L’influence de la Révolution en France sur la notion de patrimoine et sur l’archéologie : rôle et pratiques (1790-1848) à travers quelques exemples
Résumés
La Révolution française va être à l’origine du « chantier du patrimoine », lequel s’appuie dès 1790 sur la Commission des monuments puis sur celle des arts. La refondation de la nation s’exprime alors par la création du Museum des arts et son inauguration dans l’ancien palais royal du Louvre en 1793.
Mais en décrétant biens nationaux les anciennes possessions du clergé et de la noblesse, la nation s’approprie aussi son histoire en chaque point du territoire. Le recensement et la volonté de sauvegarder le patrimoine vont susciter des mémoires, et l’exaltation du modèle parfait de l’Antiquité, favoriser l’essor de l’archéologie.
Fortuites ou planifiées, les fouilles restent sous le regard de l’administration, du gouvernement, au sein du nouveau découpage du territoire que représentent les départements ; nouvel espace, nouvelle dynamique participant à la reconstruction d’une nation.
À partir de quelques exemples extraits d’une collecte de sources essentiellement réalisée dans le sud-est de la France, le propos consistera à évoquer ici la place et le déroulement de chantiers dans le contexte politique et social ambiant jusqu’à la Monarchie de Juillet. Nous apercevrons en même temps les méthodes en usage sur le terrain.
The French revolution is at the heart of the heritage site which is based upon the 1790 Commission of monuments and of the arts. The restructuring of the nation is expressed through the creation of the Museum of Arts that was founded in the former royal palace of the Louvre in 1793.
In declaring as national properties the former possessions of the clergy and nobility, the nation acquired historic artifacts from all over its territory. The census and the will to safeguard heritage and to exalt antiquity provided an atmosphere that was excellent for the development of archeology.
Accidental or planned archeological excavations came under the gaze of the new administration. The new division of the territory, and the new dynamics all play a part in the reconstruction of a nation.
Examples are shown here which come from a collection of sources, mainly from the south-east of France. The investigation is to be seen in the context of the political and social atmosphere of the time, up until the arrival of the “Monachie de Juillet”. Fieldwork methods are also exposed.
Entrées d’index
Mots-clés : Révolution française, patrimoine
Keywords : archaeology, French Revolution, cultural Heritage
Texte intégral
Introduction
1Si l’intérêt pour l’art et pour les vestiges anciens s’est déjà clairement manifesté en France avant la Révolution, l’idée de patrimoine apparait avec elle et nait paradoxalement de « la dénonciation de son contraire : le vandalisme » (Béghain, 1997, p. 5) face auquel s’affrontent partisans d’une destruction des symboles du despotisme et défenseurs de l’art.
2L’abbé Grégoire, pourtant fervent révolutionnaire, prend ainsi fermement position contre ce vandalisme dans des rapports sollicités par la Convention en l’an II (Boulad-Ayoub, 2012, p. 15-18). La notion de patrimoine va dès lors conférer aux vestiges et objets un autre statut, inaugurer un mouvement novateur et refondateur, instaurant le concept d’antiquité nationale puis de monument historique en remplaçant la simple valeur d’usage par l’idée d’une conservation au nom de l’intérêt public (Bercé, 1998). L’idée de patrimoine représente, de la République à la Monarchie de Juillet, un puissant fédérateur et levier politique dont nous nous proposons de considérer ici diverses manifestations, partant de la création du Muséum des arts, à l’encadrement et au développement des fouilles notamment dans les départements du sud-est.
La naissance du patrimoine, le Museum central au Louvre
3Les monuments en France avaient depuis l’Époque moderne, déjà inspiré des ouvrages, des collections. Au xviie siècle, un nouveau regard se porte même sur les édifices grâce à celle constituée par de Gaignières qui place les vestiges du passé au rang de source historique, particulièrement les édifices médiévaux (Romet, 2007, p. 9-10)1. L’idée de préserver les monuments de valeur va d’ailleurs s’amplifier durant le siècle des Lumières et l’intérêt pour l’art et son exposition, susciter tout autant de projets. C’est ainsi qu’en 1750, une partie des collections d’œuvres peintes royales devient accessible aux amateurs, deux fois par semaine, au Palais du Luxembourg et que s’esquisse avec le comte d’Angiviller2, directeur des « Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures de France » un projet préfigurant le musée du Louvre : utiliser la Grande Galerie pour la mise en valeur des chefs-d’œuvre royaux (Courajod, 1989).
4Ces différents éléments marquent une évolution dans la conception du patrimoine, dès l’Ancien Régime, à laquelle la chute de la monarchie va donner tout son sens dans la définition d’une nouvelle nation. Au terme des différentes phases de saisies menées entre 1789 et 1792 (biens religieux, des émigrés et de la couronne), constituant les « biens nationaux », une gestion et une protection s’imposent, auxquelles veilleront les commissions des monuments et des arts jusqu’en 1795, en dressant des inventaires, en regroupant une grande quantité d’œuvres, dont des antiques.
5Que faire cependant face à l’afflux d’œuvres ? Il est rappelé en séance combien l’étendue et l’activité de la commission oblige à effectuer des tris pour le Museum central, future incarnation de la nation tel que l’exprime déjà Kersaint, administrateur du département de Paris en 1791 :
Apprenons au monde ce que peut un peuple souverain et que l’achèvement du Louvre devienne un éclatant témoignage de la supériorité du régime nouveau3.
6Les installations vont se dérouler dans l’urgence : il y a « nécessité de faire évacuer l’emplacement voisin de la salle des antiques » afin que le musée puisse se développer4. Celui-ci, officiellement ouvert le 10 août, accueille le public le 1er octobre 1793.
L’importance de l’Antiquité et la recherche de vestiges dans les départements
7Mais la notion de patrimoine ne recouvre pas uniquement les collections du musée parisien et doit s’étendre à tous les vestiges. Là encore, des missions de recherche avaient préoccupé le xviie siècle. Le projet sans fortune de Colbert qui envisageait un relevé de tous les monuments antiques (Gran-Aymerich, 2007, p. 11) eut au moins pour effet de conférer à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres l’autorité scientifique sur l’archéologie en France5. Des chantiers initiés par des particuliers se déroulent aussi avec l’aide de l’État, tel celui du Châtelet en 1772 par Grignon (Pinon, 1993), et une évolution scientifique se poursuit chez certains antiquaires car la bonne analyse d’un site ne va pas, en effet, sans l’étude de son mobilier. En cela, le comte de Caylus a posé des bases essentielles en développant, dès les années 1752, une approche typologique des objets6, inspirée de la méthode des naturalistes (Schnapp, 1993a, p. 240-242, Aghion et Zambon, 2007) et en affirmant un intérêt pour les « guenilles » (terre cuite, métal, cuir) habituellement négligées des antiquaires (Nisard, 1877, p. 29).
8Jusque-là assurée dans les provinces par des notables érudits, voyageurs et collectionneurs, la gestion des richesses archéologiques prend une nouvelle tournure avec la Révolution. Alors que la Commission des monuments n’existe pas encore officiellement, le savant Fauris de Saint-Vincens fait ainsi part en janvier 1790 à son ami Calvet, à Avignon, de son impuissance à intervenir dans le cadre de la découverte de mosaïques à Sylvacane près d’Aix car « ce serait une entreprise de l’aristocratie et un crime de lèse-nation, je serais regardé comme un accapareur d’antiquités » (Cavalier, 2011)7.
9Le patrimoine souffre d’une absence de protection et des erreurs d’appréciation se produisent sur les antiques lors d’inventaires effectués dans les départements8. Certaines ventes inquiètent le gouvernement et lui inspirent la circulaire du 14 mars 1791 rappelant qu’ « aucune disposition particulière des livres, médailles, tableaux et monuments de sculpture des établissements publics ne doit être faite par les départements, districts ou municipalités ». Ce nouveau gouvernement qui s’incarne dans la République décide, dans un esprit centralisateur, de missionner des commissaires sur place pour évaluer le patrimoine. Le géographe Barbié du Bocage9 intervient ainsi en l’an II pour Autun au sujet d’une « carte antique géographique » gravée dans un bloc de marbre et située par la littérature antiquaire dans l’abbaye de Saint-Jean10. Une fouille est confiée à Desroches, entrepreneur de la manufacture d’armes établie dans les locaux, lequel réclame des moyens financiers et suggère une stratégie de fouille : « ouvrir une tranchée le long des murs de l’abbaye », pour rechercher la fameuse « carte » dans les fondations11. Fidèle à la propagande visant à élever à tout prix la nation dans la connaissance, sur le modèle d’une antiquité idéalisée, Leblond12, qui s’est plongé dans l’histoire d’Autun, semble favorable et va utiliser l’archéologie comme argument politique. Dans un de ses discours, illustrant bien le débat entre partisans et « destructeurs » du patrimoine, il justifie avec lyrisme la recherche sur le terrain :
Le résultat de pareilles fouilles faites avec intelligence et économie dont on pourrait provisoirement faire la dépense de cent mille livres […] consolerait les amateurs d’art et des monuments antiques des pertes qu’a éprouvées la république par la malveillance d’hommes perfides qui, en détruisant les monuments, auraient voulu abolir toute espèce d’instruction et désorganiser l’état social13.
10Mais, indépendamment du travail des commissions, ce souci des « antiquités nationales », prend toute son expression dès 1790 avec l’important recueil publié par le conservateur du Cabinet des médailles, Aubin-Louis Millin. Son intérêt pour l’archéologie se manifeste également au travers de son cours inauguré en 1796 au Cabinet des médailles puis lors de son voyage dans le midi de la France, publié sous l’Empire14. Dans son œuvre, Millin sensibilise le public en rendant les monuments plus familiers et permet d’intégrer les antiquités locales dans une histoire nationale (Schnapp, 2012). Cependant, l’idée de la fouille systématique encouragée en France par Legrand-d’Aussy en 1799 reste lettre morte (Schnapp, 1993a, p. 277-279).
Les Sociétés savantes
11À partir de 1795, l’émulation encouragée par la création de l’Institut national et le regroupement de huit sociétés autour de lui repose sur des instruments de surveillance et de contrôle à caractère politique (Parsis-Barubé, 2011, p. 27). Succédant ainsi aux anciennes sociétés d’agriculture supprimées à la Révolution, de nouvelles se reforment pour « concourir au progrès des sciences, des lettres et des arts ». Ce cadre légal permet la reprise d’une sociabilité érudite et dès la fin de l’année 1799, l’effectif total des sociétés savantes dépasse la cinquantaine (Chaline, 1999, p. 27-31). Créée en 1804, l’Académie celtique inaugure des recherches ethnologiques mais ses dérives15 provoquent une scission et la fondation, en 1814, de la Société royale des antiquaires de France. Arcisse de Caumont, qui démontre une grande volonté de coordination dans les initiatives privées en province, fonde en 1824 la Société des antiquaires de Normandie et convainc plusieurs sociétés et archéologues de l’ouest et du nord de se mobiliser face au ministère de l’Intérieur contre la destruction du patrimoine (Bercé, 1986). Toutefois, en dépit de ses nombreuses initiatives, Caumont n’obtient pas des pouvoirs publics la pleine reconnaissance de ses travaux et n’occupe jamais que des fonctions mineures (Guillet, 2004).
La statistique départementale
12Considérant, entre autres, le patrimoine archéologique, une grande enquête d’unification et d’uniformisation s’annonce sous le Consulat : la statistique départementale. Instituée le 19 germinal an IX par le ministre de l’Intérieur Chaptal, elle constitue l’occasion d’une « reprise de parole historienne au sortir de la Révolution » (Parsis-Barubé, 2011, p. 37). Deux circulaires s’adressent aux préfets au sujet de l’archéologie monumentale, d’abord en 1810, puis en 181816. L’enquête, élaborée avec le soutien du ministre, dépend directement des préfets, et fonctionne jusqu’en 1830. Les réponses, collectées par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, formeront ainsi deux collections (Minard, 1990).
Rôle et pratiques de « l’archéologie »
Fouilles planifiées et rôle des antiquaires
13Sous la Restauration (1814-1830), la conscience patrimoniale en France est donc déjà affirmée mais elle ne maîtrise pas encore les cadres institutionnels et les méthodes nécessaires à une véritable compréhension des sites. Pourtant, en s’émancipant de la tutelle des érudits parisiens, les départements valorisent progressivement leurs richesses à travers l’histoire et l’archéologie ; deux disciplines participant au réaménagement de l’imaginaire de l’espace et où l’histoire évolue vers un sentimentalisme annonçant le Romantisme.
14Si l’on associe surtout alors le terme de « fouilles » à des chantiers de déblaiement, l’intérêt pour les vestiges reste vivace. À titre d’illustration, nous retiendrons ici quatre exemples de sites antiques : l’amphithéâtre de Lyon, le théâtre d’Autun, l’amphithéâtre et le théâtre d’Arles.
15À Lyon, Artaud, antiquaire érudit, rédige des mémoires, dont celui sur l’amphithéâtre romain. Il s’acquitte également auprès de la statistique départementale par l’envoi de soixante-trois planches illustrant le musée lapidaire de Lyon, d’un portefeuille de dessins accompagné de notices sur tous les monuments de la ville ainsi que d’un projet de recherches sur des monuments antiques. Réputé depuis la mise au jour de la mosaïque des « jeux du cirque » (8 février 1802), qu’il a publiée le premier avec talent, dans le Magasin encyclopédique de Millin, Artaud s’implique dans les chantiers de fouilles et dans l’étude des mosaïques ; en 1818, il publie chez Didot le recueil Mosaïques de Lyon et des départements méridionaux de la France accompagnées d’explications et publiées par F. Artaud (Bruyère et Lavagne, 1992).
16Dans les années 1818-1819, la ville de Lyon connaît justement quelques péripéties autour de la fouille de la Naumachie dans le Jardin des Plantes (Fig. 1 et 2). Ce site, déjà inscrit dans la mémoire locale, a livré grâce à Artaud, différents vestiges (le canal, les gradins de l’ellipse de la Naumachie ainsi qu’une portion d’inscription). Il semble que le ministère de l’Intérieur alloue alors une somme de 2 500 francs à la Préfecture pour couvrir les nouveaux travaux, à la grande satisfaction du maire. Le secrétaire d’État précise bien :
On ne veut pas enlever le terrain mais le fouiller. On ne détruit pas la propriété, au contraire, on ajoute à sa valeur : avec de telles intentions et de tels résultats, il semble qu’on ne peut redouter d’opposition constante […]17.
17Le discours du ministre comportait un élément clé : « on ne détruit pas la propriété […], on ajoute à sa valeur ». Ceci valait avec l’espoir de mettre au jour des vestiges exceptionnels mais la fouille s’annonce décevante. Par souci d’économie, le maire a préféré recruter un ouvrier qualifié plutôt qu’un architecte pour superviser les fouilles18 et les conditions de l’entreprise paraissent manquer de lisibilité car il faut interroger la Préfecture sur la prise en charge financière du rebouchage du chantier. En avril 1820, Artaud communique quelques informations en évoquant la découverte d’un portique. Afin de renforcer son rôle, Dacier, conservateur du Cabinet des médailles et membre de l’Institut, fait en sorte qu’il obtienne le poste d’Inspecteur-conservateur des antiquités dans le département19.
18À Autun, la Commission de l’arrondissement dédiée à la recherche des « objets d’antiquité » s’active depuis le 6 mars 1820 mais le sous-préfet déplore le manque d’aides financières qui a contraint la commune de réduire son budget de 600 à 200 francs pour le déblaiement du théâtre. Le zèle témoigné par la commission semble réel puisque l’un de ses membres a même décidé d’acquérir personnellement une dépendance proche du théâtre antique, en prévision de son dégagement20. Celui-ci a suscité, au sein de la commission, une évaluation des dépenses par secteur avec plan joint (Fig. 3). Le coût total estimé à 5 688 francs, inclut sept-cent-vingt journées de manœuvre d’un montant de 1 080 francs pour frais de surveillance et l’on considère qu’un chef de chantier peut conduire quotidiennement un atelier de vingt-cinq hommes21.
19Le ministère consulté sur le projet renvoie le sous-préfet vers le Conseil Général en rappelant que dans certaines régions, des fonds ont été votés pour l’entretien des arts22. Les fouilles vont se dérouler plus tard dans le théâtre, grâce à des aides dispensées par le ministère de l’Intérieur ; un crédit de 2 000 francs est ainsi accordé en 1829. Mais si le préfet espérait voir démarrer la campagne avant octobre et pouvoir rémunérer comptant certains ouvrages, ou indemniser les propriétaires des terrains, le crédit n’arrive que fin octobre, et son montant, revu à la baisse dès l’année suivante, est gelé à partir de 183223. La sensibilisation au patrimoine local se poursuit néanmoins ici de pair avec le projet de création d’un musée d’archéologie et d’un poste de correspondant pour veiller sur « les antiquités du pays » avec l’accord de principe du Conseil Général24.
20Des découvertes d’antiques se sont également succédé à Arles et ce, depuis l’Époque moderne. Celle de la fameuse statue dite « Vénus d’Arles », offerte au roi Louis XIV par la ville, laissait espérer d’autres œuvres de qualité dans le théâtre et une commission encouragée par le maire, le baron De Chartrouse, se voit officiellement chargée à partir de 1822 de gérer les fonds alloués pour la restauration des monuments et le déblaiement de l’amphithéâtre et du théâtre25. Cette commission approuvée par le ministère de l’Intérieur26 se voulait indépendante et pluridisciplinaire. Encadrée par l’État, elle devait, pour justifier l’obtention de crédits, adopter une méthode et rédigea donc un manuel du fouilleur dont nous empruntons ici un extrait à l’étude d’E. Rouquette (Rouquette, 2011) :
2- Désignation précise des localités qui devront être fouillées :
Le sieur Nalis, géomètre et inspecteur des travaux publics a dressé un plan qui met la localité ancienne en harmonie avec la localité nouvelle par rapport au théâtre dont il s’agit. La superposition des états antique et moderne permet de circonscrire l’aire occupée par le monument afin d’éviter les fouilles hors périmètre qui s’avérèrent infructueuses […] Prêter l’oreille au bruit de la sonde. Il faut des hommes adroits, intelligents. Les tranchées doivent être peu étendues et profondes. Dès que l’ouvrier sentira quelque résistance, il devra dégarnir soigneusement l’objet qu’il aura frappé. Cet objet deviendra immédiatement le centre de la fouille […].
21Ce passage témoigne d’une avancée dans la méthode puisque reporter les vestiges anciens sur le plan moderne permet d’aboutir à une cartographie précise du site. L’usage de la sonde qui offre un gain de temps dans la localisation des objets ne représente pas, en revanche, un procédé novateur ; déjà signalé pour le xviie siècle en Allemagne par A. Schnapp (Schnapp, 2014). Celui-ci illustre la pratique antiquaire : on ne fouille pas pour étudier un site, on recherche des antiquités remarquables et les interventions dans le théâtre d’Arles vont livrer, comme souhaité, entre 1823 et 1834, de la statuaire dont une statue colossale d’Auguste, une statue mutilée de Silène, et divers autres éléments dont un autel dédié à Apollon27.
Aperçu des règlementations
22Des règles doivent donc encadrer les fouilles et ce d’autant que des litiges peuvent survenir. C’est le cas en octobre 1827 lorsque Blain, un riverain du site de l’amphithéâtre d’Arles, se plaint au préfet de dégâts provoqués par les excavations de six mètres de profondeur, situées à moins de deux mètres de sa demeure. Pour appuyer sa requête, ce juriste fait lever un plan (Fig. 4) et rappelle dans son argumentaire les règles présidant à l’utilisation des terrains. Qu’en était-il, en effet, des mesures prises dans le cadre de chantiers de fouilles ?
Les lois et règlements ont fixé cette distance et ce talus d’après la diversité des sols […], les unes à trente toises les unes à dix mètres et en outre à un mètre par mètre d’épaisseur des terres au dessus de la masse exploitée. Un règlement de police de M. le maire d’Arles du 7 octobre 1827 approuvé par M. le préfet, le 17 du même mois étant sans faire de distinction de fouille à fouille […] sur un terrain libre, mouvant ou solide en pleine campagne ou dans l’intérieur de la ville, les a généralement fournies à une distance égale à leur profondeur en observant en outre de laisser aux terres des talus proportionnés à la dite profondeur (illisible) déterminer le pendant quelle devait être cette proportion qui dès lors demeure au moins fixée à celle du droit commun […] »28.
23Blain souligne, en outre, que dès 1741, un arrêt du conseil d’État (art. 1) stipulait qu’on ne pourrait établir aucune galerie ou fouille à moindre distance des plantations ou des bords extérieurs des routes. En 1779, une déclaration du roi (art. 2) rendait obligatoire la mise en place de banquettes ou talus en cas de tranchée ouverte. En 1780, une autre déclaration du roi (art. 4) précisait que la fouille des carrières ne s’effectuerait qu’à trente toises des murs d’édifices voisins.
24Nous voyons ici que la pratique des « fouilles », qu’elle concerne ou non l’archéologie, se trouvait donc clairement définie bien avant la Révolution, pour des raisons de sécurité et de protection de l’environnement immédiat.
L’intervention des Monuments historiques
25Sous la Monarchie de Juillet, la politique du patrimoine va se développer par la mise en place d’institutions spécifiques centralisées affirmant la place de l’État et son contrôle (Gran-Aymerich, 2008). Il s’agit ici d’une réappropriation du patrimoine par la nation après un règne autoritaire centrant tout autour de la personne de Charles X.
26En 1830, le ministre de l’Intérieur Guizot instaure donc une mission d’enquête et d’information sur l’état des monuments en France et de coordination dans les régions. Les cadres de la recherche et surtout de la protection évoluent un peu après la création du poste d’inspecteur des Monuments historiques en 1830. Mais si Vitet, premier tenant du poste, possède déjà une sensibilité pour l’archéologie, il en va différemment pour son successeur Mérimée. Afin de légitimer une politique de conservation des monuments, basée sur une autorité scientifique et sur des budgets spécifiques, le nouveau ministre, Montalivet, institue donc en 1837 une Commission des Monuments historiques en charge de répartir les subventions de l’État entre les départements (Bercé, 1998)29.
Des méthodes et de l’organisation du travail
27Hormis les règles de sécurité évoquées, une méthode de travail s’impose aussi de plus en plus clairement sur les fouilles. En 1838, Montalivet renvoie une circulaire aux préfets les engageant à adresser à la Commission les renseignements recueillis dans les localités en vue d’obtenir des crédits30. Cette proposition s’accompagne de maintes recommandations visant à structurer et à légiférer les chantiers. On y relève d’abord la question de la fiabilité des rapports car « on ne doit autoriser [une fouille] que sur la grande probabilité d’un résultat avantageux ». Cette exigence s’applique à des sites suffisamment importants, comme le confirme cette remarque : « étudier le terrain avec attention et commencer toujours par attaquer les substructions les plus considérables ». La méthode suggérée consiste à suivre les structures jusqu’au niveau du sol antique, à les déchausser de façon à cerner tout le périmètre de l’édifice car « la forme et le caractère d’un seul bâtiment peut fournir des indices pour la continuation des recherches ». La démarche reste ici identique à celle qui prévalait déjà sur de nombreux chantiers de l’Académie de France à Rome31, où les pensionnaires s’intéressaient à l’aspect architectural du bâtiment, en vue de restitutions, sans se préoccuper encore des niveaux d’occupation32. Montalivet formule ici, en outre, des avertissements sur le choix du personnel recruté : « car l’ignorance ou la négligence des ouvriers n’a pas de résultats moins fâcheux que n’en aurait l’ignorance de leurs guides ». Le ministre souhaite connaître les noms des architectes ou antiquaires responsables des chantiers qu’il invite à communiquer avec la Commission des Monuments historiques. Cette surveillance vise à éviter des erreurs de « stratégie » ou d’interprétation et l’on demande expressément de délivrer, à l’issue du chantier, un procès-verbal accompagné d’un plan, surtout dans le cas d’un rebouchage du terrain. Nous voyons là l’esquisse d’une réglementation donnant un caractère scientifique à la fouille, que complète d’ailleurs une préconisation sur le devenir du mobilier recueilli : les objets doivent rejoindre les collections publiques des villes les plus proches ou celles du chef-lieu car « ils seront toujours bien placés là où ils pourront être facilement consultés par les savants et les artistes ». On sauvegarde à l’évidence les artefacts pas seulement pour les exposer, mais en tant qu’objets d’étude potentielle. La culture demeure celle du cabinet mis à la disposition des érudits tandis qu’un « antiquaire » mène le chantier et non un « archéologue », terme pourtant déjà usité dans d’autres sources contemporaines, et témoignant d’une science encore hésitante et floue, y compris dans l’esprit du pouvoir central.
Conclusion
28La prise de conscience du patrimoine initiée par la Révolution a permis de nouvelles expériences appelées à s’inscrire dans le temps, comme celle du musée, mais aussi des innovations dans la gestion des fouilles à partir de mesures structurantes encouragées par les enquêtes, les circulaires officielles et des financements alloués aux départements.
29Tandis qu’une véritable institution pour l’archéologie manque néanmoins encore dans le pays sous la Monarchie de Juillet, où tous les moyens restent surtout mis à disposition de la restauration des monuments, le dégagement des sites se poursuit, et une conscience forte se développe face aux vestiges. Le témoignage de la Société Éduenne, fondée tardivement à Autun (1836) mais convaincue de son rôle, l’exprime parfaitement :
L’archéologie est la branche la plus modeste du culte des Beaux-arts, mais son utilité ne peut pas plus être contestée par les esprits ayant quelque portée que le mérite des arts eux-mêmes. C’est l’archéologie qui exhume du sein de la terre les richesses que la barbarie y a laissées enfouies, qui les rassemble, les conserve, les place sous les yeux des artistes et de ceux qui se font un mérite de cultiver les sciences […]. Il faut que ces richesses soient réunies dans un lieu ouvert à tous33.
Mais à cette vocation d’enseignement qu’a l’archéologie, à ces éléments qu’elle révèle à tous et qu’on se doit de réunir en un lieu, s’ajoute aussi le souci de la méthode pour tirer un parti intelligent des données recueillies :
La création ou l’accroissement d’un musée ne doit pas être seulement le seul but d’une société d’archéologie, l’antiquaire ne peut oublier […] d’examiner les ruines avec le plus grand soin, détailler leurs formes, donner leurs mesures, décrire leur ornementation, déterminer la direction des principales voies qu’elles traversaient ou qu’elles bordaient. Il doit essayer de bien reconnaitre les lignes des principaux édifices ; rattacher les uns aux autres, ces travaux faits isolément par des générations successives et arriver enfin, par un plan détaillé, à resituer la cité antique. Un semblable travail a besoin, pour être soutenu, de rivalité et d’émulation […]34.
30Cette analyse révèle l’assimilation de leçons : observer, décrire, mesurer, interpréter en comparant et en mettant en relation avec d’autres données ; raisonnement scientifique par excellence qui se défend de ne pas se contenter de collecter des objets. Nous sommes bien ici à la charnière de deux époques35 et assistons en cette première moitié du xixe siècle à la définition d’une véritable discipline, même s’il y eut encore, jusqu’au xxe siècle, des « rendez-vous manqués » (Schnapp, 1997).
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Tuetey A. et Guiffrey J. (1910) – La Commission du Muséum et la création du Musée du Louvre (1792-1793), Paris.
Notes de bas de page
1 Roger de Gaignières (1642-1715) a réuni des sources manuscrites et des séries iconographiques qui ne revêtiront une réelle importance qu’au XIXe siècle avec l’essor de l’archéologie et le mouvement de protection des Monuments historiques.
2 Charles Claude de Flahaut de la Billarderie (1730-1809), comte d'Angiviller fait une carrière militaire sous Louis XV et devient maréchal de camp. D’Angiviller encourage le néoclassicisme et devient l'un des principaux introducteurs du style à l'antique en France.
3 Kersaint (A.-G.), Discours sur les monuments publics prononcé au conseil du département de Paris le 15 décembre 1791, Paris, 1792, p. 80.
4 Archives Nationales, série F17/1032, dossier 14, lettre du secrétaire de la commission des monuments au citoyen ministre.
5 En 1819, est créée la Commission des antiquités de la France.
6 Caylus (A-Cl. F. de), (1692-1765), Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, 7 volumes, Paris (1752-1757).
7 Fauris de Saint-Vincens avait quand même pu faire dessiner la mosaïque in situ et faire prélever quelques fragments de cette « scène de la Comédie » (désormais intégrée dans les collections du musée Granet à Aix en Provence).
8 Arch. Nat., série F17/1032, copie de procès-verbal, séance du 8 mars 1791.Ce document évoque le laxisme survenu à Lille mais aussi à Paris, où l’on a laissé vendre à l’encan (aux enchères), des médailles et vases antiques…Le manque de formation ou la cupidité, qui ont parfois conduit des officiers municipaux chargés de faire enlever les objets, à en négliger certains.
9 Jean-Denis Barbié du Bocage (1760-1825), élève du cartographe d’Anville et proche de Barthélémy, conservateur au Cabinet des médailles, est attaché au ministère des Affaires étrangères à partir de 1780 et au Cabinet des médailles en 1785. En 1809, il est nommé professeur de la faculté des sciences à l’Académie de Paris.
10 Arch. Nat., série de l’Instruction publique, F 17/1237-38, lettre du 4 Germinal an II.
11 Archives Nationales, série de l’Instruction publique, F 17/1237-38, lettre de la section des antiques an II. Il ne semble pas que cette campagne ait été probante.
12 L’abbé Gaspard Michel Leblond (G.-M.) (1738-1809), d’abord prêtre, est adjoint dès 1772, à l’abbé de Vermont, bibliothécaire du collège Mazarin. À la même date, il entre à l’Académie des Inscriptions et devient conservateur de la bibliothèque Mazarine en 1791.
13 Archives nationales, série F 17/1237-38, lettre de la section des antiques du 20 thermidor an II. Extrait d’un rapport sur les monuments d’Arles.
14 Il s’agit de l’ouvrage Voyage dans les départements du midi de la France, en 5 volumes, 1807-1811.
15 La « celtomanie » touche d’ailleurs d’autres Sociétés savantes à une époque où l’insuffisance des connaissances archéologiques mêlée à un certain chauvinisme, limite l’analyse scientifique.
16 Alors que celle de 1810 envoyée par Montalivet devait recenser les monuments ayant souffert de la Révolution -en cela, elle reprenait la démarche de Millin-, celle de 1818 précise que le questionnaire concernera les antiquités gauloises, grecques et romaines, les voies, les bornes milliaires.
17 Archives départementales du Rhône, série 4T 2, lettre du secrétaire d’État à l’Intérieur au préfet de Lyon, 1919 (entre avril et juillet, date peu lisible).
18 Archives départementales du Rhône, série 4T 2, courrier n°732, lettre du maire de Lyon au préfet du Rhône, le 30 septembre 1819.
19 Archives départementales du Rhône, série 4T 2, lettre de Dacier au ministre de l’Intérieur, le 17 octobre 1822. Artaud obtient ce titre en 1823 qui restera honorifique.
20 Archives départementales de Saône-et-Loire, série 1T 259, Lettre du sous-préfet de l’arrondissement d’Autun au préfet, le 16 octobre 1821.
21 Archives départementales de Saône-et-Loire, 1T 259, Aperçu des dépenses à faire pour déblayer l’ancien théâtre d’Autun, 4 juillet 1820.
22 Archives départementales de Saône-et-Loire, 1T 259, lettres du sous-préfet de l’arrondissement d’Autun au préfet, le 20 octobre 1821. L’entreprise inventoriale montre un désengagement financier de l’État : frais de déplacement et de publications dépendent alors des Conseils Généraux.
23 Situation probablement liée à la crise économique de 1830.
24 Archives départementales de Saône-et-Loire, 1T 259, Conseil Général, « antiquités » s. d.
25 La commission archéologique d’Arles aurait été impulsée par Louis Jacquemin et Jean-Julien Estrangin mais il est important de signaler le rôle de Jacques-Didier Véran, notaire royal, érudit local. Cet antiquaire était le cousin de Pierre Véran, conservateur du musé Sainte-Anne où avaient été entreposés les antiques grâce à Aubin-Louis Millin.
26 Archives départementales des Bouches-du-Rhône, série 4T 92, lettre du ministère du Commerce et des Travaux publics au préfet, le 11 janvier 1822.
27 Aujourd’hui visibles au musée départemental de l’Arles antique.
28 Archives départementales des Bouches-du-Rhône, série 4T 93, lettre de Jean-François Blain au préfet, le 6 mars 1828.
29 Celle-ci inclut L. Vitet, A. Le Prévôt ainsi que le baron Taylor.
30 Circulaire n°9, le ministre de l’Intérieur Montalivet aux préfets, le 13 mars 1838.
31 Créée en 1666 sous l’impulsion du ministre Colbert et du peintre Lebrun.
32 La notion fondamentale de stratigraphie n’interviendra en France qu’avec les apports du préhistorien Boucher de Perthes à Abbeville, reconnus en 1859. Pourtant, au xviie siècle déjà, Rudbeck en Suède, Aubrey et Stukeley en Grande Bretagne, s’étaient illustrés sur le sujet (Schnapp, 1993b).
33 Archives départementales de Saône-et-Loire, REV 157/3, Mémoires de la Société Éduenne, 1845, p. 4-5.
34 Archives départementales de Saône-et-Loire, REV 157/3, Mémoires de la Société Éduenne, 1845, p. 4-5.
35 En 1844, dans la notion « d’archéologue » que donne Lenormant, distinction est encore faite entre le philologue/historien et l’homme de terrain (l’un étudie les données fournies par l’autre). La fusion entre homme de science et homme de terrain ne se réalise qu’à la fin du xixe siècle.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
ED 112 Archéologie
Thèse sous la direction Alain Schnapp : « Le Louvre et l'espace français : formation des collections d'antiquités romaines et définition du champ de l'archéologie (1790-1848) ».
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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