Fonction universitaire et théorie centre-périphérie : la double problématique des villes périmétropolitaines françaises
p. 269-282
Texte intégral
1La présente réflexion porte sur les villes universitaires périmétropolitaines, et plus particulièrement sur la relation « fonction universitaire/théorie centre-périphérie », théorie que nous considérerons dans son acception aussi bien a-spatiale et quasi idéologique, que spatiale et multiscalaire. Le cas particulier des régions périmétropolitaines – nous reviendrons sur cette qualification – a été retenu en privilégiant deux échelles :
- celle, interurbaine, des rapports entre les villes universitaires périmétropolitaines et la métropole voisine (en clair : Rouen, Tours, Reims, Orléans..., eu égard à Paris) ;
- et celle, intra-urbaine cette fois-ci, de l’alternative entre campus périphérique et université de centre-ville.
2Cette alternative constitue en effet, pour les universités périmétropolitaines, un enjeu souvent plus décisif qu’ailleurs (nous le verrons en comparant Tours et Orléans), d’où l’intérêt d’associer les deux niveaux spatiaux annoncés, inter et intra-urbains, dans une même problématique – celle de la crédibilité et du devenir des universités en question.
3Au regard de cette problématique, trois hypothèses formulées a priori :
- 1re hypothèse : la référence classique et consensuelle à la théorie centre-périphérie, s’agissant des villes universitaires périmétropolitaines, relève d’un réductionnisme pour le moins discutable ;
- 2e hypothèse : cette référence, présentée comme valant implicitement démonstration dans des cercles restreints, transmise sous forme d’idée reçue dans le grand public, apparaît finalement plus dommageable aux universités concernées que les facteurs objectivement défavorables susceptibles d’être identifiés ; qui plus est, par représentations interposées et effets induits, la théorie en arrive à générer a posteriori les preuves apparemment tangibles de sa recevabilité ;
- 3e hypothèse : il existe un rapport ambigu à la centralité chez ceux qui, de manière contradictoire, se réfèrent sans nuance à la théorie centre-périphérie pour condamner le « Centre » à l’échelle plurirégionale, mais en même temps diabolisent localement la formule du campus périphérique, et fantasment sur l’illusoire reproductibilité d’un modèle « quartier latin » pourtant emblématique de la dite théorie.
4En première analyse, la question des universités périmétropolitaines relève de la problématique générale des villes et régions périmétropolitaines, laquelle apparaît d’abord d’ordre quasi existentiel. Nous avons développé cette thématique dans un récent ouvrage intitulé Régions périmétropolitaines et métropolisation1, dont l’un des objectifs a été justement de faire reconnaître ces régions, en premier lieu au plan sémantique. Et en proposant le qualificatif situationniste de « périmétropolitain », nous avons tenté de combler une lacune significative et pénalisante dans un paysage sémantique pourtant fort encombré en matière de périphéries urbaines. Se trouvent ainsi mieux identifiés, au sens fort du terme – du moins l’espérons-nous –, des espaces se situant au-delà des franges urbaines (franges franciliennes en ce qui concerne la France), c’est-à-dire extérieurs à la métapole de F. Ascher2.
5De fait, la reconnaissance des régions entourant les métropoles – au sens renouvelé et restrictif du mot « métropole » en ces temps de globalisation, ce qui exclut des villes comme Lyon – ne va pas de soi. Ces régions sont perçues le plus souvent comme des espaces flous, de transition, masqués par l’ombre portée de la très grande ville... voire « en creux » par rapport aux régions situées au-delà, jugées plus typées, avec des référents plus spécifiques que celui du simple voisinage d’une métropole majeure. C’est caricaturalement le cas pour notre Bassin parisien non francilien – pourtant aussi peuplé que l’agglomération parisienne (10 millions d’habitants) – dont les régions sont souvent minorées sur bien des plans.
6Nous l’avons montré en quantifiant leur place relative dans les manuels de géographie du secondaire comme du supérieur, et en analysant les qualificatifs parfois surprenants employés à leur endroit, renvoyant à un discours des plus convenus en matière de « dominant/dominé ». Un discours faisant rarement référence de manière directe à la théorie centre-périphérie, cette référence étant presque toujours implicite, voire inconsciente, se faisant par l’intermédiaire d’un vocabulaire propre à l’environnement pour partie idéologique du modèle, les mots étant repris à l’envi d’un auteur à l’autre, comme si le fait même de les employer avait valeur de démonstration. Cette propension de la théorie centre-périphérie à imprégner les esprits a été particulièrement efficace.
7La fonction universitaire naissante ou renaissante des villes périmétropolitaines ne pouvait sortir indemne de ce qui ressemble fort à un piège. De fait, les figures 1 et 2 rendent compte d’une analyse multicritères franchement défavorable aux régions périmétropolitaines françaises (traitement matriciel sur logiciel AMADO). Sans long commentaire : sont en cause de forts taux d’évasion des étudiants, et non des taux d’attractivité qui sont assez quelconques, voire supérieurs pour la région Centre à ceux des universités du Grand Ouest, par exemple.
8Ce bilan est pour une large part conforme à l’idée reçue. En revanche, les explications habituellement apportées ne semblent pas suffisantes à l’éclairer. Ainsi, mettre en cause « la proximité de Paris » sans autre forme d’explicitation ou de validation est un peu court et relève de ces pensées uniques, pas forcément infondées, mais que peu songent à contester ou nuancer. Qu’entend-on par là ? La faiblesse de la distance kilométrique ? 100 à 200 kilomètres devraient avoir tout de même un caractère dissuasif lorsqu’on habite à proximité immédiate des universités d’Orléans ou de Rouen, sans parler du coût du logement étudiant dans la capitale.
9A-t-on raison de mettre en cause la faiblesse des réservoirs démographiques locaux pour retrouver, par exode rural interposé, le rôle stérilisant de Paris ? Nous sommes en 2003, et il y a 40 ans que les échanges migratoires entre Paris et une région comme le Centre se sont spectaculairement inversés. Si bien qu’aujourd’hui, le bipôle Orléans-Tours, avec les villes intermédiaires, comme celui de Rouen-Le Havre regroupent chacun environ un million d’habitants ; et qu’une agglomération comme celle où se tient ce colloque en compte 300 000 – autant qu’à Rennes ou Montpellier – au sein d’un bassin d’emploi de plus de 400000 habitants.
10Autre idée bien répandue : cette inaptitude des régions périmétropolitaines, toujours du fait de la proximité de Paris, à accueillir de manière significative des fonctions de haut niveau, et au contraire, cette vocation à devoir se contenter de fonctions d’exécution. Pour hier comme pour aujourd’hui, cette idée est contestable.
11En ce qui concerne le passé, nous avons été amené dans l’ouvrage précité à reconstituer cartographiquement l’antériorité du haut niveau fonctionnel atteint par les régions voisines de certaines des actuelles grandes métropoles, antériorité bien connue de vous, historiens, mais souvent rejetée par les géographes dans un passé abstrait, minimisé, sans effort de théorisation et prise en compte du temps long, et implicitement considéré comme définitivement révolu. Les cartes des figures 3 et 4, qui ne prétendent pas à l’exhaustivité, n’ont pas été conçues à l’origine en fonction du sujet qui nous retient présentement, mais l’intègrent. Ce sont des rétrospectives, cumulées sur plus d’un millénaire, des fonctions « stratégiques » ou « métropolitaines » qui ont pu caractériser les régions qui nous occupent. Quatre types de pôles identifiés qui, dans certains cas, ont précédé ce qui allait devenir l’actuelle métropole : ex-capitales ou lieux de pouvoir ; hauts lieux religieux ; foyers d’échanges internationaux ; enfin foyers culturels et notamment universitaires. Ressortent ainsi, autour de Londres, de Paris, de Moscou, de Madrid, de Milan, de Munich, ce que nous appelons les « régions périmétropolitaines » qui, non seulement ne datent pas d’aujourd’hui, mais ont donc pu développer en leur temps des fonctions de haut niveau.
12Si l’on prend la fonction stratégique la plus emblématique – les sièges sociaux d’importance nationale ou internationale – il n’est pas inintéressant de constater la présence, pour prendre l’exemple d’Orléans, d’autant de sièges à chiffre d’affaires dépassant 200 millions d’euros qu’on en relève, à une unité près, à Bordeaux, c’est-à-dire une dizaine, ce qui place l’agglomération au dixième rang français. On pourrait faire un constat de même nature pour la recherche scientifique publique ou privée. Il est vrai qu’Orléans est la seule agglomération dans ce cas au sein du Bassin parisien non francilien, ce qui explique pourquoi son profil socioprofessionnel est le seul qui se calque sur celui de la capitale, avec l’un des plus fort taux de cadres de France. Constat confirmé par des chercheurs comme F. Damette et J. Schiebling3, moins suspects qu’un Orléano-Tourangeau de sombrer dans le syndrôme de « Montpellier la surdouée ».
13Il n’est pas question d’y sombrer, ni de perdre de vue le sujet qui nous occupe. En effet, pourquoi dans cette ville périmétropolitaine la fonction universitaire n’a-t-elle pas suivi et n’est en rapport ni avec la démographie, ni avec le profil socio-professionnel des populations, et encore moins avec ce projet des années 1960 et 1970 de favoriser là, à La Source, cet Oxford français sur lequel nous reviendrons ? En d’autres termes, l’exception de la centralisation « à la française », dont nous avons nuancé un certain nombre d’effets mécaniques, jouerait-elle plus pour la fonction universitaire que pour les autres fonctions stratégiques, en ce qui concerne les villes périmétropolitaines en général ?
14 Sans doute, pour la France, la création de nouvelles universités dans les banlieues plus ou moins lointaines de l’agglomération parisienne n’a pas arrangé les choses et a témoigné d’un certain regain de centralisation. Il ne faut cependant pas en exagérer les effets récents. S’inscrire à Saint-Quentin en-Yvelines quand on habite Orléans ou Lamotte-Beuvron ne doit pas être si courant. En revanche, bien entendu, ce qui s’est passé auparavant, depuis la monarchie absolue jusqu’aux lendemains de la dernière guerre, et notamment au moment d’une Révolution hostile aux universités, et génératrice du système des grandes écoles, a pu effectivement nuire encore plus aux régions périmétropolitaines qu’aux autres. Cela étant, une rapide référence aux exemples étrangers permet-elle de valider a contrario cette hypothèse ?
15Ce n’est pas si simple. Le contre-exemple allemand – du moins présenté comme tel – ne saurait écarter la référence à la Grande-Bretagne et à Londres, où, selon des modalités propres, cette centralisation fut bien réelle. Sans doute les spécificités de l’enseignement supérieur outre-Manche, l’absence de grandes écoles et le caractère très sélectif des deux universités périmétropolitaines que sont Oxford et Cambridge ont-ils créé des conditions fort différentes. Il n’empêche que ces deux universités sont toujours là, et qui plus est, ont généré des ensembles technopolistiques (surtout pour Cambridge) assez remarquables.
16On peut aussi prendre le risque de se tourner, brièvement, vers d’autres pays : l’Espagne qui a su faire renaître l’université périmétropolitaine d’Alcalà-de-Henares (celle de Cervantès), malgré le poids de Madrid ; ou tout simplement les États-Unis. Certes les structures universitaires américaines, le rôle de l’État fédéral ou local, des collectivités territoriales et du secteur privé, comme la distance à la métropole voisine, n’y ont pas la même signification. On peut considérer malgré tout, avec intérêt, que l’université de Stanford s’est implantée en position périmétropolitaine par rapport à San Francisco, générant une Silicon Valley qui s’étend à plus d’une centaine de kilométres du Golde Gate… et ce n’est pas le seul exemple de ce type.
17Autrement dit, les systèmes fédéralistes n’excluent pas des créations et des pérennités universitaires hors de la grande ville, et peuvent reproduire à une échelle infra-nationale le modèle d’un pays relativement centralisé comme la Grande-Bretagne. Et l’on peut le vérifier pour l’Allemagne toujours fédérale (voir Heidelberg par rapport à la connurbation Rhin-Main, ou Münster par rapport à celle de la Ruhr). Par conséquent, l’hypothèse d’une exception française en termes d’effets de la centralisation sur le développement universitaire périmétropolitain ne trouve pas à l’étranger matière à validation qui emporterait la conviction. Aussi les universités périmétropolitaines françaises souffrent-elles bien, nous semble-t-il, d’un mal autre que celui des effets directs et objectifs de la proximité de Paris et du système institutionnel. Ce mal est également dans les têtes, et si ce n’est pas là une découverte, la part des phénomènes d’images est indiscutablement beaucoup plus forte qu’on ne le croit.
18Ainsi, les universités périmétropolitaines ne sont pas reconnues pour ce qu’elles sont, vraisemblablement ni pires ni meilleures que bien d’autres. Après tout, bien des enseignants y font une bonne partie de leur carrière avant de se retrouver dans la capitale. Elles sont donc victimes, comme l’ensemble des régions auxquelles elles appartiennent, de ce réductionnisme dénoncé tout à l’heure s’agissant de la théorie centre-périphérie. Une théorie dont l’essentiel du grand public n’a évidemment jamais entendu parler, mais dont il est imprégné car on la lui a inculquée sans nuance, et dans un esprit plus nihiliste que constructif.
19En relativisant le poids des facteurs objectifs, nous pensons donc, par défaut, rendre plus crédible l’hypothèse formulée plus avant, en ce qui concerne le poids des représentations. Nous retrouvons la même hypothèse avec une problématique « campus/centre-ville » qui revêt, dans les villes universitaires périmétropolitaines, un relief particulier.
20À l’heure où le désir de centralité gagne toutes les villes universitaires, les villes périmétropolitaines l’intègrent certes, mais sur un fond de détestation du campus périphérique et dans une irrationnalité encore plus affirmés qu’ailleurs. Cette spécificité renvoie à deux périodes : les années 1960, et celles qui constituent la charnière des XXe et XXIe siècles.
21Aucune de ces villes périmétropolitaines ne disposait d’université à la veille des années 1960, sauf Caen, encore que la destruction du centre-ville la mettait aussi face à un choix de nature assez comparable puisque tout était à faire. Là comme ailleurs, à Rouen, à Amiens, au Mans ou à Orléans, la formule du campus fut adoptée, question de mode, de disponibilté d’espace, et peut-être de manque d’imagination. Une exception, celle de Tours – qui fit le choix du centre-ville et des quartiers péricentraux – dont nous confronterons l’expérience à celle d’Orléans, apparemment emblématique de la formule campus.
22Il convient de revisiter ce qui s’est passé dans les années 1960 à Tours et à Orléans, car ce qu’on en a retenu de manière déformée, notamment dans le grand public mais pas uniquement, nourrit encore l’image diabolisée du campus de la ville nouvelle d’Orléans-La Source et celle idéalisée de la centralité universitaire tourangelle. Pourtant, l’expérience orléanaise était séduisante à deux titres, semblant réaliser la synthèse, à deux échelles différentes, du modèle de l’université périmétropolitaine anglaise, et de celui du campus américain, du moins ce qu’on en imaginait. Ainsi, à l’échelle du Bassin parisien se proposait-on d’y reconstituer, comme chacun le sait, un « Oxford » français – ce fut le terme à l’envi reproduit par les médias – censé récupérer une partie des étudiants parisiens, aérotrain à l’appui, avec pour garantie des similitudes dans les conditions spatiales et institutionnelles qui avaient présidé à la fondation des deux universités médiévales anglaises.
23A l’échelle locale, la référence aux new-towns du bassin de Londres s’enrichissait aussi du modèle universitaire américain, lequel avait séduit un certain nombre d’élus lors de voyages d’études organisés dans le cadre du plan Marshall, dont le maire d’Orléans, ville qui abrita le QG des forces armées américaines, ce qui ne fut pas totalement neutre dans la destinée urbanistique générale de l’agglomération. Ajoutons à cela l’influence de Le Corbusier et du principe du zoning appliqué à l’ensemble de La Source, y compris à la fonction universitaire et à la fonction technopolistique (La Source fut un technopôle avant la lettre) et nous avons à la fois les clés de compréhension et de La Source-ville nouvelle – puisque c’est une ville nouvelle – et du campus du même nom.
24Face à ce volontarisme de Roger Secrétain, maire d’Orléans, soutenu par le recteur Antoine et le ministre Sudreau, le faible engagement du maire de Tours au regard du fait universitaire avait de quoi surprendre les plus lucides. La problématique universitaire est en effet absente de l’ouvrage de Jean Royer4 modestement intitulé La Cité retrouvée. L’implantation et la dispersion dans les quartiers centraux et péricentraux de Tours se sont faites en effet par défaut, et d’abord parce que le maire de cette ville était farouchement hostile à toute idée de collaboration intercommunale et de ce fait, d’implantation périphérique. L’université fut ainsi accueillie à Tours, selon Michel Lussault5, « moins comme une activité d’exception, singulière, dont il fallait réfléchir à la spécificité, que comme une banale fonction supplémentaire, dont les caractères étaient seconds au regard de sa simple existence, suffisante à asseoir la puissance tourangelle [...] l’université s’est ainsi vue dotée d’une place relativement modeste au sein du système royeriste [...] occupant les cases vides [...] aucun quartier n’ayant été conçu autour de lui [...] sans prévoir de possibilités d’expansion [...] bref, il n’y a pas eu de projet universitaire ».
25Qu’ont retenu, de ces deux séquences, les populations orléanaise, tourangelle et d’ailleurs ? Un volontarisme anticipateur, quasi génial, du maire de Tours, et une initiative quasi irresponsable de celui d’Orléans. Sévère... mais après tout, on peut considérer que seul le résultat compte, et qu’en voulant bien faire Roger Secrétain s’est lourdement trompé, tandis que Jean Royer réussissait, en tous cas apparemment, sans le faire exprès. Morale de l’histoire et triomphe des représentations, ce qui nous ramène, pour conclure, à cette hypothèse présentée initialement comme quoi ces représentations, par définition non conformes aux réalités, avaient pesé et pesaient toujours d’un poids non négligeable, pénalisant et en partie injustifié, dans le devenir des universités périmétropolitaines.
26En effet, la démarche manichéenne consistant à opposer campus et centre-ville au détriment du premier se justifie-t-elle ? Certes, les campus à la française sont très peu animés, déserts le soir et aux week-ends, coupés des quartiers environnants, et encore plus du centre-ville. À cet égard, pour revenir sur l’exemple d’Orléans, on y a fait l’effort d’ouvrir le campus à la population en en faisant un jardin public, de recréer le centre-ville de la ville nouvelle à ses portes et même en partie sur son territoire, de renforcer les liens avec le technopôle et le campus Recherche ; enfin on a fait en sorte que la première ligne de tramway, avec trois stations au sein du campus, lui soit prioritairement destinée. Las... chacun, ou presque, est persuadé dans cette ville que c’est encore pire qu’ailleurs – masochisme périmétropolitain sans doute – alors que partout ailleurs justement, ou presque, on entend le même refrain.
27Quant à l’option centre-ville, elle n’apparaît pas aussi idyllique qu’on le prétend, même si nous pensons qu’il faut associer sans dogmatisme les deux formules en tenant compte des spécificités locales. Les études faites sur Rennes, Montpellier6… révèlent des situations fort éloignées de l’idée reçue, avec une désertification des centres-ville dès le vendredi et une désaffection inquiétante des équipements culturels. Par conséquent, la généralisation d’une instrumentalisation de l’université au profit de la réanimation des centres-ville risque de se traduire par des déceptions, tout simplement parce que les difficultés rencontrées relèvent beaucoup plus d’un fait de société, d’une évolution des comportements, qui affectent aussi bien les centres-ville que les universités. Aussi, implanter des structures universitaires en centre-ville, ce qui est louable, gagne à être pesé très sérieusement au préalable, ne serait-ce que parce que cela coûte très cher, et doit s’accompagner d’un certain nombre d’autres mesures sans lesquelles le succès ne saurait être assuré.
28Telle est donc cette double problématique universitaire des villes périmétropolitaines françaises, problématique qui permet, nous semble-t-il, de mettre en exergue à deux échelles (eu égard à la métropole d’une part, au centre-ville d’autre part) le rôle pénalisant d’une théorie centre-périphérie utilisée d’une manière trop réductionniste, et insidieusement distillée dans les représentations des populations comme de certains décideurs. Cela n’est en aucun cas, bien entendu, une manière de repousser d’un revers de main les obstacles réels qui peuvent nuire au développement des universités périmétropolitaines.
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Notes de bas de page
1 J. Mirloup, Régions périmétropolitaines et métropolisation, Orléans, 2002.
2 F. Ascher, Métapolis ou l’avenir des villes, Paris, 1995.
3 F. Damette, J. Scheibling, Le Bassin parisien, système productif et organisation urbaine, Paris, 1992.
4 J. Royer, La cité retrouvée, Paris, 1977.
5 M. Lussault, S. Thibault, La ville et l’université : genèse et structuration d’un champ socio-spatial et politique. L’exemple de Tours, Tours, 1993.
6 F. Dubet, D. Filâtre, Universités et villes, Paris, 1999.
Auteur
Université d’Orléans
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