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    Plan détaillé Texte intégral À la découverte des plaisirs de la capitaleLe compagnonnage des soldats russes et des prostituées parisiennesL’occupation russe, un test de pérennité pour la police des mœurs Notes de bas de page Auteur

    Les Russes en France en 1814

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    « Adieu, charmantes demoiselles ». Les troupes impériales d’Alexandre Ier et la prostitution dans le Paris occupé de 1814

    Clyde Plumauzille

    p. 89-98

    Texte intégral À la découverte des plaisirs de la capitaleLe compagnonnage des soldats russes et des prostituées parisiennesL’occupation russe, un test de pérennité pour la police des mœurs Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Lors de la campagne de France, l’initiation galante des troupes russes à la capitale parisienne, « ville de l’amour » et « Babylone moderne1 », a constitué un leitmotiv des discours et des imaginaires des contemporains tant russes que français. De fait, le passage de « Paris à l’heure russe » le31 mars 1814 semble avoir constitué une période d’occupation tranquille et policée, à l’occasion de laquelle soldats russes et cosaques courent le Tout-Paris et ses « filles » pour se distraire2. À rebours des descriptions habituelles des viols et des violences sexuelles en temps de guerre, cette course aux plaisirs dans la capitale, envisagée comme une activité touristique et récréative plutôt que comme une pratique d’occupation, interroge sur les modalités concrètes des relations entretenues par l’armée impériale avec la prostitution parisienne et sur leurs manifestations dans l’espace public.

    2Au regard de cette période de crise politique et militaire, l’historien de la prostitution s’attend à retrouver dans les sources de l’esprit public et de la surveillance policière l’expression d’un trouble dans l’ordre sexuel de la cité. Pourtant, il n’en fut presque rien, car nous sommes confrontés à des sources parcellaires posant des problèmes méthodologiques ne permettant pas d’envisager une description et une analyse fine de l’occupation russe comme de la prostitution parisienne3. Les incendies répétés dans les archives de la capitale ne laissent qu’un seul carton de procès-verbaux des commissaires dans les archives de la préfecture de Police de Paris pour l’année 1814. En outre, les cotes spécifiques consacrées à la prostitution s’arrêtent généralement à l’orée de l’année 1814 pour ne recommencer qu’à la fin de l’année 1815. Par ailleurs, les bulletins quotidiens de la police sur l’état des esprits en France conservés aux archives diplomatiques, s’ils énoncent les effets politiques, sociaux et économiques de l’occupation, n’évoquent explicitement qu’à quelques occasions la présence des prostituées parisiennes aux côtés des soldats russes. Enfin, les archives du tribunal correctionnel de la série BB et les rapports quotidiens de surveillance de la police dans la sous-série F7 aux Archives nationales sont dispersés entre divers cartons, sont fragmentaires et n’offrent que quelques instantanés des rapports économiques et sexuels qu’entretiennent soldats russes et prostituées parisiennes dans le courant du printemps 1814.

    3À rebours des lacunes documentaires des archives administratives, les sources de l’histoire culturelle, textes littéraires et iconographie notamment, sont pléthoriques4. Ces dernières ont joué un rôle important dans la mémoire de l’événement. La campagne de France a été particulièrement médiatisée, notamment par le biais d’une importante production de gravures et d’aquarelles réalisées à la faveur du mécénat de l’empereur Alexandre Ier5, mais également des cercles légitimistes et pro-russes parisiens du boulevard Saint-Germain, comme celui de la duchesse de Courlande, proche de Talleyrand, qui accueille depuis 1813 le peintre Georg Emanuel Opiz (1775-1841), véritable chroniqueur du quotidien de l’Occupation russe à Paris déclinée en plusieurs dizaines d’aquarelles. La rencontre amusée entre le peuple de Paris et les troupes alliées s’y donne à voir dans un cadre urbain pittoresque et animé évacuant très largement la question de la guerre au profit du compagnonnage galant entre occupants et occupés. Cette iconographie prolixe, aux ambitions réalistes, est complexe et ambiguë. Elle est autant le réceptacle des émotions spontanées des Parisiens confrontés à la présence de troupes étrangères dans la capitale que l’instrument d’un discours politique positif à l’égard du tsar et de ses soldats.

    4Il faut donc confronter ces traces éparses et hétéroclites du marché du sexe parisien au printemps 1814, la prolixité des images et la disparité des rapports policiers. Par-delà les rencontres fugaces, les fantasmes et le tourisme sexuel de la soldatesque russe, il s’agit de comprendre ce que le prisme de la prostitution parisienne peut nous dévoiler de l’occupation russe de la capitale et de ses dynamiques économiques et sexuelles et, inversement, ce que l’occupation russe révèle du régime napoléonien de la prostitution et de son administration des filles publiques dans la cité.

    À la découverte des plaisirs de la capitale

    5Plusieurs motifs récurrents se dégagent des témoignages de l’occupation russe pour appréhender les dynamiques sexuelles entre occupants et occupés : le respect, la séduction et la complicité sexuelle. Celles-ci entrent en résonance avec le discours du tsar qui s’engage, dès son entrée dans Paris, à respecter « l’intégrité de l’ancienne France6 » et traduisent le vécu autant que le fantasme des relations entre occupants et occupés. Évoquant leur séjour parisien, plusieurs officiers de l’armée russe insistent sur l’attention qu’ils portent à la préservation de l’honneur sexuel des Parisiennes. Dans ses Mémoires, le jeune officier noble Nikolaï Lorer explique ainsi qu’après avoir demandé à une jeune Parisienne de « descendre au jardin » avec lui, prélude explicite à une rencontre charnelle, cette dernière lui a répondu : « Non, préservons plutôt notre amitié réciproque jusqu’au dernier instant, vous resterez un noble jeune homme et je garderai le souvenir que les Russes savent apprécier et respecter la vertu d’une femme7. » Ce qu’il fit, avec une certaine fierté. Un même écho de ce respect distancié et vertueux se retrouve dans toute une iconographie du « cosaque galant », telle l’aquatinte réalisée en 1814 par Philibert-Louis Debucourt intitulée Adieux d’un Russe à une Parisienne. Dans celle-ci, on peut voir un jeune officier cosaque saluant par une révérence, avec la tête courbée et les bras ballants, une jeune femme qui, restée debout et digne, lui tend une main pleine de sollicitude.

    6Cette valorisation du respect de la population féminine dans ces témoignages vient non seulement déjouer la figure des barbares « bouffeurs de chandelles8 » promue par la propagande napoléonienne, mais également rejouer à plus large échelle la diplomatie courtoise que veut déployer le tsar – « libérateur et bienfaiteur de l’Europe9 » – à l’égard de la France.

    7Ce dernier, déployant une véritable politique de séduction à l’égard de la population parisienne, fait notamment proclamer dès le31 mars, par l’intermédiaire du gouverneur militaire de la ville de Paris, le baron von der Osten-Sacken, que toutes les boutiques, mais également « que tous les spectacles de la capitale soient ouverts ce soir même, comme de coutume10 ». Cette déclaration s’articule avec la discipline de fer promue par Alexandre Ier à l’égard de ses troupes11. Elle va de pair avec le maintien des activités ludiques de la capitale – et la prostitution qui leur est étroitement associée – dans un climat pacifique, ainsi qu’avec la course aux plaisirs de la soldatesque russe12. Dans les témoignages des contemporains, la consommation ludique et sexuelle des soldats russes dans la capitale se trouve généralement détachée de leur fonction d’occupants et perçue comme une marque de leur attrait pour un « art de vivre » à la française. Les « amours parisiennes » relatées par Boris von Uexküll dans son journal intime sont significatives de cette forme de tourisme sexuel pratiqué par les soldats russes, qui partagent alors leur temps entre les manœuvres de service et les « jouissances d’[une] vie désœuvrée13 ». Dès les premières pages de sa description de Paris, Boris von Uexküll évoque « les plus grandes tentations et dangers » du Palais-Royal, haut lieu de prostitution de la capitale14. Il fait part de sa fascination et de son attirance pour les prostituées parisiennes :

    Ces filles perdues, mais gracieuses et séduisantes, me sont fort dangereuses. Je n’ai pu résister à leurs agaceries ; je suis monté chez quelques-unes, surtout chez les négresses et créoles dont le naturel est si différent du nôtre et dont les manières sont si piquantes et singulières15.

    8L’attrait du tourisme sexuel offert par la capitale parisienne est ici redoublé par la découverte d’une prostitution antillaise, radicalement exotique pour un soldat russe et qui témoigne de la diversité de l’offre prostitutionnelle parisienne16. Celle-ci se retrouve au fil des aventures de Boris von Uexküll. Outre les filles publiques, ce dernier fréquente les bains chinois du Palais-Royal en compagnie d’« une de ces jolies grisettes qui font passer les heures comme autant de minutes17 » ainsi que les danseuses de l’Opéra, à l’une desquelles il loue un appartement. Ainsi, de la fille publique à la fille entretenue en passant par les grisettes semi-professionnelles, Boris von Uexküll se dote-t-il d’une véritable collection de « belles » qu’il visite régulièrement. Cette conquête du Paris galant se retrouve également dans les rapports de police d’esprit public qui relatent la présence récurrente des officiers comme des soldats russes du commun dans les jardins du Palais-Royal. Celle-ci n’a d’ailleurs pas manqué d’être dépeinte par un autre de ces chroniqueurs au pinceau, Georges-Jacques Gatine, retraçant sur un mode comique les premiers pas de soldats russes au Palais-Royal et leur timide réserve à la rencontre de deux courtisanes professionnelles qui s’approchent quant à elles résolument vers eux18.

    9Ces corps entreprenants des prostituées parisiennes ne relèvent pas uniquement de la caricature et doivent être restitués dans le contexte économique et social du printemps 1814. Dans un Paris ravagé par la crise économique due à une politique belliciste coûteuse19, nombre de Parisiennes et de Parisiens prennent en effet l’initiative d’aller à la rencontre des troupes alliées, dont les soldats constituent autant d’opportunités de faire de petits profits et d’assurer ainsi leur survie. Réputés bons payeurs, les soldats russes disposent en outre d’une solde conséquente au regard du coût de la vie à Paris20. Aux abords des bivouacs sur les Champs-Élysées, lors des défilés militaires ou simplement lors des flâneries de la soldatesque russe, se retrouvent ainsi des grappes de vendeurs et de vendeuses de rue qui tentent de monnayer leur marchandise à prix fort21. La prostitution s’inscrit pleinement dans la diversité de ces échanges monnayés entre occupés et occupants. Aussi l’iconographie a-t-elle particulièrement retenu l’importante population féminine et prostitutionnelle qui entoure constamment les soldats russes dans les rues de la capitale. Sous le pinceau d’Opiz, se donne ainsi à voir le tableau saisissant d’un Paris peuplé de femmes offertes à la mâle galanterie de la Russie impériale22.

    Le compagnonnage des soldats russes et des prostituées parisiennes

    10Cette offrande des corps des Parisiennes fait néanmoins l’objet d’une présentation équivoque dans les sources de l’époque, entre soumission et négociation. Les adieux des Russes aux Parisiens, libelle satirique publié par Antoine Caillot après le départ des troupes alliées de la capitale, évoque ainsi l’opportunité économique qu’a constituée la présence des soldats russes dans la capitale :

    Adieu, charmantes demoiselles ; filles superbes de l’Opéra, des galeries du Palais-Royal, des Boulevards et de la rue Saint-Honoré ! […] Comment ne nous souviendrions-nous pas sur les bords de la Néva et du Borysthène, que vous aimiez beaucoup mieux nos personnes que notre argent, et que votre plus douce jouissance était d’avoir de riches Cosaques pour amants23 !

    11Ces adieux relatent également les « charmants bivouacs des Champs-Élysées, du Champ-de-Mars, et de la plaine des Sablons » où séjournaient les soldats russes ainsi que les « aimables visites » qu’ils y ont reçues nuit et jour24. L’historiographie érudite de la fin du xixe siècle, empreinte d’un certain nationalisme chauvin, évoque que « la chair à plaisir du Palais-Royal continua à se vendre, seulement elle augmenta ses prix25 » et conclut ainsi à une « revanche [de la France] par la débauche et par le jeu26 ». Ainsi, par certains égards, la séduction qu’auraient exercée les prostituées de Paris sur les soldats d’Alexandre Ier aurait été jusqu’à inverser les rapports de domination à l’œuvre entre occupants et occupés, entre hommes et femmes : les « filles » de Paris soumettant ces derniers à leur emprise et leur faisant payer le prix fort.

    12Au-delà de la caricature sexuelle de cette occupation, il est en effet possible de voir dans l’occupation russe et dans l’imposition d’une nouvelle clientèle au marché prostitutionnel parisien une aubaine éphémère, un contact fructueux, plutôt qu’une menace. En effet, s’il existe un lien étroit entre violence et occupation militaire, et a fortiori violence sexuelle et occupation, celui-ci n’est absolument pas manifeste dans les sources de l’époque pour la capitale. Jacques Hantraye dans sa précieuse étude sur Les cosaques aux Champs-Élysées n’a exhumé qu’une dizaine de cas de viols et d’agressions à caractère sexuel pendant les occupations de 1814 et de 1815-1816 pour toute la Seine-et-Oise27. Pour ce qui concerne plus spécifiquement les prostituées parisiennes au contact régulier de l’occupant au printemps 1814, nulle mention n’est faite dans les archives policières de la violence qui aurait pu s’exercer à leur encontre. Des heurts avec la soldatesque russe ont pourtant lieu dans la capitale. Les rixes entre militaires sont régulièrement dénoncées et plusieurs agressions contre les habitants de la capitale sont recensées à la rubrique « événements » des bulletins quotidiens de police. Ainsi, le bulletin des 15-16 mai 1814 raconte que dans la section des Lombards, quartier de prostitution, un soldat sortant d’une maison de tolérance frappa sans raison une femme avec son enfant dans les bras, ainsi que le mari de cette dernière, venu lui porter secours :

    Une femme, ayant un enfant sur ses bras, a été frappée rue de la Vannerie, par un militaire de la Garde russe qui sortait d’un mauvais lieu. Le mari de cette femme étant venu pour la secourir, il a été blessé lui-même par ce soldat qui lui a porté un coup de sabre sur la main. La patrouille qui avait arrêté ce furieux a été chargée de le conduire à l’État-major28.

    13Si les violences entre militaires des différentes troupes peuvent être perçues comme la traduction dans l’espace public des tensions propres à l’occupation militaire de la capitale, on distingue mal en revanche dans les agressions relatées comme ci-dessus la spécificité d’une violence d’occupation. En outre, la capitale parisienne est habituée depuis la Révolution aux violences récurrentes de ses propres troupes en garnison ou de passage29. Les coups de sabre du soldat russe ne sauraient dès lors véritablement constituer la preuve d’une violence propre à la position de domination des troupes alliées dans la capitale.

    14En revanche, cela ne veut nullement dire que les prostituées parisiennes n’ont pas subi de violence de la part de soldats russes. Cette dernière ne constitue pas cependant un motif de surveillance ni d’écriture policières comme cela a pu être le cas les décennies précédentes30. De fait, les rapports de police tendent plutôt à associer la prostitution parisienne à la présence militaire russe, comme dans ce rapport de la police secrète du 8 mai 1814 qui dépeint les « nuées de filles publiques » côtoyant les soldats des troupes alliées31, ou encore dans ce rapport des commissaires de police du 21 mai 1814 qui, à propos des rassemblements de militaires et de prostituées place du Châtelet, signale que leur « conduite indécente […] mériterait d’être mieux surveillée32 ». Un bulletin de police rend compte cependant que, le 8 mai au soir, des soldats français ont tué plusieurs soldats alliés dans un cabaret ainsi que « les grisettes qui dansaient avec eux33 », ce qui laisse à penser que les prostituées ont pu faire les frais de cette promiscuité sexuelle avec les troupes alliées.

    15Dans l’ensemble pourtant, l’occupation russe a été une occupation tranquille et l’absence de violences de guerre dans la capitale se rejoue sur le terrain de la sexualité à la faveur d’une discipline militaire soigneusement orchestrée par Alexandre Ier. Les quelques témoignages dont nous disposons permettent ainsi de supposer la réussite des autorités militaires dans la gestion des besoins sexuels des soldats logeant ou bivouaquant dans la ville, de même que la capacité du marché du sexe parisien à satisfaire ceux-ci.

    L’occupation russe, un test de pérennité pour la police des mœurs

    16Les pratiques sexuelles de l’armée russe dans la capitale témoignent autant du bon ordre des troupes d’Alexandre Ier que de l’état et de l’organisation de l’administration policière de la prostitution. Le xixe siècle voit en effet triompher la mise en administration de la prostitution impulsée par les politiques révolutionnaires. Celle-ci se concrétise sous le Consulat puis sous l’Empire par une surveillance active des prostituées et par les premières tentatives de recensements et de régulations systématiques mises en œuvre par la préfecture de Police. La date du 12 ventôse an X (3 mars 1802) est ainsi généralement retenue comme l’acte de naissance du réglementarisme. Celle-ci renvoie à un arrêté de la préfecture décrétant la mise en place d’un examen médical des prostituées pour les maladies vénériennes34, enjeu central du contrôle policier de la prostitution au xixe siècle et première pièce du dispositif d’administration de la prostitution. Dans le cadre de cette nouvelle réglementation, la prostitution est tolérée sous certaines conditions : les prostituées sont enregistrées à la préfecture, elles sont contraintes à des visites médicales régulières au dispensaire, et l’exercice de la prostitution est limité à des lieux déterminés dans un but de protection de l’ordre public. Le 26 juin 1811, une ordonnance de police est ainsi prise pour réglementer l’emplacement et l’organisation des maisons de prostitution, leurs conditions d’hygiène et de salubrité : celles-ci sont au nombre de 200 en 1814 et regroupent près de 600 prostituées. Ces dispositions n’empêchent pas le maintien d’une population de femmes pratiquant la prostitution en dehors de la tutelle policière. Le ratio est délicat à établir et l’on se contentera d’une estimation : si l’on se fie aux indications – non vérifiables – des administrateurs de police, sur une population de 6000 à 8000 prostituées, un peu moins de 2000 femmes sont enregistrées en 181435.

    17À lire les comptes des administrateurs du dispensaire de salubrité, l’occupation russe et les réorganisations administratives qui en découlent ne paraissent pas perturber outre mesure le réglementarisme naissant de la prostitution parisienne, à un détail près : la propagation des maladies vénériennes. Le comte Anglès, nommé à la préfecture en septembre 1815, explique ainsi au ministre de l’Intérieur « qu’en 1813, 1814 et 1815, par l’effet des circonstances qui ont amené un grand nombre de troupes dans la Capitale et les communes voisines, notamment des troupes étrangères », la proportion des prostituées atteintes de la syphilis a été « d’une syphilitique sur 18, 15, et même jusque sur 13 femmes », contre « une syphilitique sur 24 femmes » de 1801 à 181236. À en croire les administrateurs de police, cette augmentation semble pourtant se résorber progressivement : en 1816, il est fait état d’une syphilitique sur 26 prostituées contrôlées par le dispensaire de salubrité ; en 1817, une sur34 et, en 1818, une sur36. La contagion syphilitique a posé également un problème aux troupes d’occupation et aux troupes françaises. Boris von Uexküll mentionne à cet égard les avantages d’une courtisane entretenue : « Cela me coûte de l’argent, il est vrai, mais je ne risque pas avec elle d’attraper quelque mauvais mal37. » De même, l’auteur des Adieux des Russes aux Parisiens rappelle sur un mode humoristique que si les soldats russes n’emportent pas les portraits de leurs belles, ces dernières leur ont « laissé d’autres souvenirs38 ». En effet, durant l’occupation de la capitale, les hôpitaux parisiens se sont trouvés en état de saturation sous l’effet de l’affluence des soldats étrangers syphilitiques et les Prussiens ont même pris possession de l’hôpital des Vénériens39. L’administration policière réfléchit d’ailleurs dans le courant du mois de juin à un projet d’ordonnance concernant la situation des officiers des armées alliées restés dans les hôpitaux parisiens une fois l’occupation levée, évoquant à demi-mot le problème de la syphilis répandue parmi les soldats des troupes alliées et in fine leur captation des ressources sanitaires de la capitale40. L’occupation des hôpitaux par les troupes alliées constitue un signe discret du rapport de force entre occupants et occupés dans l’accès aux soins et, avec la propagation de la syphilis, on observe un effet à même la chair de cette présence militaire dans la capitale.

    18L’occupation des troupes alliées a constitué une mise à l’épreuve et un test de pérennité pour la police des mœurs napoléonienne. Ainsi, si la proportion des prostituées syphilitiques a augmenté considérablement entre 1813 et 1815, il convient néanmoins de remarquer qu’au même moment le nombre d’inspections sanitaires augmente : d’un peu moins de 5000 en 1812, il passe à 7600 en 1813 et 8700 en 181441. C’est donc que, en dépit de la politique d’occupation des hôpitaux par les troupes alliées, la médicalisation de la prostitution progresse : elle n’est pas nécessairement efficace sur le plan sanitaire, en revanche, sur le plan policier, cette augmentation signifie que de plus en plus de prostituées sont contrôlées par les services de police. Il est important de souligner cette continuité administrative du contrôle policier de la prostitution, qui s’organise dès le Directoire avec la création d’instruments d’enregistrement et de recensement des filles publiques et de leur état de santé42. Elle ne se traduit pas dans la conservation d’une documentation exceptionnelle pour la période, mais dans les traces laissées par ce maintien très concret des rapports de police dans le courant du printemps 1814 qui comptabilisent chaque jour le nombre de mandats exécutés par la police des mœurs, de prostituées arrêtées, enregistrées par la préfecture et contrôlées par le dispensaire. Alors que l’agenda politique et militaire des révolutionnaires perturbait très régulièrement la gestion de la prostitution, on peut constater qu’à l’issue de la période napoléonienne, le grand enregistrement de la prostitution – et, plus généralement, la surveillance des marges aussi bien sociales que sexuelles – n’est lui nullement affecté par l’occupation. Le maintien de l’administration policière de la prostitution se lit également dans les rapports de surveillance quotidiens dont nous disposons de façon quasi complète du 15 avril au 17 mai 1814. À partir de ces derniers, on peut constater que la médiane d’arrestations quotidiennes de prostituées s’établit entre quatre et cinq, alors que pour la période allant de janvier à mars, celle-ci s’établit plutôt aux alentours de six43. Cela peut certes correspondre à une moindre prise en charge des délits contre les bonnes mœurs, mais, parallèlement, on peut constater que l’enregistrement des prostituées à la préfecture progresse : de 1801 filles inscrites en janvier 1814, on passe à 1940 filles inscrites en juin 181444. En outre, les rassemblements de prostituées de rue non enregistrées à la préfecture continuent de faire l’objet de l’attention de la police qui maintient la pratique des rafles ponctuelles pour purger de façon ostentatoire l’espace parisien : le 11 mai 1814, 51 prostituées sont ainsi retirées de la voie publique suite à une opération des commissaires de la capitale45. Le travail routinier de la police des mœurs n’est donc pas particulièrement affecté par l’occupation russe et les plaintes contre les troupes étrangères ne visent que très rarement les indécences commises par les troupes avec les prostituées.

    19S’il n’a pas été possible de restituer le détail des interactions entre troupes alliées et prostituées, il apparaît en revanche que le prisme de la prostitution nous permet de voir en quoi cette occupation témoigne d’une gestion relativement bien maîtrisée des besoins et des ressources sexuelles de la capitale, une maîtrise à parts égales, qui s’effectue tant en amont du côté russe qu’en aval du côté français. L’occupation a été tout à la fois une découverte de la capitale des plaisirs pour les Russes, une opportunité pour le marché de la prostitution parisien autant qu’une mise à l’épreuve de son administration policière. L’ordre sexuel de la cité n’a pas été bouleversé par l’occupation russe et cette dernière nous permet de vérifier la solidité d’un héritage napoléonien : l’établissement de la police des mœurs dans la capitale.

    Notes de bas de page

    1  Les Soirées du Palais-Royal. Recueil d’aventures galantes et délicates, publié par un invalide du Palais-Royal…, Paris, Plancher, 1815, cité dans Clyde Plumauzille, « Le “marché aux putains” : économies sexuelles et dynamiques spatiales du Palais-Royal dans le Paris révolutionnaire », Genre, sexualité & société, 10, automne 2013, http://gss.revues.org/2943.

    2  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit.

    3  Sur la question des sources, voir notamment Jacques Hantraye, Les cosaques aux Champs-Élysées…, op. cit. p. 13-15 ; Marie-Pierre Rey, « La société française face à la campagne de Russie. Entre information officielle, angoisses et rumeurs collectives », dans Antoine Marès et Marie-Pierre Rey (dir.), Mémoires et émotions. Au cœur de l’histoire des relations internationales, Paris, Publications de la Sorbonne, 2014, p. 149-160, ici p. 150-153.

    4  Voir notamment sur ce point les travaux de : Véra Milchina et Alexandre Ospovat, Les Russes découvrent la France au xviiie et au xixe siècle, Paris, Librairie du Globe, 1990 ; Brigitte de Montclos, Les Russes à Paris au xixe siècle, 1814-1896, Paris, Paris musées, 1996 ; Maya Goubina, « Les vainqueurs et les vaincus, découverte mutuelle : les Russes en France (1814-1818) », Revue des études slaves, 83/4, 2012, p. 1011-1022.

    5  C’est le cas par exemple du peintre russe Alexander Sauerweid (1783-1844) dont les aquatintes publiées à Paris constituent des sortes de « clichés » de l’armée cosaque

    6  Alexandrana…, op. cit. p. 40.

    7  Cité dans Brigitte de Montclos, Les Russes à Paris au xixe siècle…, op. cit., p. 19.

    8  Il s’agit d’un topos de l’époque concernant les cosaques, voir Marie-Pierre Rey, « Les cosaques dans les yeux des Français, à l’heure de la campagne de 1814 : contribution à une histoire des images et des représentations en temps de guerre », Quaestio Rossica, 1, 2014, passim.

    9  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit., p. 345.

    10  Déclaration du baron von der Osten-Sacken, gouverneur de Paris,31 mars 1814, relayée dans les journaux parisiens dès le 1er avril, notamment le Moniteur et le Journal des débats, cité dans Henry Houssaye, 1814. Histoire de la campagne de France, Paris, Perrin, 1907 [1888], p. 570.

    11  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit., p. 347.

    12  D’après le témoignage d’Andrew Thomas Blayney, seule la journée du31 mars aurait marqué un temps d’arrêt des activités ludiques de la capitale, Andrew Thomas Blayney, Une captivité en France. Journal d’un prisonnier anglais, 1811-1814. Annoté d’après les documents d’archives et les mémoires, Paris, Louis-Michaud, 1910, p. 175-176.

    13  Boris von Uexküll, Boris Uxkull, Amours parisiennes et campagnes en Russie. Journal d’un vainqueur de Napoléon, 1812-1819, Paris, Fayard, 1968, p. 128.

    14  Clyde Plumauzille, « Le “marché aux putains”… », art. cité.

    15  Boris von Uexküll, Boris Uxkull, Amours parisiennes…, op. cit., p. 125.

    16  Pour un tableau de ce monde parisien de la prostitution, voir Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2016, p. 27-166.

    17  Ibid., p. 127-128.

    18  Georges-Jacques Gatine, Le premier pas d’un jeune officier cosaque au Palais-Royal, 1814, musée Carnavalet.

    19  Jacques-Olivier Boudon, La France et l’Europe de Napoléon, Paris, Armand Colin, 2006, p. 123.

    20  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit., p. 239.

    21  L’importance des contacts économiques noués avec la population parisienne se retrouve notamment dans le libelle comique d’Antoine Caillot, Les adieux des Russes aux Parisiens, Paris, impr. de Cellot, 1814, p. 8. Marchands de rue, artisans, boutiquiers en tout genre, cochers, tailleurs, armuriers, libraires constituent autant d’acteurs de ces échanges entre Russes et Parisiens.

    22  Georg Emanuel Opiz : Cosaques à Paris pendant l’occupation des troupes alliées. Les cosaques à Paris, Le défilé militaire, et Le numéro 113 du Palais-Royal, 1814-1815, Paris, musée Carnavalet.

    23  Antoine Caillot, Les adieux…, op. cit., p. 2.

    24  Ibid., p. 3.

    25  Jules Beaujoint, Histoire du Palais-Royal et de ses galeries, Paris, A. Fayard, 1881, p. 299.

    26  Gustave-Roger Sandoz et Victor Champier, Le Palais-Royal d’après des documents inédits (1629-1900), Paris, Société de propagation des livres d’art, 1900, p. 140.

    27  Jacques Hantraye, Les cosaques aux Champs-Élysées…, op. cit., passim.

    28  AN, F7 9203, Archives du commissaire provisoire au département de la police générale à Paris, extraits des rapports de messieurs les commissaires de police du 15 au 16 mai 1814.

    29  Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution…, op. cit., p. 115-166.

    30  Pour la période révolutionnaire, les violences exercées par les soldats français sur les prostituées parisiennes sont recensées dans les rapports de surveillance de l’administration policière. On trouve en outre dans les archives des commissaires de police de Paris quelques plaintes de prostituées contre les brutalités exercées par les militaires : ibid.

    31  Archives du ministère français des Affaires étrangères (AMAE), Mémoires et Documents, vol. 336, avril-juin 1814, Bulletins sur l’état des esprits en France, rapport de la police secrète de Paris du 8 mai 1814.

    32  AN, F7 9203, Archives du commissaire provisoire au département de la police générale à Paris, extraits des rapports de messieurs les commissaires de police du 21 mai 1814.

    33  AMAE, Mémoires et Documents, vol. 336, avril-juin 1814, Bulletins sur l’état des esprits en France, 8 mai 1814.

    34  Jill Harsin, Policing Prostitution in Nineteenth-Century Paris, Princeton, Princeton University Press, 1985.

    35  AN, F7 9305, Affaires administratives, publiques, Rapport du dispensaire de la Seine au ministre de l’Intérieur, 27 décembre 1820 ; Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), Série 104 « Prostitution », Compte général de surveillance administrative et sanitaire pour l’exercice 1816.

    36  BHVP, Série 104 « Prostitution », Compte général de surveillance administrative et sanitaire pour l’exercice 1816. Les chiffres qui suivent proviennent également de ce rapport.

    37  Boris von Uexküll, Amours parisiennes…, op. cit., p. 127.

    38  « Adieu, Sophie, Émilie, Virginie, et tant d’autres nymphes de la Seine, brunes, blondes, aux yeux noirs, bleus, gris, grasses, maigres, grandes et petites ! Si nous n’emportons pas vos portraits, vous nous avez laissé d’autres souvenirs », Antoine Caillot, Les adieux…, op. cit., p. 2.

    39  Charles Jérôme Lecour, La prostitution à Paris et à Londres, 1789-1870, Paris, Asselin, 1870, p. 32.

    40  AN, F7 9203, « Officiers des armées alliées qui se trouvent à Paris, soit dans les hôpitaux, soit chez les Bourgeois », Archives du commissaire provisoire au département de la police générale à Paris, juin 1814.

    41  Alexandre-Jean-Baptiste Parent-Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration, Bruxelles, Société Belge de Librairie/Hauman/Cattoir, 1836, p. 663.

    42  Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution…, op. cit., p. 220-271.

    43  AN, F73835, F73857, Rapports généraux de surveillance du Bureau central du canton de Paris puis de la préfecture de Police, an IV [septembre 1795-septembre 1796]-1827.

    44  Alexandre-Jean-Baptiste Parent-Duchâtelet, De la prostitution…, op. cit., p. 31.

    45  AN, F73835, F73857, Rapports généraux de surveillance du Bureau central du canton de Paris puis de la préfecture de Police, 11 mai 1814.

    Auteur

    Clyde Plumauzille

    Docteure en histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chargée de recherche au CNRS et membre du Centre Roland Mousnier (Sorbonne Université). Ses recherches portent sur le travail du corps des femmes dans les sociétés industrielles européennes. Elle a publié aux éditions Champ Vallon Prostitution et Révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1799) en 2016. Co-animatrice du groupe de recherche « Genre et classes populaires », elle est également membre du comité de rédaction de la revue Clio et du LabEx Écrire une histoire nouvelle de l’Europe.

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    1  Les Soirées du Palais-Royal. Recueil d’aventures galantes et délicates, publié par un invalide du Palais-Royal…, Paris, Plancher, 1815, cité dans Clyde Plumauzille, « Le “marché aux putains” : économies sexuelles et dynamiques spatiales du Palais-Royal dans le Paris révolutionnaire », Genre, sexualité & société, 10, automne 2013, http://gss.revues.org/2943.

    2  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit.

    3  Sur la question des sources, voir notamment Jacques Hantraye, Les cosaques aux Champs-Élysées…, op. cit. p. 13-15 ; Marie-Pierre Rey, « La société française face à la campagne de Russie. Entre information officielle, angoisses et rumeurs collectives », dans Antoine Marès et Marie-Pierre Rey (dir.), Mémoires et émotions. Au cœur de l’histoire des relations internationales, Paris, Publications de la Sorbonne, 2014, p. 149-160, ici p. 150-153.

    4  Voir notamment sur ce point les travaux de : Véra Milchina et Alexandre Ospovat, Les Russes découvrent la France au xviiie et au xixe siècle, Paris, Librairie du Globe, 1990 ; Brigitte de Montclos, Les Russes à Paris au xixe siècle, 1814-1896, Paris, Paris musées, 1996 ; Maya Goubina, « Les vainqueurs et les vaincus, découverte mutuelle : les Russes en France (1814-1818) », Revue des études slaves, 83/4, 2012, p. 1011-1022.

    5  C’est le cas par exemple du peintre russe Alexander Sauerweid (1783-1844) dont les aquatintes publiées à Paris constituent des sortes de « clichés » de l’armée cosaque

    6  Alexandrana…, op. cit. p. 40.

    7  Cité dans Brigitte de Montclos, Les Russes à Paris au xixe siècle…, op. cit., p. 19.

    8  Il s’agit d’un topos de l’époque concernant les cosaques, voir Marie-Pierre Rey, « Les cosaques dans les yeux des Français, à l’heure de la campagne de 1814 : contribution à une histoire des images et des représentations en temps de guerre », Quaestio Rossica, 1, 2014, passim.

    9  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit., p. 345.

    10  Déclaration du baron von der Osten-Sacken, gouverneur de Paris,31 mars 1814, relayée dans les journaux parisiens dès le 1er avril, notamment le Moniteur et le Journal des débats, cité dans Henry Houssaye, 1814. Histoire de la campagne de France, Paris, Perrin, 1907 [1888], p. 570.

    11  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit., p. 347.

    12  D’après le témoignage d’Andrew Thomas Blayney, seule la journée du31 mars aurait marqué un temps d’arrêt des activités ludiques de la capitale, Andrew Thomas Blayney, Une captivité en France. Journal d’un prisonnier anglais, 1811-1814. Annoté d’après les documents d’archives et les mémoires, Paris, Louis-Michaud, 1910, p. 175-176.

    13  Boris von Uexküll, Boris Uxkull, Amours parisiennes et campagnes en Russie. Journal d’un vainqueur de Napoléon, 1812-1819, Paris, Fayard, 1968, p. 128.

    14  Clyde Plumauzille, « Le “marché aux putains”… », art. cité.

    15  Boris von Uexküll, Boris Uxkull, Amours parisiennes…, op. cit., p. 125.

    16  Pour un tableau de ce monde parisien de la prostitution, voir Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2016, p. 27-166.

    17  Ibid., p. 127-128.

    18  Georges-Jacques Gatine, Le premier pas d’un jeune officier cosaque au Palais-Royal, 1814, musée Carnavalet.

    19  Jacques-Olivier Boudon, La France et l’Europe de Napoléon, Paris, Armand Colin, 2006, p. 123.

    20  Marie-Pierre Rey, 1814. Un tsar à Paris, op. cit., p. 239.

    21  L’importance des contacts économiques noués avec la population parisienne se retrouve notamment dans le libelle comique d’Antoine Caillot, Les adieux des Russes aux Parisiens, Paris, impr. de Cellot, 1814, p. 8. Marchands de rue, artisans, boutiquiers en tout genre, cochers, tailleurs, armuriers, libraires constituent autant d’acteurs de ces échanges entre Russes et Parisiens.

    22  Georg Emanuel Opiz : Cosaques à Paris pendant l’occupation des troupes alliées. Les cosaques à Paris, Le défilé militaire, et Le numéro 113 du Palais-Royal, 1814-1815, Paris, musée Carnavalet.

    23  Antoine Caillot, Les adieux…, op. cit., p. 2.

    24  Ibid., p. 3.

    25  Jules Beaujoint, Histoire du Palais-Royal et de ses galeries, Paris, A. Fayard, 1881, p. 299.

    26  Gustave-Roger Sandoz et Victor Champier, Le Palais-Royal d’après des documents inédits (1629-1900), Paris, Société de propagation des livres d’art, 1900, p. 140.

    27  Jacques Hantraye, Les cosaques aux Champs-Élysées…, op. cit., passim.

    28  AN, F7 9203, Archives du commissaire provisoire au département de la police générale à Paris, extraits des rapports de messieurs les commissaires de police du 15 au 16 mai 1814.

    29  Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution…, op. cit., p. 115-166.

    30  Pour la période révolutionnaire, les violences exercées par les soldats français sur les prostituées parisiennes sont recensées dans les rapports de surveillance de l’administration policière. On trouve en outre dans les archives des commissaires de police de Paris quelques plaintes de prostituées contre les brutalités exercées par les militaires : ibid.

    31  Archives du ministère français des Affaires étrangères (AMAE), Mémoires et Documents, vol. 336, avril-juin 1814, Bulletins sur l’état des esprits en France, rapport de la police secrète de Paris du 8 mai 1814.

    32  AN, F7 9203, Archives du commissaire provisoire au département de la police générale à Paris, extraits des rapports de messieurs les commissaires de police du 21 mai 1814.

    33  AMAE, Mémoires et Documents, vol. 336, avril-juin 1814, Bulletins sur l’état des esprits en France, 8 mai 1814.

    34  Jill Harsin, Policing Prostitution in Nineteenth-Century Paris, Princeton, Princeton University Press, 1985.

    35  AN, F7 9305, Affaires administratives, publiques, Rapport du dispensaire de la Seine au ministre de l’Intérieur, 27 décembre 1820 ; Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), Série 104 « Prostitution », Compte général de surveillance administrative et sanitaire pour l’exercice 1816.

    36  BHVP, Série 104 « Prostitution », Compte général de surveillance administrative et sanitaire pour l’exercice 1816. Les chiffres qui suivent proviennent également de ce rapport.

    37  Boris von Uexküll, Amours parisiennes…, op. cit., p. 127.

    38  « Adieu, Sophie, Émilie, Virginie, et tant d’autres nymphes de la Seine, brunes, blondes, aux yeux noirs, bleus, gris, grasses, maigres, grandes et petites ! Si nous n’emportons pas vos portraits, vous nous avez laissé d’autres souvenirs », Antoine Caillot, Les adieux…, op. cit., p. 2.

    39  Charles Jérôme Lecour, La prostitution à Paris et à Londres, 1789-1870, Paris, Asselin, 1870, p. 32.

    40  AN, F7 9203, « Officiers des armées alliées qui se trouvent à Paris, soit dans les hôpitaux, soit chez les Bourgeois », Archives du commissaire provisoire au département de la police générale à Paris, juin 1814.

    41  Alexandre-Jean-Baptiste Parent-Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration, Bruxelles, Société Belge de Librairie/Hauman/Cattoir, 1836, p. 663.

    42  Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution…, op. cit., p. 220-271.

    43  AN, F73835, F73857, Rapports généraux de surveillance du Bureau central du canton de Paris puis de la préfecture de Police, an IV [septembre 1795-septembre 1796]-1827.

    44  Alexandre-Jean-Baptiste Parent-Duchâtelet, De la prostitution…, op. cit., p. 31.

    45  AN, F73835, F73857, Rapports généraux de surveillance du Bureau central du canton de Paris puis de la préfecture de Police, 11 mai 1814.

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    Les Russes en France en 1814

    Ce livre est cité par

    • Sussman, Sarah. (2021) Recent Books and Dissertations on French History. French Historical Studies, 44. DOI: 10.1215/00161071-8806496

    Les Russes en France en 1814

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