Présentation générale
p. 23-24
Texte intégral
1Jusqu’en 1996, un calme relatif régnait sur le front scientifique des organismes génétiquement modifiés. Dans notre pays, la Commission du génie biomoléculaire (CGB), créée en 1986, évaluait en toute sérénité les risques pour l’environnement et la santé des cultures et de la consommation par l’homme et les animaux d’OGM (essentiellement des plantes) et de leurs produits.
2C’est le 1er novembre 1996, lorsqu’un grand quotidien a publié, sous le titre « Alerte au soja fou », un article décrivant l’arrivée de soja transgénique en Europe (« Le soja fou débarque en Europe »), que la question des risques liés aux OGM a donné naissance à un intense débat dans la société française.
3Rappelons que c’était en mars de la même année que le ministre de la Santé britannique avait annoncé la transmission de l’agent de la « vache folle » à l’homme et le décès d’une dizaine de patients d’une nouvelle variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob. La période était donc favorable à l’explosion d’un tel débat.
4C’est donc tout naturellement que la Commission européenne a interrogé, en décembre 1996, le comité scientifique de l’alimentation humaine que je présidais et celui de l’alimentation animale que présidait mon ami Georges Bories sur les risques liés à la présence d’un gène de résistance à un antibiotique, l’ampicilline, dans un maïs transgénique. À l’issue d’une réunion commune de ces deux comités, à laquelle ont participé plusieurs experts internationaux dont le professeur Axel Kahn, il a alors été conclu que cette présence n’entraînait aucun risque supplémentaire appréciable dans la mesure où les consommateurs européens abritaient dans leur flore intestinale de nombreux micro-organismes porteurs de ces gènes de résistance.
5En 1997, à la demande du gouvernement français, la CGB émettait un avis selon lequel la culture de maïs transgénique, sous certaines conditions, ne présentait pas de risque pour l’environnement, des plantes adventices susceptibles d’échanger du matériel génétique avec le maïs d’origine américaine n’existant pas en Europe. Elle estimait dans le même temps que celle de colza, originaire d’Europe, capable de tels échanges avec des adventices comme la ravenelle ou la moutarde sauvage, présentait des risques incontestables et n’était pas recommandée. Le gouvernement interdisait cependant le jour même la culture de maïs dans notre pays, provoquant par là même la démission d’Axel Kahn, le président de la CGB.
6Le débat prenait une nouvelle dimension lorsque, le jour de l’ouverture d’une Conférence de citoyens (20-21 juin 1998), les firmes de biotechnologie faisaient maladroitement publier dans les grands quotidiens une page publicitaire d’argumentaires en faveur du développement des plantes OGM.
7Depuis cette date, le débat est devenu très difficile, voire impossible, et il est aisé de constater que nombre de ceux qui tentent d’y participer ne se sont pas donné la peine de s’informer sur ses bases scientifiques, toutes les opinions pouvant ensuite être l’objet de confrontations et d’échanges. C’est pourquoi la présentation de quelques données scientifiques s’impose avant tout débat.
Auteur
Directeur de recherche honoraire à l’Institut national de recherche agronomique (INRA).
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