Christiane Klapisch-Zuber, une historienne de la famille et des femmes en Italie
p. 89-103
Texte intégral
1En 1988, l’éditeur Giuseppe Laterza publiait La famiglia e le donne nel Rinascimento a Firenze. Dans l’introduction aux lecteurs italiens, Christiane Klapisch-Zuber précisait que « ces articles sur la famille florentine à la fin du Moyen Âge et sur la place que les hommes et les femmes occupent en son sein aussi bien dans les stratégies quotidiennes que dans les représentations ne sont pas nés d’un projet véritablement unitaire » mais à partir d’un « grand nombre de questions qui étaient restées en suspens » après la conclusion et la publication de l’imposante recherche sur le catasto de 1427. Contrairement à l’enquête quantitative appliquée au recensement florentin, les articles qui paraissaient en italien en 1988 étaient donc issus d’un questionnement particulier, d’écarts, d’un événement « apparemment isolé, atypique » ou d’un « comportement déviant qui venait perturber la série des faits qui pouvaient être mesurés1 ».
2Durant l’automne 1986, j’ai le souvenir d’avoir participé à un séminaire à la Villa I Tatti2 où Christiane racontait déjà sa rencontre avec l’histoire des femmes à partir de son expérience de démographe, sa curiosité et son attraction pour les lieux en retrait où « les comptes ne tournent pas rond ». Elle était frappée par le contraste entre les représentations raffinées de la féminité, la sensibilité esthétique de l’iconographie et la « faiblesse numérique », le manque de poids social, la marginalité des femmes tant dans la famille que dans la société, et c’est bien ce qui la poussait à continuer son enquête sur les livres de raison du début de la Renaissance. C’est donc à partir de cet écart, de ce contraste entre tonalités majeure et mineure que naissait une recherche qui, à partir des années 1980, allait transformer en partie le panorama historiographique de l’histoire des femmes en Italie.
3 Dans les pages que suivent, j’essaierai de tracer ce que jadis on appelait la « fortune » d’un livre, même si, pour ce faire, j’ai dû m’aventurer sur un terrain quelque peu accidenté. Il m’a été difficile, en effet, d’utiliser les outils auxquels on a recours habituellement pour ce type d’enquête, comme les comptes rendus, les citations directes, la pénétration dans un secteur précis de la discipline, l’accueil du monde universitaire. Au lieu de suivre un parcours bien balisé, j’ai dû plutôt me mouvoir dans des milieux et des périodes différents pour saisir, à travers le temps long d’une périodisation qui se construisait précisément autour de ces thèmes, des accents, des sollicitations, des pistes, des questions qui sont nés de ce recueil d’essais. En Italie, ce sont certainement les études portant sur l’époque moderne – une longue époque moderne qui va du xve siècle jusqu’en plein xixe – qui ont perçu et accueilli les travaux de Christiane Klapisch-Zuber alors que la production de l’histoire médiévale au sens strict est restée la plupart du temps à l’écart, je dirais même indifférente. Lorsqu’on repense aux années 1980, à un avant et un après la publication de La famiglia e le donne, ce qui saute aux yeux c’est un vide, l’absence d’un questionnement et d’une production scientifiques sur des sujets comme le mariage, le système dotal, la maternité, sur lesquels nous disposons désormais de très nombreuses recherches3. Avant ce tournant qui a influencé un secteur important de l’histoire des femmes à l’époque moderne, on disposait des grands classiques de la pensée juridique et d’études d’histoire sociale de la famille, d’un style descriptif et anecdotique, publiés au début du xxe siècle. Mais la « fortune » du travail de Christiane Klapisch-Zuber coïncide aussi avec un changement d’optique et de méthode par rapport à la première historiographie féministe des années 1970. C’est de cet apport du livre La famiglia e le donne à une historiographie en pleine mutation qu’il va être question dans les pages qui suivent.
Les années 1980
4Dans ces années-là, avec en arrière-plan le mouvement politique des années 1970 qui, sur le versant historiographique, misait sur un « protagonisme » féminin immédiatement reconnaissable, transgressif et centré sur le corps (la sorcière était l’héroïne de cette première production), le point de départ de la recherche de Christiane Klapisch-Zuber était quelque peu déconcertant du fait de la tonalité mineure qu’elle adoptait. Surtout parce que, comme l’écrivait Arlette Farge dans la revue Memoria en 1983 à propos de l’histoire des femmes en France, « exister pour soi-même, hors des contraintes sociales et biologiques, hors du cadre des stéréotypes et des fonctions obligées, voilà bien, entre autres, le cri lancé par la revendication féministe4 » qui redécouvre un passé oublié et le reconstruit avec une écriture qui lui est propre. Déjà, à ses « débuts », continuait Arlette Farge, l’histoire des femmes se posait le problème de l’écriture en s’interrogeant sur la nécessité de donner vie à une « pratique spécifique de l’écriture féminine de l’histoire », ce qui soulevait à son tour la question du statut de l’écriture féminine tout court et, en dernière instance, de son rapport avec la discipline et les institutions qui pouvaient garantir une légitimation universitaire et une continuité de l’enseignement. En Italie et, plus en général, en Occident, ce qu’Arlette Farge mettait alors à l’ordre du jour de cette jeune historiographie s’accordait certainement plus avec la dimension militante et le fort engagement civil que la recherche continuait à maintenir. La proposition historiographique de Christiane n’en apparaissait que plus déconcertante, avec sa spécialisation, son langage linéaire et étranger à toute idéologie, sa méfiance envers la théorie, son attention minutieuse pour des sources qui mettaient souvent en lumière des identités manquées, des rôles marginaux, une visibilité aussi sporadique que fonctionnelle. Même la question, à l’époque tout à fait centrale, de la subjectivité de ceux qui pratiquent la recherche semblait éludée ou, en tout cas, elle n’était pas explicitée : cette historiographie « androgyne », forte de la solidité de sa structure et de la versatilité de sa méthode, était un modèle difficile à suivre. Il était tout aussi difficile d’accepter ce point de départ qui confirmait la force des normes et des limites imposées par le système patrilinéaire, l’étroitesse de cet « horizon du possible » (selon la définition d’Olwen Hufton), qu’une historiographie à ses débuts rechignait à prendre en considération, attirée comme elle l’était par une mythographie des origines au ton identitaire plus agressif.
5Connue des chercheurs pour sa monographie sur le marbre de Carrare et bien entendu pour Les Toscans et leurs familles, depuis le milieu des années 1970 Christiane Klapisch-Zuber avait cependant publié avec une certaine régularité, principalement dans la revue Quaderni storici, quelques études importantes qui introduisaient le thème de la famille et des femmes. Sa perspective envisageait certains thèmes centraux de la construction de la condition et de l’expérience féminines : de l’étude sur les nourrices à celle sur le ménage et le voisinage, à la question de l’alphabétisation féminine et des interdits sociaux qui la limitaient. Sur Quaderni storici paraissaient « Parenti, amici, vicini » en 1976, « Genitori naturali, genitori di latte » en 1980, « Le chiavi florentine di Barbablù » en 1984 ; la même année, Memoria publiait « Le zane della sposa. La fiorentina e il suo corredo nel Rinascimento »5. Parmi ces essais qui précèdent le recueil d’articles paru chez Laterza, il me semble important de s’arrêter surtout sur celui que publie Quaderni storici en août 1980. Là, à travers « environ 120 ricordanze en tout genre », Christiane Klapisch-Zuber reconstruit la mise en nourrice – cette « affaire d’hommes » qui intervient pour régler le rapport entre la mère et son nouveau-né dans les familles patriciennes florentines ; la densité des intérieurs domestiques où le tabou de l’impureté – « la peur et le dégoût pour ce lait “enceint” »– oppose la nourrice à la mère ; le contrat dressé et souscrit par deux hommes, le père et le mari de la nourrice (le balio) ; la séparation de l’enfant et de sa mère dont on veut augmenter la fécondité en l’empêchant d’allaiter : page après page, la cohérence implacable du système patrilinéaire démantèle irrémédiablement la légèreté stéréotypée de la Renaissance florentine.
6Avec les scènes d’« enlèvement » de la jeune épouse peintes sur les coffres nuptiaux, la pièce de « Barbe-Bleue » où le pater familias cache ses livres de raison dont la lecture est interdite aux femmes, la mise en nourrice, où deux hommes décident la vente et l’achat des « ressources » du corps de leurs femmes, portait non seulement à la prise de conscience critique mais laissait aussi imaginer les scènes violentes et secrètes qui, quelques années plus tard, allaient être sublimées dans les figures de « Griselda », et de la « mère cruelle », toutes inscrites dans une nouvelle et inquiétante généalogie féminine.
7Revenons sur le numéro de Quaderni storici dirigé par Luisa Accati, Vanessa Maher et Gianna Pomata, et intitulé Parto e maternità. Momenti della biografia femminile. Il importe de rappeler qu’il fut un point de départ et d’arrivée mémorable. Le comité de rédaction de la revue avait confié aux trois historiennes, en toute autonomie, le projet et la réalisation du premier numéro qui reconnaissait la naissance pas tant d’une historiographie mais plutôt d’« expériences d’un laboratoire qui, non sans contradictions, a cherché à raconter quelques moments de la biographie féminine6 ». À la différence des sciences sociales et de la psychanalyse qui ont admis la « division hommes-femmes, masculin-féminin » (le terme gender date de 1986), la recherche historique – lit-on dans l’introduction – « tarde à faire sienne cette distinction », forte de catégories qui n’en tiennent aucun compte. En effet, « les catégories de durée réelle, de longue durée, de mentalités ou de classe, de rébellion, de révolution, de ville-campagne, ne donnent aucune importance à la séparation entre hommes et femmes ». Cette imperméabilité de l’histoire vient du fait que, dans le passé comme dans le présent, elle est « peut-être partout, certainement en Italie, la science qui célèbre le pouvoir ». Le ton de nouveauté et de défi de cette introduction, que seule Luisa Accati signait, saute aux yeux avec son écriture alerte, les intermittences maximalistes, l’élan critique, l’éventail des problèmes soulevés, le désir d’établir un nouveau questionnaire, l’intention de tracer de nouvelles frontières entre les disciplines tout en défaisant les anciennes. Et puis voilà énoncée la nouveauté méthodologique : avant tout, la rupture de la grille du temps, ce temps progressif et linéaire, avec l’introduction d’un temps anthropologique, cyclique et sexué, d’un temps qui marque précisément une biographie féminine et qui suggère un ordre de lecture « qui suit la durée de la vie » et s’enracine dans le corps et ses aspects physiques : séduction, initiation, grossesse, accouchement, allaitement. Prendre un modèle biographique à l’intérieur de ces étapes signifiait refuser le canon de la tradition qui, à travers le récit d’une seule vie, sélectionne, sort du silence, transmet seulement une « commémoration des meilleures ». Le numéro s’aventure donc d’emblée dans une histoire des femmes profonde et en grande partie anonyme, axée sur la question centrale de la sexualité qui « touche toutes leurs façons d’être et de penser [des hommes et des femmes]. Les deux sexualités interviennent durant toute l’existence en s’influençant réciproquement et la diversité de la voie indiquée aux hommes et aux femmes doit être parcourue en détail si on veut comprendre le sens de la vie quotidienne dans son ensemble7 ». Sujet, celui du corps et de la sexualité, qui se situe donc à l’origine, fondateur d’une narration qui, à partir de là, doit repartir pour briser cet « Un » que même les sciences sociales ont pris comme sujet dominant.
8En participant à l’élaboration du numéro de Quaderni storici, Christiane Klapisch-Zuber s’inscrivait dans un projet historiographique sur lequel convergeaient les affinités et les sensibilités communes d’un groupe d’historiennes proches du féminisme italien et qui se distinguaient par : le choix d’un temps cyclique lié à la condition du corps, à sa manipulation et à son contrôle ; l’immersion dans une histoire qui refuse le côté exceptionnel d’une seule vie ; l’adhésion aux méthodes de l’anthropologie historique et de la microhistoire.
9Au début des années 1980, la solitude est un autre sujet qui intéresse la recherche de Christiane Klapisch-Zuber sur la condition des femmes. Un premier article paraît dans un numéro monographique des Annales de démographie historique en 1981 consacré à la condition féminine. Marina D’Amelia en fait le compte rendu dans Memoria en attirant l’attention sur le choix, qui pouvait apparaître paradoxal sous certains aspects, d’une « discipline qui a renouvelé ses outils méthodologiques précisément sur la reconstruction de la famille » et qui maintenant s’intéresse « à la femme seule en inaugurant un filon de recherche inhabituel » ; une rupture par rapport aux « gestes habituels d’une technique de calcul » différente de celle qui avait servi pour reconstruire les familles. L’expérience et la condition de la solitude apparaissent comme une donnée importante parce que « la femme sans mari, nubile ou veuve, constitue, dans de nombreuses situations historiques, la majorité de la population féminine ». Dans ce paysage en cours de transformation, l’article de Christiane Klapisch-Zuber sur les domestiques âgées dans la Florence du xve siècle dresse le tableau d’une population féminine qui a fait l’expérience de la fermeture du marché matrimonial observée dans de nombreuses villes et qui travaille aussi pour constituer une dot à ses filles « pour chasser de leur avenir un destin de solitude8 ». Quelques années plus tard, en 1984, lorsque paraît en France le livre édité par Christiane Klapisch-Zuber et Arlette Farge, Madame ou Mademoiselle ? Itinéraires de la solitude féminine (18e-20e siècle), Michela De Giorgio en fait le compte rendu dans Memoria et elle explicite l’engouement que suscitait ce sujet à cause du lien tout particulier entre cet objet d’étude et la subjectivité des femmes historiennes. « L’attention portée sur la femme seule est récente, elle est féminine par excellence, on peut l’inscrire au catalogue des courageuses innovations de l’histoire des femmes. Le livre le dit clairement, les interrogations du mouvement féministe ont apporté un éclairage neuf sur le sujet [...]. Donc voici la nouvelle solitude qui nous est fatalement contemporaine [...]. Il est vrai que, comme disent Farge et Klapisch-Zuber, aussi bien elles que nous, et beaucoup de femmes de notre temps, nous toutes avons traversé des temps de solitude ou choisi entre différents types de solitude. D’où une volonté délibérée et passionnée de parler des femmes seules, d’établir qu’il est temps qu’elles soient “vues” dans l’histoire9 ». Michela De Giorgio raccourcit les distances imposées par la prudence universitaire et met l’accent sur une pratique historiographique qui fait du reflet entre sujet et objet son point de force : « nous » et « elles », « notre » et « leur » solitude. La communauté des historiennes, à l’intérieur et hors de l’université, à l’intérieur et hors du mouvement politique, se reconnaît et se rend visible grâce à des méthodes et des choix thématiques, elle construit et renforce des liens internationaux, définit son identité à travers une koiné partagée.
10En 1986, le Centre de documentation des femmes de Bologne (Centre di documentazione delle donne) qui, dans ces années-là, était probablement le haut lieu de la sociabilité et de la recherche en Italie organise un colloque consacré aux rapports de patronage en Europe entre le Moyen Âge et l’époque contemporaine : parmi les organisatrices et les intervenantes figurent beaucoup de noms que l’on retrouve dans les comités de rédaction de Quaderni storici et de Memoria. Christiane Klapisch-Zuber participe au colloque avec une communication sur les patrons célestes qu’on donne aux petites filles et aux petits garçons florentins lors de leur baptême, dont le texte paraît deux ans plus tard dans les actes du colloque10. Apparaissent donc une présence et un style de recherche actifs dans un double registre : d’un côté, celui de l’histoire sociale la plus novatrice, de l’autre, celui de l’histoire des femmes, de ses revues, de ses associations, qui, dans les années à venir, vont continuer à travers la construction de liens de collaboration et d’amitié.
Figures du féminin
11Dans le volume La famiglia e le donne on retrouve certains des travaux publiés dans la première moitié des années 1980 ; en revanche, paraissent pour la première fois en traduction italienne les essais sur le mariage, les usages nuptiaux, les dons et les échanges matrimoniaux qui vont ouvrir de nouvelles pistes de recherche. L’attention même à la dimension rituelle dans laquelle s’inscrivait une bonne partie de la vie féminine apparaissait comme une nouveauté aux yeux d’une historiographie qui connaissait peu la production anthropologique anglo-saxonne sur ces thèmes. J’en tiens pour preuve le fait que le premier recueil de ces essais avait été publié à Chicago en 1985 sous le titre Women, Family and Ritual11 et que trois ans plus tard, pour l’éditeur italien, le dernier terme allait être omis au profit de la Renaissance florentine même si cela n’était qu’en partie cohérent avec la périodisation et le contenu du volume. Les deux articles fondamentaux sur les rites du mariage pré-tridentin et sur les représentations et les pratiques sociales de la maternité et du veuvage – la « mère cruelle » du titre –, et enfin celui sur l’ethnologie du mariage fondé sur l’étude des Nuptiali d’Altieri étaient parus dans les Annales entre 1979 et 198312.
12Au début des années 1980, dans la revue Memoria, Arlette Farge s’interrogeait sur le rapport entre l’histoire des femmes et les Annales : « Il existe un étrange lien d’absence et de présence – écrivait-elle. Absence, parce que les Annales ont ignoré le grand nombre de questions qui, ailleurs, était en train de se poser sur les femmes. Et certainement les grands débats sur la famille et les système de parenté ne laissaient aucune place à cette nouvelle problématique [...]. Une présence, vu que certains articles sur les femmes parus dans les Annales ont eu une fortune et un destin particulier. » Et pourtant, dans son recensement des articles parus entre 1970 et 1982 consacrés au mariage, à la sexualité et aux systèmes de parenté, Arlette Farge omettait d’inclure les articles de Christiane Klapisch-Zuber dans le groupe des 34 essais les plus significatifs, « 17 écrits par des femmes, 17 écrits par des hommes ». Cette parfaite symétrie – observait-elle – est le signe d’un intérêt partagé, « motivé par les préoccupations communes de la communauté des historiens pour le thème des structures de la parenté ». Arlette Farge attribuait aux institutions universitaires françaises une « réticence » par rapport à la recherche sur les femmes qui, tout en étant tolérée, était considérée peu intéressante et dont les contributions dessinaient une historiographie « faible », extérieure aux institutions universitaires et, pour la plupart, « extrêmement proche de la nature féminine et de ses fonctions archétypiques », loin des questionnements sur la sphère publique, les conflits, les systèmes culturels ou les modèles de représentation13. Le fait d’être à l’écart du « portrait de groupe » tel que le dresse Arlette Farge nous aide probablement à comprendre les raisons qui lui suggéraient de considérer les travaux de Christiane Klapisch-Zuber parus dans les Annales au début des années 1980 comme étrangers à l’histoire des femmes. Par ailleurs, les sujets étudiés – le mariage et les systèmes de parenté – touchaient des champs d’enquête privilégiés surtout par la recherche anthropologique. Enfin, ce qui éloignait la proposition de Christiane Klapisch-Zuber d’une histoire des femmes et d’une historiographie féministe pouvait se mesurer aussi bien dans sa méthode, ancrée dans la recherche quantitative et dans l’anthropologie (appliquée aux textes et aux images), que dans son intention qui était de démonter surtout le fonctionnement d’un système, le patrilignage, dont la composante féminine était un maillon essentiel. Dans cette direction, la recherche de Christiane Klapisch-Zuber ignorait un autre pôle qui caractérisait les études des femmes et sur les femmes, qui faisait converger dans la « prise de parole » l’évolution historique du sujet féminin. Les Griselda, les « mère cruelle », les épouses dont Christiane Klapisch-Zuber reconstruisait la présence problématique et provisoire à travers la découverte et l’étude systématique des livres de famille florentins étaient pourtant privées de parole. Nous avons appris à en connaître les gestes, à voir les objets qui s’échangeaient, les dons qu’elles recevaient, les ornements et les robes dont elles étaient parées mais également dépouillées, les coffres de mariage peints où l’on rangeait leur trousseau nuptial, les poupées sacrées de leurs jeux. Cependant nous n’avons jamais entendu leur voix. C’est une question de sources, avait écrit David Herlihy dans l’introduction à l’édition américaine de Women, Family, and Ritual : la documentation d’origine agnatique – les livres de famille – ne peut que déformer la perspective. En mettant au premier plan les hommes du lignage, elle ignore et tient inévitablement dans l’ombre toute les autres forms of kin organization. Les femmes étaient-elles marginales dans la société florentine où étaient-ce les sources qui produisaient une vision déformée du tableau ? Dans tous les systèmes sociaux – écrivait Herlihy –, la verticalité agnatique s’était superposée à des formes précédentes de bilatéralité qui continuaient à exister même si c’était à un niveau informel, sur le plan des liens affectifs. Il fallait arriver à la faire émerger avec les rapports horizontaux – cognatiques – sur lesquels cette structure profonde s’appuyait. Ici, dans les liens informels, dans l’affectivité, dans les formes d’organisation cognatique de la parenté se trouvaient les femmes et ce n’est qu’en ouvrant l’enquête dans cette direction qu’il allait être possible d’éclaircir ce sombre tableau. Herlihy mettait en garde également contre l’usage intensif des méthodes de l’anthropologie historique qui risquaient de tomber dans les pièges d’interprétation avec lesquels les rituels et les objets, quelquefois impénétrables et ambigus, entravaient le parcours des chercheurs14.
13Diane Owen Hugues reprend ces préoccupations dans le débat publié dans Quaderni storici qui suit, un an plus tard, la parution de La famiglia e le donne a Firenze nel Rinascimento. « C’est une histoire prenante mais qui n’est pas gaie » – écrit-elle –, celle que Christiane Klapisch-Zuber reconstruit à partir des Ricordanze, « arme idéologique de la lutte engagée par le lignage agnatique pour conquérir le contrôle des relations familiales ». Diane Owen Hughes, comme D. Herlihy, propose aussi de sortir les femmes de la marginalité dans laquelle elles sont représentées dans la culture du patrilignage : « On pourrait trouver une réponse possible, que l’on peut seulement ébaucher ici, dans le rôle ambivalent que les femmes jouaient dans la famille en tant qu’épouses et mères. En tant qu’épouses, la culture de ce temps-là reconnaissait explicitement leur valeur de pont entre solidarité et lignage » ; soumises à la nature, les épouses cachent « sous la robe nuptiale virginale » un destin essentiellement reproductif, un « ventre béant ». Au contraire, le rapport qui s’établit à travers la construction d’un lien affectif avec l’enfant attribue aux femmes un rôle plus « culturel ». Si, en s’affirmant, la culture de la maternité mine la virulence de la misogynie de la Renaissance, l’affirmation progressive d’une consommation féminine ostentatoire met en péril aussi bien l’économie matérielle du lignage que le contrôle sexuel du mari, en lézardant l’économie morale construite sur les valeurs de la chasteté féminine. Diane Owen Hughes conclut : « Le paradoxe amusant qui veut que la robe de la mariée vierge devienne le premier acte d’une comédie de la mode où les femmes auront le rôle de personnifications culturelles indique comment le système de contrôle culturel si bien mis en lumière et si finement analysé par Klapisch-Zuber contient le germe de sa destruction. » Les femmes auraient obtenu une place dans la nouvelle « culture de la consommation qui aurait créé une nouvelle économie mondiale15 ».
14Dans le même débat, Lucia Ferrante s’inscrit dans cette perspective d’une polarité nature/culture et suggère une lecture du thème de l’honneur sexuel des femmes qui confirme une transmission de mère en fille et identifie donc une « ascendance féminine » de ce code social ; une lecture qui reconnaît aux femmes « une capacité de génération qui n’est pas seulement naturelle mais aussi culturelle dans la mesure où elle engendre des comportements16 ». Tout en restant dans le cadre des études sur le Moyen Âge toscan tant laïc que religieux, Anna Benvenuti aborde un thème dont l’histoire des femmes va s’approprier en l’extrapolant de tout contexte documentaire et chronologique pour en faire une catégorie identitaire forte. L’absence d’appartenance des femmes, leur présence provisoire, leur façon de traverser les familles et les maisons en emportant avec elles quelques objets, chassées parce que veuves, enfermées parce que inutiles, abandonnées car dépourvues d’enfants, accueillies pour prendre la place d’une autre : il y a bien là un des processus qui construisent le parcours, difficile et souterrain, de l’identité féminine sur un arc chronologique extrêmement long. Historiquement, l’absence de racines, l’appartenance incertaine, leur position d’intermédiaires entre les groupes et les familles conditionnent de façon significative l’accès des femmes à la propriété en les excluant, pendant des siècles, de la richesse immobilière et foncière, et en ne leur laissant emporter qu’une dot en argent et un trousseau. Griselda, l’épouse dépouillée de ses habits, et la « mère cruelle », contrainte à abandonner ses enfants à la mort de son mari, sont les emblèmes non seulement d’une condition et d’une expérience d’expropriation et d’abandon mais aussi, bien au-delà du Moyen Âge toscan, d’une dimension profonde du féminin17.
15Le forum de discussion sur La famiglia e le donne qui se tient sur Quaderni storici reste un épisode isolé. Entre 1989 et 1991, j’ai pu vérifier qu’aucune des huit principales revues scientifiques italiennes n’a publié de compte rendu de ce livre. Les index de certaines revues signalent qu’il est cité à l’intérieur de quelques articles mais le monde universitaire italien et, en particulier, les médiévistes ne manifestent pratiquement aucun intérêt pour cet ouvrage18. Pour eux Christiane Klapisch-Zuber reste surtout une historienne « de la Toscane ». Du reste, pendant longtemps c’est toute l’histoire des femmes et du « genre » à être obstinément ignorée en dépit de ce qui se passe dans le monde entier, des débats et de la production scientifique italienne.
Les années 1990
16Dans cette décennie, alors qu’on assiste à la consolidation et à la divulgation du travail de Christiane Klapisch-Zuber, au sein de l’historiographie italienne mûrit une réflexion qui porte à la publication d’une série de recherches solides et innovatrices, et qui, désormais, identifient un secteur de la recherche bien organisé et visible. En plaçant au centre de leurs préoccupations les thèmes et les questions soulevés par l’historienne française pendant les années 1980, ces travaux récents les discutent et les vérifient sur des sources différentes et sur un arc chronologique plus long. Pratiquement aucune monographie et aucun essai d’histoire de la famille, du mariage, de la maternité ne néglige La famiglia e le donne nel Rinascimento, un livre, réédité en 1995, qui devient également un des textes les plus diffusés et utilisés dans l’enseignement universitaire.
17Les années 1990 voient donc naître une « généalogie » intellectuelle qui cite et reprend le travail fondateur de Christiane Klapisch-Zuber tout en le discutant et en l’orientant vers d’autres pistes. Il s’agit là d’une transmission authentique et vitale qui se mesure par sa mobilité même, sa flexibilité, sa capacité d’expérimenter et de s’interroger : s’il est possible d’identifier le succès de certains thèmes comme le mariage, le système dotal, la maternité, dans ce jeu intellectuel qui, à travers citations et construction de contextes, fait tache d’huile, il faut également inclure les études d’histoire religieuse, de la culture matérielle et artistique à travers une lecture anthropologique des images.
18Cependant, le fait le plus significatif me semble être l’entrée en force de l’histoire du droit dans l’histoire des femmes : ici aussi, les informations provenant des archives judiciaires civiles et religieuses, des testaments et des statuts citadins, des contrats de dot et de mariage, la littérature pédagogique et la théologie morale sont interprétées dans une optique anthropologique. Dans ces dernières années, grâce à une étude précise des pratiques, des comportements et des usages, ces recherches ont commencé à déconstruire certains des points forts de la réflexion historique en projetant un éclairage neuf sur le processus de formation de l’État et de la famille, sur la définition et la gestion des régimes de propriété, sur les rapports entre centre et périphérie. Cette historiographie, qui réfléchit sur une longue époque moderne, a entrepris de reformuler le rapport entre femmes et institutions, entre langages juridiques, éthiques et affectifs en identifiant, à travers la dimension du « privé » familial mise en exergue par Christiane Klapisch-Zuber, un processus de construction et de négociation de la sphère publique qui aboutit à des résultats en partie autonomes et parfois éloignés du travail de l’historienne française.
19Procédons par ordre en partant du projet franco-italien d’une Histoire des femmes en Occident lancé, au tout début des années 1990, par l’éditeur italien Giuseppe Laterza, au sein duquel Christiane Klapisch-Zuber se voit confiée la responsabilité du volume consacré au Moyen Âge19. En 1996, elle est à nouveau impliquée, de concert avec Michela De Giorgio, dans la mise en œuvre du volume sur le mariage appartenant à la Storia delle donne in Italia20. Entre temps, Christiane Klapisch-Zuber s’est inscrite à la Società italiana delle storiche21 et, en 1994, elle participe également à l’école d’été d’histoire des femmes organisée à la chartreuse de Pontignano par la SIS et l’université de Sienne : à la fois enthousiaste et amusée par cette expérience, elle enseigne pendant une semaine dans le cadre du séminaire consacré aux « mauvaises femmes22 ».
20Sa collaboration avec la revue Quaderni storici se poursuit et deux articles paraissent en 1992 et en 1994. Le premier s’interroge sur le rapport entre travail féminin et construction de l’identité : « L’idée d’un ego qu’une femme faisait émerger de ses propres activités23. » Le second s’inscrit dans le numéro monographique intitulé « Costruire la parentela » qui s’ouvre sur une réflexion sur les résultats, les problèmes encore ouverts, les nouvelles pistes de recherche à explorer, en un mot sur le « chantier » que Christiane avait ouvert non seulement avec ses recherches sur la famille et les systèmes de parenté mais aussi sur une « culture généalogique » au sens large. La diversification des lieux et des champs de la recherche qui commence à s’aventurer hors de Florence et de l’« impressionnante cohérence patrilinéaire » de ses maisons, en même temps que la « prise en compte du problème de l’identité de genre comme nœud central de l’étude de la parentèle » sont en train de « donner un sens nouveau à l’opposition classique entre patrilinéarité et bilatéralité », écrivent Renata Ago, Maura Palazzi et Gianna Pomata dans l’introduction24. Le numéro de la revue se propose de déplacer l’identification à sens unique entre conception agnatique et lignage au Moyen Âge et à l’époque moderne à travers une réflexion sur les significations et les instruments juridiques qui, à partir de l’Antiquité classique, identifient ces deux termes. La prédominance dans l’histoire européenne d’une conception bilatérale de la consanguinité donne plus de flexibilité à la construction des liens de parenté qui vont bien au-delà des agnats, permettant au lignage même de survivre grâce à cette capacité d’adapter ses propres ressources humaines à la conjoncture et aux différents contextes. L’article de Christiane Klapisch-Zuber – « Albero genealogico e costruzione della parentela nel Rinascimento25 »– commence par une réflexion profonde sur le rapport entre le genre (ici du ou de la généalogiste), la mémoire familiale et l’écriture, en atténuant la détermination objective du lignage avec la question de la production fictive et de genre de sa représentation. Dame Gemma qui, à la demande de son fils, se souvient et reconstruit le passé de sa propre maison n’étend pas seulement sa mémoire généalogique aux affins et aux branches collatérales, elle va plus loin : elle forge de véritables « chaînes matrilinéaires (de mère en fille en petite-fille) auxquelles elle attribue le rôle de nœuds importants dans la généalogie » de son lignage. Avec la prudence qui est la sienne et avec un langage mesuré qui situe « ce texte difficile » dans le cadre de la culture généalogique plutôt bilatérale de l’Église, Christiane Klapisch-Zuber accepte l’« hypothèse d’une intervention féminine prédominante » dans la reconstruction d’une représentation généalogique qui trouve dans les femmes les « points nodaux de son développement26 ». Il s’agit d’une affirmation limitée à un seul texte, qui ne fait aucune concession au langage anglo-saxon de l’ayency féminine mais qui reconnaît que dans la société du bas Moyen Âge un processus d’« appropriation de la part des femmes des mécanismes de l’alliance » commence à être plus visible, c’est-à-dire d’une participation des femmes aux stratégies matrimoniales. En dernier lieu, ces changements de rôles familiaux des femmes adultes enrichissent la mémoire du lignage qui accueille cette dimension horizontale de la narration généalogique capable de faire sortir de l’ombre une « parenté trop souvent occultée27 ».
21Nous ne pouvons que revenir sur les paroles de David Herlihy qui, en 1985, avait encouragé la recherche à sortir des codes étroits de la logique du lignage agnatique pour approfondir les liens sociaux horizontaux et affectifs, sur celles de Diane Owen Hughes qui s’interrogeait sur le potentiel que la construction d’une culture maternelle pouvait offrir pour sortir les femmes de la marginalité dans le cadre des systèmes patrilinéaires. Veuve, octogénaire, rescapée de la peste noire, dame Gemma, « la vieille dame, bon témoin », se souvient et entre dans le livre de son fils en tant que mère. Seul le lien maternel lui donne le droit de se souvenir, d’être nommée à l’intérieur de la transmission culturelle de la mémoire du lignage.
22Lytton Stratchey commençait son livre Eminent Victorians par une réflexion sur le style intellectuel – direct, scrupuleux, cumulatif- avec lequel le chercheur enquête sur le passé, en suggérant aux historiens d’adopter a subtler strategy. Il faut attaquer le passé en frappant in unespected places, observait-il avec élégance. Ce n’est que comme cela, en illuminant d’un coup d’un faisceau de lumière un fait jusqu’alors ignoré – un « compte qui ne tourne pas rond », pourrions-nous dire – que l’historien parvient à donner une « vision » et non pas la « perfection placide » dans laquelle souvent l’écriture scientifique de l’histoire se banalise. Ce que Christiane Klapisch-Zuber nous a donné, ce qui reste dans l’imagination outre que dans la recherche, c’est une vision peuplée de figures féminines unheimlich, qui ont irrémédiablement dérangé la perfection placide d’un Quattrocento doré, suscitant une certaine inquiétude et le désir d’aller plus loin.
Notes de bas de page
1 C. Klapisch-Zuber, « Introduzione », dans Ead., La famiglia e le donne nel Rinascimento a Firenze, Rome-Bari, 1988, p. v.
2 Villa I Tatti, The Harvard University Center for Italian Renaissance Studies, Florence.
3 I. Chabot, « “La sposa in nero”. La ritualizzazione del lutto delle vedove florentine (secoli xiv-xv) », Quaderni storici, n.s., 29, n° 86 (1994), p. 421-462 ; Ead., « Risorse e diritti patrimoniali », dans Il lavoro delle donne, A. Groppi éd., Rome-Bari, 1996 (Storia delle donne in Italia, 2), p. 47-70 ; I. Chabot et M. Fornasari, L’economia della carità. Le doti de ! Monte di Pietà di Boloyna (secoli xvi-xx), Bologne, 1997 ; I. Chabot, « Seconde nozze e identité materna », dans Tempi espazi di vita femminile tra Medioevo ed età moderna, Bologne, S. Seidel Menchi, D. Quaglioni et A. Jacobson Schutte éd., 1999, p. 493-523 ; D. Lombardi, Matrimoni di antico regime, Bologne, 2001 ; S. Cavallo, Charity and Power in Early Modem Italy, Cambridge, 1995 ; Widowhood in Medieval and Early Modem Europe, S. Cavallo, L Warner éd., Londres, 1999 ; G. Calvi, Il contratto morale. Madri e figli nella Toscana moderna, Rome-Bari, 1994 ; Le ricchezze delle donne. Diritti patrimoniali e poteri familiari in Italia (xiii-xix secc.), G. Calvi et I. Chabot éd., Turin, 1998 ; M. Palazzi, Donne sole, Milan, 1997 ; G. Pomata, « Legami di sangue, legami di seine. Consanguineità e agnazione nel diritto romano », Quaderni storici, n.s., 29, n° 86 (1994), p. 299-334 ; Madri. Storia di un ruolo sociale, G. Fiume éd., Venise, 1995 ; Storia délia maternità, M. D’Amelia éd., Rome-Bari, 1997 (Storia delle donne in Italia, 4) ; I. Fazio, « Percorsi coniugali nell’Italia moderna », dans Storia del matrimonio, M. De Giorgio et C. Klapisch-Zuber éd., Rome-Bari, 1996 (Storia delle donne in Italia, 3), p. 151-214 ; Proprietarie, A. Arru, L. Di Michele et M. Stella éd., Naples, 2001 ; G. Zarri, Recinti. Donne, clausura, matrimonio nella prima età moderna, Bologne, 2000.
4 A. Farge, « Pratica ed effetti della storia delle donne », Memoria, n° 9 (1983), p. 66-78.
5 L’article « Le complexe de Griselda », paru en 1982 dans les Annales, était bien connu et il allait être publié en traduction italienne dans le volume publié par Laterza ; en 1985 paraissait « Compérage et clientélisme » dans la revue Ricerche storiche.
6 L. Accati, « Introduzione », Quaderni storici, n.s., 15, n° 44 (1980), p. 333-345 [Parto e maternità. Momenti della biografia femminile, L. Accati, V. Maher et G. Pomata éd.].
7 Investe tutti i loro [di uomini e donne] modi di essere e di pensare. Le due sessualità intervenigono in tutto l’arco dell’esistenza influenzandosi reciprocamente e la diversità della strada indicata a uomini e donne deve essere ripercorsa puntualmente da chi voglia capire complessivamente il senso della vita quotidiana (ibid., p. 335).
8 M. D’Amelia, « Démographie historique et condition féminine », Memoria, n° 5 (1982), p. 170-172.
9 L’attenzione dedicata alla donna sola è recente, è femminile per eccellenza, è ascrivibile al catalogo delle coraggiose innovazioni della storia delle donne. Il libro lo dice ton chiarezza : gli interrogativi del movimento femminista hanno portato luci e illuminazioni sul tema in questione [...] Quindi ecco la nuova solitudine, Jatalmente a noi contemporanea. [...] È vero come dicono Farge e Klapisch-Zuber, che loro come noi, noi corne loro e come moite donne nel nostro tempo, abbiamo attraversato tempi di solitudine, o scelto fra vari tipi di solitudine. Da qui la volontà deliberata e appassionata di parlare delle donne sole, di stabilire che è tempo che siano “viste” dalla storia. (M. De Giorgio, compte rendu de Madame ou Mademoiselle ? Itinéraires de la solitude femminine, 18e-20e siècle, A. Farge et C. Klapisch-Zuber éd., Memoria, n° 9 (1983), P-134-136-
10 « Patroni celesti per bambini e bambine al momento del battesimo (Firenze secc. xiv-xv) », dans Ragnatele di rapporti. Patronage e reti di relazione nella storia delle donne, L. Ferrante, M. Palazzi et G. Pomata éd., Turin, 1988, p. 191-200.
11 Women, Family and Ritual in Renaissance Italy, Chicago, 1985.
12 « Zacharie ou Le père évincé : Les rituels nuptiaux toscans entre Giotto et le concile de Trente », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 34/6 (1979), p. 1216-1243 ; « Une ethnologie du mariage au temps de l’humanisme », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 36/6 (1981), p. 1016-1027.
13 A. Farge, « Pratica ed effetti della storia delle donne », Memoria, n° 9 (1983), p. 66-78. En 1986, les Annales accueillaient un long essai de bilan critique sur l’historiographie des femmes signé par un groupe d’historiennes auquel appartenaient, entre autres, Arlette Farge, Christiane Klapisch-Zuber, Cécile Dauphin, Geneviève Fraisse et al., « Culture et pouvoir des femmes », dans Annales. Économies, sociétés, civilisations, 41/2 (1986), p. 271-293.
14 D. Herlihy, « Foreword », dans C. Klapisch-Zuber, Women, Family and Ritual..., op. cit., p. VII-XI.
15 La famiglia e le donne nel Rinascimento fiorentino (D. Owen Hughes), Quaderni storici, n.s., 24, n° 7i (1989), p. 629-634.
16 Ibid., p. 641-646.
17 Ibid., p. 646-651.
18 Rivista storica italiana, Nuova rivista storica, Quaderni medievali, Studi medievali, Società e storia, Archivio storico italiano, Memoria, DWF. DonneWomenFemmes.
19 Storia delle donne in Occidente, G. Duby et M. Perrot dir., t. 2 : Il Medioevo, C. Klapisch‒ Zuber éd., Roma-Bari, 1990.
20 Storia del matrimonio, M. De Giorgio et C. Klapisch-ZUBER éd., Roma-Bari, 1996 (Storia delle donne in Italia, 3).
21 La Société italienne des historiennes (SIS) a été fondée en 1989 (www.societadellestoriche.it).
22 « Erede abusiva, vedova avida, madre crudele. Donne florentine nel Rinascimento » (cinquième édition de la Scuola estiva di storia delle donne (18-30 juillet 1994) intitulée « Donne cattive, cattive donne »).
23 « Un salario o l’onore : come valutare le donne florentine del xiv-xv secolo », Quaderni storici, n.s., 27, n° 79 (1992), p. 41-49.
24 R. Ago, M. Palazzi et G. Pomata, « Premessa », Quaderni storici, n.s., 29, n° 86 (1994), p. 293-298, p. 293 [Costruire la parentela. Uomini e donne nella definizione dei legami familiari, R. Ago, M. Palazzi et G. Pomata éd.].
25 Quaderni storici, n.s., 29, n° 86 (1994), p. 405-420.
26 Ibid., p. 415.
27 Ibid., p. 417.
Auteurs
Université de Trieste
Institut universitaire européen, Florence
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