Les maîtres orléanais et leur place dans la société (milieu xiiie-début xvie siècle)
p. 19-37
Texte intégral
1La communication que nous présentons ici s’appuie sur la prosopographie des maîtres du studium Orléanais au Moyen Âge que nous avons actuellement en chantier1. Nous avons fait le choix du temps long, du deuxième tiers ou milieu du xiiie siècle, moment où, après la bulle du pape Grégoire IX du 17 janvier 1235 tolérant l’enseignement du droit civil à Orléans – date de naissance symbolique du studium juridique –, commencent à paraître en lumière les premiers maîtres de ce dernier, jusqu’à la fin du Moyen Âge ou le tout début du xvie siècle. Ce choix, inspiré, pour une bonne part, par des raisons documentaires et par la taille du corpus, nous a conduit à limiter nos investigations aux plus hauts gradués du studium (professeurs, doctores ou autres maîtres regentes), à l’exclusion des simples bacheliers ou licenciés legentes, principe auquel nous avons toutefois été amené à faire quelques dérogations, essentiellement bien sûr pour les périodes les plus hautes, pour lesquelles, dans l’ignorance de leur grade, les maîtres nous sont connus surtout par leurs propres productions ou les références de collègues ou de disciples à celles-ci.
2Nous voudrions, dans cette communication, nous attacher à la relation entre ce corps magistral ainsi défini et la société ambiante. Nous avons délibérément choisi d’envisager l’approche sociale dans un sens extensif, nous intéressant ainsi à l’intégration de nos maîtres à la fois dans la société académique contextuelle, la société civile et politique et la société ecclésiastique, l’approche étant menée tant au niveau national (le royaume) ou international qu’au niveau régional et local (la province et la cité d’accueil).
3En raison de l’ampleur de la perspective et eu égard au cadre restreint de cette communication, nous nous sommes limité ici, après un rappel succinct des problèmes méthodologiques posés par les choix ici faits, à tenter, en nous appuyant plus spécialement sur quelques cas types signifiants et replacés dans leur contexte, de mettre en évidence les grandes phases de l’évolution, pendant ces deux siècles et demi, de cette place des maîtres du studium Orléanais dans l’univers social de leur temps.
4Le problème méthodologique de base pour une telle approche est celui qui se pose inévitablement dès lors que l’on se propose d’étudier un corps magistral spécifiquement localisé, en l’occurrence ici celui d’Orléans, dans un espace chronologique long, en un mot, le problème du « rattachement » à ce corps magistral de tel ou tel individu concerné. Le cas est expressément et facilement résolu certes quand un texte de législation universitaire ou un rotulus pontifical qualifie le de cujus de doctor in... actu regens Aurelianis. Mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. En particulier, pour le xiiie siècle, c’est essentiellement, nous l’avons dit, à partir des propres productions des-dits maîtres que nous devons résoudre la question de leur rattachement au studium Orléanais. En arrière-plan, se pose bien sûr le problème des sources à notre disposition pour la connaissance de ce corps magistral. Il n’est pas de notre propos d’en traiter ici. Rappelons simplement quelques réalités essentielles dans le cas qui nous occupe. Avant 1306, date des premières bulles du pape Clément V récognitives officiellement de l’université d’Orléans2, nous ne disposons d’aucun texte de législation scolaire pour le studium (même si deux ou trois documents font mention par récurrence de maîtres antérieurs à cette date). En ce qui concerne les sources pontificales, ce n’est qu’à partir des pontificats du deuxième tiers, voire du milieu du xive siècle, qu’elles sont d’un apport vraiment efficace à notre sujet (en particulier, à partir du moment où les lettres des papes se doublent des suppliques à eux adressées). À partir des années 1380, l’éventail des sources disponibles s’élargit : aux deux types heuristiques précédemment évoqués, s’ajoutent, en particulier sur le plan local Orléanais, les documents municipaux (comptes de forteresse et de commune3) et les actes notariés4, essentiels depuis 1385. Les documents d’administration ecclésiastique locale (minutes des notaires d’Église à partir de 1418, registre des dignités et prébendes, incluant plus ou moins les conclusions des délibérations capitulaires pour la période 1445- 14775) apportent aussi leur contribution pour le xve siècle, mais il faut aussi tenir compte d’une certaine « défaillance » des sources pontificales, dont la trop vaste ampleur pour cette époque rend très difficilement opératoire une utilisation suivie à l’échelon local.
5A partir de ces différents types de sources, nous avons proposé et utilisé ici, pour le traitement de ce problème du rattachement au corps magistral Orléanais, une grille codée fondée sur la typologie heuristique et l’évaluation des différents éléments probatoires à ce niveau. C’est cette grille, que nous avons mise au point pour l’exploitation de notre corpus prosopographique et que nous avons reprise dans cette communication, que nous donnons ici, conscient que nous sommes cependant de ne présenter ici qu’un outil de travail provisoire, toujours réformable si le besoin s’en faisait sentir quant à sa pertinence.
État et codage des différentes attestations probatives du rattachement au corps magistral Orléanais
Individualités pour lesquelles le rattachement au studium Orléanais est fondé sur le témoignage de leur propre production juridique ou des références à eux faites par d’autres personnes dans leur œuvre juridique propre.
Témoignage apporté par des productions juridiques de la pratique (consultations juridiques, arbitrages).
Témoignage émanant de la législation scolaire relative à l’université d’Orléans.
Témoignage en relation avec la politique bénéficiale des papes (ou de la haute hiérarchie de l’Église).
Témoignage en relation avec l’administration ou la législation ecclésiastiques locales (évêque, chapitre cathédral, institutions ecclésiastiques locales).
Témoignage en relation avec les administrations politiques et judiciaires centrales (Parlement, Chancellerie, institutions financières, etc.).
Témoignage en relation avec les administrations civiles ou judiciaires locales (comptes de Commune, registres de bailliage ou de prévôté, etc.).
Indications fournies par les minutes notariales orléanaises.
Indications occasionnelles à l’intérieur de documents de nature littéraire ou épistolaire, narratifs, biographiques ou autobiographiques, hagiographiques, didactiques, etc., d’époque médiévale ou antérieurs à 1600.
« Rattachement » induit par le témoignage d’un faisceau de sources convergentes, aucune d’elles prise isolément ne suffisant à apporter la preuve dudit « rattachement ».
6Pour l’approche de cette ample période que nous nous efforçons de survoler ici, nous avons pris le parti de choisir, parmi les quelque 250 à 300 maîtres Orléanais avérés ou présentés tels selon les critères définis précédemment, un petit nombre de cas types – onze au total – considérés comme représentatifs de ce qu’on peut appeler les différentes « générations »6 de ces dits maîtres et qui nous permettront d’illustrer les principaux temps forts de cette évolution du corps magistral Orléanais dans cet intervalle chronologique. Leurs caractéristiques, du point de vue de l’intégration dans les différentes réalités sociétales de leur temps, nous les avons regroupées dans un tableau d’ensemble (annexe), qui servira de support à notre analyse.
7La première « génération » des maîtres du studium Orléanais est constituée par ceux qu’évoquait l’ancien professeur de ce dernier devenu ensuite cardinal-évêque de Palestrina, Pierre de la Chapelle-Taillefer, dans sa lettre du 26 avril 13087 : Et per advenus et peregrinos fuit fundatum primum studium Aurelianense, et de citer Guido de Guinis (Guido de Cumis) lumbardum, Petrus de Ausona (Pierre d’Auxonne), burgondum, doctoratum Bononie et Symo Parisiensis, doctoratum Bononie, tous maîtres à Orléans dans le deuxième tiers du xiiie siècle. Nous ferons un sort particulier au dernier d’entre eux, l’un de ces pionniers du studium ligérien dont l’histoire a ainsi retenu le nom8. Nous ignorons son origine, sauf à faire fonds sur son surnom de « parisien », mais ses études à Bologne, où il fut apparemment l’élève de Jacobus Balduini, semblent avérées. Son enseignement à Orléans, où il aurait compté parmi ses élèves le célèbre futur maître Jacques de Révigny, paraît avoir été d’assez courte durée, sans doute pas postérieure à 1260, mais c’est de ce séjour que datent, semble-t-il, les productions juridiques que l’on a conservées de lui (Exceptiones contra procuratoria, cours sur la loi Consuetudinis, diverses repetitiones et quaestiones). Si son intégration dans la société civile orléanaise reste difficile à apprécier, faute de documents, son rôle au service du roi de France (clericus regis à partir de 1268 au moins) puis auprès du frère de saint Louis, Charles d’Anjou, roi de Sicile, dont il devint le chancelier en février 1272, est patent. Ses éminents états de service auprès de la famille capétienne ne lui ont cependant pas ouvert la porte des dignités supérieures dans la société ecclésiastique : il n’a pas dépassé le décanat, en l’occurrence celui de Saint-Quentin.
8Un large tiers de siècle, sinon plus, sépare ces premiers juristes Orléanais contemporains de saint Louis des maîtres du temps de Philippe le Bel. Parmi ces derniers, nous prendrons pour exemple Pierre de Belleperche. Ce n’est certes pas là une personnalité de second plan, ni un inconnu pour les historiens et historiens du droit, même si, malgré la vaste production juridique dont on le crédite – des lecturae sur l’Infortiat, les Institutes et le Code, un recueil de Distinctiones, des reportationes, etc., au total quelque 72 items dans le répertoire de Gero Dolezalek9 –, il n’a pas apparemment autant attiré l’attention, en particulier des spécialistes néerlandais, que son illustre prédécesseur Jacques de Révigny10. Comme pour la plupart des maîtres dont l’enseignement à Orléans est antérieur à 1306, même dans le cas d’une personnalité de l’envergure d’un Pierre de Belleperche, le problème du rattachement au corps magistral Orléanais de haut niveau peut se poser. Ici cependant plusieurs sources en apportent la preuve : outre les productions du maître lui-même et de ses disciples, tels un Lambert de Salins et une mention tardive dans un statut de la nation germanique de l’université (1382)11, on peut faire fonds sur une consultation juridique rapportée dans le Codex Dunensis, formulaire à l’usage de l’abbaye de Dunes, qui lui donne le titre de legum doctor12, et la mention datée (de 1292) d’un miracle survenu à l’un de ses élèves, Ricardus de Insula, rapporté dans le procès de canonisation de l’évêque d’Herford, Thomas de Cantilupe13. Tout concourt à attester l’intégration de notre maître dans cette société « universitaire » orléanaise dans un espace chronologique que les spécialistes néerlandais situent entre 1280 et 1296. Mais il est, comme beaucoup de ses collègues contemporains, tout aussi intégré dans la société politique de son époque : clericus regis sans doute dès 1290, conseiller au Parlement, remplissant un temps la fonction de chancelier et garde du sceau royal, il est un serviteur actif de Philippe le Bel, pour qui il exécute diverses missions, notamment diplomatiques14. En récompense, il reçoit de nombreux bénéfices ecclésiastiques, les canonicats d’Auxerre, Bourges, Chartres, le décanat de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la trésorerie de Saint-Frambault de Senlis, enfin en 1306 l’épiscopat d’Auxerre, qu’il conserve jusqu’à sa mort le 17 janvier 1308. Brillant civiliste, que son épitaphe va jusqu’à mettre sur le même plan que l’empereur Justinien15, contemporain par son cursus académique, comme par sa carrière politique et ecclésiastique, de Philippe le Bel, il peut apparaître comme un prototype de cette (ou ces) génération(s) de maîtres Orléanais qui ont, sous le long règne de ce roi, déroulé le temps de leurs études et/ou de leur enseignement à Orléans, participé quelquefois au plus haut niveau à la gestion des affaires du royaume – ce sont ces fameux légistes, bien connus par de multiples travaux – et souvent terminé leur carrière par l’accession aux plus hautes dignités de l’Église. Rappelons que c’est le cas d’une bonne quinzaine d’anciens maîtres attestés ou à tout le moins supposés du studium Orléanais qui ont détenu ou obtenu à l’époque de Philippe le Bel la charge épiscopale (ou archiépiscopale)16, autant de témoins de l’excellence et de la renommée de ce foyer universitaire qui semble avoir vécu en ces années à la charnière des XIIIe et xive siècles, un des temps les plus forts de son existence. Il n’est pas indifférent de constater en outre que c’est précisément pendant cette période et à l’initiative d’un pape qui avait été lui-même un ancien maître dudit studium, en l’occurrence Bertrand de Got, devenu Clément V, que furent fulminées les bulles constitutives de cette université en 1306.
9La période qui fait suite à l’exil nivernais des maîtres et des écoliers Orléanais, dans les années 1316 et suivantes, et à la reconnaissance par l’ensemble des autorités et des partenaires sociaux d’une université (au sens officiel du terme) qui avait été un temps remise en cause par les réticences de Philippe le Bel, est une grande période de l’institutionnalisation universitaire orléanaise : quatorze statuts et règlements sont édictés entre 1320- 1321 et 1341. En ce qui concerne le corps magistral de la jeune alma mater ligérienne, on assiste pendant les années qui correspondent globalement à la première décennie du règne de Philippe VI, grosso modo les années 1330, à une multiplication du nombre des maîtres qui sont attestés comme ayant enseigné, en tant que « docteurs régents » ou professeurs à Orléans : en fait, c’est plus d’une trentaine d’entre eux que nous font connaître, pour les années 1336 à 1341, les statuts de la période correspondante et si l’on ajoute ceux dont les noms ont été conservés par les lettres du pape Benoît XII, en particulier celles de la première année de son pontificat et les rotuli du début de celui de Clément VI17, c’est plus d’une cinquantaine de personnalités de rang magistral de haut niveau qui nous sont connues pour l’espace chronologique 1330 à 1343. Ce gonflement apparent du corps magistral se double corrélativement d’une réduction marquée du temps d’exercice attesté pour nos maîtres, la plupart d’entre eux n’apparaissant dans les sources qu’à l’intérieur d’un intervalle inférieur à cinq, voire trois années, quand il ne s’agit pas même d’une attestation unique. L’impression s’affirme ici d’une sorte de turn-over accéléré des membres de notre corps magistral Orléanais.
10Un certain nombre de ces représentants de la « génération » de Philippe vi, dirons-nous, semblent avoir fait suivre leur bref séjour Orléanais à ce titre par une carrière plus ou moins durable au service du roi de France. Comme exemple de ces derniers, nous voudrions faire état et retracer succinctement le cursus honorum de deux de ces personnalités magistrales, le docteur ès lois Gilles de Maudétour et le décrétiste Guillaume du Lys. Attesté dans une lettre de Benoît XII de 1335 et un texte législatif universitaire de 1336 comme maître enseignant à Orléans, le premier, Gilles de Maudétour – de Malodiversorio en latin – ne figure plus à ce titre dans les documents postérieurs. Mais à partir de 1346 on le trouve cité comme maître des requêtes18 et à partir de 1350 et jusqu’à 1364 comme conseiller au parlement de Paris, tandis que diverses missions nous le montrent au service des rois Philippe VI, Jean le Bon et Charles V. Chanoine de Beauvais et de Rouen, il meurt le 7 juin 1368 dans cette capitale de la Normandie, sa province d’origine. Guillaume du Lys (de Lilio), personnalité moins connue, mais que nous avons retenue comme cas type de décrétiste, apparaît à ce titre, outre comme exécuteur testamentaire d’un autre maître Orléanais, Bertaud de Verrines, en 134119, et aussi dans une supplique adressée au pape Clément VI en 1345, où il est dit avoir régi à Orléans per quinquennium, legendo ibidem jura canonica ordinaric20. À cette date, il est chanoine régulier de l’abbaye Saint-Jean de Sens, OSA. Élu abbé du Jard en 1349, il semble, d’après Raymond Cazelles21, avoir tenu, en liaison avec son ordinaire, l’archevêque de Sens, Guillaume de Melun, dont il fut l’official, un rôle politique non négligeable au conseil du roi Jean le Bon, dont il fut peut-être général trésorier, et dans les débuts du règne de Charles V, jusqu’à sa mort en 1370. L’un et l’autre de nos personnages de référence se signalent donc, comme la plupart de ceux de leur génération, par une intégration dans la société académique orléanaise de courte durée et d’ampleur limitée. On notera d’ailleurs que, sur la cinquantaine de maîtres précédemment évoqués, seuls quelques-uns – et c’est là une grosse différence avec leurs homologues de la génération précédente – nous sont connus comme ayant laissé des productions juridiques. La place de ces maîtres dans l’entourage royal est attestée pour un certain nombre d’entre eux, mais l’accès à la haute société ecclésiastique est en revanche exceptionnel. Enfin, comme pour les maîtres des générations précédentes, leur place dans la société civile locale se laisse difficilement entrevoir, pour des raisons documentaires, mais, sauf rares exceptions, ne paraît pas avoir été très prononcée, eu égard au peu de temps vraisemblablement passé à Orléans.
11Par rapport à celles de ces derniers, les caractéristiques de ceux de la génération suivante, celle des rois Jean et Charles V, et dont une personnalité comme celle de Pierre de Dinteville22, que nous avons retenue, nous semble être un bon représentant, nous paraissent avoir sensiblement évolué. Le nombre des maîtres d’abord, dont les plus anciens sont attestés comme docteurs dans les premières années du pontificat de Clément VI (sept ou huit « nouveaux » apparemment dans le rotulus de 1349 de ce dernier23), et dont les attestations doctorales s’étagent ensuite dans les décennies suivantes, ne semble guère dépasser la moitié de l’effectif relevé pour la « génération » précédente. Les productions juridiques connues qui concernent au moins une bonne dizaine de maîtres, dont les plus illustres paraissent avoir été de ce point de vue Bertrand Chabrol et Jean Nicot, étudiés par M. Duynstee24, ou encore Guillaume Martellet25, témoignent d’une active intégration dans la société académique orléanaise. La présence au Parlement et/ou le service du roi de France sont attestés pour plusieurs, dont Pierre de Dinteville qui fut aussi et surtout au service du duc de Bourgogne, en particulier comme chancelier. La récompense fut pour lui l’épiscopat de Nevers en 1375 ; l’accès à la dignité épiscopale a couronné la carrière d’au moins une bonne dizaine de nos anciens maîtres Orléanais sous le règne de Charles V, et certains sièges épiscopaux de la moitié nord du royaume semblent avoir un temps été plus ou moins monopolisés par eux, ainsi ceux d’Orléans avec Hugues du Fay en 1363 et Jean Nicot en 1371, de Chartres (Jean d’Augerant en 1360 et Garin des Arceys en 1371), d’Amiens (Jean Rolland en 1376, Jean de Boisy en 1388) ou encore Arras (Hugues du Fay en 1371 et Pierre Mazuyer en 1374). Au total, nous croyons pouvoir considérer qu’avec cette population de maîtres, leurs productions et leur cursus honorum, cette période, essentielle aussi pour l’« incartulation » universitaire26, constitue un autre temps fort de l’histoire de l’université d’Orléans et il n’est pas indifférent de noter que c’est dans cette période et précisément dans un texte de 1367 de l’ancien maître Orléanais devenu évêque, Hugues du Fay, que figure la première mention effectivement datée de cette légende, sans doute née dans le « quartier latin » Orléanais, qui rattachait la fondation de l’université d’Orléans à un empereur Aurelius et au pape Vigile27.
12Ainsi que nous l’avons montré dans notre contribution aux Mélanges en l’honneur de Bernard Guenée28, la période qui fait suite et qui coïncide globalement avec celle du long règne de Charles VI et le temps des péripéties du Grand Schisme d’Occident tranche à bien des égards avec celles que nous venons d’évoquer. La contribution précitée nous dispense de nous y étendre longuement. Nous nous bornerons à rappeler succinctement les principales constatations faites dans cette dernière. En même temps que le renouvellement presque complet du corps magistral autour des années 1378-1380, la réduction en nombre de son effectif – guère plus d’une douzaine de docteurs régents nouveaux dans la longue période de plus de quarante années qui sépare le rotulus de Clément VII de 1378 et la liste des officiarii des docteurs de l’université d’Orléans de 141929 –, a pour corollaire l’allongement exceptionnel de la durée des carrières magistrales : quatre de nos maîtres ainsi, qui accèdent au niveau doctoral dans les années 1378- 1383, sont encore en activité autour des années 1420. En fait, pour la majorité des professeurs de cette génération, l’exercice magistral coïncide avec la durée de leur vie active. Leur forte intégration dans la société académique est renforcée par la place qu’ils tiennent dans le studium par leurs productions juridiques : cinq d’entre eux au moins sont concernés à ce niveau. La médiocrité du service royal chez ceux-ci est partiellement compensée par celui du duc d’Orléans, dans un contexte où, depuis 1392, l’Orléanais est à nouveau terre d’apanage (en faveur de Louis, puis de Charles). L’insertion dans la société ecclésiastique locale est forte : neuf ou dix de nos maîtres sont chanoines de l’église cathédrale Sainte-Croix et plus ou moins détenteurs de dignités dans le diocèse, mais aucun d’entre eux, à la différence de ceux de la génération précédente, n’accède aux rangs élevés de la hiérarchie épiscopale – aucun évêque parmi eux. Leur place au service de la ville, il est vrai mieux connue grâce à la conservation, à partir de 1385, des comptes de commune et de forteresse, est davantage assurée et concerne au moins la moitié de notre effectif. En bref, une génération qui semble en voie de repliement sur l’échelon local.
13Les deux personnalités que nous avons retenues ici, les deux Du Refuge, Raoul et Jean, l’oncle et le neveu, tous deux membres d’une noble famille d’origine bretonne installée en Blésois et Orléanais et qui au xive siècle avait déjà donné un autre maître, Hélie, à l’université d’Orléans, sont représentatifs, chacun à leur manière, des membres de cette génération. Le premier, Raoul, est un clerc dont le temps de régence s’étend des années 1378-1379 à sa mort autour de l’année 1420 : s’il n’a apparemment aucune production juridique à son actif, il a participé à tous les actes de la vie universitaire orléanaise aussi bien en tant que recteur – il intervient plusieurs fois en cette qualité – qu’en raison de la fonction de scolastique de l’Église d’Orléans qu’il semble avoir détenue pendant une large partie de sa vie. Bien pourvu en bénéfices ecclésiastiques et bien intégré de ce point de vue dans la société locale – comme bien d’autres de ses collègues, il cumule entre autres les canonicats de Sainte-Croix et de Saint-Aignan d’Orléans –, il l’est aussi au niveau de la société civile. Serviteur des ducs apanagistes – il est attesté à ce titre en 1406, 1409, 1419 –, il travaille aussi pour le compte du pouvoir municipal : il émarge régulièrement au budget de la ville, en tant que conseiller, des années 1391-1393 à 1417, toutes activités locales non exclusives de sa participation à diverses assemblées parisiennes réunies à l’occasion du Grand Schisme, dans les années 1407-1408. Jean du Refuge30 présente, lui, l’originalité d’être un maître laïc et marié (à une riche héritière d’une famille bourgeoise du Blésois, Jeanne de Faverois) : c’est en fait, pour l’université d’Orléans, le premier maître marié que nous trouvons attesté (à plusieurs reprises dans les actes notariés) comme docteur régent. Une fois porteur aussi du titre de « chevalier en loys » (à la date de 1433), il apparaît plus paradoxalement qualifié, ponctuellement, de « maistre-escolle », c’est-à-dire l’équivalent français du latin scolasticus. On le retrouve aussi au service du duc d’Orléans, dont il fut conseiller et maître des requêtes, sans doute dès 1410. Tardivement (en 1446), on le voit porter le titre de conseiller du roi. L’intégration dans la société politique de ce laïc noble et marié ne fait aucun doute et, après son décès (sans doute en 1449), la participation des membres de cette famille au service tant des ducs d’Orléans que du roi de France perdure longtemps.
14Assez proche du profil de ces maîtres régents du règne de Charles VI apparaît celui de leurs homologues du temps de la « reconstruction », après les temps difficiles du siège de 1429. La liste du rotulus des expectatives de 1462 publiée par Nicole Gotteri31 – seul état nominatif de ce type édité dans l’immense mare magnum que constituent les lettres et suppliques des papes du xve siècle (après 1403) – nous fait connaître commodément les noms des maîtres de cette époque : treize au total, dont huit font l’objet de courtes notices biographiques dans la rétrospective donnée par C.M. Ridderikhoff dans sa thèse sur Jean Pyrrhus d’Anglebermes32. Comme représentant de ce groupe, nous avons choisi de retenir le nom de Pierre Fradet, laissé de côté par l’historienne néerlandaise, bien qu’il apparaisse comme un des plus intéressants maîtres de cette génération, en particulier par sa participation à l’œuvre de reconstruction universitaire. En effet, ce personnage, qui est par ailleurs le seul sur lequel le fichier Lesellier, utile palliatif à notre méconnaissance des sources pontificales du xve siècle, ait pu nous apporter quelques lumières supplémentaires, nous apparaît avoir eu un rôle non négligeable dans la remise en route d’une « machine » universitaire orléanaise quelque peu ébranlée par la coupure des années 1420-1430. Docteur régent attesté dès 1444, il réglait en tant que recteur, par un statut en date du 20 avril 144633, le cas des grammairiens (en fait à Orléans, l’équivalent des « artiens » parisiens) désireux de bénéficier des privilèges de l’université et s’il ne figure pas nommément, non plus d’ailleurs qu’aucun de ses collègues, dans la grande ordonnance réformatrice de l’université d’Orléans de l’année suivante34, texte essentiellement d’origine royale, il est loisible de supposer qu’il fut présent à sa réception et à sa mise en application. Bien intégré dans la société académique, il l’est aussi dans la société ecclésiastique locale – son nom figure à plusieurs reprises sur les listes de présence des registres des entrées et prébendes du chapitre cathédral Sainte-Croix35 dont il fut chanoine, puis tardivement archiprêtre –, mais aussi extra-orléanaise : il fut pourvu en effet du décanat de l’église cathédrale de Bourges. Enfin, à la différence de la majorité de ses collègues, il apparaît aussi mentionné – c’est l’un des deux seuls avec Pierre Salat pour cette génération – au service du roi de France : sans doute présent au Parlement à partir de 1460, il meurt en 1467 au cours d’une mission à Rome effectuée pour le compte du roi Louis XI36.
15La tonalité relativement effacée de cette promotion de maîtres, à la fois dans la société politique du temps et dans la société ecclésiastique – si la plupart d’entre eux sont chanoines, souvent de Sainte-Croix et parfois en outre de la collégiale Saint-Aignan, voire dignitaires, aucun n’accède, pas plus qu’à la génération précédente, aux honneurs de l’épiscopat –, l’est aussi dans le domaine intellectuel : sauf Pierre Salat, auteur d’un Tractatus de crimine laesae maiestatis37, aucun autre n’est crédité d’une production juridique. Cette tonalité plutôt terne semble être le lot aussi de la promotion suivante, celle dont les membres accèdent à la régence dans les années 1480-1485 du siècle – huit noms recensés à ce niveau par C.M. Ridderikhoff38 –, même si une ouverture semble s’esquisser dans le domaine du politique : cinq de nos maîtres sont attestés comme présents au parlement de Paris, un autre à celui de Rouen. Pour sa part, la vitalité intellectuelle et culturelle semble encore en sommeil. C’est l’époque où un Guillaume Budé vient faire ses études de droit à Orléans (dans les années 1483 à 1486) et s’en retourne déçu39.
16Ce n’est en fait qu’avec la génération du début du xvie siècle – une dizaine de nouveaux docteurs régents dans les années 1504-1505, toujours d’après C.M. Ridderikhoff40 – que le renouveau de l’étude du droit et/ou les perspectives humanistes se font jour, avec des personnalités comme les civilistes Hugues Fournier, Jean Bourdineau et surtout le célèbre Pyrrhus d’Anglebermes ou les canonistes Jean Bruneau et Arnoul Ruzé. Ce sont les trois derniers de ces maîtres que nous pourrions retenir comme les plus significatifs de cette génération des débuts de la Renaissance à Orléans41. Orléanais, au moins de naissance pour Jean Pyrrhus et Jean Bruneau, Blésois pour Arnoul Ruzé, nés dans les années 1470 ou 1480, le premier fut un laïc marié, les deux autres des clercs, bien pourvus en bénéfices, à Orléans (Sainte-Croix, Saint-Aignan), voire à l’extérieur du diocèse – Arnoul Ruzé obtint en particulier la commende de l’abbaye de Notre-Dame-de-la-Victoire, près de Senlis –, bien qu’aucun d’eux n’ait accédé à l’échelon de l’épiscopat. Le service royal a aussi occupé nos maîtres Orléanais, au moins Jean Pyrrhus, qui mourut en 1521 à Milan, où François Ier l’avait nommé membre du Conseil souverain et Arnoul Ruzé qui fut conseiller au parlement de Paris de 1518 à sa mort en 1540. Tous les trois furent liés, d’une manière ou d’une autre, à la rédaction des Coutumes d’Orléans ou à leur commentaire, manifestant là leur intérêt pour les institutions de la société locale, terrain entre autres d’application de leur compétence universitaire. C’est dans l’intégration dans la société académique, une société académique élargie par l’ouverture à l’humanisme, que se manifeste en effet le plus leur excellence. Le retour aux sources antiques du savoir et en particulier l’accès à la langue grecque étaient un préalable au renouveau des études humanistes : en 1510, Jean Pyrrhus d’Anglebermes, alors recteur de l’université, attire à Orléans le jeune helléniste italien Jérôme Aléandre, qui vient donner un cours public d’initiation au grec dans la ville et des leçons particulières aux docteurs régents dans la maison du scolastique, pour lors Arnoul Ruzé42. Enfin, tandis que les deux enseignants en droit canonique qu’étaient Ruzé et Jean Bruneau s’attachaient à traiter de la juridiction ecclésiastique, du droit de régale ou des questions bénéficiales, le même Jean Pyrrhus, outre son œuvre poétique (Panegyricus Aureliae) et rhétorique, s’efforçait de rénover les études juridiques orléanaises, entre autres dans son commentaire aux trois derniers livres du Code de Justinien.
17Il n’est pas aisé au terme de ce court « passage en revue » des grandes phases apparentes de l’évolution des diverses modalités de l’intégration des maîtres Orléanais dans les différentes réalités sociétales contemporaines de mettre en évidence des caractéristiques d’ensemble. L’inégal apport de la documentation sur une période de plus de deux siècles et demi, le recours à un processus opératoire en partie fondé sur des sondages ne facilitent pas la chose. Quelques constatations peuvent cependant être faites, voire quelques conclusions plus ou moins provisoires avancées. En ce qui concerne l’intégration dans la société académique, une distinction doit être faite entre la durée d’exercice magistral et les aspects qualitatifs et quantitatifs auxquels celle-ci a pu donner lieu pour nos maîtres. Les lacunes de nos sources permettent mal d’appréhender la première, sauf quand des différences flagrantes paraissent s’imposer, comme par exemple entre le turn-over accéléré des maîtres de la génération du début du règne de Philippe VI et la stabilité prolongée de ceux de l’époque de Charles VI. Quant à l’œuvre productive de nos professeurs Orléanais en matière juridique, il est bien connu depuis les recherches des historiens néerlandais ou belges, de E.M. Meijers à R. Feenstra et bien d’autres, que la période la plus ancienne du studium, celle qui va du règne de saint Louis à celui de Philippe le Bel, a été la plus riche et la plus novatrice. Mais il ne faut pas oublier cependant qu’il y a eu d’autres temps forts en la matière, comme celui du règne de Charles V ou l’époque des débuts de la Renaissance du xvie siècle, même si l’originalité desdites productions juridiques n’égale pas assurément celle des œuvres d’un Jacques de Révigny ou d’un Pierre de Belleperche. L’intégration dans la société locale orléanaise reste difficile à apprécier pour des raisons documentaires avant les années 1380 ; par la suite, elle ne paraît jamais avoir atteint, même pour les périodes apparemment les plus fastes, comme celle du règne de Charles VI, des niveaux comparables à ceux connus sous d’autres cieux, à Bologne par exemple – cela pour des raisons institutionnelles et structurelles de la cité d’accueil sans doute. La place tenue par nos maîtres Orléanais dans la société politique du royaume de France (voire auprès d’autres cours souveraines) a néanmoins connu des temps forts qui ne sont pas sans correspondance, semble-t-il, avec ceux relevés pour la vie académique, sous le règne du roi Philippe le Bel et de ses fils – moment où accèdent aux plus hauts offices de l’État capétien, la chancellerie ou la garde du sceau royal, un Pierre de Mornay, un Pierre de Belleperche, un Étienne de Mornay, tous anciens professeurs du studium ligérien – ou dans une moindre mesure au temps du roi Charles V. Cela étant, sauf peut-être pendant l’époque où le service du duc apanagiste, Louis d’Orléans, voire Charles, tend à capter à son profit, au détriment de celui du roi, les énergies « politiques », apparemment modestes au demeurant, de nos enseignants Orléanais contemporains, ou encore lors de la division du royaume consécutive au traité de Troyes, le corps professoral de Valma mater ligérienne semble n’avoir jamais totalement cessé de fournir, certes en plus ou moins grand nombre, des conseillers du roi, des membres du parlement de Paris voire d’autres instances judiciaires ou financières.
18S’agissant enfin de la société ecclésiastique, là aussi deux niveaux doivent être distingués. À l’échelon local, l’intégration de nos maîtres, aux périodes pour lesquelles elle peut être vraiment appréhendée, apparaît forte : dans la mesure où la très grosse majorité de nos universitaires sont des clercs, il s’agit pour eux d’un mode d’entretien. Aussi accaparent-ils non seulement prébendes et dignités du chapitre cathédral Sainte-Croix ou de l’église collégiale Saint-Aignan, qu’ils partagent traditionnellement avec d’autres serviteurs du roi, mais aussi celles de bien d’autres établissements religieux d’Orléans et du diocèse. En revanche, l’accès aux hautes fonctions de l’Église, de l’épiscopat jusque et y compris au souverain pontificat, apparaît plus ponctuellement limité, réduit une fois encore aux deux temps forts de l’histoire du studium que constituent le règne de Philippe le Bel et celui de Charles V. On relèvera à ce propos la tonalité particulièrement effacée du xve siècle, l’extrême rareté, voire l’absence des professeurs de l’université d’Orléans ayant alors terminé leur carrière par l’obtention d’une prélature – et le renouveau de vitalité de celle-là au début du xvie siècle ne semble pas avoir modifié cet état de choses (il est vrai que le nombre de maîtres de statut laïc tend alors à s’accroître). Une telle raréfaction peut surprendre, quand on connaît la place en général tenue par les juristes dans la haute hiérarchie ecclésiastique au Moyen Âge tardif. Cela dit, la modicité des effectifs qui sont en cause ici nous oblige à relativiser les constatations faites. Celles-ci d’autre part, rappelons-le, concernent le seul corpus des maîtres en titre (tels que nous les avons définis) et ne sauraient être étendues à l’ensemble du monde universitaire Orléanais. Pour ce faire, une prise en compte prosopographique plus ou moins étendue des scolares serait nécessaire, mais cela eût dépassé le cadre de la présente communication.
Annexe
Annexe
Notes de bas de page
1 Cette prosopographie reprend et étend à l’ensemble de la période médiévale celle que nous avions proposée pour le xiiie siècle dans notre thèse de doctorat d’État inédite intitulée « Des écoles de l’Orléanais à l’université d’Orléans (xe-début xive siècle) », Nanterre, 1994. Elle fera prochainement l’objet d’une publication séparée.
2 M. Fournier, Les statuts et privilèges des Universités françaises depuis leur fondation jusqu’en 1789 (en abrégé Statuts), I, Paris, 1890, p. 11-15 (n° 19-22) ; M.-H. Jullien de Pommerol, Sources de l’histoire des universités françaises au Moyen Âge. Université d’Orléans, Paris, 1978, 2e partie, Sources de l’histoire de l’Université (en abrégé, Sources), 14.01 à 14.07.
3 Orléans, archives communales (conservées aux Arch. dép. du Loiret), CC 537 et suiv. et 644 et suiv., respectivement.
4 Arch. dép. Loiret, 3 E... Les registres de l’étude Fauchon, pour Orléans, qui ont été déposés aux archives départementales postérieurement à la Seconde Guerre mondiale, ont survécu (minutes à partir de l’année 1385). Les registres des études qui avaient été versés antérieurement à 1940 ont été anéantis ; des analyses, voire des transcriptions d’actes peuvent être trouvées cependant dans le fonds Jarry (Arch. dép. Loiret, 2 J).
5 Arch. dép. Loiret, respectivement G 56/57 et G 27. Ces registres font partie des rares épaves qui ont survécu à la destruction des séries G et H en 1940.
6 Nous employons dans cette contribution le terme de « génération » dans un sens assez général, équivalant globalement à celui de « promotion » au sens académique du terme, sans entrer dans les aspects plus particuliers du terme, développés par certains historiens contemporanéistes.
7 M. Fournier, Statuts, I, n° 24 (Sources, 14.08).
8 Pas de monographie spécialisée sur Simon de Paris, mais une bonne notice dans Études d’histoire du droit publiées par R. Feenstra et H.F.W.D. Fischer, III, Le droit romain au Moyen Âge. Première partie : L’enseignement du droit dans trois Universités du xiiie siècle..., Leyde, 1959, p. 36-38 (pour l’université d’Orléans, l’ouvrage traduit et reprend en les complétant les articles pionniers parus en 1918-1919 et 1920-1921 dans Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis de E.M. Meijers). Les Exceptiones contra procuratoria ont fait par ailleurs l’objet de la thèse de droit de J.-P. Baud (Paris X-Nanterre, 1971, thèse dactyl.).
9 Verzeichnis der Handschriften…, III, Francfort-sur-le-Main, 1972 (Auctores au nom du personnage).
10 Aucune monographie spécialisée récente sur Pierre de Belleperche, mais une grosse notice dans R. Feenstra et H.F.W.D. Fischer, op. cit., p. 95-106 et, toujours utile du point de vue biographique, l’article de l’Histoire littéraire de la France, XXV, 1869, p. 351-380 (F. Lajard).
11 M. Fournier, Statuts, I, n° 192 (Sources, 18.1.04).
12 Ibid., n° 12.
13 Ms. Vat. Lat. 4015, fol. 62v-64 (testis XXXVIII).
14 Cf. la notice consacrée au personnage dans la Gallia Philippica par les soins d’Élisabeth Lalou (IRHT).
15 Legalis plenus velut alter Justinianus (Épitaphier du vieux Paris, X, Cathédrale Notre-Dame, éd. H. Verlet, Paris, 1995, p. 4, n° 4453).
16 Outre Guillaume de Blaye et Guillaume d’Issy, dont la promotion épiscopale (Angoulême, 1273 et Arras, 1282 respectivement) est antérieure à l’avènement de Philippe le Bel, mais dont l’épiscopat perdure au-delà (jusqu’à 1307 et 1293 respectivement), on pourrait citer, parmi les nouveaux évêques du règne, Jacques Le Moiste de Boulogne (Thérouanne, 1286), Pierre de Mornay (Orléans, 1288), Jacques de Révigny (Verdun, 1289), Gilles Aycelin (Narbonne, 1290), Simon Matifas de Bucy (Paris, 1290), Pierre de la Chapelle (Carcassonne, 1291), Robert d’Harcourt (Coutances, 1291), Bertrand de Got (Saint-Bertrand de Comminges, 1295), Johannes de Savignerio [?] (Nevers, 1295), Guy de la Charité (Soissons, 1296), Robert Le Neveu (Béziers, 1306), Pierre de Belleperche (Auxerre, 1306). Rappelons encore que Raoul d’Harcourt avait été élu en 1301 sur le siège de Noyon, mais a refusé la prélature.
17 M. Fournier, Statuts, III, n° 1873 à 1881.
18 Pour la notice d’A. Guillois, Recherches sur les maîtres des requêtes de l’Hôtel des origines à 1350, Paris, 1909, n° 49.
19 Arch. dép. Loiret, 2 J 2495.
20 M. Fournier, Statuts, III, n° 1879 (Sources, 22.17).
21 Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, Genève-Paris, 1982, p. 398-399 et passim.
22 Cf. nos communications à la Société nationale des antiquaires de France (« L’œuvre d’un pionnier du culte de saint Yves à Orléans : la Vita attribuée à Pierre de Dinteville », mars 2000, publiée dans le numéro de l’année 2000 du Bulletin de la Société, Paris, 2004, p. 96-105) et à la Société archéologique et historique de l’Orléanais (mai 2003, à paraître).
23 M. Fournier, Statuts, III, n° 1881 (Sources, 22.19).
24 « La Lectura feudorum de Bertrand Chabrol », dans Recueil de mémoires et travaux publiés par la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 15 (1991), p. 103-120, et « An unknowm Fourteenth-Century Lecture on the Orleans school : Jean Nicot on book VI of the Code », Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, 60 (1992), p. 363-375.
25 Voir M. Fournier, Statuts, I, n° 268 (Sources, 17.30). Catalogue de la bibliothèque de l’université d’Orléans (8 février 1420, n. st.) : Item quoddam repertorium vocatum Martelletum. Ce répertoire est sans doute le même que celui conservé, sous le nom de Guillelmus Martini, dans le ms. Beaune, bibl. mun. 7 – bien que les patronymes diffèrent dans les deux documents, l’un et l’autre sont identiquement qualifiés de doyens de l’église de Nevers.
26 Comme nous le soulignions dans notre communication à la table ronde sur les cartulaires organisée par l’École nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS (Paris, 5-7 décembre 1991), publiée par les soins d’O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse, Les cartulaires, Paris, 1993, p. 423-449 (« Cartulaires universitaires français », en collaboration avec J. Verger).
27 M. Fournier, Statuts, I, n° 174 (Sources, 17.19, 4 octobre 1367) : Ad nostrum florens et fructiferum universitatis Aurelianensis inter cetera citramontana studia, prius antiquius et sollempnius, tam civilis quam canonice facultatis studium cui tanquam orto deliciarum a tempore Aurelii gloriosissimi imperatoris mirifico plantato et per Virgilium scientifice inchoato…
28 « Les maîtres Orléanais (doctores) au service de l’Université, de l’Église et des pouvoirs séculiers au temps de Charles VI », dans Saint-Denis et la royauté. Études offertes à Bernard Guenée, Paris, 1999, p. 77-90.
29 M. Fournier, Statuts, III, n° 1888, et I, n° 269 (6 avril 1419, n. st.), respectivement Sources, 22.69 et 14.4.05.
30 Voir, sur ce personnage, la biographique de J. de Croy, dans Cartulaire de la ville de Blois, J. Soyer, G. Trouillard éd., Paris, 1907, p. 310-312 et celle que nous avons donnée en annexe de notre communication « Le monde universitaire Orléanais au temps de Jeanne d’Arc » au Colloque d’histoire médiévale Jeanne d’Arc. Une époque, un rayonnement (Orléans, octobre 1979), Paris, 1982, p. 123-132 (spécialement, p. 136).
31 « Quelques étudiants d’Orléans en 1462 », Mélanges de l’École française de Rome, 84, 1972, p. 547-558.
32 À savoir Étienne Plaisance, Aimery Chambertin, Mathieu Terny, Jacques du Lac, Jean Quinczon, Jean Nicolas, Pierre Trunel, Samson Cormereau (Jean Pyrrhus d’Anglebermes, La Haye, 1981, p. 125-126 – thèse en néerlandais).
33 M. Fournier, Statuts, I, n° 290 (Sources, 17.33).
34 Ibid., n° 294 (Sources, 15.3.23, 31 juillet 1447).
35 Arch. dép. Loiret, G 27, passim.
36 Cf. N. Gotteri, op. cit., qui donne une courte notice biographique sur le personnage (note 9).
37 G. Dolezalek (Verzeichnis der Handschriften) en indique deux manuscrits, Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 12492, et Glasgow, Library of the Hunterain Muséum in the University, V.4.7.
38 C.M. Ridderikhoff, op. cit., p. 127-128.
39 Cf. J. Debal dir., Histoire d’Orléans et de son terroir, I, Des origines à la fin du xvie siècle, Roanne, 1983, p. 454.
40 C.M. Ridderikhoff, op. cit., p. 129-130.
41 Sur ces trois illustres personnages, outre les pages de J. Nivet dans l’Histoire d’Orléans et son terroir, I, p. 456 et suiv., voir essentiellement les travaux de C.M. Ridderikhoff, sa thèse en néerlandais sur Jean Pyrrhus d’Anglebermes (résumé en français, p. 419-428) et les courtes, mais denses notices consacrées aux trois maîtres concernés dans les notes de son édition des Livres des procurateurs de la nation germanique de l’ancienne Université d’Orléans (1444-1602), I (1444-1546), 1re partie, Leyde, 1971, p. 154 (Arnoul Ruzé), 155 (Jean Pyrrhus d’Anglebermes) et 166-167 (Jean Bruneau).
42 Le carnet de voyage de Jérôme Aléandre en France et à Liège (1510-1516), éd. et trad. J. Hoyoux, Bruxelles-Rome, 1969 (Bibliothèque de l’Institut historique belge de Rome, fasc. 18), passim.
Auteur
Université de Reims
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Enfermements. Volume II
Règles et dérèglements en milieu clos (ive-xixe siècle)
Heullant-Donat Isabelle, Claustre Julie, Bretschneider Falk et al. (dir.)
2015
Une histoire environnementale de la nation
Regards croisés sur les parcs nationaux du Canada, d’Éthiopie et de France
Blanc Guillaume
2015
Enfermements. Volume III
Le genre enfermé. Hommes et femmes en milieux clos (xiiie-xxe siècle)
Isabelle Heullant-Donat, Julie Claustre, Élisabeth Lusset et al. (dir.)
2017
Se faire contemporain
Les danseurs africains à l’épreuve de la mondialisation culturelle
Altaïr Despres
2016
La décapitation de Saint Jean en marge des Évangiles
Essai d’anthropologie historique et sociale
Claudine Gauthier
2012
Enfermements. Volume I
Le cloître et la prison (vie-xviiie siècle)
Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat et Élisabeth Lusset (dir.)
2011
Du papier à l’archive, du privé au public
France et îles Britanniques, deux mémoires
Jean-Philippe Genet et François-Joseph Ruggiu (dir.)
2011