Langue et histoire : des rapports nouveaux
p. 13-31
Texte intégral
1Le double problème de la compréhension et de l’interprétation du langage s’est toujours posé à l’historien, mais le plus souvent de façon limitée : les termes texte et histoire suffiraient à décrire cette confrontation. Ce n’est qu’assez récemment qu’il a pris une forme nouvelle (nous reviendrons sur les formes plus traditionnelles, qui n’ont du reste rien perdu de leur intérêt propre) que l’on peut désormais résumer par cet énoncé lapidaire, « langue et histoire ». En réalité, de tout temps, l’historien a travaillé sur les mots, qu’il s’agisse des signes qui permettent de les inscrire et de les déchiffrer (épigraphie, paléographie, etc.) ou qu’il s’agisse, et c’est surtout cet aspect qui nous retiendra, du sens dont ils sont porteurs. Quand il affronte ses sources, l’historien retrouve ce bon vieux problème que débat déjà Socrate dans le Cratyle de Platon1 : faut-il partir du nom pour découvrir le réel ? Ou faut-il acquérir la connaissance du réel pour pouvoir le nommer convenablement et ainsi le décrire et le rendre intelligible ? Il ne s’agit pas là d’un enjeu seulement théorique : asseoir la connaissance sur des noms supposés immuables fait du langage une institution naturelle qui doit son origine à des principes éternels (divins ?) qu’il n’est ni souhaitable ni d’ailleurs possible d’altérer ; alors que si le langage n’est que le produit d’une convention sociale, celle-ci peut être remise en cause et transformée par l’action humaine2. De fait, la méthode à laquelle Socrate a recours pour démonter son adversaire pour qui le langage est une donnée de nature et donc quasi immuable est l’étymologie, qui n’est rien d’autre qu’une forme de recherche de la vérité à travers les variations du langage, et c’est là une méthode qui est depuis toujours restée à l’honneur chez les historiens. Les historiens de l’époque médiévale ont même porté cette pratique à un degré de virtuosité délirante proprement exceptionnel ! L’historien est sans cesse confronté à des phénomènes que l’on n’a su nommer que plusieurs siècles après leur apparition (à commencer par l’État !), à des taxinomies trompeuses, à des appellations ambiguës ou délibérément fallacieuses... Mais la relation entre l’historien et la langue ne se réduit ni à la relation qu’il entretient professionnellement avec l’herméneutique ni à celle que lui impose parfois la matérialité opaque du signe.
2Le renouvellement de la problématique du rapport de la langue et de l’histoire est venu par plusieurs cheminements. Ainsi, dans le cas de la France auquel nous nous limiterons dans un premier temps, c’est surtout le structuralisme qui a fait converger les réflexions des spécialistes des sciences sociales vers la linguistique. Jusque-là, le seul contact étroit et exigeant entre l’histoire et les sciences du langage s’opérait par la philologie, et concernait surtout les historiens de l’Antiquité et du Moyen Âge. Dans les années 1950, les débuts de ce qui est devenu l’histoire des mentalités ont fait apparaître une sensibilité nouvelle aux mots, dont témoigne par exemple l’œuvre d’un Alphonse Dupront. Mais, avec le structuralisme et le défi qu’il représentait pour les marxistes, c’est dans une atmosphère qui apparaît rétrospectivement bouillonnante et à travers des débats souvent passionnés que les historiens se sont tournés vers la science reine du jour pour rechercher ce qu’elle pourrait leur apporter. Découvrant enfin la portée des principes saus-suriens, ils ont cherché à trouver un moyen de construire des méthodes leur permettant de s’introduire avec profit dans l’espace du langage défini par les deux pôles de la langue (« fait social » fonctionnant comme un système synchronique) et de la parole (purement individuelle). Au-delà de tentatives empiriques, comme celle (qui a d’ailleurs eu un impact important) d’Antoine Prost analysant les déclarations électorales du Barodet3, ils se sont tournés vers l’analyse de discours en prenant appui sur les travaux de sémiologues comme Algirdas Julien Greimas4, et de lexicologues comme Georges Matoré5 et surtout Jean Dubois qui, de 1962 à 1969, éclairent la voie qui mène du mot (et donc de la simple lexicologie) à l’énoncé puis au discours6. Pour les historiens, il reste surtout de ce moment clé l’ouvrage de Régine Robin, Histoire et linguistique, qui date de 1973 et n’a toujours pas été remplacé7, même si Jacques Guilhaumou (que seuls des problèmes de santé ont empêché de prendre part à ce colloque de l’École doctorale) a récemment dégagé d’autres perspectives sur lesquelles nous reviendrons8. Le livre de Régine Robin donnait un aperçu des recherches foisonnantes des années 1960, recherches dont beaucoup d’entre nous sont aujourd’hui les héritiers directs. Comme le montre la longue citation empruntée à Michel Foucault placée en exergue de son ouvrage, l’objectif était alors de récuser et de remplacer « cette forme d’histoire qui était en secret mais tout entière référée à l’activité synthétique du sujet9 » : il ne s’agissait pas seulement d’intégrer à la panoplie méthodologique des historiens quelques-uns des outils de la linguistique ou d’annexer à la critique historique les réflexions des linguistes sur la langue et le discours, mais bien de développer une transformation « autochtone » (au sens de Foucault) de la pratique des historiens en les entraînant sur le terrain de l’analyse de discours, même si l’on espérait bien que celle-ci pourrait, grâce à l’application exigeante des méthodes des purs linguistes, entraîner les historiens plus loin que les positions par trop théoriques de Foucault sur les « régularités discursives » et l’archéologie des énoncés ; le marxisme plus ou moins affirmé des tenants de l’analyse de discours les poussait en effet à la plus grande méfiance face à la démarche interprétative du philosophe.
3L’analyse de discours10, puisque c’est bien elle qui était proposée comme une méthode autonome mais intégrable à la panoplie de l’historien, était cependant étroitement liée à deux autres approches, dont les visées théoriques légèrement différentes, me semble-t-il, s’éclairent à la lecture des pages d’Histoire et linguistique et de la production des années suivantes. Il peut paraître arbitraire de séparer ces trois tendances et Jacques Guilhaumou a sans doute raison, en tant que l’un des acteurs de premier plan de cette aventure scientifique, de ne pas le faire : en fait, on retrouve, passant de l’une à l’autre, les mêmes auteurs dans les publications qui peuvent leur être rattachées ; toutes trois ont une origine commune (Nanterre et Saint-Cloud) et elles cherchaient à se distinguer aussi bien de l’application aveugle d’une statistique lexicale oublieuse du fait primordial que la fréquence des unités dont la succession constitue le discours ne doit rien au hasard11, que d’une lexicologie réduite à des listes de vocabulaire et à des taxinomies détachées de toute contextualisation sociale12.
4La première de ces trois visées était celle de la lexicologie quantitative (ce que l’on appelle plutôt textométrie aujourd’hui), qui a abouti à l’analyse des données textuelles (ADT) dont parle ici même Damon Mayaffre. Son origine se situe à l’École normale supérieure de Saint-Cloud (aujourd’hui transférée à l’ENS-LSH de Lyon), au Centre de recherche de lexicologie politique créé en 1967 et dont le premier directeur a été Robert Léon Wagner auquel succède un peu plus tard Maurice Tournier. Les recherches de ce laboratoire portaient essentiellement sur la langue politique du xviie au xxe siècle13, et elles furent notamment illustrées par la thèse de Michel Launay sur le vocabulaire de Jean-Jacques Rousseau14, par les recherches d’Annie Geffroy et de Jacques Guilhaumou15 (entre autres) sur la Révolution française, et de Maurice Tournier16, Pierre Muller17 et Denis Peschanski18 pour les périodes suivantes. L’apport des équipes de l’École normale de Saint-Cloud a été considérable chez les historiens comme chez les « littéraires » (Christiane Marchello-Nizia, qui a plus tard dirigé l’institut de la langue française à l’ENS-LSH de Lyon, ne me démentira pas). Jacques Guilhaumou résume fort bien l’apport de ce groupe dont il a été l’un des membres les plus actifs :
[...] la procédure initiale de l’analyse de discours du côté de l’histoire a donc permis, sur la base des méthodes linguistiques et lexicométriques, d’introduire des critères d’exhaustivité et de systématicité à l’intérieur des corpus représentatifs et comparatifs, sélectionnés sur leurs conditions de production19.
5Les méthodes statistiques mises en œuvre par Pierre Lafon20 et André Salem21 ainsi que les logiciels mis au point au Centre de recherche de lexicologie politique sont à la base de ceux qui ont été développés ensuite par Pierre Muller (PISTES), André Salem (LEXICO3), Étienne Brunet (HYPERBASE), Serge Heiden (WEBLEX) : ces logiciels dominent toujours la scène française. Ils offrent cependant chacun des propriétés spécifiques, si bien que leurs promoteurs respectifs se sont entendus pour construire aujourd’hui un nouveau logiciel, en cours de réalisation à l’ENS-LSH de Lyon22, qui intégrera leurs différentes possibilités et tiendra compte des exigences de la nouvelle linguistique de corpus et plus précisément de celles du tagging23. L’influence du groupe de chercheurs gravitant autour du Centre a été pérennisée par la revue Mots. Les Langages du politique, créée en 1980 (mais qui s’est plus tard orientée surtout vers les sciences politiques).
6C’est en tout cas le Centre de recherche de lexicologie politique de Saint-Cloud qui a pour l’essentiel polarisé l’intérêt des historiens dans le domaine linguistique. Des membres du Centre, Annie Geffroy, Pierre Lafon et Maurice Tournier, se sont associés avec deux enseignants de l’Université Lyon 2 (Maurice Mouillaud et Jean Gouazé) et un chercheur de ce qui était alors la VIe section de l’École pratique des hautes études, Michel Demonet, pour offrir en 1975 dans une étude des tracts rassemblés par les étudiants de la Sorbonne à l’instigation de Jean Maitron, un panorama qui reste encore aujourd’hui précieux – notamment à propos des cooccurrences – des méthodes auxquelles l’informatique venait d’ouvrir l’accès et de leur substrat théorique. Ce volume représente une sorte d’aboutissement des recherches méthodologiques du laboratoire qui n’a pas été véritablement dépassé avant l’avènement de la linguistique de corpus24.
7 La textométrie a poursuivi son chemin et elle connaît aujourd’hui de nouveaux prolongements : la quantité considérable de textes numérisés a poussé à la mise au point d’une nouvelle méthode, le text mining25, qui permet de remplacer avantageusement les analyses de contenu. Quant aux statistiques appliquées à la textométrie, elles se sont diversifiées26 : l’étude des cooccurrences s’est étendue à celle des rafales et à celle des « thèmes27 », on s’est intéressé aux rythmes d’apparition des mots dans les textes jusqu’à pouvoir les cartographier28. Certains domaines particuliers se sont développés, notamment l’anthroponymie, pour laquelle Pascal Chareille vient de publier une remarquable étude de méthodologie statistique29. Des méthodes nouvelles, même si elles présentent une certaine parenté avec l’analyse factorielle, sont apparues, comme la latent semantic analysis30 ou la sémantique vectorielle, pour laquelle chaque texte est un vecteur dont chaque valeur correspond à l’un de ses mots : la distance entre les textes est estimée à partir de l’angle entre les vecteurs qui les représentent. Elles utilisent des méthodes plus ou moins complexes pour pondérer les fréquences des mots.
8La deuxième de ces visées théoriques était celle que portait principalement Michel Pêcheux, l’analyse automatique du discours (AAD), à laquelle beaucoup croyaient alors. Inspirée de la linguistique de Zellig Harris et de sa théorie de la transformation, l’AAD, tout en critiquant certains de ces aspects, visait à ramener, par des procédures automatiques de transformation, la multitude des énoncés empiriquement possibles à un nombre relativement limité de constructions qu’il serait ensuite possible d’analyser lexicalement et quantitativement, grâce à des logiciels31. La linguiste Denise Maldidier et, « du côté de l’histoire », Régine Robin et Jacques Guilhaumou, comme d’ailleurs les membres du Centre de recherche de lexicologie politique de Saint-Cloud, se sont passionnés pour les perspectives ouvertes par les réflexions théoriques qui fondaient l’entreprise. Ils ont contribué – surtout Denise Maldidier qui travaillait alors sur l’impact de la guerre d’Algérie sur le vocabulaire politique – aux premières applications pratiques de l’AAD, mais d’importantes difficultés sont vite apparues32 et, de fait, bien qu’il ne s’agisse en fait là que de coïncidences, le suicide de Michel Pêcheux en 1983 puis la mort accidentelle de Denise Maldidier un peu plus tard ont semblé mettre fin à une expérience qui, en dépit de son apparent échec final, a sans doute été très riche d’enseignements33.
9La troisième de ces visées est celle qui correspond à la conception d’un nouveau champ scientifique, celui de la sociolinguistique. Sept ans avant le livre de Régine Robin était paru aux États-Unis celui de William Labov sur la stratification sociale, telle qu’elle apparaissait dénotée par l’anglais parlé dans les différents quartiers de New York34. Ce livre passe pour être l’ouvrage fondateur de la sociolinguistique, une discipline qui a très rapidement semblé capable d’apporter une réponse à une partie au moins des interrogations historiennes35. En France, c’est l’un des élèves de Jean Dubois, Jean-Baptiste Marcellesi, qui s’est le premier réclamé de la sociolinguistique36. Les historiens et les sociolinguisticiens qui ont travaillé ensemble se sont intéressés aux textes du mouvement syndical, mais les sociolinguisticiens ont quant à eux abordé bien d’autres aspects : la langue des ouvriers et des travailleurs (Bernard Gardin37), les expressions linguistiques de la xénophobie (Pierre Fiala et Marianne Ebel38), la concurrence entre les langues et leurs rapports avec le colonialisme (Louis-Jean Calvet39). On peut aussi rattacher à cette mouvance sociolinguistique le Groupe de travail d’analyse de discours, qui publie la revue Langage et société, fondée par Pierre Achard dès 1976 : animé essentiellement par des sociologues, il a attiré quelques historiens, parmi lesquels on peut citer notamment les noms de Jean-Marie Bertrand et de Jacques Guilhaumou40.
10En fait, même si, comme nous l’avons vu, l’analyse de discours a continué à se développer vers la logométrie (ou textométrie) et s’est ainsi pleinement intégrée à la nouvelle linguistique de corpus41, les historiens, à quelques exceptions près (dont évidemment, au premier chef, Jacques Guilhaumou42, mais, significativement, au sein d’un laboratoire de linguistique !), sans doute rebutés ou effrayés par la technicité des méthodes et le temps de travail qu’implique la préparation des corpus, se sont éloignés des pratiques quantitatives, pourtant constitutives de ce champ scientifique, alors que les linguisticiens ont continué à les pratiquer43. En revanche, ils n’ont pas pour autant renié leur adhésion à la sociolinguistique. Ainsi, sans abandonner pour autant le programme scientifique de l’analyse de discours, Jacques Guilhaumou n’a pas de réticence à se considérer lui-même comme sociolinguiste44, et Régine Robin – d’abord pour le moins méfiante à l’égard de la sociolinguistique – s’oriente aujourd’hui plus nettement du côté de la sociologie de la littérature45. L’influence de son étude sur le réalisme socialiste46 tout comme celle de Jean-Pierre Faye sur les langages du totalitarisme47 ont d’ailleurs contribué à élargir l’horizon de l’analyse de discours et à l’intégrer à l’horizon plus large mais moins exigeant méthodologiquement de la sociolinguistique d’une part, et de l’histoire des idées politiques de l’autre. C’est ainsi que l’analyse de discours « à la française48 » est devenue compatible avec une autre évolution qui peut pourtant être considérée comme plus ou moins contradictoire, celle du linguistic turn initié par les historiens américains et dans lequel la critique des données textuelles est une opération centrale.
11En effet, au moment même où de nombreux historiens se lançaient en France dans l’aventure de l’analyse de discours, avec ses fortes exigences méthodologiques, tant en matière de statistique que de linguistique, se dessinait outre – Atlantique49 une orientation très différente, ce que l’on appelle en général le linguistic turn, dont l’origine est plutôt à rechercher du côté de la sémiotique de Charles Peirce et de l’anthropologie culturelle de Clifford Geertz50 que du côté des linguistes. La réflexion sur le texte a certes conduit les historiens américains vers la linguistique, mais c’est en réalité sur la critique textuelle et littéraire qu’ils se sont appuyés. Ils l’ont fait par l’intermédiaire des méthodes de la sémiotique, et par celui de l’œuvre des philosophes « postmodernes » comme Michel Foucault et surtout Jacques Derrida qui, pour autant que je puisse en juger d’après ce que dit Gabrielle Spiegel51, semble avoir exercé une influence sur l’histoire et les historiens beaucoup plus forte aux États-Unis qu’en France. En tout état de cause, les orientations américaines (« histoire intellectuelle », « nouvelle histoire socioculturelle », New Historicism, etc.)52 ne font pratiquement aucune place ni aux méthodes quantitatives ni à la linguistique proprement dite. Leurs interrogations communes portent sur le lien entre le discours historique et un « réel » plus ou moins hors de portée du travail d’enquête scientifique ; elles sont ainsi pratiquement en contradiction avec les postulats scientifiques de l’analyse de discours et plus particulièrement avec ceux de la logométrie. L’un de ceux qui a critiqué de la façon la plus approfondie les options des historiens américains, Roger Chartier53, est d’ailleurs lui-même tout aussi méfiant, pour ne pas dire plus, devant les mirages du quantitatif ; d’ailleurs, quand on lui parle discours, il répond Foucault, pas analyse de discours54. Et d’une façon générale, il ne me semble pas exagéré de dire que sociologues et historiens anglo-saxons montrent relativement peu d’intérêt pour les approches quantitatives de l’étude des textes, qu’il s’agisse de sociolinguistique55 ou de textométrie56.
12Jacques Guilhaumou57 a pourtant voulu déceler dans ce qu’il appelle « l’histoire » ou « l’analyse langagière des concepts » une convergence entre l’analyse du discours et les travaux de Reinhart Koselleck58 en Allemagne, et de « l’école de Cambridge59 » (John Pocock60, Quentin Skinner ou Mark Bevir61) en Angleterre. Il ne s’agit pas évidemment ici de récuser l’importance ou de minimiser l’apport de la Begriffsgeschichte et de ces historiens anglo-saxons. Mais pour prendre l’exemple de Quentin Skinner62, dont je connais mieux le travail que celui de Koselleck – encore que j’ai eu la chance de les rencontrer l’un et l’autre –, et quel que soit l’intérêt (considérable) et la perspicacité de ses analyses63, elles ne font appel qu’à une dimension critique, somme toute assez classique. L’important est pour lui l’analyse critique de l’intention de l’auteur, afin d’établir avec certitude ce qu’il a véritablement eu l’intention précise de dire, ne serait-ce que parce que c’est à ce niveau-là et à ce niveau-là seulement de signification qu’il est raisonnable d’arriver à une certitude grâce à la méthode critique ; il y a d’autres niveaux de signification, ce que le texte signifie en soi et ce que le texte en vient à signifier pour ses différents « lecteurs » au fil des ans, mais ce n’est pas a priori ce qui l’intéresse64. Et il définit très clairement l’avantage de s’intéresser au concept plutôt qu’au mot : les mots qui désignent le mieux un concept peuvent n’être pas disponibles à une époque où pourtant le concept existe. Par exemple, Milton, dans son Paradis perdu, utilise le concept d’« originalité » mais le mot n’existe pas encore dans la langue65. Autrement dit, si sa préoccupation première reste d’historiciser l’histoire des idées et qu’il est indéniablement attentif aux phénomènes linguistiques, se rapprochant ainsi des historiens et leur offrant le bénéfice de l’accès à sa formidable culture, il se situe aux antipodes de la démarche lexicale et lexicométrique ainsi que de l’approche sémantique fondée sur l’analyse systématique des cooccurrences, qui est la marque même de l’école de Saint-Cloud. Que je sache, il ne pratique nullement ces méthodes, et j’ai du mal à comprendre pourquoi Jacques Guilhaumou, qui les a pratiquées et les pratique encore assidûment, croit trouver une planche de salut dans cette histoire des concepts qui, si elle est une avancée incontestable dans l’arsenal méthodologique des historiens des idées et des philosophies, me paraît plutôt un retour en arrière pour les historiens. Encore une fois, ceci n’est ni une critique du travail de Jacques Guilhaumou ni de celui de Quentin Skinner qui a bien prouvé que l’étude érudite et minutieuse de l’intention de l’auteur et celle de ses capacités d’interprétation des termes qu’il emploie en fonction des contextes de production du texte sont indispensables à l’histoire des idées telle qu’il la conçoit ; mais l’historien qui n’est pas un historien des idées, à partir du moment où il veut franchir le gouffre que Reinhart Koselleck perçoit entre l’histoire sociale et l’histoire des concepts et où il entend réinscrire le texte (ou plutôt le discours) au cœur de l’histoire sociale, ne peut se contenter de cette approche. Ce qu’a voulu dire l’auteur en est évidemment une composante essentielle, mais le texte, à partir du moment où il circule, ne lui appartient plus : il est constitué d’un ensemble de signes qui font sens au-delà même de ce que l’auteur entend dire. Le texte dit forcément autre chose que ce que dit l’auteur, et il ne dit d’ailleurs pas la même chose à chacun de ses lecteurs ou de ses récepteurs. Et c’est précisément pourquoi il se tourne vers la linguistique, du moins s’il prend au sérieux les avertissements de Michel Foucault.
13Pour nous, et sans vouloir aucunement opposer un autre modèle à celui des travaux des historiens modernistes ou contemporanéistes (car la langue médiévale a ses spécificités qui suffisent à imposer d’autres approches), nous sommes restés fidèles à une approche quantitative résolument axée sur la sémantique66. Plusieurs jeunes médiévistes ont accepté de travailler dans cette même direction67. Dans une veine un peu différente mais fortement marquée par la lexicologie, on signalera aussi les travaux d’Olivier Bertrand qui portent sur la traduction en général et sur le transfert dans la langue française du vocabulaire abstrait du latin savant68.
14Si j’ai tenu à faire ce rappel historiographique, c’est que la cinquantaine d’années qui nous sépare du point de départ de ces débats, a profondément renouvelé tous les aspects des recours historiens au texte et à la langue et qu’il faut évidemment s’attendre à en retrouver la trace dans le texte des communications qui suivent. Ceci étant dit, le programme des deux journées « Langue et histoire » que l’École doctorale d’histoire de Paris 1 a organisées était conçu pour nous permettre d’aborder les aspects les plus variés du rapport entre la langue et l’histoire. Ils ont été regroupés en quatre grands ensembles. Le premier d’entre eux envisageait les relations entre divers domaines de la linguistique et l’histoire, englobant d’ailleurs à la fois l’ensemble des démarches « littéraires » et la philologie, dans la mesure où la linguistique elle-même s’intéresse de plus en plus à la philologie, comme le démontrent amplement plusieurs des articles réunis dans le volume collectif Science du texte et analyse du discours69. De fait, la philologie nous ramène à l’exercice érudit qui est à la fois le plus traditionnel et le plus indispensable à l’historien, du moins à celui des périodes anciennes ; mais la philologie s’est elle-même enrichie des apports de la linguistique. En tout cas, quel que soit l’équilibre entre linguistique, philologie et critique littéraire, l’historien a besoin de ces disciplines et de leurs méthodes pour aller plus loin dans la compréhension des textes sur lesquels il travaille.
15La première exigence est, tout simplement, de « comprendre » la lettre des textes. Ainsi, Claude Rilly70 réussit à redonner sens à des documents épigraphiques méroïtiques en montrant à l’issue d’une recherche linguistique que leur langue se rapproche des langues parlées au Tchad et au Soudan : c’est de l’étude de l’Afrique noire que viendra la lumière, et non plus seulement de l’Egypte, dont est pourtant issue la première des écritures utilisées pour rédiger ces textes. Mais l’historien peut aussi avoir besoin des lunettes du philologue et du linguiste pour y voir plus clair dans des textes dont il est parfois mal armé pour saisir les nuances grammaticales. Sans leurs savoirs spécifiques, certains phénomènes risquent de lui échapper. Ainsi les historiens sont-ils capables d’aborder sous plusieurs angles fort subtils la problématique de la redécouverte médiévale de l’individu au xiie siècle71 : mais Christiane Marchello-Nizia72 nous montre que c’est précisément à cette époque qu’évolue la relation entre les démonstratifs et les possessifs en ancien français : les démonstratifs se spécialisent, les uns pour désigner ce qui fait partie de la sphère du locuteur (CIST) et les autres ce qui s’en éloigne et s’en différencie (CIL). De même, Monique Goullet73 insiste sur la nécessité pour l’historien de prendre en compte les contraintes qu’impose le genre du texte, quel qu’il soit : ainsi, les miracles qui fournissent la trame des textes hagiographiques doivent-ils être considérés comme des cases vides que l’auteur va remplir ad libitum. C’est d’ailleurs ce qui rend les textes hagiographiques si riches pour l’histoire des mentalités ou pour l’anthropologie historique ; encore faut-il être capable de démêler ce qui relève du topos, du modèle littéraire (conscient ou inconscient), puisque le simple fait de donner à lire l’histoire en fait du même coup une fiction, la réalité étant voilée par le discours : nous rejoignons ici l’une des thèses favorites des historiens du linguistic turn, mais l’on voit que l’historien n’est pas totalement démuni face aux artifices de la mise en récit, pour peu qu’il prenne appui sur une approche pluridisciplinaire.
16Mais les pratiques et les intérêts des linguistes se sont aussi en partie déplacés, nous l’avons vu, vers la sociolinguistique. Or, celle-ci a peu à peu étendu son emprise de l’étude des phénomènes contemporains, où la phonétique et la phonologie jouent un rôle essentiel, vers celle des périodes antérieures, où ses méthodes ont permis d’obtenir dans nombre de domaines des résultats saisissants, auxquels les historiens n’auraient jamais pu parvenir seuls. La sociolinguistique est, d’une façon générale, indispensable pour aborder le rapport entre langue et société et, à travers elle, un très grand nombre de problèmes essentiels pour l’historien peuvent trouver des éléments de réponse solides. Il y a d’abord tous ceux qui sont liés à l’éducation, qui ne sont abordés ici que de façon marginale, et à lTaffirmation de l’appartenance et/ou de l’identification à un groupe social, et qui se décèlent à travers l’évolution des langues. La difficulté est souvent ici de faire la part de ce qui relève des facteurs internes du changement linguistique et ce qui peut être attribué à des facteurs externes, géographiques, culturels ou sociopolitiques. Cette fois, linguistes et historiens sont à égalité, puisqu’il leur faut partir des mêmes archives, mais la sociolinguistique permet de décrire de façon rigoureuse les évolutions et d’analyser leurs causes avec une précision que ne peuvent atteindre les historiens dépourvus de formation linguistique. R. Anthony Lodge, dont les travaux empiriques74 ont démontré tout ce que la sociolinguistique pouvait apporter à l’histoire de la langue française, reprend ici le problème75 dans un essai synthétique qui permettra aux historiens de se familiariser avec cette nouvelle approche d’un objet qu’ils croyaient pourtant bien connaître. Il rencontre sur ce même terrain Serge Lusignan qui, après s’être intéressé au statut plus ou moins officiel de la langue française par rapport aux pouvoirs dans une démarche comparative englobant la France et l’Angleterre76, restreint (du moins en apparence) ses objectifs pour se concentrer sur le picard, dont il juge le rôle essentiel non seulement dans le Nord de la France, mais aussi dans toutes les régions non francophones de l’Europe du Nord-Ouest77, notamment en Flandre.
17La sociolinguistique éclaire donc la façon dont les différents groupes communiquent entre eux. Il est clair que lorsque la société étudiée est une « société politique », ce sont aussi toutes les questions qui touchent au fonctionnement de l’espace public et de la place des langues parlées ou écrites (le rapport entre les unes et les autres étant un vaste problème en soi) qui se posent. La plupart des sociétés utilisent plusieurs langues, qui entretiennent entre elles des relations complexes et forment, par leurs combinaisons et l’équilibre qui se fait entre elles à un moment donné, l’une des structures essentielles du système de communication. Certaines langues ont dans de telles structures des fonctions spécifiques : administratives, commerciales, culturelles. Le grec à Rome, l’italien à la Renaissance, le français au xviiie siècle sont de ce point de vue des exemples éclairants. Le latin dans l’Occident médiéval offre un exemple plus complexe encore. C’est bien sûr comme dans l’Antiquité une langue administrative, mais son rôle primordial tient à sa fonction religieuse, puisqu’il reste la langue principale d’accès à la Bible et la seule langue admise pour l’office. Le latin est aussi la langue de la culture savante, et gardera longtemps ce rôle, à travers les configurations différentes qu’il pourra prendre, langue de la renaissance carolingienne, de la scolastique universitaire puis de l’humanisme, langue de l’enseignement et des échanges érudits jusqu’au xixe siècle au moins78. Nous nous attacherons à ces problèmes à partir de deux exemples contrastés. Bruno Rochette, qui a eu l’originalité d’aborder le problème du bilinguisme dans l’Empire romain à l’inverse du chemin que l’on emprunte habituellement, présente ici ses réflexions sur la diglossie qui caractérise Rome79, tandis qu’Anaïs Wion analyse les spécificités d’une langue très particulière, le ge’ez, aujourd’hui langue morte, mais qui n’en est pas moins utilisé pour écrire des chartes, qui sont des documents performatifs, alors que la langue vernaculaire est l’amharique80, si bien qu’il a fallu l’adapter aux exigences des pratiques sociales.
18Le troisième ensemble était consacré à la méthodologie, et plus particulièrement aux méthodes quantitatives, ce que l’on appelle aussi la lexicométrie et, de plus en plus aujourd’hui, la logométrie ou la textométrie. Nous avons eu l’occasion de retracer dans la première partie de cet article la fascination certaine que ces méthodes ont exercé sur les historiens et les sociolinguistes à partir des années 1960, et plus particulièrement sur les spécialistes de la période révolutionnaire et de l’histoire du syndicalisme. Les historiens se sont pourtant détournés – parfois par paresse ou par simple ignorance, et c’est bien pourquoi les écoles doctorales ont un rôle à jouer – de ces méthodes au moment où les outils informatiques et les corpus de textes numérisés sont de plus en plus facilement accessibles81. Il y a heureusement aujourd’hui un net regain d’intérêt pour ces méthodes, qu’il est possible de manier plus facilement et plus souplement qu’auparavant grâce à une nouvelle famille de logiciels. Il n’a été possible de reproduire ici ni l’intervention de Serge Heiden82 ni la très riche participation d’André Salem83 à la discussion. Elles ont permis de préciser « l’état de l’art » dans le domaine des logiciels84, à un moment où d’importantes recompositions se produisent. Pierre Lafon85 nous explique les fondements de la méthode et Damon Mayaffre86 nous en présente les apports : on notera que son dernier ouvrage sur les 816 discours et 1 545 505 mots de Jacques Chirac pendant sa présidence révèle une parenté insoupçonnée entre Cratyle et Jacques Chirac, qui prononce une fois tous les 500 mots son vocable caractéristique, « naturellement »...
19Le quatrième ensemble, enfin, revenait sur le vocabulaire de l’historien et la distance qu’il implique nécessairement par rapport à celui de ses sources : comment dire ce à quoi nous sommes étrangers, et surtout ce à quoi nous devons impérativement rester étrangers, sous peine de commettre la pire faute de l’historien, l’anachronisme87. L’historien doit en effet affronter avec sa propre langue, qui s’interpose à la manière d’une loupe déformante, celle de ses sources : entre lui et ces dernières, l’éloignement est tantôt de l’ordre du temps, tantôt de celui de l’espace, quand il ne provient pas des deux. Dans tous les cas, cet éloignement a des conséquences linguistiques qui, scrutées avec rigueur et avec méthode, deviennent des indices précieux pour l’historien. Dans le cas du temps, ce sont des paradigmes d’origines différentes qui colorent les mots de connotations qui tantôt se superposent, tantôt s’effacent. Un langage peut ainsi acquérir une étrangeté qui le rend proprement incompréhensible à moins d’un redoutable travail d’élucidation, même si son lexique ne pose pas en soi de problèmes insurmontables. C’est le cas du vocabulaire médiéval de la « langue » et du « signe » que Irène Rosier-Catach a pris pour exemple et dont elle a donné lors du colloque une analyse si passionnante88 que l’on regrette d’autant plus de ne pouvoir la publier ici : qu’il s’agisse de la langue ou du signe, le vocabulaire pourtant rigoureux des scolastiques (qui s’interrogent sans cesse sur le sens des mots qu’ils emploient et passent beaucoup de temps à les définir) est instable ; comment en serait-il autrement alors qu’il s’agit d’un temps de crise linguistique induite par la confrontation du lexique latin au grec, mais un grec pour l’essentiel retrouvé à partir des traductions arabes. Quant au signe, le problème est plus complexe encore du fait de l’importance du sacrement dans la société médiévale (le sacrement est administré par des signes qui font ce qu’ils signifient), ce qui conduit une partie des scolastiques à utiliser le terme symbole : mais celui-ci reste flou et la distinction entre le signe et le symbole demeure changeante et imprécise. C’est ce qui fait l’intérêt d’entreprises comme celle du vocabulaire européen des philosophies89, même si un tel dictionnaire peut difficilement éviter d’être au moins en partie un dictionnaire des intraduisibles90.
20Mais l’éloignement peut aussi être d’ordre géographique, lorsque l’on se trouve confronté à une langue au lexique mais aussi aux structures totalement différents de celle de l’observateur (qu’il soit historien, sociologue ou anthropologue) et, en même temps, à une société dont l’organisation originelle est a priori très éloignée de celle dont provient ce même observateur. La difficulté est accrue par le fait que, dans la presque totalité des cas, un masque s’interpose : les structures linguistiques tout comme les structures sociales sont artificiellement rapprochées par le phénomène de la colonisation – dont la décolonisation n’annule évidemment pas les effets ! L’oralité pose des problèmes spécifiques que nous n’avons pas abordés ici91, mais que l’étude s’applique à des documents écrits ou à des témoignages oraux, on rencontre une même difficulté : comment faire pour surmonter les déformations et les ambiguïtés engendrées par le phénomène colonial pour retrouver les champs sémantiques précoloniaux ? La linguistique peut alors venir au secours de l’historien : Jean-Pierre Chrétien nous en administre la preuve à partir de l’exemple de seulement trois champs sémantiques, essentiels il est vrai, ceux du pouvoir, des liens sociaux et du travail dans la langue bantoue du Burundi92 : devant la remarquable instabilité des termes et des sens que l’on peut leur assigner, l’étude comparée des évolutions du lexique des différentes langues voisines et parentes, en utilisant des méthodes lexicostatistiques, fournit un guide précieux.
21 Bien sûr, face à ces difficultés, une solution évidente serait de se tourner vers les dictionnaires. Mais Anita Guerreau-Jalabert93, à partir de l’exemple particulièrement révélateur des dictionnaires et du vocabulaire de la parenté, montre qu’en dépit du soin extrême qui est en général apporté à leur réalisation, les dictionnaires peuvent se révéler d’une utilisation dangereuse, sinon trompeuse. Sa conclusion est claire : si les historiens veulent disposer de bons dictionnaires, ils ne peuvent se contenter du travail des lexicographes mais doivent contribuer eux-mêmes à l’élaboration des notices par l’apport de leurs propres recherches. Dans le cas de la parenté, cette tâche est d’autant plus urgente et nécessaire que le vocabulaire conceptuel des historiens emprunte au lexique d’une culture donnée quand il érige en modèle une structure ou un processus observé dans cette société : ils ne disposent pas d’un lexique qui soit le produit d’une construction volontaire découlant de règles précises énoncées par les scientifiques eux-mêmes, comme cela peut être le cas (du moins en règle générale) pour le lexique savant des plantes ou des espèces animales.
22Ce volume sera loin d’avoir épuisé toutes les richesses des problèmes que la relation entre langue et histoire pose. Nous souhaitons seulement qu’il soit utile et permette de sensibiliser les historiens à la langue, au langage et au « discours », et les pousse à s’engager sur les pistes qui s’ouvrent aujourd’hui, notamment grâce à la transdisciplinarité. Peut-être auront-ils un jour à cœur d’en finir avec la « synthèse subjective » traditionnelle dont Michel Foucault leur reprochait l’abus... il y a déjà quarante ans.
Notes de bas de page
1 Cratyle, dans Platon, Œuvres complètes, éd. et trad. de Léon Robin, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1950, p. 613-681 : « Cratyle ici présent déclare, Socrate, qu’il existe une rectitude originelle de dénomination, appartenant de nature à chaque réalité ; qu’il n’y a pas dénomination quand tels hommes ont convenu d’appeler une chose, en utilisant pour cela une partie de leurs articulations vocales... »
2 Voir la discussion de ce problème dans le cas particulier des « langues coloniales » dans A. Goke-Pariola, The Role of Language in the Struggle for Power and Legitimacy in Africa, Lewiston, Edwin Mellen Press, 1993.
3 A. Prost, « Vocabulaire et typologie des familles politiques », Cahiers de lexicologie, 1969, I (2), p. 115-126.
4 A. J. Greimas, La Mode en 1830. Essai de description du vocabulaire d’après les journaux de mode de l’époque, Paris, PUF, 2000, rééd. de sa thèse soutenue en 1948.
5 G. Matoré, Le vocabulaire et la société sous Louis-Philippe, 2e éd., Genève, Slatkine, 1967, rééd. de sa thèse publiée en 1941 mais soutenue seulement en 1946 ; voir aussi La Méthode en lexicologie, Paris, Didier, 1953.
6 Voir F. Mazière, L’Analyse du discours, Paris, PUF, 2005, p. 29-34. La thèse de Jean Dubois, Le vocabulaire politique et social en France de 1869 à 1872, Paris, Larousse, 1962, est le point de départ. Il a créé la revue Langages en 1966 et c’est avec le n° 13 (1969) consacré à l’analyse de discours qui contient une traduction du texte fondateur du linguiste américain Zellig Harris datant de 1952, Discourse Analysis, qu’est consacré ce nouveau champ scientifique, immédiatement illustré par les thèses de ses élèves de Nanterre, Jean-Baptiste Marcellesi et Denise Maldidier.
7 R. Robin, Histoire et linguistique, Paris, Armand Colin, 1973. Quant à Régine Robin elle-même, voir son site internet : www.er.uqam.ca/nobel/r24136 ; sur son œuvre, C. Désy, V. Fauvelle, V Friedman et P. Maltais (dir.), Une œuvre indisciplinaire. Mémoire, texte et identité chez Régine Robin, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 2007.
8 J. Guilhaumou, Discours et événement. L’histoire langagière des concepts, Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, Série Linguistique et Sémiotique, n° 471, Besançon, 2006 ; voir aussi son analyse de l’évolution de l’attitude des historiens à l’égard de la linguistique en général et de l’analyse du discours en particulier : « À propos de l’analyse de discours : les historiens et le “tournant linguistique” », Langage et société, 65, 1993, p. 5-38 ; et sa présentation historiographique dans « Le corpus en analyse de discours : perspective historique », Corpus, I, 2002 (revue en ligne : http://corpus.revues.org). Pour autant, sa lecture de l’évolution de la relation entre les historiens et les linguistes est différente de celle qui est présentée ici.
9 M. Foucault, L’Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, p. 24.
10 J. Guilhaumou, D. Maldidier, A. Prost et R. Robin, Langage et idéologies. Le discours comme objet de l’histoire, présentation de Régine Robin, Paris, Les Éditions ouvrières, 1974 ; pour l’évolution du concept et de la méthode, voir J. Guilhaumou, D. Maldidier et R. Robin, Discours et archive. Expérimentations en analyse du discours, Liège, Mardaga, 1994.
11 Un débat qui n’est pas terminé et qu’Alain Guerreau s’emploie à faire renaître : voir le chap. ix « Distributions lexicales » de son manuel de Statistique pour historiens en ligne pour les étudiants de l’École des chartes, et notamment le paragr. 4.6 « Persistances d’erreurs grossières ».
12 Il s’agissait de se distancier des travaux, importants au demeurant, des spécialistes de la statistique lexicale que sont C. Muller, Étude de statistique lexicale. Le vocabulaire du théâtre de Pierre Corneille, Paris, Larousse, 1967, rééd. en 1979 et 1993 ; Principes et méthodes de la statistique lexicale, Paris, Hachette, 1977, rééd. en 1992 ; le recueil de ses articles, Langue française et linguistique quantitative, Genève, Slatkine, 1979 ; P. Guiraud, Les Caractères statistiques du vocabulaire, Paris, PUF, 1954 ; et Problèmes et méthodes de la statistique linguistique, Paris, PUF, 1960 pour la statistique, et de la lexicologie classique d’un Georges Matoré qui publiait une série de vocabulaires de la langue française par périodes.
13 J. Guilhaumou, Formation et aspects du vocabulaire politique français, xviie-xxe siècle, Paris, Didier-Larousse, 1969.
14 M. Launay, Jean-Jacques Rousseau écrivain politique, 1712-1762, Cannes-Grenoble, CEL-ACER, 1972 (thèse de 1969, rééd. en 1989) et les deux index qui s’y rattachent : L. et M. Launay, Le vocabulaire politique de Jean-Jacques Rousseau et Le vocabulaire littéraire de Jean-Jacques Rousseau, Paris-Genève, Slatkine-Honoré Champion, 1977.
15 Voir Équipe « XVIIIe et Révolution », Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815) : A. Geffroy, J. Guilhaumou et S. Moreno (dir.), Les Désignants socio-politiques, Paris, Klincksieck, I, 2 vol., 1985, et IV, 1991 ; Notions concepts, Paris, Klincksieck, II, 1987 ; Dictionnaires, normes, usages, Paris, Klincksieck, V, 1988 ; Notions pratiques, Paris, Klincksieck, VI, 1999 ; J. Guilhaumou et M.-F. Piguet (dir.), Notions théoriques, Paris, Honoré Champion, VII, 2003 ; R. Monnier et J. Guilhaumou (dir.), Patrie, patriotisme : notions pratiques, Paris, Honoré Champion, VIII, 2006. J. Guilhaumou, Idéologies, discours et conjoncture. L’exemple des discours révolutionnaires (1792-1794), thèse de doctorat de 3e cycle, Aix-Marseille 1, 1978 ; La Langue politique et la Révolution Française, Paris, Méridiens-Klincksieck, 1989 ; U Avènement des porte-parole de la République (1789-1792), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998 ; Sieyès et l’ordre de la langue. L’invention de la politique moderne, Paris, Éditions Kimé, 2002, pour ne citer que quelques uns de ses ouvrages les plus importants.
16 M. Tournier, Un vocabulaire ouvrier en 1848, 3 vols., Saint-Cloud, CNRS-ENS Saint-Cloud, 1975 ; Propos d’étymologie sociale, Lyon, Éditions de l’ENS, 2002, 3 vol. ; L’Aménagement lexical en France pendant la période contemporaine (1950-1994), Paris, Honoré Champion, 2003.
17 P. Muller, Jaurès, Vocabulaire et rhétorique, Paris, Klincksieck, 1994.
18 D. Peschanski, Et pourtant ils tournent. Vocabulaire et stratégie du PCF : 1934-1936, Paris, Klincksieck, 1988.
19 J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 16.
20 P. Lafon, Dépouillements et statistiques en lexicométrie, Genève-Paris, Slatkine-Honoré Champion, 1984.
21 A. Salem, Pratique des segments répétés. Essai de statistique textuelle, Paris, Klincksieck, 1987 ; et L. Lebart et A. Salem, Statistique textuelle, Paris, Dunod, 1994.
22 Il faut toutefois signaler qu’une autre famille de logiciels a été créée en liaison avec les recherches du linguiste Maurice Gross : le système INTEX, développé par Max Silberztein (depuis 2002, NooJ), qui semble (du moins à ma connaissance) avoir été peu utilisé par les historiens. Signalons également Alceste (Analyse des lexèmes cooccurrents dans les énoncés simples d’un texte), développé par Max Reinert.
23 Voir B. Habert, A. Lazarenko et A. Salem, Les Linguistiques de corpus, Paris, Armand Colin, 1997 ; et la revue électronique Corpus (voir n. 8).
24 M. Demonet, Des tracts en mai 68. Mesures de vocabulaire et de contenu, Paris, Fondation nationale des sciences politiques-Armand Colin, 1975.
25 Voir la présentation d’Adeline Nazarenko lors de l’atelier IV du programme ATHIS (Ateliers « Histoire et Informatique ») à l’ENS-LSH de Lyon, sur le site de Ménestrel.
26 On suivra l’évolution grâce aux Actes des Journées internationales d’analyse statistique des données textuelles (JADT).
27 Un des points forts d’HYPERBASE. Pour des informations sur ce logiciel, se reporter au site http://anctlla.unice.fr/-brunet/pub/hyperbase.html.
28 Un des points forts de LEXICO3. Pour des informations sur ce logiciel, se reporter au site : http:// www.cavi.univ-paris3.fr/Ilpga/ilpga/tal/lexicoWWW/lexico3.htm.
29 P. Chareille, Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, VI, Le nom : histoire et statistiques. Quelles méthodes quantitatives pour une étude de l’anthroponymie médiévale ?, Tours, Université de Tours, 2008. Pour l’anthroponymie moderne, on se reportera à J. Maître, « Les fréquences des noms de baptême en France. Rite de dénomination et linguistique statistique », L’Année sociologique, 3e sér., XV, p. 31-74.
30 T. Landauer, PW Foltz et D. Laham, « Introduction to Latent Semantic Analysis », Discourse Processes, 25, 1998, p. 259-284 (à signaler un excellent article d’introduction dans la Wikipedia, mis à jour en décembre 2008). Un site de l’Université du Colorado à Boulder est dédié à la LSA : http://isa. colorado.edu.
31 M. Pêcheux, Analyse automatique du discours, Paris, Dunod, 1969.
32 M. Pêcheux, Les Vérités de La Palice. Linguistique, sémantique, philosophie, Paris, François Maspero, 1981 ; L’Inquiétude du discours, Paris, Éditions des Cendres, 1990 : textes de Michel Pêcheux choisis et commentés par Denise Maldidier.
33 Voir D. Maldidier, « L’inquiétude du discours. Un trajet dans l’histoire de l’analyse du discours : le travail de Michel Pêcheux », Semen, VIII (4), 1993, p. 103-116.
34 W. Labov, The Social Stratification of English in New York City, Washington, Center for Applied Linguistics, 1966 (éd. de sa thèse soutenue à l’université Columbia en 1964) ; Sociolinguistic Patterns, Philadelphie, Penn Press, 1972 (traduit en français sous le titre de Sociolinguistique, Paris, Les Éditions de Minuit, 1976, avec une longue introduction de Pierre Encrevé) ; et Language in the Inner City : Studies in the Black English Vernacular, Philadelphie, Penn Press, 1972 (traduit en français sous le titre de Le Parler ordinaire. La langue dans les ghettos noirs des États-Unis, Paris, Les Éditions de Minuit, 1978. Le terme même de sociolinguistique a, semble-t-il, été généralisé par Joshua Fischman.
35 Pour faire connaissance avec la sociolinguistique française voir J.-B. Marcellesi (dir.), Linguistique et société, numéro spécial de Langue française, 9, février 1971 ; B. Gardin et J.-B. Marcellesi (dir.) Sociolinguistique. Approches, théories, pratiques, Actes du colloque organisé du 27 novembre au 2 décembre 1978 par le GRECO, Université de Rouen, Paris, PUF, 1978, 2 vol.
36 Sa thèse, Le Congrès de Tours (décembre 1920). Études sociolinguistiques, Paris, Le Pavillon, 1971, était préfacée à la fois par Ernest Labrousse et par Jean Dubois. Il a publié avec Bernard Gardin, Introduction à la sociolinguistique. La linguistique sociale, Paris, Larousse, 1974, et Sociolinguistique. Approche, théories, pratiques. Actes du colloque organisé du 27 novembre au 2 décembre 1978, Paris, PUF, 1980, 2 vol. Le colloque avait été patronné, entre autres, par Jean Dubois, Maurice Tournier, Frédéric François et Pierre Bourdieu.
37 Sa thèse soutenue en 1988 a été publiée sous le titre Langage et luttes sociales, Limoges, Lambert Lucas, 2005.
38 P. Fiala et M. Ebel, Langages xénophobes et consensus national en Suisse, 1960-1980, Neufchâtel, Université de Neufchâtel, 1988.
39 L.-J. Calvet, La Sociolinguistique, 5e éd., Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 1993, 2005 ; Pour et contre Saussure. Vers une linguistique sociale, Paris, Payot, 1975 ; La Guerre des langues et les politiques linguistiques, Paris, Payot, 1987 ; Linguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie, Paris, Payot-Rivages, 2001 ; et, avec Jean Véronis, Les Mots de Nicolas Sarkozy, Paris, Seuil, 2008. Voir le très riche site de Louis-Jean Calvet, http//pagesperso-orange.fr./Louis-Jean.Calvet/.
40 Le groupe a organisé un colloque avec des historiens : P. Achard, M.-P. Gruenais et D. Jaulin (dir.), Histoire et linguistique, Paris, Éditions de l’EHESS, 1984. Signalons un numéro spécial de la revue : O. Bertrand et J. Guilhaumou (dir.), Le Politique en usages (xive-xixe siècle), n° 113, septembre 2005.
41 À côté de Corpus (voir n. 8), il faut citer la revue en ligne Lexicometrica, http://lexicornetrica.univparis3.fr.
42 Dictionnaire des usages socio-politiques du français, op. cit. n. 15 ; J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 74-78.
43 Voir P. Fiala (dir.), In/égalit/és. Usages lexicaux et variations discursives (xviiie-xxe siècle), Paris, L’Harmattan, 1999 ; A.-M. Hetzel, J. Lefèvre, R. Mouriau et M. Tournier, Le Syndicalisme à mots découverts. Dictionnaire des fréquences (1971-1990), Paris, Syllepse, 1998 ; analyse dans J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 72-73.
44 Ibid., p. 13-14.
45 Voir le chapitre consacré par Régine Robin à la sociolinguistique, qu’elle situe dans la suite directe des méthodes lexicologiques de Georges Matoré : Histoire et linguistique, op. cit. n. 7, p. 35-53. Elle conclut : « Disons qu’à l’heure actuelle, la sociolinguistique, telle qu’elle est conçue, donne accès à une description du discours, mais non à une explication de la pratique discursive. » De son côté, Louis-Jean Calvet note d’ailleurs que, pour beaucoup de ses fondateurs, la sociolinguistique permettait de se démarquer des recherches jugées trop formelles de la linguistique générative de Chomsky (« Pour une linguistique du désordre et de la complexité », Carnets d’atelier de sociolinguistique, 1, 2007, p. 40-42). En revanche, depuis qu’elle est professeur à l’Université du Québec à Montréal, ses travaux la rangent désormais plutôt du côté de la sociolinguistique ; elle a créé avec Marc Angenot de l’Université McGill à Montréal le Centre interuniversitaire d’analyse du discours et de sociocritique des textes (CIADEST) et dirige avec lui le Réseau d’analyse des idéologies et des cultures contemporaines (RAICC) : voir la revue Discours Social/Social Discourse.
46 R. Robin, Le Réalisme socialiste. Une esthétique impossible, Paris, Payot, 1986.
47 J.-P. Faye, Langages totalitaires, critique de l’économie narrative, 1. Critique de l’économie narrative, Paris, Hermann, 1972 ; et 2. Critique de la raison narrative, Paris, Balland, 1990 ; sur l’importance de Faye voir J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 19-20.
48 L’un de ses caractères essentiels, l’approche quantitative, est très peu présente dans les travaux anglo-saxons (pourtant grands consommateurs de procédures statistiques complexes dans le cadre de la stylométrie). Ce n’est qu’au moment du bicentenaire de l’indépendance américaine que des études quantitatives se sont multipliées.
49 G.M. Spiegel, The Past as Text : The Theory and Practice of Medieval Historiography, Baltimore-Londres, The John Hopkins University Press, 1999 ; voir aussi G. Eley, « De l’histoire sociale au tournant linguistique dans l’historiographie anglo-américaine des années 1980 », Genèses. Sciences sociales et histoire, VII, mars 1992, p. 163-193.
50 Parmi les textes les plus importants de Clifford Geertz, Negara : The Theatre State in Nineteenth-Century Bali, Princeton, Princeton University Press, 1980 ; et les rééditions de ses différents articles : The Interprétation of Cultures, New York, Basic, 1973 ; et Local Knowledge : Further Essays in Interprétative Athropology, New York, Basic, 1983.
51 Il est assez logique que le postmodernisme du new criticism s’appuie sur Derrida et sa théorie de la déconstruction, et que l’orientation sociolinguistique conduise à s’intéresser à Michel Foucault.
52 J.E. Toews, « Intellectual History after the Linguistic Turn : The Autonomy of Meaning and the Irreducibility of Experience », The American Historical Revietv, 92, 1987, p. 879-907.
53 R. Chartier, Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude, Paris, Albin Michel, 1998, p. 87-125.
54 Ibid., p. 19.
55 Voir les travaux de N. Fairclough : Language and Power, Londres-New York, Longman, 1989, 2e éd. Harlow, 2001 ; Critical Discourse Analysis : The Critical Study of Language, Londres-New York, Longman, 1995 ; Analysing Discourse : Textual Analysis for Social Research, Londres-New York, Routledge, 2003.
56 Mais voir M. Olsen et L.-G. Harvey, « Contested methods : Daniel T. Rodgers’s contested truths », Journal of the History of Ideas, 49 (4), 1988, p. 653-664, appuyé sur la version électronique des American Constitution and Political Documents from the Constitutional Papers Bicentennial Edition, Provo (Utah), 1987 ; et « Computers in Intellectual History : Lexical Statistics and the Analysis of Political Discourse », Journal of Interdisciplinary History, vol. XVIII, n° 3, 1988. Il est aujourd’hui codirecteur de l’American and French Research Center on the Treasury of the French Language, un projet de l’Université de Chicago associée à des équipes françaises.
57 J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 43-86, dans un chapitre intitulé « Le tournant linguistique de l’histoire conceptuelle », où l’on trouve certes du « textuel », mais guère de « linguistique »... Sur l’histoire langagière des concepts, du même : « De l’histoire des concepts à l’histoire linguistique des usages conceptuels », Genèses. Sciences sociales et histoire, XXXVIII, mars 2000, p. 105-118 ; et « L’histoire des concepts : le contexte historique en débat (note critique) », Annales HSS, 56, 2001 (3), p. 685-698.
58 J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 47-51 ; pour Koselleck et la Begriffsgeschichte, voir O. Brunner, W. Conze et R. Koselleck, Geschichtliche Grundbegriffe : Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart, Klett-Cotta, 1972-1997, 8 vol. ; et H.-J. Lüsebrink, R. Reichardt et E. Schmitt, Handbuch politisch-sozialer Grundbegriffe in Frankreich, Munich, Oldenburg, 1985-2000 ; voir l’essai datant de 1986 « Histoire sociale et histoire des concepts », traduit dans R. Koselleck, L’Expérience de l’histoire, Paris, Seuil-Gallimard, 1997, p. 103-119. La position de Quentin Skinner par rapport à celle de Koselleck est précisée dans Visions of Politics, I. Questions of Method, Cambridge, CUP, 2003, chap. x, p. 175-187.
59 J. Vincent, « Concepts et contextes de l’histoire intellectuelle britannique : l’« École de Cambridge » à l’épreuve », Revue d’histoire moderne et contemporaine, L (2), 2003, p. 187-207.
60 J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 51-54. Pour J. G. A. Pocock, voir The Ancient Constitution and the Feudal Law : A Study of English Historical Thought in the Seventeenth Century, Princeton, Princeton University Press, 1957 (trad. française L’Ancienne Constitution et le droit féodal, Paris, PUF, 1987) ; The Machiavellian Moment : Florentine Politic Thought and the Atlantic Republican Tradition, Princeton, Princeton University Press, 1975 (trad. française Le Moment machiavélien, Paris, PUF, 1997) ; virtue, Commerce and History : Essays on Political Thought and History, Chiefly in the Eighteenth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1985 (trad. française, Paris, PUF, 1998) ; Barbarism and Religion, Cambridge, Cambridge University Press, 1999-2005, 4 vol.
61 J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 65-72 ; pour Mark Bevir, voir The Logic of the History of Ideas, Cambridge, Cambridge University Press, 1999 ; mais voir sur ce commentaire J. Vincent, art. cit. n. 59, p. 195, n. 19.
62 J. Guilhaumou, Discours et événement, op. cit. n. 8, p. 51-64 ; pour Quentin Skinner, voir the Foundations of Modem Political Thought, Cambridge, Cambridge University Press, 1978, 2 vol. (trad. française Les Fondements de la politique moderne, Paris, Albin Michel, 2001) ; Machiavelli : A Very Short Introduction, Oxford, Oxford University Press, 1981 (trad. française Machiavel, Paris, Seuil, 1989) ; Visions of Politics, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, 3 vol. ; et Hobbes and Republican Liberty, Cambridge, Cambridge University Press, 2008. Sur Skinner voir notamment J. Tully, « The pen is a mighty sword : Quentin Skinner’s analysis of politics », dans J. Tully (dir.), Meaning and Context : Quentin Skinner and his Critics, Cambridge, Polity, 1988, p. 7-25 ; et Q. Skinner, « Some problems in the analysis of political thought and action », Essays in Criticism, vol. XXIX, 1979, p. 97-132.
63 Voir J.-P. Genet, La Genèse de l’État moderne. Culture et société politique en Angleterre, Paris, PUF, 2003, p. 261-262.
64 Q. Skinner, « Motives, intention and interprétation », dans Visions of Politics, op. cit. n. 58, vol. I, p. 90- 102.
65 « The idea of a cultural lexicon », art. cit., p. 158-174 (une attaque contre le critique marxiste Raymond Williams).
66 J.-P. Genet, « Automatic text processing and factorial analysis : a method for determining the lexicographie al horizon of expectation », dans A. Gilmour-Bryson (dir.), Computer Applications to Medieval Studies, Kalamazoo, Medieval Institute Publications, 1984, p. 147-175 ; « Le médiéviste, la naissance du discours politique et la statistique lexicale : quelques problèmes », dans L’Ecrit dans la société médiévale. Textes en hommage à Lucie Fossier, Paris, CNRS Éditions, 1991, p. 289-298 ; « Un corpus de textes politiques : les textes parlementaires anglais de 1376 à 1410 », dans A. Ruggiero (dir.), Actes du IIe colloque national de l’association française pour l’histoire et l’informatique, Cahiers de la Méditerranée, numéro spécial n° 53, décembre 1996, p. 123-148 ; « Le vocabulaire politique du Policraticus de Jean de Salisbury : le prince et le roi », dans M. Aurell (dir.), La Cour Plantagenêt (1154-1204), Actes du colloque tenu à Thouars du 30 avril au 2 mai 1999, Poitiers, CESCM, 2000, p. 187-215 ; « De Richard II à Richard III : le conseil », dans A. Marchandisse et J.-L. Kupper, À l’ombre du pouvoir. Les entourages princiers au Moyen Age, Genève, Droz, 2003, p. 177-202 ; « Paix et guerre dans les sermons et les discours parlementaires anglais », dans R. M. Dessi (dir.), Prêcher la paix et discipliner la société. Italie, France, Angleterre (xiiie-xve siècle), Turnhout, Brepols, 2005, p. 167-200.
67 Voir, désormais, la belle thèse d’Aude Mairey, Une Angleterre entre rêve et réalité. Littérature et société dans l’Angleterre du xive siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007.
68 O. Bertrand, Du vocabulaire religieux à la théorie politique en France au xive siècle. Les néologismes chez les traducteurs de Charles V, Paris, Connaissances et Savoirs, 2005.
69 J.-M. Adam et U. Heidemann (dir.), Science du texte et analyse du discours. Enjeux d’une interdisciplinarité, Genève, Slatkine, 2005. Je remercie Jacques Guilhaumou de m’avoir signalé cet ouvrage.
70 « Les interprétations historiques des stèles méroïtiques d’Akinidad à la lumière des récentes découvertes », p. 33 infra. Claude Rilly est chargé de recherche au CNRS, au LLACAN (Laboratoire langage, langues et cultures d’Afrique noire) à l’institut d’études textuelles de Villejuif. Il a publié La Langue du royaume de Méroé. Un panorama de la plus ancienne culture écrite d’Afrique subsaharienne, Paris, Honoré Champion, 2007. On trouvera une présentation de ses recherches (entretien avec Elisabeth de Pablo) et un accès à ses publications les plus récentes dans les archives audiovisuelles de la recherche mises en ligne par l’ESCOM, www.archivesaudiovisuelles.fr.
71 Voir notamment B. M. Bedos-Rezak et D. logna-Prat (dir.), L’Individu au Moyen Âge. Individuation et individualisation avant la modernité, Paris, Aubier, 2005.
72 « Savoir lire ce qui est écrit : le rôle des démonstratifs et des possessifs dans le français médiéval », p. 51 infra. Christiane Marchello-Nizia est professeur à l’ENS-LSH de Lyon et membre de l’UMR ICAR ; elle a dirigé l’institut de la langue française. Parmi ses publications, signalons Histoire de la langue française aux xive et xve siècles, Paris, Bordas, 1979 (rééd. Armand Colin, 2005) ; Dire le vrai. L’adverbe « si » en français médiéval : essai de linguistique historique, Genève, Droz, 1985 ; Histoire de la langue française, 5e éd., Paris, Nathan, 1998. En collaboration avec J. Picoche : Le Français en diachronie. Douze siècles d’évolution, Gap, Ophrys, 1999 ; Grammaticalisation et changement linguistique, Bruxelles, De Boeck, 2006. Elle a également édité et traduit plusieurs textes médiévaux, notamment Le Roman de la poire, Paris, Société des anciens textes français, 1985 ; et La Mannekine de Philippe de Beaumanoir, Paris, Stock, 1995 ; et dirigé l’édition de Tristan et Yseut. Les premières versions européennes, Paris, Gallimard, 1995).
73 « La contrainte littéraire, le topos et le réel voilé », p. 63 infra. Monique Goullet, directrice de recherche au CNRS, dirige actuellement le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (CNRS-Paris 1). Elle a participé au volume dirigé par Michel Parisse, la Vie du pape Léon IX, Paris, Les Belles Lettres, 1997, 2e éd. 2009, à paraître ; et, seule, les œuvres d’Adson de Montier-en-Der (Opéra hagiographica, Corpus Christianorum Continuatio Medievalis, 198, Turnhout, Brepols, 2003), de Hrotsvita de Gandersheim (Dramata, Paris, Les Belles Lettres, 1999 ; et Œuvres poétiques, Grenoble, Jérôme Millon, 2000) et d’Ermenrich d’Ellwangen (Lettre à Grimald, Sources d’histoire médiévale, 37, Paris, CNRS Éditions, 2008) et elle est l’auteur, en collaboration avec Michel Parisse : Apprendre le latin médiéval, Paris, Picard, 1996, 3e éd., 2005 ; et de Traduire le latin médiéval, Paris, Picard, 2003 ; Écriture et réécriture hagiographiques. Essai sur les réécritures des vies de saints dans l’Occident médiéval (viiie-xiiie siècle), Turnhout, Brepols, 2005. En collaboration avec Martin Heinzelmann, elle a dirigé : La Réécriture hagiographique dans l’Occident médiéval. Transformations formelles et idéologiques, Beihefte der Francia, 58, Ostfildern, Thorbecke, 2003 ; et Miracles, vies et réécritures dans P Occident médiéval, Beihefte der Francia, 65, Ostfildern, Thorbecke, 2006.
74 R. Anthony Lodge est professeur de langue française à l’Université de Saint Andrews et a publié notamment French : Front Dialect to Standard, Londres-New York, Routledge, 1993 (trad. française Le Français. Histoire d’un dialecte devenu langue, Paris, Fayard, 1997) ; A Sociolinguistic History of Parisian French, Cambridge, Cambridge University Press, 2004. Il a édité Les Comptes des consuls de Montferrand (1273-1319), Paris, Ecole des chartes, 2006 (texte en ligne : http://elec.enc.sorbonne.fr/montferrand/). On peut aussi consulter en ligne sa contribution au numéro spécial de Médiévales consacré aux Grammaires du vulgaire : « L’insuffisance des théories internes du changement phonétique : le cas de l’ancien français », http://medievales.revues.org/document982.html.
75 « Sociolingustique historique et histoire de la langue française », p. 79 infra.
76 Serge Lusignan est professeur d’histoire à l’Université du Québec à Montréal. Il a notamment publié La Langue des rois au Moyen Âge. Le français en France et en Angleterre, Paris, PUF, 2004 ; voir aussi Parler vulgairement. Les intellectuels et la langue française aux xiiie et xve siècles, Paris-Montréal, Vrin-Presses de l’Université de Montréal, 1996. D’autres travaux éclairent le rôle culturel de la monarchie française : La Construction d’une identité universitaire en France (xiiie-xve siècle), Paris, Publications de la Sorbonne, 1999 ; et une édition en collaboration avec Olivier Guyotjeannin : Le Formulaire d’Odart Morchesne dans la version du ms. BnF fr. 5024, Paris, Droz, 2005.
77 « Histoire et sociolinguistique : le français picard et les administrations publiques du Nord-Ouest de la France », p. 91 infra.
78 F. Waquet, Le Latin ou l’empire d’un signe, xvie-xxe siècle, Paris, Albin Michel, 1998.
79 « Problèmes du bilinguisme dans l’Antiquité gréco-romaine », p. 103 infra. Bruno Rochette est professeur à l’Université de Liège. Il a notamment publié Le Latin dans le monde grec. Recherches sur la diffusion de la langue et des lettres latines dans les provinces hellénophones de l’Empire romain, Bruxelles, Latomus, 1997.
80 « La langue des actes éthiopiens à l’épreuve de la modernité : un recueil de chartes royales daté de 1943 (église de Maḫdärä, Bägémder) », p. 123 infra. Anaïs Wion est chargé de recherche au CNRS, au Centre d’études des mondes africains (CNRS – Paris 1- EPHE – Université de Provence). Elle est responsable de l’inventaire des bibliothèques et des manuscrits éthiopiens sur le portail des médiévistes français, Ménestrel (www.Menestrel.fr), et publiera prochainement Tombeau pour une reine. Le monastère de Qoma Fasilädäs (Ethiopie, xviiesiècle). Essai de microhistoire, Paris, Publications de la Sorbonne. Voir le reste de son importante bibliographie sur le site du laboratoire, www.cemaf.cnrs.fr.
81 J.-P. Genet et P. Lafon, « Des chiffres et des lettres. Quelques pistes pour l’historien », Histoire et mesure, XVIII (3/4), 2003, p. 215-224, présentation du numéro spécial de la revue intitulé Mesurer le texte.
82 Serge Heiden est ingénieur de recherche au CNRS à l’ENS-LSH de Lyon.
83 André Salem est professeur à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle et le créateur du logiciel LEXICO3 (voir n. 21).
84 L’historien consultera avec profit E. Bonin et A. Dallo, « HYPERBASE et LEXICO3, outils lexicométriques pour l’historien », Histoire et mesure, XVIII (3/4), 2003, p. 389-402.
85 « Statistique et lexicométrie : position des problèmes », p. 153 infra. Pierre Lafon est directeur de recherche au CNRS et membre de l’UMR 5191 ICAR (CNRS – ENS-LSH de Lyon) ; voir n. 20.
86 « Histoire et linguistique : le redémarrage. Considérations méthodologiques sur le traitement des textes en histoire : la logométrie », p. 167 infra. Damon Mayaffre est chargé de recherche au CNRS et membre de l’UMR 6039 « Bases Corpus Langages » (CNRS-Université de Nice). Il a publié notamment Le Poids des mots. Le discours de gauche et de droite dans l’entre-deux-guerres, Paris, Honoré Champion, 2000 ; et Paroles de président. Jacques Chirac (1995-2003) et le discours présidentiel sous la Ve République, Paris, Honoré Champion, 2004.
87 Sur cette distance entre l’historien et l’objet de son étude voir A. Guerreau, L’Avenir d’un passé incertain. Quelle histoire du Moyen Âge au xxie siècle ?, Paris, Seuil, 2001 ; et l’essai en ligne de J. Morsel et C. Ducourtieux, L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... Réflexions sur les finalités de l’histoire du Moyen Âge destinées à une société dans laquelle même les étudiants d’histoire s’interrogent, http://lamop.univparis1 .fr/spip.php ?article64.
88 « L’historien, sa langue et celle des textes sources. L’exemple du vocabulaire de la “langue” et du “signe” au Moyen Âge ». Irène Rosier-Catach est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EPHE. Elle a notamment publié La Grammaire spéculative des modistes, Villeneuve d’Ascq, PUL, 1983 ; La Parole comme acte. Sur la grammaire et la sémantique au xiiie siècle, Paris, Vrin, 1994 ; et La Parole efficace. Signe, rituel, sacré, Paris, Seuil, 2004. Elle a dirigé, avec Alain de Libera, la section « logique-langage » de B. Cassin (dir.), Vocabulaire européen des philosophies, Paris, Seuil-Le Robert, 2004.
89 Ibid.
90 B. Cassin (dir.), De l’intraduisible en philosophie, numéro spécial de Rue Descartes, XIV, 1995.
91 Sur le problème en général voir J. Goody, The Interface between the Written and the Oral, Cambridge, Cambridge University Press, 1987 ; et M. Chastanet et J.-P. Chrétien (dir.), Entre la parole et l’écrit. Contribution à l’histoire de l’Afrique en hommage à Claude-Hélène Perrot, Paris, Karthala, 2008.
92 « Faire de l’histoire dans un pays de langue bantoue (le Burundi) : Les champs sémantiques du pouvoir, des liens sociaux et du travail », p. 185 infra. Jean-Pierre Chrétien est directeur de recherche au CNRS. Il est l’auteur de L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire, Paris, Flammarion, 2003. On trouvera sa bibliographie complète dans C. Deslaurier et D. Juhé-Beaulaton, Afrique, terre d’histoire. Au cœur de la recherche avec Jean-Pierre Chrétien, Paris Karthala, 2007, p. 643-670.
93 Directrice de l’École nationale des chartes de 2002 à 2006, Anita Guerreau-Jalabert est aujourd’hui directrice de recherche au CNRS. Elle est depuis 1995 l’une des éditrices du Novurn Glossarium Mediae latinitatis ab anno DCCC usque ad annum MCC. Outre l’Index des motifs narratifs dans les romans arthuriens français en vers, (xiie-xiiie siècle) (Genève, Droz, 1992) elle a publié – entre autres – un grand nombre d’articles sur la parenté médiévale : voir « Sur les structures de la parenté dans l’Europe féodale », Annales ESC, 43, 1988, p. 1291-1318 ; « Spiritus et caritas. Le baptême dans la société médiévale », dans F. Héritier-Augé et É. Copet-Rougier (dir.), La Parenté spirituelle, Paris-Bâle, Éditions des archives contemporaines, 1995, p. 135-203 ; J. Le Goff et J.-C. Schmitt (dir.), « Parenté », dans Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, Paris, Fayard, 1999, p. 861-876 ; et, en dernier lieu, « Rome et l’Occident médiéval. Quelques propositions pour une analyse comparée de deux sociétés à système de parenté complexe », dans J.-P. Genet (dir.), Rome et l’État moderne européen, Rome, École française de Rome, 2007, p. 197-206.
Auteur
Université Paris I Panthéon-Sorbonne
LAMOP-UMR 8589
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Enfermements. Volume II
Règles et dérèglements en milieu clos (ive-xixe siècle)
Heullant-Donat Isabelle, Claustre Julie, Bretschneider Falk et al. (dir.)
2015
Une histoire environnementale de la nation
Regards croisés sur les parcs nationaux du Canada, d’Éthiopie et de France
Blanc Guillaume
2015
Enfermements. Volume III
Le genre enfermé. Hommes et femmes en milieux clos (xiiie-xxe siècle)
Isabelle Heullant-Donat, Julie Claustre, Élisabeth Lusset et al. (dir.)
2017
Se faire contemporain
Les danseurs africains à l’épreuve de la mondialisation culturelle
Altaïr Despres
2016
La décapitation de Saint Jean en marge des Évangiles
Essai d’anthropologie historique et sociale
Claudine Gauthier
2012
Enfermements. Volume I
Le cloître et la prison (vie-xviiie siècle)
Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat et Élisabeth Lusset (dir.)
2011
Du papier à l’archive, du privé au public
France et îles Britanniques, deux mémoires
Jean-Philippe Genet et François-Joseph Ruggiu (dir.)
2011