographical Notes on the Family and Friends of Ausonius », BICS, 25 (1978), p. 19-20 (repris dans Green, Works of Ausonius, p. 307) ; Étienne, Ausone, p. 6-8 (pour qui Argicius est l’arrière grand-père d’Ausone et Arborius son grand-père) ; Parentalia, op. cit., p. 86-89, accompagné d’un commentaire du passage sur Caecilius Argicius Arborius. Lire en dernier lieu Coşkun, op. cit., p. 112-118, 125 et 223.
Eumène (vers 240-après 298), ancien magister memoriae, décurion, directeur des écoles d’Autun
11Il serait trop long de présenter Eumène dans le cadre d’une notice qui résume de manière succincte la biographie détaillée proposée au chapitre 5.
12Eumène est né vers 240 et tire son origo de la ciuitas Aeduorum. Rhéteur de formation, peut-être juriste, il a d’abord été un professeur de rhétorique remarqué pour ses compétences administratives par l’un des prédécesseurs de Dioclétien. Il accomplit alors une carrière procuratorienne dont le détail demeure obscur, mais qui le conduisit à la fonction tricénaire de magister memoriae : Eumène était donc un chevalier romain de rang perfectissime.
13Sur le point de se retirer de la vie publique, il fut envoyé par les empereurs à la tête des écoles de sa patrie, doublant ainsi ses émoluments (de 300 000 à 600000 sesterces). Les princes le nommèrent dans l’espoir qu’il s’engage en personne dans la reconstruction de sa cité, ce qu’il fit de bonne grâce en offrant l’ensemble de son salarium pour les travaux de reconstruction du bâtiment des écoles. Eumène a par ailleurs été sollicité pour occuper une place importante au sein du conseil municipal de sa cité, alors en pleine recomposition. Dans cette situation fragile, on comprend l’intérêt du pouvoir impérial et des dirigeants locaux de voir figurer un ancien administrateur compétent, influent et riche dans l’assemblée municipale : Eumène comptait parmi les individus les plus aptes à accomplir certaines tâches délicates de contrôle de gestion, à supporter des munera onéreux, à servir de représentant et d’intermédiaire entre la cité et le pouvoir central. Le choix d’Eumène offrait un ultime avantage : son fils pouvait prolonger son œuvre sur place.
14Sources : On ne peut ici que renvoyer au Panégyrique latin v(9) dans son intégralité. À titre indicatif, sur la biographie d’Eumène proprement dite, sur sa carrière et sa famille, on trouvera des informations de premier plan aux paragraphes 14 (lettre de nomination) et 17 (origines familiales).
15Travaux modernes : Voir la bibliographie détaillée du chapitre 5, p. 178 et suiv.
Glaucus (né dans le premier tiers du iiie siècle- senex uenerabilis en 298), décurion
16Avec Eumène, Glaucus est le seul Éduen, parmi tous ceux mentionnés dans les Panégyriques latins, dont le nom soit connu. Curiale de premier plan, il a su asseoir et maintenir son autorité tout au long de la période difficile traversée par sa cité dans le dernier tiers du iiie siècle. Membre des primores ciuitatis, il était cultivé et versé dans la rhétorique, tant grecque que latine, sans pour autant être rhéteur ou professeur. De la même façon, il porte un nom hellène sans nécessairement être originaire de la pars Orientalis de l’Empire.
17Du point de vue social, Glaucus était un puissant personnage, doté sans doute de vastes biens fonciers. Autant d’éléments qui expliquent qu’on lui confia, en 298, la tâche de recolere et d’ornare les écoles, verbes qui renvoient aux attributions de la curatelle des travaux (cura operum) : en conséquence, il ne faut pas le considérer comme un architecte, comme certains commentateurs l’ont envisagé. Comme à cette époque les curateurs de travaux étaient souvent curateurs de cité, on peut émettre l’hypothèse que Glaucus était à cette date le curator ciuitatis Aeduorum.
18Sources : Panégyrique latin v(9), 6, 4 : Cui igitur est dubium quin diuina illa mens Caesaris, quae tanto studio praeceptorem huic conuentui iuuentutis elegit, etiam locum exercitiis illius dedicatum instaurari atque exornari uelit, cum omnes omnium rerum sectatores atque fautores parum se satisfacere uoto et conscientiae suae credant, si non ipsarum quas appetunt gloriarum templa constituant ?·, 17, 4 : Cuius ego locum, in quo, ut referunt, maior octogenario docuit, si ab isto uenerabili sene (te, Glauce, appelo, praesentem quem uidemus, non ciuitate Atticum sed eloquio) recoli ornarique perfecero, ipsum mihi uidebor ad uitam tali professionis suae successione reuocasse.
19Travaux modernes : Glaucus n’est mentionné dans aucune prosopographie. Il est absent de la PLRE, i : le seul Glaucus qui s’y trouve mentionné est un avocat de la province égyptienne de Thébaïde du ive siècle (p. 397). Sur les différentes hypothèses concernant les fonctions du personnage, voir la fin du chapitre 6.
Anonyme I (né à la fin du iie siècle, décédé à plus de 80 ans autour de 240 ?), grand-père d’Eumène
20Le personnage est mentionné par son petit-fils Eumène. Rhéteur grec originaire d’Athènes, il quitta sa région natale pour faire carrière en Occident, à Rome dans un premier temps, puis en Gaule dans les écoles d’Autun. Établi dans cette ville où il reçut un bon accueil, il enseigna jusqu’à sa mort, intervenue à un âge avancé, plus de 80 ans selon Eumène qui n’était alors qu’un enfant en bas âge, trop jeune pour se souvenir de lui. Jamais le texte ne précise s’il était son aïeul côté paternel ou maternel.
21Sources : Panégyrique latin v(9), 17, 3-4 : 3. Quamuis enim ante ingressum pueritiae meae intermissa fuerit eorum exercendis studiis frequentatio, tamen illic auum quondam meum docuisse audio, hominem Athenis ortum, Romae diu celebrem, mox in ista urbeperspecto <et> probato hominum amore doctrinae atque huius ipsius operis ueneratione detentum. 4. Cuius ego locum, in quo, ut referunt, maior octogenario docuit, si ab isto uenerabili sene (te, Glauce, appelo, praesentem quem uidemus, non ciuitate Atticum sed eloquio) recoli ornarique perfecero, ipsum mihi uidebor ad uitam tali professionis suae successione reuocasse.
22Travaux modernes : A. de Charmasse, « Précis historique », dans Fontenay, Autun, p. lvi ; Galletier, l, p. 103-104 ; Nixon, Rodgers, In Praise of Emperors, p. 168, n. 67 ; Rodgers, « Eumenius », p. 250-251.
Anonyme 2 (avec prudence, il faut placer sa naissance dans les années 200-210), père d’Eumène, décurion ?
23Cet individu est le seul de la famille d’Eumène à ne pas être mentionné explicitement dans le discours, bien qu’il faille lui attribuer un rôle clé. On devra ici se satisfaire d’hypothèses de travail. Il est clair que le personnage a maintenu le rang de la famille par ses titres et fonctions. De là, il faut admettre qu’il fut un décurion de rang moyen, capable d’assurer à son fils des études de rhétorique, une fortune aussi, durant une période troublée. Dans cette perspective, il est fort probable qu’il fut lui-même un lettré ayant tiré profit d’un mariage avantageux. Le raisonnement permet d’expliquer l’origo de son fils Eumène.
24Sources : Pas d’information directe sur le personnage. La notice est déduite d’indications fournies par Eumène.
25Travaux modernes : Les seules hypothèses satisfaisantes ont été formulées par Galletier, 1, p. 104, qui qualifie ce personnage de « chaînon manquant ».
Anonyme 3 (probablement né dans les années 270), fils d’Eumène, décurion ?
26Le fils d’Eumène est mentionné à une seule reprise. Eumène, retiré de la vie publique au moment de prononcer son discours, précise qu’il le préparait à entrer ad pristina mea studia (§ 6, 2). Le passage est souvent interprété ainsi : Eumène souhaitait préparer son fils à suivre les études (studia) que lui-même avait menées dans sa jeunesse, pour qu’il devienne à son tour professeur de rhétorique. Studia peut cependant s’entendre, de manière plus large, au sens d’activités menées avec application. Dans le cas présent, il pourrait tout aussi bien s’agir d’activités en rapport avec la chancellerie impériale ou le service de l’État (activités qui, de toute manière, impliquaient des études de rhétorique et de droit). Eumène préparait peut-être son fils à devenir un serviteur de l’État, et pas seulement un enseignant. Les deux interprétations ne s’excluent d’ailleurs pas mais se complètent.
27En raison de l’origo de son père, il faisait partie des membres les plus jeunes de l’ordo decurionum d’Autun. Peut-être même était-il membre du collège des iuuenes de la cité, auquel il est fait allusion dans la lettre de Constance (§ 14, 1).
28Sources : Panégyrique latin v(9), 6, 2 : qui honorent litterarum hac quoque dignatione cumulauit ut me filio potius meo ad pristina mea studia aditum molientem ipsum iusserit disciplinas artis oratoriae retractare et hoc ipsipalatioparentis sui munus inuexerit ut mediocrem quidem pro ingenio meo naturaque uocem, caelestia tamen uerba et diuina sensa principum prolocutam ab arcanis sacrorum penetralium adpriuata Musarum adyta transtulerit.
29Travaux modernes : Brèves allusions chez Galletier, 1, p. 103-104, n. 7 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 158, n. 25.
Anonyme 4 (âge inconnu, né au plus tard vers 260), ancien enseignant, ancien directeur des écoles, décurion ?
30Eumène a été envoyé à Autun pour remplacer le directeur des écoles brutalement disparu. Nous ne possédons aucune indication supplémentaire sur ce personnage, qualifié de summus doctor. En qualité de rhéteur municipal, il devait faire partie de l’ordo decurionum.
31Sources : Panégyrique latin v(9), 5, 3 : Quos ego, quod ad uotum pietatemque pertinet, liberorum nostrorum parentes appellare non dubito ; qui nobilissimam istam indolem Galliarum suarum interitu summi doctoris orbatam respicere dignati suo potissimum iudicio praeceptorem ei moderatoremque tribuerunt et inter illas imperatorias dispositiones, longe maioribus summae rei publicae gubernandae prouisionibus occupatas, litterarum quoque habuere dilectum ; 14, 3 : Vnde auditorio huic, quod uidetur interitu praeceptoris orbatum, te potissimum praeficere debuimus, cuius eloquentiam et grauitatem morum ex actus nostri habemus administratione compertam.
32Travaux modernes : Galletier, 1, p. 114 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 157, n. 22.
Anonyme 5 (homme âgé en 297), auteur du Panégyrique latin iv(8) prononcé le 1er mars 297, décurion
33Le personnage, décurion éduen, grand notable et ancien professeur, ne doit pas être confondu avec les deux auteurs des Panégyriques latins ii(10) et iii(11). Concernant sa carrière, il semble avoir longtemps été maître d’école, peut-être professeur de rhétorique à Autun même. Il eut l’occasion de prononcer un discours d’apparat en l’honneur de Maximien à la cour, ce qui lui permit de se distinguer et d’accéder à d’importantes fonctions à la chancellerie (Panégyrique latin iv(8), 1, 5). En 297, il était âgé (Panégyrique latin iv(8), 21,3) et jouissait de sa retraite dans une propriété située sur le territoire rural de la cité (Panégyrique latin iv(8), 1, 4). Ses domaines étaient cultivés par des barbares vaincus, installés sur ordre des empereurs (Panégyrique latin iv(8), 9, 3-4). Si son discours offre le parfait exemple d’un discours d’apparat, le personnage a su profiter de l’occasion pour défendre les intérêts de sa patrie. Sa familiarité et sa proximité avec les princes, qui s’expliquent par ses anciennes fonctions, semblent avoir été déterminantes dans sa désignation comme délégué. In fine, dans la péroraison de son discours, ce grand notable profite de la situation pour formuler une pétition destinée à accélérer le rétablissement de la ciuitas Aeduorum.
34Sources : Panégyrique latin iv(8), 1, 1 : post diuturnum silentium ; 1, 4 : Sed cum et me illo uetere curriculo aut inter adyta Palatii uestri alia quaedam sermonis arcani ratio demouerit aut post indultam a pietate uestra quietem studium ruris abduxerit·, 1, 4-5 : ex otio meo [...] praesertim cum fauente numine tuo ipse ille iam pridem mihi, qui me in lucem primus eduxit, diuinarum patris tui aurium aditus euenerif, 21, 3 : Dixi, Caesar inuicte, prope plura quam potui, sed pauciora quam debui.
35Travaux modernes :Galletier, 1, p. 71-72 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 104-105 ; Lassandro, Micunco, Panegirici Latini, p. 11 ; NHHL, 5, p. 191-192 ; Rees, Layers of Loyalty, p. 100-102 et 127-129.
Anonyme 6 (homme d’âge mûr en 307), auteur du Panégyrique latin vi(7), prononcé le 31 mars (ou en septembre) 307, décurion
36L’orateur ne livre presque aucune information personnelle dans le « pseudo-épithalame » qu’il prononce à l’occasion du mariage de Constantin et de Fausta en 307. À cela, rien d’étonnant : il aurait paru déplacé, à l’occasion d’une telle cérémonie, de s’étendre sur soi ou d’introduire une pétition en faveur d’intérêts personnels. Édouard Galletier souligne avec raison que le personnage est un partisan de l’hérédité impériale (mais pouvait-il en être autrement dans le contexte où fut prononcé le discours ?). Il voit en lui un rhéteur de Trèves, peut-être disciple du pseudo-Mamertin3 auteur des Panégyriques latins ii(10) et iii(11). Il faut supposer, une fois admise l’existence d’un noyau éduen dans le corpus des Panégyriques latins, que son discours en faisait partie puisqu’il est inséré au cœur de ce sous-recueil, dans un ordre qui, de surcroît, respecte la logique chronologique. Cette hypothèse de Guillaume Baehrens, reprise par Édouard Galletier, a été ignorée par Domenico Lassandro, qui attribue à l’auteur une origine trévire4. Deux indices supplémentaires peuvent être versés au dossier de l’orateur éduen. Les panégyristes éduens étaient tous de fins lettrés au service de l’État, parfois des anciens membres de la chancellerie. Les philologues qui ont analysé le discours à partir de critères stylistiques parfois discutables (le style classique en particulier) considèrent le personnage comme l’un des meilleurs prosateurs du corpus. Par ailleurs, il démontre à un moment sa bonne connaissance du droit, puisqu’il cite opportunément, à l’occasion du mariage, des lois d’époque augustéenne relatives à la question, que seule une assemblée instruite pouvait comprendre (§ 2, 4)5. Cette double compétence faisait de lui un homme de lettres, peut-être un juriste, voire un membre de la chancellerie impériale.
37Sources : Panégyrique latin vi(7), 2, 4 (allusion à des lois d’époque augustéenne) : Quare, si leges eae quae multa caelibes notauerunt, parentes praemiis honorarunt, uere dicuntur esse fundamenta rei publicae.
38Travaux modernes :Galletier, 2, p. 4 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 185 ; Lassandro, Micunco, op. cit., p. 12 ; NHHL, 5, p. 193 ; Rees, op. cit., p. 166.
Anonyme 7 (homme d’âge avancé, mais non encore retiré de la vie publique), auteur du Panégyrique latin vii(6), décurion, ancien haut dignitaire impérial ?
39Le personnage est assurément un Éduen, tant il affiche avec fierté son appartenance à la cité (Panégyrique latin vii (6), 22, 4 et 7). Ancien rhéteur et professeur de rhétorique (Panégyrique latin vii(6), 22, 4 et 7 ; 23, 1-3), d’âge mûr (Panégyrique latin vii(6), 1, 1 ; 22, 7 ; 23, 2), il a accompli une carrière d’administrateur impérial, exerçant sa voix diuersis otii et palatii officiis (§ 1, 1). Sur ce point, Édouard Galletier offre un résumé commode des hypothèses des commentateurs qui l’ont précédé, Stadler et Seeck en particulier6 : cet anonyme aurait pu être, en raison de ses compétences juridiques, un responsable du bureau a libellis. Il est néanmoins difficile d’être affirmatif, faute de précisions explicites dans le discours. Assurément, cet orateur avait obtenu un poste de haut rang ; il devait être influent chez les Éduens et dans les milieux de la cour. Dans tous les cas, s’il défend les intérêts de sa patrie, il n’oublie jamais les siens propres, et son discours témoigne d’un véritable jeu d’influences qui n’est pas sans rappeler certains actes d’Ausone un demi-siècle plus tard. En particulier, il ouvre à ses proches l’accès à de hautes fonctions grâce à l’appui du prince. L’orateur, outre le fait qu’il se recommande lui-même auprès de Constantin, intercède en faveur de son fils, de ses autres enfants et de ses anciens élèves.
40Sources : Panégyrique latin vii(6), 1,1 : mediae aetatis hominem ; 22, 4 : Cuius ciuitatis antiqua nobilitas et quondam fraterno populi Romani nomine gloriata opem tuae maiestatis exspectat·, 22, 7 : Ideoque hoc uotis meis sufficit ut patriam meam uideas ducente pietate, quia statim erit restituta, si uideris ; 23, 1-3 : ut hanc meam qualemcumque uocem diuersis otii et palatii officiis exercitam tuis auribus consecrarem, maximas numini tuo gratias ago tibique, quod superest, commendo liberos meos praecipueque ilium iam summa fisci patronicia tractantem, in quem me totum transtulit pietas, cuius felix seruitus, si quando respexeris, maxime tuae conueniet aetati. 2. Ceterum quod de omnibus liberis dixi, lata est, imperator, ambitio. Praeter illos enim quinque quos genui etiam illos quasi meos numero quos prouexi ad tutelam fori, ad officia palatii. Multi quippe ex me riui non ignobiles fluunt, multi sectatores mei etiam prouincias tuas administrant. Quorum successibus laetor omniumque honorem pro meo duco, et, si forte hodie infra exspectationem mei dixero, in illis me confido placuisse. 3. Si tamen hoc quoque mihi tuum numen indulserit ut ex hac oratione non eloquentiae, quod nimium est, sed quantulaecumque prudentiae et deuotae tibi mentis testimonium referam, cedant priuatorum studiorum ignobiles curae : perpetua mihi erit materia dicendi, qui me probauerit, imperator.
41Travaux modernes :Galletier, 2, p. 31-33 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 211-212 et 253 ; Lassandro, Micunco, op. cit., p. 12 ; NHHL, 5, p. 194.
Anonyme 8 (jeune homme d’une vingtaine d’années au moment du discours), décurion, membre de l’ordre équestre, aduocatus fisci
42Mentionné dans le panégyrique prononcé par son père, l’Anonyme 7 (Panégyrique latin vii(6), 23, 1), ce personnage défendait, au moment du discours, les intérêts du fisc impérial dans les procès que lui intentaient les particuliers. La formulation paraît suffisamment claire pour envisager que le jeune homme était un aduocatus fisci7 et donc, à cette date, un procurateur équestre de rang sexagénaire.
43Sources : Panégyrique latin vii(6), 23, 1 : voir notice précédente.
44Travaux modernes :Galletier, 2, p. 33 et 74 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 253.
Anonymes 9 (quatre personnages au moins, des jeunes gens pour la plupart), enfants de l’auteur du Panégyrique latin vii(6), décurions d’Autun, membres de l’administration impériale
45L’Anonyme 7 mentionne cinq de ses enfants : l’avocat du fisc (Anonyme 8) et quatre autres personnages, les uns avocats, les autres administrateurs dans les bureaux palatins (Panégyrique latin vii(6), 23, 2).
46Sources : Panégyrique latin vii(6), 23, 1-2 : voir les notices précédentes.
47Travaux modernes :Galletier, 2, p. 33.
Anonymes 10 (nombre de jeunes gens indéterminé), élèves de l’auteur du Panégyrique latin vii(6), plusieurs d’entre eux sont décurions
48L’Anonyme 7 évoque plusieurs élèves (Panégyrique latin vii(6), 23, 2) dont il a assuré la formation et qui peuplaient, à la date du discours, l’administration des provinces occidentales alors contrôlées par Constantin. C’est le sens à donner à l’expression prouincias tuas administrant. En l’absence d’autres précisions, on peut envisager que ces administrateurs étaient des gouverneurs provinciaux ou des administrateurs de rang inférieur et que, à ce titre, ils étaient membres de l’ordre équestre. Le passage révèle l’existence d’un « réseau éduen » bien représenté dans le haut appareil d’État et dans l’administration provinciale des territoires contrôlés par Constantin.
49Sources : Panégyrique latin vii(6), 23, 2 : voir les notices précédentes.
50Travaux modernes :Galletier, 2, p. 33.
Anonyme 11 (homme d’âge mûr), décurion en 310-311
51L’Anonyme de 311 est le dernier rhéteur éduen connu du recueil. Fervent patriote (Panégyrique latin viii(5), 1, 2 ; 2, 1 ; 14, 5), fier d’avoir Autun pour patrie (patria mea : Panégyrique latin viii(5), 2, 3 ; 5, 2), il était encore enfant au moment du sac de la ville par les troupes de Victorin (Panégyrique latin viii(5), 4, 2), ce qui permet de fixer sa naissance autour de 260. Âgé d’une quarantaine d’années en 311, décurion de premier plan, il fut élu délégué par ses pairs pour représenter la cité. L’ambassade étant alors un lourd munus, il était un curiale important, influent et riche. Son rang éminent l’avait d’ailleurs prédisposé à prononcer un discours devant l’empereur Constantin lors de l’aduentus impérial de 310 (Panégyrique latin viii(5), 1, 3), mais l’occasion ne lui fut pas offerte tant la visite officielle fut brève. Il accueillit l’empereur et s’inclina devant lui, conformément au rituel de l’adoratio (Panégyrique latin viii(5), 1, 3). Certains commentateurs le considèrent comme un professeur de rhétorique, sur la foi d’un bref passage (Panégyrique latin viii(5), 1, 2). Divers indices relevés dans le discours portent à croire que ce personnage était plus ancré qu’Eumène dans les réalités locales : on note çà et là des pointes de patriotisme fervent (§ 3) ; sa culture semble moins large et plus classique que celle d’Eumène, même s’il reste un excellent orateur au style sobre. Dans les mots prononcés par ce notable surgissent des réminiscences de traditions très anciennes, remontant à la période de la conquête des Gaules : il est le seul auteur antique à préciser que Diviciac était appuyé sur son bouclier lors de son discours d’appel à l’aide prononcé à Rome devant les Patres, parmi lesquels figurait Cicéron (§ 3, 2).
52Sources : Panégyrique latin viii(5), 1, 2 : id quod fieri decebat, gaudiorum patriae meae nuntium sponte suscepi, ut essem iam non priuati studii litterarum, sed publicae gratulationis orator ; 1, 3 : Volui enim, sacratissime imperator, cum in illo aditu palatii tui stratum ante pedes tuos ordinem indulgentiae tuae uoce diuina porrectaque hac inuicta dextera subleuasti, numini tuo gratias agere ; 4, 2 : Sed tamen si illa uetustate obsoleuerunt, quid haec recentia quae pueri uidimus ?
53Travaux modernes :Galletier, 2, p. 79 ; Nixon, Rodgers, op. cit., p. 254 ; Lassandro, Micunco, op. cit., p. 12 ; NHHL, 5, p. 194-196.
Les ecclésiastiques
54La liste des clercs éduens du début du ive siècle (n’apparaissent ici que les ecclésiastiques dont l’historicité est avérée) figure ici pour deux raisons : d’une part, parce que cette catégorie d’individus est exceptionnellement bien documentée pour la Gaule à une époque aussi précoce ; d’autre part, parce qu’il est permis de relier ces ecclésiastiques aux notables éduens contemporains, en raison de leur appartenance au même milieu social. Placer en regard la liste des membres des deux groupes oblige ainsi à rompre avec certains schémas simplistes selon lesquels la cité antique païenne serait devenue soudainement, dans sa physionomie, une ville médiévale épiscopale couverte d’églises8. Sur la question, la ciuitas Aeduorum offre un bon poste d’observation pour étudier le développement et l’implantation du christianisme dans cette partie des Trois Gaules9. Le dossier contient en particulier de précieuses indications sur la culture et le profil social de ces gens d’Église, sur leurs liens avec le pouvoir impérial dans le cas de Réticius.
Amandus (attesté en 314), prêtre de l’Église d’Autun
55Prêtre (presbyter) d’Autun présent au concile d’Arles de 314 et ayant souscrit aux actes, Amandus était membre de la suite de l’évêque Réticius. Dans la hiérarchie religieuse de l’époque, la fonction de presbyter était importante : le poète chrétien Iuuencus était, comme le rapporte saint Jérôme, nobilissime genere Hispanus presbyter10. On pouvait donc être issu de l’élite municipale de sa province et avoir le rang de prêtre. Amandus et Réticius possédaient ce profil et faisaient partie de l’élite culturelle en qualité que uiri litterati (lettrés). Pour déterminer l’identité du personnage, l’onomastique n’est pas d’un grand secours11. Heinzelmann recense six porteurs du nom dans sa prosopographie12 : deux laïcs (dont le célèbre chef bagaude de la révolte de 286) et quatre ecclésiastiques. On peut émettre l’hypothèse, avec de nombreuses réserves, que cet Amandus presbyter a pu devenir par la suite évêque de Strasbourg. On connaît en effet un évêque strasbourgeois signataire du décret d’absolution d’Athanase et du pseudo-concile de Cologne en 34613.
56Sources : Actes du concile d’Arles, dans Conciles gaulois du ive siècle, C. Munier, J. Gaudemet éd., Paris, 1977 (SC, 241), p. 60-61, 1. 10.
57Travaux modernes : Pas de bibliographie sur le personnage.
Felomasius (attesté en 314), diacre de l’Église d’Autun
58Comme le prêtre Amandus, Felomasius a souscrit aux actes du concile d’Arles (314) en qualité de diacre (diaconus)14, membre de la suite de l’évêque Réticius. Pour appréhender son identité sociale, l’onomastique est d’un grand secours : Felomasius est la transcription latine du nom Φιλομαθης, dont le sens, « celui qui aime apprendre », indique au moins l’intérêt du père (ou de celui qui a donné ce nom) pour la culture en général et pour la culture hellène en particulier. Philomathius, nom rare15, est porté comme signum par Aco Catullinus, membre d’une grande famille sénatoriale, païen convaincu, préfet du prétoire en 341, préfet de la Ville en 342-344, consul ordinaire en 34916. La documentation fait connaître un Philematius, comte des Largesses Sacrées en Occident, attesté entre le 28 juin 371 et le 21 août 372 par des lois du Code Théodosien17, ainsi que Flauius Synesius Filomathius, consulaire de Byzacène entre 383 et 40818. Au milieu du ve siècle, un Philomathius compte parmi les correspondants de Sidoine Apollinaire. Il est qualifié de uir inlustris, et sa fille s’appelait Philomathia19. Enfin, le premier évêque de Maurienne au xe siècle se nommait Felmasius20. De toute évidence, son nom rattache Felomasius au monde des primores de la cité des Éduens.
59Sources : Actes du concile d’Arles, op. cit., p. 60-61,1. 10.
60Travaux modernes : Pas de bibliographie sur le personnage.
Réticius (attesté en 314), Évêque d’Autun
61Réticius, premier évêque d’Autun historiquement attesté, compte parmi les hommes d’Église les mieux documentés de cette époque et de ces provinces21. Selon Grégoire de Tours, qui écrivait deux siècles plus tard, Réticius, avant de devenir évêque de la cité, fut un personnage important, de bonne famille, certainement un notable municipal et non pas un clarissime comme le suggère, avec prudence il est vrai, Martin Fleinzelmann22. Son épouse, issue du même milieu social que lui, le précéda dans la mort, ce qui lui permit de devenir évêque. Une fois élu, Réticius fut l’un des principaux acteurs du concile de Rome de 313, puis de celui d’Arles en 314. Il figure en bonne place parmi les chrétiens influents de l’entourage de Constantin, à l’image d’Osius de Cordoue ou de Lactance23. Il était en contact direct avec le prince, qui devait l’apprécier ou reconnaître au moins ses compétences. Leur rencontre doit se placer dans le cadre des nombreuses tractations engagées par les notables de la cité avec l’empereur ou son père, bien attestées par les Panégyriques latins. Réticius, doté de réelles compétences théologiques, était reconnu pour son esprit subtil et sa culture rhétorique, traits que ne manque pas de critiquer l’austère Jérôme. Réticius était une autorité théologique et morale au sein de l’Église des Gaules, voire de l’Occident, puisqu’il joua un rôle d’arbitre à l’occasion des conciles mentionnés plus haut. Il est l’auteur d’une œuvre importante aujourd’hui disparue mais connue par des fragments : un Contre Novatien mentionné par Augustin et un Commentaire du Cantique des Cantiques dont des fragments ont été transmis par Bérenger de Poitiers dans son Livre apologétique en faveur de Pierre Abélard24. Son profil social était proche de celui des panégyristes : par ses origines familiales, il faisait sans doute partie du cercle fermé des notables cultivés. Sous son épiscopat, l’Église d’Autun a bénéficié des rapports favorables entretenus par la ciuitas avec les princes, sans que cela ne pose problème aux autorités municipales. Le milieu chrétien éduen, bien organisé, semble avoir été influent autour des années 310. L’existence de cette puissante communauté tendrait à confirmer le témoignage des auteurs chrétiens sur l’attitude modérée de Constance et de son fils dans l’application des édits de persécution promulgués par Dioclétien. Réticius a contribué, dès le début du ive siècle, à la conciliation de la παιδεία avec le christianisme dans l’Occident romain.
62Sources : Actes du concile d’Arles, op. cit., p. 40-41, 1. 3 (lettre au pape Sylvestre du1er août 314), p. 60-61, 1. 10 (actes du concile) ; Aug., Iul., i, 3, 7 et Iul., op. imp., i, 55 ; Eus., HE, x , 5, 19 ; Grég.-Tur., Glor. Conf., lxxiv ; Hier., Vir. ill., lxxxii ; Ep., v, 2 ad Florentium et v, 37, 1 ad Marcellam ; Optat., Contra Parmenianum Donatistam, i, 23 ; Steph. Afric., V. Amator. ; Acta Sanctorum des Bollandistes, J. Carroudet éd., Paris, Rome, 1863-1867(3e éd.), Mai.,1er, p. 51-61.
63Travaux modernes : J. Rist, « Réticius », dans Biographish-Bibliographisches Kirchenlexikon, 8, 1994, col. 57-58, est à ce jour la notice la plus récente et surtout la plus complète (en particulier la bibliographie sur le personnage). Voir aussi NHLL, 5, p. 474-474-475 ; W. Eck, « Eine historische Zeitenwende : Kaiser Constantins Hinwendung zum Christentum und die gallischen Bischöfe » dans Konstantin der Groβe. Kaiser einer Epochenwende, F. Schuler, H. Wolff éd., Lindenberg, 2007, p. 3-19 ; id., La romanisation de la Germanie, Paris, 2007, p. 81-101.
Cassianus, première moitié du ive siècle, évêque d’Autun
64Cassianus est le successeur de Réticius à la tête de l’Église d’Autun. On sait peu de choses à son sujet, sinon qu’un évêque homonyme est attesté en Gaule au ive siècle25.
65Sources :Greg.-Tur., Glor. Conf., lxxiii et lxxiv.
66Travaux modernes :Duchesnes, Fastes, 1, p. 226, ne fait que le mentionner, sans autre précision.
Egemonius (deuxième tiers du ive siècle), évêque d’Autun
67Egemonius succéda à Cassianus à la tête de l’Église d’Autun.
68Sources : Greg.-Tur., Glor. Conf., lxxiv.
69Travaux modernes :Duchesnes, Fastes, 1, p. 226.
Slmplicius (attesté en 343), évêque d’Autun
70Simplicius, successeur d’Égémonius à la tête de l’Église d’Autun, est mieux documenté que ses deux prédécesseurs. Selon Grégoire de Tours, il était marié et issu d’une noble famille (des décurions plutôt que des sénateurs)26. Il joua un rôle actif dans l’évangélisation des campagnes éduennes, ce dont témoigne un épisode relaté par Grégoire de Tours à l’occasion d’une procession27, qui n’est pas sans rappeler l’attitude de saint Martin détruisant des temples païens dans les mêmes campagnes éduennes quelques années plus tard28. Son épiscopat fut important pour l’Église d’Autun, comme l’atteste la tradition transmise par Grégoire. Sa durée demeure incertaine, même si l’on est assuré qu’il était en fonction en 343. Deux Simplicius furent évêques d’Autun, peut-être issus de la même famille (de notables locaux ?), même si ce nom était fréquent dans la Gaule tardoantique. Heinzelmann en recense huit en tout, dont trois évêques29. Le premier, celui dont nous parlons, fut signataire au concile des Occidentaux de Sardique en 343. Quant à l’évêque d’Autun homonyme, il semble avoir accédé au siège épiscopal au début du ve siècle.
71Sources :Greg.-Tur., Glor. Conf., lxxiii et lxxv-lxxvi.
72Travaux modernes :Heinzelmann, p. 695-696 ; Stroheker, no 361, p. 219, considère que Simplicius est membre de l’ordre sénatorial, sur la foi du témoignage de Grégoire de Tours (Grég.-Tur., Glor. Conf., lxxv : fuit enim de stirpe nobili). La noblesse dont il est question ici n’est probablement pas sénatoriale mais plutôt curiale (contra Duchesnes, Fastes, 2, p. 175-178).
Anonyme 1 (attesté entre 317 et 326), auteur du poème connu sous le nom de Laudes Domini
73Cet anonyme, considéré comme l’un des pères de la poésie chrétienne latine, dédia un poème à Constantin avant 32430, récit d’un miracle en territoire éduen dont l’auteur prétendait avoir été le témoin oculaire. Bon connaisseur de la région, de certaines traditions locales (v. 7-10), attaché à cette terre, il était très certainement un citoyen de la ciuitas Aeduorum. Fait remarquable, il est le dernier auteur antique à mentionner l’ancien titre de fratres accordé par Rome aux Éduens, d’une manière originale et maladroite il est vrai, en invoquant – pour des raisons liées à la métrique –, le lien des Éduens avec Rémus. Son style est recherché, très classicisant, et dénote un grand souci des règles poétiques et rhétoriques. Le poème est une pièce courte mais élaborée de 148 hexamètres.
74Le poète était contemporain de Réticius. Un rapprochement a d’ailleurs été suggéré entre un épisode de la vie de Réticius décrite par Grégoire de Tours (mort, il est enterré avec sa femme et leurs dépouilles se rapprochent l’une de l’autre) et le miracle rapporté dans le poème des Laudes Domini. Le parallèle a été bien mis en évidence par Gustave Bardy, même si d’autres l’avaient signalé avant lui. Aniello Salzano, dernier commentateur en date, a décelé chez cet auteur l’emploi de formules impliquant une connaissance du droit, ce qui pourrait indiquer qu’il était un ancien administrateur, un gestionnaire, ou encore un défenseur des intérêts de sa cité ou de l’État. Jacques Fontaine a par ailleurs émis l’hypothèse, après avoir noté la place centrale qu’occupent les thèmes de la nature et de la campagne, que le personnage offrait, à cette occasion, une vision du monde correspondant « assez bien aux centres d’intérêts d’un latifondiaire lettré », converti au christianisme mais fier de sa culture classique. On relève en effet les mêmes centres d’intérêt fondés sur l’idéal de 1’otium chez le panégyriste de 297 (Anonyme 5), par exemple. L’auteur du poème semble en tout cas incapable de se détacher de sa culture païenne. Dans son œuvre, s’il témoigne de sa rencontre avec le Dieu des chrétiens, il reconsidère leur doctrine à la lumière de sa conception du monde, traditionnelle et élitiste. Gustave Bardy avait par ailleurs pointé la familiarité du personnage dans son adresse au prince31. Or Iuuencus, autre grand poète chrétien contemporain issu d’une illustre famille espagnole, n’adopte pas ce ton familier dans la dédicace du poème adressé au même souverain32. La familiarité de l’anonyme s’inscrit-elle dans la tradition républicaine ou offre-t-elle l’indice d’une proximité effective entre le poète et Constantin ? Il a très bien pu rencontrer l’empereur lors de sa visite en 310 ou à d’autres occasions, par exemple aux côtés de Réticius lors de ses nombreux déplacements.
75Ces remarques formulées, l’identité de cet anonyme paraît moins obscure et son milieu social ressemble sur bien des points à celui des panégyristes : avec eux, il partage la même éthique, la même culture, qui constituent autant de marqueurs de distinction. Pour terminer, on se risquera à une hypothèse, absolument gratuite et invérifiable, mais intéressante dans la mesure où elle demeure plausible : pourquoi ne pas voir dans cet anonyme Réticius en personne, voire l’un des panégyristes converti au christinianisme, à l’image d’un Pacatus Latinius Drepanius33 né à la génération suivante ?
76Sources : Laudes Domini (éd./trad. A. Salzano), v. 7-10 : Nam qua stagnanti praelabitur agmine ripas / tardus Arar, pigrumque diu uix explicat amnem, / qua fraterna Remo progignitur Aedua pubes, / coniugium memini summa pietate fideque ; les v. 44 et suiv. concernent les images prises à la nature abondante et luxuriante (moissons, vendanges, miel) ; les v. 69 et suiv. les vignes, la chasse, les saisons ; v. 143-148 : At nunc tu dominum meritis, pietate parentem / imperio facilem, uiuendi lege magistrum / edictisque parem, quae lex tibi condita sancit, / uictorem laetumque pares mihi Constantinum ! / Hoc melius fetu terris nil ante dedisti / nec dabis : exaequent utinam sua pignora patrem !
77Travaux modernes : A. de Charmasse, « Précis historique », dans Fontenay, Autun, p. lxxix-lxxxii (p. lxxix : « C’est là le langage d’un disciple de Réticius plutôt que d’un élève d’Eumène » ; article important de G. Bardy, « Les Laudes Domini. Poème autunois du commencement du ive siècle », dans Mémoires de l’Académie de Dijon, 1933, p. 36-51. Utile mise au point dans NHLL, 5, p. 377. Deux bonnes pages de commentaire par J. Fontaine, Naissance de la poésie dans l’Occident chrétien. Esquisse d’une histoire de la poésie latine chrétienne du iiie au vie siècle, Paris, 1981 (CÉAug. Série Antiquité, 85), p. 101-102 (commentaire) et 294-295 (bibliographie sur ce genre de poésie). La dernière édition-traduction d’A. Salzano, Laudes Domini (introduzione, testo, traduzione e commento), Naples, 2000, dispense de consulter les références antérieures, à l’exception de l’ouvrage de P. Van der Weijden, Laudes Domini, Paris, Amsterdam, 1967, qui fut pendant longtemps la seule étude approfondie de cette œuvre.
Notes de bas de page
1 Principales abréviations : Duchesne = L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, 3 vol., Paris, 1907-1915 ; Heinzelmann = M. Heinzelmann, « Gallische Prosopographie », Francia, 10 (1982), p. 531-718 ; Stroheker = K. F. Stroheker, Der senatorische Adel im spätantike Gallien, Tübingen, 1948.
2 Amm., xvi, 11, 1-4 (éd./trad. J. Fontaine, E. Galletier, CUF) évoque pour les années 350 « l’enceinte spacieuse mais affaiblie par les dégradations du temps » : Augustoduni ciuitatis antiquae muros, spatiosi quidem ambitus sed carie uetustatis inualidos. Il avait rappelé (xv, 2, 11) « la beauté des murs antiques de la cité » : et moenium Augustoduni magnitudo uetusta. A contrario, on constate à travers la description de l’usurpation de Magnence qui eut lieu à l’occasion d’un banquet organisé précisément à Autun que la cité n’est présentée à aucun moment comme une cité affaiblie ou sur le déclin : les populations urbaines et rurales participent même à l’événement en entérinant en quelque sorte le choix des militaires. Ce n’est peut-être pas un hasard d’ailleurs, si la conjuration eut lieu dans cette cité au passé chargé d’histoire. Les sources qui rapportent la révolte sont l’Epit. de Caes., xli, 22 et Zosim., ii, 42-43.
3 Rees, op. cit., p. 193-204.
4 Galletier, 1, p. xiv ; Lassandro, Micunco, op. cit., p. 12.
5 Ces lois sont détaillées par Galletier, 2, p. 17, n. 2.
6 Galletier, 2, p. 32-33.
7 Sur les avocats du fisc, Hirschfeld, KVW 2, p. 48-52 ; Pflaum, Essai sur les procurateurs, p. 89 ; Coriat, Le prince législateur, p. 253-254 ; A. Agudo Ruiz, El advocatus fisci en el derecho romano, Madrid, 2006.
8 Ces préjugés ont été dénoncés à juste titre par Alain Rebourg : « L’histoire et la topographie de la ville ont été vues [à l’époque tardive] à travers le prisme chrétien, comme si la ville n’était constituée que d’églises, de monastères et de cimetières » (Rebourg, « L’urbanisme d’Augustodunum », p. 222).
9 Les principales sources sur le développement du christianisme à Autun sont relevées et traduites par Frézouls, Autun, p. 106-107 : on compte très peu d’inscriptions relatives aux milieux chrétiens d’Autun (CIL, xiii, 2718 ; 2797-2798-2799 ; 10035). Sur le christianisme avant le ive siècle, connu principalement grâce à l’inscription grecque de Pektorios, N. Gauthier, « Autun et les débuts du christianisme en Gaule », dans Sept siècles de civilisation gallo-romaine vue d’Autun, Autun, 1985, p. 145-152 ; Buckley, « The Aeduan Area », p. 308-309 ; E. Griffe, La Gaule Chrétienne, 1, Paris, 1964, p. 81 et suiv. (traduction de l’inscription de Pektorios) ; photographie et notice détaillée de ce document dans Autun, Augustodunum, no 77, p. 359-362 ; J.-C. Decourt, Inscriptions grecques de la France (IGF) (Travaux de la Maison de l’Orient Méditerranéen, 38), Lyon, 2004, p. 234-239, no 155. Sur le christianisme au IVe siècle et après, Frézouls, Autun, p. 165-168 ; P. Riché, « Autun et les derniers siècles de la culture romaine », dans Sept siècles de civilisation gallo-romaine vue d’Autun, p. 145-152 ; B. Beaujard, Le culte des saints en Gaule, Paris, 2000 (nombreuses pages disséminées consacrées à la cité d’Autun, à ses évêques et à ses saints). Sur les évolutions de la topographie urbaine, Frézouls, Autun, p. 152-154 ; Rebourg, art. cit., p. 221-223 ; Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines au milieu du viiie siècle, 4. Province ecclésiastique de Lyon (Lugdunensis Prima), Beaujard B., Février P.-A., Picard J.-C., Piétri C., Reynaud J.-F. éd., Paris, 1986, p. 39-45 ; B. K. Young, « Autun and the ciuitas Aeduorum : Maintaining and Transforming a Regional Identity in Late Antiquity », dans Urban Centers and Rural Contexts in Late Antiquity, Burns T. S., Eadie J. W. éd., Chicago, 2001, p. 25-46 (cet article s’inscrit dans une vision très classique des évolutions urbaines. Sur la carte d’Autun, p. 30, ne sont figurés que les églises et les cimetières, alors que le titre la présente comme une « Map of Augustodunum in Late Antiquity »). Sur les évêques et les évêchés gallo-romains au ive siècle, M. Heinzelmann, « L’aristocratie et les évêchés entre Loire et Rhin jusqu’à la fin du viiesiècle », dans La christianisation des pays entre Loire et Rhin ( ive- viie siècles). Actes du colloque de Nanterre, Paris, 1975, p. 75-90 ; A. Rousselle, « Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au ive siècle », MÉFRA, 89-1 (1977), p. 333-370 ; F. D. Gillard, « Senatorial Bishops in the Fourth Century », HThR, 77-2 (1984), p. 153-175. La problématique de la transition entre cité antique et ville médiévale chrétienne est prise en compte dans les différentes contributions du colloque consacré à La naissance de la ville chrétienne. Mélanges en hommage à Nancy Gauthier, B. Beaujard éd., Tours, 2002.
10 Hier., Vir. ill., 84.
11 Le cognomen Amandus et ses dérivés (Amandinus, etc.) étaient fréquents : Kajanto, The Latin Cognomina, p. 360.
12 Heinzelmann, p. 551-552.
13 Sur ce personnage, Duchesnes, Fastes, 3, p. 170. Sur le pseudo-concile de Cologne de 346, Conciles gaulois du ive siècle, C. Munier, J. Gaudemet éd., Paris, 1977 (SC, 241), p. 68-69.
14 Sur la fonction de diacre, A. Faivre, Naissance d’une hiérarchie. Les premières étapes du cursus clérical, Paris, 1977, en particulier la première partie de l’ouvrage et le bilan, p. 293-297. Sur les clercs et l’organisation des églises locales, P. Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, Paris, 1997 (2e éd. 2001) (Nouvelle Clio), p. 166-187.
15 Un personnage de l’époque d’Auguste ou de Tibère porte le nom de Lucius Valerius Philomates (CIL, vi, 4669 ; Rome, monumentum Marcellaé) ; voir Solin, Die griechischen Personennamen, 1, p. 168. Sur ce nom, rarissime en grec sous la forme Philematios, O. Masson, « Quelques noms grecs récents en -μάτιος (type Κλημάτιος) », Arctos, 21 (1987), p. 74.
16 PLRE, i, Catullinus 3, p. 187-188 ; Solin, Die griechischen Personennamen, 1, p. 168.
17 PLRE, i, p. 694 ; CTh., x, 20, 5 et 7.
18 PLRE, i, Filomathius, p. 338.
19 PLRE, ii, p. 877-878.
20 Duchesnes, Fastes, 1, p. 239-240.
21 Sur le cognomen Reticius (Raeticius), Kajanto, The Latin Cognomina, p. 204. D’après le CIL, six individus ont porté ce nom, particulièrement apprécié dans les milieux chrétiens gaulois à la fin de l’Antiquité : voir par exemple CIL, xiii, 11333a (Trèves) et ICUR, 2786.
22 Heinzelmann, p. 680.
23 Le milieu des évêques chrétiens autour de Constantin devait être fort réduit : Lactance et Osius sont assurément investis d’un rôle de conseiller du prince ou de précepteur de ses fils durant les années postérieures à la bataille du Pont Milvius. Sur Osius de Cordoue, F. W. Bautz, « Hosius », dans Biographisch-Bibliographische Kirchenlexikon, 2, 1990, col. 1074-1075 ; NHLL, 5, p. 538-541. Sur Lactance, B. Kettern, « Lactantius », dans Biographisch-Bibliographische Kirchenlexikon, 4, 1992, col. 897-899 ; NHLL, 5, p. 426-459.
24 PL, clxxviii, col. 1864.
25 Duchesnes, Fastes, 1, p. 226.
26 Greg.-Tur., Glor. Conf., lxxv.
27 Greg.-Tur., Glor. Conf., lxxvi.
28 Sur les actions de Martin dans les campagnes éduennes, S.-Sèv., V. Mart., xv, 1-2.
29 Heinzelmann, p. 695-696.
30 La dédicace placée à la fin du poème, aux vers 143-148, qualifie Constantin de uictor. Ce qui fait dire à T. D. Barnes, « Latin literature between Diocletian and Ambrose », Phoenix, 45-4 (1991), p. 341-355, que le poème date de 324, année de la victoire définitive de Constantin sur Licinius, ou peu après (p. 351). C’est aussi la date choisie par Constantin pour remplacer officiellement dans sa titulature inuictus, trop connoté par l’idéologie solaire, par uictor, plus neutre. Sur ce titre, T. Grünewald, Constantinus Maximus Augustus. Herrschaftspropaganda in der Zeitgenössischen Uberlieferung, Stuttgart, 1990 (Historia Einzelschriften, 64), p. 134-144.
31 G. Bardy, « Les Laudes Domini. Poème autunois du commencement du ive siècle », dans Mémoires de l’Académie de Dijon, 1933, p. 48, cité par A. Salzano, Laudes Domini (introduzione, testo, traduzione e commento), Naples, 2000, p. 21.
32 Sur C. Vettius Aquilinus Iuuencus, NHLL, 5, p. 378-384.
33 Sur le personnage, Turcan-Verkerk, Latinius Pacatus Drepanius, p. 62-69 et 149-152.
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