Geôles, fosses, cachots..
Lieux carcéraux et conditions matérielles de l’emprisonnement en France à la fin du Moyen Âge
Geôles, fosses, cachots: prison places and material conditions of confinement in late medieval France
p. 169-182
Résumés
Des oubliettes obscures et glacées des châteaux forts jusqu’aux cages de fer où Louis XI enfermait ceux qui s’opposaient à sa tyrannie, la littérature et l’historiographie romantiques ont forgé des prisons médiévales une légende aussi noire que tenace. Résiste-t-elle à l’examen? Pour la France de la fin du Moyen Âge, plus d’une cinquantaine de sites carcéraux précisément décrits voire conservés jusqu’à nos jours permettent un tour d’horizon des principaux dispositifs de réclusion et un aperçu assez précis des conditions matérielles de l’emprisonnement. Cet article s’attache d’abord à décrire les différents systèmes que constituent la geôle ordinaire, la fosse (généralement maçonnée à la base d’une tour, partiellement en sous-sol et uniquement accessible via un oculus sommital), enfin les modes de prévention des évasions que sont l’immobilisation du corps par des ceps et entraves, l’usage des cages carcérales. Il aborde ensuite les conditions matérielles de la vie quotidienne: alimentation, hygiène, aération et accès à la lumière du jour, lutte contre le froid, diversité des régimes carcéraux en fonction des faits reprochés au prisonnier, de son statut social et de son état physique.
From dark and ice-cold oubliettes of castles up to iron cages where Louis XI locked those who opposed his tyranny, romantic literature and historiography forged an as black as tenacious legend about medieval prisons. Does this legend bear examination? With regard to France in the late Middle Ages, more than fifty precisely described or roughly preserved to our days prisons allow an overview of the main devices of imprisonment and a fairly precise outline of the material conditions of imprisonment. This paper intends at first to describe the various systems of reclusion that are the common jail, the pit (generally built at the base of a tower, partly underground) and only approachable via an upper hole, finally modes of prevention of escapes: immobilization of the body by shackles and fetters, the use of wooden or iron prison cages. In the second place, the material conditions of everyday life are at stake: food supply, hygiene, access to natural light and ventilation, fight against coldness, the variety of prison regimes according to the facts alleged against the prisoner, to his social status and physical condition.
Texte intégral
1Exception faite du Châtelet de Paris1, la France n’offre guère d’exemples de grandes prisons dont la documentation permette de préciser la topographie et le fonctionnement, comme on l’a fait pour les prisons italiennes ou londoniennes2. Nombreux sont en revanche les sites mineurs pour lesquels des textes ou des vestiges – parfois les deux à la fois – donnent quelque renseignement. Nous en avons relevé une cinquantaine : pour la plupart des prisons de châteaux, plus rarement urbaines, presque toujours laïques et pour l’essentiel royales. Les sources qui nous les font connaître, judiciaires et comptables au premier chef3, ne livrent que des indications fragmentaires, suffisantes toutefois pour permettre, une fois rassemblées, d’éclairer bien des aspects de la réclusion : multiples usages judiciaires, cadre juridique, durées courantes d’emprisonnement, réglementation de la vie carcérale, personnel pénitentiaire, aspects financiers, etc.4. Nous nous bornerons ici à la description des lieux et des conditions matérielles de la détention, en présentant dans un premier temps les principaux dispositifs de réclusion (geôle ordinaire, fosse) et d’entrave (cep, fers, cages) puis en distinguant parmi les conditions de la vie quotidienne en prison des facteurs létaux (froid, humidité, obscurité, manque d’aération) et d’autres qui semblent contre toute attente moins précaires (alimentation et hygiène), malgré la diversité des régimes auxquels sont soumises les différentes catégories de prisonniers.
2Plus de la moitié des geôles qu’on peut localiser précisément occupent des tours, celles des châteaux ou des enceintes urbaines5 ; aussi la prison peut-elle être appelée « tour », le geôlier « tourier6 ». Ces tours sont souvent celles des châtelets d’entrée ou des portes de ville7 ; le local cellulaire semble alors avoir été intégré à la conception de l’édifice avant même sa construction, comme l’attestent ailleurs certains contrats de prix-fait8. Si les murailles épaisses des tours offraient les meilleures garanties de sécurité, on rencontre également des geôles dans toutes sortes de bâtiments, souvent contigus aux lieux de pouvoir : annexes des auditoires de justice, beffrois des hôtels de ville9. Les municipalités installent parfois la prison dans une maison acquise et aménagée à cet effet10, mais on ne trouve nulle part de bâtiments spécifiquement construits pour abriter les prisons.
3Les prisons des juridictions importantes comportent plusieurs geôles : quatorze au Châtelet de Paris, une vingtaine peut-être à Rouen. On les distingue alors par des noms propres, pas toujours intelligibles lorsqu’ils relèvent simplement de la microtoponymie urbaine. Certains de ces noms, récurrents (Beauvoir, Beauvisage, Gloriette), sont manifestement ironiques et relèvent de traditions carcérales aujourd’hui difficiles à reconstituer : on sait que les plus grosses chaînes entravant les prisonniers, par exemple, portaient aussi des noms propres11. Les noms de ces geôles nous renseignent parfois sur leur topographie (le Fondement, la Salle, le Cellier)12, leur sûreté ou leur inconfort (la Griesche, Barbarie, l’Enfer, ou Bellegarde)13. En théorie, le geôlier ne peut de son propre chef transférer les prisonniers d’une geôle à l’autre si ce n’est sur l’ordre du juge ou pour une impérieuse raison (maladie, risque d’évasion)14, ceci afin d’éviter un traitement arbitraire des prisonniers « par haine ou par faveur », voire par corruption. De même ne peut-on pas les faire passer d’une prison à l’autre à l’intérieur d’une même juridiction15.
4La salubrité des geôles est surtout fonction de leur niveau par rapport au sol. Trop basses et a fortiori souterraines, l’humidité et l’obscurité y règnent ; sous les combles, on y souffre du gel et du vent16. Dans une tour, l’existence de différents niveaux permet de graduer les conditions de détention en même temps que la sûreté, proportionnelle à la hauteur des issues possibles. Innombrables sont les récits d’évasion à l’aide d’une corde de fortune faite de linge ou de draps noués, ou de cordages pris dans le château : cordes d’arbalètes, cordes à torturer les prisonniers17... Faute de corde, on saute dans le vide en invoquant sainte Foy de Conques ou sainte Catherine, patronnes des évadés18. On sait que Jeanne d’Arc s’étant ainsi jetée de la tour de Beaurevoir19, haute d’une vingtaine de mètres, n’eut aucune fracture, mais resta longtemps sans connaissance et plusieurs jours sans prendre de nourriture ; ce saut fut d’ailleurs interprété par ses accusateurs comme une tentative de suicide.
5Les dimensions des geôles varient naturellement en fonction de leur localisation et, lorsqu’elles occupent une tour, du diamètre de celle-ci. On sait qu’au Châtelet de Paris une seule salle, Beauvaiz, occupait tout l’étage du vaste donjon dont l’emplacement correspond à la moitié nord de l’actuelle place du Châtelet. Peu de textes fournissent des indications chiffrées, comme pour Rouen et Mortain où certaines geôles mesuraient 5 toises par 10 (plus de 8 m par 15) et 20 pieds par 30 (environ 7 m par 10)20. Ce sont là certainement les dimensions maximales de la plupart des geôles. Celles des tours, dont beaucoup subsistent encore aujourd’hui en l’état, sont bien plus exiguës : 4 m de diamètre ou de côté à Villandraut ou Aigues-Mortes, moins de 3 m à Cambrai, 2 m à Tournoël ou Folleville21. Toutes ces geôles sont collectives, même si les plus petites ne pouvaient naturellement accueillir que quelques prisonniers : les indices concernant des cellules permettant une réclusion individuelle sont rares et leur interprétation n’est guère probante22. En revanche, l’usage occasionnel de cachots étroits où l’on ne peut se tenir ni debout ni allongé est bien attesté, et pas seulement par les sources littéraires23.
6Le cachot médiéval adopte le plus souvent la forme de la fosse. Il s’agit, contrairement aux geôles dont nous avons vu la diversité des formes, d’un dispositif toujours à peu près identique, clairement distinct des geôles ordinaires au regard des textes24. Toute prison digne de ce nom comporte une fosse, y compris les prisons ecclésiastiques comme celles des archevêques de Rouen ou de Sens25. Il n’est pas rare qu’on entreprenne d’en creuser une lorsqu’on aménage un bâtiment quelconque pour servir de prison26. Les châteaux les plus importants en comportent plusieurs, à la base de certaines tours : deux à Coucy, quatre à Pierrefonds. La fosse se caractérise par son étroitesse mais surtout par sa hauteur et son absence d’ouvertures : l’accès se fait par un oculus sommital d’une soixantaine de centimètres27, fermé par une trappe ou grille, par où l’on descend le prisonnier puis sa nourriture à l’aide d’une corde, à la rigueur avec une échelle28. Ce qui distingue avant tout la fosse de l’« honnête prison » est donc qu’on y est « avalé29 ». Les fosses sont généralement creusées en tout ou partie au-dessous du niveau du sol. Lorsqu’un terrain rocheux l’interdit, c’est tout l’étage inférieur de la tour ou du donjon qui sert de fosse, l’accès au bâtiment se faisant alors au premier étage, à l’aide d’une passerelle. L’issue de la fosse s’élève donc toujours très haut au-dessus du prisonnier : 6 m dans la tour de Gisors, une dizaine de mètres à Vic-sur-Aisne ou Châteaurenard30. Pour leur aération, les fosses n’ont au mieux qu’une ou deux ouvertures consistant en un boyau d’une vingtaine de centimètres de côté percé dans l’épaisseur de la maçonnerie31.
7Or on ne s’évade jamais des prisons médiévales que d’un petit nombre de façons : soit lorsque le geôlier ouvre une porte pour vaquer aux nécessités des prisonniers, soit en rompant un huis, la grille d’une ouverture donnant sur l’extérieur ou le plafond de la geôle, soit en descellant des pierres de la maçonnerie32. Il n’est donc pas surprenant que, parmi les nombreux récits d’évasions dont on dispose, aucun ne relate la fuite d’un prisonnier hors d’une fosse.
8L’imagerie romantique en a tiré les légendaires oubliettes. Le terme d’oubliette est effectivement en usage au Moyen Âge, mais non comme un nom commun s’appliquant à toutes les fosses : il s’agit soit d’un nom propre donné à certains cachots, comme au Châtelet de Paris33, soit d’un syntagme (la « peine d’oubliette ») désignant la peine du mur, c’est-à-dire la condamnation à perpétuité que peuvent prononcer les tribunaux d’Église34. En réalité, les seuls prisonniers qui pouvaient craindre d’être oubliés étaient ceux que les tribunaux tardaient à juger et dont les geôliers négligents ne savaient plus dire, au bout de quelque temps, pour quel motif ils les avaient écroués35. Le fantasme des oubliettes, quand il ne résulte pas d’une pure et simple élucubration, peut aussi reposer sur l’interprétation aberrante de certains sites. La fosse d’une des tours de Pierrefonds comporte ainsi en son centre un puits d’1,6o m de diamètre et d’une dizaine de mètres de profondeur servant à puiser de l’eau que l’on remontait par l’oculus sommital, non à y précipiter des malheureux36. De même, la « tyrannie féodale » a fait voir comme une oubliette le fond d’une des tours de la Bastille dont le sol adopte une forme conique, prétendument conçue pour empêcher les prisonniers de s’y tenir debout, de s’y asseoir ou de s’y allonger ; cet entonnoir, comme on le sait depuis Viollet-le-Duc, n’est en réalité qu’une glacière dont la forme est conçue pour le drainage des eaux de fonte37. Le grand architecte à son tour, peut-être emporté par une réaction hypercritique, a préféré interpréter comme des resserres à provisions certaines caves qui sont de toute évidence des fosses : outre qu’une porte et un escalier en auraient assuré l’accès plus aisément qu’un goulet sommital, on voit mal de quelle utilité eût été une latrine dans un cellier38.
9L’autre moyen de limiter le risque d’évasions est d’immobiliser les prisonniers, au moins durant la nuit. Lorsqu’une même prison comporte plusieurs geôles, les portes qui les séparent les unes des autres sont fermées pendant la nuit, alors qu’on les laisse généralement ouvertes pendant la journée pour permettre aux prisonniers de se déplacer39 ; elles comportent force serrures et verrous que la documentation comptable fait nettement apparaître40. D’autre part, les prisonniers en cas criminel peuvent être mis aux fers, c’est-à-dire attachés à l’aide de chaînes et colliers leur enserrant les poignets, les chevilles ou même le cou41. L’usage du carcan est néanmoins interdit par un arrêt du Parlement de 1378, à cause des blessures dues à son poids42 ; tous les fers pouvaient néanmoins occasionner des blessures et même des fractures43. Moins dangereux sont les grésillons ou manicles : tiges de fer munies de deux anses en forme d’oméga enserrant les poignets44. Toutes ces entraves sont libres ou reliées par une chaîne à des anneaux scellés dans les murs45 ou – comme à Carcassonne – dans un pilier central interdisant aux prisonniers d’atteindre les parois46, ou encore à des pièces de fer ou de bois empêchant les malheureux de se déplacer47. Les anneaux ferment rarement à l’aide de serrures48, mais la plupart du temps avec une simple goupille rivée au marteau : c’est toujours en frappant sur cette pièce à l’aide d’une pierre ou d’un autre fer que les prisonniers parviennent à s’en débarrasser49.
10Enfin, la plupart des prisons connaissaient un système à la fois plus lourd et plus commode puisqu’on pouvait aisément y assujettir ou en libérer les prisonniers : le cep. Il s’agit d’un bâti en bois comportant plusieurs planches ou poutres horizontales, superposées l’une à l’autre, articulées à une extrémité ou coulissant dans des rainures verticales et pouvant ainsi être aisément écartées ou rapprochées puis verrouillées. Ces planches ou poutres jointives comportent des évidements en demi-cercle, placés en regard les uns des autres, qui se referment sur les chevilles du prisonnier ou à la fois sur ses chevilles et sur ses poignets, le maintenant ainsi parfaitement immobilisé en position assise. Un cep médiéval parfaitement conservé se trouve encore, au moins depuis 1514 comme en fait foi une mention d’inventaire, dans les combles du donjon de la Motte-Feuilly50. Ce cep ne peut immobiliser que trois prisonniers, mais les plus longs pouvaient en accueillir une trentaine ; treize à quatorze pieds de long semblent un ordre de dimension courant, notamment pour les ceps servant à immobiliser les captifs à l’extérieur des prisons51.
11Les comptes, à nouveau, montrent le nombre et le coût de ces équipements52, outre la charge de travail due à la nécessité de ferrer et déferrer fréquemment les prisonniers. Celle-ci représente couramment une dépense dix fois supérieure à celle du pain des prisonniers, et peut justifier l’existence d’un office à gages ou à ferme53.
12Moins fréquent est le recours à des cages où les prisonniers sont reclus, à l’intérieur même de la prison. On songe immédiatement aux fameuses « fillettes » où Louis XI faisait enfermer ses opposants54. En réalité, ces cages ont existé à toutes les époques depuis l’Antiquité et jusque bien au-delà de la fin du Moyen Âge55 ; on sait par ailleurs qu’il existait dans les prisons les plus courantes des « huches » de bois permettant d’enfermer les criminels dangereux56. Or ces cages n’étaient pas exiguës au point d’interdire au prisonnier de s’y tenir debout ou de s’y allonger57. Celle de Loches, où la légende veut qu’ait été enfermé le cardinal Balue, mesurait plus de six pieds par cinq58 ; celle de l’évêque de Verdun à la Bastille, large de huit pieds par neuf et haute de sept pieds, était garnie d’un lit et d’une chaise percée, installée dans une pièce éclairée et à l’abri des vents puisque ses fenêtres étaient vitrées. D’autres cages étaient tendues, intérieurement, de nattes et d’étoffes. C’est surtout leur bardage de fer qui les rendait impressionnantes et les fait nommer depuis Michelet « cages de fer » alors que leur ossature était de bois : celle de l’évêque de Verdun avait nécessité quatre mille livres de fer et le renforcement du plancher qui la portait59. On peut donc voir dans ces cages la marque de l’importance accordée par Louis XI à de tels prisonniers, mais non d’une quelconque cruauté à leur égard : les conditions de vie des encagés étaient manifestement meilleures que celles des autres prisonniers.
13Parmi les tourments qu’endurent les prisonniers, c’est avant tout sur le froid qu’insistent les récits de captivité. Dans le meilleur des cas, on fournissait aux prisonniers non pas du bois pour se chauffer, car ils auraient pu en tirer quelque outil pour s’évader, mais du charbon de bois : les mentions de cheminées ou de foyers dans les geôles ne sont pas rares60, et le tarif journalier de séjour varie parfois selon la saison pour inclure le coût de ce combustible61. On le leur retirait toutefois la nuit afin d’éviter qu’ils ne missent le feu aux portes62. Faute de chauffage, on donnait aux prisonniers des vêtements supplémentaires ou plus souvent de la paille ou du foin pour se couvrir63. Contre toute attente, le froid est moins vif dans les fosses, souterraines donc à l’abri du gel, que dans les prisons hautes64. On y souffre en revanche de l’humidité qui y stagne, notamment lorsque le pied de la tour borde des douves en eau65 : Charles d’Armagnac, à la Bastille, témoigne que l’eau des douves montait souvent jusqu’au niveau de la voûte de la fosse et suintait des parois, le plongeant dans la boue jusqu’aux genoux66. Nombre de textes en décrivent les conséquences : gelures aux pieds, apparition de vers, pourrissement des chairs, mort ou en tout cas mutilations irréversibles, à la suite desquelles certains prisonniers perçoivent des pensions67.
14Un autre facteur létal est le manque de lumière et d’aération : la Somme rural de Jean Boutillier ne définit-elle pas justement la fosse ou chartre comme « toute prison sans clarté ou lieu tenebreux68 » ? À la même époque, une ordonnance du prévôt de Paris oppose nettement les prisons « conpetanment aereez, ou creature humaine sanz peril de mort ou mehaing peut estre, [aux] Chartres basses et non aerees esquelles homme mortel par faulte d’aer ne pourroit vivre longuement69 ». Nombreuses sont les mentions de prisonniers et même d’ouvriers travaillant dans la fosse morts par asphyxie70, et l’on finira par interdire au xvie siècle l’usage des prisons souterraines71. D’où la nécessité de faire sortir de temps à autre les prisonniers « mal disposés et malades » à cause du « mauvais air », afin de les « raerier » en leur faisant avoir l’« air du temps72 ».
15Quelle pouvait être, dans ces conditions, l’espérance de vie en prison ? Il est bien difficile de se prononcer tant la durée des séjours est variable : en schématisant à l’extrême, on peut dire que la plupart des prisonniers n’y restent que très peu de temps – parfois un seul jour – mais qu’un petit nombre y restent très longtemps73. Des séjours de plusieurs années, quoique rares, sont bien attestés : deux ou trois ans d’emprisonnement avant jugement passent pour un scandale, mais un scandale assez répandu74. Les lettres de rémission, évoquant le péril de mort qu’entraînent les longues détentions, donnent volontiers des chiffres peut-être exagérés : sept ans, dix ans75. On sait néanmoins que bien des prisonniers condamnés au mur, même strict, en sortirent vivants au bout de cinq à sept ans76. Charles d’Armagnac, ayant passé quatorze ans à la Bastille, en fut très affaibli de tous ses membres et perdit la moitié de ses dents77 ; Jean de Roquetaillade resta au total une vingtaine d’années en prison, mais sa survie, selon ses dires, est contraire à l’ordre de la nature78. Enfin, la possibilité de libérer les prisonniers moribonds fausse peut-être les statistiques de la mortalité en prison79.
16L’alimentation et l’hygiène des prisonniers permettent contre toute attente des constats moins sombres.
17En dehors des comptes mentionnant les dépenses faites pour les prisonniers « au pain du roi », les indications qu’on peut recueillir sur l’alimentation sont maigres. Dans les récits de captivité, on se plaint rarement d’avoir été entièrement privé de nourriture, mais presque toujours d’avoir été mis au pain et à l’eau, c’est-à-dire soumis au régime légal le plus strict, réservé aux criminels, au-delà duquel les geôliers n’étaient pas tenus de fournir le vivre80. Si les rations alimentaires étaient certainement très faibles81, nous n’avons rencontré qu’une seule allégation de décès par inanition82, alors que la chose est bien attestée en Angleterre par exemple, en temps de famine notamment83. Les doléances les plus fréquentes concernent les tarifs exigés par les geôliers pour accueillir les prisonniers « à leur table », c’est-à-dire fournir de la viande et du vin aux prisonniers solvables, ou encore l’obligation faite à certains prisonniers de manger « à leur table », alors que ceux-ci pourraient obtenir leur nourriture du dehors84, provisione amicorum suorum85 ou grâce à la charité publique86.
18Indice plus sûr d’un souci sanitaire minimal : les geôles semblent à peu près systématiquement équipées de latrines, y compris les fosses où siège et conduits sont ingénieusement ménagés dans l’épaisseur des murs87. Les prisons du palais épiscopal de Sens disposent ainsi de deux latrines alors qu’elles n’accueillaient que dix ou quinze détenus88. Viollet-le-Duc, décrivant les conduits étagés du château de Pierrefonds – où chaque geôle a sa propre latrine –, observait que les constructions de son époque n’étaient pas aussi bien équipées89.
19Les comptes montrent par ailleurs que geôles et fosses étaient régulièrement nettoyées90. Quant à l’hygiène corporelle, on sait qu’à cause des poux les prisonniers pouvaient être entièrement tondus : « Rez, chief, barbe et sourcil comme ung navet qu’on ret ou pelle », ainsi que l’écrivait François Villon91. La chose était néanmoins périlleuse pour le juge laïque puisque le prisonnier avait alors beau jeu de soutenir qu’il était clerc et qu’on l’avait rasé pour effacer sa tonsure92.
20Les conditions matérielles de l’incarcération variaient en réalité grandement selon le régime particulier auquel était soumis chaque prisonnier. Le traitement infligé à chacun était d’autant plus facile à moduler que, sauf pour les plus grandes prisons, les effectifs semblent rarement dépasser la dizaine93. Le royaume dispose en effet d’un réseau très serré de petites prisons, chaque juridiction ayant la sienne même s’il ne s’agit que d’une modeste prévôté94.
21En matière de régimes de détention, la principale différence est celle qu’on fait entre prisonniers en cas criminel, prisonniers en cas civil, et prisonniers pour dettes95. En revanche, il semble que les simples suspects et les condamnés sont presque toujours soumis au même régime, même si certaines condamnations à des peines d’emprisonnement spécifient le traitement à réserver au condamné96. La ségrégation selon le rang social est un principe général, comme en témoignent les règlements modulant les droits de geôlage proportionnellement aux conditions de confort afin que chacun soit logé « selon son état97 ». Certaines prisons comportent une geôle spéciale pour les chevaliers98, dans d’autres les gentils hommes reçoivent double ration99 ; on sait en outre que dans les prisons municipales les bourgeois sont bien mieux traités que les forains100. Quant au droit de se faire apporter du dehors sa nourriture, un lit ou du linge, voire d’entretenir un serviteur dans la prison, il ne profite évidemment qu’aux prisonniers aisés101 ; ainsi pour ce chevalier emprisonné au début du xive siècle dont les dépens s’élèvent à 2 sous par jour alors que son serviteur ne lui coûte que 4 deniers102.
22Quant aux femmes, on s’efforce partout de les emprisonner séparément103 mais il semble qu’on ne leur épargnait ni les longs séjours en prison ni la mise aux fers104, pas même en cas de grossesse – auquel cas elles pouvaient bien accoucher en prison et l’enfant y demeurer quelque temps avec elles105. Enfin, les prisonniers malades ou blessés peuvent bénéficier d’un régime de faveur – quant à leur alimentation notamment106 –, voire d’un élargissement. Cette dernière procédure est d’ailleurs fréquente même pour des prisonniers sains, que l’on élargit volontiers pour quelques heures, soit entre les murs du château où se trouve leur prison, soit à l’intérieur de la ville sous bonne garde d’un sergent107.
23La tradition historiographique française, volontiers misérabiliste, a presque toujours décrit les prisons médiévales comme insuffisantes en nombre et en sûreté, rudimentaires, improvisées108. Celles que nous venons de décrire ne correspondent pas à cette image. Encore ne sont-elles pas, pour l’essentiel, les prisons de juridictions importantes. Celles-ci, à l’instar des grandes prisons de Londres ou des villes italiennes où s’invente la prison moderne à la fin du Moyen Âge109, nous offriraient sans doute une image plus proche des prisons de l’âge moderne, assurément pas plus humaine pour autant.
Notes de bas de page
1 L. Batiffol, « Le Châtelet de Paris vers 1400 », Revue historique, t. 61-63 (1896-1897), p. 225- 264, p. 225-235, p. 42-55 etp. 266-283.
2 En dernier lieu G. Geltner, The Medieval Prison : A Social History, Princeton, 2008 ; Ralph Pugh, Imprisonment in Medieval England, Cambridge, 1968.
3 Archives nationales, séries X (Parlement de Paris) et JJ (Lettres de rémission du Trésor des chartes) ; Comptes royaux (1285-1314 et 1314-1328), éd. R. Fawtier et Fr. Maillard, Paris, 1953- 1956 et 1961.
4 Sur des sources comptables : L. Gandebœuf, Prisonniers et prisons royales en Normandie à la fin du Moyen Âge (xive-xve siècles), thèse de doctorat dactyl. (université Paris 4 Sorbonne), 1995, 3 vol. ; C. Small, « Prisoners in the castellany of Artois in the Early Fourteenth Century », Histoire sociale – Social History, t. 26, 52 (1993), p. 345-372. Sur des sources diverses : J. Dunbabin, Captivity and Imprisonment in Medieval Europe, c. 1000-c. 1300, New York, 2002. Sur des sources iconographiques : B. Morel, Une iconographie de la répression judiciaire. Le châtiment dans l’enluminure en France du xiiie au xve siècle, Paris, 2007, p. 157-209, dont nous ne partageons pas toutes les interprétations.
5 X1A 12, fol. 465 (1350) ; Comptes royaux (1285-1314), op. cit. n. 3, t. 1, p. 75 (1299) ; p. 93, n° 1986 (1299), etc.
6 JJ 78, fol. 65v, n° 129 (1349) ; X1A 13, fol. 283 (1352), etc. Charondas Le caron, éditeur de Jean Boutillier, emploie encore cette métonymie vers 1600 (Somme rural, liv. II, tit. 6). Morel, Une inconographie..., op. cit. n. 4, p. 165-166, p. 197-198.
7 Ex. : R. Dubois, « Château de Lucheux », 90e Congrès d’archéologie française (Amiens, 1936), p. 223 ; Marquis de Beauchesne, « Le château de Lassay (Mayenne), étude historique », Bulletin monumental, t. 69 (1905), p. 27, etc. Même constat en Angleterre (N. Pounds, The Medieval Castle in England and Wales : A Social and Political History, Cambridge UP, 1990, p. 100).
8 L. F. Salzman, Building in England dowm to 1540, Oxford University Press, 1952, p. 456 (château de Chester, 1292).
9 Ex. : M. Hébert, Tarascon au xivesiècle, Aix-en-Provence, Édisud, 1979, p. 41 ; J.-Cl. Capelle, « Quelques aspects des prisons civiles en Normandie aux xive et xve siècles », Archéologie médiévale, t. 5 (1975), p. 161 et suiv., etc.
10 Ex. : M. Jouve, Le palais de justice de Nîmes. Notice historique et descriptive sur les édifices judiciaires nîmois..., Nîmes, 1901, p. 21 ; Jean de Roquetaillade, Liber ostensor quod adesse festinant tempora, éd. sous la direction d’André Vauchez, Rome, EFR, 2005, p. 853 ; Comptes royaux (1285- 1314), op. cit. n. 3, t. 1, p. 258, n° 5299 (1305), etc.
11 Acta sanctorum novembris, t. 3, Bruxelles, 1910, p. 156, col. 1, § 2.
12 Gandebœuf, Prisonniers..., op. cit. n. 4, p. 869 ; Battifol, « Le Châtelet... », lot. cit. n. 1, p. 47.
13 X1A 8300 A, fol. 110 (1375) ; JJ 90, fol. 213, n° 426 (1360) ; Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 9, p. 173 ; Small, « Prisoners... », loc. cit. n. 4, p. 353.
14 Ex. : F. Bourquelot, Histoire de Provins, 2 vol., Provins, 1839-1840, p. 434.
15 X1A 11, fol. 279V, n° 9 (1349) ; JJ 78, fol. 41v, n° 91 (1350), etc.
16 X1A 24, fol. 245V (1375) ; X1A 8300 A, fol. 110 (1375).
17 JJ 80, fol. 380V, n° 592 (1351) ; JJ 90, fol. 144v, n° 280 (1359) ; JJ 112, fol. 129, n° 233 (1378) ; JJ 106, fol. 206v, n° 402 (1375) ; JJ 135, fol. 156v, n° 292 (1389), etc.
18 Fr. Michaud-Fréjaville, « Sainte Catherine, Jeanne d’Arc et le “saut de Beaurevoir” », La protection spirituelle au Moyen Âge. Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 8 (2001), p. 199- 212, réimpr. dans Une ville, une destinée : recherches sur Orléans et Jeanne d’Arc en hommage à Françoise Michaud-Fréjaville, Orléans, 2005, p. 247-260.
19 Beaurevoir, Aisne, ar. Saint-Quentin, c. Le Catelet. Ch. Poette, Beaurevoir. Son ancien château fort, Jeanne d’Arc, l’Escaut, Saint-Quentin, 1894, p. 18-26, Saint-Quentin, 1894, p. 18-26.
20 Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 9, p. 174.
21 L. Cadis, Le château de Villandraut, 3e éd., Paris, Picard, 1953, p. 7-8 ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France (Languedoc-Roussillon. Gard. Canton d’Aigues-Mortes), 2 vol., Paris, 1973, t. 2, p. 18, fig. 54-55 ; Le château de Selles à Cambrai, Cambrai, 1982 ; É. Gatian de Clérambault, Le château de Tournoël (Auvergne), Paris, Champion, 1910 ; P.-L. Limichin, Folleville. Guide pour la visite de l’église et du château, Folleville, 1938, p. 6-8.
22 JJ 85, fol. 45, n° 95 (1357) (prison de Beaumont-le-Roger) ; P. de Cagny, Histoire de l’arrondissement de Péronne et de plusieurs localités circonvoisines, 2 vol., Péronne, 1869, p. 173 et suiv. (donjon de Ham, Somme, ar. Péronne, ch.-l. c.).
23 X1A 24, fol. 245V (1375) ; X1A 8300 B, fol. 110 (1375) ; F.-I. Darsy, « Les prisons en Picardie », Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, t. 6 (3e série, t. 26), 1880, p. 335 ; Pugh, Imprisonment..., op. cit. n. 2, p. 359.
24 X1A 11, fol. 279V, n° 9 (1349) : in fondo turris ; X2A 6, fol. 356V (1357) : in quadam fovea sive fondo turris ; Le château de Selles..., op. cit. n. 21, p. 37-38 : in fundo fossae castri, etc. Morel, Une inconographie..., op. cit. n. 4, p. 203.
25 E. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, Paris, 1867-1870, t. 7, p. 479-480 ; Ch. de Robillard de Beaurepaire, Recherches sur les anciennes prisons de Rouen, Rouen, 1861, p. 299-300 ; E. Chartraire, « Les prisons de l’officialité de Sens en l’an 1331 », Bulletin de la Société archéologique de Sens, t. 30 (1916), p. 99-125.
26 L. Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes, Paris, 1750-1758, t. 3, preuve LIV, p. 215-217.
27 Au maximum 80 cm (E. Lefèvre-Pontalis, Le château de Coucy, Paris, 1913, p. 62).
28 Chronique de Philippe de Vigneulles, éd. Ch. Bruneau, t. 3, Metz, 1932, p. 225, p. 231.
29 JJ 100, fol. 265, n° 897 (1370) ; Battifol, « Le Châtelet... », loc. cit. n. 1, p. 48-49.
30 X1A 24, fol. 245V (1375) ; JJ 124, fol. 16, n° 21 (1383). Châteaurenard, Loiret, ar. Montargis, ch.-l. c.
31 Fr. Lesueur, « Châteaudun », Congrès archéologique de France, t. 93 (Orléans, 1930), p. 476- 486 : ces boyaux de quelque 6 m de long servaient forcément pour l’aération davantage que pour la lumière.
32 JJ 86, fol. 113V, n° 336 (1358) ; JJ 75, fol. 258V, n° 427 (1346) ; JJ 112, fol. 129, n° 233 (1378) ; JJ 80, fol. 398, n° 635 (1351) ; JJ 124, fol. 16, n° 21 (1383).
33 Battifol, « Le Châtelet... », loc. cit. n. 1, p. 48-49. Chronique normande du xive s., éd. A. et É. Molinier, Paris, 1882, p. 62, n. 1 : « une chartre que on dist Oubliette », etc.
34 Ex. : JJ 105, fol. 155v, n° 286 (1374).
35 N. Gonthier, « Prisons et prisonniers à Lyon aux xive et xve siècles », Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, t. 39 (1982), p. 22 ; Jean Boutillier, Somme rural ou Le grand coustumier general de practique civil et canon, éd. Louis Charondas Le Caron, Paris, Macé, 1603, liv. II, tit. 6.
36 Viollet-le-Duc, Dictionnaire..., op. cit. n. 25, t. 3, p. 153-154 ; id., Description du château de Pierrefonds, 4e éd., Paris, 1865, p. 23. La force du préjugé est telle que l’auteur y voit à la page suivante « une tombe toujours ouverte pour les malheureux que l’on voulait faire disparaître à tout jamais ».
37 Viollet-le-Duc, Dictionnaire..., op. cit. n. 25, t. 4, p. 485-486 ; t. 6, p. 451-453.
38 J. Mesqui, Les châteaux forts. De la guerre à la paix, Paris, Gallimard, 1995, p. 119-124. Un exemple de résistance obstinée du paradigme : X. Barbier de Montault, Le château de Bourbon-l’Archambault, Moulins, 1876, p. 70-74.
39 JJ 99, fol. 159V, n° 506 (1368) ; JJ 111, fol. 114, n° 223 (1377), etc.
40 Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 9, p. 182-183.
41 JJ 108, fol. 210, n° 367 (1376) ; JJ 99, fol. 143v, n° 458 (1368), etc.
42 X2A 9, fol. 130 (1378) : les prévôt et jurés de Tournai se voient reprocher d’utiliser une chaîne pesant 50 l.
43 JJ 70, fol. 63, n° 127 (1337) : « [...] et avecques ce fist fichier au dist Mallet son filz clous afin que se le dit Robert sachast son bras que il derompist sa char, et le fist tenir en la dicte prison tant et si longuement que les bras li fu tout mengié jusques a l’os et les jambes pourriez aussi jusques a l’os [...]. » Jean de Roquetaillade est entravé par des fers pesant 22 l. qui lui ont fracturé le tibia (Liber ostensor..., op. cit. n. 10, p. 285-286, p. 517-525).
44 X1A 11, fol. 160, n° 23 (1347). Darsy, « Les prisons... », lot. cit. n. 23, ill. in fine ; Gandebœuf, Prisonniers..., op. cit. n. 4, vol. 3, p. 638-643.
45 Ibid., p. 339, p. 379 ; Le prisonnier desconforté du château de Loches, éd. P. Champion, Paris, 1909, p. 11 ; R. Barbaud, Le château de Bressuire en Poitou, Paris, 1903, p. 110 ; P. Héliot, Le château de Boulogne-sur-Mer, Paris, 1933, p. 59, etc.
46 Viollet-le-Duc, Dictionnaire..., op. cit. n. 25, p. 483 ; J. Harmand, « Le château de Montépilloy », Bulletin monumental, t. 137 (1979), p. 123-124.
47 V. Hunger, Les exécutions criminelles à Vire du xive au xvie siècle, Paris, 1927, p. 25-26 ; E. gautier, Histoire du donjon de Loches, Châteauroux, 1881, p. VI-VII.
48 E. de Rozière, « L’assise du bailliage de Senlis en 1340 et 1341 », Nouvelle revue historique de droit français et étranger, t. 15 (1891), p. 763.
49 Voir par exemple les récits d’évasion du Livre des miracles de sainte Foy, 1094-1994, trad. L. Servières, Sélestat-Obernai, 1994, p. 51-52, p. 67-68, p. 72-73, etc.
50 J. Mesqui, « Le château de la Motte-Feuilly », Congrès du Bas-Berry, Paris, 1987, ill. p. 206.
51 Chronique de Philippe de Vigneulles, t. 3, p. 208 ; Capelle, « Quelques aspects... », lot. cit. n. 9, p. 194-197 ; Pugh, Imprisonment..., op. cit. n. 2, p. 369-370.
52 À Vire vers 1380 par exemple : huit manicles, six fers et un cep (Hunger, Les exécutions..., p. 25-26). Capelle, « Quelques aspects... », lot. cit. n. 9 ; Comptes royaux..., passim, op. cit. n. 3.
53 Ibid. ; de Robillard de Beaurepaire, Recherches..., op. cit. n. 25, p. 280.
54 M. Saché, Fantaisies et réalités. Les fillettes de Louis XI et le château d’Angers, Angers, 1916 ; Morel, Une inconographie..., op. cit. n. 4, p. 201-202.
55 Du Cange, Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis, art. gabia ; M. Prou, art. « Cage », Grande encyclopédie, t. 8, Paris, s.d., p. 754-755.
56 JJ 112, fol. 129, n° 233 (1378).
57 Le prisonnier desconforté, op. cit. n. 45, p. II, XII.
58 H. Forgeot, Jean Balue, cardinal d’Angers (1421-1491), Paris, 1895, p. 95-100 ; Gautier, Histoire du donjon de Loches, op. cit. n. 47, p. 76-93.
59 Ibid., p. 82-85 ; F. Bournon, La Bastille. Histoire et description des bâtiments, Paris, 1893, p. 112-113.
60 Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 9, p. 198 ; J. de Pas, « Les peines corporelles dans la justice criminelle à Saint-Omer aux xve et xvie siècles », Bulletin de la Société des antiquaires de la Morinie, t. 15, fasc. 295 (1935), p. 607-608 ; Chronique de Philippe de Vigneulles, op. cit. n. 28, t. 3, p. 208, etc.
61 « Les Poines de la duchee d’Orliens », éd. Fr. Olivier-Martin, Revue historique de droit-français et étranger, 4e série, t. 7 (1928), p. 412 (règlement de la geôle d’Orléans, vers 1260).
62 Règlement de Jacques d’Ableiges pour la geôle de Saint-Denis, 1380, cité par P. Petot et P.-Cl. Timbal, « Jacques d’Ableiges », Histoire littéraire de la France, t. 40, Paris, 1974, p. 292 ; JJ 97, fol. 93V, n° 355 (1367).
63 JJ 124, fol. 16, n° 21 (1383) ; Comptes royaux (1285-1314), op. cit. n. 3, t. 1, p. 250, n° 5120-5122 (1305), etc.
64 X1A 24, fol. 245V (1375) ; X2A 10, fol. 201V (1385).
65 Au contraire, certaines fosses sont parfaitement sèches (Viollet-le-Duc, Dictionnaire..., op. cit. n. 25, t. 7, p. 481).
66 Jehan Masselin, Journal des états généraux de France tenus à Tours en 1484 sous le règne de Charles VIII, éd. et trad. A. Bernier, Paris, 1825, p. 287.
67 JJ 70, fol. 63, n° 127 (1337) ; X1A 8, fol. 282, n° 97 (1343) ; X1A 11, fol. 279V, n° 9 (1349) ; Pugh, Imprisonment..., op. cit. n. 2, p. 180 ; de Pas, « Les peines... », loc. cit. n. 60, p. 603-604 ; B. Delmaire, Le compte général du receveur d’Artois pour 1303-1304. Édition précédée d’une introduction à l’étude des institutions fnancières de l’Artois aux xiiie-xive siècles, Bruxelles, 1977, p. 9, nos 1877 et 3168 : le comte d’Artois fait une aumône de 2 d. par jour à un homme qui a perdu ses pieds en prison.
68 Boutillier, Somme rural..., op. cit. n. 35, p. 711.
69 Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. E. de Laurière et alii (ci-après ORF), t. 8, p. 309-310 (1398).
70 JJ 107, fol. 126, n° 261 (1375) ; de Robillard de Beaurepaire, Recherches..., op. cit. n. 25, p. 292 : douze prisonniers sont morts la même année 1412 dans la fosse de Rouen ; sur quatre ouvriers descendus nettoyer la fosse, un est mort et l’autre a failli succomber.
71 Recueil général des anciennes lois françaises..., éd. M. Jourdan, Decrusy et Isambert, t. 14, art. 55, p. 79 (1560).
72 X2A 10, fol. 15 (1376) ; X2A 12, fol. 93 (1390).
73 Small, « Prisoners... », loc. cit. n. 4, p. 354-361 ; J. Chiffoleau, Les justices du pape. Délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au xive siècle, Paris, 1984, p. 228-231 ; Gandebœuf, Prisonniers..., loc. cit. n. 4, vol. 3, p. 602 et suiv., etc.
74 Actes du Parlement de Paris, première série (1254-1328), éd. E. Boutaric, t. 1, n° 478, p. 42 (1260) ; t. 2, n° 4651, p. 163 (1317) ; n° 5520, p. 253 (1318) ; n° 6920, p. 475 (1322), etc. Deux ans est aussi le temps nécessaire aux inquisiteurs pour faire avouer les suspects d’hérésie (J. B. Given, Inquisition and Medieval Society : Power, Discipline, and Resistance in Languedoc, Cornell UP, 1997, p. 52 et suiv.).
75 Ex. : JJ 82, fol. 391V, n° 614 (1355) ; fol. 391v, n° 615 (1355).
76 Voir Le Registre d’inquisition de Jacques Fournier, évêque de Pamiers (1318-1325), éd. J. Duvernoy, Toulouse, 1965, passim.
77 Masselin, Journal des états généraux..., op. cit. n. 66, p. 287.
78 Jean de Roquetaillade, Liber ostensor..., op. cit. n. 10, p. 285-286, p. 517-525.
79 Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 9, p. 202.
80 Ex. : X1A 7, fol. 89 (1335).
81 Chiffoleau, Les justices du pape, op. cit. n. 73, p. 228.
82 A. Guesnon, Inventaire chronologique des chartes de la ville d’Arras. Documents, s.l.n.d., p. 153.
83 Pugh, Imprisonment..., op. cit. n. 2, p. 315 et suiv., p. 331.
84 Archives municipales de Toulouse, AA 3, 158 et 256 (1314) ; ORF, t. 13, p. 102, n° 169-172 (1425), etc.
85 Ex. : ORF, t. 7, p. 655 et suiv. (privilèges accordés à la ville de Figeac en 1318, confirmés en 1394).
86 JJ 84, fol. 216v, n° 407 (1355) ; A. Porteau-Bitker, « L’emprisonnement dans le droit laïque au Moyen Âge », Revue historique de droit français et étranger, 4e série, t. 46 (1968), p. 417.
87 Limichin, Folleville, op. cit. n. 21, p. 8 ; Dubois, « Château de Lucheux », loc. cit. n. 7, p. 223 ; Harmand, « Le château de Montépilloy », lot. cit. n. 46, p. 123 ; Darsy, « Les prisons... », loc. cit. n. 23, p. 379 ; barbier de Montault, Le château de Bourbon-l’Archambault, op. cit. n. 38, p. 74, etc.
88 Chartraire, « Les prisons de l’officialité de Sens... », loc. cit. n. 25.
89 Viollet-le-Duc, Dictionnaire..., op. cit. n. 25, art. « Latrines ».
90 Cf. de Pas, « Les peines corporelles... », p. 607-608.
91 Testament, CLXXVIII, v. 1896-1897, dans François Villon, Œuvres, éd. et trad. A. Lanly, Paris, Champion, 1997.
92 Ex. : JJ 124, fol. 16, n° 21 (1383).
93 JJ 75, fol. 258v, n° 427 (1346) : 11 prisonniers à Laon, dont 3 pour dettes ; X2A 12, fol. 233 (1394) : 5 prisonniers à la Conciergerie du Palais par ordre du Parlement ; Bournon, La Bastille..., op. cit. n. 59, p. 251-252 : 17 prisonniers en 1428 ; Small, « Prisoners... », loc. cit. n. 4 : jamais plus de 10 prisonniers à Arras, où la prison est parfois vide ; H. Olland, La baronnie de Choiseul à la fin du Moyen Âge (1485-1525), Nancy, 1980, p. 106-107 : 7 incarcérations sur 22 années de comptes, etc.
94 Comptes royaux (1285-1314), op. cit. n. 3, t. 1, p. 85, p. 230-231, p. 261-262, p. 275, p. 310 : on compte au moins 7 prisons royales aux bailliages de Sens ou de Tours, 12 au bailliage de Senlis, 15 au bailliage d’Orléans, même si la prison du chef-lieu mobilise le quart des dépenses, donc accueille certainement un prisonnier sur quatre.
95 Contra : JJ 80, fol. 380V, n° 592 (1351) : faute de locaux séparés, on a dû mettre ensemble les prisonniers pour cas civils et criminels.
96 X2A 5, fol. 75 A (1346) : trois mois dans une fosse, au pain, aux fèves et à l’eau ; Capelle, « Quelques aspects... », lot. cit. n. 4, p. 174
97 Porteau-Bitker, « L’emprisonnement... », lot. cit. n. 86, p. 416, p. 419-420. J. Claustre, Dans les .geôles du roi. L’emprisonnement pour dette à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 2007, p. 332-333.
98 Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 4, p. 187.
99 ORF, t. 3, p. 581 (1362), art. 5 (aumônes aux prisonniers du Châtelet).
100 Porteau-Bitker, « L’emprisonnement... », loc. cit. n. 86, p. 413 ; X2A 12, fol. 395 (1398) ; Le livre Roisin, coutumier lillois de la fin du xiiie s., éd. R. Monier, Paris-Lille, 1932, p. 49, etc.
101 Bourquelot, Histoire de Provins, op. cit. n. 14, p. 433-434 ; JJ 76, fol. 128v, n° 206 (1347), etc.
102 Comptes royaux (1285-1314), op. cit. n. 3, t. 1, p. 250, n° 5115-5117 (1305). Les dépens de Jean d’Alençon, emprisonné à Loches en 1458, s’élèvent à 25 l. par mois (Le prisonnier desconforté..., op. cit. n. 45, ap. III).
103 Contra : ORF, t. 18, p. 213-214 (novembre 1476) : la prison municipale de Montauban est trop exiguë pour y séparer hommes et femmes.
104 JJ 68, fol. 444v, n° 287 (1347) ; deux ans ; JJ 177, fol. 91v, n° 137 (1446) et JJ 178, fol. 83, n° 134 (1447) : trois ans, etc.
105 Capelle, « Quelques aspects... », loc. cit. n. 4, p. 175, p. 201 ; Comptes royaux (1285-1314), op. cit. n. 3, t. 1, p. 97, n° 2040 (1299) : 4 1. pour nourriture d’un enfant né dans la prison de Beauquesne où ses parents ont été justiciés.
106 JJ 82, fol. 342V, n° 521 (1354) ; Journal de Nicolas de Baye, greffier du parlement de Paris, 1400- 1417, éd. A. Tuetey, Paris, 1885, t. 1, p. 294-295 (1409), etc.
107 X2A 10, fol. 15 (1376) ; X2A 12, fol. 93 (1390) ; fol. 155 (1392), etc.
108 B. Guenée, Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Sentis à la jin du Moyen Âge (vers 1380- vers 1450), Strasbourg, 1963, p. 314-315 ; et en dernier lieu Morel, Une iconographie..., op. cit. n. 4, p. 157-209.
109 Pugh, Imprisonment..., op. cit. n. 2 ; Geltner, The Medieval Prison..., op. cit. n. 2.
Auteur
Université Paris-Sorbonne, EA 2556
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