3. Co-construire des projets
p. 193-194
Texte intégral
1Évidemment, il est aussi possible de construire des projets où les disciplines rassemblées ont dès le départ et à égalité, ou presque, leurs questions personnelles, leurs quêtes de réponses, leurs attentes de l’autre. Ces programmes ne sont pas mieux conduits et finalisés ou plus prometteurs que les précédents mais différents dans leur processus. D’ailleurs, les effets à long terme se rejoignent à propos des remises en cause, des requestionnements, des nouvelles lectures, donc des enrichissements de chaque science.
2Nelly Ménard, primatologue, et Violette Pouillard, historienne, se sont engagées dans une réflexion commune afin d’examiner comment l’éthologie et l’histoire pouvaient se nourrir mutuellement et se reconsidérer chacune mais ensemble, par des interactions. Elles ont choisi le cas des gorilles de l’Est africain au xxe siècle et présentent des événements précis, des captures, comme objets d’étude. L’historienne veut pouvoir bien passer du côté des animaux, pour construite ensuite une histoire équilibrée, humano-animale, de la capture. L’éthologue voit là occasion de penser à nouveaux frais des aspects assez peu évoqués par la primatologie contemporaine mais bien réels à un moment ou un autre, tel l’infanticide. Elles mettent en valeur les méfiances envers les humains, les changements géographiques, les dislocations sociales, les violences interindividuelles générées chez les gorilles par ces captures. Elles peuvent ainsi entreprendre un récit plus riche de la pratique et une description plus complexe (nous ajoutons plus juste), dans le temps et l’espace, de ces animaux.
3Armelle Fémelat, historienne de l’art, a rencontré les chercheurs qu’il lui fallait avec Mathias Macé, vétérinaire, et Ludovic Orlando, généticien. Ensemble, ils présentent un croisement impensé jusqu’à présent, étonnant, qui se révèle d’ores et déjà révolutionnaire pour chaque discipline grâce à la technique nouvelle de la morphométrie géométrique. Du côté de la biologie, elle permet de mieux en mieux, en perfectionnant l’approche, d’interroger les silhouettes de chevaux réels mais aussi représentés, tels ceux de Léonard de Vinci, afin de prolonger l’enquête dans sa dimension historique, de contribuer à une histoire des morphologies équines et, par elle, à l’histoire biologique de celle-ci en fonction des environnements. Du côté de l’histoire de l’art, la technique peut suggérer ce qui relèverait de la réalité équine ou de la patte de l’artiste, de tel lieu ou de telle période, et permettre ainsi de questionner des hypothèses sur les manières de composer, de relancer la réflexion sur les sources d’inspiration, d’indiquer que les œuvres ne sont pas que travail imaginatif mais jeu complexe entre art et réalité.
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