D’amour ou de haine
Porter ses sentiments devant le juge ecclésiastique (Cadix, xviiie siècle)
p. 185-196
Résumés
Sous l’Ancien Régime, en particulier après le concile de Trente, nombreuses étaient les femmes mais aussi les hommes qui s’adressaient au tribunal de l’évêché pour résoudre un conflit de couple. L’accès à la justice ecclésiastique était ouvert à tous, riches comme pauvres, car ce tribunal s’était arrogé le droit de statuer sur les affaires matrimoniales. Ainsi des jeunes filles séduites ou abusées pouvaient demander l’accomplissement de la parole de mariage donnée, des femmes réclamer la séparation d’un mari violent, des hommes exiger le châtiment d’une femme qui les trahissait ou n’acceptait pas de leur être soumise. Le recours à une tierce personne, investie de l’autorité morale, religieuse et aussi civile à l’époque, était souvent le secours ultime d’individus qui n’avaient pas réussi à dirimer leur conflit par d’autres moyens, par l’intermédiaire de personnes de confiance en particulier. Cependant, ce recours au juge n’allait pas de soi et n’était pas sans risques : s’adresser au tribunal signifiait exposer ses difficultés en public, car l’obligation de présenter des témoignages et des preuves rompait forcément le secret et l’intimité. D’autant que la rumeur pouvait rajouter aux différends du couple, surtout quand on exposait au grand jour des sentiments qui touchaient à l’honneur féminin ou masculin. Là était probablement le plus gros prix à payer pour trouver une solution au conflit.
In the Ancien Régime, especially after the council of Trent, many were the women and men who appealed to bishopric courts to settle marital conflicts. Access to ecclesiastical justice was open to all, rich and poor alike, for its courts had arrogated the right to decide in marital questions. Thus, seduced young girls were able to ask for the enforcement of a promise of marriage, wives to demand separation from a violent husband, husbands request the chastisement of an unfaithful or unruly wife. Appealing to a third party endowed with a moral, religious, or even civil authority, was often the last means for people to solve a conflict they had failed to solve otherwise, through the intermediary of trusted acquaintances. However, going to a judge was neither habitual nor without its risks : appealing to a court meant to expose one’s difficulties to the public, since the necessity to present testimonies and evidence forced couples to disclose their secrets and intimacy. Not to mention the fact that rumour could complicate the conflict of a couple, especially when feelings regarding male or female honour were discussed publicly. This was probably the highest price to pay for the resolution of the conflict.
Texte intégral
1Le 2 janvier 1797, doña Maria Rosa Ximeno avait présenté au juge ecclésiastique de Cadix une demande de séparation de son mari, don Estevan Marin Macias1. Elle disait qu’ils étaient mariés depuis huit ans et que, pendant ce temps, « alors qu’elle avait toujours traité son mari avec amour, fidélité et respect », lui l’avait traitée « bien pire qu’une esclave », l’insultant, lui donnant des coups, la menaçant de mort ; en plus, il était souvent ivre et fréquentait des prostituées, desquelles il avait attrapé la syphilis qu’il lui avait transmise. Les cinq témoins présentés par la plaignante, deux hommes et trois femmes, avaient confirmé ses dires. De peur des représailles de son mari, elle indiquait s’être réfugiée chez des voisins, dans l’attente de la séparation officielle quoad thorum et mutuam cohabitationem. Aussi, doña Maria Rosa demandait au juge d’obliger son mari à lui verser chaque mois la moitié de son salaire d’employé d’une maison de commerce. Le juge du tribunal de l’évêché (provisor) accepta d’instruire la demande de séparation et ordonna de le notifier au mari avec l’obligation formelle de donner la moitié de son salaire à son épouse.
2Dix jours plus tard, c’était don Estevan Marin Macias qui intentait un procès à son épouse, par un écrit adressé à l’alcalde mayor et à la justice royale. Il faisait grief à sa femme :
Dès les premiers temps de leur mariage, il n’avait pu la soumettre comme de juste, ni lui imposer aucune obligation dont les maris avaient la prérogative, car elle sortait et rentrait à la maison à son envie, à des heures irrégulières du jour et de la nuit ; elle l’injuriait par les termes les plus scandaleux, sales et malhonnêtes qu’on puisse entendre de la bouche des hommes, le menaçant de mort plusieurs fois avec des couteaux et des poignards que par habitude elle portait toujours sur elle, le jetant à la force hors de la maison, aidée en cela par d’autres femmes ; elle avait porté atteinte à son honneur, entretenant une amitié illicite avec un homme, liaison qu’elle rompit finalement à sa demande [...] mais pendant les heures qu’il passait à son travail, sa femme laissait entrer à la maison différents hommes, avec lesquels, à tour de rôle, elle s’enfermait dans les pièces les plus occultes et réservées de la maison [...].
3La plainte de don Estevan était également accompagnée de cinq témoignages en sa faveur, parmi lesquels celui de la servante qui avait longtemps habité chez le couple. Celle-ci confirmait les propos du mari, rapportant des détails sur les liaisons adultères de sa patronne, comme sur les injures et les blasphèmes qu’elle proférait fréquemment, les coups qu’elle avait portés sur son mari et les nombreuses fois où elle l’avait chassé brutalement de la maison ; elle confirmait que doña Rosa « avait l’habitude de porter sur soi un grand couteau, que seuls les hommes de mauvaise vie sont capables de porter ». Elle concluait sa déposition disant « que les querelles incessantes entre les époux rendaient le climat de la maison un vrai enfer, sans qu’il y ait jamais de paix, le tout causé par l’esprit et le mauvais comportement de doña Rosa, car don Estevan, son mari, était d’un caractère aimable ».
4Sur la base de ces accusations, l’alcalde mayor considéra recevable la plainte du mari et donna l’ordre « d’appréhender et conduire doña Rosa Ximeno, à fins de correction, à la casa de recogidas de Cadix, appelée casa de San Pablo ». Cependant, informé de la plainte par son collègue de la justice royale, le juge ecclésiastique invoqua l’antériorité de la demande de séparation interposée par doña Rosa auprès du tribunal épiscopal, réclamant pour cela la suspension de l’instruction civile jusqu’au dénouement de l’affaire matrimoniale. Mais le provisor se déclara d’accord avec le juge royal sur la nécessité de faire enfermer doña Rosa dans la casa de recogidas. Ce fut donc la police de l’évêché qui alla la chercher dans la maison d’amis où elle s’était réfugiée pour l’amener à la maison de correction.
5Un mois après, le juge ecclésiastique reçut une lettre signée de don Estevan Marin et doña Rosa Ximeno, sa femme légitime, recluse à la casa de San Pablo. Ils disaient :
D’un commun accord, laissés tomber par tous les deux les ressentiments et les plaintes qui avaient provoqué cette affaire et celle intentée par le mari contre sa femme devant la justice royale ordinaire, et mieux conseillés par des personnes de religion et de vertu, de science et de conscience, se rendant compte des funestes et pernicieuses conséquences qui la plupart du temps se produisent chez les conjoints à cause des ardeurs et des échauffements de ce type de procédures judiciaires, sachant aussi que dans ces cas on ne peut pas faire abstraction d’un certain esprit d’animosité, de vengeance et de mauvaise volonté, certains et convaincus que le meilleur et plus sûr parti pour les époux est celui de la paix, de l’union et de la réciproque observance du sacrement du mariage, nous avons procuré, chacun de son côté, de nous réconcilier, de nous pardonner mutuellement les injures et les offenses que nous avons reçues, et ne plus jamais nous rappeler les vexations et les cauchemars que nous nous sommes infligés l’un à l’autre. Ainsi unis dans cette résolution ferme et chrétienne, nous nous sommes accordés pour présenter ensemble cet écrit, par lequel nous nous désistons de cette plainte et de celle présentée devant la justice royale. [...] Par conséquent, nous supplions que doña Maria Rosa Ximeno sorte de la casa de San Pablo pour se réunir avec son mari et aller vivre avec lui, partageant la même table et la même habitation ; nous supplions aussi que cette affaire soit effacée et archivée, afin que pour aucune raison elle ne puisse sortir ni être connue par personne.
6Sur la foi de cet écrit, quelques jours plus tard, le juge ecclésiastique ordonna l’arrêt de la procédure et la libération de l’épouse, pour qu’elle puisse se réunir et faire vie maritale avec son mari.
7Troublante histoire : après s’être disputés, avoir dénoncé le conjoint aux autorités judiciaires en l’accusant des pires crimes conjugaux, avoir demandé la séparation d’une part, l’enfermement correctionnel de l’autre, le couple finit par se réconcilier, passer l’éponge sur tout le mal que les deux s’étaient fait, et recommencer une vie commune. Cette microhistoire (ou peut-être la microhistoire en général) nous donne à voir l’extrême complexité des sentiments relationnels vécus par des hommes et des femmes faisant couple, leur entrelacement avec les structures d’ordre moral et social, les justices et leurs procédures, et la non moins grande difficulté pour l’historien anthropologue de percer le mystère de la relation amoureuse à travers les sources judiciaires à disposition. Les confins entre l’amour et la haine apparaissent souvent bien flous, instables, impossibles à tracer. Par-delà la véracité des accusations portées devant les tribunaux, pourquoi diable un couple ayant déjà fait un bon chemin ensemble finit par se déchirer, se haïr au point de vouloir la ruine et le châtiment de l’autre ? Et d’abord, pourquoi avoir recours à un juge pour dirimer la conflictualité intime entre deux personnes ? Si, comme le pense le philosophe marxiste Alain Badiou2, le couple est une opportunité de communisme à la portée de tous, faut-il en déduire que celui-ci ne peut se concevoir sans une autorité supérieure, un juge, un État ? Les hommes et les femmes construisant un lien communautaire fort entre eux seraient-ils incapables de s’autogérer, ou de le faire à l’intérieur d’un groupe de parenté et d’alliances, par l’infrajudiciaire, sans le recours à un tiers inconnu ?
8Remarquons cependant que ces couples montrent leur envie d’avoir recours à un juge de manière instrumentale. La connaissance que des hommes et des femmes de la classe moyenne gaditane du xviiie siècle ont des compétences et des possibilités offertes par les différentes justices d’Ancien Régime et que ces procès dévoilent pourrait d’ailleurs sembler surprenante. C’est que cette connaissance n’était pas l’apanage des seules classes aisées, mais était partagée aussi par les couches inférieures de la société, y compris par des esclaves et des affranchis d’origine africaine3. Les gens de l’époque témoignent de bien connaître les procédures juridiques et savent à qui et comment s’adresser pour obtenir gain de cause en justice.
9Mais pour cela il fallait dépasser un obstacle psychosociologique de taille : porter ses sentiments devant un juge, être obligé de dévoiler des secrets intimes n’étaient pas une mince affaire. On connaît la réticence, pendant des siècles, qu’ont eue des femmes violées de porter plainte contre leurs agresseurs, conscientes des possibles retombées néfastes pour elles, sur les plans familial, matrimonial et plus généralement social, que cette démarche pouvait comporter4. Même si les violeurs étaient jugés, condamnés, souvent obligés de réparer financièrement le tort commis, les femmes et plus encore les jeunes filles avaient perdu l’honneur au féminin que la société attribuait à la virginité : la fama de putain est le stigmate le plus ancien et le plus diffusé qui soit porté sur une femme dans toute société.
10Côté masculin, on sait la détermination des accusés à nier jusqu’au bout la honte suprême du défaut de virilité5. La preuve étant compliquée à produire, les hommes dont les épouses entamaient une demande en nullité de mariage à cause d’impuissance alléguaient toutes sortes de justifications pseudophysiologiques, mais n’avouaient jamais être des hommes « pas virils6 ». Sans être confrontés à la divulgation de cette « honte suprême » au masculin, nous pouvons aisément imaginer les souffrances et les atermoiements vécus par des hommes qui révélaient au tribunal que leurs femmes les trompaient avec un autre galant. L’adultère, surtout si commis par des femmes, était le délit conjugal par excellence retenu par les tribunaux de l’Église, et par conséquent les hommes qui voulaient se séparer de leurs épouses devaient payer le prix social de s’avouer « cocus ».
11La demande de séparation7, interposée par un charpentier de marine, don Benito Robelo, fait état du chemin de croix parcouru par cet homme pour en arriver là. C’est peiné et affligé qu’il avait appris que doña Maria del Carmen, son épouse légitime depuis dix ans, « avait un comportement libertin, fréquentait cafés, tavernes et autres lieux indécents, et entretenait des amitiés louches avec différents hommes, souillant la pureté du mariage ». La propre mère de sa femme, ses sœurs, ainsi que d’autres amies et voisines en étaient scandalisées et avaient essayé en vain de la ramener dans le droit chemin. Mais une fois épuisées les voies à l’amiable, don Benito avait fini par demander au tribunal la séparation du couple et, dans l’attente de la sentence, l’enfermement de sa femme à la casa de recogidas de San Pablo. Doña Maria del Carmen s’échappa presque aussitôt de la maison de correction, mais elle fut arrêtée quelques mois après ; elle passa alors un an en réclusion, avant de manifester son repentir et demander à son mari de la faire libérer pour se réunir à lui, ce que le juge ecclésiastique approuva.
12Même en supposant que les accusations d’adultère et de libertinage soient vraies, que la jalousie ou le ressentiment pour l’honneur bafoué ait exacerbé la rancœur du mari, et tout en comprenant la démarche visant la séparation, nous avons du mal à admettre qu’un homme puisse arriver à demander l’enfermement correctionnel de sa femme. Un nommé Antonio Falcon, maître coiffeur de son état, avait même demandé aux administrateurs de la maison de réclusion que sa femme « soit destinée aux occupations les plus viles et serviles, avec la plus grande rigueur8 ». Il faut dire que, avant d’en arriver là, il avait tout essayé pour ramener Josepha Quixano, sa femme, au rôle et aux devoirs d’une bonne épouse, travailleuse, attentionnée et fidèle à son mari. Car, nombre de voisins en témoignaient, Josepha prenait beaucoup de libertés, entretenait ouvertement des amitiés illicites, ne faisait pas le ménage, laissait la vaisselle sale, tout en insultant et maltraitant son mari lors de querelles récurrentes ; tous employaient un terme pour définir son caractère : elle était « insupportable » (insufrible). Le conflit de ce couple était connu par la communauté de voisinage, ceux qui s’en arrogeaient l’autorité avaient essayé de donner des bons conseils, et le curé de la paroisse, après la confession, « avait imposé à Josepha Quixano comme pénitence qu’en public, dans l’église, elle baise la main à son mari, lui demandant pardon pour les excès commis, ce qu’elle avait exécuté ». À la requête de son mari, elle avait été recluse une première fois à la casa de recogidas pendant quelques mois, d’où elle était sortie faisant acte de repentir et souhaitant se réconcilier avec son époux. Les scènes de ménage reprenant inexorablement, et après une tentative de suicide de l’épouse, Antonio Falcon avait demandé au juge ecclésiastique de faire de nouveau interner sa femme, lui faisant de surcroît subir les traitements infamants prévus par le règlement de la maison de correction. La seule qui prit la défense de Josepha Quixano fut sa mère, qui suppliait clémence auprès du tribunal en disant qu’« on ne pouvait pas mettre chez les recogidas des femmes seulement parce qu’elles étaient un peu négligentes ou cochonnes [...], que jamais dans sa famille on n’avait connu la prison, et que sa fille avait un père honorable et connu par la noblesse sévillane ». Mais le juge ecclésiastique suivit la demande du mari et ordonna l’incarcération : c’est ainsi que, avec le notaire du tribunal, le mari accompagna lui-même sa femme jusqu’à la porte d’entrée de la maison de correction, où elle fut confiée à l’administrateur religieux du lieu.
13La mise en réclusion d’épouses à la demande de leurs maris (ou alors du père ou d’un juge) dans un conflit matrimonial devint une pratique institutionnalisée au milieu du xvie siècle, qui connut un essor considérable les siècles suivants et se développa dans l’ensemble de la chrétienté. Ainsi des dizaines et des dizaines de casas de recogidas se multiplièrent dans grandes et petites villes d’Espagne, de Séville à Madrid, de Puerto de Santa Maria à Orense, comme dans tout le monde hispanique, du Chili au Mexique et jusqu’aux Philippines9. Cela s’insérait dans une politique générale de l’Église (post-tridentine en particulier) d’enfermement des femmes pour en préserver l’honneur, dont faisaient partie les « conservateurs de la vertu » pour jeunes filles orphelines et bien entendu les monastères10.
14Parmi d’autres intitulés utilisés (casa de penitencias, casa de arrepentidas, casa de corrección, casa de mugeres perdidas), c’est celui de recogidas qui s’est imposé à l’usage, dans cette culture hispanique friande d’euphémismes pour assouplir la stigmatisation sociale11. « Recogidas », donc littéralement « recueillies12 », renvoyant par ce terme d’une part à l’action de l’Église et des pieux chrétiens de « recueillir dans la rue », de venir au secours des femmes en perdition, et d’autre part au comportement que devaient adopter ces femmes recluses : le recueillement dans le silence, la prière, le labeur, la soumission à la hiérarchie.
15À Cadix on employait indifféremment le terme de casa de recogidas ou casa de San Pablo, car la maison de correction pour femmes fut édifiée sur le site dont faisait partie l’église de la Conversion-de-saint-Paul ; tout un programme. Sa fondation, en 1680, avait été facilitée par la donation à l’évêché de l’édifice appartenant à une riche veuve d’origine basque, doña Jacinta Martinez de Zuzalaga. Ses œuvres de charité étaient destinées d’une part aux enfants abandonnés, de l’autre aux « femmes qui menaient une vie scandaleuse », désirant racheter leur âme ainsi que pacifier leur propre conscience13. Histoire aussi de remercier l’Église qui lui avait accordé, trente ans auparavant, la dispense pour se marier, nuitamment, en secret, avec son cousin germain, « qu’elle avait connu charnellement et copulé avec lui, vaincus par l’humaine fragilité de la chair14 ».
16Le premier châtiment infligé aux femmes indisciplinées à l’égard de leurs maris était la honte publique : elles étaient en effet recluses avec d’autres femmes considérées immorales par les autorités religieuses ou laïques, filles-mères, et surtout prostituées ou désignées comme telles. L’objectif poursuivi était la correction, la rééducation, et la prison servait à faire prendre conscience aux pécheresses de leurs fautes et des moyens de leur réhabilitation sociale. Pour cela, le temps d’incarcération n’était pas fixé d’avance par le juge et était très variable. Une liste d’écrou de soixante femmes ayant séjourné à la casa de recogidas de Cadix, dans les années 1793-1810, montre que la période d’enfermement n’excédait que rarement un ou deux ans, et la plupart des recluses y passaient seulement quelques mois15.
17 Sur un corpus d’une centaine d’affaires de couples que j’ai analysées, treize impliquent la réclusion de la femme dans la casa de recogidas de Cadix16. Les plaintes des hommes contre leurs épouses ont comme constante principale l’infidélité, la rupture du pacte matrimonial, mais certains reprochent à leur femme de mener une vie dissolue et scandaleuse, de négliger les tâches ménagères et le « devoir conjugal », voire de les insulter et même de les battre. C’est tristes et peinés que ces hommes arrivent à la difficile décision de demander l’enfermement de leurs femmes, et ce sont les mêmes époux qui, après un certain temps demandent leur libération. Dans ce jeu complexe de relations de couple, entre amour vache, école de soumission, stratégies de libération, la négociation entre l’homme et la femme trouve son appui sur une notion phare de la justice d’Église : le pardon. Une fois que les époux en conflit ont manifesté leur désir de se pardonner l’un à l’autre et de se réconcilier, le juge ecclésiastique ordonne immédiatement la libération de la femme enfermée, la réunion matrimoniale et l’archivage de l’affaire. Pour l’Église, le mariage est sauvé et les principes de la justice ecclésiastique affirmés. Le pardon, valeur centrale de la religion chrétienne, illustré par tant d’exemples évangéliques, est utilisé par les tribunaux d’Église, mais cette notion et sa pratique sont partagées aussi par la justice royale, comme l’attestent les « lettres de rémission17 » et d’autres grâces royales. « Justice et miséricorde », même les tribunaux de l’Inquisition ont érigé ces paradigmes dans leur emblème et dans leur pratique, et le cheminement de l’aveu au pardon à la rédemption constitue le fondement du sacrement de la confession18.
18Cette culture du pardon était à l’évidence intériorisée par les individus eux-mêmes. C’est ainsi que nous pouvons comprendre comment des conflits de couple pouvaient s’envenimer jusqu’à souhaiter le châtiment du conjoint, pour ensuite retomber et s’évanouir, tout au moins formellement. Dans ce jeu cruel, hommes et femmes pouvaient arriver à demander l’enfermement de l’amant ; comme nous l’avons vu ci-dessus, et contrairement à ce qui a été avancé pour le diocèse de Trente19, en Italie, l’incarcération n’était pas demandée exclusivement pour les femmes. Dans les affaires matrimoniales, les hommes pouvaient finir en prison soit par ordre du juge, soit à la demande de leurs épouses, de leurs fiancées ou des parents de celles-ci20. Un cas particulier concernant Cadix, comme d’autres villes portuaires liées à l’outremer, était celui des hommes arrêtés, mis en prison et ramenés entravés des Amériques en Europe, suite à la demande de réunion matrimoniale déposée par une épouse abandonnée21. Souvent remariés dans le Nouveau Monde, et pour cela tombant sous le crime de bigamie poursuivi par l’inquisition, ceux que la justice parvenait à rattraper et démasquer (souvent plusieurs années après leur départ d’Espagne) voyaient leur nouvelle vie subitement cassée, parfois leur nouvelle famille démembrée, le vieux lien matrimonial reprendre ses droits, et ils retournaient dans le Vieux Monde les fers aux pieds.
19Mais, de façon générale, la prison était utilisée comme moyen de pression afin que l’accusé change de comportement : comme pour les femmes mises dans les maisons de correction, ce même principe présidait à l’enfermement des hommes. Cependant, il n’y avait pas d’édifices préposés à l’enfermement de maris et fiancés transgresseurs des lois matrimoniales ; s’ils faisaient l’objet d’une plainte auprès du tribunal ecclésiastique ou de la Chancellerie royale, c’est dans les geôles de l’évêché ou du palais du gouverneur qu’ils allaient croupir en attendant le déroulement de l’affaire. Comme pour les femmes, le séjour en prison des hommes était généralement de courte durée, quelques mois, au pire un an. Une différence d’avec les femmes incarcérées était que les hommes devaient subvenir eux-mêmes à leurs frais d’entretien en prison, alors que, suivant la culture de la dépendance économique du « sexe faible », c’étaient les maris qui devaient payer l’entretien de leurs femmes dans la maison de correction.
20Le tribunal de l’évêché utilisait très souvent la prison dans le cas de manquement à la parole donnée de mariage. Afin d’imposer aux fidèles la doctrine de l’Église prévoyant qu’aux « paroles de futur » devaient succéder les « paroles de présent », et pour obliger les récalcitrants à tenir leur promesse, les fiancés dénoncés par les amantes se sentant trahies et abandonnées étaient arrêtés et mis au cachot. La justice ecclésiastique était d’autant plus sévère que la « parole de futur » avait servi à vaincre les réticences de la femme à consentir à des rapports sexuels, et encore davantage si une grossesse s’en était suivie ; il s’agissait alors de défendre tant la doctrine de l’Église en matière de mariage que l’ordre social miné par les filles perdues et les enfants abandonnés22. Charitables intentions protectrices qui pouvaient aussi être détournées et exploités par des femmes jalouses. Comme cette Francisca de Paula qui, en apportant au tribunal cinq lettres écrites par son amoureux, dans lesquelles il mentionnait des cadeaux de chaussures et de bas fins, demandait à la justice ecclésiastique d’empêcher le mariage qu’il s’apprêtait à faire avec une autre femme. Mais c’était en effet une tentative désespérée. Devant la détermination de son bien-aimé à vouloir se marier avec une autre, elle finit par se désister et avouer au juge que son acharnement était dicté par la jalousie et l’envie de vengeance, « pour le faire mettre en prison six ou sept mois et ainsi le mortifier23 ».
21Le recours à la justice, à un juge, voire à l’emprisonnement faisait partie intégrante des stratégies dans le jeu de couple, tout comme l’appel fait à des parents, des amis, des autorités morales. Oscillant entre attraction et répulsion, certains couples avaient recours aux tribunaux à plusieurs reprises, dans des procédures ouvertes et refermées des années durant. Une femme, par exemple, avait attendu en vain neuf ans que son promis, après deux veuvages et un troisième mariage, respecte la parole donnée24. Dans un autre cas, un couple marié avec un enfant s’était disputé pendant six ans, à trois reprises, devant le juge épiscopal, avant de se reconcilier à chaque fois25.
22Il est étonnant de constater, en effet, dans un jeu cruel fait de larmes et parfois même de sang, l’incroyable capacité d’un couple à se ressouder. Doña Ana Maria Martinez, par exemple, avait supporté pendant trois ans les souffrances que lui procurait son mari, Juan Rodriguez, avant de se résoudre à demander la séparation26. Souvent ivre et parfois violent envers elle, son mari ne s’était pas contenté de prendre une amante, il l’avait carrément installée chez eux, à table comme dans l’alcôve, obligeant de surcroît sa femme à la servir. Le juge ecclésiastique avait retenu la demande de l’épouse, avait procédé à dresser l’inventaire des biens lui appartenant, lui avait trouvé un hébergement provisoire dans une maison d’honnêtes gens, avait ordonné au mari de remettre à sa femme une pension de six réaux par jour et de payer les frais de justice. Mais un mois plus tard, le couple se présenta devant le juge, l’homme disant :
Par l’intermédiaire de personnes d’autorité, mon épouse m’a proposé la réconciliation et de recommencer une nouvelle vie pleine de modération et conforme aux principes chrétiens. En vertu de ces justes sentiments, et après plusieurs pourparlers afin de nous accorder, point par point, sur la meilleure forme pour arriver à une paix stable, nous nous sommes mis d’accord pour mettre un terme à la demande de séparation et nous réunir sous les conditions suivantes : en premier lieu, moi, Juan Rodriguez, je dois résolument m’abstenir de l’usage immodéré de la boisson ; que je ne dois ni rendre visite, ni parler, ni communiquer de quelque façon que ce soit avec la femme qui a perturbé l’ordre de ma vie ; que je traiterai mon épouse avec amour et respect, sans l’insulter ni la frapper comme j’avais fait quelques fois jusqu’ici. [...] Et moi, doña Ana, de mon côté, en acceptant les propositions faites, j’abandonne toute poursuite judiciaire et me déclare prête à me réunir avec mon mari [...].
23Les époux signèrent le pacte écrit devant le juge, lequel ordonna la cessation de l’affaire et son archivage.
24Tels des armistices entre belligérants signés devant une tierce puissance garante, des couples signaient devant le juge des pactes garantissant sinon l’amour, au moins la paix dans le foyer. Pourvu que le mariage célébré devant Dieu soit conservé, soit-il de pure forme, les autorités religieuses donnaient leur accord aux compromis trouvés par les époux légitimes, souvent avec l’aide de leur entourage. Jusqu’à donner leur aval à des accords assez curieux, comme lors du conflit opposant don Salvador Moreno Davila à sa troisième épouse, doña Rosa Grant y Estrange27. Cet homme de la grande bourgeoisie gaditane, qui fut longtemps administrateur des douanes du port atlantique, avait eu une vie sentimentale difficile : il s’était marié quatre fois et avait eu treize enfants issus des différents lits, sans compter ses liaisons non officielles. Une vie de marié et de veuf à la fois, car il avait dû enterrer ses quatre épouses, y compris la dernière, qu’il avait pourtant prise dans la fleur de l’âge, alors qu’il était déjà un homme mûr.
25 C’est avec doña Rosa Grant, une femme d’origine irlandaise, que don Salvador vécut le plus longtemps, onze ans, mettant au monde quatre enfants. Mais leur liaison fut sans cesse tourmentée, « à cause du mauvais caractère de sa femme, qui était de mauvaise humeur six jours sur sept », selon don Salvador. Il avait tout essayé pour l’amadouer et faire régner la paix dans le foyer, avec toute sorte de cadeaux que sa fortune lui permettait, beaux habits, chaussures élégantes, bijoux, maison à la campagne ; sans aucun succès. Il finit d’abord par mettre en place une séparation de fait, puis par s’adresser au juge ecclésiastique pour sanctionner une séparation officielle. Don Salvador était cependant lié à sa femme, en tout cas attiré par ses charmes, et il conclut avec doña Rosa un accord signé par eux et validé par le juge, prévoyant la séparation du toit commun mais non du lit. De fait, le pacte contenait que les deux époux séparés vivaient chacun dans son appartement, mais dans la même maison ; doña Rosa recevait aussi de son mari une coquette rente mensuelle et d’autres facilités matérielles, en échange de quoi non seulement elle s’engageait à recevoir son mari à déjeuner ou à dîner, mais à maintenir leur union quoad thorum, laissant le plein arbitre à don Salvador de se rendre chez elle à n’importe quelle heure.
26Si un notable gaditan pouvait acheter la sexualité de sa femme, il payait un prix élevé en termes d’honneur et de reconnaissance sociale, car finalement porter ses sentiments devant un juge ne pouvait pas rester une action secrète et limitée à trois personnes. Sans compter l’appareil judiciaire et les possibles fuites de l’affaire, l’appel obligatoire à des témoins mettait à contribution amis, parents et voisins, multipliant de manière exponentielle prises de position, opinions, conseils et rumeurs publiques. L’intimité du couple pouvait en être irrémédiablement brisée.
Notes de bas de page
1 Archivo Diocesano de Cadiz (ADC), Varias, Divorcios, leg. 1163, año de 1797 : Demanda de divorcio : doña Maria Rosa Ximeno a don Estevan Marin Macias. Rappelons ici que, pour les tribunaux d’Église, seule l’annulation du mariage permettait de se remarier et que, par « divorce », on entendait la séparation de corps.
2 A. Badiou, Éloge de l’amour, Paris, 2009.
3 A. Stella, Histoires d’esclaves dans la péninsule Ibérique, Paris, 2000.
4 A. Porteau-Bitker, « La justice laïque et le viol au Moyen Âge », Revue historique du droit français et étranger, 66, 1988, p. 491-526 ; I. Bazan Diaz, « El estupro. Sexualidad delictiva en la Baja Edad Media y primera Edad Moderna », Mélanges de la Casa de Velázquez, 33, 2003, p. 13-46 ; R. Barahona, Sex Crime, Honour and the Law in Early Modem Spain. Vizcaya, 1528- 1735, Toronto, 2003 ; G. Vigarello, Histoire du viol, xvie-xxe siècles, Paris, 1998 ; V. NahumGrappe, « La haine ethnique et ses moyens : les viols systématiques », Confluences Méditerranée, 17,1996, p. 39-55.
5 P. Darmon, Le tribunal de l’impuissance, Paris, 1979.
6 Voir les cas suivants : ADC, Varios, leg. 337, año de 1715 : Demanda de nulidad de matrimonio puesta por doña Josepha Francisca Martinez contra Manuel Correa, su marido ; ADC, Varias, leg. 688, año de 1781 : Autos sobre nulidad de matrimonio : Antonia Lopez a Domingo Suarez, su marido ; ADC, Varios, leg. 185, año de 1717 : Autos sobre nulidad de matrimonio puesta por doña Luisa Teresa de Alanis. Dans ce dernier cas, devant les dénégations du mari, le juge ecclésiastique ordonna que la grand-mère de la plaignante assiste pendant trois nuits de suite aux ébats de sa petite-fille et de son mari, afin de vérifier les capacités de pénétration de l’époux.
7 ADC, Varios, leg. 1055, año de 1794 : Demanda de divorcio puesta por don Benito Rovelo à doña Maria del Carmen Barrientos, su lexitima muger.
8 ADC, Varios, leg. 731, año de 1767 : Antonio Falcon contra Josepha Quixano.
9 M. D. Perez Baltazar, « Origenes de los recogimientos de mujeres », Cuadernos de Historia Moderna y Contemporanea, 6, 1985, p. 13-23 ; id., Mujeres marginadas. Las Casas de Recogidas de Madrid (siglos xvii-xix), Madrid, 1984 ; P. Peña Gonzalez, « La Casa de Recogidas de Santiago, un hospital de aimas », Anales de la Universidad de Chile, 6,1997, p. 1-19 ; J. Muriel, Los recogimientos de mujeres. Respuesta a una problematica social novohispana, Mexico, 1974.
10 A. Groppi, I conservatorî della virtù. Donne recluse nella Roma dei Papi, Rome/Bari, 1994 ; G. Zarri, Recinti. Donne, clausura e matrimonio nella prima età moderna, Bologne, 2000 ; « Clôtures », CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 26, 2007.
11 Rappelons, dans un autre registre, les euphémismes inventés pour désigner les esclaves africains et leurs métissages : Moreno au lieu de Negro, Pardo au lieu de Mulato, ou encore Zambo pour définir le métis d’un Noir et d’une Indienne.
12 Arrepentidas, se llaman las mujeres que habiendo reconocidos sus yerros y soltura de vida, se arrepienten y vuelven à Dios y se encierran en unas casas como monasterios a vivir religiosamente y en comunidad. Dicense comunmente las Recogidas, Diccionario de Autoridades (1737).
13 Voir le testament de doña Jacinta Martinez de Zuzalaga : ADC, Patronato Zuzalaga, caja 14, 24/03/1698.
14 La motivation du mariage en consanguinité pouvait être aussi la fusion de patrimoine de deux familles basques marchandes installées à Cadix. Dans leur déclaration en vue du mariage, les futurs époux soulignaient que c’était bien la copulation fautive le motif y no maliziosamente ni con intento de que por este camino Su Sanctidad mas facilmente nos dispensara, y respecto de ser publico y notorio el dicho trato y copula que tuvimos, si el matrimonio entre nosotros tratado no se efectuase, la dicha contrayente quedaria gravemente disfamada y sin casarse : ADC, Expedientes matrimoniales, leg. 34, año de 1652, matrimonio segreto. Cf. aussi le testament réciproque de don Joseph de Arrate Villareal y doña Jacinta Martinez de Zuzalaga : Archive Historico de Protocolos de Cadiz (AHPC), Protocolos Cadiz, 1b. 3730, f°622-625, 20/05/1672.
15 ADC, Patronato Zuzalaga, caja 14 : Documentos de arrepentidas.
16 Outre les cas cités plus haut, cf. ADC, Varios, leg. 627, años de 1768-1774 : Instancia que sigue Joseph Frison contra Juana Tartué, su muger, sobre malaversacion de matrimonio ; ADC, Varias, leg. 1163, año de 1795 : Demanda de divorcio : Estevan Mummay a Cathalina Ximenez, su lexitima muger ; ADC, Varios, leg. 1055, año de 1793 : Demanda de deposito : don Ramon de Carvalleda contra doña Sebastiana Molinari, su muger ; ADC, Varios, leg. 1049, año de 1741 : Juan Gordillo contra Juana de la Torre, su muger ; ADC, Varios, leg. 1163, año de 1798 : Demanda de divorcio : Thomas Piso contra Josefa Portilla ; ADC, Varios, leg. 688, año de 1781 : Autos sobre nulidad de matrimonio : Antonia Lopez à Domingo Suarez, su marido ; ADC, Varios, leg. 1055, año de 1794 : Antonio Zevallo y Michaela Garcia ; ADC, Varios, leg. 395, año de 1755 : Ynformacion a pedimiento de Antonio de la Cinta sobre la mala vida que le da y tiene su muger Ysavel Muñoz ; ADC, Varios, leg. 731, año de 1767 : Juan Salvador de Lara contra su muger Francisca Lopez ; ADC, Varios, leg. 627, año de 1775 : Juan Joseph de Cueto contra Maria del Rosario, su muger, ambos de color etiopico.
17 C. Gauvard, « De grace especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, 2009 [1991], 2 vol.
18 J.-P. Dedieu, Les mots de l’inquisition, Toulouse, 2002 ; J. Delumeau, L’aveu et le pardon, Paris, 1992.
19 L. Faoro, « Il ricorso alla carcerazione nei processi matrimoniali di Trento (secoli xvii-xviii) », dans S. Seidel Menchi, D. Quaglioni (dir.), I tribunali del matrimonio (secoli xv-xviii), Bologne, 2006, p. 189-209. Sur les conflits entre époux en Italie, cf. S. Seidel Menchi, D. quaGlioni (dir.), Coniugi nemici. La separazione in Italia dal xii al XVIII secolo, Bologne, 2000.
20 A. Stella, Amours et désamours à Cadix aux XVIIe et xviiiesiècles, Toulouse, 2008 ; A. Morgado Garcia, « El divorcio en el Càdiz del siglo xviii », Trocadero, 6-7, 1994-1995, p. 125-137.
21 M. J. de La Pascua Sanchez, Mujeres solas : historias de amor y de abandono en el mundo hispanico, Malaga, 1998. Sur presque 300 affaires étudiées par l’auteur, 1 % seulement de ces requisitorias a Indias étaient le fait d’hommes, la presque totalité des demandes émanaient de femmes.
22 A. Stella, Amours et désamours..., op. cit., p. 41-53.
23 ADC, Varios, leg. 337, año de 1713 : Demanda de palabra matrimonial puesta por Francisca de Paula a Antonio Maria Rebelo.
24 ADC, Varios, leg. 688, año de 1781 : Ympedimento a instancias de Juana Pagan contra Miguel Piñero.
25 ADC, Varios, leg. 1067, ano de 1796 : Demanda de divorcio : Josefa Rolando contra Rafael Cevada, su marido.
26 ADC, Varios, leg. 1163, año de 1799 : Demanda de divorcio : doña Ana Maria Martinez a Juan Rodriguez, su marido.
27 ADC, Varias, leg. 1198, año de 1757 : Demanda de divorcio : don Salvador Moreno Davila a doña Rosa Grant y Estrange. Sur la base de ses dossiers de mariage (ou de séparation), ses testaments et autres documents d’archives, j’ai pu rédiger une petite biographie : A. Stella, « Don Salvador, ses quatre femmes et ses treize enfants », dans I. Chabot, J. Hayez, D. Lett (dir.), La famille, les femmes et le quotidien (xive-xviiie siècles). Textes offerts à Christiane Klapisch-Zuber, Florence/Paris, 2006, p. 251-259.
Auteur
Alessandro Stella, historien, est directeur de recherche au CNRS, membre du Centre de recherches historiques (EHESS-CNRS) de Paris. Ses recherches portent sur les révoltes sociales, sur l’esclavage et autres formes de dépendance servile, et sur les relations entre les hommes et les femmes. Derniers ouvrages parus : Amours et désamours à Cadix aux xviie et xviiie siècles, Toulouse, PUM, 2008 ; Le prêtre et le sexe. Les révélations des procès de l’inquisition, Bruxelles, André Versaille, 2009 ; avec Jocelyne Dakhlia, Arlette Farge, Chritiane Klapisch-Zuber (dir.), Histoires de l’amour. Fragilités et interdits, du Kâmasûtra à nos jours, Paris, Bayard, 2011 ; avec Roger Botte (dir.), Couleurs de l’esclavage sur les deux rives de la Méditerranée (Moyen Âge-xxe siècle), Paris, Karthala, 2012.
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