Se rapprocher des gorilles. Histoire × primatologie
p. 195-207
Texte intégral
1Cette contribution croise deux regards, l’un éthologique et l’autre historique, sur des opérations de capture de gorilles de l’Est (Gorilla beringei) menées au Congo belge, particulièrement bien documentées par les sources historiques produites par la « machine scientifico-coloniale1 ». Le cas a déjà été abordé par l’historienne dans des recherches antérieures sur les effets disruptifs, pour les individus et les sociétés de gorilles, d’incursions violentes. Pour comprendre la portée de la geste coloniale et des gestes des capteurs, ces recherches avaient expérimenté un croisement solitaire, en exploitant la bibliographie de primatologie sur les dynamiques sociales des gorilles de l’Est2.
2Ce nouvel exercice de croisement revisite ce travail avec l’appui d’une éco-éthologue et primatologue qui dispose d’une longue expérience de recherche sur les dynamiques sociales des gorilles de plaine de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla) dans leur milieu, dans le parc national d’Odzala-Kokoua en République du Congo. Ses travaux portent sur l’histoire démographique des individus et des groupes de deux populations de gorilles observées pendant quinze ans. Il s’agit d’une part de la population de Lokoué qui comportait près de quatre cents gorilles identifiés et quarante-cinq groupes sociaux différents connus, jusqu’à la survenue d’une épidémie du virus Ebola en 2003, un épisode démographique majeur qui a occasionné plus de 95 % de mortalité. La reconstruction sociale des groupes et le devenir des survivants ont été étudiés pendant plus de dix ans après l’épidémie. Il s’agit d’autre part de la population de Romani qui, avec plus de cent cinquante gorilles connus et quatorze groupes, ne montrait aucun des marqueurs démographiques d’une épidémie Ebola récente, et a été étudiée pendant dix ans, de 2005 à 2015. Ces études, conjointement à des recherches sur la littérature scientifique, apportent des éléments pour comprendre les dynamiques sociales des groupes de gorilles, et les facteurs qui les déterminent3.
3Le croisement des deux disciplines autour des captures coloniales présente un certain nombre de difficultés : la rencontre entre la primatologue et l’historienne est postérieure aux recherches ; les travaux de l’une et de l’autre ne concernent pas la même région et portent sur des espèces différentes (respectivement les gorilles de l’Ouest, pour la primatologue, et les gorilles de l’Est, pour l’historienne). Toutefois, la littérature éthologique, qui comporte une forte composante comparatiste, indique que les structures sociales des gorilles, au cœur de la question ici posée, sont relativement similaires d’une espèce à l’autre4. La barrière taxinomique ne semble donc pas faire obstacle à une lecture commune d’épisodes historiques concernant des populations de gorilles de l’Est. Surtout, le croisement est moins envisagé ici pour obtenir des éclairages inédits sur des études de cas déjà conduites (même si certains surgissent durant l’exercice), qu’à titre prospectif et heuristique : il s’agit d’examiner les modalités et les potentialités d’un travail pluridisciplinaire commun mêlant des recherches sur les archives et un travail contemporain d’observations sur le terrain, au service d’une histoire animale, et d’observer comment le processus invite à redéfinir les manières de travailler sur les animaux, ensemble et séparément. Dans cette perspective, les limites relevées du croisement apparaissent aussi riches d’enseignements que ses apports.
Histoire : appropriations coloniales
4Les gorilles du Congo, tous taxons confondus, font l’objet de mesures coloniales de protection depuis le début du xxe siècle, temps d’augmentation des prises, sous l’effet de la conquête impériale des territoires et de la curiosité scientifique associée, ainsi que du développement conjoint d’un mouvement international en faveur de la protection des espèces du continent africain5. La Convention internationale de Londres de 1900 pour « la préservation des animaux sauvages en Afrique », premier instrument juridique international en la matière, signé par les principales puissances coloniales, classe les gorilles parmi les animaux protégés6. Bien qu’elle ne soit pas ratifiée, elle est transcrite dans le droit par la plupart des puissances coloniales. L’année suivante, Léopold II prend un décret, pour l’État indépendant du Congo, qui interdit de chasser et de tuer les gorilles, au motif « de leur rareté et du danger de leur disparition7 ». Après la reprise du Congo par l’État belge en 1908, les textes juridiques placent le gorille en tête des animaux dont la chasse et la capture sont interdites8.
5Les gorilles font l’objet de modes d’appropriation en Afrique, limités et inégaux, qui semblent se développer durant l’ère coloniale. Une enquête diligentée par les autorités belges en 1930 auprès des administrateurs territoriaux – qui ne nous offre donc que des vues indirectes sur les pratiques congolaises –, fait ainsi état d’abattages ponctuels menés dans certains territoires, pour des motifs de légitime défense, de défense des plantations (dans un contexte de développement de l’occupation des sols) ainsi que, exceptionnellement, de consommation carnée9.
6Les incursions puis la domination coloniales déterminent des modes d’appropriation inédits, et des ponctions inégalées en nombre, inscrites dans l’orbite scientifique. Ces usages nourrissent une culture de la collecte inséparable de l’emprise impériale, qui sert l’inventaire et la mise en ordre du monde, par le développement d’un ordre taxinomique sans cesse remanié à mesure de l’arrivée de squelettes, de parties de corps et de peaux, ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait autres10. La science est nourrie par les amateurs, alimentée par tous ceux qui rapportent des parts des animaux, en même temps qu’elle sert de paravent à ceux qui veulent les gorilles comme trophées – chasseurs, marchands, princes européens11. À partir de l’entre-deux-guerres, les autorités coloniales développent de surcroît des usages d’ordre domesticatoire des sauvages. Car l’export vers les métropoles occidentales et la monstration aux foules d’individus d’espèces symboles de férocité, comme les gorilles12, ou d’élusion, comme les okapis, permettent de signifier non plus seulement la maîtrise cognitive et matérielle du sauvage, mais sa gestion mesurée au moyen de rouages coloniaux de plus en plus huilés. Comme d’autres taxons emblématiques, les gorilles exposés sont transmués en emblèmes de l’œuvre de « civilisation », de « mise en valeur » et de « protection » de la faune13. L’édifice juridique colonial, qui interdit leur chasse et leur capture, autorise donc des dérogations permettant de tuer ou de capturer un nombre restreint d’individus, que les autorités concèdent au cas par cas sur la base de demandes motivées14.
7L’équation se complique avec la question de la protection des gorilles de montagne, actuellement définis comme la sous-espèce de gorilles de l’Est Gorilla beringei beringei, dont l’aire de répartition est restreinte aux volcans s’étendant aux confins du Congo, de l’Ouganda et du Rwanda (fig. 1).
8Au début des années 1920, le chasseur et taxidermiste américain Carl Akeley, qui abat plusieurs individus, signale la faiblesse de leurs effectifs et entame une campagne qui aboutit à l’instauration du parc national Albert en 1925 (actuel parc national des Virunga), dont les frontières sont progressivement étendues, notamment en 1927, pour y inclure les flancs rwandais des volcans15. Les mesures appliquées au sein du parc consolident les interdictions de chasse et de capture visant l’ensemble des gorilles par une protection spatiale incluant la totalité de l’aire de répartition du taxon. Ce double édifice est exceptionnellement mis en œuvre sans presque de concessions ensuite16, et la seule exploitation des gorilles de montagne demeure non (ou moins) invasive, touristique et éthologique17. Toutefois, l’engouement suscité autour des gorilles de montagne provoque une augmentation des demandes de chasse et de capture tous gorilles de l’est du Congo confondus18. Ce faisant, l’interdit frappant les gorilles de montagne s’associe à une déportation de l’appropriation vers les gorilles de plaine de l’Est (actuellement Gorilla beringei graueri) à partir de la fin des années 192019.
9Des descriptions de captures de ce dernier taxon, faites par les acteurs en charge des opérations ou des témoins, dans des sources non publiées, exemptes des exagérations des récits de chasse publiés, détaillent des séquences d’interactions entre les capteurs et les gorilles. Leur fiabilité et leur minutie en font des documents propices à l’appréhension des actes de l’appropriation et de leurs conséquences sociales au moyen d’éclairages croisés.
Scènes de capture
10Seules quelques séquences de capture sont envisagées ici, dont la richesse documentaire permet à la primatologue de tenter l’exercice d’une reconstruction mentale des scènes, rejouant ainsi par la pensée le mode d’appréhension des gorilles qui lui est familier, celui de l’observation directe. Ces scènes s’inscrivent toutes dans un contexte de resserrement du contrôle colonial sur l’appropriation des gorilles de plaine de l’Est à leur tour, expliquant la minutie documentaire. Après des cas de dépassement du nombre de gorilles autorisés par les permis de capture et de chasse, les autorités belges interrompent en effet provisoirement les dérogations au début des années 193020. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, alors que les demandes de capture émanant de zoos se multiplient pour renflouer des cheptels exsangues, et dans un contexte général de renforcement de l’interventionnisme étatique, elles cessent la distribution de dérogations, et prennent directement l’appropriation en charge, via le Groupe de capture des okapis établi en 1947 par le gouvernement général du Congo belge21, initialement centré sur la prise des giraffidés endémiques.
11Une première série de séquences bien documentées concerne les captures officielles menées par ce groupe, qui s’échelonnent sur une période d’un peu plus d’un an, du 1er février 1948 au 31 mars 194922. Ces opérations sont dirigées par l’officier de chasse Jean de Medina, à partir d’un camp de base installé au bord de la rivière Bilota, dans la région d’Angumu (fig. 1), et sont menées par des équipes d’une quinzaine de fusiliers et de lanciers recrutés localement23.
12La capture se centre sur de jeunes individus, les seuls assez maniables pour la mise en cage, et assez faciles à apprivoiser pour l’exposition dans les zoos. Il s’agit donc d’enlever des jeunes à leurs parents, alors que les gorilles vivent en groupes sociaux cohésifs, comprenant un ou deux mâles adultes et plusieurs femelles avec leur progéniture24, et que le contact entre les gorillons et leur mère est étroit : il est quasi permanent jusqu’à l’âge de 6 mois, et la proximité physique demeure forte durant l’enfance25.
13Les mères gorilles portant des jeunes sont abattues par balles. Les membres du groupe, en particulier le ou les mâles matures, répondent aux incursions humaines, aux tentatives d’enlèvement des jeunes et à leurs cris par des comportements défensifs. Ils mobilisent une part du répertoire de comportements qu’ils utilisent avec leurs rivaux, lors de conflits entre mâles, précisément pour protéger les femelles et les jeunes, et éviter leur migration vers d’autres groupes. La plupart du temps, comme le montrent les observations des primatologues in situ, les postures d’intimidation et les charges suffisent à éloigner l’adversaire. La stratégie mêle donc efficience et prudence, puisqu’elle donne rarement lieu à un contact physique, donc à de potentielles blessures26. Toutefois, les humains ne sont pas des rivaux mais des prédateurs, et les charges exercées contre eux semblent régulièrement plus virulentes. Elles font en tous cas forte impression aux capteurs, peut-être influencés par l’imagerie littéraire et iconographique des gorilles violents. Jean de Medina dit de deux mâles : « Ce n’étaient plus deux animaux, c’étaient deux bolides, deux véritables démons déchaînés, ne regardant plus, ni aux armes, ni aux lances, ni au nombre d’adversaires leur faisant face, se lançant tête baissée dans la lutte27. » Attaques humaines et contre-attaques simiennes dessinent donc des enchaînements violents. En mai 1948, un gorille adulte blessé par les capteurs s’attaque à son tour à un chasseur :
[Le gorille] arrache le fusil […] de ses mains s’apprêtant à l’étrangler. Deux chasseurs restés sur place volent au secours de la victime et [ne] réussi[ssent] qu’à détourner un coup fatal, cependant, l’animal furieux, avant de s’enfuir blessé, veut lui appliquer une gifle et ne réussit qu’à l’effleurer avec un ongle qui manque lui emporter un œil, car la paupière inférieure de l’œil gauche est arrachée de l’intérieur vers l’extérieur, pendant lamentablement.
14Le chasseur finit par perdre son œil. Le 17 mars 1949, un autre chasseur opérant pour le Groupe de capture est « affreusement blessé par un gorille » et évacué à l’hôpital de Stanleyville28.
15Dans son film documentaire L’Équateur aux cent visages, dont les prises au Congo ont lieu en mars 1948, le cinéaste André Cauvin montre le caractère systématique des abattages de femelles par le Groupe de capture, tuées par balles avant la survenue des attaques, à rebours du motif justificatoire récurrent de la « légitime défense ». La vision du film suscite un mouvement répulsif de la part du gouverneur général Eugène Jungers, sous le mandat duquel (1946-1951) est instauré le Groupe de capture. Il s’ajoute à des critiques du directeur de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique Victor Van Straelen, qui a reçu les squelettes des abattus, et s’étonne de leur nombre – « au moins 25 squelettes29 ». Les sources écrites indiquent en effet que la capture de douze gorillons – dont un seul survit à l’export et atteint un zoo en vie, celui de New York – s’est accompagnée de l’abattage de vingt et un à vingt-huit gorilles. Le gouverneur général prend consécutivement la décision de mettre un terme aux captures officielles de gorilles de l’Est30.
16Un nouvel épisode de captures, chapeauté par les autorités coloniales, intervient cependant un peu moins de dix ans plus tard, en 1957. Il est formé d’une seule séquence ; les prises interviennent sur le tournage du film Les seigneurs de la forêt, un documentaire destiné à être projeté à l’Exposition internationale de 1958, qui marque les cinquante ans du Congo belge. Réalisé par la Fondation internationale scientifique, qui a pour objet de « favoriser l’étude des sciences et d’en propager la connaissance », il doit, selon les mots de son président d’honneur Léopold III, « fixer par l’image et par le son les survivances du Congo millénaire », humains et animaux mêlés31. Tous doivent y incarner ce que le « développement » n’entame pas grâce à l’action préservationniste, même si des hordes de touristes envahissent alors certaines zones du parc national Albert, qui sont 6434 pour la seule année 195832, et même si la démonstration sur pellicule requiert pour les animaux l’artifice des captures. Les animaux pris ne sont pas relâchés : les gorilles les plus âgés sont conservés à des fins d’observation et de recherche par l’Institut pour la recherche scientifique en Afrique centrale (Irsac), tandis que les plus jeunes sont exportés vers des zoos métropolitains33.
17Le caractère particulièrement invasif des opérations – au-delà des seuls gorilles, la Fondation reçoit un permis « l’autorisant à capturer ou abattre tous les animaux nécessaires à la réalisation34 » – les fait conduire hors du parc national. Les prises de gorilles sont menées dans la région de Walikale, située environ 150 kilomètres au sud de la région de la précédente campagne officielle, et connue depuis les années 1930 pour sa grande population de gorilles. La capture repose sur « une méthode nouvelle », voulue moins mortifère. Il s’agit cette fois d’encercler des groupes entiers de gorilles dans des filets de nylon, puis de resserrer progressivement l’étau. Mais lors des essais menés pour perfectionner le procédé, les capteurs, suivant les mots des officiels coloniaux (qui se défaussent souvent de la cruauté des opérations sur les travailleurs congolais), « saisis d’un accès brusque et incoercible de destruction », tuent trois gorilles qu’ils ont rabattus dans les filets à la lance. Puis, lors de l’opération de capture principale, qui a lieu du 7 au 12 septembre 1957, ils encerclent un groupe de vingt et un gorilles, qu’ils rabattent des jours durant dans les filets. Une femelle parvient à s’échapper, onze gorilles sont capturés, et neuf jeunes se réfugient dans des arbres que les capteurs, fatigués, décident d’abattre le 12 septembre. Alors qu’« au moment de la chute des arbres, les gorilles [ne] saut[ent pas] comme l’auraient fait des singes » mais « tomb[ent] au sol avec les arbres eux-mêmes35 », huit d’entre eux succombent de fractures du crâne ou d’hémorragies internes36.
18L’impossible maîtrise de la violence des captures apparaît dans les chiffres des morts ; elle transparaît aussi dans les expériences des gorilles, que l’on lit entre les lignes ou que l’on devine : la peur des adultes confrontés à des irruptions soudaines ; les blessures infligées par les humains en réponse aux résistances ; la terreur expérimentée par les individus de 1957, cerclés d’humains, resserrés dans les filets des heures et des jours durant ; la dépossession des survivants, privés de leurs jeunes et de membres de leur groupe, voire de leur groupe entier, et des capturés, définitivement écartés de leur mère et de la société des leurs, c’est-à-dire d’interactions sociales importantes pour leur développement37, de surcroît contraints à une confrontation étroite avec les humains, objets de peur. Les gorillons capturés sont régulièrement dépeints en colère ou tristes, et certains refusent de s’alimenter38.
Histoire x primatologie : la fragilisation des sociétés primates
19Les croisements entre les sources historiques et les apports primatologiques permettent de saisir plus finement la façon dont des irruptions humaines belliqueuses, même circonscrites dans l’espace et le temps, contribuent à fragmenter les sociétés primates.
20Les archives montrent que les incursions humaines renforcent la défiance des gorilles. Le témoignage du taxidermiste américain Carl Akeley sur les gorilles de montagne indique que les premiers individus qu’il approche sont peu farouches et peu menaçants, sans doute de ce qu’ils ne se méfient pas des humains, n’ayant guère été confrontés à des irruptions extraspécifiques violentes : « Les indigènes ne les molestent guère [et…] ne semblent avoir aucune crainte du gorille : en tous cas, [l]es guides, dont quelques-uns étaient chasseurs et trappeurs, ne s’en inquiétaient gère. Ces gorilles n’étaient pas sauvages ; l’on pouvait aisément les approcher de très près39. » Confrontés à des prédateurs humains, les animaux adaptent rapidement leur attitude40. En 1948, la conduite de quelques opérations dans la région d’Angumu transforme les gorilles en êtres farouches et « méfiants » – de Medina relève qu’« on dirait qu’ils se sont donnés le mot pour ne plus se laisser approcher ». Ceux mêlés à des épisodes de capture s’éloignent des lieux visés pour ne plus y revenir41. La primatologue relève que la transmission de la méfiance est sans doute d’autant plus rapide chez les gorilles qu’il s’agit d’une espèce à dispersion des deux sexes, et que les groupes ont une stabilité relative liée au temps de maîtrise par les mâles dominants (en moyenne 8,1 ans)42 ; en contribuant à désintégrer les groupes, les captures augmentent les mouvements d’individus au sein des populations, et avec eux la vitesse de transmission des informations.
21Les abattages de capture sont sélectifs ; ils visent particulièrement les mères portant des jeunes, mais aussi, comme c’est le cas des expéditions cynégétiques, les mâles à dos argenté, des gorilles adultes de plus de 12 ans, qui tiennent un rôle de défense et de cohésion des groupes43. Leur mort contribue à la désintégration de leur groupe, déjà entamée par les prises, et donne donc lieu à des reconfigurations sociales de large portée. Une comparaison, à échelles différentes, et impliquant des causalités et des effets multiples, peut ici être dressée avec les conséquences en termes de dynamiques sociales du crash démographique provoqué par le virus Ebola dans la population de gorilles de Lokoué : une forte augmentation des transferts intra- et interpopulations avait alors été observée, tant pour les mâles que pour les femelles44.
22Ces facteurs pris ensemble – bouleversements des domaines vitaux et reconfigurations sociales sans mâle à dos argenté – engendrent potentiellement une augmentation des rencontres impromptues entre groupes de gorilles, ou entre individus et groupes de gorilles. Ceci fait écho à un phénomène mis en évidence par les recherches de terrain des primatologues, qui montrent que la multiplication de rencontres de groupes non apparentés, chapeautés par de jeunes mâles et non des mâles à dos argenté, peut provoquer une augmentation de l’infanticide, c’est-à-dire de l’élimination de jeunes par des mâles sans lien de parenté avec eux, rendant les femelles à nouveau fertiles45. Les croisements entre histoire et primatologie permettent donc de poser l’hypothèse d’une concaténation de facteurs liés à la capture tendant à accroître la violence des survivants entre eux, donc leur mortalité.
23L’hypothèse est confirmée par les travaux de Dian Fossey, auteure de recherches de terrain de longue haleine sur les gorilles de montagne menées à partir des années 1960 depuis sa base de recherche implantée du côté rwandais des volcans. Alors qu’elle établit petit à petit des relations étroites avec plusieurs dizaines de gorilles, Fossey est confrontée à ce qu’elle identifie comme une tentative de capture avortée, en 1978, du jeune mâle Kweli. Elle note l’abattage des parents et de mâles, la blessure par balle infligée à Kweli, sa mort, mais aussi, après le raid, sur le temps long, la dislocation du groupe, et des cas consécutifs d’infanticide46.
24L’hypothèse de l’incidence des politiques de capture – plus largement des pratiques cynégétiques – sur les dynamiques sociales des gorilles, spécialement en termes de production ou de résurgence de la violence infanticide, amène à considérer ce dernier comportement comme en puissance chez tous, mais actualisé par des bouleversements socio-environnementaux. A contrario, les primatologues ont longtemps cru l’infanticide absent chez les gorilles de plaine de l’Est47, faisant de ce comportement un produit de déterminants taxinomiques, c’est-à-dire phylogénétiques.
25Rien ne permet d’assurer que les captures coloniales officielles de gorilles de l’Est menées ici ont donné lieu ensuite à des infanticides – la prédation coloniale n’est pas assortie d’observations éthologiques. Mais au parc national de Kahuzi-Biega, au début des années 2000, « quelques années après des chasses de gorilles [Gorilla beringei graueri] à grande échelle après la guerre civile » de 1996 et 1998-1999 visant principalement à obtenir de la viande, qui ciblent particulièrement, ici encore, les mâles à dos argenté, les primatologues observent trois cas d’infanticide sur les populations suivies, ce qui les amène à revenir sur l’hypothèse de l’absence d’infanticide chez les gorilles de plaine de l’Est48.
Autres récits, autres savoirs
26Les croisements entre histoire et primatologie posent un certain nombre de difficultés heuristiques et méthodologiques. Une part est propre à l’exercice présenté ici, qui mêle des recherches portant sur des espèces différentes. Le dommage est largement compensé par le recours au corpus des recherches primatologiques, mais celui-ci à son tour pose souci pour l’étude croisée des appropriations coloniales, parce qu’il ne concerne pas les populations visées par les captures. Une large part de la production primatologique sur les gorilles de l’Est concerne en effet les gorilles de montagne, à la suite des travaux de Dian Fossey menés dans le parc national du côté rwandais des volcans49. Or les appropriations coloniales de gorilles de l’Est se déroulent précisément hors des parcs nationaux implantés à partir de l’entre-deux-guerres. Le croisement amène donc à poser des hypothèses à partir d’essentialisations taxinomiques sur le gorille de l’Est, le gorille de montagne, ou même le gorille, au détriment de particularités régionales, c’est-à-dire culturelles. À ceci s’ajoute de fait, hors du strict cadre de cette étude, un réductionnisme a-historique. Les études primatologiques de terrain se développent véritablement à partir des années 1960, avec les travaux de George B. Schaller50 puis de Dian Fossey. Or, comme l’indique le témoignage d’Akeley et les sources produites par les autorités coloniales belges, les comportements des gorilles des années 1920, épargnés par les chasseurs congolais, encore isolés de l’empreinte coloniale en expansion, semblent différer sensiblement de ceux des gorilles colonisés, devenus farouches. Enfin, durant les échanges, l’imprécision des sources historiques – par exemple quant à la composition des groupes visés par la capture ou aux comportements manifestés par les gorilles – est apparue comme un frein aux enrichissements mutuels, empêchant régulièrement la primatologue de se figurer la composition démographique des groupes de gorilles, c’est-à-dire de « lire » le film des captures avec le degré de précision souhaité. À croiser des travaux synthétiques et des sources imprécises ne concernant ni les mêmes taxons, ni les mêmes populations, ni les mêmes ères, on multiplie forcément les incertitudes.
27Ces difficultés sont ardues à surmonter, même quand les collaborations seraient construites en amont, puisqu’une large part d’entre elles résultent de la teneur du corpus de sources historiques et de la tradition des recherches primatologiques. L’exercice, avec ses défauts, nous semble toutefois susceptible de pouvoir offrir des narrations plus riches, qui autorisent malgré le silence des sources à poser sur le mode hypothétique un certain nombre de propositions, par exemple sur la co-construction historique des sociabilités simiennes. Ces propositions alimentent à leur tour les réflexions sur les manières de travailler, ensemble et au sein de chaque discipline.
28Une première piste de réflexion concerne la place des individus animaux dans les récits primatologiques autant que dans les récits historiques, radicalement marginale dans les deux cas. Les animaux sauvages, souvent bien identifiés en tant qu’individus dans les sources, et sur le terrain par les primatologues, s’effacent durant l’écriture, y compris dans ce texte. Celui-ci toutefois tente de montrer que quelques individus – c’est-à-dire chaque individu –, leur lutte face à quelques capteurs, apparemment dérisoires dans le temps historique, jouent un rôle clé dans l’histoire sociale des gorilles de l’Est, étroitement liée à celle des sociétés humaines. Du côté historique, l’attention pour les individus et leurs expériences permet de mieux comprendre les dynamiques sociales incluant des subalternes, qu’ils soient humains ou non humains51. L’approche permet d’appréhender des asymétries qui, de personne en personne, de proche en proche, de gestes en politiques, et inversement, se propagent, sont contestées parfois, se pétrifient souvent – ici la violence des politiques de protection de la faune, envers les humains de l’en-bas, exclus d’usages environnementaux et mobilisés pour effectuer les tâches les plus risquées des captures dédiées aux métropoles occidentales, et envers les animaux, dont même les plus protégés sont l’objet d’appropriations régulières52. La distance, dans ce texte, demeure trop grande encore, et il faudra se rapprocher des humains, des gorilles, de leur vécu, de leur terrain de vie, notamment par l’abord biographique, et même s’agissant d’« inconnus53 ». Du côté primatologique, l’intérêt pour les individus animaux a nourri la construction de la discipline – Fossey voyait les animaux comme des personnes, et son autobiographie, qui est aussi une biographie de ses recherches, donne des descriptions riches des personnalités, des relations, des contextes de vie54. Les exigences de la production académique ont contribué à assécher les récits, donc les questions et les pratiques de recherche, en balayant les narrations descriptives sensibles, et en subsumant les existences dans des produits statistiques. Les récits primatologiques de l’infanticide dessinent ainsi une sociologie simienne fondée sur des déterminants spécifiques. Ici aussi, la micro-histoire redessine les récits en les prenant à revers, et des donnés comme l’infanticide deviennent des produits historiques susceptibles de surgir, s’exacerber ou se modifier sur un temps très court. L’ensemble offre de nouvelles perspectives sur la construction des violences simiennes, qui peuvent intéresser les primatologues étudiant les gorilles dans un monde de plus en plus anthropisé, y compris s’agissant des parcs nationaux, terrains d’incursions touristiques… et primatologiques.
29Cette dernière remarque conduit aux manières de se rapprocher des individus en les étudiant, c’est-à-dire au minimum en les observant. Les modes d’observation dialoguent avec les modes d’appréhension des autres, et sont porteurs de conséquences – John Berger note bien que « les animaux sont toujours les observés. Le fait qu’ils peuvent nous observer a perdu toute signification. […] Ce que nous savons d’eux est un indice de notre pouvoir, donc un indice de ce qui nous sépare d’eux. Plus nous savons, plus loin ils sont55 ». L’historienne et la primatologue se sont aussi rencontrées sur une volonté partagée d’être attentives aux acteurs étudiés, et un refus de les contraindre et de reconduire des violences qui sont, ou qui seulement portent, de nouvelles négations de leurs expériences ; cette position éthique est, aussi, heuristique, elle porte la conviction que seul l’intérêt pour les expériences des autres permet d’écrire des récits plus complets. La primatologue, dont les recherches semblent a priori plus invasives que celles de l’historienne, inscrit ainsi ses travaux dans une tradition épistémologique qui entend étudier les relations des gorilles entre eux et avec leur environnement en les « observant sans les déranger », une position qui requiert un travail de terrain long, patient, souvent ardu. Les croisements amènent donc des débats sur les violences disciplinaires, entre la primatologue et l’historienne, et avec d’autres chercheurs, soulevant des propositions inattendues, comme celle de l’usage de drones non guerriers56 pour observer en dérangeant moins encore, c’est-à-dire se rapprocher sans s’éloigner.
Notes de bas de page
1 James E. McClellan III, François Regourd, « The Colonial Machine. French Science and Colonization in the Ancien Regime », Osiris, 15, 2000, p. 32.
2 Violette Pouillard, « Vie et mort des gorilles de l’Est (Gorilla beringei) dans les jardins zoologiques occidentaux (1923-2011) », Revue de synthèse, 136, 2015, p. 375-402.
3 Alice Baudouin et al., « Disease Avoidance, and Breeding Group Age and Size Condition, The Dispersal Patterns of Western Lowland Gorilla Females », Ecology, 100/9, 2019, doi.org/10.1002/ ecy.2786 ; Céline Genton et al., « Using Demographic Characteristics of Populations to Detect Spatial Fragmentation Following Suspected Ebola Outbreaks in Great Apes », American Journal of Physical Anthropology, 164, 2017, p. 3-10.
4 Voir, par exemple, David P.Watts, « Gorilla Social Relationships. A Comparative Overview », dans Andrea B.Taylor, Michele L.Goldsmith (dir.), Gorilla Biology. A Multidisciplinary Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 302-327 ; Martha M. Robbins, « Variation in the Social System of Mountain Gorillas. The Male Perspective », dans Id. et al. (dir.), Mountain Gorillas. Three Decades of Research at Karisoke, Cambridge, Cambridge University Press, 2001,p. 29-58 ; Andrew M. Robbins, Martha M. Robbins, « Dispersal Patterns of Females in the Genus Gorilla », dans Takeshi Furuichi et al. (dir.), Dispersing Primate Females. Life History and Social Strategies in Male-Philopatric Species, Tokyo, Springer, 2015, p. 75-104.
5 Mark Cioc, The Game of Conservation. International Treaties to Protect the World’s Migratory Animals, Athens, Ohio University Press, 2009, p. 14-57.
6 Bernhard Gissibl, « German Colonialism and the Beginnings of International Wildlife Preservation in Africa », German Historical Institute Bulletin, Supplement, 3, 2006, p. 121-142 ; Convention for the Preservation of Wild Animals, Birds, and Fish in Africa, signed at London, May 19, 1900, House of Commons paper Cd. 101, Session 1901, v. IVI. 825.
7 « Protection des animaux vivant à l’état sauvage », décret de Léopold II, 29 avril 1901,Bulletin officiel de l’État indépendant du Congo, 17/7-8, 1901, p. 82-90.
8 Violette Pouillard, « Vie et mort des gorilles de l’Est », art. cité, p. 380.
9 Archives africaines, Service public fédéral des Affaires étrangères, Bruxelles (désormais AA), GG 16084, l’administrateur territorial Buhunde au commissaire de district du Kivu, 29 mai 1930 ; AA, GG 13079, Moriamé à Noirot, 27 juin 1930,de Radiguès au gouverneur de la Province orientale, 21 août 1930 ; AA, AGRI 450,Van Den Dries au chef de la Province, 28 décembre 1938.
10 Marie-Noëlle Bourguet, « La collecte du monde. Voyage et histoire naturelle (fin xviie siècle-début xixe siècle) », dans Claude Blanckaert et al. (dir.), Le Muséum au premier siècle de son histoire, Paris, Muséum national d’histoire naturelle, 1997, p. 163-196 ; Richard Drayton, Nature’s Government. Science, Imperial Britain, and the « Improvement of theWorld », New Haven, Yale University Press, 2000 ; Bertrand Daugeron, Collections naturalistes entre science et empires (1703-1804), Paris, Muséum national d’histoire naturelle, 2009.
11 AA, AGRI 729, 53 bis Ch., le ministère des Colonies à Cartier de Marchienne, 28 février 1931.
12 Chris Herzfeld, Patricia Van Schuylenbergh, « Singes humanisés, humains singés : dérive des identités à la lumière des représentations occidentales », Social Science Information, 50/2, 2011, p. 251-274.
13 Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon, 2019.
14 Id., « Vie et mort des gorilles de l’Est », art. cité.
15 Patricia Van Schuylenbergh, « Albert National Park. The Birth of Africa’s First National Park (1925- 1960) », dans Marc Languy, Emmanuel de Merode (dir.), Virunga. The Survival of Africa’s First National Park, Tielt, Lannoo, p. 64-73 ; AA, GG 13345, Carl Akeley, « Suggestions concernant la constitution, au District du Kivu, Congo belge, d’une réserve pour gorilles », 18 janvier 1923.
16 Violette Pouillard, « Vie et mort des gorilles de l’Est », art. cité. PatriciaVan Schuylenbergh témoigne d’une dérogation concernant deux gorilles accordée en 1928 à l’Américain Bernard O’Toole : Patricia Van Schuylenbergh, De l’appropriation à la conservation de la faune sauvage. Pratiques d’une colonisation : le cas du Congo belge (1885-1960), thèse d’histoire, Université catholique de Louvain, 2006, p. 356.
17 Ibid., p. 546-547 et 665-674 ; George B. Schaller, The Mountain Gorilla. Ecology and Behavior, Chicago, University of Chicago Press, 1976 [1963].
18 AA, AGRI 435 53 bis Ch.,l’administrateur général des Colonies au gouverneur général, 16 décembre 1932.
19 Violette Pouillard, « Vie et mort des gorilles de l’Est », art. cité.
20 AA, AGRI 435 53 bis Ch.,l’administrateur général des Colonies au gouverneur général, 16 décembre 1932.
21 « Organisation administrative “Chasse et Pêche” dans la Colonie », Bulletin semestriel des Lieutenants honoraires de chasse, 1, 1947, p. 2.
22 AA, AGRI 451, le secrétaire général au ministre des Colonies, 6 juillet 1951.
23 AA, GG 19339, Pierre Offermann, « Rapport sur le Groupe de capture des okapis et des gorilles (1948) », 8 mai 1948, p. 1-2.
24 Martha M. Robbins, « A Demographic-analysis of Male Life-history and Social-Structure of Mountain Gorillas », Behaviour, 13, 1995, p. 21-47 ; Juichi Yamagiwa, John M. Kahekwa, « Dispersal Patterns, Group Structure, and Reproductive Parameters of Eastern Lowland Gorillas at Kahuzi in the Absence of Infanticide », dans Martha M. Robbins et al. (dir.), Mountain Gorillas, op. cit., p. 109.
25 L’enfance est une période définie par les primatologues de 0 à 3 ans ; pour le Gorilla beringei beringei, voir Alison Fletcher, « Development of Infant Independence from the Mother in Wild Mountain Gorillas », dans Martha M. Robbins et al. (dir.), Mountain Gorillas, op. cit., p. 162-164.
26 AA, GG 19339, Pierre Offermann, « Rapport sur le Groupe de capture des okapis et des gorilles (1948) », 8 mai 1948, p. 1-2 ; Pascale Sicotte, « Inter-group Encounters and Female Transfer in Mountain Gorillas. Influence of Group Composition on Male Behavior », American Journal of Primatology, 30/1, 1993, p. 21-23 ; Florence Levréro, Structure d’une population de gorilles (Gorilla g. Gorilla) visitant une clairière forestière. Nature et rôle des rencontres intergroupes dans sa dynamique, thèse d’éthologie, université de Rennes, 2005.
27 AA, GG 19339, Jean de Medina, « Rapport… février 1948 », p. 6.
28 AA, GG 13265, Pierre Offermann, « Note pour… le Gouverneur général », 30 janvier 1951 ; AA, GG 19339, Jean de Medina, « Rapport… mai 1948 », p. 3 ; ibid., « Rapport… mars 1949 » ; AA, GG 19350, Jean de Medina au procureur du Roi, 12 mars 1949.
29 AA, GG 13265, Brouillon de lettre rédigée pour le gouverneur général, annoté par lui, à envoyer à Van Straelen, janvier 1951 ; ibid., Van Straelen au gouverneur général, 12 décembre 1950 ; AA, GG 19339, Jean de Medina, « Rapport… mars 1948 », p. 2-4 ; André Cauvin, L’Équateur aux cent visages, film 35 mm, Bruxelles, Cinematek, 1948.
30 Violette Pouillard, « Vie et mort des gorilles de l’Est », art. cité, p. 385.
31 PatriciaVan Schuylenbergh, « Entre science et spectacle : “les seigneurs de la forêt”, le film initié par Léopold III », Museum Dynasticum, 2, 2002, p. 17-23 ; AA, AGRI 452, 54 Ch., FIS, « Communiqué no 1 », [1958] ; Les seigneurs de la forêt, Bruxelles, Fondation internationale scientifique, 1958, p. 5.
32 Patricia Van Schuylenbergh, De l’appropriation…, op. cit., p. 547, 674.
33 AA, AGRI 186, 53 Ch., Van den Abeele au gouverneur général, 14 mai 1956,Van Den Berghe au gouverneur général, 29 juillet 1959.
34 AA, AGRI 186, 53 Ch., J. Henrard, « Note [au] Ministre. Objet : Permis scientifique de chasse de Landsheere Jean », 28 janvier 1957.
35 AA, AGRI 186, 53 Ch., Van den Bergh au ministre des Colonies, 21 août 1957,Van den Berghe au directeur général du Service de l’Agriculture, 16 septembre 1957.
36 AA, AGRI 452, 53 Ch., traduction de Bradley au gouverneur général, 15 février 1934.
37 Dian Fossey, « Development of the Mountain Gorilla (Gorilla gorilla beringei). The First Thirty-Six Months », dans David A. Hamburg, Elizabeth R. McCown (dir.), The Great Apes, Menlo Park, Benjamin/Cummings Publishing, 1979, p. 172-180 ; Kelly J. Stewart, « Social Relationships of Immature Gorillas and Silverbacks », dans Martha M. Robbins et al. (dir.), Mountain Gorillas, op. cit., p. 183-213.
38 Benjamin Burbridge, Gorilla. Tracking and Capturing the Ape-Man of Africa, NewYork, The Century, 1928, p. 244, 258 et 271 ; Martin Johnson, Congorilla. Adventures with Pygmies and Gorillas in Africa, New York, Brewer, Warren & Putnam, 1932, p. 204 ; Dian Fossey, Gorilles dans la brume, Paris, Presses de la Cité, 1988 [1983], p. 107-108 ; Violette Pouillard, « Vie et mort des gorilles de l’Est », art. cité.
39 AA, GG 13345, Carl Akeley, « Suggestions concernant la constitution, au District du Kivu, Congo belge, d’une réserve pour gorilles », 18 janvier 1923.
40 Sur ces adaptations, et l’histoire des cultures animales, voir Dominique Lestel, Les origines animales de la culture, Paris, Flammarion, 2001 ; Éric Baratay, Le point de vue animal. Une autre version de l’histoire, Paris, Seuil, 2012.
41 AA, GG 19339, Jean de Medina, « Rapport… mai 1948 », p. 2 ; ibid., « Rapport… juillet 1948 », p. 4 ; Dian Fossey, Gorilles dans la brume, op. cit., p. 202.
42 Andrew M. Robbins et al., « Variance in the Reproductive Success of Dominant Male Mountain Gorillas », Primates, 55, 2014, p. 489-499.
43 Martha M. Robbins et al., « Social Structure and Life-History Patterns in Western Gorillas (Gorilla gorilla gorilla) », American Journal of Primatology, 64, 2004, p. 150; Id., « Male Aggression Toward Females in Mountain Gorillas. Courtship or Coercion ? », dans Martin N. Muller, Richard W. Wrangham (dir.), Sexual Coercion in Primates, Cambridge, Harvard University Press, 2009, p. 112-125 ; Pascale Sicotte, « Intergroup Encounters and Female Transfer in Mountain Gorillas. Influence of Group Composition on Male Behavior », American Journal of Primatology, 30/1, 1993, p. 30.
44 Céline Genton et al., « How Ebola Impacts Social Dynamics in Gorillas. A Multistate Modelling Approach », Journal of Animal Ecology, 84, 2015, p. 166-176.
45 Sur les effets potentiels de l’abattage sélectif des mâles à dos argenté et de la diminution du nombre de mâles par groupe (infanticide, désintégration des groupes), voir David P.Watts, « Gorilla Social », art. cité, p. 306 et 308 ; Martha M. Robbins, « Variation in the Social System », art. cité, p. 51-52. Sur l’augmentation à la suite des ponctions du nombre de rencontres intergroupes, et ses conséquences en termes d’infanticide, voir Juichi Yamagiwa et al., « Infanticide and Social Flexibility in the Genus Gorilla », Primates, 50, 2009, p. 299-300.
46 Dian Fossey, Gorilles dans la brume, op. cit., p. 189 et 204-211.
47 JuichiYamagiwa, John Kahekwa, « Dispersal Patterns », art. cité.
48 JuichiYamagiwa et al., « Infanticide and Social Flexibility », art. cité, p. 294-295.
49 Martha M. Robbins et al. (dir.), Mountain Gorillas, op. cit.
50 George B. Schaller, The Mountain Gorilla, op. cit.
51 Voir les travaux relevant de la micro-histoire (Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du xvie siècle, Paris, Flammarion, 1980 [1976]), de l’histoire (post) coloniale (Philipps V. Bradford, Harvey Blume, Ota Benga. The Pygmy in the Zoo, NewYork, St. Martin’s Press, 1992), et les essais à la croisée de l’histoire et de la littérature (Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes, Paris, Seuil, 2016).
52 Les références de la note précédente disent toutes des dynamiques de large portée, comme la formation et l’écrasement des cultures et des croyances populaires, ou l’exercice de violences systémiques envers les autres exoticisés ou les femmes. Sur la violence des politiques de protection de la faune, voir Violette Pouillard, Histoire des zoos, op. cit.
53 Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot. Sur les traces d’un inconnu, 1798-1876, Paris, Flammarion, 1998 ; Éric Baratay, Biographies animales. Des vies retrouvées, Paris, Seuil, 2017.
54 Dian Fossey, Gorilles dans la brume, op. cit.
55 John Berger, « Why Look at Animals ? », About Looking, Londres, Writers and Readers Publishing, 1981, p. 16.
56 Nous remercions Ludovic Orlando pour cette suggestion.
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Croiser les sciences pour lire les animaux
Ce livre est cité par
- Sebastiani, Silvia. (2022) Ce que les animaux font au genre. Clio. DOI: 10.4000/clio.21322
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