De l’usage de l’enfermement comme outil d’intervention et de savoir sur le sexe
L’enfermement des jeunes délinquantes (Belgique, 1920-1970)
p. 145-163
Résumés
L’enfermement semble être plus légitime pour les filles de justice que pour les garçons. Pourquoi ? Cette contribution s’intéresse à la manière dont un discours orienté sur le sexe et la sexualité des filles a pu être mobilisé pour légitimer l’enfermement des jeunes délinquantes en Belgique et justifier certaines de ses pratiques. Le sexe et la sexualité verbalisés seraient des « outils » permettant d’agir sur une certaine catégorie de population, les filles de justice. L’article repose sur une recherche portant sur les parcours et l’expérience des filles enfermées, le contexte judiciaire et social dans lequel ces parcours se sont insérés et les pratiques institutionnelles intra-muros mobilisées. Nous souhaitons mieux comprendre comment la « fille délinquante » peut être une création discursive, quel rapport le discours entretient avec le sexe et la sexualité des filles, et comment ce discours s’articule avec les pratiques. Cette étude est donc l’occasion de s’interroger sur la construction de l’identité de la fille délinquante à travers la mesure d’enfermement.
Confinement seems to be more legitimate for delinquent girls than for delinquent boys. Why? This paper focuses on how a discourse on sex and sexuality was mobilised to concretise and legitimate the confinement of delinquent girls in Belgium (1920- 1970) and to justify some confinement practices. Sex and sexuality verbalised would be tools allowing to act on a certain category of the population, in this case delinquent girls. The paper is based on research that focused on the trajectories of confined delinquent girls, the social and judicial contexts of these trajectories, institutional practices (intra-muros), and the experience of these confined girls. We try to understand how the “delinquent girl” can be a discursive creation, the link between this discourse and a girl’s sexuality, and how this discourse is articulated with practices. This study is an opportunity to question the identity of the delinquent girl through confinement.
Note de l’éditeur
Cet article a été rédigé avec le soutien du PAI « Justice and Populations : Belgium in an international perspective (1795-2015) », Politique scientifique fédérale belge.
Texte intégral
1L’intervention judiciaire à l’égard des mineurs au xxe siècle a le plus souvent été étudiée selon quatre axes complémentaires : les développements législatifs et idéologiques1, les parcours et trajectoires globaux des jeunes2, les institutions de placement3 et enfin l’« expertise », c’est-à-dire l’examen psychiatrique ou psychologique des mineurs dans le cadre judiciaire4. Notre propos se situe au croisement de ces différentes approches et se concentre sur l’enfermement des filles, en Belgique, entre les années 1920 et 1970. En effet, alors qu’elles sont beaucoup moins nombreuses que les garçons à être mises en cause par la justice, les filles sont proportionnellement bien plus souvent placées, et leur « enfermement » dure bien plus longtemps5. Les « filles de justice6 » placées dans une institution d’enfermement7 pouvaient y rester de quelques semaines à quelques années, être libérées puis réintégrées, jusqu’à leur majorité. À partir de 1945, la clôture n’est plus systématique. Certaines institutions mettent en place un régime de semi-liberté, prévoyant des congés et l’exercice d’un travail en ville pendant la journée. L’enfermement des filles, quel que soit son degré de porosité, peut être compris de deux manières qui en réalité sont complémentaires : comme une exclusion (exclusion de la vie familiale et sociale), comme une inclusion (prise en charge par l’État, régime de communauté). Il semble être aussi plus légitime que celui des garçons8 : la littérature à visée scientifique de l’époque présente régulièrement l’enfermement ou le placement des filles délinquantes comme résultant d’un comportement marqué par une sexualité trop développée9.
2Cet article s’intéresse à la manière dont un discours orienté sur le sexe et la sexualité des filles a pu être mobilisé par les praticiens du judiciaire et de la prise en charge sociale pour légitimer et concrétiser l’enfermement et certaines de ses pratiques. Le sexe et la sexualité verbalisés seraient des outils permettant d’agir sur une certaine catégorie de population, ici les « filles de justice ». Notre contribution repose sur une recherche doctorale portant sur les parcours des filles enfermées, le contexte judiciaire et social dans lequel ces parcours se sont insérés, les pratiques institutionnelles intra-muros mobilisées et l’expérience des filles placées. L’étude des dossiers individuels d’une institution d’État pour filles de justice (l’établissement d’éducation de l’État à Bruges), composés des rapports sociaux, judiciaires, pédagogiques et d’experts, a permis de reconstruire les parcours10. Elle a été complétée par l’analyse des papiers administratifs tenus par l’institution (procès-verbaux de réunions internes, correspondance de la direction avec l’administration du ministère de la Justice, circulaires...)11, la correspondance des directions avec les familles, les magistrats et les filles elles-mêmes, les règlements, les discours parlementaires12. Leur interprétation doit inévitablement beaucoup à Michel Foucault et à son analyse discursive13. Mais une étude empirique solide est indispensable pour démontrer dans quelle mesure une approche foucaldienne est toujours pertinente14. Nous souhaitons ici mieux comprendre comment la « fille délinquante » est une création discursive, quel rapport le discours judiciaire entretient avec le sexe, le genre et la sexualité15 des filles, et comment ce discours s’articule avec les pratiques des institutions judiciaires ou de rééducation. Cette étude est donc l’occasion de s’interroger sur la construction de l’identité de la fille délinquante.
3 Partant, elle s’inscrit aussi dans une histoire des femmes, dans une histoire du genre comme « catégorie sociale imposée sur un corps sexué16 » et dans une histoire du genre comme construction d’une identité individuelle en réaction aux actions de normalisation.
4La question posée le plus souvent par l’historiographie est la suivante : comment le refus de se soumettre aux normes de genre peut-il donner lieu à une réaction sociale telle que l’enfermement ? Nous souhaitons retourner cette question pour en poser une autre : comment l’enfermement peut-il participer à la construction des normes de genre ? On vérifiera ainsi que les actions judiciaires et l’enfermement ont pu contribuer à une socialisation des individus productrice d’identités genrées17.
L’enfermement des filles s’inscrit dans une trajectoire
5Il est nécessaire, pour comprendre la mesure d’enfermement et ses implications, de prendre en compte non seulement la procédure judiciaire, mais aussi les dispositifs sociaux et parapénaux qui la précèdent18. Une analyse des représentations sociales de la délinquance est importante, parce qu’elles influent sur la décision judiciaire et, dans notre cas, sur la mesure d’enfermement19. L’institution n’est pas la seule à construire l’« identité » de la fille délinquante enfermée et à user de déterminismes genrés. La déviance spécifique des filles et des femmes, souvent non criminalisée et peu visible, trouve bien souvent son origine en amont, avant la mesure concrète de placement20.
6Depuis la fin du xixe siècle, les prostituées et les femmes issues des milieux ouvriers sont la cible d’un discours culpabilisant : mauvaises femmes, mauvaises mères, elles sont considérées comme une source de dégénérescence et de comportements criminogènes. Des actions de régulation dirigées vers les familles se multiplient jusqu’à l’entre-deux-guerres, à travers la gestion de la natalité, le soutien et la défense du modèle familial « bourgeois », et une intervention médicale et sociale individuelle21.
7L’attention portée à la place des femmes dans la société et, en particulier, à leur corps se cristallise au début du xxe siècle autour des filles issues des milieux populaires qui ne respectent pas les normes bourgeoises. Confrontées à des situations familiales complexes, sans soutien financier, elles adoptent un comportement désormais qualifié de « délinquance juvénile22 ». La normalisation des filles se renforce et prend des formes multiples à l’école, dans les patronages, les services médicaux, à travers l’église, le voisinage, la famille. Par le biais de la loi sur la protection de l’enfance23 et de la mise en place d’un système judiciaire réservé aux mineurs, les filles peuvent faire l’expérience de la liberté surveillée. Dans ce cas, elles font l’objet de rapports, rédigés par les délégués à la protection de l’enfance et destinés aux juges des enfants. En fonction des données fournies sur leur famille, leurs relations avec les hommes et leur mobilité, les juges peuvent prendre une décision de placement. Cette décision s’appuie le plus souvent sur des soupçons de relations sexuelles, de prostitution, de maladie vénérienne ou de grossesse, et parfois simplement sur la perception d’un risque lié aux représentations sociales de la délinquance des filles. C’est leur sexualité « perçue, possible ou réelle24 » qui les prédispose ainsi à un enfermement présenté comme protecteur25. Dans de nombreux cas, la fille est enfermée parce que l’on craint qu’elle ne devienne l’image que l’on se fait d’elle. Ici, les politiques, les idéologies et les discours construits autour de la délinquance des filles prennent toute leur importance.
8Différents groupes d’intervenants – magistrats, sociologues, religieuses, éducateurs, experts – partagent l’idée suivante : l’enfermement permet aux filles de se détacher de leur ancien milieu, de prendre conscience de leurs erreurs et d’appréhender le monde libre avec un autre état d’esprit. Ce chemin à parcourir, on l’appelle « moralisation » et il est, pour beaucoup, l’objectif premier des mesures de placement26.
9Les travaux de certains « experts », largement diffusés dans les premières décennies du xxe siècle, ont eu un impact fort sur la construction de l’image de la jeune délinquante immorale. L’étiologie de la délinquance juvénile devient une discipline à part entière, qui prend son envol notamment après les importants travaux du psychiatre Georges Heuyer27. Elle se construit à partir des écrits de ces « spécialistes » confrontés aux jeunes délinquants dans leur pratique d’intervenant social, de psychiatre, de juge. Une véritable communauté expertale se forme, et les discours proposés façonnent l’image d’une fille délinquante qui varie en fin de compte très peu, en dépit d’influences scientifiques et d’expériences professionnelles parfois très divergentes. Les travaux des psychologues Georges Stanley Hall et Cyril Burt, du psychiatre William Healy, des criminologues Sheldon et Eleanor Glueck, et Jean Pinatel, des docteurs Gilbert-Robin et Le Moal, du sociologue W.I. Thomas ont ainsi eu un impact international28. En Belgique, les publications de la sociologue Aimée Racine, du juge des enfants Paul Wets ou du psychiatre René Dellaert29, s’inspirant de cette littérature internationale, façonnent l’image des jeunes délinquantes auprès des acteurs sociaux et institutionnels. Pour ces spécialistes, les causes de la délinquance des filles sont multiples et souvent complémentaires. Un discours psychiatrique exclusivement biologique réduit la délinquance des filles à une question de développement et d’hormones. Un discours psychosociopsychanalytique lie cette délinquance aux expériences vécues au cours de la petite enfance, à l’éveil sexuel et à une situation familiale critique. Enfin, un courant plus généraliste explique l’inconduite des jeunes filles autant par leur milieu que par leurs caractéristiques physiques. Mais tous ces auteurs s’entendent sur le fait suivant : la lutte contre la délinquance des filles est avant tout une lutte contre l’immoralité, et cette lutte contre l’immoralité est aussi une lutte contre les familles déficientes socialement, médicalement et moralement. Les théories de Lombroso et de l’anthropologie criminelle, pourtant rejetées par la communauté des psychiatres et des psychologues dès la fin du xixe siècle, ressurgissent parfois à l’aube des années 1960, comme sous la plume d’Heuyer :
« La délinquance féminine, même quand elle est agressive, a toujours un caractère sexuel, elle est endocrinienne, hormonale [...] Enfin et surtout, la délinquance féminine est la prostitution. Lombroso le disait : “La prostitution est le côté féminin de la criminalité” [...] Ces formules sont plus vraies encore pour la fille mineure30. »
10L’inquiétude que suscite la sexualité des filles semble en effet ne jamais s’atténuer31. Dans les années 1950 néanmoins, le traitement efficace des maladies vénériennes et l’influence grandissante des sciences médicales et psychopédagogiques modifient quelque peu le regard posé sur les filles délinquantes, qui paraissent plus à même d’être réinsérées. L’offre institutionnelle proposée aux mineurs est remise en question32. Au début des années 1960, certains établissements jugés trop archaïques sont fermés, les services éducatifs ouverts ou semi-fermés sont privilégiés, et le psychiatre est officiellement élevé au rang d’« expert » qui fait autorité, non seulement au sein des établissements, mais aussi auprès de l’administration du ministère de la Justice33.
11Dans les institutions sur lesquelles nous avons travaillé (celle de Saint-Servais34 et celle de Bruges35), nous retrouvons ces filles qui ont été stigmatisées pour leurs rapports aux normes sociales et de genre. Parfois petites voleuses ou fugueuses, elles ont surtout été interpellées et placées en raison d’un contexte familial jugé critique, d’un comportement considéré comme trop indépendant ou de leurs relations avec les hommes. D’après un rapport émanant du principal institut d’observation d’État, à Saint-Servais :
« Josette n’a jamais connu le bonheur d’une vie familiale régulière, toute petite, elle était témoin de la mésentente de ses parents. Depuis plus d’un an, stimulée par l’exemple maternel, elle connait la vie de débauche et s’y livre sans pudeur ni retenue36. »
12Ces filles ont pu également être placées dans l’institution de Bruges, un établissement d’État qualifié de « sévère » et réputé pour accueillir les cas les plus inquiétants. Filles indisciplinées, enceintes ou atteintes de maladies vénériennes y sont transférées en raison d’un comportement critique, immoral ou révolté :
« Elle se livre à des conversations ordurières, puis remplit l’air libre et la cellule de sûreté de ses chansons immorales : enfin elle encourage certaines compagnes dans le mal, leur conseillant de tromper toute surveillance pour “s’amuser librement”. Pour porter remède à ce scandale public persistant, nous proposons le transfert à Bruges37. »
13Ces filles sont en réalité marginalisées de manière multiple : parce qu’elles sont des filles et parce qu’elles sont jeunes, parce qu’elles sont sans ressources familiales, financières, sociales et politiques, parce qu’elles sont placées dans une institution fermée elle-même marginalisée, peu surveillée et, il faut bien le dire, quelque peu oubliée.
Un régime d’enfermement organisé autour du sexe et de la sexualité
14La sexualité des filles est très clairement un enjeu au sein de l’institution d’enfermement. Le discours sur le rapport au sexe est encouragé et recherché. Une contradiction importante se révèle dans la manière dont les praticiens réprouvent l’action sexuelle des filles et semblent pourtant ne jamais cesser de s’y intéresser et, donc, de l’exposer.
15L’univers fermé de l’institution de Bruges n’est pas exclusivement féminin. Si les soeurs surveillantes, les sœurs infirmières, les institutrices, l’infirmière accoucheuse, les surveillantes laïques, les psychologues et l’assistante sociale sont toujours des femmes, quelques postes sont occupés par des hommes : médecin, directeur (entre 1925 et 1957), expert psychiatre, administratifs, homme à tout faire... L’établissement a une triple fonction : il s’agit à la fois d’une institution pour filles difficiles, d’une maternité et d’une clinique pour les filles atteintes de maladies vénériennes. La maternité et la clinique témoignent déjà d’une conception genrée de la délinquance féminine, puisque seules les filles sont responsabilisées et stigmatisées à travers la parentalité et les maladies sexuellement transmissibles. Il n’existe en effet pas d’équipements comparables pour les garçons atteints de maladies vénériennes (ou les jeunes pères...). Les populations de ces trois groupes sont soigneusement séparées. Alors que, dans les institutions pour garçons, les dortoirs sont encore privilégiés jusque dans les années 195038, ils sont proscrits dans les établissements d’État pour filles depuis le xixe siècle, en raison de la crainte d’une trop grande promiscuité39. Les filles sont donc installées dans des chambrettes ou « cellules » individuelles.
16Le régime de l’institution de Bruges est similaire à celui des autres établissements pour filles de justice en Belgique, qu’ils soient privés ou publics, mais il se distingue toutefois par un règlement disciplinaire plus sévère, des activités pédagogiques et des rapports avec l’extérieur réduits. Ce régime particulier a été adopté progressivement, à la suite de demandes spéciales formulées par la direction au ministère de la Justice et justifiées par le rapport que ces jeunes « délinquantes » entretiendraient avec la sexualité :
« La révolte, le vandalisme contre l’autorité et le personnel proviennent uniquement d’un désir exagéré d’indépendance et du rejet de toute tutelle. La cause principale, réelle [de cette situation] repose sur la psychologie particulière de notre population, pour la plupart des patientes qui ont des problèmes d’hérédité et qui ont eu de mauvais exemples ou une mauvaise éducation, surtout dans la période critique de l’évolution pubère... servie par l’instinct sexuel40. »
17Pendant la journée, les filles se côtoient beaucoup lors des activités manuelles, de la classe, des repas, des promenades dans la cour ou au jardin, des temps libres qui sont peu à peu organisés en loisirs. Elles sont continuellement surveillées. La religion occupe une place importante dans leur vie à travers les offices et l’enseignement donné par des religieuses jusqu’en 1957. En revanche, les filles dites « difficiles » passent la plus grande partie de la journée enfermées dans leur chambrette, pour éviter une mauvaise influence sur leurs compagnes. Elles travaillent des heures durant à repriser les chaussettes.
18Les examens gynécologiques sont réguliers et nombreux. La plupart des filles envoyées à Bruges ont déjà subi les examens d’un gynécologue dans une précédente institution de placement. Les filles mères et les filles atteintes de maladies vénériennes sont soumises chaque semaine à de nouveaux examens effectués par un médecin et une infirmière. Il s’agit de découvrir une grossesse et de la dater, de détecter une contagion, d’en connaître les circonstances ou de la soigner, de constater la défloration ou, parfois, de révéler un cas de virginité. Les résultats de ces examens médicaux sont consignés au dossier et vont alimenter la trame de la trajectoire de la jeune fille, comme un élément « à charge », facile à mobiliser41.
19La religion, le travail et les pratiques d’isolement sont ici associés pour constituer un regime of feminity typique du milieu carcéral42 : il se caractérise par l’absence d’indépendance et de choix laissés aux filles enfermées, par l’obligation de se conformer à un modèle de vie féminin. Ce modèle place en fait les filles dans un rôle qu’elles n’ont pas adopté au sein de la société libre : le rôle de filles soumises, qui s’occupent avant tout d’activités typiquement féminines, mais à qui on ne permet pas d’affirmer certains traits de leur féminité, puisque par exemple le maquillage, les bas de soie, les conversations se référant à la vie affective et amoureuse sont proscrits. Dans les années 1950, l’incompétence des filles qui sortent de l’institution de Bruges sans aucune formation spécialisée est pointée du doigt. Leur formation ménagère et professionnelle s’améliore, mais elle reste cantonnée à des domaines traditionnellement réservés aux filles des milieux populaires : la coiffure, la cuisine, la blanchisserie, le cartonnage. L’institution ne se donne pas pour but de permettre aux filles de grimper l’échelle sociale mais, au contraire, elle est là pour rappeler aux filles quelle est leur place au sein de la société.
20L’évolution de chaque « cas » est consignée dans les notes pédagogiques. Une copie de ces notes est envoyée au juge de chaque mineure. Ces rapports semestriels font le point sur la situation médicale, intellectuelle, professionnelle et morale des filles, sous la forme de remarques favorables ou défavorables. Au terme de l’évaluation, un avis est rendu sur la nécessité ou non de garder la fille placée. Dans ces rapports, les soeurs surveillantes, les institutrices comme les éducatrices laïques s’arrêtent d’abord sur la relation que les filles entretiennent avec leur sexe et leur genre : elles établissent leur sexualité sur la base d’un comportement sexuel qui paraît omniprésent, malgré les interdits, les punitions, le travail et la « moralisation ». Voici quelques extraits de rapports classés de façon chronologique :
- Dans les années 1920 : « tempérament sensuel et ardent », « pervertie, esclave d’habitudes vicieuses », « jugements et raisonnements venant des classes de la population la plus basse et dont les principes vont contre la moralité43 ».
- Dans les années 1930 : « tourmentée intime qui doit lutter contre les relents d’un passé immoral », « fonds léger et sensuel44 ».
- Dans les années 1940 : « tendances érotiques et sensuelles », « le fonds intime ne semble pas s’assainir, elle reste vulgaire, obéissant à des mobiles sensuels et sexuels45 ».
- 1950-1957 : « elle vit dans un monde de rêve où elle peut revivre une vie sexuelle et la débauche », « excitée sexuelle46 ».
- 1957-1965 : « elle a des besoins sexuels très prononcés, elle se laissera aller à la prostitution bien que son comportement soit très favorable », « sensualité marquée », « sexuellement elle semble toujours prête à se donner à n’importe qui47 ».
21Le corps pédagogique, qu’il s’agisse des religieuses, avant 1957, ou des laïques, après 1957, rabat ainsi une grande partie de l’activité des filles sur leur moralité48. Le lexique moral devient explicitement « sexuel » dès les années 1940. Ce jugement orienté est présenté comme résultant de l’observation du comportement au sein de l’établissement et envahit toutes les dimensions pédagogiques. Il sert à légitimer un traitement et un mode d’enfermement, d’une part auprès des juges des enfants (auprès desquels on justifie ainsi le maintien de la mesure d’enfermement), d’autre part auprès de l’administration du ministère de la Justice. Il semble que le personnel de l’établissement ait en effet très bien compris ce qui était le plus efficace pour décider du régime institutionnel ou d’une mesure individuelle : évoquer l’origine sexuelle des débordements disciplinaires des filles, insister sur leur relation avec l’immoralité. Le personnel recherche sans cesse les preuves de la sexualité des filles dans leur comportement quotidien et les exploite dans un objectif d’administration à peine voilé. Car pour lui, la « délinquance des filles » se réfère inévitablement à leur sexualité et à leur moralité.
Une expertise institutionnelle orientée
22Au fil de leur parcours, les jeunes délinquantes enfermées sont confrontées à un nombre toujours plus grand d’« experts ». Que ce soit au sein des institutions d’observation, d’éducation ou disciplinaires, les évaluations des institutrices, surveillantes ou éducatrices se voient complétées par celles des assistants sociaux, médecins, psychiatres, psychologues, pédagogues. Les filles font donc l’objet d’une expertise démultipliée. À la lecture de ces rapports d’expertise, on constate que la première évaluation influence la plupart du temps celles qui suivent. L’histoire semble ainsi se répéter doublement : d’expertise en expertise pour une même fille, et de dossier en dossier, si l’on prend en compte l’ensemble de la population traitée.
23Dans les institutions d’observation pour filles, les premiers « experts » qui rédigent les rapports psychopédagogiques afin d’orienter la décision des magistrats sont les religieuses ainsi qu’un médecin généraliste qui se cantonne à un examen purement somatique. L’observation dite « scientifique49 » repose alors majoritairement sur l’observation du comportement en classe ou durant les tâches ménagères, sur les résultats scolaires, sur les données issues des enquêtes sociales et sur ce que la jeune fille dit d’elle-même, de son histoire et de sa famille50. L’hérédité, le contexte social et d’éducation sont au centre de toutes les attentions. Pour les religieuses, les péchés capitaux tels que l’orgueil, la luxure, l’ambition, la colère, la tristesse, la gourmandise (à l’exception notable de l’avarice) semblent être des « clés d’analyse » fiables et efficaces pour définir les traits de caractère des filles51.
24Dès le début des années 1930, un établissement d’observation privé, l’institut Sainte-Marguerite de Cortone au Kiel, à Anvers, se distingue des autres en confiant l’observation des filles de justice à un psychiatre, le Dr Dellaert, qui devient ensuite une autorité en matière de délinquance juvénile en Belgique. Étonnamment, son expertise est assez proche de celle des religieuses, en particulier dans sa structure, mis à part qu’il y ajoute un examen anthropométrique52.
25Jusqu’à la fin des années 1940, tous les rapports d’observation, quel que soit leur établissement d’origine, tournent autour des idées de nature, moralité, honnêteté, émotivité des filles. La physionomie, l’activité à table, la gestuelle, l’expression orale sont des indices qui ont autant de valeur que l’hérédité, le milieu, l’histoire judiciaire. L’expert s’interroge sur les relations que la fille a pu avoir avec des garçons à l’extérieur et sur les relations qu’elle entretient avec les autres filles au sein de l’institution. Dans la très grande majorité des rapports, le recours à de nombreuses descriptions des comportements qualifiés d’immoraux confère à ces textes l’apparence d’un argumentaire construit par l’observateur sur la relation des mineures à la sexualité et la sensualité :
« Même à l’état de repos, maintien, regard et paroles respirent la luxure53. »
« La dominante de ce caractère reste bien l’attrait des jouissances malsaines. Sans aucune volonté, elle donne entièrement satisfaction à ses passions, ce qui la rend incapable d’efforts54. »
26L’objectif semble être de créer un lien entre, d’une part, le récit des antécédents et la description d’un milieu d’origine, évoqués comme moralement déficients, et, d’autre part, l’observation proprement dite et l’enfermement concret.
27À partir de la fin des années 1940, le principal institut d’observation d’État, à Saint-Servais, s’aligne sur l’institution anversoise dans laquelle pratique le Dr Dellaert et fait lui aussi appel à des spécialistes psychiatres ou psychologues pour réaliser l’observation. Les rapports sont alors complétés par un examen psychologique complet reposant en partie sur des tests d’efficience ou projectifs55. Alors même que les rapports d’observation gagnent en caution scientifique, ils insistent toujours sur la moralité des filles placées, qui reste l’une des principales préoccupations des experts – avec les relations que la fille entretient avec sa famille. La différence avec la période précédente repose donc moins sur le fond que sur la méthode56.
28Omniprésents dans les institutions d’observation, ces experts se font peu à peu une place de choix dans les établissements d’éducation également. Dès les années 1930, à Bruges, l’expert psychiatre est appelé occasionnellement pour motiver le placement dans un établissement spécialisé, qui est, le plus souvent, une institution psychiatrique. Mais c’est au début des années 1950 qu’il devient un membre à part entière de l’institution et qu’il expertise l’ensemble des filles placées. Sur la forme, ses expertises se distinguent des précédents rapports et notamment des rapports d’observation : le langage utilisé et la structure leur donnent une apparence plus « scientifique », reposant sur des pratiques médicales et psychiatriques professionnelles, les résultats des tests d’efficience et projectifs y étant plus détaillés. Le psychiatre et la psychologue qui l’assistent à partir de 1957 expertisent la fille en s’intéressant prioritairement aux éléments liés aux contextes scolaire, médical, familial, affectif et sexuel dans lesquels elle a grandi. Mais l’attention portée à la vie sexuelle et affective est toujours très importante, comme si celle-ci était indispensable pour faire la lumière sur le « pourquoi » de la délinquance des filles. L’expert ne rédige pas son rapport uniquement sur la base des documents consultés, il interroge lui-même la jeune fille et cherche à obtenir le maximum de renseignements, notamment sur sa relation avec ses parents, sur ses expériences sexuelles passées à l’extérieur, avec des garçons ou des filles, et sur ses expériences affectives et sexuelles présentes au sein de l’institution d’enfermement. Si la jeune fille est discrète sur ce sujet, il insiste en empruntant parfois des chemins détournés :
« À notre demande, la mineure reproduisait instantanément des dessins obscènes57. »
« Vie affective : lors des différents entretiens, la mineure n’a pas osé me dévisager, sa main gauche cachant ses yeux58. »
29Il apparaît ainsi que le psychiatre, curieux de la vie affective des filles qu’il interroge, use de son autorité de médecin pour obtenir des jeunes filles qu’elles décrivent parfois avec force détails leurs expériences sentimentales et sexuelles. Ces pratiques ne sont pas sans rappeler, d’une part, les interrogatoires des religieuses sur les expériences passées des filles et, d’autre part, la pratique de l’aveu, « une des techniques les plus hautement valorisées pour produire le vrai59 », amplement décrite par Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité. La technique de l’aveu, présentée comme une héritière des pratiques confessionnelles, est, depuis le xixe siècle, amplement mobilisée dans les pratiques judiciaires, pédagogiques, médicales et psychiatriques. Elle permet à l’expert, en position d’autorité, de faire dire ce qu’il y a de plus difficile à dire. Ainsi, dans le cas de l’expertise consacrée aux filles délinquantes, l’aveu fournit à l’expert les éléments pour déterminer si la fille a une sexualité « normale » (aucune sexualité concrète, aucun besoin sexuel exprimé) ou « pathologique » (sexualité active, aveu du désir d’une sexualité, sexualité refoulée). De plus, l’aveu donne au discours de l’expert la force de l’affirmation. Il est l’occasion pour les filles de reconnaître leur culpabilité et donc de faire un pas vers la « moralisation ». En fin de compte, à travers l’expertise et l’aveu, deux sexualités se rencontrent : celle de l’expert (avec ses normes propres, ce qu’il imagine et comprend) et celle de la fille placée (avec les normes de son milieu, ses expériences, sa situation sociale et médicale).
30Ainsi, les expertises élaborées par le psychiatre et la psychologue s’inscrivent-elles dans la continuité du travail mené par les religieuses en institution d’observation. Leurs auteurs récoltent les informations et les observations, parfois à l’aide de tests, qui sont consignées dans le dossier afin d’identifier l’origine du comportement déviant, qu’il relève d’une hérédité familiale, d’un contexte social, de l’intelligence ou de la personnalité. La réinsertion, les modes de rééducation et de soin sont traités de manière secondaire. Les « experts » répondent ainsi à la demande d’une administration, celle du ministère de la Justice, qui souhaite aider les magistrats à prendre la bonne décision afin que l’enfant puisse être éduqué, plus que puni, grâce au placement. On a vu que les psychiatres et les psychologues n’ont pas mis en oeuvre ces pratiques d’expertise du jeune délinquant du jour au lendemain. Ils se sont fait une place progressivement, en étant d’abord appelés pour expertiser des « cas délicats », ensuite en étant eux-mêmes appelés à collaborer avec les religieuses, qui les ont parfois même dirigés60, avant de conduire eux-mêmes l’expertise61.
31Les « experts » paraissent être limités dans leur pratique par la conception qu’ils ont de la « jeune délinquante » a priori : ils peinent à envisager d’autres solutions que celle de l’enfermement en institution, parce qu’ils ne parviennent pas à considérer les filles dont ils ont la charge autrement que comme des filles immorales. Ils reconstruisent le profil des filles qui leur sont présentées sur la base de catégories préconçues, et leur pratique est orientée vers l’essentialisation. Le cas individuel a tendance à disparaître derrière l’image d’une jeune déviante que l’on cherche à mettre en avant. L’expertise contribue ainsi à produire une mythologie, par la stigmatisation (en démontrant en quoi les filles sont déviantes), l’étiquetage (en les incluant dans des catégories délinquantes) et l’aveu (en utilisant leur parole contre leur intérêt), et concrétise une figure de la « fille de justice ».
Conclusion
32La « mise en discours du sexe62 » prend, dans le contexte étudié, différentes formes, elle est multiple et émane de différents acteurs. Elle peut suivre des orientations médicales, pédagogiques, psychiatriques, anthropologiques, psychologiques, qui ont un impact sur le corps et la parole des femmes. La pratique d’enfermement, combinée aux dispositifs discursifs, est censée imposer un travail sur le corps et sur l’âme des filles, et semble largement focalisée sur la relation que ces filles sont réputées entretenir avec leur sexe et leur sexualité. L’État, le judiciaire et l’institutionnel s’approprient le corps de ces filles parce qu’elles ne l’ont pas soumis aux normes dans la vie sociale63.
33Il est nécessaire de se poser la question des enjeux posés par une intervention judiciaire et sociale qui réduit une série de filles à une catégorie (les filles délinquantes) en leur associant des comportements, des pensées, un avenir. Par cette opération d’essentialisation, le profil de ces filles est simplifié (ce sont des filles, elles sont pauvres, elles sont dangereuses ou présentent un risque), et l’emprise sur elles devient possible. La figure de la « fille délinquante » répond ainsi à la figure de la « jeune fille », les deux figures se référant à des « représentations symboliques64 » permettant de décider de leur place dans la société. La « fille délinquante » serait ainsi devenue un objet politique, construit par un discours orienté et multiple.
34On a vu que les filles sont soumises à des normes de genre implicites65 et que leurs comportements sont criminalisés parce qu’ils sont ceux d’un groupe désormais ciblé et identifié66. Les filles des milieux populaires font en effet l’objet d’une intervention judiciaire et d’une mesure d’enfermement en raison du rapport qu’elles entretiennent avec la norme, plus qu’en raison d’un délit spécifique. Les « illégalismes67 » ne sont pas répertoriés formellement ou définis, peuvent varier en fonction du lieu, des intervenants et de la période traitée. D’où la difficulté, pour ces filles issues d’un milieu où le culturel s’éloigne des normes bourgeoises, de s’y conformer.
35Ce serait toutefois une erreur de simplifier la question de l’enfermement des filles en affirmant que les filles qui respectent les normes de genre restent en liberté, tandis que les autres sont enfermées. En effet, les parcours de ces filles ne peuvent être compris que s’ils sont intégrés dans des rapports à la fois de classe et de genre68. Tout comme la sexualité, la vulnérabilité sociale, l’insécurité économique, la mobilité, l’absence de contrôle et d’autorité familiaux sont des dimensions récurrentes dans les dossiers. Ces filles représentent ainsi une « matière » diversement marginalisée, qui dispose de peu de soutiens en termes individuels et politiques. Cet état de fait n’a pu que laisser la porte ouverte à une série de prises d’initiatives de la part du corps judiciaire ou des personnels d’établissement, qui ne sont pas nécessairement en accord avec les présupposés de la loi, les règlements internes, les volontés politiques ou idéologiques. Ce constat ne peut qu’encourager les chercheurs à s’intéresser de près aux institutions de régulation destinées à des populations spécifiques, pour lesquelles il est fait peu de publicité, et où se jouait peut-être la construction de nouveaux modes de prise en charge des populations69.
36Le système d’intervention sociale, judiciaire et institutionnelle ici décrit témoigne donc d’une « production disciplinaire du genre70 » destinée à promouvoir la sexualité reproductive et l’hétérosexualité dans ses formes bourgeoises, à l’exclusion des autres formes de sexualité : l’enfermement participe à un ensemble de « pratiques régulatrices, discursives et physiques71 », créant une identité genrée, perçue ou vécue. L’action étatique menée à l’égard de ces filles vise donc la création d’une nouvelle subjectivité féminine72. La complexité de leur parcours, leur identité individuelle leur sont refusées. Elles sont désormais des « filles délinquantes » pour lesquelles il faut intervenir.
37Au sein de l’institution, les formes de discours sur le sexe sont multiples. Qu’il s’agisse des administrateurs, médecins, éducatrices, infirmières, experts psychiatres ou psychologues, chacun s’exprime sur le rapport des filles à la sexualité et sur le comportement qu’elles doivent adopter en fonction de leur sexe. Ces discours reposent eux-mêmes sur une littérature scientifique construite par des experts ou praticiens, aux niveaux national et international. Ce sont les objectifs donnés à l’enfermement qui se révèlent ainsi : le contrôle des corps et des sexualités, le contrôle des identités. Enfin, c’est la multiplication du discours qui lui donne force de vérité : ce savoir constitué sur la fille délinquante permet l’action de normalisation73. Le sexe et la sexualité de ces filles sont administrés à la fois par les pratiques judiciaires et de placement, à la fois par les discours s’y référant.
Notes de bas de page
1 Jean-Marie Fecteau, « Note sur les enjeux de la prise en charge de l’enfance délinquante et en danger au xixe siècle », Lien social et politiques, 40,1998, p. 129-138 ; Jenneke Christiaens, « A History of Belgium’s Child Protection Act of 1912. The redefinition of the juvenile offender and his punishment », European Journal of Crime, Criminal Law and Criminal Justice, 7/1,1999, p. 5-21 ; Marie-Sylvie Dupont-Bouchat et Éric Pierre (dir.), Enfance et justice au xixe siècle. Essais d’histoire comparée de la protection de l’enfance (1820-1914), Belgique, France, Pays-Bas, Canada, Paris, PUF, 2001.
2 Pamela Cox et Heather Shore (éd. J, Becoming Delinquent : British and European Youth, 1650-1950, Aldershot, Ashgate, 2002 ; Pamela Cox, Gender, Justice and Welfare. Bad Girls in Britain, 1900-1950, Londres, Palgrave Macmillan, 2003 ; Tamara Myers, Caught. Montreal’s Modem Girls and the Law, 1869-1945, Toronto, University of Toronto Press, 2006 ; David Niget, La naissance du tribunal pour enfants. Une comparaison France-Québec (1912-1945), Rennes, PUR, 2009.
3 Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, De la prison à l’école : les pénitenciers pour enfants en Belgique au xixe siècle (1840-1914), Kortrijk, La Charte, 1996 ; Tamara Myers et Joan Sangster, « Retorts, Runaways and Riots : Patterns of Resistance in Canadian Reform Schools for Girls, 1930- 1960 », Journal of Social History, 34/3, 2001, p. 669-697 ; Anne Thomazeau, « La clôture en question dans les internats de rééducation pour filles (1945-1975) », Clio. Histoire, femmes et sociétés, 26, 2007, p. 155-168.
4 Ludivine Bantigny, « Sciences du psychisme et centres d’observation en France dans les années 50 », Revue d’histoire de l’enfance irrégulière, 6, 2004, p. 93-119 ; David Niget, « De l’impossible violence aux troubles du comportement. L’observation médico-pédagogique des jeunes délinquantes dans la Belgique des années cinquante », dans Ludivine Bantigny et Jean-Claude Vimont (éd. J, Sous l’œil de l’expert. Les dossiers judiciaires de personnalité, Mont-Saint-Aignan, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2010, p. 105-122.
5 Els Dumortier, De jeugdrechter in twijfel. Een onderzoek naar het ontstaan en de praktijk van de kinderrechter, Vrije Universiteit Brussel, 2006 (thèse de doctorat en criminologie, inédite).
6 Expression couramment utilisée par les historiens de la justice des mineurs.
7 Ces institutions d’enfermement sont de trois sortes : « établissement d’éducation », où les mineurs sont placés pour quelques semaines à quelques années dans le but d’être sortis du cadre familial et rééduqués, « établissement d’observation », où les mineurs sont placés de quelques semaines à quelques mois afin d’être expertisés et catégorisés, et donnant lieu à la production d’un rapport destiné au juge des enfants et aux futurs établissements de placement, et « établissement disciplinaire », où les mineurs difficiles en institution ou dans leur environnement social sont envoyés dans le but d’être écartés des autres mineurs.
8 Cette situation est valable pour les femmes enfermées en général, voir Coline Cardi, « Le contrôle social réservé aux femmes : entre prison, justice et travail social », Déviance et société, 31/1, 2007, p. 3 et 20.
9 Il a été parfois souligné que ce lien entre jeunes filles placées et sexualité ne se limitait pas aux causes des interventions les ayant conduites en justice, voir Joan Sangster, « Girls in Conflict with the Law : Exploring the Construction of Female “Delinquency” in Ontario, 1940-1960 », Canadian journal of Women and the Law, 12/1, 2000, p. 12.
10 Archives de l’État à Beveren (désormais AEB), RK/ROG Brugge, nos 707-828, dossiers personnels des mineures placées à l’Asile-Clinique, 1922-1956 ; nos 831-889, dossiers personnels des filles placées à l’établissement d’éducation de l’État pour filles difficiles et indisciplinées, 1927-1956 ; nos 891-960, dossiers personnels des filles placées à l’établissement d’éducation de l’État, 1957-1965.
11 AEB, RK/ROG Brugge, nos 1 à 1332, Archives de la direction, du service pédagogique, du service médical.
12 Annales parlementaires, Chambres des représentants, Bruxelles, Goemaere, Imprimerie administrative, 1912-1970 ; Annales parlementaires, Sénat, Bruxelles, Goemaere, Imprimerie administrative, 1912-1965.
13 Entre autres, Michel Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976 ; Id., Surveiller et punir. Naissance de la prison, op. cit ; Id., Les anormaux. Cours au Collège de France, Paris, Gallimard, 1999.
14 Damien Boquet, Blaise Dufal et Pauline Labey (éd.), Une histoire du présent. Les historiens et Michel Foucault, Paris, CNRS Éditions, 2013.
15 Par sexe, nous entendons une construction sociale mise en place autour de l’identité biologique (sexe) des personnes : identité féminine ou masculine. Par sexualité, nous entendons un comportement sexuel ou sexualisé. Pour le genre, nous reprenons la définition d’Eisa Dorlin, Sexe, genre, sexualités, Paris, PUF, 2008, p. 39 : « Le concept de genre a été utilisé en sciences sociales pour définir les identités, les rôles (tâches et fonctions), les valeurs, les représentations ou les attributs symboliques, féminins et masculins, comme le produit d’une socialisation des individus. »
16 Joan Scott, « Genre : une catégorie utile d’analyse historique », Cahiers du GRIF, 37-38, 1988, p. 126-129 ; Judith Butler, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La Découverte, 2006, p. 67 ; Michelle Perrot, « Présentation », dans Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot et Jacques-Guy Petit (éd.), Femmes et justice pénale, op. cit., p. 12.
17 Elsa Dorlin, Sexe, genre..., op. cit.
18 Gilles Chantraine, « La sociologie carcérale : approches et débats théoriques en France », Déviance et société, 24/3, 2000, p. 308.
19 Id., « Prison, désaffiliation, stigmates. L’engrenage carcéral de l’“inutile au monde” contemporain », Déviance et société’, 27/4, 2003, p. 380.
20 Coline Cardi, « Le contrôle social... », art. cité, p. 4.
21 Kathlijn Pittomvils, « Tussen repressie en permissiviteit. Socialisme, socialisten, prostitutie en geslachtzieken (einde igde eeuw-1997) », Begeerte heeft ons aangeraakt. Socialisten, sekse en seksualiteit, Gent, Provinciebestuur van Oost-Vlaanderen, 1999, p. 209-213 ; Jo Tollebeek, Geert Vanpaemel et Kaat Wils (éd.), Degeneratie in België, 1860-1940. Een geschiedenis van ideeën en praktijken, Louvain, université Pers Leuven, 2003 ; Claudine Marissal, Protéger le jeune enfant. Enjeux sociaux, politiques et sexués (Belgique, 1890-1940), Bruxelles, Éditions de l’ULB, 2014.
22 Margo De Koster, « Ongepast gedrag van jonge vrouwen en (generatie) conflicten. Ouderlijke klachten over onhandelbare dochters bij de kinderrechter van Antwerpen », Cahiers d’histoire du temps présent, 8, 2001, p. 101-131.
23 Loi belge du 15 mai 1912 qui organise notamment les tribunaux pour enfants.
24 Joan Sangster, « Girls in Conflict... », art. cité, p. 12. Citation traduite par l’auteur.
25 Mère Ignace, directrice de l’institut pour filles Sainte-Marguerite de Cortone à Anvers (Kiel) : « Les secourir, les guider, les aimer, c’est donc non seulement guérir ces pauvres victimes, c’est sauver nombre d’individus, c’est défendre la société, c’est sauver le sentiment maternel et les remettre à même de fonder un foyer », dans : Charles Collard, « La journée des patronages, Anvers, 21 juin 1930 », Revue de droit pénal et de criminologie, 2,1930, p. 971.
26 Coline Cardi, « Le contrôle social... », art. cité, p. 19 : « On sanctionne les crimes de celles qui sont sorties de leur cadre et de leur genre. »
27 La thèse de doctorat du Français Heuyer, considéré comme le père de la neuropsychiatrie infantile en France, est souvent vue comme un point de départ : Georges Heuyer, Enfants anormaux et délinquants juvéniles : nécessité de l’examen psychiatrique des écoliers, Paris, Steinheil, 1914. Ces travaux s’inscrivent cependant dans une évolution plus générale qui a vu, depuis le milieu du xixe siècle, les développements de l’anthropologie criminelle, de la psychiatrie, de la pédologie, de la psychanalyse, de la psychologie et de la sociologie.
28 G. Stanley Hall, Adolescence, Its Psychology and Its Relations to Physiology, Anthropology, Sociology, Sex, Crime, Religion and Education, New York, D. Appelton & Company, 1904 ; William Healy, The Individuel Delinquent, Boston, Little, Brown and Company, 1915 ; Cyril Burt, The Young Delinquent, Londres, University of London Press, 1925 ; Sheldon et Eleanor Glueck, Five Hundred Delinquent Women, New York, Knopf, 1934 ; Dr Gilbert-Robin, La guérison des défauts et des vices chez l’enfant. Guide pratique d’éducation, Paris, Éditions Domat-Montchrestien, s. d. [1948] ; Dr Le Moal, « Le vagabondage féminin. Causes psychophysiologiques de la prostitution. Quelques thérapeutiques », Rééducation, mars-avril 1954, p. 15-27 ; Jean Pinatel, Marc Blanc et Paul Bertrand, « L’inadaptation juvénile. Étude de cent rapports d’observation », Revue internationale de criminologie et de police technique, 9, janvier-mars 1955, p. 3-20 ; W.I. Thomas, The Unadjusted Girl, Boston, Little, Brown and Company, 1923.
29 Aimée Racine, Les enfants traduits en justice. Étude d’après trois cents dossiers du tribunal pour enfants de l’arrondissement de Bruxelles, Liège, Georges Thone Éditeur, 1935 ; Paul Wets, L’enfant de justice. Quinze années d’application de la loi sur la protection de l’enfance, Bruxelles, Office de publicité, 1928 ; René Dellaert, « Le rôle du médecin dans la rééducation des délinquants mineurs », Revue de l’éducation surveillée, 6, janvier-février 1947, p. 50-51.
30 Georges Heuyer, « L’évolution sur le plan scientifique : dans les sciences médicales et psychologiques », dans Centre d’étude de la délinquance juvénile (CEDJ), Évolution d’une notion : la délinquance juvénile, Bruxelles, CEDJ, 1958, p. 35-48, ici p. 41.
31 Els Dumortier, De jeugdrechter in twijfel..., op. cit.
32 Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, « Le procès d’un système. La fermeture du pénitencier de Saint-Hubert (1954-1956) », Revue d’histoire de l’enfance irrégulière, 13, 2011, p. 61-79.
33 AEB, RK/ROG Brugge, n° 72, PV d’une réunion des psychiatres des établissements d’observation et d’éducation de l’État organisée à Bruxelles par le ministère de la Justice, 21/11/1958.
34 L’établissement d’observation de l’État à Saint-Servais est une institution publique qui accueille des filles originaires de toute la Belgique et qui dépendent de la loi sur la protection de l’enfance de 1912. Elle est l’héritière de l’école de bienfaisance de l’État à Namur (1891- 1921), elle-même héritière de la première prison pour femmes de Belgique. Entre 1921 et 1926, l’établissement est modernisé lors de son déménagement dans un complexe pavillonnaire à Saint-Servais. L’institution comporte alors une section observation et une section éducation. Dépendant directement du ministère de la Justice, elle est dirigée par des religieuses jusque dans les années 1980. Elle existe toujours aujourd’hui sous le nom d’institution publique de protection de la jeunesse à Saint-Servais.
35 L’établissement d’éducation de l’État à Bruges est créé en 1922. Il s’agit d’une institution publique spécialisée qui reçoit des filles originaires de toute la Belgique, dépendant de la loi sur les tribunaux pour enfants : elles sont atteintes de maladie vénérienne (entre 1922 et 1956), indisciplinées (à partir de 1927), enceintes ou jeunes mères (à partir de 1933). L’établissement a une direction laïque depuis 1925, mais ce sont des religieuses qui s’occupent majoritairement des filles jusqu’en 1957. De 1957 au début des années 1970, le personnel est intégralement laïc et spécialisé.
36 AEB, RK/ROG Brugge, n° 808, dossier 1310 : Josette L., Rapport de l’établissement d’observation de l’État à Saint-Servais, 25 juillet 1949.
37 AEB, RK/ROG Brugge, n° 834, dossier 32 : Valérie M., Notes de l’établissement d’éducation de l’État à Saint-Servais, 20/01/1928.
38 Ils sont la norme à l’institution pour garçons de Saint-Hubert, voir AEB, RK/ROG Brugge, n° 3, PV d’une réunion des directeurs des établissements d’éducation de l’État, 23/07/1947.
39 Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, De la prison..., op. cit.
40 AEB, RK/ROG Brugge, n° 170, rapport du directeur au ministre de la Justice, 15/09/1925, traduction du néerlandais par l’auteur.
41 Par exemple AEB, RK/ROG Brugge, n° 850, dossier 207 : Maria D., Rapport d’observation du Bon Pasteur d’Evere (Bruxelles), 25/01/1938 : « La puberté serait survenue à 11 ans. La mineure est déflorée. La séro-réaction, faite en deux laboratoires, est négative. »
42 Sur le concept anglo-saxon de regime of feminity, voir Mary Bosworth et Emma Kaufman, « Gender and Punishment », dans Jonathan Simon et Richard Sparks (éd. J, The SAGE handbook of punishment and society, Londres, SAGE, 2013, p. 189.
43 AEB, RK/ROG Brugge. Extraits : n° 719, dossier 130 (1926) ; n° 718, dossier 120 (1928) ; n° 720, dossier 150 (1927).
44 Ibid. Extraits : n° 731, dossier 230 (1930) ; n° 734, dossier 260 (1934).
45 Ibid. Extraits : n° 846, dossier 178 (1942) ; n° 803, dossier 1240 (1948).
46 Ibid. Extraits : n° 810, dossier 1350 (1952) ; n° 811, dossier 1360 (1951).
47 Ibid. Extraits : n° 895, dossier 2043 (1957) ; n° 896, dossier 2050 (1958) ; n° 896, dossier 2047 (fin 1957).
48 En 1957, la congrégation des Sœurs de la Sainte Famille se retire de l’établissement en raison d’un désaccord sur les pratiques pédagogiques qui sont peu à peu réformées par l’administration. La congrégation estime que les nouvelles pratiques ne sont pas suffisamment répressives. Le personnel est donc intégralement laïcisé à l’exception d’un aumônier. Voir Veerle Massin, « De la sœur surveillante à l’éducatrice laïque. Un personnel voué aux filles de justice (Bruges, 1922-1965) », Cahiers d’histoire du temps présent, 24, 2011, p. 135-161.
49 « Saint-Servais-lez-Namur, par une religieuse éducatrice », Revue de l’éducation surveillée, 6, 1947, p. 61-72.
50 La littérature d’époque signale que les tests de QI Binet-Simon ou Terman sont déjà utilisés par les religieuses avant 1940, mais les documents d’archives démentent leur utilisation avant 1949.
51 Sur le rapport entre les péchés capitaux, la théologie médiévale et l’expertise scientifique des aliénistes, voir Hervé Guillemain, Diriger les consciences, guérir les âmes. Une histoire comparée des pratiques thérapeutiques et religieuses (1830-1939), Paris, La Découverte, 2006, p. 79.
52 À une époque où l’anthropométrie n’a pourtant plus beaucoup de partisans. Voir Raf De Bont, « Meten en verzoenen. Louis Vervaeck en de Belgische criminele anthropologie, c. 1900- 1940 », Bijdragen tot de Eigentijdse Geschiedenis/Cahiers d’histoire du temps présent, 9, 2002, p. 63-104 ; Karel Velle, « De misdaad als kwaad. Het succès van de criminele antropologie », dans Liesbeth Nys, Henk De Smaele et Jo Tollebeek, Kaat Wils (dir.), De zieke natie. Over de medicalisering van de samenleving, 1860-1914, Gröningen, Historische Uitgeverij, 2002, p. 332-354.
53 AEB, RK/ROG Brugge, n° 843, dossier 141 : Vitaline G., Rapport de l’établissement d’observation de l’État à Saint-Servais, 18/11/1938.
54 Ibid., n° 860, dossier 363 : LéaQ., Rapport de l’établissement d’observation de l’État à Saint-Servais, 16/10/1947.
55 Les tests d’efficience ont pour objectif de mesurer les facultés intellectuelles des mineurs placés et donnent pour résultat soit un quotient intellectuel (QI), soit un âge mental (par exemple, pour une fille de 16 ans, « âge mental 8 ans »). Les tests projectifs sont des tests de personnalité qui ont pour objectif de mesurer le rapport que les mineurs entretiennent avec les autres et la société en général, à l’aide de techniques majoritairement psychanalytiques et psychologiques. Plusieurs tests sont généralement utilisés en parallèle pour affiner l’analyse et éviter de tirer des conclusions trop rapides. Voir Pierre Pichot, Les tests mentaux, Paris, PUF, 1968 ; Henri Wallon, « Les tests psychologiques et la clinique mentale », Enfance, 4,1951, p. 1-3.
56 AEB, RK/ROG Brugge, n° 882, dossier 554, Rapport de l’établissement d’observation de l’État à Saint-Servais, 16/01/1953 : « Superficielle et instable, elle est toujours prête à se défendre, mais paraît surtout amorale, et est très attachée à sa famille. »
57 Ibid., n° 895, dossier 2043 : Renée V., Rapport psychiatrique, s. d. [1957] [nous soulignons].
58 Ibid., n° 891, dossier 2013 : Micheline T., Rapport psychiatrique, 19/09/1956.
59 Michel Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1, op. cit., p. 79.
60 C’est le cas à l’établissement d’éducation et d’observation de l’État à Saint-Servais, où les religieuses dirigent l’établissement.
61 Hervé Guillemain présente des conclusions similaires pour le monde asilaire, voir Hervé Guillemain, Diriger les consciences..., op. cit., p. 9.
62 Michel Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1, op. cit., p. 21.
63 Sur le concept d’appropriation du corps des femmes, voir Colette Guillaumin, Sexe, race et pratique du pouvoir, Paris, Côté Femmes, 1992.
64 Joan Scott, « Genre : une catégorie... », art. cité, p. 141.
65 Judith Butler, Trouble dans le genre..., op. cit., p. 47.
66 Gilles Chantraine, « Prison, désaffiliation... », art. cité, p. 381
67 Ibid., p. 381 ; Michel Foucault, Surveiller..., op. cit. Par illégalismes, nous entendons les « comportements déviants d’un groupe social déterminé donnant lieu à une réaction sociale, ici judiciaire », voir Nicolas Fischer et Alexis Spire, « L’État face aux illégalismes », Politix, 3, 87, 2009, p. 7.
68 Sur l’intersectionnalité et le concept de genre, voir Elsa Dorlin, Sexe, genre..., op. cit., p. 81-82.
69 Coline Cardi, « Le contrôle social... », art. cité, p. 3 : « Ainsi, partir de la marge, que représentent les femmes incarcérées, est un moyen d’interroger le centre et de saisir en quoi, s’il faut penser la prison en lien avec l’ordre social, il faut également et conjointement la penser en lien avec l’ordre sexué et les normes qui y sont liées. »
70 Judith Butler, Trouble dans le genre..., op. cit., p. 258.
71 Elsa Dorlin, Sexe, genre..., op. cit., p. 116-117.
72 Tamara Myers et Joan Sangster, « Retorts... », art. cité, p. 688.
73 Michel Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1, op. cit., p. 133 : « C’est bien dans le discours que pouvoir et savoir viennent s’articuler. »
Auteur
FRS-FNRS, Université catholique de Louvain
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