Le commerce barcelonais avec la Syrie et l’Égypte d’après les actes du notaire Tomàs de Bellmunt (1402-1416)
p. 203-229
Remerciements
Je tiens particulièrement à remercier C. Otten, M.D. Lopez Pérez, B . Dansette et B. Doumerc pour l’aide et les conseils qu’ils ont eu l’amabilité de me donner à l’occasion de cette communication.
Texte intégral
1 Sans être une entreprise coloniale, le commerce de Barcelone avec la Syrie-Palestine et l’Égypte, n’en constitue pas moins une véritable forme d’expansion outre-mer, qui a tout à fait sa place dans l’étude du « partage du monde » à la fin du Moyen Age. Ce thème a en fait déjà été abordé, mais des éléments complémentaires peuvent y être ajoutés grâce aux contrats de commendes du notaire Tomàs de Bellmunt, conservés aux Archives Notariales de Barcelone.
2Ce notaire n’est pourtant pas un inconnu, et ses contrats ont déjà été utilisés à plusieurs reprises (cf. note 2) ; mais sans doute leur exploitation est-elle restée insuffisante, soit parce que les thèmes de recherche, très vastes, ne permettaient pas une étude détaillée de ces actes, soit parce que certains minutiers de T. de Bellmunt n’ont pas été étudiés1.
3Il est donc temps de remettre en valeur ces contrats et de mesurer l’originalité de leur apport dans l’étude des liens commerciaux entre Barcelone et le Levant. Il importe en effet de souligner ici que pour certaines années, les sources notariales sont les seules dont nous disposions ; c’est en particulier le cas entre 1396 et 1417 : avant cette période, les auteurs du Manual de Novells Ardits2 répertorient en effet les navires quittant Barcelone, et leur destination (entre 1390 et 1396) ; après 1417, les registres du Droit des Arsenaux (Dret de les Drassanes), grevant les marchandises exportés vers l’Égypte et la Syrie-Palestine, mentionnent également les bâtiments se dirigeant vers ces régions3. La lacune subsistant entre les deux périodes peut donc être comblée grâce aux contrats notariés4. Or, les trois minutiers de commendes rédigés par T. de Bellmunt qui nous sont parvenus, couvrent précisément les années 1402-14175.
4Bien que cette source soit particulièrement précieuse, il ne faudrait pourtant pas en déduire qu’elle nous informe de manière exhaustive. En effet, tous les marchands qui se consacraient au commerce avec le Levant ne sont probablement pas passés devant un notaire pour garantir leurs accords. Enfin, d’autres notaires ont instrumenté de nombreux contrats pour cette destination et au cours des mêmes années : Bernat Nadal, tout particulièrement (dont plus de 1000 commendes pour l’Égypte et la Syrie nous sont parvenues entre 1393 et 1410) et son collègue Arnau Lledò (un peu moins de 300 commendes, entre 1394 et 1417, mais avec de larges coupures chronologiques), sans compter ceux, d’autres notaires, qui ont été perdus. C’est dire si les données fournies par un seul d’entre eux sont nécessairement partielles et lacunaires (c’est pourquoi, lorsque cela s’avérera utile, des informations provenant des minutiers des autres notaires viendront compléter celles relevées parmi les écrits de T. de Bellmunt). Ces limites étant précisées, il est néanmoins possible de tirer de nombreux renseignements issus de ces seuls contrats. Ils peuvent s’articuler autour de trois thèmes : le mouvement des navires, les marchandises et leur valeur et enfin, les marchands, acteurs de ce trafic. Mais avant de les aborder, quelques éléments de présentation de ces actes notariés permettront de mieux cerner et situer cet échantillon de documents.
Les commendes pour le Proche-Orient chez T. de Bellmunt
5Tomàs de Bellmunt a instrumenté plus de 1000 commendes, consignées dans les trois minutiers précédemment cités (1027 exactement). Sur cet ensemble, les documents ayant pour destination l’Égypte et la Syrie-Palestine, dépassent le nombre de 350 et représentent donc plus du tiers de l’échantillon (34,1 %) ; c’est de loin la première destination par ordre numérique. A titre de comparaison, les commendes pour l’Italie du Sud et la Sicile ne sont qu’environ 170 et ce, malgré la proximité géographique, les liens politiques entre l’Aragon et la Sicile et le rôle d’étape joué par cette île, précisément sur la route de Beyrouth et d’Alexandrie. Cette prépondérance numérique apparaît d’autant plus nette qu’en fait une grande partie des contrats sont des « commendes-dépôts »6, qui ne nécessitent pas de transfert de marchandises d’une place à une autre (plus de 400) ; si l’on retranche donc du total ces contrats sans destination, la part des commendes pour le Proche-Orient arabo-musulman atteint alors près de 60 %. Ces données confirment donc clairement que ces minutiers constituent un apport indispensable pour l’étude des relations commerciales entre Barcelone et le Levant.
6Comment expliquer une telle prépondérance ? Il faut évidemment exclure le fait que dans la réalité les accords commerciaux avec l’Italie du Sud et la Sicile aient été inférieurs de moitié à ceux destinés à la Syrie-Palestine et à l’Égypte. Le problème est donc de savoir pourquoi les accords ont été plus systématiquement consignés par écrit dans le cas du Proche-Orient. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées7.
7La distance, et donc l’accroissement du risque, peuvent tout d’abord expliquer le recours aux actes notariés, plutôt qu’aux simples accords verbaux, qui offraient nécessairement moins de garanties aux contractants. Mais dans ce cas, les documents à destination de la Flandre, elle aussi fort lointaine par rapport à Barcelone, devraient alors être également nombreux. Or les contrats pour la Flandre sont quasiment absents de ces trois minutiers : il n’en existe qu’un seul en 14048. Il est pourtant établi de manière sûre que les relations entre les deux régions étaient intenses9.
8D’autres raisons expliquent donc cette disproportion des actes en faveur du Levant. La différence entre cette destination et les autres réside en définitive surtout dans le fait que les communautés catalanes installées à Beyrouth et à Alexandrie étaient nécessairement plus réduites que dans les ports flamands ou siciliens. C’est donc sans doute l’absence de correspondants et de facteurs commerciaux sur place, en Syrie et en Égypte, qui a incité plus systématiquement les marchands à préférer des accords écrits, portant le seing d’une personne publique ; seuls ces derniers pouvaient en effet offrir une garantie efficace aux contractants, par leur force probante.
9La répartition de ces contrats dans le temps est par ailleurs très inégale : la grande majorité d’entre eux est surtout concentrée au début de la période (1403-1407)10. Mais ces données n’ont bien sûr qu’une valeur indicative, puisqu’elles doivent être complétées par celles des autres notaires. Il est cependant à noter qu’aucune année n’est dépourvue de documents pour le Proche-Orient (même si l’on n’en relève qu’un seul en 1412). Il est donc possible d’établir des listes continues de navires et de marchandises à destination de Beyrouth, Jaffa ou Alexandrie entre 1402 et 1416, grâce à ces contrats de commendes.
Navires, trajets et évolution des échanges avec le Proche-Orient
10Plus de 70 navires traversent ainsi la Méditerranée entre ces deux dates, selon les actes de T. de Bellmunt. Mais les travaux de C. Carrère et de M. del Treppo permettent d’identifier près d’une centaine de bâtiments entre 1403 et 1416, grâce aux apports des autres notaires11. La liste qui va suivre a donc été établie à partir de celle de M. del Treppo et complétée par le tableau de C. Carrère concernant les années 1403-1405 (car les données réunies par M. del Treppo présentent une lacune entre 1396 et la fin de l’année 1404 ; elle s’explique par le fait qu’il n’a pas utilisé le premier minutier de commendes de T. de Bellmunt – probablement pour les raisons exposées en note 2). Nous avons ajouté la référence des folios pour les minutiers les plus utilisés.
Références des minutiers non rédigés par T. de Bellmunt
Dates des contrats | Patrons de navires | Types de navires | Destinations | Références |
1402 20-29 Nov. | Francesc Josep | cocha | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 5r-6r |
1403 25 jan. | M.de Gualbes D. de Bell Loch | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol.9v-10r |
23 Fév. | T. Castello | barcha | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 10v2 |
19 Mars – 14 Avr. | Joan Bonini | nau | Chypre Beyrouth Alexandrie | Bellmunt. 1402-1406, fol. 1lv-13r Bn Nadal. 1395-1406, fol. 120v-121r Lledò, 1394-1400, fol. 21r-31r |
11-16 Avr. | Bn. Guardiola de St Feliu de G. | cocha | Rhodes, Jaffa, Beyrouth | Bellmunt, 1402-1406, fol.l3r-16v Bn Nadal, 1395-1406, fol. 121v |
21 Avr. – 19 Mai. | Pere Doy et Bernat Roger | nau | Rhodes. Jaffa, Beyrouth | Bellmunt, 1402-1406, fol. 17r-22v Bn Nadal, 1395-1406, fol. 122r-v |
1-6 Août | Ja. Esteve et Nie. Madrenchs | nau | Sic. Rhodes, Syrie Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 28r-v Bn Nadal, 1395-1406, fol. 124v |
11-16 Août. | Pere Ortolà | nau | Sic. Rh. Chy. Beyrouth Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 29r Bn Nadal, 1395-1406, fol. 125v-133r |
11 Août. | Francesc Colomer | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 29r Bn Nadal, Man. juil-nov. 1403 |
26-30 Nov. | Gabriel Amigo | nau | Sic. Rh. Chy. Beyrouth, Alex. | Bellmunt, 1402-1406, fol. 37v-40v |
26-29 Nov. | Pere Cerdà de Majorque | nau | Alexandrie | BnNadal, 1395-1406, fol. 133v Bellmunt, 1402-1406, fol. 39v |
29 Nov. | Rafael Ferrer | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 40v |
? | Francesc Josep | coque | Alexandrie | Bellmunt, Man. 1403 |
? | Fr. Sa Rovira | nau | Levant | J. Nadal, Man. 1403-1404 |
1404 15 Déc.– 24 Jan. | Nicolau Pujalt | nau | Rhodes, Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol.43v, 44v-46r Bn Nadal, 1395-1406, fol, 136r. 137v- 138v Lledo, 1394-1400, fol. 34r-44r |
5-19 Jan. | Manuel de Gualbes | barcha | Rhodes Alexandrie | BnNadal, 1395-1406, fol. 135v Lledô, 1394-1400, fol. 36v-37r, 38v, 41v |
29-31 Jan. | Bernat Carbo | nau | Rhodes Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 46r Bn Nadal, 1395-1406, fol, 138v |
8 Avr. | Mateu Angelats | nau | Jaffa | Bellmunt, 1402-1406, fol. 48v |
14 Juil. | Nicolau Pujades | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 51r |
14-24 Juil. | Nie. Pujalt et Ma. de Gualbes | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 51v, 55r-v |
16-21 juil. | Joan Bonini | nau | Syrac. Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 52r-55r |
18 Juin 2 Août – 18 Sept. | Pere Ferrer Bernat Pellicer | nau | Chypre Beyrouth Alexandrie (Damas) | Bellmunt, 1402-1406, fol. 56v-62v BnNadal, 1395-1406, fol. 140r-170r Bn Nadal, Man. août-nov.1404 |
15 Sept. – 28 Oct. | Pere Saragossa et Francesc Sa Rovira | nau | Sic. Rh. Chy. Beyrouth (Damas) | Bellmunt 1402-1406, fol. 62v, 64r-65v BnNadal, 1395-1406, fol. 174r-194r Bn Nadal, 1404-1410,fol. 1r-7v |
Oct.? | Antoni Dani de Lloret | nau | Alexandrie | J. Nadal, man. 1404 |
18Nov. | Nicolau Nalba de St Feliu de G. | nau | Alexandrie | BnNadal. 1404-1410, fol. 8r |
1405 31 Déc.– 15 Fév. | P. Ortola, P. Salom, J. de Bonis | nau | Rhodes Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 72v-77r Bn Nadal, 1395-1406, fol. 197r-v |
9-15 Févr. | Pere Joan | nau | Rhodes Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 10v-11r |
Avril ? | Mat.+Sal. Gelat Jaume Ortal | nau | Beyrouth | BnNadal, 1395-1406, |
16 Avr. | Fr. Fogassot | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 81r |
16-19 Avr. | Juan Cornes de Séville | nau | Sicile, Chypre, Jaffa | Bellmunt, 1402-1406, fol. 81r BnNadal, 1395-1406, fol. 198r |
23-25 Avr. | Joan Bonini | nau | Alexandrie | BnNadal, 1404-1410, fol. 12r-v |
11-Mai | Antoni Salellas de St Feliu de G. | nau | Sicile Alexandrie | BnNadal, 1404-1410, fol. 13r |
Juill.? | Rafael Ferrer | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 84r |
22 Juill. – 26 Sept. | Bernat Roger et Pau Doy | nau | Sic. Rh. Chy. Beyrouth | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 16r-23r Bellmunt, 1402-1406, fol. 88r-90r |
27 Juill. – Août ? | Nicolau Pujalt | nau | Rhodes Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 14v-15v Bellmunt, 1402-1406, fol. 85r |
Août ? | Gabr. Guich et Vicens Blanch | nau | Sic. Rh. Chy. (Damas) | Bellmunt, 1402-1406, fol. 87r BnNadal, 1395-1406, |
Août ? | Pere Torrella | nau | Valence Alexandrie | Bn Nadal, Man. Août-Sept. 1405, |
Sept.? | And. Borrell de Collioure | nau | Alexandrie Beyrouth | M. Ermengol, Man. 1405-1406, |
24 sept. | Ja. + Bn Carbo | nau | Alexandrie | BnNadal, 1395-1406, fol. 200r |
1406 12Jan.-4 Fév. | Bernat de Gualbes | nau | Alexandrie | BnNadal. 1404-1410, fol. 25r Bellmunt, 1402-1406, fol. 97r |
8-15 ? Fév. | Joan Bonini et Pere Doy | nau | Sic.ile Beyrouth. Alexandrie | Bellmunt, 1402-1406, fol. 98r-99r Bn Nadal, 1404-1410, fol. 26v-27v |
7-24 Avril | Jaume Coll | nau | Sic. Rh. Jaffa | BnNadal, 1404-1410, fol. 27r-30r |
20-26 ? Avril | Bernat Bisbe | nau | Jaffa | Bellmunt, 1406-1414, fol. 2r-4v |
1-4 Sept. | Bartomeu Roig de Cagliari | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 8v-9r Bn Nadal, 1404-1410, fol. 35v-36r |
26-27 Sept. | Antoni Salvador et Joan Muner | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 9v-10r |
8 – 13 Oct. | Gabriel Arrugo et Joan Guimera | nau | Sic. Rh. Chy. Beyrouth | Bellmunt, 1406-1414, fol. 15v-20v |
1407 13-Mai | Bernat Amat | galiote | Chypre Beyrouth | Bellmunt, 1406-1414, fol. 29r |
30 Juill. – 7 Août. | Guerau de Doni | galée « mercatarie « | Rh. Chypre Beyrouth | Bellmunt, 1406-1414, fol. 32r-35r Bn Nadal, 1404-1410,fol. 38v-42r |
20-22 Août | Melchior Marufo, Génois | nau | Alexandrie | Lledò, 1407-1417, fol. 2r-3r |
16-22 Août | Gabriel Guich basque | naubayonnais | Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 43r-46r |
1408 19 Déc.– 13 Jan. | Nicolau Pujalt | nau | Rhodes | Bellmunt, 1406-1414, fol. 42v-43v Lledò, 1407-1417, fol. 3r-7r |
31 Déc. – 13 Jan. | Gabriel Sala et Am. Sorell | nau | Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 50r-52r |
15-24 Sept. | Guerau de Doni | galée « merca – tarie « | Sic. Rhodes, Chypre, Beyrouth | Lledò, 1407-1417, fol. 8v-15r Bn Nadal, 1404-1410, fol. 60r-61r Bellmunt, 1406-1414, fol. 48r |
22 Sept. | Ant. Salavert | nau | Alexandrie Beyrouth | Bn Nadal. 1404-1410, fol. 61r |
28 Sept. | Bart. Pinelli, Génois | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 47v |
5 Oct. | Jaume Coll | nau | Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 62r |
6 Oct. | Pere Ponç et Mateu Spital | nau | Rhodes Romame Beyrouth ? Damas ? | Bellmunt, 1406-1414, fol. (48r-) 49v Lledò, 1407-1417, fol. (15r-17v) |
2 Déc. | Bernat Roger et Pau Doy | nau | Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 63r |
1409 21 Jan. | Esteve Coloma et Marc Ulzina | nau | Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 64r-v |
8 Juin – 30 Août. | Jaume Esteve Pere Saragossa | galée galée | Rhodes Chypre Beyrouth (Damas) | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 67v-70v, 72r- 75r Bellmunt, 1406-1414, fol. 55v-58v, 65r Lledò, 1407-1417, fol. 18r-19v, 23r |
8 Août – 27 Oct. | Bernat Roger et Pau Doy | nau | Alexandrie | Bn Nadal, 1404-1410, fol. 71r-v, 75v-77r Lledò, 1407-1417, fol. 19r-27v Bellmunt, 1406-1414, fol. 58r-59r |
25 Oct. – 8 Nov. | Fr. Josep et Bert. Canyelles | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 60r Bn Nadal, 1404-1410, fol. 79v |
1410 5 Oct. | Mateu Spital de St Feliu de G. | nau | Tunis, Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 67r |
25 Oct. | Francesc Josep | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 68r |
1411 31 Jan.– 5 Fév. | Pere Doy et Bernat Roger | nau | Sic.ile Beyrouth, Alexandrie | Lledò, 1407-1417, fol. 34r-38r |
4-5 Fév. | Nicolau Pujalt | nau | Sic.ile Beyrouth, Alexandrie | |
28 Sept. | Miq. de Gualbes | nau | Rhodes Alexandrie | Brocard, juin-nov.1411, fol. 24v |
14 Oct. | Pere Toroella | nau | Sic.ile Alexandrie | Brocard, juin-nov.1411, fol. 32v |
28 Août – 14Nov. | Pere Carbonell et Jo. Benegam | nau | Sardaigne, Sicile | Bellmunt, 1406-1414, fol. 76r-79r |
6 Oct. – 14 Nov. | Marti Gavella de Perpignan Guerau de Doni J. de Vall Losera | nau nau nau | Rhodes Chypre Beyrouth Alexandrie | Brocard, juin-nov.1411, fol. 30r, 38v-46v Lledò, 1407-1417, fol. 40v-42v |
23-31 Oct. | Andreu Borell | nau | Alexandrie | Lledò, 1407-1417, fol. 40v-42v |
1412 23-Avr | Rodr. Gutierrez de Santander | nau Sta Catarina | Jaffa | Bellmunt, 1406-1414, fol. 88v |
28 Sept. | Ramon Serra | nau | Alexandrie | Lledò, 1407-1417, fol. 44v |
1413 31-Mar | Nicolau de Sent Pere | barxia | Beyrouth | Bellmunt, 1406-1414, fol. 93r |
19-20 Juin | Antoni Bertran | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 94r-v |
7- 18 Juil. | J. Pi de Collioure | nau | Alexandrie | Lledò, 1407-1417, fol.46v-51r |
27 Oct. | Joan Bonet | nau | Beyrouth | Bellmunt, 1406-1414, fol. 98r |
1414 9 Jan. | Pere Gabriel de Cadaquès | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1406-1414, fol. 98r, 99v |
17 Avr. | Nicolau de Sent Pere | nau castel – lana | Rhodes Alexandrie | Bellmunt, 1414-1417,fol. 4r-v |
27 Avr. | Juan Angles basque | nau | Rhodes, Jaffa | Bellmunt. 1414-1417, fol. 5r |
24 Juil. | Bereng. Sauri | nau | Sic.ile Alexandrie | Bellmunt. 1414-1417, fol. 8v |
13 Août- 30 Sept. | Ramon Serra | nau | Rh. Chypre Beyrouth (Damas) | Lledò, 1407-1417, fol. 55r-63v Bellmunt. 1414-1417, fol. 10r-11r |
3 Déc. | Esteve Torra de St Feliu de G. | nau | Rhodes Alexandrie | Bellmunt. 1414-1417, fol. 13v-16v |
1415 23 Avr. | Simo Mancoffa et Ant. Pujades | nau | Jaffa | Bellmunt, 1414-1417, fol. 19v |
22 Avr. – 13 Mai | Pere Esteve, de St Feliu de G. | nau | Alexandrie | Bellmunt, 1414-1417, fol. 20r-22r |
2 Mai | Rodr. Gutierrez de Santander | nau Sta Catarina | Sic. Rhodes Candie Jaffa | Bellmunt, 1414-1417, fol. 20v |
31 Mai | Esteve Torra de St Feliu de G. | nau | Sic. Rhodes Alexandrie | Bellmunt, 1414-1417, fol. 24v |
30 -31 Août | Nicolau de Sent Pere | nau | Rhodes Beyrouth | Bellmunt, 1414-1417, fol. 26v-27r Brocard, 1415-1416, fol. 2v-4v Joan Franch, 1414-1415 |
19 Sept. | Jaume Olomer de St Feliu de G. | nau | Alexandrie | Brocard, 1415-1416, fol. 19v |
19 Déc. | Bartomeu Amar | nau | Rh. Chypre, Beyrouth | Brocard, 1415-1416, fol. 60v |
1416 10-27 Mars | Bernat Roger | nau | Sic. Rh. Ch. Beyrouth Alexandrie | Lledò, 1407-1417, fol. 67r-71r Bellmunt, 1414-1417, fol. 30v-31v Brocard, 1415-1416, fol. 90v |
11Les informations relatives à ces embarcations sont plutôt sommaires ; tout au plus peut-on apprendre de quel type il s’agit : la très grosse majorité sont des naus, à l’exception de quelques coques, galées ou barques12.
12La répartition de ces différents navires dans le temps permet de distinguer grossièrement deux phases d’inégale durée : les années 1403 et 1405, pour lesquelles la moyenne s’établit à près de 13 départs par an, puis la période 1406-1415, au cours de laquelle ce nombre chute à un peu plus de cinq. Ainsi semble se dessiner une nette tendance au déclin dans le commerce de Barcelone avec le Levant. Or celle-ci est en complète contradiction avec le mouvement croissant des échanges, constaté notamment par M. del Treppo, tout au long du premier tiers du XVe siècle13.
13Il faut cependant rappeler que la liste établie ci-dessus reste sans doute incomplète ; car des sondages effectués parmi les contrats d’Antoni Brocard, ont permis d’identifier quatre navires qui ne figuraient dans aucun des minutiers de commendes – tous rédigés par les notaires cités en introduction – (d’où la présence de ces bateaux dans le tableau ci-dessus, en 1411 et 1415). Cela confirme donc que plusieurs embarcations ont pu sans difficulté échapper à cette investigation. Les hypothèses d’évolution restent donc à prendre avec précaution.
14De plus, il est à noter que le nombre des commendes rédigées par T. de Bellmunt se réduit progressivement entre 1403 et 1416 (qu’il s’agisse de celles à destination du Proche-Orient14, tandis que ses minutiers sont également moins nombreux, pendant les années 1410-1416, qu’au cours des périodes précédentes. Ces évolutions pourraient ainsi refléter une limitation, voire une spécialisation15 des activités du notaire, à l’approche de la fin de sa carrière (elle se termine en janvier 1417), plutôt qu’un déclin des seules relations commerciales de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie-Palestine. Les commendes, qui restent la principale source notariale pour l’ensemble de l’époque considérée, agiraient donc ici comme un miroir déformant.
15Ainsi pourrait se justifier la contradiction avec les conclusions de M. del Treppo. Mais il reste à expliquer le « pic » des années 1403-1405, dont les résultats sont deux fois supérieurs à ceux enregistrés par le même auteur, entre 1422 et 1433, période qu’il présente pourtant comme un apogée dans les relations commerciales de Barcelone avec l’ensemble du Levant méditerranéen – avec une moyenne de six départs par an16. Une flambée de d’activité si ponctuelle – si les départs avaient été aussi nombreux avant 1403, le fait n’aurait pas manqué d’être relevé par C. Carrère, dans le tableau signalé précédemment – semble bien illustrer une brève variation de conjoncture. Cependant, aucun événement survenu au Proche-Orient ou en Catalogne, au cours de ces années, ne permet d’expliquer de manière pleinement satisfaisante un tel engouement pour le commerce avec l’Égypte et la Syrie.
16En revanche, le début de l’année 1401 est marqué par une expédition de Tamerlan, en Syrie, peu avant sa célèbre victoire sur le sultan ottoman Bayezid Ier, à la bataille d’Ankara, le 20 juillet 1402. A cette occasion, la ville de Damas fut entièrement mise à sac, puis incendiée, tandis que ses artisans étaient déportés à Samarcande, la capitale de l’État timouride17. Un tel raid n’a pas pu avoir de conséquences sur le commerce de l’ensemble des territoires mamluks, puisque Damas en était l’un des centres névralgiques. Une fois le danger écarté, à partir de 1403, le trafic a pu reprendre son cours habituel, mais amplifié par les efforts de reconstitution des réseaux commerciaux, en Syrie, et par la volonté des Catalans de profiter de cette occasion pour accroître leur rôle dans le négoce avec cette région. Telle est du moins, en l’absence de tout autre élément concernant ces données, l’hypothèse qui peut être formulée. Après 1405, le rythme des échanges aurait alors repris son « cours » normal, pour connaître l’augmentation progressive constatée par M. del Treppo, jusqu’à la fin du premier tiers du XVe siècle
17Au delà des fluctuations conjoncturelles, les départs des navires permettent également de saisir un mouvement saisonnier. Deux temps forts se dessinent ainsi dans l’année : le printemps, plus précisément le mois d’avril et surtout l’automne (septembre et octobre). A l’inverse, deux périodes de creux rapprochées peuvent être observées, aux mois de mars et juin. On pourra donc noter que l’hiver ne semble pas décourager les expéditions vers le Levant. Toutefois, ce mouvement d’ensemble ne s’affirme pas nettement chaque année : on constate en effet une absence quasi totale de départs au printemps, entre 1408 et 1411. Mais sans doute est-il une fois encore nécessaire d’élargir l’échantillon de documents pour disposer de données plus significatives.
18La grande majorité des bâtiments était patronnée par des Catalans : des Barcelonais pour la plupart, mais aussi des habitants de Sant Feliu de Guìxols (on en dénombre par exemple trois en 1415). Mais les contrats révèlent aussi le départ de quelques bateaux patronnés par des non-Catalans : la nau de Juan Gomez de Séville, en avril 1405, celle du Génois Bartolomeo Pinello en septembre 1408 ou encore celles des Basques Rodrigo Gutierrez de Santander, en avril 1412 et mai 1415 et de Juan Angles en avril 1414. L’ampleur du trafic de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie a ainsi permis à quelques navires étrangers de participer à ce commerce certaines années. Mais il paraît difficile d’affirmer qu’ils n’appareillaient que les années où les bâtiments catalans étaient eux-mêmes peu nombreux ; cela semble être certes le cas en 1412 (année pour laquelle on ne relève au total que le départ de deux naus, dont celle de Rodrigo Gutierrez de Santander), mais au cours des autres années citées, plusieurs vaisseaux catalans participent aussi à ce trafic : au moins six en 1408 et 1415, et jusqu’à 14 en 1405.
19Les commendes instrumentées par T. de Bellmunt ont pour destination soit la Syrie-Palestine, soit l’Égypte, voire les deux. Mais dans ce domaine également, les données fluctuent selon les années considérées. En 1403 et 1404, Alexandrie l’emporte largement sur Beyrouth et Jaffa (9 départs en moyenne contre 4,5 pour les deux ports de Syrie-Palestine réunis). Dès 1406 cependant, Jaffa et Beyrouth parviennent à égaler Alexandrie et la tendance à l’équilibre se maintient jusqu’en 1416 (avec une nouvelle phase de léger avantage pour Alexandrie entre 1408 et 1410). Cette supériorité du port égyptien confirme son importance en tant que pôle essentiel de redistribution des produits d’Orient et d’Occident18. Il paraît en revanche plus surprenant de voir Jaffa et Beyrouth égaler Alexandrie certaines années.
20En fait, Jaffa n’est pas un port à vocation commerciale, mais le point de débarquement des pèlerins en route pour la Terre sainte19. La totalité des départs pour Jaffa ayant lieu en avril ou en mai, confirme bien que les navires emmenaient alors des pèlerins vers les lieux saints (ces voyages commençaient généralement au printemps, comme l’atteste également le témoignage du Gascon Nompar de Caumont, parti de Barcelone sur la nau de Ramon Serra et Francesc Ferrer, le 4 mai 1419)20 Rien n’empêchait bien entendu les bâtiments de gagner ensuite Beyrouth, pour permettre aux marchands embarqués à leur bord de se livrer aux activités commerciales prévues dans les commendes ; c’est précisément l’itinéraire prévu pour la cocha de Bernat Guardiola et la nau de Pere Doy et Bernat Roger en 1403.
21Ces nombreux départs pour Jaffa et Beyrouth démontrent donc clairement que le « déclin » du commerce barcelonais avec la Syrie, au début du XVe siècle, doit être sensiblement nuancé, et que l’on ne peut en tout cas l’attribuer directement aux destructions consécutives du raid de Tamerlan, dans ce pays, en 1400-1401, comme d’autres études l’ont suggéré21. C’est même vraisemblablement le contraire qui s’est produit, durant quelques années, tel que cela a été exposé précédemment.
22Et d’une manière générale, la vitalité commerciale catalane avec l’ensemble du Proche-Orient arabo-musulman révèle des besoins accrus, des nécessités d’importations grandissantes dans cette région. E. Ashtor attribue cette dépendance à l’égard des grands ports de Méditerranée occidentale à un net déclin des activités artisanales syriennes et égyptiennes, à partir du début du XVe siècle22
23Les routes suivies par les navires peuvent quant à elles être reconstituées par les étapes mentionnées dans les contrats, au cours desquelles les marchands pouvaient échanger les produits confiés en commende. Les principales îles de la Méditerranée – Majorque, Sardaigne, Sicile, Crète, Rhodes, puis Chypre – apparaissent ainsi comme autant d’escales, jalonnant la traversée entre la Catalogne et le Levant. Leur appartenance à la Couronne d’Aragon, en Méditerranée occidentale, mais également les vents et les courants marins dominants, expliquent le choix d’un tel itinéraire23. Tel est également le parcours effectué par le pèlerin Nompar de Caumont en 141924. Il n’était bien sûr pas utile de mentionner toutes ces étapes dans les contrats ; généralement, seules celles constituant d’importantes escales commerciales sont citées ; il s’agit de la Sicile, de Rhodes et de Chypre25. Un seul navire évite cette route des îles : celui de Mateu Spital de Sant Feliu de Guìxols qui, en octobre 1410, choisit de faire escale à Tunis pour gagner Alexandrie.
24Les contrats notariés ne permettent pas de déterminer la durée des voyages, mais M. del Treppo affirme qu’en dépit de fortes irrégularités, la plupart duraient de sept à dix mois aller-retour, durant la première moitié du XVe siècle et cette moyenne est confirmée par C. Carrère26. Ces chiffres sont encore corroborés par le temps de parcours d’un groupe de cinq navires partis à l’automne 1411, les seuls pour lesquels une date de retour est exceptionnellement connue parmi les bâtiments précédemment cités dans la liste : ayant quitté Barcelone après le 14 novembre 1411, les cinq bâtiments y revenaient le 21 juin 1412, soit un peu plus de sept mois plus tard (cf. note 33). Si les vents et les courants marins pouvaient fortement modifier ces temps de parcours27, il semblait que ces différences de durée soient surtout imputables à l’inégal temps d’attente, au cours des nombreuses escales28. Ce constat est par ailleurs confirmé par le témoignage de Nompar de Caumont, qui mit à peine deux mois pour franchir la Méditerranée d’ouest en est (de Barcelone à Jaffa), mais resta ensuite deux mois en Terre sainte, au cours desquels le navire qui l’avait amené l’attendit ; au retour, l’embarcation s’arrêta de nouveau un mois à Rhodes, puis un mois en Sicile, sans compter le temps d’attente à Chypre qui n’est pas précisé, mais qui permit au pèlerin de visiter une grande partie de l’île29.
25Bien que les sources utilisées ici soient exclusivement des contrats de commende, elles permettent de déterminer la part du nolis qui était acquittée avant l’appareillage des navires. Dans la plupart des cas, la moitié des frais de transport était versée à Barcelone, et l’autre, une fois l’embarcation arrivée à destination. Mais il arrivait que pour un même bateau certains marchands payaient la totalité du nolis avant le départ, tandis que d’autres en versaient la moitié et que d’autres encore ne payaient rien du tout30.
26Il n’était enfin pas rare que les navires voyagent de conserve pour bénéficier de meilleures conditions de sécurité. Ils circulaient le plus souvent à deux, comme en avril 1405 (naus patronnées par Pere Ortolà et Pere Joan) ou en août 1409 (galées patronnées par Jaume Esteve et Pere Saragossa). Mais en novembre 1411, c’est un véritable convoi de cinq vaisseaux qui se préparait à traverser la Méditerranée : il se composait des navires patronnés par Marti Gavella de Perpignan, Pere Carbonell, Guerau de Doni et Joan de Vall Losera31 ; les contrats du notaire Arnau Lledô qui permettent d’ajouter le cinquième navire de cette flottille précisent en outre que les bâtiments étaient armés32. Toutes ces dispositions confirment bien la nécessité de se protéger – ou la perspective d’attaquer – dans un contexte de piraterie devenue endémique, au cours de ces années33.
Marchandises, valeurs et volumes : essai d’évaluation
27Ces minutiers de commendes sont également très riches d’informations concernant les marchandises commercialisées, à l’exportation surtout. Ils permettent notamment de citer quelques exemples concrets de chargements de navires. En effet, dans certains cas, les contrats sont suffisamment nombreux, ou les sommes investies assez importantes, pour donner une idée générale de la composition des marchandises embarquées. Mais il faut une fois encore souligner que ces indications sont très incomplètes : les produits commercialisés ne sont pas détaillés ou distingués dans certains actes34, et tous les accords contractés n’ont pas pu être instrumentés par un seul ou même deux ou trois notaires ; beaucoup nous échappent donc. Enfin, rappelons que toutes les marchandises chargées sur un bâtiment n’ont pas nécessairement fait l’objet d’un accord notarié. Les séries de chiffres sélectionnées n’ont donc pas d’autre objectif que d’illustrer ou de donner quelques exemples précis, mais limités, de volumes de marchandises et de leur valeur, transportées de Barcelone vers le Levant.
Les livres ont été reconverties en système décimal. A. Lledô, Liber quartus commendarum de viagio, 1407-1417. Bn Nadal. Manuale Instrumentorum Contractuum Comandarum Quintum, 1404-1410.
Nef de Gabiel Amigo et Joan Guimera | Galée de Guerau de Doni | |
Date de départ | Octobre 1406 | Août 1407 |
Destination | Rhodes, Chypre, Beyrouth | Rhodes, Chypre, Beyrouth |
Draps catalans | 2057,49 livres* ; 65,64 % | 3091,49 livres ; 64,46 % |
Autres draps et tissus | 344,24 livres ; 10,98 % | 274,29 livres ; 5,72 % |
Chanvre | 220 livres ; 7,02 % | 26,6 livres ; 0,55 % |
Corail | 305 livres ; 11,61 % | 494,35 livres ; 10,31 % |
Divers | 262,48 livres ; 5,47 % | |
Non précisé | 22,35 livres ; 0,70 % | 647 livres ; 13.49 % |
Non quantifiable | 126,57 livres | |
Total | 3134,5 livres | 4796,21 livres |
Nombre de contrats | 25 | 48 |
Références | Bellmunt, 1406-1414, fol. 15v-20v | Bellmunt, 1406-1414, fol. 32r-35r Bn Nadal, 1404-1410, fol. 38v-42r |
Galée (2) de Joan Esteve et Pere Saragossa | Convoi de 5 nefs | |
Date de départ | juin 1409 | novembre 1411 |
Destination | Rhodes, Chypre, Beyrouth (Damas) | Rhodes, Chypre, Beyrouth, Alexandrie |
Draps catalans | 3033,80 livres ; 42,09 % | 1596,92 livres ; 27,33 % |
Autres draps et tissus | 2010,83 livres ; 27,90 % | 73,35 livres ; 1,26 % |
Corail | 780,83 livres ; 10,83 % | 14,81 livres ; 0,25 % |
Miel | 2749,09 livres ; 47,04 % | |
Huile | 60,15 livres ; 0,83 % | 1019,70 livres ; 17,45 % |
Divers | 323,22 livres ; 4,48 % | 289,48 livres ; 4,69 % |
Non précisé | 999,16 livres | 100 livres ; 1,71 % |
Total | 7207,99 livres | 5843,35 livres |
Nombre de contrats | 55 | 39 |
Références | Bellmunt, 1406-14, fol. 57v-58v, 65r Bn Nadal, 1406-1410 | Bellmunt, 1406-1414, fol. 76r-79r Lledò, 1406-1414, fol. 76r-79r |
28Quelques remarques s’imposent avant d’exploiter ces données. Tout d’abord, la somme totale obtenue pour le convoi des cinq naus, nettement inférieure à celle des deux galées, montre bien que ces résultats sont très partiels (on peut par exemple gager que cette flottille transporte pour bien plus de 14,81 livres de corail). Les montants totaux obtenus sont en outre très inférieurs à ceux cités par M. del Treppo pour l’année 1454, puisqu’ils atteignent 55 000 livres pour un seul bâtiment ; il est vrai qu’il s’agissait là des deux plus gros navires de la flotte catalane et que pareille somme apparut exceptionnelle aux yeux des conseillers de Barcelone eux-mêmes35. Bien que cette comparaison trouve donc ses limites, il ressort avant tout que les données en valeur absolue sont difficilement utilisables, car sans aucun doute bien trop éloignées de la réalité. Et compte tenu de ce décalage, les chiffres exprimés en valeur relative n’ont peut-être pas grande signification non plus. Pourtant l’on peut affirmer que les échantillons de marchandises saisis ici sont assez représentatifs.
29Il est en effet à souligner que ces résultats confirment bien la hiérarchie des produits d’exportation déjà établie par C. Carrère, M. del Treppo, et E. Ashtor36 : au premier rang, dominent très nettement les draps catalans. E. Ashtor, qui s’appuie ici sur les archives de la compagnie Datini, signale que ces tissus arrivaient en tête des exportations occidentales vers le Proche-Orient à la fin du XIVe siècle37. Et d’après les contrats de commendes, rares sont les navires dont la cargaison n’était pas majoritairement composée de draps catalans38. Il s’agit pour la plupart de draps de la terra (c’est-à-dire fabriqués en Catalogne), ce qui ne permet guère de connaître leur origine précise. On pourra cependant noter que les galées de Joan Esteve et Pere Saragossa transportent 100 draps d’Ax-les-Thermes, 46 draps de Barcelone, ainsi que 49 draps de Berga. A en croire les comparaisons effectuées sur les marchés d’Égypte et de Syrie par E. Ashtor, ces tissus étaient plutôt de qualité inférieure et représentaient des articles de consommation courante, par opposition à ceux de Florence et de Flandre, qui eux constituaient des produits de luxe39. La valeur unitaire des draps catalans s’établissait généralement à un peu plus de sept livres ; toutefois, les draps de Barcelone atteignaient neuf livres, tandis que ceux d’Ax-les-Thermes n’en valaient qu’un peu plus de cinq40. Sans préciser leur prix de vente au Levant, E. Ashtor n’hésite pas à parler d’un véritable dumping au sujet de leur commercialisation massive dans cette région41.
30Les autres types de draps rencontrés sont toujours bien moins nombreux. Seules se distinguent les deux galées précédemment citées, avec un chargement de neuf balles de draps de Florence et de France, qui atteignent, avec d’autres tissus de moindre valeur (des saies), 1900 livres de Barcelone. Mais ce cas reste très exceptionnel.
31Arrive ensuite en deuxième position, le corail. Les contrats distinguent souvent quelle partie précise est confiée en commende : les branches et les troncs ne sont en effet pas rangés dans les mêmes caisses, de même que le corail taillé en grains de chapelet, appelés boutons. Il provenait d’Afrique du Nord et surtout de Sardaigne42. Il est à noter que sur certains navires, les sommes investies en corail dépassent parfois celles des draps ; c’est notamment le cas de la nau de Gabriel Amigo, qui transporte en novembre 1403 près de 1300 livres de corail43. Certaines commendes totalisent en effet des sommes considérables par rapport à la moyenne – qui s’établit à environ 120 livres par contrats. Dans le cas du navire cité précédemment, l’essentiel du corail est commercialisé dans une commende se montant à 1031 livres, 11 sous et 3 deniers, pour un total de près de 780 kg44
32Les autres marchandises commercialisées en grandes quantités, mais en proportions inférieures aux draps et au corail, sont essentiellement des denrées alimentaires. Au premier rang de celles-ci se trouve le miel, comme l’illustrent bien les chiffres du convoi des cinq navires. A l’image des constats établis pour le corail, il arrive en effet que certains contrats atteignent des sommes particulièrement élevées : ainsi, le 4 novembre 1411, Bartomeu Gil confie-t-il en commende 812 jarres du Magistrat de Montesa, pesant 26,7 t., pour une valeur totale de 1370 livres45. Outre la région citée précédemment, le miel provient généralement du Penedès, de Tortose ou de Mequinensa, ou encore de la région de Tarragone.
33L’huile, les fruits secs (amandes et noisettes) et le safran complètent encore cette liste de denrées, mais il est rare que la valeur de ces marchandises dépasse 10 % du total investi sur un navire – la part de l’huile transportée par le convoi de cinq navires en novembre 1411 est en quelque sorte l’exception qui confirme la règle. Pour être enfin tout à fait précis, il faudrait encore ajouter à ces marchandises d’exportation, les métaux (l’antimoine surtout, ainsi que le mercure et l’étain), et les fleurs séchées (lavande, violettes et anis, utilisées pour la pâtisserie). Mais ces produits n’apparaissent qu’exceptionnellement dans les contrats.
Les marchands
34Cet ensemble d’actes permet enfin de saisir un échantillon de près de 400 contractants : 261 commenditaires et 129 commendités.
35Qu’ils soient bailleurs ou preneurs de fonds, leur profil est assez similaire : la plupart d’entre eux sont des marchands, citoyens de Barcelone (dans trois cas sur quatre). Il est toutefois à noter que cette proportion de marchands est un peu moins écrasante chez les bailleurs, parmi lesquels apparaissent des représentants de professions très proches, tels des courtiers (13 au total), des boutiquiers (sept) ou des changeurs (quatre)46. Mais on dénombre aussi parmi eux quelques artisans : cinq pharmaciens et cinq drapiers, par exemple47. Chez les preneurs de fonds, les métiers liés à la navigation modifient quelque peu ce profil : 13 patrons de navires reçoivent ainsi des marchandises en commendes, de même que trois marins et deux scribes de navires48
36Les contractants qui ne sont pas originaires de Barcelone – soit environ 25 %, sont en majorité catalans (ils représentent 14 % parmi les bailleurs). La plupart vient de Tortose (sept bailleurs), de Perpignan (quatre bailleurs) ou d’autres localités secondaires49. Les Aragonais et autres habitants de la péninsule ibérique sont peu nombreux : quatre Saragossans, un Valencien et deux Basques seulement, pour l’ensemble des contractants50. En fait, le groupe des marchands originaires de la péninsule italienne est supérieur, puisqu’on relève sept Florentins et quatre Génois51.
37Il importe également de s’arrêter quelques instants sur la nette différence entre les effectifs des deux types de contractants (261 bailleurs contre 129 preneurs seulement, soit un rapport du simple au double). Elle s’explique bien sûr par le fait que quelques commendités passent de nombreux contrats avec des bailleurs différents. Il est en effet logique de voir un petit nombre de marchands faire route vers le Proche-Orient et concentrer entre ses mains les capitaux de plusieurs bailleurs. Ce constat s’observe sur la plupart des navires pour lesquels la documentation est relativement abondante. Le cas le plus marquant est celui de Bernat Ferrer et Jaume de Sent Serni, tous deux marchands et citoyens de Barcelone (avec lesquels fait quelques fois équipe Bernat Sadur), qui contractent ensemble 41 commendes, dont les marchandises doivent être chargées sur la nau de Pere Doy et Bernat Roger, au printemps 1403. Ils se voient ainsi confier au total et pour ce seul voyage, plus de 3700 livres de la part d’une quarantaine de bailleurs différents. Au même moment, Francesc de Vich et Jaume Rovira, reçoivent de 24 bailleurs, plus de 2750 livres investies sur la coque de Bernat Guardiola. Enfin l’année suivante, le même Francesc de Vich, accompagné cette fois de Joan Prestador, reçoit près de 2500 livres, investies sur la nau de Pere Ferrer et Bernat Pellicer. Il s’agit là sans aucun doute de personnages expérimentés bénéficiant de la pleine confiance des bailleurs de fonds, qui n’hésitent pas à leur confier en une seule commende des sommes parfois considérables, comme on le verra plus loin.
38D’ailleurs, Francesc de Vich n’est pas un inconnu, puisque C. Carrère et T.M. Vinyoles i Vidal ont relevé dans la documentation des Archives municipales de Barcelone qu’il fut, pendant 10 ans, scribe sur la nau d’Arnau Berenguer, avant de se consacrer à des opérations commerciales, qui depuis 18 ans en 1407, l’ont mené de la Flandre au Levant52. Ces informations concordantes montrent clairement la spécialisation de certains marchands dans la commercialisation des produits vers des terres lointaines, la Flandre et le Proche-Orient constituant les deux extrémités des routes commerciales fréquentées par les Barcelonais.
39Quant aux bailleurs, l’un de leurs traits caractéristiques est de ne confier en commende que des sommes relativement modestes, la moyenne s’établissant à environ 120 livres par contrat. Il faut bien entendu voir derrière ce montant une attitude de prudence qui consiste à répartir le capital entre plusieurs opérations commerciales, pour réduire les risques.
40Il arrive pourtant que certains confient de très grosses sommes. Tel est par exemple le cas de Felip Prestador, marchand et citoyen de Barcelone, qui donne en commende pour Jaffa le 12 avril 1403 – aux commendités déjà évoqués Francesc de Vich et Jaume Rovira, près de 530 livres investies en draps de la terra et en d’autres marchandises non précisées. Le 10 septembre de l’année suivante, il confie, toujours au même Francesc de Vich et à Joan Prestador, une somme de 1418 livres investies en saies d’Irlande, draps de la terra et en safran, à destination de Chypre, Beyrouth, Alexandrie et Damas. Ceci ne l’empêche pourtant pas de bailler des sommes sensiblement inférieures à ces mêmes preneurs de fonds (131 livres le 12 avril 1403, 58 livres le 10 septembre 1404, 55 livres les 15 février et 21 janvier 1409)53.
41Ces quelques contrats ne sont cependant pas assez nombreux pour mettre en évidence une véritable spécialisation de bailleurs de fonds dans le commerce avec l’Égypte et la Syrie-Palestine. Force est en effet de constater que les minutiers de T. de Bellmunt ne permettent de saisir qu’un nombre limité d’opérations commerciales effectuées par un même marchand ; les cas les plus prometteurs dans ce domaine, qu’il s’agisse d’individus ou de familles, semblent en effet être répartis dans des minutiers de notaires différents. Aussi est-il plus sage de limiter cette étude aux aspects collectifs et aux quelques cas individuels précédemment cités, afin de réserver pour des travaux ultérieurs cette autre dimension très vaste de la recherche.
42Un dernier point peut cependant encore être abordé au sujet des commenditaires : celui de la durée d’immobilisation de leur capital au cours des opérations, soit la période qui s’écoule entre le moment où l’acte est rédigé et la date de sa cancellation, quand elle est connue. La durée moyenne de ce délai est d’un peu plus de deux ans (27,5 mois), mais elle est en fait très variable ; certains contrats sont cassés au bout de sept mois à peine, tandis que d’autres le sont parfois après de nombreuses années (plus de 15 ans pour cette commende instrumentée le 4 septembre 1406 et cassée le 26 février 1422)54, Mais les délais dépassant quatre ou cinq ans sont généralement dus à des circonstances imprévues, telle la mort d’un des contractants – les exécuteurs testamentaires tardant pour diverses raisons à être reconnus dans leurs fonctions. Les délais dépendent aussi du retour des commendités ; les variations s’observent en effet souvent par séries de contrats ; 21 mois en moyenne pour la plupart des actes instrumentés en 1403, contre près de 40 (soit plus de trois ans) pour ceux de la fin de l’année 1404 et jusqu’en 1406, mais de nouveau à peine plus de 15 mois pour les commendes passées au cours de l’été 1407, etc. Cette durée d’immobilisation des capitaux, de plusieurs mois au minimum, ainsi que l’incertitude pesant sur ce délai, n’ont pu qu’inciter les marchands à l’attitude de prudence précédemment observée (des sommes confiées en moyenne plutôt limitées et donc réparties entre plusieurs preneurs de fonds).
Conclusion
43Il est sans doute inutile d’insister davantage en conclusion sur l’ampleur des informations que ces commendes permettent de recueillir, l’exposé qui vient d’en être tiré l’ayant lui-même largement démontré.
44Sans doute bien des domaines avaient-ils déjà été abordés par d’autres chercheurs. Néanmoins, la possibilité d’étudier les contrats très en détail dans le cadre d’une étude limitée, permet de compléter ces premiers travaux, ou plus exactement de fixer des exemples de chiffres, de marchandises ou de navires précis, qui caractérisent le trafic avec l’Égypte et la Syrie-Palestine. Cet exposé suscite en outre quelques interrogations au sujet d’une courte période laissée en partie dans l’ombre, en raison des « caprices » de la documentation (au tournant des XIVe-XVe siècles). Il jette enfin quelques bases nouvelles pour établir des comparaisons avec le commerce de Gênes et de Venise ; il est à souhaiter qu’elles permettent de mettre davantage en valeur le trafic de Barcelone et de mieux le situer face à celui de ses rivales italiennes. C’est donc tout un aspect du « partage du monde » qui pourra ainsi être mieux étudié et mieux compris.
45Cependant, l’échantillon de documents reste bien sûr trop limité, à la fois en volume et en temps ; bien des constats seraient en effet à étayer et à suivre sur la longue durée. Il serait ainsi utile de pouvoir recouper les informations contenues dans les contrats notariés avec des sources d’une autre nature – fiscale par exemple, ce qui apporterait cet éclairage complémentaire manquant55. Un tel constat démontre donc la nécessité de poursuivre ces premiers travaux par le dépouillement des autres minutiers et sources contemporains, qui réservent sans doute encore beaucoup d’informations et de découvertes.
Notes de bas de page
1 Voir notamment C. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés (1380-1462), Paris, 1968, p. 639-649 et M. del Treppo, I mercanti catalani e l’espansione délia corona d’Aragona nel secolo XV, Naples, 1972, p. 1-92.
2 L’un des minutiers de commendes, les plus riches pour cette étude, porte en effet le titre anodin de Manual (cf. note 5), ce qui ne laisse aucunement supposer qu’il contient en fait de nombreuses informations commerciales. Ainsi s’explique parfois son absence dans l’historiographie consacrée au commerce de Barcelone à la fin du Moyen Age.
3 Manual de Novells Ardits, vulgarment appellat Dietari del Antich Conseil Barceloni, t. 1, Barcelone, 1892, p. 2-59 ; Archives de la Couronne d’Aragon, Real Patrimonio. Registre 2910 (Droit des Arsenaux).
4 Pour une présentation plus complète de ce type de source, voir en particulier J.M. Madurell Marimon, A. Garcia Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la baja Edad Media, Barcelone, 1973 et M.T. Ferrer i Mallol, « La redacciò de l’instrument notarial a Catalunya. Cédules, manuals llibres i cartes » Estudios Histàricos y Documentas de los Archivas de Protocolos, 4 (1974), p. 29-191.
5 Ces trois minutiers ne contiennent que des commendes. Ils s’intitulent : Manual comûn, 1402-1406 ; Tercii manualis commandatarum, 1406-1414 ; Quarti libri commendarum, 1414- 1417. Ils seront par la suite cités sous la forme abrégée de leurs dates limites : 1402-1406 ; 1406-1414 ; 1414-1417. Au total. T. de Bellmunt a rédigé une cinquantaine de minutiers entre 1398 et 1417.
6 Au sujet de ces types de contrats, voir J. Martinez Gigon, « La comenda en el derecho español. I. La comenda-deposito ». Anuario de Historia del Derecho Espanol, 34 (1964), p. 31-141.
7 M.D. Lopez Perez, La Corona de Aragòn y el Magreb en el siglo XLV (1331-1410), Barcelone, 1995, p. 414 415.
8 1402-1406, fol. 49r.
9 Cf. entre autres M. del Treppo, I mercanti catalani. op. cit., p. 92-148.
10 1403 : 92 commendes pour l’Egypte et la Syrie ; 1404 : 64 ; 1405 : 34 ; 1406 : 51 ; 1407 : 27 ; puis le nombre est constamment inférieur à 15 contrats, sauf en 1414 où il atteint de nouveau 25.
11 M. del Treppo, Imercanti catalani, op. cit., app. I, p. 608-615 ; C. Carrère, Barcelone, centre économique, op. cit., tableau la, p. 851-852.
12 De tous ces vaisseaux, les naus avaient le plus gros tonnage : entre 150 et 200 t. en moyenne, (mais les plus grosses pouvaient atteindre jusqu’à 360 t.) ; les galées avaient une capacité de 80 à 200 t., les coques. de 20 à 40 t., enfin les barques, de 20 à 30 t., voire jusqu’à 60 t. Cf. R. Eberenz, Schiffe an den Küsten der Pyrenaenhalbinsel, Francfort, 1975, p. 38, 105, 163 et 227. Sur la marine catalane, voir également d’A. Garcìa Sanz, Història de la marina catalana, Barcelone, 1977.
13 M. del Treppo, Imercanti catalani, op. cit., p. 31.
14 Le nombre total des commendes instrumentées par T. de Bellmunt est toujours largement supérieur à 100 de 1403 à 1406. puis constamment inférieur à 60, sauf en 1407 ; en 1416, dernière année complète d’activité du notaire, il n’en avait plus rédigé que 24.
15 A partir de 1406, T. de Bellmunt s’est en effet consacré à la rédaction de contrats concernant les affaires de quelques personnages de haute condition sociale ; voir par exemple : Libri apocharum et aliorum contractuum faciendum pro manumissoria inclite infantisse lohanne, comitisse Fuxi (1408-1416) ou Manual de négocias del noble don Ramón de Ça Garriga (1413).
16 M. del Treppo, I mercanti catalani. op. cit., p. 31.
17 W. Heyd, Histoire du commerce du Levant, réed. Amsterdam, 1967, t. 2, p. 469 ; W. Popper, History of Egypt 1382-1469 A.D.. Los Angeles, 1954 (University of California, Publications in Semitic Philology, 14), p. 40-50.
18 Cf. W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Age, Amsterdam, 1967, t. 1, p. 378-426, t. 2, p. 23-64 et 427-497 ; voir également S.Y. Labib, Handelsgeschichte Âgyptens im Spàtmittelalter (1171-1517). Wiesbaden, 1965.
19 Cf. J. Richard. « Le transport outre-mer des croisés et des pèlerins (XIIe-XVe siècle) », dans Maritime Aspects of Migration, Cologne-Vienne. 1989, p. 38.
20 Nompar de Caumont, Voyaige d’oultremer en Jhérusalem, éd. La Grange, Paris, 1858. Nompar de Caumont s’était embarqué à Barcelone le 4 mai 1419 (cf p. 32) : il débarqua à Jaffa le 28 juin (cf. p. 46).
21 Cf. C. Carrère, Barcelone centre économique. op. cit., p. 645. suivie par J.M. Madurell Marimon et A. Garcia Sanz, Comandas comerciales, op. cit., p. 28-29.
22 Cf. E. Ashtor, Levant Trade. op. cil., p. 2 (X)-215.
23 Au sujet des vents et des courants marins voir J.H. Pryor, Geography, technology and war, Studies in the maritime history of the Mediterranean 649-1571, Cambridge, 1992, p. 1 – 24. Concernant la thèse de la « route des îles ». voi J. Vicens Vives, España. Geopolltica del Estado y del Imperia, Barcelone, 1940, p. 111 et « La economia de los paìses de la Corona de Aragòn en la Baja Edad Media », dans VI Congreso de Historia de la Corona de Aragòn, Madrid, 1959, p. 103-135. Cette thèse a cependant été remise en cause par M del Treppo, I mercanti catalani, op. cit., p. 1-8 et par J.E. Ruiz Domenec. « Ruta de las especias/Ruta de las islas apuntes para una nueva periodizaciôn », Anuario de estudios medievales, 10 (1980), p. 689-697.
24 La plupart de ces étapes sont notamment citées, lors du départ de quatre navires en octobre 1411 : cf. 1406-1414. fol. 76r-79r. Nompar de Caumont, Voyaige d’Oultremer, op. cit.
25 La Crète, elle, n’est citée que dans un seul voyage, en 1415. Cette île semble bien n’apparaître que comme une escale technique et non commerciale.
26 Cf. C. Carrère, Barcelone centre économique, op. cit., tabl. IV, p. 302 (moyenne de 9 mois environ) et M. del Treppo, I mercanti catalani, op. cit., p. 61.
27 Voir la note 23.
28 M. del Treppo, I mercanti catalani, op. cit., p. 61-64. M. del Treppo remarque également que les différents types de navires utilisés ne modifiaient pas de manière aussi déterminante l’inégal temps de parcours des navires.
29 Cf. note 20 ; il rembarqua à Jaffa le 20 juillet 1419 et ne parvint à Barcelone que le 18 mars de l’année suivante, car après avoir essuyé de violentes tempêtes. Nompar de Caumont préféra laisser le navire de Ramon Serra et Francesc Ferrer poursuivre sa route, afin de passer la mauvaise saison en Sicile. Au total, son périple maritime dura donc 10,5 mois, mais le bâtiment précédemment cité effectua le voyage aller-retour en un temps plus court, puisqu’il n’hiverna pas en Sicile.
30 Cf. sur le navire de Guerau de Doni en août 1407.
31 Ces bateaux sont en effet mentionnés ensemble dans les contrats. Un tel convoi devait être exceptionnel, puisque, selon M. del Treppo, il était rare que les navires catalans voyagent à plus de deux ; cf. I mercanti catalani, op. cit., p. 65.
32 Les commendes du notaire Arnau Lledô mentionnent en effet les mêmes patrons de navires, à l’exception de Marti Gavella, mais ajoutent Andreu Borell ; A. Lledô, Liber quartus commendarum de viagio, 1407-1417, fol. 40v-42v.
33 Dans un récent article, M.T. Ferrer i Mallol intègre le départ de ces bateaux dans le contexte de lutte contre les Génois en Méditerranée orientale ; cf. « Una flotta catalana contro i corsari nel Levante (1406-1409) ». dans L. Balletto (éd.), Oriente e Occidente tra Medioevo ed età moderna, Gênes, 1997, p. 325-355. Elle signale également qu’ils revinrent à Barcelone le 21 juin 1412 (cf. Dietari de la deputaciò del General de Cathalunya. Barcelone, 1974, t. 1, p. 6 ; cette source évoque cependant le retour de neuf navires et non de cinq ; les quatre bâtiments supplémentaires échapperaient ainsi à notre documentation).
34 Ainsi, sur les 2900 livres de Barcelone totalisées par la nau de Bernat Guardiola à destination de Jaffa en avril 1403, près de 60 % des sommes sont investies dans des marchandises non précisées (cf. 1402-1406. fol. 13v-16r ; total de 28 contrats). La proportion est identique pour la nau de Joan Bonini, partant pour Alexandrie en juillet 1404 (cf. 1402-1406, fol. 52v-55v ; total de 1810 livres de Barcelone, relevées dans 23 contrats).
35 M. del Treppo, Imercanti catalani, op. cit.. p. 69.
36 C. Carrère. Barcelone, centre économique, op. cit. p. 646 ; M. del Treppo, Imercanti catalani, op. cit., p. 72-78 ; E. Ashtor. Levant Trade, op. cit, . p. 151.
37 Cf. E. Ashtor, Levant Trade, op. cit., p. 152-154.
38 Les draps catalans représentent (en valeur) plus des trois quarts de la cargaison de la nau de Bernat Roger et Pau Doy, à destination de Rhodes, Chypre et Beyrouth, en septembre 1405 (d’après un échantillon de 41 contrats totalisant 2451,46 livres). Cette marchandise dépasse également les 50 % (en valeur), sur les naus de Ramon Serra et Bernat Roger, parties respectivement en octobre 1414 et en mars 1416 (d’après un échantillon de 37 contrats totalisant 3615,94 livres, pour le premier navire et un ensemble de 12 actes atteignant 1637,15 livres, pour le second).
39 Cf.. E. Ashtor. Levant Trade. op. cit., p. 152-154.
40 Draps de Barcelone : cf. 1402-1406, fol. 45v ; 1406-1414. fol. 78r. Draps d’Ax : cf. 1402-1406, fol. 13r, 89v ; 1406-1414, fol. 16r, 47v.
41 E. Ashtor, Levant Trade, op. cit., p. 204-205.
42 Cf. C. Carrère, Barcelone, centre économique, op. cit., p. 613-14 et 629-30.
43 Cette somme représente plus de la moitié d’un échantillon de huit contrats totalisant 2307,8 livres, extrait du minutier de T. de Bellmunt, 1402-1406, fol. 37v-40v.
44 Commende du 27 novembre 1403, confiée à Gabriel Amigo lui-même et Bernat Vidal, par Jaume Mathoses ; cf. 1402-1406, fol. 38r. Sur la nau de Pere Doy et Bernat Roger, partie en mai de la même année, huit caisses de corail à destination de Rhodes, Jaffa et Beyrouth atteignent un montant de 690 livres ; cf. 1402-1406, folio non relié en fin de minutier, sans numéro.
45 1406-1414, fol. 77v. Sur les naus de Pere Ortolà et Pere Joan, parties en février 1405 pour Rhodes et Alexandrie, les investissements en miel se montent à 1600 livres, soit près de 40 % du total ; cf. 1402-1406, fol. 72v-77r, à compléter par B. Nadal, 1404-1410, fol. 10v- 11r.
46 Cf. par exemple 1402-1406. fol. 15v. 20v. 59v ; 1406-1414, fol. 47v, 94v ; 1414- 1417, fol. 4r (courtiers). 1406-1414, fol. 35r, 58r, 76v, 94v ; 1414-1417, fol. 10r, 16v (boutiquiers). 1414-1417, fol. 14v (changeur).
47 Cf. par exemple 1402-1406, fol.73v ; 1406-1414, fol. 15v, 18r (drapiers). 1402-1406, fol. 54v (pharmacien).
48 Cf. par exemple, 1402-1406, fol. 38r-40r, 53r ; 1406-1414, fol. 29r ; 1414-1417, fol. 5r (patrons de navires). 1402-1406, fol. 13r, 98r (marins). 1402-1406, fol. 53v, 76r-v (scribes).
49 Cf. par exemple. 1402-1406, fol. 22r. 59v. 85r (Perpignan) ; 1402-1406, fol. 90r ; 1406-1414, fol. 9v, 32v. 60r (Tortose).
50 Cf. 1402-1406. fol. 10r. 17v, 52r (Saragossans) ; 1406-1414, fol. 35r (Valenciens). 1406-1414. fol. 88v ; 1414-1417, fol. 5r et 20v (Basques).
51 Cf. 1402-1406, fol. 51r. 62v ; 1406-1414, fol. 20v ; 1414-1417, fol. 21r-22r (Génois). 1402-1406, fol. 46r, 51v, 55v ; 1406-1414, fol. 17v (Florentins).
52 C. Carrère, Barcelone centre économique, op. cit., . p. 147 n. 7 ; T.M. Vinyoles i Vidal, La vida quotidiana a Barcelona vers 1400, Barcelone, 1985, p. 95 n. 44. Archives Municipales. Informacions de ciutadania 1395-1420, 7 juillet 1407. Deux autres commendes des Archives Notariales permettent d’en savoir davantage au sujet de Francesc de Vich : il apparaît encore, mais cette fois en tant que bailleur de fonds pour le Levant, pour une somme de 95 livres en août 1407, puis de 60 livres en mai 1415 (cf. B. Nadal, Manuale Instrumentorum Contractuum Comandarum Quintum, 1404-1410, fol. 41v et Bellmunt, 1414-1417, fol. 20v).
53 1402-1406, fol. 15r et 66r et B. Nadal. Manuale Instrumentorum Contractuum Comandarum Quintum, 1404-1410, fol. 26v et 64r.v.
54 1406-1414, fol. 9r.
55 Telle est notamment la démarche adoptée dans les études suivantes : C. Carrère, « Le droit d’ancrage et le mouvement du port de Barcelone au milieu du XVe siècle », Estudios de Historia Moderna, 3 (1953), p. 67-155 et J. Guiral, « Les péages du royaume de Valence (1494) », Mélanges de la Casa de Velâzquez, 12 (1976), p. 142-163. Rappelons que les sources fiscales qui pourraient être utiles à cette étude (droit des arsenaux et droit d’ancrage de Barcelone), font précisément défaut pour le début du XVe siècle, comme cela a déjà été signalé en introduction.
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