Les débats relatifs à la clôture des moniales aux xviie et xviiie siècles
Discours croisés entre deux mondes
Debates about the enclosure of nuns in the Seventeenth and Eighteenth centuries
p. 261-274
Résumés
L’expression clausura monialium et le vocabulaire convoqué pour en justifier les raisons et en déterminer les modalités d’application s’apparentent parfois à l’univers carcéral, et l’on retrouve, sous la plume des intéressés – moniales et autorités compétentes – comme dans les commentaires tenus à leur propos, des allusions favorables ou critiques à cette analogie, stimulante pour les uns, terrifiante pour d’autres. Le débat sur la clôture bat en effet son plein au lendemain du concile, suscitant pour longtemps autant d’engouements passionnés que de vives oppositions. Tandis que les théoriciens tentent d’imposer leurs points de vue et les supérieurs de composer sur le terrain, les destinataires disposent des règlements... selon les circonstances et leur état d’esprit. On envisage ici quelques témoignages issus du monde francophone des xviie et xvme siècles.
The expression clausura monialium and the vocabulary used to justify this practice and to determine its application was sometimes similar to the vocabulary of prison world. We find favourable or disapproving judgments of this analogy among nuns or ecclesiastical authorities, or within the commentaries about nuns. The debate about the enclosure was at a peak in the period after the council of Trent and it aroused passions and strong objections for a long time. Whereas theoreticians tried to impose their point of view and superiors to compromise in the field, nuns used the rules according to the circumstances and to their frame of mind. The paper considers some cases in the French-speaking world of the 17th and 18th centuries.
Texte intégral
1S’il est un sujet de préoccupation des réformateurs catholiques au xviie siècle, c’est bien celui de la clôture des moniales, article de discipline qu’il semble urgent d’imposer ou de réimposer à toutes les communautés de religieuses à vœux solennels, conformément au 5e décret de la 25e session du concile de Trente1, lui-même inscrit dans le prolongement de la décrétale Periculoso (1298)2. Juste avant de se séparer, en décembre 1563, les Pères tridentins avaient débattu des mesures à prendre pour réformer les ordres religieux. Les principales mesures visaient à garantir la liberté d’engagement dans la vie religieuse et à restaurer une discipline que la plupart des réguliers étaient soupçonnés d’avoir négligée. Selon les réformateurs, le rétablissement de la régularité dans les couvents féminins dépendait avant tout de l’observance scrupuleuse de la clôture, sous la haute surveillance des évêques. L’installation ou le transfert des communautés de religieuses au cœur des villes devait permettre d’ajouter l’enceinte urbaine à la succession de dispositifs – murs, cellules, portes, grilles, rideaux, voiles...– supposés les protéger du monde et sauvegarder leur vertu. La présence de ces citadelles de prières, inaccessibles aux mortels, seraient ainsi des signes visibles aux yeux de tous de la proximité du Royaume et du triomphe de l’Église. Par la suite, les projets de réforme comme les créations de nouveaux instituts inscriront systématiquement l’imposition de cet article de discipline comme préalable. Il semblait donc impératif de procéder à l’enfermement systématique de toutes les femmes consacrées, quel que fût leur projet de vie.
2L’expression clausura monialium et le vocabulaire convoqué pour en justifier les raisons et en déterminer les modalités d’application s’apparentent parfois à l’univers carcéral et l’on retrouve, sous la plume des intéressés – moniales et autorités compétentes – comme dans les commentaires tenus à leur propos, des allusions favorables ou critiques à cette analogie, stimulante3 pour les uns, terrifiante pour d’autres4. Le débat sur la clôture bat en effet son plein au lendemain du concile, suscitant, pour longtemps, autant d’engouements passionnés que de vives oppositions. Tandis que les théoriciens tentent d’imposer leurs points de vue et les supérieurs de composer sur le terrain, les destinataires disposent des règlements... selon les circonstances et leur état d’esprit5. On envisagera ici quelques témoignages issus du monde francophone des xviie et xviiie siècles.
Quelques traités sur le sujet
3Dans son Traitez de la closture des religieuses, paru en 1629, le récollet Florent Boulenger prétend qu’il ne suffit pas d’être vierge et « sanctimoniale de vœux », encore faut-il être « enfermée, solitaire et séquestrée de la communication et hantise des externes6 ». Si son argumentaire joue de la notion d’enfermement, il évite celle d’emprisonnement, sauf à propos des opposantes pour qui la clôture est une « prison odieuse et sans mérite7 », et privilégie le thème de la nécessaire sauvegarde de l’integritas virginium, que seule la clôture peut garantir. Un demi-siècle plus tard, Jean-Baptiste Thiers, dans un ouvrage sur le même sujet8, en recommande vigoureusement la plus stricte application, « la virginité estant quelque chose de si délicat et de si fragile, que la moindre atteinte qu’elle reçoit est capable [d’en] ternir l’éclat et le lustre9 ». Pour ces ecclésiastiques, le substantif « sanctimoniale », désignant « une sainte femme, pure, impollue, consacrée et dédiée à Dieu, en qualité de fille, sœur et espouse, solitaire et séparée de la veuë et communication de tous externes et séculiers de l’un et l’autre sexe », « signifie la clôture », qui constitue, donc, « la chose la plus convenable et nécessaire pour maintenir [la religieuse] en l’estat mentionné10 ».
4Les images de la forteresse ou du port d’attache renforcent la représentation de cet espace clos comme étant la meilleure sauvegarde d’une vertu, que la religieuse, du fait de sa faiblesse congénitale, ne peut préserver par elle-même des agressions extérieures11. Telle une pierre précieuse qu’il convient d’enfermer dans un coffre « bien fermé à clé, enfermé dans un fort-château encore bien fermé12 », la religieuse cloîtrée se trouve doublement protégée par l’engagement de ses vœux et le respect de la clôture. Place de sûreté, le cloître sert aussi de cadre privilégié pour la rencontre avec Celui qui ne souffre aucun rival. Il s’agit de se conformer au désir d’un Dieu jaloux qui souhaite se réserver de manière exclusive les faveurs d’une épouse devenue « jardin, desjà clos et fermé à tous autres par le vœu de virginité et de chasteté et puis encore enclos et enfermé dans les murs de closture [de manière] à ce que personne ne voye ce iardin renfermé ou deux fois fermé13 ».
5S’il n’est point explicitement question de prison dans ces publications, il importe tout de même que les murs de clôture empêchent aussi bien les religieuses d’en sortir que les extérieurs d’y entrer. Le chanoine Sébastien Cherrier soutient encore vigoureusement cette proposition en 1764 :
« Si la vertu naturelle à leur sexe retient les femmes mariées, [...] renfermées dans leur domestique [...], à plus forte raison les Filles consacrées à Dieu par les vœux solennels de religion, n’aiant rien à faire au-dehors, doivent-elles rester dans la retraite et le silence. Cela est nécessaire à leur sanctification et pour l’édification publique et même pour prévenir les chutes et les scandales14. »
6Le salut de ces femmes dépend donc de leur strict enfermement. Les auteurs reprennent à leur compte le thème éculé de la fuite du monde pour les en convaincre : « Qu’elles se fortifient hors du monde contre le monde et qu’elles se mettent à couvert de toutes les tentations criminelles qui leur peuvent venir du dehors15. » L’histoire, mais aussi le droit et l’autorité de l’Église sont convoqués pour fournir, preuves à l’appui, autant d’arguments qui donnent du poids à ces injonctions. De tout temps, le respect de cet article de discipline a porté ses fruits. A contrario, et les auteurs multiplient les exemples, son inobservance a provoqué des catastrophes.
« Ceste closture et obéyssance [met] fin aux désordres que telles moniales apportent et causent par leurs courses, mondanitez, despenses et scandales qui font ruisseler tand de larmes des gens de bien. Elles causeront par leur meilleure vie, closture et obéyssance, tout bien et bénédiction au Royaume et édification au prochain16. »
« Tout le monde, enfin, verra que l’Église en ordonnant la clôture à toutes les religieuses sans exception, ne peut être accusée d’injustice ou d’une excessive sévérité, mais que ses loix sont toujours très-sages, que les religieuses en les observant exactement se mettront à l’abri de beaucoup de dangers et que rien ne contribuera davantage à leur faire goûter en religion les délices de la paix et de l’union qui sont le principal agrément des sociétés chrétiennes17. »
7Peu de considérations purement spirituelles, en revanche, dans ces traités essentiellement destinés à préciser, une fois la justification canonique de cette règle suffisamment étayée, les modalités d’application de la clôture active et passive régulant les relations réciproques entre le cloître et le monde. En 1764, Cherrier, qui reproduit, quasi mot pour mot, le traité de Thiers, le complète de longues considérations sur « la forme des bâtiments réguliers et la construction des parloirs, du chœur, de la sacristie, des tours, des portes et des greniers, autant qu’il est nécessaire pour l’observance d’une clôture exacte ». Tous admettent toutefois qu’il ne s’agit pas tant de déployer un arsenal de dispositifs matériels propres à contraindre les religieuses dans une stricte observance qu’à les encourager à cultiver un état d’esprit, qui leur fasse goûter les bienfaits d’un enfermement volontaire18. Cherrier estime en conclusion que « ce serait [...] trop peu pour remplir leurs engagements d’être environnées de murs qui les empêchent de voir les personnes du siècle et d’en être vues ; il faut que leur esprit et leur cœur en soient également séparés et qu’elles se regardent comme mortes au monde avec Jésus-Christ19 », usant ainsi d’une autre métaphore, à laquelle nombre de guides spirituels ont recours dans leurs adresses aux futures religieuses : le cloître n’est pas tant une prison qu’un « sépulchre, où il faut entrer avec allégresse20 ».
Exigences normatives
8À ces traités, dont les éditions s’échelonnent sur près d’un siècle et demi, s’ajoutent les injonctions reproduites dans les textes normatifs destinés à réformer les anciennes maisons ou à régler le quotidien des nouveaux instituts. Le sujet n’occupe toutefois pas la première place dans l’énoncé des observances, qui accorde la priorité au respect des trois vœux, à la célébration des offices et à la vie en communauté. La question de la clôture est abordée ensuite, sous des rubriques propres, mais aussi aux nombreuses pages destinées à réguler les relations inévitables d’une communauté avec l’extérieur. Selon les cas, les auteurs se contentent de recommandations générales ou se complaisent dans un raffinement de précisions relatives à l’épaisseur et à la hauteur des murs, au nombre de portes, grilles et barreaux, à l’opacité des vitres et des rideaux, à la texture des voiles et à la dissimulation rigoureuse des silhouettes, à la dimension des ouvertures tolérées pour l’administration des sacrements, au fonctionnement des tours et guichets, à la fréquentation des parloirs, aux règles de comportement, de maintien et de conversation lors des entrevues autorisées avec les étrangers21...
9À la faveur de cette série de barrières imposées qui, du mur d’enceinte aux vêtements enveloppants, s’emboîtent et se resserrent autour des cloîtrées, l’idéal de leur enfermement le plus strict semble pouvoir être atteint, sous la surveillance efficace d’agents coercitifs. Ces chapitres, qui menacent les contrevenant(e) s des plus lourdes peines, peuvent en effet laisser les lecteurs persuadés de la réalité d’une contrainte oppressante, doublée d’une répression sans merci. Mais d’autres pages, tout aussi normatives, laissent déjà entrevoir la possibilité d’une clôture moins hermétique qu’il n’y paraît, moyennant toutefois l’approbation des autorités religieuses. La plupart de ces coutumiers abordent la question des permissions de sorties ou de visites, les exceptionnelles, prévues par Periculoso, mais aussi d’autres, entourées, il est vrai, de sévères précautions. Et l’on peut alors mesurer combien peuvent varier les modes de vie autorisés, sous couvert d’un vocabulaire identique. Ainsi des statuts inédits, rédigés à l’intention de chanoinesses régulières établies à Liège en 1627. Appelées par leur fondateur, un théologien patenté, à partager « l’esprit commun aux autres religions, receues et approuvées par le Sainct-Siège apostoliq[ue], sçavoir de vivre en obédience, sans propre, en chasteté, et sous une clôture estroite22 », ces augustines sont, dans le même texte, autorisées à sortir, moyennant l’adoption d’un comportement réservé. « Sur les rues, [elles] n[e s]’arrêteront aucunement, tant que faire se pourra, ne regarderont çà et là, mais, les yeux honnestement abbaissez, procéderont avec une sincère et non pas affectée modestie et dépêcheront leurs affaires au plus tost qu’il leur sera possible, afin de vistement retourner à la maison23. » Si les législateurs aiment à se montrer intransigeants, ils n’excluent nullement les possibilités de dérogations et s’emploient à distinguer les raisons valables ou irrecevables qu’auraient les religieuses d’entrouvrir leurs portes. Ils restent toutefois intraitables sur la question de la juridiction de la clôture, qui revient aux évêques, voire aux supérieurs réguliers, mais en aucun cas aux religieuses, « à raison de la gravité et importance très grande de la chose, laquelle, pour ce subject, la saincte Église et les souverains pontifes n’ont voulu confier au iugement trop fresle d’une femme24 ».
Des agents sur le terrain
10L’insistance avec laquelle les réformateurs du xviie siècle reviennent sans cesse sur le bien-fondé de la clôture laisse toutefois supposer l’ampleur des résistances et le nombre des infractions. Thiers en fait le triste constat en 1681, l’associant, sans nuance, avec celui d’une dépravation morale de la société. Avant lui, bon nombre d’agents zélés de la réforme se sont déjà répandus en lieux communs sur l’inconduite des religieuses dans le monde comme dans le cloître et sur la négligence des supérieurs commis à leur direction. D’où les mesures prises lors du concile pour redresser la situation, avec une mission particulière confiée aux évêques, et non plus aux réguliers, jugés incompétents.
11Ces derniers ne renoncent pas pour autant et font croisade eux aussi en faveur d’un enfermement rigoureux de leurs filles. Ainsi les cisterciens, alors décriés pour avoir trop souvent fermé les yeux, statuent-ils à plusieurs reprises en ce sens, entre 1601 et 162325, alors que l’abbé de Cîteaux Nicolas II Boucherat ordonne aux abbés chargés de la cura monialium « d’establir la closture reguliere en tous [les] Monastères de filles religieuses où elle seroit relâchée ou dépérie et [de] la conserver en ceux où elle seroit encore en esta et vigueur, afin d’obvier aux divers inconvéniens, abus et désordres que l’expérience journalière [lui] a faict (à [son] très grand regret) cognoistre arriver dans les dits monastères à faute de la sainte Clausure26 ».
12Là encore, sous cette plume masculine, la corrélation semble inévitable entre non-respect de la clôture et comportements désordonnés. Ces gens d’Église en sont pour une bonne part convaincus, la religieuse hors de son cloître renoue avec les mauvais penchants de la gent féminine et résiste mal aux tentations : elle est « comme une pierre hors de son centre, [...] un arbre hors de terre, [...] un poisson hors de l’eau, [...] une brebis hors de sa bergerie, [...] un oiseau hors de son nid [...] une grenouille hors de son marais [...] un mort hors de son tombeau, qui infecte les personnes qui s’en approchent et, par conséquent, dans un état tout à fait opposé à la vie régulière qu’elle a embrassée27 ». Sa présence dans le monde est source de scandale pour le bon peuple, « ne pouvant s’empescher de penser et soupçonner mal de celles qu’ils voyent ainsi vagabonder28 ». Les clercs redoutent tout autant l’introduction de personnes étrangères dans les limites de la clôture et ses effets pernicieux sur des religieuses incapables de se garder par elles-mêmes : détournées « de leurs exercices de piété et de l’application continuelle qu’elles doivent avoir à Dieu [...] », elles courent le risque de mettre en péril leur virginité, cette « divine vertu ». « L’esprit des gens du monde est un esprit de tumulte, d’oisiveté, de joye, de plaisir, de divertissement, de tiédeur, qui ne peut guères s’accorder avec l’esprit de la religion, qui est un esprit de paix, de silence, de mortification, de pénitence, de ferveur29. »
13Et pourtant, sur le terrain, certains acceptent de composer. Aussi, après d’officiels rappels à l’ordre, laissent-ils à leurs filles certaines latitudes. Il ne s’agit plus tant de les contraindre à un strict enfermement que de soumettre leurs possibilités de déroger aux règlements à l’autorité masculine, qui se réserve le droit d’en décider. Après sa visite régulière chez les cisterciennes du Namurois en 1683, François Libert, vicaire général de l’ordre pour les Pays-Bas méridionaux, rappelle que « l’on ne pourrat plus sortir du monastère sans expresse permission du père commissaire, tant la dame Abbesse que les religieuses. Il serat cependant permis à la dame Abbesse de pouvoir vacquer aux affaires de sa maison, quand elles ne pourront être faites que par elle ; le tout se ferat par l’adveu au père commissaire. Quant aux religieuses, elles pourront sortir l’espace de quinze iours touts les ans, avec la permission du père commissaire et la bénédiction de la dame Abbesse30 ».
14Certains tolèrent donc l’entretien de relations plus ou moins suivies avec l’entourage. Si les règles imposent une rupture radicale entre le monde et le cloître, il est bien évident que les religieuses maintiennent des contacts réguliers avec leurs familles, non sans conséquences, heureuses ou funestes, pour le destin des communautés. Les séculiers, depuis les princes jusqu’aux simples sujets, ne manquent pas non plus de s’intéresser au devenir des établissements conventuels, non seulement pour ce qu’ils représentent dans le paysage économique et social d’une région, mais aussi pour ce qu’ils symbolisent sur le plan religieux. Et certains ne se privent pas de vouloir s’immiscer dans l’administration d’une maison, y compris en matière de régularité ou de spiritualité, que ce soit pour susciter ou encourager une initiative, cautionner une situation ou contrecarrer un changement. Enfin, les clercs eux-mêmes se pressent aux portes des couvents pour offrir services en tout genre, restant entendu que la plus cloîtrée des communautés féminines ne peut prétendre se passer de la nécessaire médiation du prêtre, ni de l’autorité d’un supérieur masculin. Quant aux moniales elles-mêmes, il leur arrive de franchir l’enclos tant pour les nécessités spirituelles ou temporelles du groupe – consultation d’hommes de loi, transactions financières, négociations diplomatiques...– que pour satisfaire aux intérêts privés – affaires familiales, entretiens spirituels, soins de santé, etc. Sans compter toutes les religieuses qui, dans l’exercice de leur apostolat d’enseignantes ou d’hospitalières, sont tenues de rencontrer leurs bénéficiaires.
15L’enjeu du débat sur la clôture se situe dès lors dans la capacité à réguler au mieux, selon les aspirations et les circonstances, les relations réciproques entre le monde et le cloître, tout en restant cohérent avec le projet du groupe et les attentes de la société. Les avis sont multiples sur le sujet, les cas de figure aussi. Certains demeurent convaincus de la nécessité d’enfermer toutes ces femmes pour garantir le maintien de l’ordre moral et restaurer la réputation de l’Église. Des clercs contestent même la notion d’apostolat pour des femmes, nécessairement exclues du sacerdoce, qu’il serait inconvenant d’envoyer en mission au-dehors31. Mais d’autres perçoivent aussi combien ces mesures d’enfermement peuvent sembler rebutantes et injustes si l’on ne met en exergue de plus convaincants objectifs. Tout en condamnant les politiques familiales à l’origine des vocations forcées, les agents de la réforme tridentine consacrent toute leur énergie à promouvoir les projets de vie consacrée, avec des discours censés convaincre les futures candidates de l’excellence de l’état religieux32. S’il est toujours question de se mettre à l’abri du péché, on insiste davantage sur de plus exaltantes finalités assignées à la clôture.
« L’Institut des Annonciades célestes ayant pour objet d’honorer les grandeurs divines abaissées dans l’Incarnation du Verbe, les âmes que Dieu choisit pour cette fin, il les sépare du monde & de tout commerce avec les créatures, & non contentes de leur étroite clôture, elles se bâtissent elles-mêmes des solitudes spirituelles pour se renfermer encore davantage, imitant ce verbe adorable lequel n’a pas eu horreur de se renfermer l’espace de neuf mois dans les flancs virginals de la Vierge33. »
16À cette fin, les biographes de religieuses exemplaires se répandent en commentaires sur les bienfaits d’une retraite absolue, témoignages à l’appui : « Dans cette solitaire retraite où [Françoise de Nerstang] demeuroit enfermée, comme ludith dans son oratoire avec ses Filles, [...] la Piété et le Silence faisoient leur séjour avec elles, la Modestie y présidoit, le caquet et les vains entretiens du monde en estoient bannis34. »
17Mais les résultats ne répondent pas toujours aux espérances d’autorités rarement satisfaites quand elles s’expriment du haut de leurs chaires et non depuis les lieux de vie. À côté des manifestations de bonne volonté, voire même d’engouements de nombreuses communautés, des foyers d’opposition farouche ou, plus souvent, de simple tiédeur persistent effectivement, au grand dam d’ecclésiastiques toujours enclins à dramatiser. Les raisons sont multiples. Les familles des religieuses, soutien financier de leurs maisons, renoncent rarement à ce qu’elles estiment être un droit de regard sur leur progéniture et s’imposent donc dans les hôtelleries, voire en clôture. Les communautés se disent souvent dans l’obligation d’entretenir de bonnes relations avec un entourage susceptible de les seconder, au spirituel comme au temporel, et redoutent un isolement total qui les fragiliserait. Certaines légitiment la transformation de leurs cloîtres en hauts lieux de sociabilité par les influences bénéfiques qu’elles exercent sur leurs interlocuteurs. D’autres invoquent les missions d’enseignement ou de soins qui leur sont confiées par les municipalités et qui cadrent mal avec les exigences d’une retraite absolue. D’autres encore invoquent les trop lourdes dépenses qu’occasionnerait la mise en place des éléments matériels nécessaires.
Voix de femmes
18L’avis des femmes sur le sujet se décline donc selon des modes tout aussi variés. Un engouement évident se manifeste chez les réformatrices au début du xviie siècle. L’esprit de retraite séduit et donne des ailes à des femmes de caractère, éprises d’absolu. Et l’on pense d’emblée à la fameuse « Journée du guichet » du 25 septembre 1609, qui met en scène la jeune mère Angélique Arnauld se libérant de l’emprise parentale, préalable indispensable, selon elle, au rétablissement de la régularité à Port-Royal35. « La grande difficulté était pour établir la clôture, ayant affaire pour cela aux séculiers, et surtout à mon père et à ma mère, qui ne voulaient, en façon du monde, subir cette loi. » La colère du père fait grand bruit dans tout Paris. Les familles ne sont pas tant traumatisées de la contrainte par corps recherchée par leurs filles qu’irritées de se voir exclues de ces lieux dont elles espèrent profiter à divers titres. Les communautés les plus régulières suscitent à ce sujet des commentaires désobligeants. En 1622, l’arrivée, à Paris, des annonciades célestes36, particulièrement attachées au plus strict renfermement, fait jaser.
« On [...] disoit à [la prieure] que le sien [monastère] seroit bienheureux si jamais elle n’y estoit venue, parce qu’elle estoit la principale cause qui empeschoit tout l’entretien que les personnes du monde pouvoient avoir avec leurs parentes et les filles de leur connoissance. On poursuivoit à demander à quoy estoit bonne cette rigueur ennemie de toute honneste conversation, comme si des religieuses avoient besoin de ces affreuses solitudes pour observer leurs règles et comme si d’autres n’estoient pas aussi régulières et aussi ferventes qu’elles, sans toutes ces fantaisies et ces superstitions inventées de nouveau37. »
19Mais les réformatrices tiennent bon et voient dans ces mesures le moyen de sanctifier leurs filles, d’édifier le prochain, mais aussi de se réserver un espace privé où jouir d’une certaine autonomie et exercer leur propre autorité, à l’abri des pressions extérieures. Ainsi, parmi les mesures imposées au Val-de-Grâce, Marguerite d’Arbouze fait « fermer toutes les portes avec des cadenats » et réduit au minimum les entretiens des bénédictines avec leurs directeurs spirituels, estimant inutile de distraire un « bon Père [...] de son estude, de son oraison, lecture ou silence, pour satisfaire à une fille, qui aussi à raison de sa curiosité, et non nécessité, perdra les heures de la saincte régularité ». Aussi soutient-elle avec aplomb qu’il leur suffira d’entendre ses propres paroles puisqu’« ouyr la supérieure est [aussi] ouyr Dieu38 ». On retrouve chez d’autres religieuses une sévérité identique à celle des clercs à l’encontre des « misérables monastères, où la porte est ouverte aux séculiers pour y entrer et aux religieuses, pour sortir quand il leur plaît ! Porte de l’Enfer [...] je le dis, les yeux pleins de larmes sur les occasions dangereuses où l’on expose les servantes de Dieu, qui lui sont si saintement et si inviolablement consacrées39 ». Seules la retraite garantie par l’observance scrupuleuse des règles et une véritable mise à l’écart des agitations du monde offrent, selon elles, le cadre indispensable à une vie de prière authentique40. Leur attachement à la retraite les pousse à concevoir des bâtiments dont l’agencement garantit une parfaite étanchéité et affiche aux yeux du monde leur grandiose renoncement41, alors que d’autres, moins rigoristes, supportent une certaine porosité, voire l’entretiennent, au gré des ouvertures pratiquées dans les murs42.
20Les discours féminins ne sont en effet pas unanimes à propos de la clôture, pas plus que les usages d’ailleurs. Certaines la franchissent allègrement sans trop se poser de questions, suscitant les propos vengeurs d’un Thiers ou d’un Cherrier. Mais certaines argumentent à leur façon et rejettent les accusations selon elles calomnieuses. On rappellera ainsi l’attitude audacieuse des cisterciennes du diocèse de Liège qui, à la fin du xviie siècle, renâclent à faire de la clôture un « quatrième vœu » et à se contraindre à un strict enfermement, mais refusent tout autant d’être accusées, pour ces raisons, de comportements indécents.
« Il est inouy que l’on ay iamais parlé d’aucun désordre arrivé dans aucunes de nos Abbayes, les Religieuses ne sortent pas de leurs enclos sans la permission expresse de leurs abbesses ou supérieurs, elles sont cloistrées et asservies aux services divins qui se sont toujours faits avec exactitude et dignité. »
21À l’autorité épiscopale persuadée que la ferveur et la régularité d’une communauté dépendent fondamentalement de l’imposition sans conditions de la clôture, matérialisée par des grilles et surveillée par une instance masculine, les cisterciennes, loin d’être désinvoltes, osent rétorquer :
« Ce ne sont pas les grilles qui font la closture mais l’assuetissement de ne pouvoir sortir sans permission hors de nos Abbayes qui sont toutes fermées de murailles qui font la closture, que suivant les climats et les tempéraments des pays, les clostures sont plus ou moins fortes, qu’en Espagne l’on y grille iusques aux clochers, en France l’on se contente des parloires mais qu’au Pays Bas la simple volonté assuiettie par les veux de chasteté et d’obéissance suffit pour rendre plus exactes et vertueuses les religieuses que toutes les grilles d’Espagne et d’Italie43. »
22Les cisterciennes parviendront, non sans mal, à maintenir cet usage d’une clôture mitigée. Pourtant, une de leurs revendications restera sans effet : la juridiction de cet article par les abbesses. En revanche, leur obstination leur vaudra de faire triompher, dans les faits, l’idée d’une plus grande diversité de projets contemplatifs, soumis à des règles de clôture adaptées en conséquence.
23La confrontation des discours révèle donc l’intensité des débats au sujet d’un article de discipline, présenté par les uns comme condition sine qua non du salut des religieuses, du bon fonctionnement des couvents et de la réputation de l’Église, et ressenti par d’autres comme composante importante d’une vie régulière, mais susceptible d’interprétations multiples, en fonction des circonstances et des besoins spirituels. Des constantes s’observent dans les prises de parole des intéressées : toutes sont sensibles au thème de la retraite, mais la clôture énoncée en termes de réclusion et d’enfermement rencontre moins d’adhésion, au contraire d’arguments spirituels qui leur proposent des lieux intimes et secrets de rencontre avec le divin. Enfin, si certaines moniales affichent une détermination peu commune face aux clercs, pour se réserver des possibilités de contacts avec le monde extérieur, elles réussissent moins bien leur émancipation vis-à-vis de leur entourage, dont la présence peut être pesante. Et le paradoxe semble vouloir que la clôture stricte devienne alors un moyen efficace pour d’autres de se libérer de tutelles contraignantes et de s’offrir ainsi un espace de liberté intérieure.
Notes de bas de page
1 ConciliumTridentinum, sess. XXVV, De regularibus, c. 5, trad. A. Michel, Histoire des conciles, t. X, Paris, 1938, p. 600-601.
2 E. Makowski, Canon Law and Cloistered Women. Periculoso and its Cotnmentators, 1298-1545, Washington, 1997.
3 « Aussi disoit-elle que la religieuse espouse de Jésus-Christ gardant sa closture estoit le jardin clos [...] dans lequel Jésus-Christ [...] cueilloit les fleurs belles et odoriférantes de pureté et chasteté et dans lequel les religieuses y estans enfermées par des grilles, le Dieu vivant les y regarde d’un œil amoureux [...] », J. Ferraige, La vie admirable et digne d’une fidèle imitation de la B. Mère Marguerite d’Arbouze, ditte de saincte Gertrude, Paris, F. Dehors, 1628, p. 172.
4 « Le couvent est pour une prison mille fois plus affreuse que celles qui renferment les malfaiteurs ; il faut que j’en sorte ou que j’y périsse », D. Diderot, La religieuse, Paris, A. Hiard, 1831, p. 82.
5 C. Torres sanchez, La clausura feminina en La Salamanca del siglo XVII, Domenicas y carmelitas descalzas, Salamanque, 1991. M.-É. Henneau, « La clôture chez les cisterciennes du pays mosan, une porte entr’ouverte... », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 615-633. G. Paolin, Lo spazio del silenzio. Monacazioni forzate, clausura e proposte di vita religiosa femminile nell’età moderna, Pordenone, 1996. U. Strasser, « Cloistering women’s past : Conflicting accounts of enclosure in a Seventeenth-Century Munich Nunnery », dans Gender in Early Modern German History, éd. U. Rublack, Cambridge, 2002, p. 221-246. G. Zarri, « La clôture des religieuses et les rapports de genre dans les couvents italiens (fin xvie-début xviie siècles) », Clio. Histoire, femmes et sociétés, 26 (2007), p. 37-60.
6 Fl. Boulenger, Traitez de la closture des religieuses : leur enseignant l’obligation que toutes y ont ; Pourquoy elles en peuvent sortir ; qui y entrer et avoir accez aux Parloirs. Avec un sommaire de tout, pour celles qui la gardent étroictement, très utils à tous ceux qui ont charge de leur conduite, Paris, D. Moreau, 1629, p. 32.
7 Ibid., p. 83.
8 Voir aussi le traité de J. Gibalin, Disquisitiones canonicae de clausura regulari, ex veteri, & noua iure : operis de scientia canonica specimen, Lyon, P. Prost, Ph. Borde & L. Arnaud, 1648.
9 J.-B. Thiers, Traité de la clôture des religieuses où l’on fait voir par la tradition et les sentimens de l’Église que les religieuses ne peuvent sortir de leur clôture, ni les personnes étrangères y entrer, sans nécessité, Paris, A. Dezallier, 1681, Préface.
10 Boulenger, Traitez de la closture..., op. cit. n. 6, p. 18, 20-21, 28.
11 « La Clôture est leur Sion et leur ville de force, pour user des termes de l’Écriture sainte ; elle est leur sauvegarde, et on peut dire avec grande raison, que leur innocence y est comme dans son fort », Thiers, Traité de la clôture..., op. cit. n. 9, 1681, Préface. « La clôture [...] est une forteresse où elles sont à l’abri des ennemis du dehors et qui sont en très grand nombre. C’est un port assuré où elles ne risquent rien des tempêtes qui agitent sans cesse le monde : si elles en sortent pour se jetter en pleine mer, elles se briseront contre des écueils ou elles seront entraînées par quantité de personnes avec lesquelles elles se noieront », S. Cherrier, Histoire et pratique de la clôture des religieuses selon l’esprit de l’Église et la jurisprudence de France, Paris, G. Desprez, 1764, p. 270.
12 Boulenger, Traitez de la closture..., op. cit. n. 6, 1628, p. 29.
13 Ibid., p. 28. Cf. Cantique des Cantiques, 4, 12.
14 Cherrier, Histoire et pratique de la clôture..., op. cit. n. 11, 1764, p. 2.
15 Thiers, Traité de la clôture..., op. cit. n. 9,1681, Préface.
16 Boulenger, Traitez de la closture..., op. cit. n. 6, 1628, p. 51.
17 Cherrier, Histoire et pratique de la clôture..., op. cit. n. 11,1764, p. XIX.
18 « Les vrayes espouses de Iesus Christ, vrayes filles de la saincte eglise et obéyssantes, s’y enferment non seulement de corps, mais aussi d’esprit et de volonté gaye pour le mieux servir et iouyr de luy plus plainement. Tant s’en faut que la closture leur soit à peine que quand elles verraient les portes ouvertes, elles ne voudraient mettre le pied sur le seuil pour sortir la porte. Les clefs de leur closture sont leur volontaire soubmission au commandement de la saincte eglise et la loy d’icelle leur est ioyeuse comme la Loy, dict sainct Paul, au iuste et non onéreuse », Boulenger, Traitez de la closture..., op. cit. n. 6, 1628, p. 82.
19 Cherrier, Histoire et pratique de la clôture..., op. cit. n. 11,1764, p. 669.
20 Bernardin de Paris, La religieuse dans son cloître où il est traité de l’antiquité de la closture, de sa dignité et sainteté, quel en est l’esprit avec lequel elle doit estre gardée pour la rendre douce, sainte et méritoire et y commencer d’y vivre de la vie des anges comme dans les cieux, Paris, D. Thierry, 1678, p. 114.
21 Constitutions ou règles de sainte Brigitte très-grande servante de Dieu, Douai, Vve M. Wyon, 1635 : p. 43 : « Qu’il n’est licite à aucun d’entrer dans le Monastère », p. 44-45 : « En quels jours et en quelle manière il est permis aux religieuses de parler des personnes séculières par la grille », p. 117-120 : « Du lieu où les religieuses doivent se confesser, communier et parler et du tour du cloistre par lequel on recevra et envoyera les choses nécessaires ». Coustumier et directoire pour les sœurs religieuses de la Visitation Saincte Marie, Paris, S. Hure, 1637, p. 143-146 : « Article XXXVI : De la closture », p. 147-151 : « Article XXXVII : Des grilles du chœur et meubles d’église ». Coustumiers et directoires des religieuses de la congrégation sainct Bernard, Ordre de Cisteaux, Lyon, Vve Muguet et P. Muguet, 1648, p. 63-67 : « Article XIII : ordre du parloir », p. 105-108 : « Article XXI : Annotations sur l’article des constitutions de la closture ». Liège, Arch. de l’État, Couvent des conceptionistes d’Amercœur, n° 7, Constitutions pour les religieuses de l’ordre de l’immaculée Conception de la Vierge Marie, approuvées [...] par les [...] Frères Mineurs Récollects de la province de Flandre assemblez au couvent de Liège, le 8e jour de l’an 1676, chap. 11, fol. 24-27. Liège, Arch. de l’abbaye bénédictine de la Paix-Notre-Dame, Livre contenant les constitutions des religieuses réformées de la Paix Notre Dame à Douai, [...] et des autres religieuses de la mesme reformation qui sont es Pais-Bas, [xviie s.], chapitre 7 : « De la closture et de ce qui appartient à icelle », articles 1 à 7, non paginé.
22 Liège, Arch. de l’évêché, Chronique ou histoire véritable de l’origine, institution & progrès de la congrégation [...] de Notre-Dame des Anges..., 1672, p. 39.
23 Ibid., p. 17.
24 Boulenger, Traitez de la closture..., op. cit. n. 6, 1628, p. 93.
25 Statuta capitulorum generalium ordinis cisterciensis ab anno 1116 ad annum 1786, éd. J.-M. Canivez, t. VII, Louvain, 1939, 1601, XXX, n° 31, p. 240 ; 1605, n° 77, p. 261 ; 1609, n° 51, p. 278. Lille, Arch. départ, du Nord, 27H71, Statuts du Chapitre général de 1618 destinés aux moniales, fol. 12-13 ; Articles de réformation du Chap[it]re g[é]n[ér]al célébré à Cisteaux le 15e de may 1623, fol. 14-19.
26 Lille, Arch. départ, du Nord, 27H71, fol. 3, lettre du 31 août 1624. On trouve écho de cette ordonnance dans de nombreuses cartes de visite adressées aux cisterciennes, M.-É. Henneau, Les cisterciennes du pays mosan. Moniales et vie contemplative à l’époque moderne, Bruxelles-Rome, 1990, p. 416-471.
27 Thiers, Traité de la clôture..., op. cit. n. 9,1681, p. 243.
28 Boulenger, Traitez de la closture..., op. cit. n. 6, 1628, p. 52.
29 Thiers, Traité de la clôture..., op. cit. n. 9, 1681, p. 365-369.
30 Bruxelles, Arch. gén. du Royaume, Conseil privé espagnol, n° 1168, Carte de visite pour les cisterciennes de Marche-les-Dames et celles du comté de Namur, 2 septembre 1683.
31 L. Timmermans, L’accès des femmes à la culture sous l’Ancien Régime, Paris, 2005, p. 529-537.
32 « Si elles entrent en religion pour passer toute leur vie dedans un cloistre, [on peut dire qu’] elles sortent d’entre les bras de leurs pères, du giron de leurs mères, fuyant les délices et la liberté de la vie, pour se renfermer dedans une estroite cellule, se réduire à n’avoir pour toutes compagnies qu’un petit nombre de vierges, se lier de l’indissoluble vœu des vœux, pauvres, subiettes et mortifiées. [...] Nous pouvons opposer à tout cela [...] que, par un heureux eschange, elles se viennent rendre dedans les bras de Jésus-Christ, dans le giron de la Vierge sacrée, parmy les consolations religieuses, iouyssent de la veue du ciel, de la liberté de l’âme, de la beauté de la vertu, de la contemplation des choses divines et de la douceur des plaisirs spirituels », Constitutions des révérendes mères du monastère de l’Annonciade de Gennes, fondées l’année de notre salut 1604, Paris, J. du Val, 1626, Préface.
33 L’oratoire des Annonciades celestes, contenant l’état du verbe incarne’ pendant les neuf mois qu’il a été au ventre virginal de la Sainte Mere. Commençant le vingt-troisième d’octobre jusqu’au jour de sa Sainte-Nativité. Et des pratiques pour l’adorer tous les jours de l’octave..., Bar-le-Duc, R. Riflot, 1686, Préface.
34 Chérubin de Marcigny, Le palais de la sagesse ou le miroir de la vie religieuse, trouvé dans la vie de [...] Françoise de Nérestang, Première abbesse de [...] la Bénisson-Dieu, de l’Ordre de Cisteaux, Lyon, A. Cellier, 1656, p. 71-72.
35 « Relation de la mère Angélique Arnauld », éd. J. Lesaulnier, Chroniques de Port-Royal, n° 41, « La Mère Angélique Arnauld (1591-1661) », Paris, 1992, p. 20.
36 « Outre tous les secours ordinaires, qu’elle n’a pas moins avantageux que les autres religions, [l’Annonciade] a pour moyen qui luy est propre, l’Esprit de séparation du monde, au plus haut degré qui soit possible, duquel la Très Sainte Vierge a donné un exemple incomparable durant toute sa vie, et particulièrement, comme le remarque S. Ambroise, au temps où l’Archange luy apporta la nouvelle du mystère de l’Incarnation, d’où cet Ordre a pris son nom dès sa naissance », F.-A. Spinola, La vie de la vénérable mère Marie Victoire Fornari fondatrice de l’ordre de l’Annonciade de Gêne, dit en France l’ordre céleste, Paris, F. Muguet, 1662, p. 121-122. Les annonciades célestes, chanoinesses régulières de Saint-Augustin, ne doivent pas être confondues avec celles de France fondées par la fille de Louis XI, Jeanne de France.
37 J.-B. de La Barre, La Vie de la vénérable mère Marie-Agnès Dauvaine, l’une des premières fondatrices du monastère de l’Annonciade céleste de Paris..., Paris, E. Michallet, 1675, p. 266.
38 Ferraige, La vie [...] de la B. Mère Marguerite d’Arbouze..., 1628, p. 124-125.
39 Les œuvres de piété de la [...] mère Louise [...] de Ballon, fondatrice [...] des [...] Bernardines Réformées de Savoye..., éd. J. Grossi, Paris, N. Couterot, 1700, 1er partie, p. 46.
40 « Elle souhaitoit quelquefois d’estre dans le fonds des déserts et n’emporter avec elle que ce seul mot écrit par tout Dieu est, c’eust esté assez de matière, disoit-elle pour l’occuper tout le temps de sa vie, sans autre point ny sujet d’oraison », de La Barre, La Vie de la vénérable mère Marie-Agnès Dauvaine..., p. 166.
41 Ainsi des travaux entrepris par les annonciades célestes, lors de chaque fondation, étudiés par Julie Piront, doctorante à l’Université catholique de Louvain.
42 H. Hills, Invisible City. The Architecture of Devotion in Seventeenth-Century Neapolitan Convents, Oxford, 2004.
43 Malines, Arch. de l’archevêché, fonds Cîteaux, Generalia, n° 7, 1699. Voir l’analyse complète du dossier dans M.-É. Henneau, « Monachisme féminin au pays de Liège à la fin du xviie siècle : une vie sub clausura perpetua ? », Revue histoire, économie et société, 3, « La femme dans la ville : clôtures choisies, clôtures imposées », 2005, p. 387-398.
Auteur
Université de Liège
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