Bestioles, fables et microscopes. Les insectes entre naturalistes et romanciers
p. 23-34
Texte intégral
1Dès leur observation, certains animaux semblent favoriser, voire nécessiter, un croisement interdisciplinaire. C’est le cas des insectes, dont la difficulté d’appréhension a fait surgir, en même temps que la science qui leur est consacrée, un langage nouveau, imposant aux spécialistes de manier le microscope autant qu’une plume subtile. Aux xviie et xviiie siècles, l’observation scientifique ne se conçoit pas indépendamment d’un art de la description aux fortes exigences esthétiques, mais il semble que les insectes aient, plus encore que les autres bêtes, entraîné une réflexion sur la manière de les écrire, et incité les entomologistes à puiser dans des ressources poétiques. Si « l’Insecte entre dans la littérature comme il est entré dans la science1 », c’est notamment grâce à Jean-Henri Fabre (1823-1915). Sacré à la fin du xixe siècle « prince des entomologistes », il fut aussi surnommé le « Virgile des insectes », et pressenti, en 1911, pour recevoir le prix Nobel de littérature grâce à ses Souvenirs entomologiques. Cette œuvre scientifique majeure, somme des réflexions et expérimentations menées par Fabre, demeure encore très peu étudiée dans sa composante littéraire. Or, cette dernière n’a pas échappé à nombre de ses lecteurs, certains s’en étant inspirés pour créer autour des insectes des œuvres fictionnelles, à teneur poétique. Il est alors intéressant de mettre en parallèle le discours de Fabre, mais aussi les travaux d’autres scientifiques, de Hooke à Réaumur, et ces œuvres narratives postérieures, afin de mieux révéler les germes littéraires qui déjà accompagnaient les premières recherches entomologiques. Le pays sous l’écorce, de Jacques Lacarrière, illustre cette perspective : en 1980, ce romancier, essayiste et poète, puise à l’héritage de Fabre pour dévoiler, grâce aux outils de la littérature, le monde des bêtes, et souvent des plus petites d’entre elles. Le héros de ce roman aux allures de poème en prose, pris dans un cycle de métamorphoses animales, commence en effet « par le plus difficile, par l’ombre et les insectes2 ». Pour affronter ce monde étrange et tenter d’investir le point de vue des bêtes, Lacarrière est conduit à tordre son écriture, à jouer sur les mots autant que sur l’apport scientifique dont témoigne sa fiction. Sont ainsi développés les liens étroits qu’entretiennent la langue et l’entomologie, dont Fabre avait eu l’intuition, quand il déclarait, un siècle avant Lacarrière : « Je le disais bien, qu’il suffisait de s’imaginer un peu bousier pour changer de fond en comble le langage3. »
2Le croisement entre science et littérature permet ainsi d’élargir la perception des insectes, qui vivent eux-mêmes au croisement de réalités extrêmes. Ils ressortissent en premier lieu à une pensée de l’infra. Petits, ils peuvent basculer dans une infra-visibilité qui nuit à leur observation ; nombreux, dans un grouillement facilement effrayant, ils illustrent une infra-individualité qui les éloigne des mœurs des mammifères et fait obstacle à l’interprétation de leur éventuelle intériorité. Associés aux arachnides, aux myriapodes et aux annélides, les insectes représentent cette « infra-animalité4 » qu’a définie Anne Simon dans le domaine littéraire, ce monde de la vermine qui parcourt les œuvres mais a encore peu attiré l’œil des critiques, focalisés sur les grands animaux plus prompts à interagir avec l’humanité. Pourtant, la réalité de la vermine impose aussi une pensée de l’excès, de l’ultra. Dans un mètre carré de terre vivraient « environ 100 coléoptères, 200 asticots, 100000 collemboles », rejoints par des êtres à la multiplicité difficilement concevable, « environ 25000 annélides, 150000 acariens et autres arachnides, 10 millions de vers nématodes, 500 millions de protozoaires5 ». Comment assimiler ces êtres par la pensée ? En 1859, Jules Michelet titrait un essai L’insecte. L’infini vivant : l’infini existentiel, qui a survécu à toutes les extinctions de masse, tend vers une hybris qui défie l’esprit humain. Ainsi le chante également Edgar Quinet dans son ode à la Création, voyant dans le coléoptère un « rival des dieux antérieur aux dieux, plus durable que les dieux6 ». Microscopique et olympien, l’insecte nargue l’entendement comme l’outillage scientifique : « Trouvé, pris, ouvert, disséqué, vu au microscope et de part en part, il nous reste encore une énigme7 », soupire Michelet. S’ils se sont laissé traverser sans rien révéler de leur vérité, désormais les insectes échappent même à leur recension : à l’aube de l’ère anthropocène, l’observation entomologique ne progresse plus assez vite pour dénombrer les espèces qui s’éteignent chaque année. Ayant longtemps inspiré le dégoût d’une an-humanité radicale, les insectes incarnent désormais la prise de conscience de l’influence humaine sur un vivant qui n’est peut-être plus « infini ». Dans les deux cas, entre mystère impénétrable et pensée écologique de l’urgence, l’entomologie se trouve adossée à une interrogation vive sur l’humain et sa rationalité. Les insectes, cette énigme « dont l’étrangeté est près de nous scandaliser, tant elle confond nos idées8 », éloignent leurs observateurs d’un logos omniprésent, vers l’appréhension d’une certaine folie – folie qui se transmet à l’entomologiste, dont les collections dépassent souvent la simple ardeur cynégétique vers une manie de l’exhaustivité.
3Apparaît alors l’importance d’une prise en compte littéraire de l’insecte pour mieux saisir les particularités de son monde. Travaillant la matière même du langage, socle fondamental de la culture et de l’ordre, l’écriture littéraire permet à l’observateur de fissurer ses représentations, de bousculer ses habitudes de pensées et de descriptions, afin d’accueillir avec plus de pertinence une altérité irréductible à la raison humaine. Elle se fait ainsi un allié puissant du discours scientifique pour appréhender des non-humains aussi étranges que la vermine peut l’être.
Nécessité du croisement disciplinaire devant l’insecte extraterrestre
4L’insecte, de Jules Michelet, n’est perceptible que sous l’égide de l’interrogation :
Tombé du ciel à l’entrée du sombre royaume, en présence du mystérieux et muet fils de la nuit, quel langage vais-je inventer, quels signes d’intelligence, et comment m’ingénier pour trouver moyen d’arriver jusqu’à lui ? Ma voix, mes gestes, n’agissent sur lui qu’en le faisant fuir. Point de regard dans ses yeux. Nul mouvement sur son masque muet. Sous sa cuirasse de guerre il demeure impénétrable. Son cœur (car il en a un) bat-il à la manière du mien ? Ses sens sont infiniment subtils, mais sont-ils semblables à mes sens ? Il semble même qu’il en ait à part, encore sans nom. Il nous échappe ; la nature lui crée, à l’égard de l’homme, un alibi continuel9.
5S’il faut, pour pallier la différence phénoménologique entre l’animal et l’humain, inventer des techniques nouvelles, il s’agit également d’inventer un langage. Celui dont use Michelet à l’ouverture de son œuvre est en effet marqué par la suspicion de son aporie, grevé de tournures négatives. Coupable de sa singularité, l’insecte irrite au point d’être jugé moralement : questionnant la langue même qui l’accueille, échappant aux mots, à la syntaxe et jusqu’à la nomination, sa fuite perpétuelle hors de la raison est l’« alibi » de sa propre existence équivoque. Pour Michelet, appréhender les insectes revient à « s’ingénier », à développer une intelligence particulière, qui frôle le génie et s’appuie sur l’imagination.
6Il est donc utile de s’adonner à des descriptions imaginatives inédites pour susciter les premières hypothèses entomologiques et aiguiller leurs techniques. Pierre-Olivier Dittmar et Yann Philippe Tastevin, dans l’introduction d’une étude sur les « mondes infimes », résument l’importance du langage dans l’appréhension de ce qui n’est pas perceptible par la vue : « Ici plus qu’ailleurs peut-être, connaître c’est rendre sensible. […] C’est bien de nouvelles ekphraseis, de nouvelles formes de récit qu’imposent la connaissance du microbiome, des écosystèmes modèles, ou la perception de la radioactivité. Connaissance savante et procédés techniques impliquent ici une réflexion littéraire10. » L’entomologie n’échappe pas à cette logique des mondes infimes, qui nécessitent une élaboration artistique. La sensibilité qui a aidé à comprendre les insectes se révèle en premier lieu dans la prégnance de l’esthétique au cœur des projets scientifiques. L’étude de la vermine fut ainsi lancée par des peintres, tel August Rösel, d’abord portraitiste de cour, et influencé par des artistes férus d’entomologie comme Jan Goedart11 ou Maria Sibylla Merian12 ; l’appétence de Rösel pour la beauté motiva ses études entomologiques, si poussées que « 250 ans plus tard, nos connaissances sur certaines espèces étudiées par lui n’ont guère progressé13 ». L’émerveillement est en effet étroitement mêlé à la recherche de vérité, le mot de Réaumur restant célèbre, qui affirme qu’il « ne se trouve nulle part autant de merveilleux, et de merveilleux vrai, que dans l’histoire des insectes14 ». Ce constat sera relayé par nombre d’observateurs, telle Colette, qui dans l’introduction qu’elle rédige en 1936 pour un recueil de planches de lépidoptères, affirme que l’ouvrage présente « tous les attraits d’une féérique vérité15 ». Outre l’art figuratif, l’entomologie s’est appuyée sur les récits que fournit le fonds mythologique occidental, autre pont lancé entre l’humain et l’innommable de l’insecte. Mais ce pont est encore bien étroit. Ainsi le note en 1814 le naturaliste Le Roux : pour exprimer la merveille de ces bêtes, « tout le vocabulaire mythologique, les noms des divinités fabuleuses de tous les ordres, ceux des héros et des guerriers chantés par Homère […] n’ont pu suffire à nous les faire tous connaître ; il a fallu, d’après quelques signes empreints sur leurs corps, leur donner des noms de constellations16 ». Le domaine d’étude de l’entomologiste est si vaste qu’il suppose, pour être dit, d’embrasser tous les champs culturels, se ramifiant dans les poèmes antiques autant que dans les sciences astronomiques.
7Il est en effet notable que l’étude des insectes soit constamment mise en parallèle avec le domaine spatial. Décrire ces animaux, souvent observés au plus près du sol, par le biais de comparaisons stellaires, exprime leur paradoxe existentiel : s’ils côtoient les humains au quotidien, les insectes demeurent aussi étrangers que des extraterrestres. Michelet s’imagine « tombé du ciel » devant ces bêtes, Maurice Maeterlinck, dans l’introduction de sa Vie des termites, confesse que son œuvre ne sera « en somme que l’histoire d’une peuplade inconnue, d’une peuplade qui semble par moments originaire d’une autre planète17 », quand Éric de Tugny, entomologiste et dessinateur, collaborant au livre d’art Insectes et compagnie, décrit sa vie d’artiste au confluent de deux passions, les insectes et les étoiles18. Ce tropisme de l’association entre astres et vermine dépasse la simple volonté de décrire une infinitude, et témoigne d’une similarité des méthodes. L’astronomie a suscité un même besoin d’outils littéraires, une même urgence à rendre sensible ce qui échappe aux sens humains. Ce fut le cas dès le xviie siècle, avec l’évidence de l’héliocentrisme et la découverte concomitante de l’infini spatial ; Frédérique Aït-Touati a montré l’importance du travail de la langue dans l’appréhension de cet univers qui soudain s’accroît. Devant les galaxies, un même problème « d’accessibilité, de visibilité, de crédibilité19 » déclencha la mise en place d’un arsenal littéraire pour dire l’inconnu : « Seule la fiction peut permettre de dépasser les limitations du réel observable pour trouver un point de vue nouveau d’où décrire le monde20. » Aussi un autre précurseur de la science entomologique, Robert Hooke, a-t-il explicitement ancré ses premières expériences au microscope dans le sillage de la révolution du télescope. En 1665, dans son ouvrage Micrographia, il dévoile au monde une nouvelle face des petites bêtes, êtres qu’il présente comme étant plus fascinants encore que les objets célestes, du fait que nous les côtoyons depuis toujours sans le savoir21.
8L’entomologie est d’abord la science d’un écart, écart entre les vivants aussi considérable que l’écart entre des planètes ; mais la distance entre les humains et les insectes s’enfle d’un espace légendaire, où la vérité ne se conçoit que dans la « féérie », et où il faut accepter les limites de la rationalité humaine. Parler des insectes ne peut s’émanciper d’une émotion première, comme le rappelle Jean-Henri Fabre : dans un développement sur les grillons, il rapproche lui aussi ces bêtes des espaces stellaires, mais pour mieux faire ressortir leur touchante vivacité. De fait, « la science nous parle des distances [des astres et] elle nous stupéfie d’immensités, mais elle ne parvient pas à émouvoir en nous une fibre. Pourquoi ? Parce qu’il lui manque le grand secret, celui de la vie. […] En votre compagnie, ô mes Grillons, je sens au contraire tressaillir la vie, âme de notre motte de boue22. » Ce tressaillement se communique, chez cet entomologiste, dans la finesse d’une prose poétique.
Entomologie et vivacité littéraire chez Fabre
9À rebours des collections entomologiques qui s’élaborent à grand renfort de pinces, d’aiguilles, d’étaloirs et d’insectes tués, l’histoire de la discipline est ponctuée d’hommes attentifs au vivant. Robert Hooke se soucie de garder en vie ses animaux d’étude, non pas par éthique mais par rigueur scientifique. Il faut que l’image soit fidèle au modèle, rappelle Frédérique Aït-Touati, et que les dessins et leur description transmettent l’energeia, puissance suggestive du langage qui résulte de la description précise et vive de la bête23. Fabre, rompant avec les méthodes entomologiques d’alors, privilégie les études en milieu naturel. Cette rupture est corrélée à son style d’écriture : la richesse des observations sur le terrain, leur caractère aléatoire et surprenant, se reflète dans une façon de les accueillir en langue qui refuse tout arasement descriptif. Si le naturaliste rejette les bêtes épinglées, il ne peut pas non plus « se contenter de la langue appauvrie, rationalisée et abstraite de son temps », comme le montre Jacques Brosse dans son introduction au Scarabée, un recueil de textes choisis de Fabre : à l’intense variété entomologique répond la luxuriance d’un langage « fécondé par le patois, influencé par le provençal, tout imprégné de savoureuses locutions campagnardes », influencé par « des modèles qu’il lit et relit, Rabelais et La Fontaine24 ».
10La poésie n’est en effet pas étrangère au naturaliste, qui se plaît à composer des pièces en vers, jonglant entre le français et le provençal, réécrivant « La Cigale et la Fourmi » ou célébrant « Le Chant du grillon ». Cet orthoptère, familier des poètes qu’il inspire par son chant continu, devient dans ce texte l’égal de Fabre :
Les meilleurs ce sont les modestes.
Que faut-il pour glorifier
Le printemps, pour sanctifier
L’éveil et les fêtes agrestes
Des champs, des bois, des prés et des sillons ?
– Petites fleurs et concert de grillons25.
11Se lit dans ces vers de 1899, contemporains de la sixième série des Souvenirs entomologiques, l’éthique de la modestie qui guide toutes les études de Fabre. C’est en spectateur attentif, mais conscient de l’étendue de son ignorance face à la magie de l’insecte, qu’il décrira pendant seize ans son expérience de scientifique. Derrière cette humilité heuristique, ce sizain révèle aussi l’insatiable appétit d’univers, proche en effet de celui de Rabelais, transmis dans des rimes riches, des procédés d’enjambement aux vers 2 et 3 qui se laissent déborder par le chant d’une vie pleine, accrus par les diérèses des deux verbes, puis par la gradation du mètre, qui d’octosyllabique devient décasyllabique pour embrasser un paysage provençal aimé. Derrière l’ampleur du tableau se joue aussi le désir du poète d’être au plus près du grillon son modèle, de mimer le « cri-cri, cri-cri » que Fabre répète dans son refrain, en usant de structures binaires répétées, « des champs, des bois, des prés ».
12Il est fécond de placer ces poésies, restées confidentielles et qui restent à étudier, en arrière-plan de la lecture scientifique des Souvenirs pour souligner leur ancrage poétique fortement travaillé, non pas dans un simple désir de constituer un ouvrage plaisant, mais aussi dans l’espoir de s’approcher au plus près d’une vérité des insectes, d’user des ressources de la langue comme d’une loupe pour appréhender les existences, les rythmes et les bizarreries de ces animaux. Jacques Brosse s’émerveille chez Fabre de « ce don très étrange et très rare de se mettre en la place de l’objet regardé, le devenir, de se métamorphoser en lui26 » : ce don trouve son origine dans la souplesse d’une langue dont les inflexions puisent aux sources de la tradition poétique française. Ainsi les Souvenirs s’ouvrent-ils sur une exaltation méridionale qui emprunte beaucoup à la reverdie médiévale, l’insecte prenant les traits d’un rossignol moderne enjoignant le poète à entamer sa marche autant qu’à prendre la parole :
Les choses se passèrent ainsi. Nous étions cinq ou six : moi le plus vieux, leur maître, mais encore plus leur compagnon et leur ami ; eux, jeunes gens à cœur chaleureux, à riante imagination, débordant de cette sève printanière de la vie qui nous rend si expansifs et si désireux de connaître. Devisant de choses et d’autres, par un sentier bordé d’hyèbles et d’aubépines, où déjà la Cétoine dorée s’enivrait d’amères senteurs sur les corymbes épanouis, on allait voir si le Scarabée sacré avait fait sa première apparition au plateau sablonneux des Angles, et roulait sa pilule de bouse, image du monde pour la vieille Égypte […]. Pour abréger, disons que, gens simples et naïfs, prenant un vif plaisir à vivre avec les bêtes, nous allions passer une matinée à la fête ineffable du réveil de la vie au printemps27.
13Le foisonnement vital de la faune justifie cette ouverture élégiaque proche du poème en prose. Le topos littéraire du printemps est repris par deux fois, quand la « sève » qui emplit les jeunes entomologistes induit aussi le rythme allant des phrases. Elle s’écoule en luxuriance des mots rares, « hyèbles », « corymbes », en phrases qui s’étendent de points-virgules en incises pour témoigner de l’opulence du territoire du Scarabée sacré, prolongeant la Provence dans de mythiques racines égyptiennes. Cette ambition d’un écrit ample, habité de personnages attachants, comme « petit Paul », le fils Fabre, a fait le succès de l’ouvrage, mais assure plus discrètement un écrin vivant aux insectes mentionnés, évitant leur épinglage mental.
14La vivacité du récit permet en effet de subtils décrochages énonciatifs et des jeux de points de vue : ils donnent à Fabre l’occasion de penser du côté des insectes, tout en insistant sur la toute-puissance de l’instinct qui prévient l’émancipation individuelle. « Se métamorphoser » en acridien ou en ver luisant nécessite une métamorphose du langage, qui se joue notamment au niveau pronominal. Le passage consacré au Grand-Paon peut être analysé en ce sens. Le naturaliste ayant emprisonné une femelle, sa maison se trouve brusquement envahie par des mâles. Le récit témoigne de l’excitation de la maisonnée, maintenant le lecteur en haleine à partir de la promesse de la première phrase du chapitre : « Ce fut une soirée mémorable. » Le style est celui du journal intime, ponctué de discours directs qui rendent compte, par la presse de la parole et les exclamations, du côté extraordinaire d’une telle apparition : « Viens vite, crie petit Paul à son père, viens voir ces papillons, gros comme des oiseaux ! La chambre en est pleine28 ! » Un problème se pose alors à l’entomologiste : comment ces papillons parviennent-ils à repérer, même de très loin, une femelle captive dans sa demeure ? Pour se représenter le trajet de l’insecte, le récit emprunte son point de vue spatial : « La maison est cachée sous de grands platanes ; elle a pour vestibule extérieur une allée à épaisse bordure de lilas et de rosiers29. » Dissimulée « sous » les arbres, le bâtiment est ainsi perçu depuis un angle aérien. Tout le parcours d’un papillon muni d’une « optique à facettes » est suivi par des phrases dont la complexité grammaticale épouse les difficultés du Grand-Paon, qui « à travers ce fouillis de branchages, dans une complète obscurité, […] doit louvoyer pour atteindre le but de son pèlerinage30 ». Plus subtile est l’utilisation des pronoms : le « nous » est fréquent chez Fabre, il réfère aux expérimentateurs, parfois élargis aux capacités de l’espèce humaine quand le savant soupçonne, par exemple, des « effluves de subtilité extrême, absolument insensibles pour nous31 ». Ce pronom peut inclure, dans l’économie du récit, le lecteur lui-même, qui suit alors la progression de la réflexion quand l’entomologiste tente une nouvelle hypothèse : « L’expérience va nous le dire32. » Ce pronom devient l’équivalent du « on », fréquemment utilisé lui aussi, qui dissout les frontières entre le temps de l’écrivain et celui d’un lecteur qui revit les expériences heure après heure. Enfin, quand l’intensité du récit atteint son paroxysme et que Fabre comprend l’éthologie de ce papillon Grand-Paon, qui ne vit sous sa forme d’imago que pour se reproduire et qui, sans capacité de s’alimenter, est voué à une existence de quelques jours au plus, l’énonciation s’ouvre à l’animal lui-même : « S’il ne peut profiter [de la reproduction], tout est fini […]. À quoi bon vivre désormais ! Stoïquement alors on se retire dans un coin et l’on dort son dernier sommeil, fin des illusions comme aussi des misères33. » La mort du papillon, avec ce « on » surprenant, ouvre le texte à ce que Sophie Milcent-Lawson, dans son étude du « point de vue animal en régime fictionnel », nomme un « “on” d’empathie », facteur d’« hybridité grammaticale humain-animal34 ». Le « on » peut introduire le point de vue de la bête, lui donner le statut de locuteur, en contournant l’obstacle du « je », qui rendrait compte d’une verbalisation trop marquée d’anthropomorphisme. C’est le cas dans ce chapitre de Fabre, où ce « on », qui insère le point de vue du papillon, trouve sa place au milieu des autres référents humains. Cette insertion est d’autant plus fine qu’elle emprunte la voie de l’empathie, en décrivant l’angoisse des derniers moments d’existence, pressentie par tout être vivant. L’exclamation du papillon mourant est insérée dans un style indirect libre, qui lui donne voix dans la fluidité du texte, en lui permettant donc d’échapper à la lourdeur d’un discours direct qui ne différencie pas la pensée de la prise de parole, et qui serait grotesque dans le cas du lépidoptère. Les choix linguistiques de Fabre, très travaillés derrière une apparente spontanéité du récit, lui permettent ainsi de mêler la voix de l’insecte à celles des protagonistes et du lecteur, sans rabaisser sa charge de mystère et son altérité d’animal. « La minoration de la parole rapportée au profit de la pensée représentée et des comptes rendus de perception, ainsi que la préférence accordée au style indirect libre, témoignent d’une volonté de se détourner de l’anthropomorphisme qui a longtemps présidé à la représentation animale en littérature35 », note Sophie Milcent-Lawson à partir de textes du xxe siècle. Fabre, dans sa recherche d’une absolue rigueur scientifique, avait déjà, quelques décennies plus tôt, fait le choix d’une telle rigueur littéraire.
Lacarrière : scandale de l’insecte, folie du langage
15Tous les observateurs attentifs aux insectes ont succombé à l’impression de folie ressortant de ces existences qui enfreignent beaucoup de lois humaines. « Les Insectes, par l’extrême diversité de leurs formes et de leurs biologies, par leurs innombrables adaptations, qui semblent souvent le fruit d’une véritable “folie imaginative”, ont considérablement augmenté tout à la fois nos connaissances et nos problèmes touchant la longue aventure des êtres vivants », reconnaissent Claude Caussanel et Jacques Carayon dans l’introduction de l’ouvrage de Rösel, rappelant qu’à son époque « beaucoup de gens considèrent presque comme une perversion l’intérêt porté à des créatures jugées alors malfaisantes et quasi démoniaques36 ». Les insectes sortent du sillon de la raison humaine, de même que le portrait de la mouche, croqué par Robert Hooke dans des dimensions inédites, déborde amplement, quand on le déplie, le format de l’ouvrage qui l’accueille pour mieux témoigner de la puissance de son étrangeté37. Que les insectes outrepassent les limites de l’entendement, Fabre le reconnaît volontiers, lorsqu’il étudie notamment l’instinct de ses protégés, montrant que chez eux, « à la science profonde s’associe l’ignorance non moins profonde », jusqu’à des manières qui touchent à quelque chose de « souverainement absurde38 ». Un témoignage troublant de cette démence manifestée par l’insecte est le chapitre consacré à la mante religieuse, dont les mœurs cannibales, dans une prose heurtée par le dégoût, révèlent pour Fabre des « aberrations » atteignant vite un degré « révoltant39 ».
16Cette sortie hors du cadre même de l’imagination40 ne peut être prise en compte que dans un langage qui se déforme, se plie, dépassant les limites communicationnelles qui régissent les Souvenirs entomologiques. Car c’est l’usage de la langue, socle fondamental de la culture et de l’ordre, qui révèle immédiatement les déviances de la raison. Gérard Dessons, dans son étude des relations entre littérature et folie, rappelle que « ce qui se passe à l’intérieur du langage – de la logorrhée au mutisme – est certainement le premier symptôme de ce que la psychiatrie et le sens commun identifient comme démence41 ». Il est alors intéressant de voir ces symptômes à l’œuvre sous la plume de Lacarrière, écrivain qui se fait naturaliste au contact des insectes, dont les descriptions doivent beaucoup à Fabre, jusqu’à la réécriture de certains passages comme la dévoration du mâle de la mante. Lacarrière rend évident ce que Fabre ne peut dire qu’à demi-mot : se pencher sur le monde de l’insecte est un scandale qui menace l’humanité dans son langage même, et il faut se faire poète pour prendre acte de l’aberration, grâce à une sortie hors de la ligne syntaxique. La grande ambition du Pays sous l’écorce est de représenter le dire de l’animal, assumant cette fois l’usage de la première personne, mais en la contrecarrant par des innovations grammaticales ou orthographiques propres à assimiler le langage de l’insecte à une langue radicalement étrangère, qui dépasse les idiomes humains pour définir de nouvelles émissions verbales, et permettre de « frissonner une langue, frémir une grammaire42 ». Les modifications syntaxiques s’accroissent au fil du roman. La langue du criquet est ainsi compréhensible, moyennant une altération du rythme de lecture : le crissement des membres exprimant essentiellement l’identité de l’insecte, il est traduisible en « je… suis… je… suis43… ». Cette « voix dermique44 » invite le lecteur à prendre en charge, même au simple niveau de la vitesse d’élocution, une corporalité de la communication qui permet d’appréhender sous un jour nouveau des possibilités existentielles. De même, face à la reine des termites, Lacarrière comprend, grâce à un jeu paronymique, qu’un « boyau pansu » peut être un « boyau pensant ». Mais c’est aussi face à cette reine, à son mode de vie dans lequel le narrateur ne peut se projeter sans risquer la folie, que le récit bascule dans un langage de la répétition, qui perd la fluidité de la prose pour aboutir à un martèlement proche de celui qui rythme les profondeurs de la termitière : « Stupeur. Horreur. Hideur. Terreur45. » La surprise de cet autre monde puise dans les ressources de la poésie pour s’exprimer : la suite de mots est saccadée comme un quatrain de dissyllabes, et la seule valeur sur laquelle repose encore l’esprit de l’« hominien » paniqué est la reprise des sonorités en rimes suffisantes ou riches. En outre, s’il faut accueillir de nouveaux substantifs, comme « termitité46 », il faut aussi accepter une pensée qui se défait du nominal pour s’engager sur la voie de l’adjectival (« Un Abdomen. Énorme. Géant. Hypertrophié. Enflé de sperme. Gonflé de sperme47 »), d’une instabilité proche de celle de la bête. Comme l’a analysé Anne Simon, l’approche littéraire des animaux évite en effet la pensée frontale du nominalisme, pour favoriser l’oblique des adjectifs, « ces petits mots instables que la philosophie occidentale déteste tant48 ». Il faut enfin accepter que l’insecte puisse s’exprimer selon des voies étrangères à l’humain. Quand le héros est pris dans la toile de l’épeire fasciée, il met des jours avant de comprendre le manège de l’araignée. C’est qu’il lui manquait le terme approprié, jusqu’à la fulgurance de la révélation : « Un ballet ! Le mot est venu machinalement sur mes lèvres et voici que brusquement il m’illumine, il me délivre ! Oui, c’est bien un ballet qu’Elle danse sous mes yeux et, du coup, tout s’éclaire49. »
17Or, Lacarrière ne se contente pas de révéler la nature a-verbale de l’existence entomologique, il l’accueille dans son texte : le grillon inverse les lettres et ne cesse de « striduler qu’Il était chtoanoute, né de la retre, qui était cratime ou, si l’on préfère, sa tmirace50. » La lecture achoppe, la prose dévie vers une folie langagière qui n’est expliquée qu’en note (où se révèlent les mots « autochtones », « terre », « matrice »). La difficulté à retranscrire la danse de l’araignée aboutit quant à elle à la suppression de multiples lettres au sein des phrases : l’anagramme du grillon se mue en pure absence, la glossolalie bascule dans le silence, qui n’est plus jeu mais incompréhension. Si de nouveau les notes transcrivent le langage propre à « huit pattes et deux pédipalpes51 », il est perceptible, à ce stade du récit, que le ludisme a des implications bien plus graves. Il s’agit, en déstabilisant ce qui fonde le socle de la raison occidentale, de mettre l’an-humain au centre du texte, de lui redonner l’importance qu’il occupe dans la biomasse terrestre pour repousser dans les marges du texte une humanité qui croit trop facilement pouvoir annexer toute vie à un logos omnipotent. La description de la mante religieuse défie enfin tous tabous, par l’attitude de la femelle « dévote » et affamée, transgressant l’« introït » religieux par sa proximité avec le « coït52 », et rendant palpable la dangerosité de la langue que l’on croit maîtriser. Car si Fabre décrit le mâle comme étant « fluet53 », Lacarrière le voit plutôt « menu » et, en basculant dans le point de vue de l’insecte, dévoile derrière sa maigreur une qualité de repas. Dans Le pays sous l’écorce, où même l’homonymie peut être fatale, la fiction n’est pas divertissement, mais avertissement, et engagement à interroger les facultés de l’humain à entrer en contact avec les animaux les plus lointains qui soient.
18Frédérique Aït-Touati souligne le problème contemporain, révélé à la lumière des sciences du xviie siècle, du « discrédit de l’imagination comme faculté intellectuelle54 ». Se pencher sur le cas des insectes, ces habitants de l’ailleurs, ces témoins de la déraison du point de vue humain, souligne à quel point l’effort imaginatif, mais aussi linguistique, est nécessaire pour penser l’entomologie de façon féconde. Hugh Raffles, retraçant dans Insectopédie certains moments forts de cette science, se demande si les insectes rêvent, tout en reconnaissant d’emblée que l’hypothèse est « trop spéculative pour les biologistes d’aujourd’hui55 ». Pour dessiner les linéaments d’un rêve d’insecte, il faudra convoquer toutes les ressources du croisement interdisciplinaire, des neurosciences aux arts plastiques, qui seules permettront de passer outre l’aporie de cet inconcevable.
Notes de bas de page
1 Émile Revel, L’épopée des insectes : la pensée, la poésie et l’art dans les Souvenirs entomologiques de Fabre, Marseille, Sémaphore, 1942, p. 8.
2 Jacques Lacarrière, Le pays sous l’écorce, Paris, Seuil, 1980, p. 9.
3 Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques. Études sur l’instinct et les mœurs des insectes, éd.définitive illustrée, Paris, Delagrave, 1920-1224 [1879-1907], série V, p. 215.
4 Anne Simon, « Portrait de l’artiste en hibou : de l’usage anthropologique de la zoologie chez Proust », Contemporary French and Francophone Studies, 9/2, 2005, p. 139-150. Anne Simon reprend cette notion dans « “Loups-phoqueries” : les points de vue animaux chez Béatrix Beck », Contemporary French and Francophone Studies, 14/3, 2010, p. 267.
5 Vincent Albouy narre l’expérience, menée dans les années 1950, dans Les insectes ont-ils un cerveau ?, Versailles, Quæ, 2010, p. 83.
6 Edgar Quinet, La Création, Paris, Librairie internationale, 1870, t. 1, p. 243-244.
7 Jules Michelet, L’insecte. L’infini vivant, 6e éd., Paris, Hachette, 1867 [1859], p. VI-VII.
8 Ibid., p. VII.
9 Ibid., p. VI.
10 Pierre-Olivier Dittmar, Yann Philippe Tastevin, « Chroniques de l’infra-perceptible », Techniques et culture, 68/12, Mondes infimes, 2017, p. 7-8.
11 Jan Goedart, Metamorphosis et historia naturalis insectorum, Medioburgi, Fierensium, 1662-1669.
12 Maria Sibylla Merian, Metamorphosis insectorum surinamensium, Göttingen, Université de Göttingen, 1705.
13 Claude Caussanel, Jacques Carayon, « Avant-propos », dans August Johan Rösel von Rosenhof, Les insectes, Paris, Citadelles, 1988, n. p.
14 René-Antoine Ferchault de Réaumur, Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, Paris, Imprimerie royale, 1734, t. 1, p. 10.
15 Colette, Splendeur des papillons, Paris, Plon, 1936, p. 10.
16 M. Le Roux, L’art entomologique, poème didactique en six chants, Versailles, Lebel, 1814, p. 53-54. Nous modernisons l’orthographe.
17 Maurice Maeterlinck, La vie des termites, Paris, Fasquelle, 1927, p. 11.
18 Jean-Jacques Grand, Éric de Tugny, Insectes et compagnie, Paris, Alternatives, 2008.
19 Frédérique Aït-Touati, Contes de la lune. Essai sur la fiction et la science modernes, Paris, Gallimard, 2011, p. 18.
20 Ibid.
21 Voir Id., Fictions of the Cosmos. Science and Literature in the Seventeenth Century, Chicago, University of Chicago Press, 2011.
22 Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, op. cit., série VI, p. 264-265.
23 Frédérique Aït-Touati, Fictions of the Cosmos, op. cit.
24 Jacques Brosse, « Fabre-des-insectes », dans Jean-Henri Fabre, Le scarabée, Paris, La Table ronde, 2007, p. 17.
25 Jean-Henri Fabre, Fables et poésies françaises et provençales [1842-1908], illustrations de Vincent Martin-Granel, préface d’Anne-Marie Slézec, Paris, L’aucèu libre, 2004, p. 73.
26 Jacques Brosse, « Fabre-des-insectes », art. cité, p. 20.
27 Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, op. cit., série I, p. 1.
28 Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, op. cit., série VII, p. 364.
29 Ibid., p. 366.
30 Ibid.
31 Ibid., p. 374, nous soulignons.
32 Ibid., p. 371, nous soulignons.
33 Ibid., p. 372, nous soulignons.
34 Sophie Milcent-Lawson, « Zoographies. Traitements linguistique et stylistique du point de vue animal en régime fictionnel », Revue des sciences humaines, 328, 2017, p. 97.
35 Ibid., p. 106.
36 Claude Caussanel, Jacques Carayon, « Avant-propos », art. cité.
37 Robert Hooke, Micrographia, Londres, Martyn and Allestry, 1665.
38 Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, op. cit., série I, p. 201.
39 Ibid., série V, p. 330.
40 Ibid., p. 332.
41 Gérard Dessons, La manière folle. Essai sur la manie littéraire et artistique, Houilles, Manucius, 2010, p. 63.
42 Jacques Lacarrière, Le pays sous l’écorce, op. cit., p. 32.
43 Ibid., p. 34.
44 Ibid., p. 29.
45 Ibid., p. 44.
46 Ibid., p. 52.
47 Ibid., p. 44.
48 Anne Simon, « Du peuplement animal au naufrage de l’Arche : la littérature entre zoopoétique et zoopoéthique », L’esprit créateur, 57/1, 2017, p. 85.
49 Jacques Lacarrière, Le pays sous l’écorce, op. cit., p. 161.
50 Ibid., p. 140.
51 Ibid., p. 163.
52 Ibid., p. 145.
53 Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, op. cit., sérieV, p. 330.
54 Frédérique Aït-Touati, Contes de la lune, op. cit., p. 21.
55 Hugh Raffles, Insectopédie, trad. par Matthieu Dumont, Marseille, Wildproject, 2015, p. 419.
Auteur
Docteure en littérature française, ENS de Lyon/EHESS Paris, avec une thèse intitulée La dynamique animale dans les œuvres poétiques de Supervielle, Saint-John Perse et Char. Présence, surgissement, échappée, 2019. Elle a dernièrement publié : « “Portés d’un trait réel jusqu’aux abords du surréel” : Oiseaux de Saint-John Perse », dans Éric Dayre, Corinne Bayle (dir.), Le réel de la poésie, p. 171-187 (Kimé, 2019) ; « Quand les oiseaux donnent forme aux mots. Une lecture de “Cohorte” de Saint-John Perse », dans Éric Baratay (dir.), Aux sources de l’histoire animale, p. 37-48 (Éditions de la Sorbonne, 2019).
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