« Enfin, nous sommes en France ! » Les écrits des militaires russes sur la campagne de 1814
p. 101-108
Texte intégral
1Les guerres contre Napoléon furent un sujet catalyseur de l’essor que la littérature russe a connu tout au long du xixe siècle. La multiplication exponentielle des écrits privés des contemporains qui désiraient garder la trace de leurs impressions de cette époque riche en événements en constitue un élément important. En effet, le corpus des textes privés se démarque aussi bien par son volume que par la diversité des origines sociales des auteurs et des formes littéraires exploitées.
2Le nombre impressionnant de textes – correspondance, journaux intimes, mémoires, carnets de route – est régulièrement relevé par les chercheurs. La richesse de ce corpus est due non seulement à la bonne volonté des témoins oculaires, mais aussi aux attentes plus ou moins implicites formulées par les historiens. En effet, aux moments de recrudescence de l’intérêt du public et/ou du pouvoir (surtout au milieu du xixe et au début du xxe siècle) pour la période 1812-1818, les sociétés historiques et les historiens demandent aux vétérans de rédiger leurs souvenirs. Alexandre Mikhaïlovski-Danilevski – aide de camp de l’empereur Alexandre Ier et auteur d’une histoire officielle des guerres menées par la Russie contre la France napoléonienne, rédigée à la demande du tsar –, est notamment connu pour avoir souvent sollicité les vétérans en les invitant à écrire leurs souvenirs.
3Beaucoup de ces textes sont édités dans des recueils spécialisés, d’autres paraissent sous forme de monographies. Un grand nombre a été publié en feuilletons dans les revues historiques et littéraires tout au long du xixe siècle. Enfin, quelques-uns restent encore en partie ou entièrement inédits à ce jour. C’est le cas du manuscrit d’Antonovski et de celui de Tikhanov, utilisés pour la présente étude. Les auteurs des textes ne sont pas tous issus de la plus haute société. En effet, nombre d’écrits sont rédigés au feu des bivouacs – parfois en s’appuyant sur la surface plane d’un tambour à défaut de table – par de « petits » officiers, voire par quelques soldats lettrés. Enfin, une partie du corpus est constituée par les transcriptions des récits oraux des vétérans illettrés collectés par leurs descendants ou par des historiens.
4Rédigés « à chaud » ou a posteriori d’après des souvenirs restés vivaces, les nombreux écrits laissés par les militaires russes permettent de reconstituer leur état d’esprit. La reconstruction de leurs sentiments et de leurs perceptions, qui peut sembler assez homogène à première vue, est l’objet de cette étude. L’analyse comparative détaillée des textes strictement contemporains (correspondance, journaux intimes, carnets de route) d’une part, et des écrits postérieurs (les mémoires) d’autre part, permet de relever quelques caractéristiques propres à chacune des deux catégories de textes.
Les événements inattendus : le séjour en France et l’attitude d’Alexandre Ier
5C’est contre l’opinion de la majorité de son entourage qu’Alexandre Ier prend en décembre 1812 la décision de poursuivre les hostilités au-delà des frontières russes. C’est également en grande partie grâce à l’obstination du tsar que les troupes alliées franchissent le Rhin durant les derniers jours de l’année 1813 et, trois mois plus tard, atteignent victorieusement la capitale française1. Une fois la capitulation de Paris signée, les régiments d’élite des troupes alliées font leur entrée triomphale dans Paris le31 mars 1814. Mais l’attitude d’Alexandre est également singulière sur un autre point. À ses yeux, le séjour de ses troupes en Europe doit rappeler le moins possible une occupation militaire. Les campagnes de 1813-1814 offrent aussi à Alexandre l’occasion de mener un autre combat, celui contre les stéréotypes et les idées reçues sur la Russie : « Soyez les plus polis possible avec les étrangers. Il faut les persuader que nous ne sommes pas des ours2 », aurait-il dit aux membres de sa délégation au congrès de Vienne, exprimant ainsi une idée ancienne.
6En effet, c’est dès le début des campagnes étrangères que le commandement russe a tâché de maîtriser au mieux le comportement de ses troupes. L’état-major s’adresse à ces dernières en rappelant la différence entre conquérants et libérateurs et en insistant sur le fait que la vie et les biens des civils ne devront en rien être inquiétés. Les officiers et les généraux doivent veiller sur la discipline des subordonnés de façon « stricte et sans relâche », conformément à la volonté d’Alexandre3. De multiples ordres de l’état-major réglementent le ravitaillement, le cantonnement et l’utilisation des transports fournis par l’habitant ainsi que les mesures contre les excès de tout genre. À son entrée dans la capitale, Alexandre Ier confirme cette attitude, tout en soulignant la dimension politique de son séjour à venir. Dans son adresse à la municipalité parisienne et au Sénat, l’empereur de toutes les Russies déclare n’avoir que Napoléon pour ennemi et il promet de veiller sur la ville de Paris : « Je protégerai, je conserverai tous ses établissements publics ; je n’y ferai séjourner que des troupes d’élite ; je conserverai votre garde nationale4. »
7L’attitude des mémorialistes russes envers cette politique est double. Durant la traversée des provinces, ils la qualifient d’efficace. En outre, les premières mesures d’Alexandre dans Paris – le refus de changer le nom du pont d’Austerlitz, la garde montée sur la place Vendôme avec l’ordre d’empêcher les badauds parisiens de démolir la statue de Napoléon – inspirent aux Russes de la fierté.
Paris […] [est] la capitale de toute l’Europe civilisée : les objets d’art de toutes les parties du monde qui y sont rassemblés sont désormais un sujet de fierté pour chaque Russe, parce que l’empereur [Alexandre] qui avait tout cela à sa disposition, a tout préservé, donnant ainsi à tout l’univers un témoignage de magnanimité et de générosité5.
8Mais ensuite, la réglementation stricte de l’accès à la capitale – six régiments de la garde russe séjournent dans Paris même et seuls les militaires des grades supérieurs des autres régiments disposent de billets spéciaux leur permettant de s’y montrer – ainsi que les mesures sévères concernant le ravitaillement des troupes suscitent le mécontentement des combattants russes. Les vainqueurs se croient moins respectés que les vaincus, ils s’en montrent découragés et ceux qui n’ont pas pu visiter Paris sont déçus. Alexandre Ier aurait « parfaitement atteint son but : il a gagné en même temps la bonne disposition des Français et le murmure de son armée victorieuse6 ». Cette politique a bien marqué les esprits : l’ambivalence des sentiments des militaires russes se repère dans les textes rédigés au jour le jour comme dans les mémoires écrits plus tard.
Les militaires russes et leur perception de la France
9En 1814, les Russes se réjouissent de voir la guerre toucher à sa fin et sont fiers d’avoir vaincu Napoléon. L’armée prend la direction de Paris et cette nouvelle échauffe les esprits. La bataille sous les murs de la capitale provoque une nouvelle vague d’enthousiasme. « Les soldats avançaient à qui mieux-mieux ; il fallait retenir les hommes qui désiraient tous être les premiers7. »
10Le moment exaltant de la victoire est décrit avec la même force, tant dans les textes rédigés au jour le jour que dans les mémoires. Mouraviov insiste dans son journal sur le fait que ses camarades comprenaient la grandeur du moment historique où les troupes russes allaient effectuer leur entrée dans la capitale française8, et, trente ans plus tard, Antonovski note dans ses mémoires, dont on cite ici l’extrait inédit, que Paris était pour lui « quelque chose d’extraordinaire, de surnaturel et qu’il était l’unique but de tous ses vœux9 ». Les auteurs de tous les textes – contemporains ou ultérieurs – s’accordent également sur le fait que la capitulation de Paris fut perçue par les Russes comme une revanche symbolique. « “Gloire à Dieu ! Nous avons vu Paris avec l’épée à la main ! Nous avons vengé Moscou”, répétaient les soldats10. »
11Parallèlement, tout en rendant justice aux mérites militaires des Français, les Russes se disent perplexes devant l’absence d’une forte résistance en 1814. Beaucoup manquent de lucidité à l’égard d’une France épuisée par des guerres interminables et ils expriment de la fierté, voire de la vantardise : « Paris n’est pas comme Moscou ! Paris, c’est la France, mais Moscou ce n’est pas encore la Russie, et les Russes l’ont prouvé. Chaque Russe est fier et heureux de se dire Russe11. » Les comparaisons de la France avec les réalités connues – la Russie, les pays allemands, l’Angleterre – sont présentes dans plusieurs textes, et d’autres exemples de jugements faussés par ces comparaisons seront cités plus loin. Notons cependant que la réflexion des militaires russes sur la place de la capitale dans la vie du pays se trouve, à leur insu, contemporaine d’une réflexion française où la question « Paris est-il la France12 ? » occupe une place importante.
12La richesse des descriptions témoigne de l’enthousiasme ressenti par les Russes à la perspective inattendue de « visiter » cette France qu’ils croyaient déjà connaître de par leurs lectures ou les récits de leurs précepteurs français ou francophones. Les textes sont, en effet, très instructifs. Les auteurs parlent de la fertilité des terres, du niveau du développement de l’agriculture et de l’état des routes. Les Russes observent et décrivent les habitants, leurs vêtements, mœurs et coutumes ainsi que la nourriture locale. Si les descriptions de la campagne française sont plus nombreuses dans les textes rédigés au jour le jour, les remarques sur les villes sont également présentes dans les mémoires.
13Les textes rédigés a posteriori contiennent davantage de réflexions sur l’architecture religieuse et sur la piété insuffisante des Français, les conséquences désastreuses de la Révolution sur la vie religieuse française étant bien présentes dans l’esprit des Russes au début du xixe siècle. En revanche, ce sont naturellement les textes rédigés au jour le jour qui conservent le reflet direct des impressions ressenties par leurs auteurs. Les journaux intimes, les carnets de route et la correspondance des militaires russes ayant « visité » la France représentent un corpus particulièrement précieux pour une étude sur le fonctionnement des stéréotypes, les spécificités de la perception et de l’interprétation de l’altérité.
14Les Russes critiquent les cheminées ouvertes ou « âtres » des Français ainsi que leurs « izbas de pierre », qui seraient inférieures aux poêles et aux maisons russes en matière de production et de conservation de la chaleur. Alexandre Tchertkov s’étonne d’autant plus de ne trouver « nulle part du pain blanc en France, et même dans leurs grandes villes comme Troyes, Langres, etc. » que c’est précisément de la part des Français qu’il lui était arrivé d’entendre la critique du « pain noir » consommé par les paysans russes13.
15La comparaison entre les a priori sur la France fondés sur les « descriptions emphatiques de nos précepteurs et de nos gallomanes14 » et la réalité qui s’offrait à leurs regards en 1814 marque, en effet, fortement les journaux intimes et la correspondance des militaires russes, qu’ils soient francophiles ou francophobes. Même les admirateurs de la France sont forcés de constater un écart entre leurs idées préconçues et les réalités françaises. Les expressions plus ou moins grandiloquentes de déception et de désillusion – chez les francophiles – ou de simple étonnement – chez les francophobes –, tout en étant bien présentes dans les textes contemporains, sont quasiment absentes dans les mémoires postérieurs15. Ainsi, l’émotivité des textes rédigés au jour le jour confirme qu’en 1814 les Russes sont non seulement amenés à revoir leurs a priori sur la France, mais qu’ils se sentent incités à se (re)mettre en question : les Russes découvrent que tout en maîtrisant la langue et la culture françaises, ils ne connaissent pas pour autant le pays16.
16Cependant, une certaine déception n’empêche pas les plus lucides de voir les progrès de la société française et on sait que le séjour en France en 1814-1818 a eu un impact important sur la formation des idées des futurs décembristes17.
17Les Russes sont sensibles à la richesse de la vie sociale et aux droits et libertés dont jouissent les citoyens français : « J’aime qu’ici il y ait des possibilités de choisir. Par exemple, aujourd’hui, il y a la messe, la liesse populaire et le théâtre en même temps : chacun peut choisir ce qu’il veut18. » Fiodor Glinka consacre plusieurs pages à la description du fonctionnement de la justice, en louant le caractère public des procès et le droit des accusés d’avoir des avocats. Mouraviov souligne la conception humaniste qui a présidé à l’édification de l’Hôtel des Invalides19.
18Les Russes désapprouvent, en revanche, les changements radicaux et fréquents de régime politique ainsi que l’attitude, à leur goût trop fluctuante, des Français envers leurs souverains ou leurs héros. Les deux faits déjà cités – l’absence d’une résistance puissante et la tentative de démolition de la statue de Napoléon en haut de la colonne de la place Vendôme – sont interprétés comme des preuves de ces aspects « déplorables ». Les événements de 1815 ne feront que corroborer cette opinion.
19La critique des Russes se trouve donc bien dans les « limites » du courant libéral de la pensée socio-politique, le libéralisme étant soucieux de « s’efforcer d’améliorer l’état de fait et de parfaire les institutions historiques20 » et non pas de rompre radicalement avec le passé. L’attitude méfiante envers la foule était, par ailleurs, un trait caractéristique de la pensée libérale russe de l’époque21.
La place des textes sur la campagne de 1814 dans la tradition littéraire russe
20Le Grand Tour avait pour objectif de faire connaissance avec la vie culturelle, politique et religieuse des pays visités et il garde au xixe siècle toute sa place dans l’éducation à l’européenne de la noblesse russe. La nature des voyages ainsi que la sociologie des voyageurs évoluent tout au long du xixe siècle et de plus en plus de Russes entreprennent des voyages dans des buts professionnels. Malgré la diversification progressive tant des origines sociales des voyageurs que des objectifs de leurs déplacements en Europe, la nature des notes de voyage reste assez homogène.
21En conformité avec les traditions européennes, le récit de voyage faisait « partie intégrante de l’apprentissage culturel des Russes : tenir un journal, c’était se faire européen22 ». Les Russes connaissent la littérature européenne des voyages, notamment française, et ils développent une forte tradition nationale, dont le père fondateur fut, incontestablement, Nikolaï Karamzine. Ses Lettres d’un voyageur russe23, dont la notoriété a de loin dépassé son époque24, sont remarquables à plus d’un titre. Karamzine inaugure l’attitude d’un voyageur qui s’attache non seulement à observer et à décrire, mais aussi à analyser et à éveiller chez son lecteur une réflexion sur tel ou tel sujet d’actualité. Karamzine mais aussi Denis Fonvizine25 entament une réflexion sur la question du positionnement des Russes par rapport à la civilisation européenne – question qui sera centrale dans les récits de voyage des Russes tout au long du xixe siècle, que les auteurs des textes en aient été conscients ou non.
22En 1814, malgré le caractère inopiné de leur séjour en France et ses circonstances pas vraiment favorables, les « voyageurs malgré eux » – les participants de la campagne de France – tâchent de suivre les canons du genre établis par Karamzine. Nous avons pu voir qu’ils adoptent l’attitude du voyageur attentif et éclairé, même si certains de leurs jugements manquent de pertinence26. En outre, les parallèles textuels, notamment du point de vue des sujets abordés, sont nombreux27. Enfin, certains auteurs – tels Glinka, Raïevski et Pisarev – font éditer leurs notes après les avoir « retravaillées dans le style des Lettres d’un voyageur russe de N.M. Karamzine28 ».
23Ainsi, les feuilles noircies par les « voyageurs malgré eux » ont contribué à maintenir et à nourrir la tradition littéraire des pères. En effet, les voyageurs des années 1820, conscients du rôle de leurs prédécesseurs qui ont traversé l’Europe en vainqueurs triomphants, font des comparaisons entre la Russie et la France, moins pour identifier le retard russe que pour constater l’altérité du monde russe et de ses valeurs spécifiques.
24Si le rôle de la campagne de 1814 dans l’évolution de la pensée libérale en Russie a, maintes fois, été constaté par les chercheurs, il est intéressant d’étudier de près les écrits des participants de cette campagne. L’importance quantitative et l’extrême richesse des écrits des militaires russes permettent en effet de les considérer comme un chaînon essentiel dans l’évolution du genre des écrits privés au sein de la tradition littéraire russe du xixe siècle.
Notes de bas de page
1 Voir : Marie-Pierre Rey, Alexandre Ier. Le tsar qui vainquit Napoléon, Paris, Flammarion, 2009, p. 334-339.
2 Aleksandr I. Mihajlovskij-Danilevskij, Zapiski 1814 i 1815 godov [Notes des années 1814 et 1815], Saint-Pétersbourg, tipografiâ Departamenta vnešnej torgovli, 1836, p. 115.
3 Dans les archives, on a consulté l’exemplaire adressé au comte Matvej I. Platof, le chef des régiments des cosaques du Don. Voir : Pis’ma Mihaila B. Barklaâ-de-Tolli [Lettres de Mihail B. Barklaj-de-Tolli], Rossijskij Gosudarstvennyj Voenno-Istoričeskij arhiv [Archives russes d’État d’histoire militaire, Moscou, ci-après RGVIA], Fonds « Voenno-Učënyj arhiv [Archives d’histoire militaire, ci-après VUA] », dossier3376, partie II, p. 148-151, lettre du 28 janvier/9 février 1814. Un autre exemplaire adressé au prince héritier Constantin Pavlovitch, le commandant de la réserve de l’armée de Bohême, est publié. Voir : « Predpisanie Glavnokomanduûŝego armiej korpusnym komandiram posle vstupleniâ russkih vojsk v predely Francii v 1814 godu [L’ordre du commandant en chef de l’armée à l’attention des chefs des corps d’armée après l’entrée des troupes russes sur le territoire français en 1814] », Voennyj sbornik, 1, 1909, p. 235-236.
4 Alphonse de Beauchamp, Histoire des campagnes de 1814 et de 1815, t. 2, 1816, Paris, Le Normant, 1816-1817, p. 280-281 et 412-413.
5 Nikolaj I. Krivcov, « Četyre pis’ma Nik. Iv. Krivcova, 1815 i 1818 g.g. [Quatre lettres de Nikolaï Krivtsov, 1815-1818] », Ŝukinskij sbornik, 10 vol., t. 3, Moscou, [éditeurs divers], 1902-1912, p. 273-279, ici p. 274.
6 Nikolaj N. Murav’ev, « Zapiski Nikolaâ Nikolaeviča Murav’eva [Note de Nikolaï Nikolaïevitch Mouraviov-Karsski] », Russkij Arhiv [ci-après RA], I, 2, 1886, p. 106.
7 Zapiska o približenii russkih vojsk k Parižu [Notes sur l’approche des troupes russes de Paris], Otdel Pis’mennyh Istočnikov Gosudarstvennogo Istoričeskogo Muzeâ [Département des Manuscrits au musée d’État d’histoire, Moscou, ci-après OPIGIM], dossier 155, sous-dossier I, document 111, p. 118. Voir également : Tihanov, Voennye zapiski kapitana Tihanova [Notes de campagne du capitaine Tikhanov], RGVIA, VUA, dossier3429, partie III, p. 310.
8 Nikolaj N. Murav’ev, « Zapiski Nikolaâ Nikolaeviča… », art. cité, p. 102.
9 Anton I. Antonovskij, Zapiski pohodov i voennyh dejstvij 1812, 1813, 1814 i 1815 godov [Notes des campagnes et actions militaires des années 1812-1815], OPI GIM, fonds 160, dossier 308, p. 222 v. L’extrait de ses mémoires consacré à la guerre de 1812 a été publié dans le 3e fascicule du recueil de Vladimir A. Harkevič, 1812 god v dnevnikah, zapiskah i vospominaniâh sovremennikov. Materialy VUA Glavnogo štaba [L’année 1812 dans les journaux intimes, les notes et les mémoires des contemporains. Documents du VUA de l’état-major général], Vilna, Tipografiâ štaba Vilenskogo voennogo Okruga, 1900-1907, 4 fasc. Cependant, le chercheur n’indique pas la présence de la version complète des mémoires d’Antonovskij dans les fonds d’OPI GIM. Ce manuscrit couvrant la période des années 1807-1814 et rédigé en 1848 a été découvert et analysé par nous en 1997.
10 « Konstantin N. Batûškov v pis’mah ego k Nikolaû I. Gnediču » [Lettres de Konstantin N. Batiouchkov à Nikolaï Gneditch], Russkaâ starina,38, 6, 1883, p. 535.
11 Tihanov, Voennye zapiski…, op. cit., RGVIA, VUA, d.3429, partie III, p. 344. L’auteur fait allusion à la persévérance des Russes ayant continué à résister en 1812 après la reddition de Moscou.
12 Victor del Litto, « Introduction », dans Stendhal, Voyages en France, Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1992, p. L.
13 Aleksandr D. Čertkov, « Moj putevoj žurnal, ili Dorožnyj dnevnik ot beregov Rejna do Pariža i vo vremja moego prebyvanija v ètom gorode » [Mon journal de voyage ou Itinéraire de route depuis les bords du Rhin jusqu’à Paris et puis mon séjour dans cette ville], dans 1812-1814. Sekretnaâ perepiska generala P. I. Bagrationa. Ličnye pis’ma generala N. N. Raevskogo. Zapiski generala M. S. Voroncova. Dnevniki oficerov russkoj armii [1812-1814. Correspondance secrète du général P. I. Bagration. Correspondance privée du général N. N. Raevski. Notes du général M. S. Vorontsov. Les journaux intimes des officiers de l’armée russe], Moscou, Terra, 1992, p. 419-420. L’original est en français.
14 Aleksandr A. Pisarev, Voennye pis’ma i zamečaniâ naibolee otnosâŝiesâ k nezabvennomu 1812 godu i posleduûŝim [Lettres de guerre et observations concernant l’inoubliable année 1812 et les années suivantes], Moscou, Izdano P. Subbotinym i S. Selivanovskim, 1817, vol. 1, p. 385- 386. C’est l’auteur qui souligne.
15 Seul I. Radožickij garde ce genre de réflexions dans la version finale de ses mémoires publiée en 1835 : Pohodnye zapiski artillerista s 1812 po 1816 god [Notes de campagne d’un artilleur, 1812-1816], Moscou, tipografiâ Lazarevyh Instituta Vostočnyh âzykov, 1835, 4 vol. La première version de ses notes avait paru sous forme de feuilleton dans la revue Otečestvennye zapiski en 1823-1824.
16 Notons que l’analyse des notes des militaires russes sur l’Allemagne et les Allemands permet de faire le même constat. Voir : Svetlana V. Obolenskaâ, Germaniâ i nemcy glazami russkih (xix vek) [L’Allemagne et les Allemands vus par les Russes (xixe siècle)], Moscou, IVI RAN, 2000, p. 90.
17 Voir en particulier les travaux de Julie Grandhaye dont Les décembristes. Une génération républicaine en Russie autocratique, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011.
18 Veprežskij, « Iz častnyh pisem russkogo oficera Veprežskogo na rodinu [Extraits des lettres privées de l’officier russe Veprejskij envoyées chez lui] », RA,3, 11, 1890, p. 351.
19 Voir Nikolaj N. Murav’ev, « Zapiski Nikolaâ… », art. cité, p. 111.
20 Viktor Léontovitch, Histoire du libéralisme en Russie, Paris, Fayard, 1986, p. 50.
21 Vera Milchina, Aleksandr Ospovate, « Introduction », dans Piotr Kozlovski, Diorama social de Paris par un étranger qui y a séjourné l’hiver de l’année 1823 et une partie de l’année 1824, Paris, Champion, 1997, p. 17-19. Sur la spécificité du libéralisme russe, voir Maya Goubina, « Quelques aspects de l’essor du libéralisme en Russie au début du xixe siècle », dans Sylvie Martin (dir.), Circulation des concepts entre Occident et Russie, Institut européen Est-Ouest, ENS de Lyon, 2008, http://institut-est-ouest.ens-lsh.fr/spip.php?rubrique69.
22 Wladimir Berelowitch, « La France dans le “Grand Tour” des nobles russes au cours de la seconde moitié du xviiie siècle », Cahiers du Monde russe et soviétique,34/1-2, janvier-juin 1993, p. 199.
23 Nikolaï M. Karamzine, Lettres d’un voyageur russe (en France et en Suisse), Paris, Quai Voltaire, 1991. Ce texte a paru pour la première fois en 1791-1792 dans la revue Moskovskij žurnal. La première édition en tant que monographie date des années 1797-1801.
24 Jusqu’à la fin du xxe siècle, les écrivains russes ont utilisé le modèle proposé par Karamzine fût-ce pour le reproduire ou pour le subvertir. Voir, par exemple, les Lettres d’un voyageur russe de Vladimir K. Bukovskij. Par ailleurs, l’une des séries éditoriales de l’importante maison d’édition actuelle NLO (Novoe literaturnoe obozrenie/Nouvel aperçu littéraire) a pour nom le titre de l’ouvrage de Karamzine.
25 Denis Fonvizine, Lettres de France (1777-1778), Paris/Oxford, CNRS Éditions/Voltaire Foundation, 1995.
26 Même la correspondance des militaires se démarque par son caractère rétrospectif – les témoins oculaires non seulement décrivent les événements observés, mais ils tentent de les analyser en les plaçant dans une perspective historique – des autres sources épistolaires russes du xixe siècle. Voir : Andrej G. Tartakovskij, 1812 god i russkaâ memuaristika [1812 et les mémoires russes], Moscou, Nauka, 1980, p. 66.
27 Nous les avons tous recensés dans notre thèse : Maya Goubina, « La perception réciproque des Français et des Russes d’après la littérature, la presse et les archives (1812-1827) », thèse de doctorat, université Paris IV, 2007, http://www.theses.paris-sorbonne.fr/these_goubina/paris4/2007/these_goubina/html/index-frames.html.
28 Svetlana V. Obolenskaâ, Germaniâ i nemcy…, op. cit., p. 79.
Auteur
Docteure en histoire moderne et contemporaine. Les études des représentations de la période napoléonienne constituent le domaine principal de ses travaux. Son ouvrage Russes et Français (1812-1818). Une histoire des perceptions mutuelles a paru dans la collection « Imago mundi » des PUPS en 2017. Elle utilise comme sources les documents strictement contemporains des événements décrits, ce qui lui permet de saisir sur le vif les idées reçues et leur mutation. Ses publications et les sujets de ses interventions (consultables à l’adresse : http://production-scientifique.bnf.fr/bibliographie?f%5bauthor% 5d=2940) dans les conférences en France, en Russie, en Espagne et au Canada reflètent l’élargissement du champ de ses investigations, aussi bien du point de vue chronologique que géographique et thématique. Elle travaille actuellement au département des Métadonnées de la Bibliothèque nationale de France.
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