Chapitre I. Aléas et croissance d’une économie minière
p. 21-66
Texte intégral
« El minero particular, lidiando siempre con grandes dificultades, no suele conseguir en muchos años otra cosa que mantener una especie de equilibrio precario entre los gastos y los productos, sostenido solamente por el entusiasmo de unas esperanzas lisonjeras… ».
J. Velâzquez de León, J.L. de Lazaga, J.A. del Hierro (Tribunal des mines), 16 août 1783.
1 Plus que toute autre ville minière de Nouvelle-Espagne peut-être, Zacatecas présente au cours de son histoire une succession de paradoxes, une série de contrastes dont le moindre n’est certes pas cette alternance de splendeur et de déclin occasionnée par les activités minières, d’ordre structurel et conjoncturel à la fois. Aujourd’hui, Zacatecas n’est plus qu’une ombre de sa splendeur passée, une ville à laquelle sa voisine du sud, Aguascalientes, a désormais ravi la primauté régionale. Dans la mémoire collective de ses habitants, à travers l’architecture et la toponymie urbaines survit cependant ce que l’on peut considérer comme un véritable mythe de la ville minière, point de départ de l’entreprise colonisatrice et missionnaire vers le nord de l’entité géographique et politique que constituait la Nouvelle-Espagne : un historien mexicain ne la qualifia-t-il pas de « mère du Nord » ? Une ville à la prospérité légendaire et généreuse, attirant tout à la fois colons avisés, aventuriers et riches magnats, bienfaiteurs tour à tour encensés ou haïs, attirés par cet irremplaçable « aimant » qu’était, selon les chroniqueurs de l’époque coloniale, le minerai d’argent. L’aphorisme des missionnaires franciscains de Zacatecas – où il n’y a pas de minerai d’argent n’entre point l’Evangile – résume à lui seul le processus historique engagé dans les premiers temps de la conquête de ce territoire1.
2Or, premier paradoxe, le fondement de cette prospérité se dissimule sous des abords arides : à 560 kilomètres de Mexico, située à quelques 2 400 mètres d’altitude entre deux chaînes montagneuses – les Sierra Madré orientale et occidentale –, la région de Zacatecas n’est pour le voyageur qui vient de traverser les riches districts agricoles du Bajío que plaines interminables à la végétation pauvre : cactus de toutes espèces (nopales), arbustes typiques de ces régions désertiques (mezquites) et enfin cette herbe rare mais vivace qui aurait donné son nom à cet ensemble naturel : le zacate. La monotonie de ces plaines immenses – – llanuras – dont l’altitude s’abaisse progressivement vers le nord, n’est rompue que par l’émergence des austères ensembles montagneux que sont les serranías, où plus communément encore, des cerros argentifères qui justifièrent la création par les colons espagnols des reales de minas, à la fois avancées économiques, militaires de la conquête et noyaux de peuplement. La ville de Zacatecas, située dans une dépression accidentée, n’offre pour tout avantage – selon le commentateur Frejes dans sa description désabusée du site de la ville – que la proximité des mines d’argent2.
3Seule exception notable à ce panorama désertique : les parties occidentale et méridionale de l’actuel Etat de Zacatecas, les vallées de Valparai’so, Jerez voire Juchipila, régions plus chaudes et fertiles, à l’hydrographie développée, qui offrent un contraste frappant avec l’aridité des zones septentrionales.
« Sur toute l’étendue de cette immense province il y a plus de cent lieues de terres arides et stériles ; mais elle est la mieux pourvue pour ce qui est de l’or et de l’argent ; l’expérience montre en effet que, dans cette province, jamais on ne découvre de mines d’or ou d’argent associées à des terres riches et fertiles mais au contraire sur des éminences abruptes et à d’arides sierras à la végétation inexistante ; et il est fréquent dans cette région d’entendre dire qu’une terre qui donne de bonnes récoltes ne fait pas bon ménage avec les mines (...) A peine un riche centre minier est-il découvert que la multitude aussitôt accourt à l’écho sonore de l’argent, de quelque partie que ce soit de l’Amérique. Et comme les lieux où l’on découvre ces mines n’offrent aucun moyen de subsistance, les paysans et éleveurs des environs en viennent ainsi à vendre récoltes et troupeaux ; ceux-ci ne suffisant guère à l’entretien des foules qui se présentent, d’autres terres sont mises en valeur sous l’emprise de la nécessité, ou de la cupidité, et de nouvelles estancias d’élevage sont créées, y compris dans les zones rendues dangereuses par la présence des indiens barbares. Telle est la volonté de Dieu, que par ce moyen, et bien que les mines s’épuisent, les terres voisines conservent exploitations et estancias bien peuplées, et que subsiste parmi leurs habitants un commerce suffisant »3.
4Ces réflexions de l’excellent observateur et sociologue avant la lettre qu’est le Franciscain José de Arlegui – sa chronique date de 1737 – constituent le vivant témoignage d’un processus saisi dans le long terme. Cette évolution indissociable des modalités de la conquête de la région, de sa mise en valeur y compris pour la période qui nous intéresse, est de toute évidence liée aux mécanismes de fonctionnement d’une économie minière.
5 Nous n’insisterons pas sur les modalités de la conquête de la Nouvelle-Galice, amplement décrites et explicitées par des auteurs contemporains des faits ou plus « modernes »4. Rappelons simplement que c’est en 1546 que Juan de Tolosa parvient à ce qui deviendra le 20 janvier 1548 la ville de Zacatecas, au cours de la difficile avancée et conquête du nord de la Nouvelle-Espagne et plus précisément de la Nouvelle-Galice. Résistance indigène, hostilités répétées – dès 1540, « guerre du Mixton » destinée à figurer dans les annales de Nouvelle-Galice – excès commis par les capitaines d’expéditions, tel Beltrán Nuño de Guzmán, capitaine à la triste réputation, le tout sous les auspices du vice-roi Mendoza. Juan de Tolosa fut avec d’autres conquistadores – Cristóbal de Oñate, qui fut gouverneur de Nouvelle-Galice –, Miguel et Diego de Ibarra et Baltásar Temiño de Bañuelos – basques d’origine – à l’origine de la fondation de la ville. Leur est également due la consolidation des centres de peuplement et d’activités minières, – les reales de minas – auxquels le vice-roi Mendoza (1535-1550) attacha une attention particulière ; ainsi furent fondés Fresnillo, Sombrerete, Chalchihuites, Mazapil, Nieves. La ville de Zacatecas elle-même se voit conférer en 1585 par Philippe II le titre et le statut de Muy noble y leal ciudad de los Zacatecas. Les circonstances qui entourent la création de ces unités économiques et sociales ne doit pas faire oublier un autre rôle joué par les reales de minas, qui devinrent de véritables « institutions » au caractère politique et militaire marqué, destinées à protéger tout autant les activités économiques des colons et la « route de l’argent » (camino de la plata) qu’à préserver l’avancée vers le nord des attaques répétées des indiens nomades « chichimèques »5.
6Dès cette époque la région acquiert certaines caractéristiques appelées à s’affirmer dans la longue durée comme le souligne P.J. Bakewell6. Nous retrouvons constamment ce qu’il faut bien considérer comme des éléments-clefs de la personnalité historique régionale au long du XVIIIe siècle : l’origine basque des grands mineurs, dont certains descendent des conquistadores, Oñate, Tolosa et Ibarra, leur intérêt manifeste pour les entreprises de conquête et de pacification, les liens de parenté tissés – et soigneusement entretenus – avec d’autres « grands » de la société locale, en particulier avec les représentants de la haute-administration ; ainsi Cristóbal de Oñate, fondateur d’une dynastie locale, épousa-t-il Catalina de Salazar y de la Cadena, fille du haut-fonctionnaire des finances Gonzalo de Salazar ; de même, Juan de Tolosa convola-t-il en justes noces avec la fille d’Hernán Cortes et d’Isabel Moctezuma, et Diego de Ibarra avec Ana de Velasco y Castilla, qui n’était autre que la fille de Luis de Velasco, second vice-roi de Nouvelle-Espagne. Peut-être ces données, qui ne concernent qu’indirectement la période étudiée, sembleront-elles superflues ; elles annoncent cependant les rapports qu’entretiendront les « nouveaux-venus » et « nouveaux-riches » que sont dans la plupart des cas les grands mineurs du XVIIIe siècle – avec l’aristocratie du Nouveau-Monde.
7Autre constante de la structure économique et sociale de cette région, comme l’indique avec une rare prescience l’auteur de la « relation » anonyme de 1608 : les puissants de la ville ne sont pas des encomenderos (il n’y a pas de pueblos de indios à proximité, ce qui distingue cette région du sud de la vice-royauté) mais des mineurs et des marchands dont les haciendas sont évaluées à cent mille pesos. D’après le même document, il existait alors à Zacatecas vingt haciendas et quelque quatre-vingts établissements de traitement du minerai d’argent ou ingenios de sacar plata. Quant aux marchands, on en recensait à la même date plus d’une cinquantaine ; un petit nombre (cinq ou six) régnait sur le monde des échanges et des transactions, disposant d’une fortune dépassant les cinquante mille pesos. Leur intense activité (vente de produits locaux mais également « importations » d’Espagne) font de Zacatecas l’une des principales villes commerçantes de la vice-royauté et l’un des points de passage obligé du réseau de communication de la Nouvelle-Espagne7.
8Cette caractéristique de la physionomie régionale, en particulier le fait d’attirer, contrairement à d’autres régions de Nouvelle-Espagne, des mineurs et des marchands, est à l’origine de mutations sociales répétées, à tout le moins d’une instabilité économique déterminante : leur fortune, d’origine minière, restait par là-même soumise aux aléas de la production. Les fondateurs de Zacatecas, leurs descendants, n’échapperont pas à cette fatalité qui fait du mineur un personnage oscillant entre la ruine et la fortune, quel que puisse être le statut social acquis à force d’obstination et de persévérance8.
9L’histoire de la région est en effet indissociable des cycles de prospérité (bonanzas) et de déclin de la production qu’évoquaient incidemment Arlegui, les chroniqueurs et voyageurs amenés à parcourir les llanuras de Zacatecas : telle fut l’interprétation avancée par le prélat Alonso de la Mota y Escobar, dans sa Descripción de los reinos de Nueva Galicia, Nueva Vizcaya y Nuevo Leon (1603), par Domingo Lázaro de Arregui, dans sa Descripción de la Nueva Galicia (1621), le chroniqueur Frejes ou le géographe Thomas López, par les évêques Tamarón y Romeral et Cabañas à la fin du XVIIIe siècle – respectivement évêques de Durango et de Guadalajara-, sans compter les innombrables rapports transmis par les visitadores ou officiers de finance (oficiales reales)9.
10 Troisième ville de Nouvelle-Espagne au début du XVIIe siècle après Mexico et Puebla de los Angeles, véritable « cour »10 bien qu’elle ne soit pas le siège du gouvernement local (l’Audience de Nouvelle-Galice se trouve à Guadalajara) ou d’un diocèse, Zacatecas fait cependant l’objet au XVIIIe siècle, de descriptions véritablement apocalyptiques, depuis l’ouvrage de José de Rivera Bernárdez, comte de Santiago de la Laguna aux nombreuses « représentations » émanant des mineurs voire des oficiales reales. L’étude de ce type de documents, complétée par des sources plus neutres, en particulier les données fiscales enregistrées dans les deux trésoreries locales (Zacatecas et Sombrerete) permet de dégager les mécanismes de fonctionnement de cette économie minière. Il est en effet aléatoire d’appréhender la dynamique économique et sociale de cette région à partir ce paradoxe manichéen en vertu duquel se succèdent périodes de bonanzas et périodes de déclin, interprétation reprise par certains historiens contemporains. Faut-il ne voir dans l’histoire de la région que les grandes périodes de prospérité (1615-1635, 1670-1690, le début du XVIIIe siècle, puis la « résurrection » des années 1760-1770), le reste n’étant que ruines et lamentations, étiage d’une société, émigration de la main-d’œuvre vers des centres miniers du nord et repli des grands mineurs sur leurs haciendas11 ?
11Certes, Zacatecas conserve encore au début du XVIIIe siècle le statut de principal centre minier de la Nouvelle-Espagne. A cet égard, il est un précieux indicateur du dynamisme économique de la région : en 1648, on y recevait plus du tiers du mercure envoyé en Nouvelle-Espagne et la production moyenne annuelle des mines d’argent était estimée à environ deux millions de pesos, moyenne maintenue jusqu’en 1732, année de la description de Rivera Bernârdez12.
12En d’autres termes, Zacatecas produisait alors près du quart de l’argent de Nouvelle-Espagne, ce qui est loin d’être un détail si l’on considère la place tenue par cette vice-royauté en Amérique espagnole : supplantée dans les années 1630 par la vice-royauté du Pérou – la Nouvelle-Espagne assurait jusqu’alors 65 % des envois en Espagne-, elle récupéra au XVIIIe siècle la primauté qui avait été la sienne : en 1803, les mines mexicaines assurent 67 % des « exportations » d’argent d’Amérique vers l’Espagne. De 1700 à 1803, la frappe des monnaies d’argent passa en Nouvelle-Espagne de 3.3 millions de pesos à 23.1 millions. A cette date l’intendance de Zacatecas occupait le troisième rang des régions productrices d’argent en Nouvelle-Espagne, après Guanajuato et San Luis Potosí13.
13Dès lors, il convient de s’interroger non seulement sur les causes d’une évolution qui s’étend sur plus d’un siècle jusqu’aux premiers mouvements d’Indépendance, sur les éclipses périodiques subies par la production de Zacatecas, notamment vers le milieu du siècle, sur le fondement de la reprise, mais également sur les mécanismes internes présidant au fonctionnement de cette économie minière et à leur perception par les contemporains. En effet, l’année 1732, présentée comme particulièrement néfaste par le mineur éminent que fut José de Rivera Bernárdez, n’est pas l’année noire par excellence, loin de là. La description mentionnée semble bien plutôt recueillir les termes d’une évolution antérieure. En revanche, les années 1761-1767, caractérisées par le juriste Francisco Xavier de Gamboa comme particulièrement représentatives du déclin qui touche alors Zacatecas – c’est effectivement le cas si l’on se reporte aux courbes de production – ne font pas l’objet du type d’observations signalé plus haut. Tout au plus les auteurs de « représentations » destinées au vice-roi se limitent-ils à souligner la remarquable reprise de la production à partir de 1770, période coïncidant avec les réformes de structures engagées par les monarques éclairés dans l’ensemble de l’empire ; ce qui incite à penser que les processus en œuvre à Zacatecas ne sauraient être dissociés d’un contexte beaucoup plus large que celui de la région elle-même – grosso modo l’intendance établie en 1786 –, celui de la vice-royauté14.
14Autre paradoxe : le XVIIIe siècle est pour la société locale le siècle de la consécration qu’apporte la concession de huit titres de noblesse à ce qui s’avère être l’élite sociale et politique de la région. Mais il s’agit en premier lieu d’une élite économique, dont les intérêts ne sont pas sans présenter des coïncidences notables avec ceux de la Couronne d’Espagne, avant même que n’ait été réalisée la « révolution dans le gouvernement »15. Si l’on s’en tient par ailleurs à la chronique du Franciscain Arlegui – qui, exception notable, ne noircit pas le tableau en ces années difficiles – on ne peut que relever les interactions et les effets d’entraînement existant entre les activités minières proprement dites – nous réservons l’expression d’« industrie minière » pour la fin du XVIIIe siècle – et d’autres secteurs de l’économie régionale (agriculture, commerce)16. Le visitador et ministre des Indes José de Gálvez – qui parcourut la Nouvelle-Espagne de 1765 à 1771 – ne voyait-il pas dans les activités minières la source de toute richesse ? Ne considérait-il pas avec lucidité l’effet de catalyseur qu’exerçaient les activités minières par rapport aux autres branches de l’économie de la vice-royauté voire de l’empire ? Les considérations émises par l’illustre visitador ne peuvent être plus claires à cet égard17.
15L’appréciation de Gálvez ouvre une première voie d’interprétation en ce qui concerne les modalités de la production ; sa structure s’avère être en effet d’une relative complexité et surtout d’une extrême variabilité. Nous aurons l’occasion d’en examiner plus loin les facteurs – tant internes qu’externes, compte tenu précisément de l’interdépendance existant entre les différents secteurs de l’économie coloniale. Mais d’entrée, nous pouvons éliminer certains éléments explicatifs traditionnellement présentés comme fondateurs de la croissance liée aux activités minières : la multiplication des découvertes de filons et une demande externe croissante. Nous ne ferons que reprendre sur ce point les observations formulées par Brading à propos de Guanajuato, et plus généralement de la production d’argent de la Nouvelle-Espagne18. Si les découvertes de filons sont indispensables au développement initial des activités minières, elles ne se manifestent en fait qu’à court terme, par une augmentation de la production. De plus, rares sont les mines qui, dans le moyen ou le long terme, présentent une production continue. Mais l’un des obstacles rencontrés au cours de ces recherches, la rareté des données sérielles relatives au volume et aux coûts de production enregistrés dans les différentes mines ne nous a pas permis de déterminer avec exactitude l’ampleur de ce phénomène. Quant à la demande extérieure – émanant de l’Espagne et de l’Europe dans son ensemble – elle ne peut davantage entrer en ligne de compte : il n’existait pas en Nouvelle-Espagne de « marché de l’argent » au sens strict du terme. La législation en vigueur disposait non seulement la frappe intégrale des métaux obtenus (les célèbres reales de a ocho, que l’on retrouve jusqu’en Asie) mais également une équivalence précise entre l’or et l’argent19. Dans cette perspective, une fois écartées ces interprétations par trop rapides de la réalité mexicaine, il convient d’analyser cette économie minière en fonction de sa structure : en premier lieu les modalités d’extraction du minerai, qui ne se réduisent pas à de simples données technologiques, mais font appel tout aussi bien aux capacités et « stratégies » d’investissement des mineurs ; d’autre part, les conditions de traitement de ce minerai d’argent, qui font intervenir des phénomènes conjoncturels, tels que la régularité des arrivages de mercure ; enfin, les corrélations pouvant être établies avec d’autres processus ou événements concomitants, perceptibles dans la plupart des cas à travers l’examen des données fiscales.
16Dernière remarque, tenant à la spécificité des mécanismes en œuvre au niveau régional, signalée par Bakewell pour les XVIe et XVIIIe siècles : en effet, les tendances observées à Zacatecas diffèrent parfois sensiblement de celles relevées pour l’ensemble de la Nouvelle-Espagne (Fig. 1), de même les explications avancées, y compris pour les années correspondant aux insurrections (1810-1811). La diversité et l’originalité régionale (Fig. 2) sont donc des données que l’on ne peut éluder : le « siècle de la dépression », expression par laquelle W. Borah caractérisa le XVIIe siècle pour l’ensemble de la Nouvelle-Espagne, n’en revêtit pas les apparences à Zacatecas, bien au contraire. A l’aube du XVIIIe siècle, la ville est florissante, le premier titre de noblesse vient d’y être accordé. « Zacatecas est un real de minas qui respire la richesse... » écrit en 1723 le vice-roi Linares20.
A – Conditions et structure de la production
17L’analyse des variations de la production de Zacatecas et de Sombrerete – dans la mesure où nous considérons l’ensemble de la région même si l’étude séparée et comparée des séries statistiques fournies par les deux trésoreries se révèle riche d’enseignements, – ne saurait, comme nous l’avons indiqué précédemment, se fonder sur la seule interprétation des courbes obtenues à partir de données fiscales. Ces variations sont liées en effet à la structure de cette production. Or, les conditions techniques (procédés d’extraction, méthodes de traitement du minerai, par la fusion ou par amalgame au mercure) et les normes juridiques sont le fruit d’un héritage historique ainsi que de traditions locales au nombre desquelles il faut compter la propension marquée des mineurs de Zacatecas à engager des procès répétés, longs et coûteux.
18Le premier prétexte de ces conflits est fort logiquement la possession de ces mines dont la découverte et les modalités d’exploitation ont donné lieu à un corpus juridique que nous nous devons d’évoquer brièvement, la législation minière de Nouvelle-Espagne se caractérisant toutefois par son adaptation constante aux réalités21 : les Ordenanzas del Nuevo Cuaderno, établies en 1584 par Philippe II à partir de principes énoncés avec précision dans des décrets antérieurs (1559, 1563), restent le texte de référence, que complète et approfondit la Recopilación de Leyes de los Reinos de las Indias (1681)22.
19Par définition, une mine avait une superficie précise (120 varas sur 60, 160 sur 80 en cas de « découverte »), ce qui n’évitait cependant guère les désaccords quant à la disposition intérieure et ses conséquences : l’empiètement sur la propriété du voisin, prétexte à maints litiges qui ne trouveront une solution qu’avec la publication par le juriste Francisco Xavier Gamboa de ses Comentarios (1761)23. En ce qui concerne les dimensions autorisées, les nouvelles ordonnances de 1783 les porteront à 200 varas sur 100, les mesures étant effectuées à partir de la veine principale ou veta real. Ces ordonnances abordent des problèmes aussi variés que les concessions accordées aux particuliers, le mode d’acquisition des mines découvertes par les intéressés ou au contraire abandonnées par leur propriétaire initial, l’agencement intérieur, l’assèchement (desagüe), la qualité des propriétaires (ne peuvent prétendre à l’acquisition d’une mine les ecclésiastiques, les étrangers non naturalisés, les alcaldes et Intendants du district concerné), le mode de financement, et enfin les juridictions spéciales et la constitution du « Tribunal des mines », pierre angulaire des réformes entreprises dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Retenons que les particuliers admis à la possession d’une mine, ou à son denuncio dans le cas d’une mine abandonnée ou supposée telle n’étaient pas autorisés à posséder des mines contigües, sauf dans les cas suivants : lorsque le mineur venait de découvrir une veine principale, il lui était alors permis de conserver trois mines adjacentes. Cette disposition constitue certes un sérieux obstacle aux velléités d’accaparement manifestées « en surface » par certains de ces mineurs, mais laissait la porte ouverte à ce que nous qualifierions volontiers d’« effets pervers ». En effet, un aspirant-propriétaire ne pouvait déterminer avec certitude si la mine convoitée serait rentable avant que ne soit creusée une galerie voire un puits dit d’« exploration » (tiro exploratorio).
20D’où la tendance à percer à cet effet de nombreuses galeries, et la prolifération de petites mines exploitées sans grand soin, dès le XVIe siècle. Les problèmes tenant au voisinage forcé, à l’empiétement sur la mine du voisin, sont à cet égard une constante de la région de Zacatecas. Les experts qui, en 1739, effectuent la visite des mines de Zacatecas, visite supervisée par l’oidor Francisco Antonio de Echavarri et sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir amplement, sont a priori peu suspects de sympathie envers celui qui sera présenté par l’oidor comme l’accapareur de mines par excellence : Juan Alonso Dt’az de la Campa, neveu du comte de San Mateo Valparaíso. Ils insistent néanmoins sur les circonstances suivantes : l’une des mines de J.A. Díaz de la Campa, San Juan Nepomuceno (cerro de Vetagrande) à proximité de la ville de Zacatecas, a « peu de terres ». En d’autres termes, la superficie de la mine en surface est insignifiante (15 à 20 varas) par rapport à ses possibilités d’exploitation et par conséquent à ses dimensions souterraines. L’empiétement sur les mines voisines devient dans un tel cas inéluctable. La mise en valeur de San Juan Nepomuceno dépendait par ailleurs du forage (barrena) d’un puits de dégagement dans la mine voisine de Polvorista, extrêment coûteux de l’aveu même des experts vu les risques d’inondation. Seule « solution » pour Díaz de la Campa : le « grignotage » des mines voisines, source intarissable de conflits dans les années suivant la trop fameuse visite24. Les rivalités entre propriétaires étaient donc monnaie courante. Les demandes concernant les puits de dégagement, l’égalisation des niveaux à l’intérieur des mines, et plus encore leur assèchement, se heurtent fréquemment à des fins de non-recevoir comme le montre le procès de Gajuelos. Le propriétaire de cette mine, Dionisio Gonzalez Munoz, dut assurer l’essentiel des investissements qui profitaient à ses voisins installés sur la même veine. C’est précisément l’agencement intérieur des mines de Nouvelle-Espagne qui contribuait selon Humboldt à en augmenter les frais d’exploitation : la majorité des mines ressemblaient « à des bâtiments mal construits dans lesquels, pour passer d’une pièce à une autre, il est nécessaire de parcourir toute la demeure »25.
21Une mise en valeur plus rationnelle et plus conciliante pouvait parfois intervenir, par association de plusieurs mineurs-propriétaires en compagnies. L’un des exemples les plus notables – et les plus précoces (1738) – fut à cet égard la compagnie de Quebradilla : la mine devait connaître quatre périodes de prospérité et un nombre équivalent de propriétaires ou de compagnies formées à cette occasion. Selon la législation, une mine était en effet divisée en vingt-quatre barras (équivalents d’« actions ») dont les propriétaires devaient parvenir à un accord afin de mener à bien des tâches aussi essentielles que l’extraction du minerai par un puits de dégagement comun (tiro), et l’assèchement des galeries. La multiplication des minas de compañía dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle ne fit que confirmer l’analyse de l’éminent juriste Gamboa quant à l’amélioration par ce moyen du financement des mines26. Le vocabulaire lui-même atteste cette évolution : la Concordia, compagnie formée à partir de la mine du même nom est présentée dans divers documents la concernant (1812) comme un regroupement d’« actionnaires » (accionistas)27. Avant le dernier tiers du XVIIIe siècle, les associations de mineurs revêtent donc un aspect de conciliation, et traduisent la volonté de préserver le « capital minier ». Notons l’usage du terme de parcioneros, dont le sens est proche de celui de « copropriétaires », significatif d’une mentalité fort éloignée de celle qui allait prévaloir chez les accionistas, chez les « mineurs capitalistes » (mineras capitalistas) et autres « entrepreneurs » de la fin du siècle. Avant cette date, on assiste même à des associations hybrides de copropriétaires et de commanditaires, le premier apportant l’infrastructure (mines, haciendas de benefico, outils), le second son capital et parfois son savoir-faire en tant qu’administrateur (il reçoit dans ce cas le quart des bénéfices) : ainsi à Sombrerete (mines de San Barnabé, San Pantaleón) où s’associent le mineur Manuel Ginoesio et le capitaine de cavalerie Esteban de Bringas ou à Zacatecas avec la compagnie de La Iguana formée par Juan Rodríguez Jove et Francisco Xavier de la Encina28. Seules les associations de ce type permettaient en fait de surmonter les aléas propres aux activités minières comme l’indiquent les premiers statuts de la Quebradilla29.
22Une précision toutefois : les mines, plus exactement le sous-sol, restait propriété de la Couronne d’Espagne (ce sera d’ailleurs un point particulièrement intangible des constitutions du Mexique moderne), seuls les « droits d’exploitation » étaient en définitive concédés aux impétrants, moyennant versement du quinto real. Toute mine devait donc faire l’objet d’un enregistrement (registro) effectué auprès des oficiales reales dans les quatre-vingt-dix jours suivant sa découverte ou son denuncio. De même, les préalables à l’exploitation d’une mine répondaient à des normes précises. Outre les mesures évoquées plus haut, le creusement d’un puits d’accès d’une vara et demie de diamètre et de dix varas de profondeur. Quant aux denuncios, déclarations préalables à la prise de possession d’une mine abandonnée, et rendues publiques par le corregidor, ils devaient suivre une procédure spéciale. Lorqu’une mine était « dénoncée » devant le corregidor, celui-ci devait en faire l’annonce publiquement (pregtmarla) les trois dimanches suivant la déclaration du « dénonciateur » ; ce dernier devait par ailleurs y creuser un puits de trois mètres de profondeur et trois mètres de diamètre. Il n’entrait en possession de la mine qu’après que ces formalités aient été accomplies, et dûment constatées par le corregidor sans qu’un éventuel propriétaire se soit manifesté. Le notaire chargé d’établir le constat (escribano público) y jetait des pierres et arrachait de l’herbe autour du puits pour en signifier la prise de possession par le déclarant30. Par ailleurs, une mine devait être travaillée ou plutôt « peuplée » (poblada) par quatre ouvriers (barreteros) pendant quatre mois de suite, sous peine d’être considérée comme abandonnée et sujette par conséquent à denuncio31.
23Telles sont les grandes lignes de la jurisprudence relative à l’exploitation minière et sans lesquelles il est difficile de comprendre les nombreux conflits surgissant entre les mineurs de Zacatecas et Sombrerete. Les failles du système sont nombreuses, et exploitées en connaissance de cause par les intéressés : la fiction du « peuplement » de la mine par quatre péons – et qui permet en définitive de conserver la propriété d’une mine momentanément peu intéressante – est amplement démontrée dans les années 1740, lors du procès opposant Juan Alonso Díaz de la Campa – premier « entrepreneur » de la région – à Antonio Beraza, vecino de Mexico. Non moins évidentes sont les tergiversations des autorités compétentes devant des procédés illégaux mais entrés dans les faits, en d’autres termes devant l’efficacité de la coutume sur le droit. Comme le souligne Brading, les définitions écrites, telles qu’elles prévalent dans les différents recueils juridiques mentionnés, ne fournissent que peu d’indications sur les quelques trois mille mines de la Nouvelle-Espagne32. Les codes juridiques constituent une armature théorique dont la réalité fait presque toujours ressortir le décalage ainsi que la spécificité des situations individuelles. Il en est de même dans le domaine des techniques d’exploitation.
24En effet, la mise en valeur d’une mine impliquait le creusement d’un puits perpendiculaire à la veine, l’exploitation à ciel ouvert n’étant plus la norme au XVIIIe siècle, l’épuisement des filons superficiels obligeant à descendre à des profondeurs croissantes. Or, les profondeurs atteintes déterminaient pour une large part les coûts de production. En 1739, les experts qui accompagnèrent l’oidor Echavarri dans sa visite controversée des mines de Zacatecas, relevèrent les profondeurs particulièrement importantes atteintes dans le cerro de Vetagrande, à proximité immédiate de la ville de Zacatecas : 84 varas dans la mine de San Juan Roldanera. Parvenus à la Milanesa, propriété du comte de Santiago de la Laguna, les experts, s’ils n’en précisèrent pas la profondeur, indiquèrent en revanche le niveau des eaux : 80 varas. La mine Urista, appartenant au comte de San Mateo Valparaíso, effondrée (aterrada), avait une profondeur de 100 varas ; Benitillas, qui appartenait au neveu du précédent, Juan Alonso Díaz de la Campa, 110 varas ; Nuestra Señora de la Limpia y Pura Concepción, de Gonzalo Antonio Rosa Argüelles, 50 varas ; dans le mineral de Vetagrande proprement dit, Gajuelos (de Dionisio Muñoz de Villalón) descendait jusqu’à 120 varas ; San Juan Nepomuceno (de Díaz de la Campa) à 56 ; La Victoria à 58 ; El Rosario à 90 ; La Cruz à 58 ; Cata de Juanes (Díaz de la Campa) à 80 ; la No-Conocida (Domingo de Tagle Bracho) à 95 ; San Joseph de los Reyes (Pedro de Guzman, avocat de l’Audience de Guadalajara) à 85 ; Cal y Canto à 90 ; La Cantera à 8033.
25A Sombrerete, les profondeurs relevées dans les mines des Fagoaga (marquis de l’Apartado) étaient les suivantes : Guadalupe 184 varas, San Pedro 177, San Juan 154, San Agustín 214, San Antonio 241.1/3, Santiago, 23, San Miguel 239.1/2. En 1797, le puits principal (tira principal) de Vetagrande – de la compagnie du même nom – atteignait une profondeur de 360 varas soit plus de 300 mètres. Humboldt signale certes des profondeurs supérieures (375 varas en 1790, soit 370 mètres pour la Veta Vizcama à Real del Monte) mais le record – mondial d’après ces observations – aurait été détenu par la Valenciana à Guanajuato (635 varas en 1810). Au même moment, les profondeurs relevées en Europe n’étaient en effet « que » de 381 varas dans les mines de charbon anglaises et de 393 dans les mines d’argent allemandes34.
26L’irrégularité des aménagements intérieurs, les techniques « rudimentaires » aux yeux de l’expert allemand F. Sonneschmid et le non-respect des ordonnances minières – n’en facilitaient guère l’exploitation. Marteaux et forets (barrenas d’où le nom de barreteros donné aux ouvriers travaillant avec ces outils) coexistent cependant avec des techniques plus élaborées comme l’emploi de la poudre pour percer des galeries et dont l’usage se généralise à la fin du XVIIIe siècle (Fig. 9). Le minerai extrait (mena) était amené à la surface dans de grands sacs de cuir (botas de cuero, tepetates, parfois de 1250 livres), soit par les mineurs de fond (tenateros) aidés parfois des mules (acémilas), soit à l’aide de moulins mûs par des chevaux ou des mules (malacates) pour être soumis à un premier procédé de trituration dans un autre type de moulins (tahonas, arrastres). Ces malacates – nous préférons utiliser ici le terme espagnol, dont la signification ne correspond pas tout à fait à celle de « manège » ou de « moulin »– avaient en outre une fonction essentielle lorsqu’il s’agissait d’assècher une mine (desagüe). Huit chevaux pouvaient être nécessaires pour faire tourner un malacate. Les mines de Sombrerete en comportaient de un à huit par puits, selon les observations des minéralogistes allemands (1789). Des quatre recensés au puits de San Pedro, trois étaient affectés à l’assèchement ; des huit de San Antonio, un seul était utilisé pour remonter le minerai. Au total, vingt-quatre malacates se trouvaient installés dans le complexe minier des Fagoaga. Leur coût était cependant relativement élevé : en 1737, la compagnie de la Quebradilla disposait de quatorze à seize malacates pour un coût global de 400 000 pesos ; 800 chevaux y cent-quarante-quatre péons y étaient affectés. La compagnie avaient obtenu la même année des autorités municipales l’adjudication de « cinq lieues de terres communales » (ejidos) afin d’assurer le pâturage de ces mules et chevaux35. En 1789, la mine Quebradilla avait en service vingt-neuf malacates mûs par mille chevaux. Abandonnée en 1748 en raison d’inondations, la mine avait cependant bénéficié d’investissements atteignant 312 000 pesos. Restaurée par José de la Borda, la mine devint particulièrement florissante en 1775, grâce aux exemptions fiscales qui avaient permis sa restauration. A nouveau délaissée au profit d’autres filons plus « sûrs », elle fut réhabilitée en 1804 par la compagnie dirigée par Fermín de Apezechea, sans que les associés parviennent toutefois à rentrer dans leurs fonds : plus d’un million de pesos avaient été investis dans l’assèchement36. A Pabellón (Sombrerete) les Fagoaga durent installer dix-huit malacates et deux mille chevaux pour mener à bien cet opération, pour un coût global de 200 000 pesos rentabilisés toutefois par la grande productivité de la mine. On comprend dès lors l’importance du regroupement des mineurs en compagnies, seul moyen – avec les exemptions fiscales et la distribution du mercure à un prix préférentiel – de disposer de capitaux suffisants et par là-même de rationnaliser les investissements37.
27L’argent obtenu par le procédé de l’amalgame au mercure représentait l’essentiel de la production des centres miniers de Nouvelle-Espagne à l’exception de Sombrerete (procédé de la fusion). (Voir tableau n° 1 et figure 3 page suivante).
28Malgré l’absence d’ouvrages décrivant les différentes variétés de minerais rencontrés en Nouvelle-Espagne – comparable à celui d’Alonso Barba pour le Haut-Pérou – les mineurs avaient établi une classification qui tenait compte de la couleur ; la pratique aidant, ils déterminaient ainsi quel était le procédé de traitement le plus approprié. Les catégories de minerais les plus répandues étaient les suivantes : les minerais noirs (negros), et les colorados, la couleur rougeâtre de ces derniers provenant de dépôts d’oxyde de fer en superficie. D’où la toponymie et les noms attribués à certaines mines : la Colorada, Negrilla, etc…38. Chronologiquement, le premier procédé diffusé dans les mines de Nouvelle-Espagne est celui de la fusion, jusqu’à l’introduction par Bartolomé de Medina de l’amalgame au mercure (1555) ou patio, ainsi nommé parce qu’on le pratiquait dans des cours fermées. Le choix du procédé dépendait de la qualité du minerai : les minerais de forte teneur (10 à 12 marcs d’argent par quintal), renfermant du plomb ou des sulfates de cuivre, était destiné à la fusion ; en revanche, le minerai de faible teneur, renfermant des sulfures ou mêlé à du cuivre gris et appelé rosicler en raison de sa teinte rosée, était réservé à l’amalgame. Mais le manque de mercure déterminait souvent le recours à l’amalgame39.
29Le minerai destiné à la fusion était préalablement broyé dans des moulins spéciaux (molinos de pisones) puis chauffé dans de petits fours afin d’en éliminer toute trace de soufre ; il était ensuite soumis au procédé de fusion proprement dite. Après adjonction de fer et de pirite, était effectuée la dernière opération qui consistait à séparer l’argent du plomb par oxydation de celui-ci dans de petites forges. Relativement rapide puisque ces différentes opérations ne prenaient pas plus de vingt-quatre heures, la fusion présentait toutefois le désavantage d’être extrêmement coûteuse en combustible, peu abondant dans la région. Le procédé classique fut perfectionné en 1787 par l’utilisation du tequesquite ou carbonate de sodium hydraté qui existait à l’état naturel dans la région (salines du Peñol Blanco et lagune de La Salada). Le recours à ce sel impur permettait d’autre part de diminuer le coût du traitement par la fusion ; de plus, cet ingrédient ne valait que deux réaux la fanègue. En 1807, le vice-roi Iturrigaray se montra favorable à la divulgation du nouveau procédé, considérant que l’emploi du tequesquite permettait de pallier les inconvénients liés au manque de mercure. Remarquons qu’à Sombrerete, la période de prospérité coïncida avec l’utilisation du tequesquite à partir de 179340.
30Plus long puisqu’il pouvait prendre jusqu’à deux mois, le procédé de l’amalgame au mercure comprenait plusieurs étapes. Le minerai était tout d’abord broyé dans des mortiers puis pulvérisé dans des moulins et bocards. Il était ensuite humidifié et on y ajoutait du sel, du mercure, ainsi qu’un composé à base de cuivre, le magistral (pirites ou sulfate de cuivre). De la pâte ainsi obtenue on formait des tas de 15 à 30 quintaux (montones, tortas) que l’on laissait reposer dans la cour de l’hacienda de beneficio (patio), et que l’on remuait de temps à autre. Une fois l’amalgame réalisé, la pâte était lavée et distillée dans de petits fours, les capellinas, afin de libérer l’argent et de récupérer une partie du mercure (en général les trois-quarts). A la fin de l’opération, il ne restait plus qu’à fondre l’argent en lingots (barras) d’environ cent trente marcs et de le soumettre au contrôle de l’« essayeur » de la trésorerie royale. La quantité de mercure utilisée était fonction non du volume de minerai à traiter, mais de la quantité d’argent pur que l’on pensait en retirer ; douze onces de mercure suffisaient dans la plupart des cas à obtenir un marc d’argent. Le procédé pouvait être accéléré par la chaleur (amalgame por cazo y cocimiento inventé par le mineur péruvien Alonso Barba au XVIIe siècle) ; l’ensemble des opérations ne prenait alors que quelques jours41.
31En 1732, les haciendas de beneficio utilisant le mercure étaient au nombre de vingt-cinq (vingt pour la fusion) d’après la description du comte de Santiago de la Laguna. L’ensemble des haciendas consommèrent cette année-là 9 700 cargas de magistral, et 30 000 fanègues de sel (saltierra). Par opposition, Sombrerete ne possèdait que neuf haciendas de beneficio por azogue et vingt utilisant la fusion ; Chalchihuites, centre minier rattaché à Sombrerete, une et huit respectivement. Le Franciscain Arlegui, ancien chapelain de la Hacienda Nueva, hacienda de beneficio appartenant au comte de Santiago de la Laguna, indiquait que l’établissement rapportait à son propriétaire un bénéfice net de mille pesos par jour42. Les deux haciendas de Juan Alonso Díaz de la Campa (procédé de l’amalgame dans l’une, de la fusion dans l’autre) traitaient 2 600 quintaux de minerai hebdomadaires43. Avec le temps et la rationnalisation des activités minières, l’ampleur des installations s’accentue comme l’indique Morfi à propos des propriétés des Fagoaga à Sombrerete (1790) :
« Cette famille possède ici l’hacienda la plus vaste et la mieux construite que nous ayons vue : la cour est un quadrilatère de cent-douze varas de long et quatre-vingts de large ; elle est formée d’une belle et solide succession de quarante arcs dont vingt-trois sont répartis sur sa longueur, et vingt-sept sur sa largeur ; elle est entourée de réservoirs destinés au lavage des monceaux de minerai. Lorsqu’on y pénètre, on a sur la droite une grande laverie fort bien conçue ; dans les galeries et cloitres formés par les arcs, on voit fonctionner en même temps cinquante-cinq moulins (tahonas) et six mortiers. Mais ceux-ci s’avérant être en nombre insuffisant, il est envisagé d’en installer douze autres. Les bâtiments nécessaires au traitement des minerais et au logement des employés sont amples et spacieux, les mules sont nombreuses et bien soignées. Tout y respire l’abondance dont jouissent les propriétaires. Un administrateur nous affirma qu’il y avait des installations encores plus opulentes à Fresnillo, mais nous n’eûmes pas l’occasion de les voir ».
32Les installations décrites comportaient quatre-vingt-quatre arrastres et plus d’une douzaine de forges44. Dans la Veta Negra, vingt-deux malacates étaient recensés en 1792 : y travaillaient 1 400 chevaux et 200 mules, 641 ouvriers assuraient l’extraction du minerai par trois puits distincts ; 500 à 600 cargas étaient remontées chaque semaine. L’hacienda de Santo Cristo de Lezo disposait de 1 662 mules et 257 ouvriers y étaient employés en permanence. Quant à Pabellón, la mine occupait 790 ouvriers, la hacienda de beneficio 292, et 1670 mules étaient nécessaires à la bonne marche de ce complexe minier. Au début du XIXe siècle, 84 arrastres et plus d’une douzaine de forges fonctionnaient à Fresnillo45.
« Tout le commerce des mines repose sur le rachat du minerai d’argent ; et comme tous ceux qui l’extraient dans ces parages dépendent, pour le traitement ou pour les fournitures diverses, numéraire compris, de l’Apartado, il n’est pas d’autre activité que celle que procure cette famille ; laquelle dispose à cet effet d’une grande boutique dans cette villa [Sombrerete] ainsi qu’à Fresnillo. Cependant, comme la majeure partie des ventes sont réalisées à crédit, les bénéfices ne correspondent généralement pas au fond important qui engendre cette activité »46.
33Bien qu’introduisant d’autres données que celles relatives aux conditions de la production – le crédit et certaines de ses modalités, la toute-puissance des dynasties minières – Morfi pose le problème essentiel : celui des investissements nécessaires à ce type d’exploitations, des activités complémentaires, ainsi l’élevage des animaux de trait destinés à ces complexes miniers. La seule hacienda de la Sauceda (de José de la Borda) nécessitait 2 000 mules et chevaux pour broyer ses 3 000 à 3 500 quintaux hebdomadaires de minerai. D’où la tendance à « dénoncer » les terres contigües, au détriment des voisins ou des terres communales. Les entreprises de Borda étaient devenues de véritables unités économiques autonomes, certes exceptionnelles par leurs dimensions mais caractéristiques de la fin du XVIIIe siècle47.
34Autre facteur dont il est superflu de dire qu’il influence de manière décisive la régularité de la production : la main-d’œuvre, élément ambivalent de cette infrastructure si l’on considère les interactions entre les bonanzas et les déplacements d’une main-d’œuvre très mobile, qui n’hésitait guère à quitter les lieux lorsque les conditions devenaient défavorables. L’image des péons mexicains est souvent, dans l’historiographie courante, celle d’un travailleur exploité, retenu dans la mine ou l’hacienda du maître par l’accumulation de dettes dûment consignées à la désormais célèbre tienda de raya. Sans remettre en cause la validité de cette interprétation – nous n’avons eu accès sur ce point qu’à des sources très sporadiques permettant difficilement d’effectuer une analyse d’ensemble de la condition des ouvriers employés dans les mines de Zacatecas – il convient d’avoir cependant présente à l’esprit l’une des particularités de la population active du nord du Mexique : celle d’être constituée d’une main-d’œuvre salariée libre dès le XVIe siècle, en raison de l’originalité démographique de cet ensemble géographique, peuplé de tribus nomades se déplaçant sur un territoire extrêmement étendu – par opposition au sud de la Nouvelle-Espagne, d’indiens sédentaires organisés en communautés, facilement incorporables de ce fait à une encomienda. W. Jiménez Moreno n’évoca-t-il pas la relative stabilité que procurèrent à cette population mobile par nature les mines du nord, dans une région « intermédiaire », la « plus harmonieusement métissée » (à 75 %) ? Dans cette perspective, il n’est pas surprenant que cette population ait suivi les mouvements de la production, se déplaçant d’une centre minier à l’autre en fonction des bonanzas, parfois sur de très grandes distances, jusqu’à Parral parfois (Chihuahua). D’où également les problèmes posés par la mobilité de cette main-d’œuvre : celui de sa disponibilité, lorsqu’elle a émigré en des lieux plus productifs. Dans les années quarante, la main-d’œuvre de Zacatecas s’était ainsi déplacée en masse à Sombrerete au grand mécontentement des propriétaires de mines48.
35Pour l’ensemble de la Nouvelle-Espagne, Humboldt avance un chiffre de 28/30 000 personnes réparties en diverses catégories, barreteros, tenateros, barrenadores, faeneros... selon l’outil de travail (1804). Mendizábal va jusqu’à distinguer quatorze catégories de travailleurs de mines, et vingt-et-une pour les haciendas de beneficio. Le degré de qualification avait en effet augmenté avec la diversification des opérations (usage de malacates plus perfectionnés, utilisation de la poudre pour percer des galeries), et la division des tâches à accomplir. On trouvait ainsi des azogueros, préposés à l’amalgamation, des guardaminas et veladores chargés de la surveillance et de la répression des vols de minerai, les malacateros, sogueros, revoltureros, lavadores, intervenant aux différents stades du traitement, mais également les muletiers, charpentiers et forgerons (arriéras, carpinteros, herreros)49
36Il semble à cet égard que les estimations de Humboldt puissent être fortement majorées. Des rapports de la même époque signalent en effet que dans l’intendance de Guadalajara 6 000 personnes étaient employées dans les mines (essentiellement à Bolaños) ; 14 800 étaient recensées dans les provinces de Sonora-Sinaloa ; pour la seule ville de Zacatecas, sans comptabiliser les mines de la périphérie, on estimait que 6 à 7 000 personnes vivaient des mines50. Dans les périodes de déclin de la production, la population de la ville diminuait facilement de moitié comme l’indiquèrent José de la Borda et J.L. de Lazaga ; ce qui induit à penser qu’en réalité, la moitié au moins de la population locale (soit 20/25 000 personnes) exerçait des activités liées aux mines : non seulement ouvriers mais aussi commerçants, boutiquiers (tendejones), vendeurs ambulants (viajantes)... Les estimations de Humboldt concerneraient donc plutôt la main-d’œuvre employée dans les grandes entreprises de la fin du siècle, une main-d’œuvre permanente, participant du phénomène de concentration des activités minières. A titre d’exemple, la mine Quebradilla employait 1 415 mineurs de fond et 1 135 ouvriers en surface ; l’hacienda de beneficio du comte del Valle de Súchil 2 000 péons. De même, à Guanajuato, on recensait 4 000 ouvriers dans les mines de la Valenciana et de Rayas, fleurons de l’âge des « entrepreneurs ». Hors de ces grandes mines, la tendance était extrêmement variable : une mine pouvait compter d’une dizaine à une centaine d’ouvriers, occasionnels ou permanents. Cette main-d’œuvre était placée dans les grandes entreprises sous le contrôle de contremaîtres (capitanes de mineras, capitanes de barreteros, mayordomos…) eux-mêmes placés sous la responsabilité d’un administrateur51. Les conditions de travail, très différentes selon le travail effectué, faisaient que les ouvriers ne restaient que cinq ou six ans dans une même « spécialité »– surtout les barrenadores qui utilisaient des explosifs (pólvora), les azogueros, ou plus encore les tenateros, dont le travail consistait à transporter des sacs de minerai de 225 à 350 livres à de hautes températures. Ces ouvriers, dont les conditions de travail s’avéraient extrêmement pénibles, changeaient d’occupation au bout de quelques années52.
37Quant aux rémunérations, elles variaient d’un centre minier à l’autre. Mais à quelque niveau que ce fût, les activités minières étaient génératrices de fortes rémunérations, et faisaient du simple ouvrier préposé aux excavations (cavador) ou du dynamiteur (relativement « spécialisé ») une « sorte d’aristocratie du travail », même si les chances d’accéder à l’élite véritable étaient réduites. Les salaires versés oscillaient de huit à douze pesos par mois, selon la spécialité, soit un minimum de deux réaux par jour, davantage qu’un péon d’hacienda. Un arreador, chargé de faire travailler les mules et chevaux des malacates, ne recevait que trois réaux par jour, contre sept pour un cohetero (dynamiteur), douze pour un azoguero, et seize pour un administrateur. Les péons d’hacienda ne recevaient en moyenne un real et demi à deux réaux, auxquels s’ajoutaient des rations de maïz (un ou deux almudes) et deux ou trois réaux de viande par semaine53. D’une manière générale, les rémunérations étaient plus importantes en surface, dans les haciendas de beneficio. Quant à leur évolution tout au long du XVIIIe siècle, elle est peu significative. En 1734, les salaires versés dans la mine San Eligio ou dans la Roldanera, propriété d’un mineur relativement important puisqu’il s’agit de Gregorio Zumalde, tournaient autour de quatre à cinq réaux par jour et ne différaient pas sensiblement des salaires versés dans les grandes entreprises d’un Fermín de Apezechea ou des Fagoaga à la fin du siècle54.
38L’intérêt du travail dans les mines résidait de toute évidence dans cette véritable institution qu’était devenu le partido (part du minerai qui revenait à l’ouvrier), incitatif par excellence. A tel point que lorsqu’un mineur souhaitait « peupler » sa mine afin d’éviter un possible denuncio, il la « donnait a partido » (dar a partido) aux quatre barreteros prévus par la législation, à charge pour eux d’en tirer leur subsistance. Fort logiquement, une bonanza impliquait une production accrue, tant pour le propriétaire que pour les rescatadores qui achetaient leur part aux ouvriers. D’où des tentatives répétées de remise en question voire de suppression pure et simple du partido par les mineurs propriétaires, lesquels accusaient les rescatadores de s’enrichir d’une manière déloyale. Sa réduction drastique dans les mines du comte de Regla à Real del Monte (1766) est à l’origine de la plus grande révolte minière du siècle – sévèrement réprimée par J. de Gálvez-, d’autant que cette remise en question allait de pair avec une réduction des salaires (de quatre à trois réaux)55. Faut-il invoquer la plus grande souplesse, la « diplomatie » des mineurs de Zacatecas ? Fort étrangement, les velléités comparables de José de la Borda dans la mine et l’hacienda de beneficio de la Quebradilla (accompagnées d’une réduction des salaires de six à quatre réaux) ne donnèrent pas lieu à ce genre de révolte, tout du moins d’après les documents auxquels nous avons eu accès. Et pourtant, le manque de docilité et le caractère belliqueux des habitants de Zacatecas, voire leurs « tendances délictueuses », étaient fréquemment soulignées par les voyageurs, chroniqueurs, ou fonctionnaires royaux étrangers à la province56. Par la suppression du partido, José de la Borda était parvenu à réduire les coûts de production de 25 % ; cette remise en question du partido se généralisa d’ailleurs à la fin du siècle dans les grands centres miniers : dans la mine de Rayas à Guanajuato en 1774, à la Valenciana en 1790. Comment expliquer dans ces conditions les réactions des ouvriers de Real del Monte ? Ce centre minier connut en effet une alternance de périodes de prospérité et de dépression en tous points comparables à celles de Zacatecas. En ce sens, les révoltes de 1766-1767 refléteraient le décalage existant entre l’organisation du travail et les souhaits manifestés par les intéressés ; ces révoltes sont en effet en grande partie « des réactions allant à l’encontre des innovations promues par l’administration coloniale ou par les entreprises minières privées », en Nouvelle-Espagne. Peut-être faudrait-il avancer une autre explication à la relative passivité des ouvriers de José de la Borda : la plus grande dispersion des mines et haciendas de celui-ci, à la différence des propriétés du comte de Regla ; les ouvriers rebelles étaient concentrés sur la Veta Vizcaína, et donc plus portés à s’organiser face aux exigences du propriétaire. Avec l’augmentation des dimensions des entreprises, le travail dans les mines avait en effet pris l’aspect d’une véritable « relation de production », fort différente de la situation prévalant dans les petites mines, où ce travail ressemblait davantage à une association entre le mineur-propriétaire et ses ouvriers57
39Remarquons toutefois que tous les mineurs ne suivirent pas l’exemple de J. de la Borda et de leurs pairs de Guanajuato. Borda lui-même, avant d’en envisager la suppression, laissait à ses ouvriers (operarios) le douzième du minerai extrait ; Manuel de Rétegui le huitième quelques années plus tard, de même les Fagoaga, « selon la coutume invétérée de ce Real [Sombrerete] »58. L’intérêt du partido – dont on peut comprendre qu’il ait entraîné les réticences de certains mineurs – était en revanche réel pour les trésoreries royales, lorsque des exemptions fiscales étaient accordées aux grands mineurs puisqu’il n’était pas inclus dans ces exemptions et pouvait atteindre le tiers du total des droits qui auraient été perçus par la Couronne, comme ce fut le cas à Sombrerete, dans la mine Pabellón (Fagoaga) de 1791 à 180459. Fût-ce un compromis habile mis en œuvre par les mineurs ? Toujours est-il que la question du partido ne fut pas à Zacatecas et à Sombrerete l’occasion de conflits majeurs. De même, il ne semble pas que des mesures véritablement cœrcitives aient été prises afin d’obliger les « oisifs » et « vagabonds » à travailler dans les mines. Tout au plus avons-nous trouvé une demande ce genre, émanant du comte de Santa Rosa (1704) ; mais le peu d’attirance des travailleurs potentiels était dûe à la dureté de ses contremaîtres60. Les moments de manque de main-d’œuvre coïncident en réalité avec les périodes de déclin de la production ; or, comme les cycles de Zacatecas et de Sombrerete sont inversés – et de ce fait complémentaires – on retrouve en général la main-d’œuvre manquante dans le centre minier en bonanza, sauf conjoncture particulièrement défavorable comme en 1785-1786 (famines, épidémies). Il reste que la possibilité pour les mineurs de recourir au « travail forcé » existait de par la législation, notamment en ce qui concernait la main-d’œuvre indigène. Mais là encore, Zacatecas se distingue de Pachuca et de Guanajuato puisqu’il n’en est fait mention dans aucun document pour la période qui nous intéresse61. Tout au plus pouvons-nous signaler quelques exemples sporadiques de repartimiento de indios, d’esclavage ou de péonage pour dettes.
40Bien que la population indigène ne soit pas aussi importante que dans d’autres régions de la Nouvelle-Espagne – le seule zone à dominante indienne serait le sud de la province, vers Tlaltenango – le repartimiento ou obligation pour un village de fournir périodiquement un contingent de péons, était pratiqué depuis le XVIe siècle. En 1621, 1 500 indiens travaillaient ainsi dans les mines locales. Jusqu’en 1730, les Jésuites de Nouvelle-Galice – dont ceux de Zacatecas – figurent parmi les bénéficiaires de ces repartimientos réalisés cependant au profit des haciendas rurales de la Compagnie62. En 1770, des indiens de Colotlán sont envoyés dans les mines de Manuel Aldaco à Fresnillo, afin d’en assurer l’assèchement. Mais comme l’indiquent les oficiales reales de Sombrerete, ces repartimientos restent exceptionnels, les volontaires suffisant amplement. L’un des fonctionnaires royaux souligne par ailleurs que ce recours n’est pas exempt d’arrières-pensées : le caractère « soumis », docile, de l’indien, sa misère, font que cette main-d’œuvre revient en définitive meilleur marché au mineur, moins scrupuleux lorsqu’il s’agit de verser des gages. Les administrateurs des mineurs et hacendados étaient donc tentés d’y recourir plus par « convenance » que par « nécessité urgente »63. Coïncidence de la documentation ou réalité ayant les fondements exposés par l’oficial real ? En 1784, le marquis de l’Apartado et Juan Bautista Fagoaga demandent que l’on oblige les indiens à participer à l’assèchement de leurs mines de Cuautla. Et en 1791, Revillagigedo, s’appuyant il est vrai sur les informations fournies par l’Intendant de Zacatecas, Felipe Cleere, indique que celui-ci est favorable aux repartimientos pour des raisons qui relèvent davantage de la morale (oisiveté, indolence, vices des indiens, nécessité de les instruire dans la foi catholique) que d’une quelconque « rationnalité » économique64.
41Quant aux esclaves, on les trouvait en grand nombre à Zacatecas, si l’on en croit M.O de Mendizábal. Mais ils étaient affectés presque exclusivement aux estancias et plus encore employés comme domestiques. Le coût d’un esclave était en effet prohibitif : 350 pesos parfois pour un adulte. Leur seul intérêt aurait été de constituer une force de travail permanente. Le seul cas d’esclave ouvrier dans les mines est celui d’un mulâtre de Sombrerete, d’ailleurs affranchi par ses maîtres. Le comte de Santa Rosa en possédait deux, employés dans la hacienda de beneficio ou comme domestiques. De même les comtes de Santiago de la Laguna, propriétaires de trente-deux esclaves (en partie nés sur leurs domaines) les utilisaient-ils comme péons dans les haciendas rurales ou dans les haciendas de beneficio mais en aucun cas dans les mines elles-mêmes65.
42Dans ces conditions, la coercition s’exerçait plus volontiers à l’encontre des castas, réputées « oisives et vagabondes », et bénéficiaires en grande partie de la croissance démographique du XVIIIe siècle : mulâtres, et autres métis tels que labos et coyotes. En 1704, le comte de Santa Rosa, invoquant le manque de main-d’œuvre, demande que lui soient envoyés des vagabonds pour travailler dans la mine Benitillas. En 1725, vagabonds, prisonniers et repris de justice sont remis par les alcaldes et le corregidor de Zacatecas – après accord de l’Audience de Guadalajara – à Francisco Muñoz de Villalón, afin de mener à bien l’assèchement de la mine Gajuelos66. Cinq ans plus tard, c’est au tour de Gonzalo Antonio Rosa Argüelles, alcalde de Zacatecas, de bénéficier d’un décret du vice-roi en faveur de la mine Quebradilla : une amende de deux cents pesos serait infligée à quiconque protègerait les vagabonds, nombreux à Zacatecas d’après ce document. Dans ce dernier cas, le recours aux vagabonds est directement supervisé par la justice locale, dont on peut légitimement mettre en cause l’impartialité, les grands mineurs exerçant systématiquement la charge d’alcalde. La réquisition des vagabonds, prévue au titre IV du livre VII de la Recopilación, prévoyait néanmoins la rémunération des personnes arrêtées à cet effet. Les « noirs libres, métis et mulâtres sans office ni occupation » sont considérés comme étant à l’origine des maux de la ville, et le travail est présenté par les autorités religieuses comme un moyen de réformer les habitudes oisives des castas et d’éliminer la mendicité. Si ce genre de discours est relativement répandu, la cœrcition est rare ; on en reste souvent à Zacatecas au stade des intentions67.
43Deux secteurs coexistaient par conséquent dans les mines locales : un secteur salarié au sens strict et un secteur mixte dont les revenus provenaient essentiellement du partido. L’amenuisement – mais non la disparition, puisque les buscones sont présents tout au long du XIXe siècle – du deuxième secteur ne signifia pas pour autant l’avènement généralisé du travail salarié. La tienda de raya fut par ailleurs le moyen par lequel les mineurs détournèrent l’esprit d’une législation qui les obligeait depuis 1783 à verser un salaire (décret du marquis de Croix). Mais le respect des coutumes – telles le partido par lequel les ouvriers restaient malgré tout associés à l’exploitation des mines –, en d’autres termes l’évolution progressive des conditions de production, permirent à Zacatecas d’éviter les révoltes qui affectèrent des centres miniers tout aussi engagés sur le chemin de la modernisation.
B – Les cycles de la production
44Si l’on considère cependant ces données globales, l’originalité de Zacatecas est réelle : loin d’avoir été pour la région le « siècle de la dépression », le XVIIe siècle a connu plusieurs périodes de prospérité (1615-1635, 1670-1690)68. De même les deux premières décennies du XVIIIe s’incrivent-elles dans une phase ascendante de la production. Le premier cycle de Zacatecas prend fin en 1763, année où la production locale atteint son niveau le plus bas avec seulement 97 828 marcs, soit 7 % de l’argent produit en Nouvelle-Espagne (Fig. 6). Pendant la décennie 1760-1769, Zacatecas ne produira plus que 8 % de l’argent mexicain, contre 21 % pour Guanajuato (Fig. 5), situation critique dont mineurs et juristes se feront l’écho. Le point culminant – et point d’inflexion – de ce premier cycle se situe en 1723, avec 284 725 marcs d’argent déclarés, soit près de 30 % de la production de la Nouvelle-Espagne. Le vice-roi Linares souligne alors l’excellente tenue de la production de Zacatecas et de l’ensemble de l’économie locale, une prospérité qui contraste avec le marasme observé à Sombrerete, y compris dans les années suivantes, malgré l’infléchissement de la courbe du dieznio : de 1724 à 1748 a lieu en effet la première bonanza de la mine Quebradilla69.
45Jusqu’au début du XIXe siècle, la courbe de production de Sombrerete présente en effet des tendances inverses à celle de Zacatecas (Fig. 6). La production la plus basse y est enregistrée en 1724 alors que l’année 1756 s’annonce comme l’une des meilleures. Dès 1710, les oficiales reales de Sombrerete insistent sur « l’état de misère auquel est réduit ce real de minas » depuis le jour où un incendie s’était déclaré – il y avait quatorze ans de cela à la date de cet écrit – dans un puits qui desservait plusieurs mines extrêmement prometteuses. En raison des inondations permanentes, les mineurs en étaient réduits à exploiter des minerais superficiels de faible teneur à un moment où le mercure – élément essentiel du traitement de ce type de minerai – était reçu en quantités dérisoires : seulement trente à quarante-cinq quintaux par an étaient envoyés à Sombrerete. Les mines n’étaient alors peuplées que de barreteros, de pauvres hères travaillant dans les mines pour leur propre compte, parfois sous la fiction du « peuplement » officiel de celles-ci70. En 1737, quand le vent tourne à Zacatecas, Sombrerete a surmonté la situation grâce aux mines de San Nicolás, Pabellón et La Cruz. La production fut si abondante que les haciendas de beneficio de Sombrerete ne suffisaient pas à traiter tout le minerai extrait, lequel fut acheminé en conséquence vers les « principales haciendas des autres centres miniers de Nouvelle-Galice et de Nouvelle-Espagne »71. En 1771, les mines de Zacatecas sont en plein essor ; en revanche, Sombrerete a de nouveau som bré dans le déclin, à tel point que Gálvez estime superflu le maintien de sa trésorerie. Le bâtiment qui l’abrite n’est que le reflet de ces années noires : endommagé par les pluies diluviennes de 1792, il est provisoirement abandonné par le trésorier, lequel se réfugie chez Mariano de Fagoaga72.
46On peut s’interroger à cet égard sur les raisons de l’inversion des courbes de production de Zacatecas et Sombrerete jusqu’au début du XIXe siècle ? Sans doute faut-il les attribuer en partie à la nature du minerai et donc à leur traitement. Comme nous l’avons vu précédemment, Sombrerete privilégie en effet l’utilisation de la fusion, justifiée par la forte teneur du minerai ; les deux-tiers de l’argent déclaré appartiennent à cette catégorie. L’implantation du procédé de l’amalgame vers la fin du XVIIIe siècle fut favorisé en fait par les investissements des Fagoaga, et permit la récupération de minerais jusque là négligés pour leur faible teneur. Sombrerete ne subit donc pas au même degré que Zacatecas les conséquences de l’irrégularité qui préside aux approvisionnements en mercure. Modernisation précoce ou prise de conscience des mineurs de Zacatecas de l’intérêt de l’amalgame ? Dès 1707 en effet, le minerai ainsi traité y dépasse en quantité et en valeur celui obtenu par la fusion (58 % de plata de azogue). Jamais l’argent obtenu par ce dernier procédé (plata de fuego) ne reprendra l’avantage, quelles que puissent être les difficultés d’approvisionnement en mercure, y compris en 1759-1761, moment où le « creux » de la production à Zacatecas est particulièrement marqué et où la capitale de province se voit dépassée par Sombrerete pour ce qui est du volume de la production. Il en est de même en 1899-1801. La production d’argent par amalgame au mercure oscille habituellement à Zacatecas de 70 à 80 % de la production totale, ce pourcentage pouvant occasionnellement s’élever à 90 %. Malgré leur peu d’intérêt envers le procédé de la fusion, les mineurs tentent néanmoins de pallier les insuffisances des arrivages de mercure en y recourant. En 1750, on obtient, toujours pour Zacatecas, les proportions suivantes : 77 % d’argent obtenu par amalgame, 23 % par fusion ; l’année suivante, l’évolution en faveur de la fusion est notable : ce sont désormais 42 % de la production qui sont ainsi traités (58 % par amalgame). L’amalgame remonte certes à 72 % en 1752, mais la tendance dessinée antérieurement se confirme en 1758 (60,5 % de plata de azogue) et plus encore en 1759 : 40,2 % d’argent obtenu par amalgame contre 59,7 % par la fusion. 1759 est d’ailleurs la seule année – depuis l’adoption définitive de l’amalgame en 1707 – où les données sont inversées à Zacatecas en faveur de la fusion. En 1760, les pourcentages reviennent à la normale, avec 76 et 23 % en faveur de l’amalgame et de la fusion respectivement. En 1763, année où la production totale atteint son niveau le plus bas, les données restent stables : 63,7 % pour l’amalgame, 37,3 % pour la fusion (73,9 % et 26,1 % l’année précédente). Avec les années fastes en envois de mercure, le minerai ainsi traité représente plus de 80 % de la production totale (à partir de 1774). Le pourcentage grimpe à 92,6 % en 1783, diminue à nouveau en 1799 (70 % du total) et 1802 avec 53,3 % « seulement » suivant le rythme des approvisionnements en mercure ; en 1803, on est revenu à la normale, avec 85 % de la production traitée par amalgame (97 % en 1808) ; ce pourcentage se maintient très largement au-dessus de la barre des 80 % jusqu’à l’Indépendance (96 % en 1810) : seule la révolte d’Hidalgo parvient à le faire descendre à 72 % (1812) mais en 1821, l’amalgame domine à nouveau la production avec 92 % du total. Dans tous les cas, la fusion n’apparait que comme un palliatif, une compensation qui ne relève que du provisoire. Comme ce fut le cas en 1685 et en 1705 – où près de la moitié de l’argent produit l’était grâce à la fusion –, c’est le manque de mercure incite les mineurs à se tourner vers ce procédé. Parfois, ce n’est cependant pas l’insuffisance des envois qui remet en question la bonne marche de la production, mais l’insuffisance des stocks disponibles, situation imputable aux blocus infligés par l’Angleterre aux colonies espagnoles. Si le mercure était « importé » du Pérou (Huancavelica) voire de « Chine »– il s’agit en réalité des Philippines – il provenait pour l’essentiel d’Almaden (Espagne) et d’Idria (Allemagne). Pour cette même raison, la production chute de 12 % en 1760-1764 par rapport aux cinq années précédentes, et de 13,5 % en 1800-1804 (le blocus est en vigueur de 1799 à 1801)73.
47Lorsqu’en 1763 commence ce que l’on peut considérer comme le deuxième cycle de production de Zacatecas, la ville n’est plus qu’une « ombre de sa splendeur passée ». Avec la fin du cycle antérieur, il semble que l’on ait assisté au déclin de mines que l’abondance de mercure avait rendues rentables, mais également à la fin de la période de prospérité des mines à forte teneur de minerai, c’est-à-dire des filons superficiels localisés dans les éminences (crestones), d’où l’augmentation des coûts de production et des investissements mis en œuvre pour atteindre des profondeurs accrues. Les mines inondées sont légion ; leurs propriétaires ne prennent plus l’initiative de les rénover, ne pouvant ou ne souhaitant pas compromettre leurs capitaux74. La politique d’exemptions fiscales inaugurée par le visitador et ministre du Conseil de Indes José de Gálvez et le vice-roi le marquis de Croix (1766-1771) en faveur des grands mineurs est dans cette perspective un élément déterminant de la « résurrection » de Zacatecas mais elle doit être située par ailleurs dans le contexte général de la restructuration économique – et politico-administrative de l’empire espagnol. A ce titre, les réductions successives du prix du mercure en représentent un aspect essentiel. La « révolution dans le gouvernement » va ainsi de pair avec des transformations économiques et sociales dont Zacatecas fut le théâtre privilégié : le deuxième cycle minier est en effet celui des « mineurs capitalistes » et autres « entrepreneurs ». Remarquons que les exemptions des droits sur l’argent (diezmos), le mercure ou la poudre (explosifs : pólvora) favorisent les grandes mines : la Quebradilla de José de la Borda (la bonanza ne prend fin qu’en 1784 et les décrets royaux d’exemptions fiscales remontent à 1768 ; fig. 7) ; puis de la compagnie fondée par Apezechea en 1804. La Quebradilla aura ainsi connu trois périodes de prospérité ; la première se situe en 1724-1748, en 1737, la mine ne rapporta pas moins de deux millions de pesos à ses propriétaires75. Cette mine présentait il est vrai une teneur exceptionnelle, puisque l’on obtenait 80 marcs d’argent de chaque montón de minerai76.
48Autres mines singulièrement favorisées par les exemptions fiscales, celles des Fagoaga : Veta Negra (bonanza de 1783 à 1786) et Pabellón (1791-1792) à Sombrerete (Fig. 8)77. De manière significative, les bonanzas rythment la reprise à Sombrerete et le deuxième cycle minier défini à Zacatecas : les augmentations les plus importantes de la production de Zacatecas ont lieu en 1772 (+33 % par rapport à l’année précédente) et 1777 (+25 %). Aux entreprises de Borda succèdent alors les grandes compagnies : celle de Vetagrande, créée en 1784 par l’ancien administrateur de Borda, Marcelo de Anza. En 1803, année difficile en raison du manque de mercure (Fig. 7), son représentant, Juan Pedro Espeldoy, s’adressant aux députés des mineurs de Zacatecas, déplore les difficultés d’approvisionnement des années antérieures (1798-1803). La principale hacienda de beneficio de la compagnie, Sauceda, équipée de 132 moulins (tahonas) et 66 arrastres, s’en trouve paralysée, alors même que sont extraites chaque semaine des mines de la compagnie 1 000 à 1 200 cargas de minerai78. Dans les années 1780, ce sont en fait trois groupes de mines qui connaissent une remarquable prospérité : Veta Grande, mais également les mines appartenant à l’un des principaux actionnaires de la compagnie, Marcelo de Anza : San Francisco et San Borja, auxquelles il convient d’ajouter à la veille de l’Indépendance la mine de Malanoche, propriété d’un autre actionnaire, Manuel de Rétegui. L’une des bonanzas les plus spectaculaires, celle de Pabellén à Sombrerete, débute en 179278.
49Au nombre des facteurs qui favorisèrent cette reprise, il faut mentionner l’usage de plus en plus répandu du sel (saltierra) dans le traitement du minerai par amalgame, un sel facile à se procurer puisqu’il provenait des salines du Peñol Blanco, découvertes en 1561 au sud-est de Zacatecas79. De cette variété de salpêtre étaient récoltées tous les ans de 40 000 à 60 000 fanègues ; la fanègue de sel du Peñol Blanco valait quatre réaux, contre vingt-deux pour celui de Charcas, voire vingt-quatre pour celui de Fresnillo80. Tout comme le mercure, le sel était un monopole de la Couronne (estanco) qui en confiait l’administration à des particuliers sous forme de contrats d’un prix variable (as tentas), d’ailleurs payés en sel : 17 000 pesos en 1722, 27 000 en 1742, 15 550 en 1777 (le dernier du genre, confié au comte de Casafiel). Les salines du Peñol Blanco, les plus importantes de la Nouvelle-Espagne, furent administrées par des particuliers de 1703 à 1778, année où la Couronne, dans le cadre des réformes préparées par Gálvez, les reprit à son compte (Fig. 11). Fort logiquement, les principaux mineurs de Zacatecas avaient été asentistas. Dans le cas des Aristoarena – Tomás de Aristoarena, et son neveu le comte de Casafiel – l’administration des salines était même devenue une tradition familiale. Les administrateurs n’accomplissaient pas seulement une tâche de gestionnaires : ils étaient en même temps alcaldes mayores des salines, ainsi que des villages indiens les plus proches, San Sebastián del Venado et San Jerónimo de la Hedionda ; ils étaient par ailleurs lieutenants du capitaine général de cette « frontière » qui incluait Charcas, ce qui ne manquait pas d’intérêt dans la mesure où la main-d’œuvre requise pour la récolte du sel provenait des villages en question81. Que dire des relations entre les administrateurs des salines et les mineurs ou les compagnies ? Elles étaient parfois conflictuelles, les intéressés s’estimant lésés dans les répartitions de sel. Jamais toutefois les réclamations en ce sens n’atteindront l’ampleur de celles émises à propos du mercure82.
50Les bonanzas des grandes mines évoquées plus haut, qui concernent des mines connues pour leurs périodes de prospérité et leurs déclins subits constituent donc l’un des multiples facteurs explicatifs des mouvements enregistrés par la courbe de production. Cependant, comme nous l’indiquions plus haut, ces phénomènes restent ponctuels, leur influence ne s’exerce que dans le court terme. Seule la concommittance d’autres facteurs tenant à la structure de la production (perfectionnements technologiques, par exemple l’utilisation d’explosifs – Fig. 9 –, exemptions fiscales, plus grandes facilités de crédit, réorganisation des mineurs en compagnies) ou externes (mercure) leur donne quelque validité dans le moyen terme. C’est cette conjonction de facteurs, favorisés par les réformes officielles, qui explique peut-être que les bonanzas du dernier tiers du XVIIIe siècle durent proportionnellement plus longtemps que celles des premières décennies, et représentent des volumes de production supérieurs : à titre indicatif, la plus forte moyenne quinquennale de production enregistrée tout au long de la période considérée est celle des années 1795-1799 (plus de 2,5 millions de marcs) et de 1805-1809.
51Quant aux années 1810-1814, elles enregistrent une nouvelle chute de la production de Zacatecas (-35 %) qui se poursuit en 1815-1819 (-17 %) et en 1820-1824 (-7 %). Cependant, comme le souligne L. Alamán, Zacatecas fut moins affecté par les événements de l’Indépendance que d’autres centres miniers comme par exemple Guanajuato (-45 %, -40 %, et -58 % pour les mêmes périodes), les pourcentages de l’ensemble de la Nouvelle-Espagne étant de -62 %, +2,5 %, et 65 %83. En 1810-1819, Zacatecas produit à nouveau plus du quart de l’argent mexicain (Fig. 5). Les baisses de production consécutives aux révoltes de 1810-1811 furent proportionnellement plus fortes à Sombrerete mais ne furent jamais aussi significatives que dans d’autres centres miniers de la vice-royauté. Dans tous les cas, la récupération des années 1770 et les mutations structurelles l’accompagnant permirent à Zacatecas de reprendre durablement le premier rang en Nouvelle-Espagne (26 % de la production en 1808 contre 25 % pour Guanajuato) avant même que la révolution d’Indépendance ne vînt compromettre la prospérité de Guanajuato. En 1821, Zacatecas assure désormais 38 % de la production totale contre 11 % pour Guanajuato. De 1700 à 1810, malgré la forte dépression du milieu du siècle, la production d’argent de Zacatecas fait plus que tripler, le « tournant » se situant en 180884. Or, ce mouvement ascendant semble se poursuivre pendant le premier tiers du XIXe siècle : de 1810 à 1818, la valeur de la production locale s’élève à 20 060 363 pesos ; de 1818 à 1825, diminue légèrement pour se stabiliser à 17 912 476 pesos ; de 1825 à 1832 enfin, elle atteint 30 028 540 pesos. Certes, Zacatecas – de même que tout le nord de la Nouvelle-Espagne-ne figure pas parmi les zones les plus affectées par la révolution mais il convient cependant de souligner dés maintenant l’une de ses conséquences : le départ – vers l’Espagne – des plus grands « entrepreneurs » d’origine péninsulaire comme Iriarte, Rétegui. Avant que ne revienne l’ère des compagnies – étrangères cette fois – il semble que ce soient des investisseurs à petite échelle, « péninsulaires » également, qui aient assuré un relai efficace aussi bien à Zacatecas qu’à Sombrerete. Ce sont eux, d’après B. Hamnett, qui contribuèrent à la reprise puis à l’essor de la production après la déroute des insurgés en 1814 et 1815, phénomène que l’on relève également à Catorce85.
C – Les mines et le contexte régional
52Comme le montre l’étude des courbes de production, nombreux sont les facteurs d’ordre externe susceptibles d’influer sur celles-ci : depuis la politique menée par les Bourbons dans le domaine économique et fiscal aux aléas diplomatiques résultant des conflits avec d’autres puissances européennes (problème de l’approvisionnement en mercure). Au nombre de ces facteurs il convient également d’inscrire les conditions proprement locales qui président à l’évolution de la production, par le biais de ses différentes composantes (démographie et autres branches de l’économie). Or, l’imbrication extrême de ces diverses composantes est l’une des caractéristiques présentées par les centres miniers du nord de la Nouvelle-Espagne : ceux-ci tendent en effet à transformer initialement un espace géographique « vide » en un espace « organisé »86.
53Le principal indicateur de la situation économique régionale, le diezmo, fait apparaître clairement la prépondérance des activités minières : il représente entre 21-24 % (en 1804 et 1763) et 66-70 % (1780, 1773) soit plus de la moitié des rentrées fiscales, sans compter celles que procurent les droits annexes perçus sur le mercure, la pólvora ou la saltierra. C’est à l’occasion de crises périodiques telles que les crises de subsistance que se manifeste avec le plus de clarté l’interdépendance des différents secteurs économiques, malgré l’existence d’un réseau d’haciendas agricoles particulièrement développé (jusqu’à Jerez, Aguascalientes, Guadalajara et les riches plaines du Bajío, soit à plus de vingt lieues des mines concernées)87. La perte d’une récolte de maïs (aliment de base de la majorité de la population) entraînait non seulement une crise agricole mais également une crise économique généralisée que contribuaient à amplifier les épidémies : ainsi en 1714, 1727, 1734, 1736-1738 (matlazahuatl, tifus, choléra), 1761-1766 (tifus, variole), 1768-1769, 1772-1779 (tifus), 1779-1787 (variole), 1797-1799 (Fig. 3)88. Notons que la distance par rapport aux grandes régions agricoles de tierra caliente aggravait la situation en cas de gelée ou de sécheresse prolongée, le prix du maïs pouvant tripler ou quintupler en raison des frais de transport. Tel fut le mécanisme des grandes crises du XVIIIe siècle : en 1709-1710, 1724-1725, 1730-1731, 1740-1741, 1759-1760, 1771-1772, 1780-1781, 1801-1802, et 1808-1809, mais particulièrement en 1749-1750, 1785-1786 et 1809-1810. En témoignent non seulement les fluctuations du diezmo, mais également de l’ensemble des revenus enregistrés par les trésoreries de Zacatecas et de Sombrerete, et plus particulièrement de cet indica teur privilégié des échanges et mouvements économiques locaux que constitue l’alcabala (Fig. 13 & 14). Taxe de l’ordre de 4 %, l’alcabala était perçue sur toute transaction sauf celles concernant les mines, ceci à partir de 1791. Ses variations les plus significatives, en liaison étroite avec les fluctuations de la production minière, furent les suivantes : +25 % de 1760 à 1767, +105 % de 1767 à 1787, -27 % de 1787 à 1791, +12 % de 1791 à 1801, -16 % de 1801 à 1807, +77 % de 1807 à 1815, et + 30 % de 1815 à 182189.
54D’où l’intervention des autorités locales (cabildo, Audience de Guadalajara) qui prennent des mesures afin d’assurer l’approvisionnement en maïs, décrètent la réorganisation des greniers urbains (pósitos). A Zacatecas comme à Guanajuato, les grands hacendados – ou les communautés religieuses – contribuent fréquemment à la survie des centres miniers : ainsi le marquis de Jaral de Berrio, mineur à Mazapil, Guanajuato et San Luis Potosí, fait-il venir le maïs de ses haciendas de campo90. L’année 1760 est à cet égard typique du phénomène de conjonction de plusieurs facteurs : une crise minière provoquée par le manque de mercure et la prolongation de la crise agricole de 1759-1760 : la ville de Zacatecas perdit de 25 000 à 40 000 habitants – elle en comptait alors plus de 50 000. Des cent-douze reales de minas alors recensés en Nouvelle-Galice, quarante-deux seraient à cette date complètement abandonnés, inondés, pillés par les Indiens nomades ou travaillés sporadiquement par des buscones. Quant aux quarante-quatre haciendas de beneficio qui existaient en 1732, elles ne sont plus que trente-sept, dont seulement sept en fonctionnement. La découverte de filons dans d’autres centres miniers – Bolaños – renforce la conjonction des facteurs défavorables, en incitant la main-d’œuvre à émigrer vers des cieux plus cléments. Le « creux du siècle » à Zacatecas coïnciderait-il avec l’essor d’autres centres miniers ? Brading signale en effet que c’est en 1747 que la prospérité s’installe à Bolaños, ceci jusqu’en 1761 au moins91.
55Mais ce sont les années 1785-1786, années de crise généralisée en Nouvelle-Espagne, qui affectent le plus l’économie et la population de Zacatecas, de Sombrerete et des autres centres miniers du ressort de l’intendance de Zacatecas – Nieves, Mazapil. En 1786, le prix de la fanègue de maïs varie de 16 à 24 réaux ou davantage à Zacatecas, de 24 à 28 réaux à Nieves et Sombrerete ; à Mazapil, district minier éloigné des grandes haciendas agricoles, il est de 32-40 réaux alors que son prix moyen pour l’ensemble de la période considérée, ne dépassait pas 12,2 réaux. Cette tendance à la hausse, à nouveau perceptible à la veille de l’Indépendance, constitue indiscutablement un facteur d’instabilité économique et de mécontentement social92. Plus ou moins longues étaient les périodes de récupération, mais soulignons que, comme l’indique la Gazeta de México en 1790, la demande émanant alors des centres miniers en bonanza contribuait à faire monter les prix des denrées les plus courantes. D’où l’importance du contrôle des prix et du stockage des céréales – afin d’éviter toute spéculation de la part des hacendados – exercé par les Intendants et leurs délégués (subdelegados) dans les districts de leur ressort93.
56Si les « fièvres » s’atténuent avec la fin du siècle, la recrudescence des famines provoque des réactions populaires : en 1808, à la suite des mauvaises récoltes occasionnées par les inondations, une révolte a lieu à Sombrerete et les demeures de riches personnages sont mises à sac ; tel est également le cas à Mazapil et à Nieves. La crise de subsistance prolongée des années 1808-1810 fragilise quant à elle les économies de grands centres miniers comme Zacatecas et Guanajuato, entraînant la suspension partielle ou totale du travail dans les mines, situation que n’améliore guère l’irrégularité des arrivages de mercure. Il semble que le point de non-retour ne soit cependant atteint qu’à partir d’un certain seuil : à Guanajuato, centre minier situé dans une région fertile – le Bajío – c’est lorsque la fanègue de maïs atteignait le coût prohibitif de 20 réaux que les conditions de vie des ouvriers devenaient particulièrement hasardeuses, et que les haciendas de bénéficia – qui dépendaient des mules comme force motrice – commençaient à suspendre le travail94. Or, dans l’intendance de Zacatecas, la fanègue pouvait valoir 40 réaux (Mazapil) et son prix était rarement inférieur – en période de crise à la fin de la période considérée – à 24 réaux. Conséquence en apparence anodine mais lourde d’effets dans le long terme : les propriétaires des grandes mines et haciendas de beneficio ont recours aux terres et pâturages communaux (ejidos) déjà amputés par l’octroi de mercedes et composiciones95. Fait significatif, les mineurs en viennent à prendre en main l’approvisionnement en maïs. En 1804, les principaux mineurs, Francisco Castañeda, Juan Francisco de Joaristi, Juan Martínez de etichipía et Fernando Torices s’adressent au vice-roi Iturrigaray afin d’obtenir la réfection de l alhóndiga, située dans un édifice spacieux (80 à 100 000 fanègues pouvaient y être entreposées) mais fort humide. Les mineurs insistent sur le fait qu’en 1765-1766, la municipalité s’était déjà montrée impuissante à régler ce problème : un vecino et mineur de Zacatecas, Antonio de Escalera, avait pris l’initiative d’acquérir 1 500 à 2 000 fanègues de maïs afin de « créer le grenier communal qui jusqu’alors avait fait défaut... »96. Avant la fin du XVIIIe siècle, la municipalité de Zacatecas ne faisait pas preuve en effet de la même prévoyance que certains ordres religieux. Celui de San Agustín avait, par crainte de disette, empli les caves du monastère d’une telle quantité de farines que celles-ci se gâtèrent, au risque d’« infester la ville ». De 1799 à 1807, une taxe d’un réal par fanègue est instituée par le cabildo de Zacatecas sur le maïs ainsi que sur les boissons alcoolisées (aguardiente, vinos), afin de financer la construction de l’alhóndiga : 64 000 pesos y seront investis avec la collaboration des mineurs97.
57La remarquable récupération de l’industrie minière de Zacatecas dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle permit à la région dans son ensemble de surmonter les effets sociaux et démographiques qui accompagnèrent les crises de subsistance. A l’exception de la révolte de Sombrerete en 1808, aucune manifestation populaire d’envergure n’est en effet signalée. Les mendiants constituent certes une population de plus en plus envahissante à Zacatecas même mais jamais on n’y remarqua ces mouvements de foules de mendiants et de pauvres comme à Guanajuato en 1785-1786. Les rentrées fiscales des trésoreries de Zacatecas et Sombrerete accusent certes des variations sensibles mais la tendance reste à l’accroissement de ces revenus. La relative stabilité de la région malgré la succession des crises dans les quatre décennies précédant l’Indépendance tient certes à des facteurs extérieurs, notamment à l’attention que l’administration impériale portait alors aux activités minières. Peut-être faudrait-il cependant formuler une autre hypothèse, celle de l’efficacité qu’avaient acquise les grands complexes agricoles et miniers de la fin du siècle, de l’« intégration » et de la complémentarité à laquelle étaient parvenus les grands mineurs, terme d’une évolution amorcée il est vrai dès le XVIIe siècle, lorsque les haciendas locales deviennent des « unités économiques et sociales » en un moment précisément de déclin des activités minières98. Les grands mineurs anoblis sont même capables d’assurer la subsistance des centres urbains en période de crise : en 1763, le comte del Valle de Súchil assure ainsi l’entretien de cinquante familles dans un centre de peuplement crée à son initiative. De même le marquis de Jaral, mineur-hacendado de Mazapil (Zacatecas) et Guadalcázar (San Luis Potosí), maître des immenses domaines hérités en partie des comtes de San Mateo, assure-t-il dès les années 1750 l’approvisionnement en viande et céréales de Guanajuato et San Luis Potosí (socorro general de carnes y semillas). Faut-il rappeler à l’appui de cette hypothèse que ces grands mineurs contrôlent tous, à un moment ou à un autre, l’approvisionnement en viande et le marché des bestiaux (abasto de carnes, rastro) des villes de la région, marché en principe placé sous la vigilance du cabildo ? Faut-il enfin rappeler l’existence dans les haciendas rurales de ces grands personnages – et des « entrepreneurs » de la fin du siècle – de ces constructions typiques que sont les greniers à céréales (trojes) qui de nos jours encore sont visibles dans la région de Zacatecas99 ?
58L’évolution démographique n’infirme pas ces conclusions quant à la stabilité économique et sociale de la région. Zacatecas a vu sa population croître tout au long du XVIIIe siècle : de 1742 à 1821, la population de la province/Intendance passe en effet de 60 000 à 151 749 personnes (tableau n° 3), l’étendue du territoire considéré expliquant la faible densité de l’ensemble (0,3 hab/km2). En 1820, l’Intendance de Zacatecas arrive au sixième rang en Nouvelle-Espagne pour ce qui est de la population, une population à dominante métisse si l’on considère les chiffres recueillis par Navarro Noriega. En 1810, la répartition ethnique était en effet la suivante : 15,9 % d’Espagnols et « créoles » (25,8 % à Guanajuato) ; 29 % d’indiens (Guanajuato 44 %), et 55,1 % de castas (Guanajuato 30,2 %). A Mazapil, l’un des rares districts pour lesquels nous disposions d’une information complète, la composition ethnique était peu différente : 11,20 % d’Espagnols ; 29, 97 % d’Indiens, les castas se répartissant en meztizos (10,88 %), coyotes (2,47 %), castizos (0,26 %), mulatos (40,40 %), et lobos (5,40 %) auxquels il convient d’ajouter 0,93 % pour les esclaves. En réalité, la société de Zacatecas était une société beaucoup moins différenciée du point de vue ethnique que d’autres régions de la Nouvelle-Espagne, formée de « toutes les castas et de “gens de mines” ». Aussi, la perception du tributo (capitation ; fig. 15 & 16) perçu dans les villages indiens concentré dans le sud-ouest de la région vers Fresnillo (24,7 % du total des tributarios de l’Intendance), et Juchipila (19,8 %) confirme à cet égard l’évolution générale de la province, rythmée par les périodes de prospérité minières100.
Notes de bas de page
1 Jiménez Moreno, W., « Zacatecas, madré del Norte », Estudios de historia colonial, Mexico, 1958, pp. 99-100 ; Kuri Breña, D., Zacatecas Civilizadora del Norte. Pequeña biografía de una rara ciudad, México, 1944, p. 28.
2 Une carte manuscrite détaillée de la région se trouve à la Bibliothèque Nationale, Fonds mexicains 160 et 258 ; description de Frejes dans Saunas, D., Testimonios de Zacatecas, p. 178.
3 Arlegui, Fr. José de, Crónica de la Provincia de NSPS Francisco de Zacatecas, México, 1851, pp. 121-122.
4 Mota Padilla, Matias, Historia de la conquista del reino de la Nueva Galicia, Guadalajara, 1920, passim, Parry, J. H., The Audience of New Galicia in the Sixteenth Century. A Study in Spanish Government, Cambridge, University Press, 1968, Lopez Portillo Y Weber, José, La conquista de la Nueva Galicia, Mexico, S.E.P., 1935. Pour une analyse plus récente, Bakewell, P. J., Minería y sociedad en el México colonial. Zacatecas (1546-1700), Mexico, F.C.E., 1976, chap. I.
5 Mecham, J. L. « The Real de Minas as a Political Institution », H.A.H. R, vol. 7, 1927, pp. 45-83, et le chapitre IV de ce travail.
6 Bakewell, P. J., Op. cit., p. 24.
7 Relación de Nuestra Señora de Zacatecas (1608), Mexico, 1958, pp. 24-27 ; Bakewell, P. J., Op. cit., p. 24.
8 Précisons que le terme « mineur » (minero) désigne en Nouvelle-Espagne non l’ouvrier mais le propriétaire de la mine, voire de l’hacienda de beneficio ou installation de traitement du minerai ; Chevalier, F., La formation des grands domaines au Mexique, Paris, Inst. d’Ethnologie, 1952, pp. 9 et ss.
9 Mota Y Escobar, A. de la, Descripción geográfica de los reinos de Nueva Galicia, Nueva Vizcaya y Nuevo León, Mexico, 1940, p. 39 ; López, Thomas, Atlas geográfico de la America septentrional y méridional dedicado a la Católica Sacra Real Magestad de el Rey Nuestro Señor Don Fernando VI, Paris, 1758, pp. 11-13.
10 Arregui, Domingo Lázaro de, Descripción de la Nueva Galicia, Séville, E.E.H.A., 1946, p. 125.
11 Pour le district de Sombrerete, « capitale de cette partie de la Nouvelle-Galice incluse dans cet évéché (Nouvelle-Biscaye) », voir Tamaron y Romeral, P., Demostración del vastísimo obispado de la Nueva Vizcaya (1765) ; Bakewell, P. J., Op. Cit., p. 269 et ss.
12 Brading, D. A., « Mexican Silver Mining in the Eighteenth Century : the Revival of Zacatecas », H.A.H.R., vol. L, n° 4, nov. 1970, p. 669 ; B.N. (Paris), Fonds mexicains 205.
13 Humboldt, A. de, Ensayo político sobre el Reino de Nueva España, Mexico, Ed. Porrúa, 1978, pp. 386-387, 425.
14 Navarro Garcia, Luis, Hispanoamérica en el siglo XVIII, Université de Séville, 1975, chap. X et XI.
15 Brading, David A., Mineros y comerciantes en el México borbónico (1763-1810), Mexico, F.C.E., 1975, pp. 57 et ss.
16 Brading, D. A., Op. cit., pp. 57-132. Alaman, Lucas, Historia de México…, tome I, chap. III, cité par Prieto, C., La minenía en el Nuevo Mundo, Madrid, Revista de Occidente, 1977, p. 139.
17 B.N. (Paris), Fonds espagnols, 416 : « Informe general… de Gálvez... al excelentísimo Señor Virrey D. Frey Bucareli y Ursúa » (1771).
18 Brading, D. A., Mineros y comerciantes…, p. 181-200. Un rapport de l’intendant F. Rendón est reproduit dans : Vidal, Salvador, « La provincia de Zacatecas en 1803 », Memoria de la Academia mexicana de la Historia, año XI, 2a época, n° 5, p. 33.
19 Humboldt, A. de, Ensayo político sobre el reino de Nueva España, pp. 425-427.
20 Bakewell, Op. cit.p. 311 ; Mendizabal, M. O. de, Obras, V, Mexico, 1946, « La minería y la metalurgia mexicana », p. 66. B.N. (Madrid), ms. 2929 : « Instrucciones del Excelentísimo Señor Duque de Linares (…) con descripción geográfica y polftica de su gobiemo… », Mexico, 22 mars 1723, f°25 v°.
21 Moreno, Roberto, « Las instituciones mineras novohispanas », p. 72 de La minería en México. Estudios sobre su desarrollo histórico, Mexico, U.N.A.M., 1978.
22 Ots Capdequi, J. M., El Estado Espanol en las Indias, Mexico, F.C.E., 1975, p. 38.
23 La vara équivalait plus ou moins à 84 cm ; Ward, H.G., Mexico in 1727, Londres, 1929, vol. 1, p. 333 ; Beleña, Eusebio Ventura, Recopilación sumaria de todos los autos acordados de la Real Audiencia y Sala del Crimen de esta Nueva España…, éd. facsimilée, Mexico, U.N.A.M., 1981, tome II, p. 235, art. 1-4.
24 A.G.I., México, 694 A : rapport des experts en date du 19 août 1739, f°s 43 v°-44 v°.
25 Humboldt, A. de, Op. cit., p. 351 A.
26 Gamboa, F. X., Comentarios (1761), p. 131.
27 A.G.N., Minería, 180 : « Expediente sobre libertad de medio quintos a los accionistas de la compañïa Concordia », 28 novembre 1812.
28 A.G.I., México, 2248 : Dossier de demande d’exemptions fiscales de la compagnie de Vetagrande, août 1798 ; A.G.N., General de partes, 32 (298), f° 182 v°-184 v°. : Lettre du vice-roi en date du 20 décembre 1738 ; I.N.A.H., Fonds de microfilms, bobine 7, Zacatecas, Archives municipales de Sombrerete : Historical Sketch of the Sombrerete Mines, de H.L. Heldt (1911), p. 12 ; A.H.Z., Notarías, 489 (5) : Acte de fondation de la compagnie, 17 mai 1759, f° 10 v°-12 ; I.N.A.H., Zacatecas, bobine 4, Protocolos : Déclaration des fondateurs, Zacatecas, 16 janvier 1781 ; Belena, E. V., Op. cit., tome II, pp. 254-255.
29 A.G.I., Guadalajara, 182 : « Testimonio de los autos de la compañía que hizo el Comcrcio de Zacatecas para la havilitaciôn de la mina Quebradilla, año de 1738 ». La fondation elle-même remonte au 3 novembre 1737.
30 Gamboa, F. X., Comentarios, p. 100 ; Belena, E. V. Recopilación, I, p. 72, cite une ordonnance de 1652 relative aux conditions du denuncio ; Vidal, Salvador, Miscelánea. Datos de la época colonial comprendidos en los años 1578-1810, Zacatecas, 1972, p. 35.
31 Beleña, E. V., Recopilación, I, p. 71 et II p. 249 ; Gamboa, F.X., Op. cit., pp. 341, 222-223.
32 Brading, D. A., Mineros y comerciantes…, p. 183.
33 A.G.I., Mexico, 694 A : « Testimonio de la visita de las minas de Zacatecas por (...) el oidor F.X. de Echavarri », Août 1739, fos. 19-57.
34 A.G.N., Mineria, 63 : « Relación de la négociación de minas de Sombrerete perteneciente a los Señores Marqués del Apartado Don Juan Baptista Fagoaga remitida al Director General de Minería por Don Federico Sonneschmid comisario de minería por su Magestad », 1789, fos. 423 v°-424 ; A.G.I., México, 1587 ; Brading, D. A., Op. cit., p. 183. A.G.I., México, 2248 : « Testimonio del expediente sobre gracias del quinto... a la compañía de accionistas que trabaja las minas de Vetagrande de Zacatecas », 1798, f° 17 : 142 varas est une profondeur « courante » ; Brading, D. A., Idem, p. 183 ; Humboldt, A. de, Op. cit., pp. 361-362.
35 A.G.N., Minería, 63 : Idem f° 424 ss. ; Humboldt, A. de, Ensayo, pp. 368-369 A ; B.N. (Madrid), mss. 2929, f° 25 : Instructions du vice-roi Linares, 22 mars 1723 ; A.G.N., Minería, 63, fos 423 v°-424 ; Vidal, S., Miscelánea, p. 60 ; B.N. (Mexico), Coll. Lafragua, 510 : Descriptión de la serranía de Zacatecas, 1828-1829, Mexico, 1834, pp. 2123.
36 A.H.Z., Notarías, 566 (5) : Déclaration des intéressés devant le lieutenant de corregidor, Manuel Joseph de Lava, 19 sept. 1783 ; A.G.N., Minería, 63, fos. 429-431.
37 A.G.I. México, 2214 : Lettre du marquis de l’Apartado au vice-roi, 31 août 1793 ; A.G.I., México, 2235. Cédule royale accordant ces exemptions, du 12 mars 1768 ; A.G.I., México, 2242 : décret du vice-roi, marquis de Croix, 20 mai 1767 ; cf. chap. III sur la politique d’exemptions fiscales menée par les Bourbons ; A.G.I., México, 2248 : le vice-roi Pedro Garibay à la Couronne, 16 juillet 1809 ; A.G.I., México, 2214 : Rapport du fondé de pouvoir de la Quebradilla, du 7 août 1791 ; et « représentation » du marquis de l’Apartado et de J.B. Fagoaga au vice-roi, Mexico, 31 août 1793.
38 B.N. (Madrid), mss. 2449 : « Puntual descripción y explicación de este Real de Minas de San Pedro de los Chalchihuites », par Bartolomé Saenz de Ontiveros, juez eclesiástico, 16 septembre 1777. Notons que chalchihuitl signifie en nahuatl une pierre verte ressemblant à du jade ; Bakewell, P. J., Op. cit., pp. 183-184.
39 Humboldt, A. de, Op. cit., pp. 373-374.
40 A.G.N., Minería, 82, f° 118 v° : Expérimentation réalisée à Zacatecas, le 16 mai 1801 ; B.N. (Madrid), mss. 20 26533 ; Gazeta de México, tome II, n° 36, 5/6/1787, p. 361 ; Garcés y Eguia, J., Nueva teórica…, reed. México, 1977 ; A.G.I., México, 2248 : Information sur l’utilité du tequesquite, Zacatecas, 1794 et 1808 ; A.G.I., México, 2248 : Rapport du Tribunal des Mines, 20 août 1800.
41 Nous renvoyons pour une exposition détaillée des divers procédés à Bargallo, M., La anialgamación de los minérales de plata, Mexico, 1969, pp. 437 et ss ; West, R. C., The Mining Comunity in Northern New Spain : the Parral Mining District, University of California Press, 1949, pp. 15-45 ; Prieto, C., La minería en el Nuevo Mundo, Madrid, Ed. de la Revista de Occidente, 1977, p. 160 ; Bargallo, M., « La expedición de mineros y metalurgistas sajones en Nueva España, 1788-1798 », Zacatecas. Anuario de Historia, Universidad Autónoma de Zacatecas, 1979, n° 2, pp. 297 et ss. ; Lyon, G. F., Residencia en México 1826…, Mexico, F.C.E., 1984, pp. 125-277.
42 I.N.A.H., Bobine 1, Zacatecas, Protocoles ; Rivera bernardez, J. de, Descriptión breve de la muy noble y leal ciudad de Zacatecas (1732), Zacatecas, 1889, pp. 44-50 ; A.G.I., México, 694 A : Visite de l’oidor Echavarri, 1741, Cuaderno 2°, fos. 8-9. ; Arlegui, P. José de, Op. cit., p. 131.
43 A.G.I., Indiferente, 1628 : « Relación de los méritos y sservicios del Capitán Don Juan Alonso Díaz de la Campa (…) minero de la Ciudad de Zacatecas », 24 juillet 1739.
44 Morfi, Fr. Juan Agustín, Viaje de indios y diario del Nuevo México (1779), Madrid, Aguilar, 1958, Viajes por América, p. 353 B.
45 Heldt, H. L., Historical Sketch of the Sombrerete Mines, Sombrerete, 1911, pp. 25-26 (I.N.A.H., Bobine 7, Zacatecas, A.A.S.).
46 Morfi, J. A., Idem.
47 I.N.A.H., bobine 6, Zacatecas, Archivo del Ayuntamiento de Zacatecas. Denuncio par devant le corregidor-juez de minas José de Zavaloyas, le 10 nov. 1775 ; A.G.N., Minería, 114 : Pouvoir de J. de la Borda en faveur de Apezechea, 3 juillet 1775, fos 95-96 ; I.N.A.H., bobine 4, Zacatecas, Protocolos : vente de la hacienda de Nuestra Señora de Guadalupe par José Marcelo Camacho et José Vicente Larrañaga, 3 oct. 1788 ; A.G.N., Historia, 49 (26), fos. 296-296 v°. ; B.N. (Madrid), mss. 2929 : « Instrucciones del Excelentísimo Señor Duque De Linares... », Mexico, 22 mars 1723, f° 29.
48 Humboldt, A. de, Op. cit., pp. 48, 383-384 ; Jiménez Moreno, W., Estudios de historia colonial, Mexico, I.N.A.H., 1958, p. 99 ; Mendizabal, M. O. de, Obras, N, « Compendio histórico de Zacatecas », pp. 113-119 ; Rio, Ignacio del, « Sobre la aparición y desarrollo del trabajo libre asalariado en el norte de Nueva España (siglos XVI-XVII) », El trabajo y los trabajadores en la historia de México, El Colegio de México – University of Arizona, 1971, pp. 92 et ss. ; et notre étude, « Trabajo y trabajadores en las minas zacatecanas del siglo XVIII », H.M., XL(3), n° 159, 1991, pp. 463-506.
49 A.H.Z., Ayuntamiento, 33 ; Mendizabal, M. O. de, Idem, « Minería y metalurgía mexicanas », pp. 36 et ss ; Gamboa, F. X. de, Op. cit., p. 497 ; Lopez Miramontes, A., Las minas de Nueva España en 1753, Mexico, I.N.A.H., 1975, pp. 18-19.
50 Florescano, E., Gil, I., Descripciones ecónómicas de Nueva España. Provincias del centro, sureste y sur, 1766-1827, Mexico, I.N.A.H., 1976, p. 130 ; Idem. Provincias del Norte, 1790-1814, 1976, pp. 134-149 ; Rivera Bernardez, Joseph de, Descripción... ; A.G.I. México, 2235 : représentation de Borda et Lazaga au marquis de Croix, 2 nov. 1767 ; Amador, E., Bosquejo Histórico de Zacatecas, Zacatecas, 1892,I, p. 568.
51 Florescano, E., gil, I, Descripciones… . Provincias del centro, pp. 32-40 ; Mendizabal, M. O., Idem, « Compendio histôrico de Zacatecas », p. 160 ; Velasco, Cuauhtémoc, « Los trabajadores mineros de Nueva España 1750-1810 », in La clase obrera en la historia de México, t. I, Florescano E., Gonzalez, I., et alter, Mexico, Siglo XXI, 1983, pp. 257-268 ; Hadley, P., Minería y sociedad en el centro minero de Santa Eulalia, Chihuahua (1709-1750), Mexico, F.C.E., 1975, pp. 190-192.
52 Humboldt, A. de, Op. cit., p. 49.
53 Brading, D. A., « Gobierno y élites en el México colonial, siglo XVIII », H.M., n° 92, 1974, p. 619 ; A.G.N., Minería, 58 : Note des oficiales reales de Sombrerete, du 25 avril 1774.
54 Mota Y Escobar, A. de la, Op. cit., p. 208 ; A.G.I. Guadalajara, 190 : Visite du corregidor Felipe Rodríguez de la Madrid, 24 janv. 1746 ; A.G.N., Minería, 139 (2) : « Memoria de la mina San Eligio », de Domingo Sánchez, 1734 ; Brading, D. A., Mineros y comerciantes…, p. 202 ; Alatriste, O., Desarrollo de la industria y de la comunidad minera de Hidalgo del Parral durante la segunda mitad del siglo XVIII, Mexico, U.N.A.M., 1983, p. 97 ; Mendizabal, M. O. de, « Compendio... », pp. 160-161 ; Garner, R., Zacatecas 1750- 1821. The Study of a Late Colonial City, Univ. of Michigan, p. 117 ; A.H. Z, Notarías 443 (12) et 436 (8).
55 Velasco, C., Op. cit., pp. 292-293.
56 Lyon, G. F., Op. cit., p. 129.
57 Velasco, C., Op. cit., p. 297 ; Danks, N., Revolts of 1766 and 1767 in Mining Communities in New Spain, University Microfilms, 1979, pp. 131-372.
58 A.G.I., México, 1815 : Déclaration de José Mariano Fagoaga, 15 fev. 1805.
59 A.G.I., Ibidem ; A.G.I., Contaduría, 932 : Oficiales reales de Sombrerete (1712).
60 A.G.I., Guadalajara, 157.
61 Beleña, E. V., Recopilación, II, pp. 258-261 ; pour Guanajuato, voir Brading, D. A., Mineros y comerciantes, p. 202.
62 Garcia Abasolo Gonzalez, A. F., « Resultados de una visita a Nueva Galicia en 1576 », A.E.A., XXXVI, 1979, p. 11 ; Arregui, D. L. de, Op. cit., p. 145.
63 A.G.N., Minería, 58 : Correspondance des oficiales reales de Zacatecas et Sombrerete, Sombrerete, 25 avril 1794 ; Arlegui, J. de, Crónica, p. 125 ; Relación de Nuestra Señora de Zacatecas (1608), pp. 21-22.
64 A.G.N., Vínculos, 6 ; B.N. (Paris), Fonds espagnols, 145 : Revillagigedo à Llerena, 2 juin 1791 ; A.G.I., Guadalajara, 105 : le Président de l’Audience de Guadalajara à la Couronne, 29 août 1743 ; B.P.E.J., Audiencia de Nueva Galicia, Civil, 83-6-925.
65 Mendizabal, M. O. de, « Minería y metalurgía mexicanas », p. 24 ; A.H. Z, Notarías, 398 (2), et Ayuntamiento 29 (7) ; A.G.N., Tierras, 362, 366 ; A.H.Z., Ayuntamiento, 39-102 : testament du deuxième comte de Santa Rosa (1725) ; Testament des comtes de Santiago de la Laguna, 24 mai 1726, clause n° 27 (une transcription nous en a été aimablement fournie par Julieta Franco, de Zacatecas) ; Bakewell, P. J., Op. cit., p. 174.
66 A.G. I, Guadalajara, 106, 157, 174.
67 A.G.N., Minería, 159 (1) ; A.G.N., Minería, 58 ; A.G.I., Guadalajara, 543 : l’évêque Juan Cruz Ruiz de Cabañas au roi, 17 janv. 1805.
68 Bakewell, P. J., Op. cit., p. 349. Donne les totaux quinquennaux mais ne détaille pas par années.
69 B.N. (Madrid), mss. 2929 : « Instrucciones... », 22 mars 1723, f°. 19 v° ; B.N. (Paris), Fonds mexicains 205 et 259 ; A.G.I. Guadalajara, 182.
70 A.G.I., Contaduría, 932 : Rapport des fonctionnaires royaux Antonio de Cos et Fernando Ruiz Arias, 17 déc. 1710 ; Arlegui, José de, Op. cit., p. 124 ; Tamaron y Romeral, Pedro, Idem, Mexico, 1937, p. 191.
71 B.R.P., Miscelánea de Ayala, tome X, (Mss. II-2424) : « Noticia de los minérales de oro y de plata... », por T. Ortiz de Landazuri, 1 fev. 1764, f°. 134-134 v°.
72 B.N. (Paris), Fonds espagnols, 416 : Gálvez a Bucareli, 31 nov. 1791, f° 4 ; B.N. (Madrid), mss. 3119 ; A.G.I., México, 2358 et Estado 42-15 : correspondance des oficiales reales, 1792, 1808.
73 Brading, D. A., « Mexican Silver Mining in the Eighteenth Century. The Revival of Zacatecas », H.A.H.R., nov. 1970, vol. L, n° 4, p. 668 ; Velasco, C., La minería novohispana : transción al capitalismo y relaciones de producción, Tesis profesional, México, I.N.A.H., 1982, p. 95.
74 A.G.I., Guadalajara, 190.
75 A.G.I., Mexico, 2242 : « Testimonio relative al expediente formado sobre gracias concedidas a Don José de la Borda para la mina nombrada Quebradilla... », rapport des fonctionnaires royaux de Zacatecas, du 12 nov. 1789, f° 28 ; A.G.I., México, 2214 : représentation du fondé de pouvoir d’Apezechea à propos des exemptions, 7 août 1791 ; Dahlgreen, C., Minas históricas de la República mexicana.... Mexico, Secretaria de Fomento, 1887, p. 53.
76 B.R.P., Miscelánea de Ayala, « Noticias... » du corregidor T. Ortiz de Landazuri, 1er fev. 1764, f° 132 v°.
77 A.G.I. México, 2214.
78 A.G.N., Civil, 586 ; Rétegui Bensusan, M. de, Españoles en México 1772-1822, Cadix, 1971, p. 25 ; A.G.I., México, 2235.
79 Mendizabal, M. O. de, Op. cit., « Compendio histórico de Zacatecas », p. 125 ; Mota y Escobar, A. de la, Op. cit., p. 157.
80 Mendizabal, M. O. de, Idem, pp. 123-126.
81 A.G.I., Contaduría, 849 et Guadalajara, 471, 478-479 ; A.H.Z., Notarias, 5 (asientos de Joaristi, 1750 et 1756 ; Vidal, S., « Corregidores e intendentes de Zacatecas, 1580- 1823 », Memorias de la Academia mexicana de la Historia, 23 : 2, 1964, p. 194 ; Lida, Clara, « Sobre la producción de sal en el siglo XVIII : salinas de Peñon (sic) Blanco », H.M., XIV, 4 (14), 1965, pp. 680-690 ; A.G.N., Tierras, 615.
82 Pour un aperçu de l’histoire de salines mexicaines dans la longue durée, voir : Ewald, Ursula, « Demand, Supply and Politics in the Mexican Sait Industry, 1560-1980. A case of Resource Allocation and of Ressource Exploitation », J.G.S.W.G.L., vol. 22, 1985, pp. 123-142.
83 Alaman, Lucas, Historia de México, II, p. 20 et ss.
84 Alaman, L., Ibidem, I, pp. 100-101 : l’attribue à la bonanza particulièrement exceptionnelle de la Quebradilla ; Dahlgreen, C., Op. cit., pp. 51-52.
85 Dahlgreen, C., Op ; cit., p. 55 ; Hamnett, B., Revolución y contrarrevolución en México y en el Perú (Libéralismo, realeza y separatismo), 1800-1824), Mexico, F.C.E., 1978, p. 84. Nous renvoyons pour le XIXe siècle au travail de Cross, H., The Mining Economy of Zacatecas. Mexico in the Nineteenth Century, Ann Harbor, University Microfilms, 1977, passim.
86 Palerm, A., « Sobre la formación del sistema colonial. Apuntes para una discusión », Ensayos sobre el desarrollo económico de México y America Latina, México, F.C.E., 1979, p. 105.
87 Gazeta de México, tome V, n° 3, 7 fev. 1792 ; Serrera, R. M., Guadalajara ganadera. Estudio régional novohispano 1760-1815, Séville, E.E.H.A., 1977, passim ; Bernai. Sanchez, Jésus, Apuntes históricos, geográficos y estadisticos del Estado de Aguascalientes, Aguascalientes, 1928, p. 7.
88 I.N.A.H., Bobine 1, Zacatecas, Protocolos, 1725 ; A.G.I., México, 2235 ; Florescano, E., Origen y desarrollo de los problemas agrarios de México 1500-1821, Mexico, Era, 1983, pp. 72-73, et Precios del maíz y crisis agrícola en México (1708-1810), El Colegio de México, 1969, p. 150.
89 Canga Argüelles, J., Diccionario de Hacienda con aplicacion a Espana, Madrid, B.A.E., 1968, vol. I, p. 26 ; A.G.I., Guadalajara, 477 et Contaduría, 849 ; A.H.H., 117-29 : « Noticias estadísticas de Hacienda » (Payno) ; Elhuyar, F. de, Memoria sobre el influjo de la mineria…, Madrid, 1825, p. 51 ; A.H.H. 117-29 et 117-50 ; A.G.N., General de partes, 35 (113) ; A.G.N., Civil, 491 (2).
90 A.G.I., Guadalajara, 104 ; A.G.N., Vínculos, 170.
91 A.H.Z., Ayuntamiento, 59 (8) ; A.G.N., Minería, 2 ; A.G.I., México, 2235 : Représentation de Lazaga et Borda, 2 novembre 1767 ; B.R.P., Miscelánea de Ayala, t. X, idem ; Brading, D. A., « La minería de la plata en el siglo XVIII : el caso Bolaños », H.M., XVHI(n° 3), 1969, p. 319 ; A.G.N., Reales Cédulas 71 (81).
92 Florescano, E., Precios del maíz..., pp. 115-117, 150 ; Amador, E., Bosquejo… . I, p. 501 ; Garner, R., « Price Trends in Eighteenth-Century Mexico », H.A.H.R., 65 : 2, mai 1985, pp. 279-325 ; Hamnett, B., Roots of Insurgency. Mexican Regions, 1750-1824, Cambridge University Press, 1986, p. 110 ; Garner, R., « Problèmes d’une ville minière mexicaine à la fin de l’époque coloniale : prix et salaires à Zacatecas, 1760-1821 », Cahiers des Amériques Latines, n° 6, 1972, pp. 104-107 ; A.G.I., Guadalajara, 470 : Libro mayor de la trésorerie de Sombrerete, 1786 ; B.N. (Paris), Fonds espagnols 416 : Gálvez a Bucareli, 31 déc. 1771, f° 4.
93 Hamnett, B., Op. cit., p. 111 ; Gazeta de México, tome IV, n° 4, 23 février 1790.
94 B.N. (Mexico), Cedularios, 1391, fos. 203-205 : Manuel Antonio Florez à José de Gâlvez, 2 décembre 1785 ; Gazeta de México, n° 17, 12 septembre 1786, n° 23, 5 décembre 1786, (tome II, p. 250) : 6 000 personnes étaient décédées en 1786 à Guadalupe, faubourg minier de Zacatecas et à Sombrerete, les épidémies et la famines entraînaient plus d’une quinzaine de décès par jour (n° du 22 novembre 1785) ; 14 février 1786, et n° 4, du 28 février 1786, 14 février 1786, 2 nov. 1790 ; 22 février 1785, 15 juillet 1788 et 11 août 1789, 1er mars 1791 et 25 octobre 1791 ; I.N.A.H., Bobine 16, Zacatecas, Ayuntamiento de Mazapil ; A.H.H., 517-190 ; A.G.N., Intcndencias, 30 ; A.G.N., Minería, 30 ; Brading, D. A., Mineros y comerciantes, p. 311.
95 Hamnett, B., Roots of Insurgency, pp. 117-123 ; R.A.H., Coll. Boturini, tome 31 : « Noticias de la ciudad de Zacatecas » ; I.N.A.H., Bobine 6, Zacatecas, Ayuntamiento.
96 A.G.N., Intendencias, 65.
97 B.P.E.J., Audiencia de Nueva Galicia, Civil, 1911-264 : « Autos que se formaron por Don Joseph de Urquiola, Alcalde ordinario, sobre las harinas que se hallavan enserradas en la Ciudad de Zacatecas » (1710-1716) ; A.G.N., Intendencias, 65 : « Certificación de Martín De Erviti y Antonio Torices », 31 août 1807.
98 Chevalier, F., La formation des grands domaines au Mexique, pp. 377 et ss.
99 A.G.I., Indiferente, 1506 : « Relación de mérites », 18 mai 1768 ; A.G.N., Vínculos, 170 : décret royal de concession du titre nobiliaire, 18 décembre 1774 ; A.H.Z., Ayuntamiento, 48 (4) et 57 (46) : déclaration du corregidor, 4 août 1731 ; en 1741, le neveu du comte de San Mateo, J.A. Díaz de la Campa, est accusé par l’un des postulants à l’approvisionnement en viande de Zacatecas, d’avoir « monopolisé » cette fonction avec l’accord tacite du cabildo.
100 Humboldt, A. de, Op. cit., p. 169 (donne le chiffre de 65 personnes pour 8 km2) ; Gerhard, P., Mexico in 1742, México, Porrúa, 1962, pp. 37-39 ; Lerner, V, « Consideraciones sobre la población de Nueva España », H.M., n° 67, 1968, p. 338 ; Lopez Sarrelangue, D., « La población indígena de Nueva España », H.M., n° 48, 1963, p. 520 et A.G.I., Guadalajara, 348 : « Plan de curatos de Nueva Galicia » (1778) ; A.H.H., 517-152 ; A.G.I., México, 1509 : Gálvez a Bucareli, 31 décembre 1771.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les Jacobins de l’Ouest
Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799)
Christine Peyrard
1996
Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles
Jean Vassort
1996
Aux marges du royaume
Violence, justice et société en Picardie sous François Ier
Isabelle Paresys
1998
Pays ou circonscriptions
Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l’Ancien Régime
Anne Zink
2000
La permanence de l’extraordinaire
Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne aux xviie- xviiie siècles
Rachel Renault
2017
Un désordre européen
La compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598)
Fabrice Micallef
2014
Entre croisades et révolutions
Princes, noblesses et nations au centre de l’Europe (xvie-xviiie siècles)
Claude Michaud
2010