« Révolution agricole » au Néolithique proche-oriental : quelle réalité ?
Exemples de Dja’de el-mughara et Tell Aswad
Résumés
À partir des années 1950, le terme de « Révolution néolithique » a été utilisé pour désigner l’ensemble des changements techniques et sociétaux qui ont eu lieu au Proche Orient ancien. Parmi ceux-ci, la mise en place de l’agriculture a fait l’objet d’un intérêt tout particulier. Néanmoins, depuis une dizaine d’année, le terme de « révolution » est relativisé par le fait que les changements n’ont pas été soudains, mais se sont au contraire déroulés sur un temps relativement long.
Les premiers indices de développement de l’agriculture apparaissent au Proche-Orient, au Néolithique acéramique (Xe-VIIe millénaire av. n. è.). A cette période, les sites attestant de la mise en place de pratiques agricoles se multiplient. Parmi les témoins de ces changements, les plantes cultivées - et plus particulièrement les céréales - offrent un aperçu du processus qui se met en place.
Ainsi, l’étude archéobotanique de deux sites syriens, Dja’de el-mughara et Tell Aswad, apportent de nouvelles données concernant le « quand ? » et le « comment ? » l’agriculture s’est développée dans la région levantine, et quelles en ont été les conséquences. Ces deux villages agricoles se caractérisent par une occupation continue, au cours de laquelle de nombreux changements techniques et sociétaux sont apparus, parallèlement à la mise en place et à l’évolution de nouvelles stratégies de subsistance. Nous verrons donc quelles ont été les premières plantes utilisées par les populations néolithiques et si les changements de cortèges floristiques reflètent une « r-évolution » des pratiques.
Since the 1950’s, the term « Neolithic Revolution » refers to the technical and social changes that happened in the Ancient Near East. Among those changes, there was a particular emphasis placed on the beginning of agriculture. Nonetheless, since a decade, the concept of « revolution » is questionned as changes happened on the long run.
Agriculture started during the Pre-Pottery Neolithic period (PPN) (Xe-VIIe millenium cal. B.C.). At that time, we observe an increase of the amount of villages showing agricultural signs, and cultivated plants - mainly cereals - offer a good opportunity to analyse the process.
Thus, the archaeobotanical study of two syrian sites, Dja’de el-mughara and Tell Aswad, brings new data about the « when » and the « how » agriculture emerged in the Levantine area, and what the consequences were. Those two early villages present a long and continuous occupation, with technical and social changes as the set up and the complexification of a new subsistance economy. In this paper, we will see what the first plants exploited by the Neolithic communities were and if we can observe a « r-evolution » through archaeobotanical data.
Entrées d’index
Mots-clés : Syrie, révolution agricole, néolithique, début agriculture, domestication des plantes
Keywords : Neolithic Period, agricultural revolution, Syria, beginning of agriculture, plants domestication
Texte intégral
Introduction
1Le terme de « Révolution agricole » renvoie habituellement au changement du système de production qui se mit en place au xixe siècle. Cʼest en effet à cette époque que la recherche est mise au service de lʼamélioration du rendement agricole. On observe ainsi lʼutilisation de nouvelles plantes (exotiques ou génétiquement modifiées) ainsi que lʼintensification des cultures (recours aux engrais chimiques, mécanisation) et du système dʼélevage (Poitrineau et Wackermann, Encyclopaedia Universalis).
2À lʼinstar de la définition du terme de « Révolution » donnée par le dictionnaire Larousse « Changement brusque, dʼordre économique, moral, culturel, qui se produit dans une société », la dimension soudaine du phénomène fait consensus.
3Néanmoins, comme le soulignait M. Bloch (1952, p. 223), « Lʼhabitude sʼest prise de désigner, sous le nom de révolution agricole, les grands bouleversements de la technique et des usages agraires qui, dans toute lʼEurope, à des dates variables selon les pays, marquèrent lʼavènement des pratiques de lʼexploitation contemporaine ». Mais puisque le processus a démarré à des dates différentes selon les régions, le terme dʼévolution semblerait plus adéquat. En effet, lʼ« évolution », fait référence à « un processus de transformation, passage progressif dʼun état à un autre » (TLFI1).
4Bien que pour la période moderne, la question semble encore soumise à débat, il est intéressant de voir ce quʼil en est pour le Néolithique proche-oriental où l’on observe la mise en place de l’agriculture et de l’élevage. Peut-on qualifier de « révolution agricole » le processus observé au tournant des Xe-IXe millénaires av. J.‑C. ? Y a t-il une comparaison possible entre les phénomènes néolithique et moderne ? Comment considérer les notions de révolution et/ou dʼévolution pour les périodes anciennes ?
5Dans les années 1930, grâce à V. G. Childe, apparaît le concept de « Révolution néolithique » (Childe, 1936), qui correspond à une période de nombreux changements observés à partir des fouilles au Proche-Orient. Parmi les multiples transformations établies au cours de cette période néolithique, l’une des plus importantes est sans doute le changement de stratégies de subsistance.
6Par la suite, dans les années 1940, sʼinspirant du modèle marxiste et des travaux de L. H. Morgan et de sa classification tripartite (« Sauvagerie – Barbarie – Civilisation »), G. Childe (Childe, 1942) hiérarchisa les populations selon trois groupes en fonction de leur mode de production : « chasseurs-cueilleurs – agriculteurs – artisans ». La « révolution agricole » de cette période correspond ainsi au passage dʼune économie de subsistance reposant sur la chasse et la cueillette à un système agricole complexe.
7Au Proche-Orient, la région du Croissant Fertile est appelée ainsi du fait de ses conditions écologiques favorables ayant attiré les premières communautés sédentaires et agricoles. Cette période comprise entre 12000 et 6000 av. J.‑C., correspond au Natoufien et au Néolithique acéramique. Plusieurs sites datant de cette époque ont été identifiés dans l’ensemble de la région, mais l’étude qui nous concerne dans cet article portera sur deux sites néolithiques syriens : Dja’de el-Mughrara et Tell Aswad. Ces deux villages présentent une stratigraphie continue et ont livré de nombreux macrorestes végétaux carbonisés. L’étude archéobotanique faisant l’objet d’un doctorat à l’université de Paris 1 permet ainsi de suivre l’évolution des pratiques agricoles des origines à leur développement.
Dja’de el-mughara, phase PPNA/PPNB ancien ou l’essor de l’agriculture
8Le site de Dja’de el-mughara est situé sur le moyen Euphrate syrien, au Levant nord (Fig. 1). Les fouilles, menées par É. Coqueugniot depuis 1991, ont permis d’établir une occupation continue du site du PPNA au PPNB ancien, ce qui représente la stratigraphie la plus complète pour cette période de transition (9 m de dépôts archéologiques). Le tell couvre une superficie d’environ 0,5 ha et est implanté dans un environnement steppique recevant entre 250 et 300 mm de précipitations annuelles (Coqueugniot, 1998).
9Deux-cent-soixante-dix-huit échantillons archéobotaniques, récupérés par la méthode de flottation2, ont été étudiés à ce jour par G. Willcox3 et moi-même. Tous les restes sont conservés par carbonisation, à l’exception de quelques-uns qui ont subi une biominéralisation4 (notamment la famille des Boraginaceae).
Les résultats archéobotaniques
10L’assemblage archéobotanique de Dja’de a livré une grande diversité de taxons.
11Les céréales (Fig. 2) sont principalement représentées par l’orge (Hordeum spontaneum) et le seigle (Secale sp.), mais on trouve également du blé engrain (Triticum boeoticum) et quelques restes de blé amidonnier (Triticum dicoccoides).
12Précisons que les céréales sont à la fois représentées par les caryopses (grains) et les bases d’épillets. Ces derniers sont des éléments diagnostiques, permettant de différencier les morphologies sauvages des morphologies domestiques5. À Dja’de, leur analyse montre que les céréales sont sauvages. Quelques spécimens présentent des rachis solides (c’est notamment le cas du seigle), mais leur faible proportion correspond à la part d’individus phénotypiquement différents (10 %) présents dans une population sauvage (Kislev 1989, Hillman et Davies, 2000).
13Les légumineuses (Fig. 3) sont quant à elles largement représentées par les lentilles, mais on note également la présence du petit pois, de la vesce, de la gesse, de la fève et du pois chiche. Il est difficile d’établir si les légumineuses sont domestiques ou sauvages car la distinction repose sur l’observation de l’ornementation de la surface externe6 (testa), qui est rarement préservée. Néanmoins, au regard de la grande quantité de restes de lentilles identifiées sur le site, il est possible d’envisager qu’elles aient été cultivées dès le PPNA.
14Les fragments de coque de pistaches d’Atlantique (Pistacia cf. atlantica) et les graines de câpres (Capparis sp.) sont les principaux fruits représentés au sein des assemblages et sont probablement issus de la cueillette dans l’environnement local.
15Le site de Dja’de a également livré un très large panel de plantes sauvages, dont la plupart peuvent être considérées comme des plantes adventices. On constate ainsi de très fortes proportions d’adonide (Adonis sp.), d’arroche (Atriplex sp.), de centaurée (Centaurea sp.), de fumeterre (Fumaria sp.), de nielle des blés (Agrostemma githago) ou encore d’orge des rats (Hordeum murinum).
Les pratiques agricoles
16Le nombre de restes de ces plantes adventices augmente entre les niveaux PPNA et les niveaux PPNB, parallèlement à la quantité de plantes cultivées (céréales et légumineuses) (Fig. 4). Le développement des plantes adventices est favorisé par l’action de l’Homme sur le sol (Colledge, 2002 ; Willcox 2012). Ce type de plantes sauvages apprécie particulièrement les habitats perturbés. De fait, si l’aération des sols, et notamment la pratique du labour, facilite la germination et la pousse des plantes cultivées, elle favorise également la colonisation des champs par les plantes adventices.
17Les niveaux anciens (DJ1) présentent très peu de plantes adventices, ce qui pourrait indiquer qu’il y ait eu nettoyage des récoltes. Il faut toutefois relativiser cette hypothèse par le fait qu’il s’agit des niveaux anciens, et qu’à cette période la part de la cueillette est sans doute encore importante. Or, lors de la collecte de céréales ou de légumineuses sauvages, peu de plantes sauvages sont récupérées. Une faible quantité de plantes adventices identifiées dans les niveaux anciens pourrait donc refléter une économie de subsistance davantage basée sur la cueillette que les périodes suivantes.
18L’analyse des assemblages montre aussi une évolution de la quantité des restes de balles de céréales (Fig. 5). En effet, on note une importante quantité de restes d’enveloppes (bases d’épillet et glumes) dans les niveaux PPNA, mais ces derniers sont quasiment absents dans les niveaux PPNB.
19Ces deux constats pourraient traduire des changements dans les pratiques agricoles entre la phase ancienne (DJ1) et la phase récente (DJ2 et DJ3). La faible proportion de plantes adventices dans les niveaux anciens pourrait s’expliquer par la faible énergie dépensée pour l’entretien des champs ou au contraire par un important travail de nettoyage des produits de récolte (criblage).
20Or, puisque la quantité d’adventices augmente considérablement au PPNB, deux possibilités sont envisageables : intensification des cultures ou arrêt du nettoyage des récoltes. Cette seconde hypothèse semble peu probable, d’autant que les restes de balles (sous-produits ayant diverses utilisations notamment comme dégraissant) disparaissent, ce qui pourrait évoquer la pratique de vannage.
21Il faut préciser que les bases d’épillet et les plantes adventices identifiées ne font pas le même calibre, les premiers étant généralement de plus grande taille que les seconds. Si la présence et/ou l’absence de l’un de ces deux éléments au sein des assemblages résultait uniquement d’un nettoyage tel que le criblage, alors leur évolution serait identique. On peut alors envisager l’existence d’opérations intermédiaires ou de pratiques liées à des espaces spécifiques, différents de la zone de prélèvement.
La récolte
22La récolte des plantes cultivées peut se faire manuellement (arrachage, prélèvement, secouage/battage au dessus d’un panier), ou à l’aide d’un outil.
23Dans le cas de Dja’de, bien que les céréales soient encore de morphologie sauvage, avec un rachis fragile, il semble que la moisson ait été effectuée au moyen de faucilles. En effet, l’analyse tracéologique de F. Pichon montre que les éléments de faucille en silex portent des traces caractéristiques de la coupe de graminées (Pichon, 2016). En outre, la présence de stries très marquées coïnciderait avec une coupe basse. Ce constat est renforcé par l’étude des plantes adventices dont la hauteur de certaines espèces identifiées n’excède pas une dizaine de centimètres (Androsace maxima par exemple). Ainsi, si l’on admet qu’elles aient été fauchées en même temps que les plantes cultivées qu’elles colonisent, alors la coupe s’est nécessairement faite au bas de la tige, à quelques centimètres du sol (Bouby, 2003).
24La coupe basse permet de récupérer la paille en plus des grains. Cette dernière peut ensuite être utilisée comme dégraissant en architecture (terre à bâtir), comme litière pour les animaux mais elle peut également faire office de couchage (Fig. 6).
Battage, Séchage/Exposition au feu
25Si l’on suit les différentes étapes de la chaîne opératoire du traitement des céréales donnée par G. Hillman (Hillman et De Moulins, 2000), après la récolte vient la phase de séchage et/ou grillage. Mais avant elle, avait probablement lieu une étape de battage destinée à récupérer les épillets contenant les grains. Le séchage a pour objectif de sécher les grains qui ont, dans le cas des céréales sauvages, été récoltés avant leur complète maturité. L’exposition au feu présente également l’avantage d’éliminer facilement certains éléments indésirables de la plante, comme par exemple les barbes. Toutefois, il semble que cette étape n’ait pas eu lieu à Dja’de, puisque les échantillons ont livré une quantité relativement importante de restes de barbe de stipe (Stipa sp.), une Poacée sauvage qui n’a jamais été domestiquée.
26En revanche, sur le site de Dja’de, des structures en « grill-plan » ont été identifiées dans les derniers niveaux d’occupation de la phase DJ2 (PPNB ancien) (Coqueugniot, 1998 ; Coqueugniot, 2005 et 2006). Ce type de structures, déjà connu sur les sites de Çayönü et Çafer Höyük, est constitué de murets parallèles d’environ 23 cm d’épaisseur et 50 cm de hauteur qui sont séparés les uns des autres de 15 à 20 cm. Ils reposent sur un radier de galets soigneusement construit (Coqueugniot, 1998 ; Coqueugniot, 2006). Ces structures en grill-plan ont ainsi été interprétées comme des soubassements de plateformes légères, mais leur fonction réelle reste inconnue. Une utilisation en tant que couchage ou de structure de séchage est néanmoins envisagée7. L’espace entre les murets – si l’on considère qu’il n’était pas comblé de terre, comme cela a été suggéré pour Çayönü – pourrait avoir servi à la circulation de l’air, ce qui aurait eu pour effet de faciliter le séchage des végétaux récoltés.
Décorticage
27Comme nous l’avons déjà mentionné, à Dja’de, toutes les céréales sont vêtues. De fait, leur consommation devait être précédée d’une étape de décorticage.
28Des mortiers en calcaire et des meules en basalte, dolérite et calcaire ont été retrouvées sur le site (Coqueugniot, 2002), mais aucune étude tracéologique et/ou de phytolithes n’a été effectuée.
29Toutefois, d’après les résultats de l’étude expérimentale menée en Europe par Alonso et al. (2013), le décorticage de l’orge à deux rangs semble être le plus efficace lorsque les grains sont légèrement grillés puis soumis au battage à l’aide d’un mortier en pierre. En outre, les qualités abrasives du basalte ne sont plus à démontrer, et l’analyse du matériel de mouture issu de cette roche volcanique mis au jour sur le site de Jerf el-Ahmar a permis de rendre compte de son utilisation pour le décorticage des grains (Bofill et al., 2013). Nous pouvons donc envisager que les outils de mouture de Dja’de aient servi à un usage identique.
Vannage/Criblage
30Lors du décorticage, les grains sont séparés de leur enveloppe, mais ces deux éléments restent mélangés. L’étape suivante a donc pour objectif de se débarrasser des éléments légers que sont les balles de céréales. La technique la plus simple consiste à exposer le tout à un courant d’air qui emportera les restes de balles. En complément, il est également possible d’utiliser une maille suffisamment large pour ne retenir que les caryopses dont les dimensions sont plus importantes que celles des bases d’épillet. Le vannage semble avoir été pratiqué à Dja’de puisque les assemblages carpologiques des niveaux PPNB ancien présentent une très faible proportion de restes de balles par rapport aux caryopses.
Stockage de grains et de balles
31Aucune structure de stockage n’a été identifiée sur le site. Néanmoins, l’étude d’échantillons archéobotaniques provenant des niveaux situés sous la « Maison aux Peintures » suggère une utilisation comme espace de stockage. En effet, la composition des assemblages révèle une majorité de grains d’orge (mille-cent-soixante-trois caryopses) et de lentilles (quatre-cent-vingt-deux graines). La présence du seigle est également attestée mais en plus faible quantité (cinquante-huit caryopses). Parallèlement à ces importantes quantités de plantes cultivées, on observe une proportion relativement faible de plantes adventices (deux-cent-quarante-cinq restes) et de balles de céréales (quinze bases d’épillet, proportion similaire pour DJ1 et DJ2). La forte prédominance des plantes cultivées suggère qu’il pourrait s’agir d’un stock, relativement nettoyé des éléments indésirables.
32De plus, sur les vingt-trois échantillons issus de cette structure, six comportaient des restes de coprolithes de rongeurs carbonisés et quatorze des restes d’ossements. Ces deux indices renforcent l’hypothèse d’un espace de stockage (tout ou partiel) antérieur à la Maison aux Peintures, à moins qu’il ne s’agisse d’un dépôt de fondation.
Consommation
33Parmi les macrorestes végétaux retrouvés dans les assemblages archéobotaniques, un certain nombre de restes classés en tant que « résidus amorphes » ont été identifiés (Fig. 7).
34Certains de ces restes peuvent être considérés comme des résidus de préparations alimentaires. En effet, comme l’indique leur dénomination, ils n’ont pas de morphologie clairement définie puisqu’il s’agit de fragments plus ou moins gros possédant parfois une structure alvéolée. Quelques-uns laissent apparaître des graines de Papaveraceae, de Caryophyllaceae et/ou de Brassicaceae. Ce constat permet de mettre en évidence le fait que les plantes sauvages étaient très probablement utilisées à des fins alimentaires, au même titre que les plantes cultivées.
35De plus, comme nous l’avons déjà mentionné, le site a livré des outils de mouture (meules et mortiers) qui pourraient avoir été utilisés pour le décorticage des céréales, mais aussi pour la mouture des plantes, et notamment les céréales afin d’obtenir une farine. Notons que parmi les nombreux fragments de céréales recueillis, certains résultent d’une cassure antérieure à l’exposition au feu. Ils pourraient ainsi renvoyer à du concassage de grains de type boulgour.
Tell Aswad : fin du PPNB ancien – début du PPNB récent (8700-7000 av. J.‑C.), ou la maturation du système agricole
36Le site de Tell Aswad est situé au sud de la Syrie (Levant sud), à 30 km au sud-ouest de la ville de Damas (van Zeist et Bakker-Heeres, 1982). Ce tell d’environ 4 ha est implanté dans une plaine dont les précipitations annuelles sont inférieures aux 200 mm, entre deux rivières (l’Awaj et le Barada), et bordait un grand lac pléistocène au cours de son occupation. Une première campagne de sondages, menée par H. de Contenson en 1971 et 1972, avait alors révélé une occupation précoce, datant du PPNA (De Contenson, 1973). Néanmoins, la reprise des fouilles8 entre 2001 et 2007, dirigées par une équipe franco-syrienne (D. Stordeur et B. Jammous) a démontré que les installations les plus anciennes du village correspondraient en réalité à la fin du PPNB ancien et se terminait au début du PPNB récent9 (Stordeur et al., 2010).
37Les nombreux contextes archéologiques livrant du matériel carbonisé ont fait l’objet de prélèvements soumis à la flottation10 en vue de réaliser une étude archéobotanique. Sur les quatre-cent-trente-deux échantillons récoltés, trois-cent-douze ont à ce jour été analysés parmi lesquels cent-trois ont été écartés car leur rattachement stratigraphique est encore incertain.
Présentation des résultats archéobotaniques
38Le type de conservation est identique à celui de Dja’de et de la plupart des sites néolithiques du Proche-Orient ancien : la carbonisation et la biominéralisation.
39Les deux principales céréales identifiées sur le site sont l’orge et le blé amidonnier (blé vêtu), même si quelques rares caryopses de blé engrain et de blé nu sont attestés (Fig. 8). Les céréales sont présentes en grande quantité, sous forme de grains et de restes de balles (bases d’épillet). L’analyse des carporestes a permis d’attester la présence de céréales domestiques sur ce site (Tanno et Willcox, 2012).
40Les légumineuses sont majoritairement représentées par les lentilles et le pois/vesce mais le petit pois, l’ers, la fève et la gesse sont aussi présents dans les assemblages (Fig. 9).
41Tout comme à Dja’de, les fruits sont représentés par les endocarpes de pistaches atlantiques (Pistacia atlantica) et les graines de câpres (Capparis sp.), mais la principale différence réside dans la très grande quantité d’akènes de figues (Ficus cf. carica) retrouvée. En outre, le lin (Linum cf. usitatissimum) a été identifié sous la forme de graines.
42Enfin, notons que le site a également livré un cortège de plantes sauvages dont la plupart – comme à Dja’de – pourraient être des adventices de culture. Leur nombre est plus important que les taxons cultivés (céréales et légumineuses) (Fig. 10), mais les assemblages sont moins diversifiés qu’à Dja’de. Parmi eux, on trouve ainsi de très nombreuses fabacées sauvages (Trigonella astroites, Astragalus sp., Medicago radiata), des graminées (Bromus sp., Erodium sp., Hordeum murinum, Lolium sp.), des gaillets (Galium sp.) et des ornithogales (Ornithogalum sp.). Il est intéressant de noter que la proportion de ces plantes sauvages augmente au cours de l’occupation.
43D’autre part, les plantes hygrophiles telles que la laîche (Carex cf. divisa), ou la scirpe maritime (Bolboschoenus glaucus/maritimus) sont extrêmement abondantes en raison de la proximité du lac et de la zone marécageuse l’entourant.
Plantes sauvages versus plantes cultivées
44Grâce à la présence de nombreuses bases d’épillet, il est possible d’affirmer que les céréales sauvages côtoient les céréales de morphologie domestique. Toutefois, la préservation de ce type de restes rend ce diagnostic faisable pour une faible quantité de restes. On observe alors cinq catégories de restes : « domestique », « potentiellement domestique », « sauvage », « potentiellement sauvage » et « indéterminé »11.
45En ce qui concerne l’orge, une distinction peut être faite entre les caryopses sauvages (Hordeum spontaneum) et les caryopses cultivés (Hordeum vulgare), notamment à partir de la taille, mais également en s’appuyant sur la morphologie générale. On constate ainsi que durant toute l’occupation du site, la fréquence de l’orge cultivée (40-60 %) est supérieure à celle de l’orge sauvage (20-40 %). Si la fréquence des grains d’orge cultivée ne varie pas au cours du temps, celle de l’orge sauvage diminue légèrement. Il est également intéressant de noter que l’on observe une augmentation de la fréquence des enveloppes d’orge (sauvage et cultivée) entre les niveaux anciens et les niveaux récents.
46En ce qui concerne le blé, la tendance générale montre une augmentation de la fréquence des restes, qu’il s’agisse des grains ou des restes d’enveloppe.
47Si l’on compare l’orge et le blé, on constate que l’orge est présente sur le site en grande quantité dès les premiers niveaux d’occupation alors que l’amidonnier semble ne s’imposer que plus tardivement, au PPNB moyen.
48Comme nous l’avons déjà expliqué plus haut, les indices de domestication chez les fabacées sont beaucoup moins évidents que pour les céréales. De fait, à Aswad, leur statut cultivé est supposé en raison de leur taille (notamment pour les Pisum/Vicia), mais pas confirmée.
49On constate qu’au cours du temps, la fréquence des fabacées (Lens et Pisum/Vicia) diminue contrairement au blé vêtu. On pourrait ainsi envisager que la culture des fabacées ait été supplantée par celle des céréales pour des raisons écologiques. Le développement des légumineuses nécessite en effet un approvisionnement en eau sur une durée plus longue que les céréales car sur une même plante, toutes les gousses ne parviennent pas à maturité au même moment.
Potentialités agricoles
50Le site d’Aswad se trouve à la frontière entre la steppe (à l’ouest) et le désert syrien (à l’est). Cette localisation conditionne son régime de précipitations annuelles qui sont inférieures à l’isohyète des 200 mm/an, ne permettant pas la pratique d’une agriculture sèche. Pourtant, comme nous l’avons vu, tous les indices convergent vers l’existence d’une agriculture et les grains de céréales ne semblent pas avoir été affectés par un stress hydrique ou quelques mauvaises conditions de développement. De fait, le recours à un système d’irrigation/système de gestion de l’eau – même sommaire – est à envisager.
51À l’échelle locale, la proximité immédiate du lac pléistocène fournissait un accès à l’eau permanent. Comme nous l’avons déjà mentionné, celui-ci était alimenté par deux rivières12 –‑ Barada et Awaj – prenant leur source dans les hauteurs des monts Liban et Anti-Liban. Leur débit maximal était donc lié à la fonte des neiges au début du printemps mais l’impact des variations saisonnières du débit des rivières13 sur le niveau du lac était probablement relativement faible.
52L’analyse des cartes géologiques de la région montre que le site d’Aswad est implanté à la jonction entre des dépôts limoneux récents14 et des marnes et calcaires lacustres (Bianquis, 1989). La composition des sols (argile, matière organique et sable) (Kattan, 2006) s’explique par l’extension du lac au cours du Pléistocène moyen (van Zeist et Bakker-Heeres, 1982). Ces sols alluviaux présentent une bonne réserve utile15 et ont l’avantage d’être suffisamment profonds pour faciliter le développement racinaire. Toutefois, ils ont au contraire l’inconvénient de présenter une hydromorphie et d’avoir une stabilité structurale assez faible16 (Le Bissonnais et Le Souder, 1995).
53Comme le soulignait A.-M. Bianquis (1989), le cœur de la cuvette de Damas possède des sols relativement imperméables. Si l’on considère le fort taux d’évapotranspiration inhérent à la région et le fait que l’eau ne s’infiltrait quasiment pas dans les sols, alors la proximité permanente en eau (lac et rivière) était une nécessité absolue en vue d’entretenir les cultures.
54Cependant, bien que les marnes puissent être utilisées pour amender les terres agricoles l’eau aurait alors été absorbée par le sol plutôt que par les plantes.
55Les cônes alluviaux formés à l’embouchure du lac sont des terrains particulièrement propices à l’installation humaine (Kuzucuoglu et Gramond, 2006). Les images satellites (Google Earth) nous permettent d’ailleurs de constater que c’est sur le cône alluvial de la rivière Awaj qu’est implanté le site de Tell Aswad. Cette particularité géomorphologique explique donc la fertilité des sols, à laquelle s’ajoute l’existence d’une faune et d’une flore très diversifiée. C’est donc de cette richesse à l’échelle micro-locale que les populations néolithiques ont su tirer parti. L’étude archéozoologique (Helmer et Gourichon, 2008 ; Stordeur et al., 2010) a mis en évidence l’exploitation d’oiseaux aquatiques (grue) et de petits carnivores (blaireau, chat des marais) ainsi que la pêche de poissons d’eau douce. L’exploitation du milieu humide est également indirectement attestée par la présence de divers taxons végétaux. Outre les achènes de laîche (Carex cf. divisa) et de scirpe (Bolboschoenus maritimus/glaucus), des akènes de figues (Ficus cf. carica) ainsi que des graines de lin (Linum sp.) ont été identifiés. Ces deux taxons, marqueurs de milieux humides, semblent avoir été exploités tout au long de l’occupation du site.
Dja’de et Aswad : deux villages, deux agricultures
Les céréales
56La comparaison des deux sites met en évidence une prédominance de l’orge par rapport aux autres plantes cultivées. Elle est la plus fréquemment retrouvée au Néolithique oriental car elle est peu exigeante et se développe très bien sur les sols les plus pauvres.
57A l’inverse, le seigle (Secale sp.) requiert des conditions climatiques et pédologiques qui le cantonnent à des micro-habitats spécifiques, principalement les zones d’altitude, de faible température. L’aire de répartition des espèces sauvages est ainsi essentiellement restreinte à l’Anatolie. Au Néolithique, sa présence n’est attestée qu’au Levant nord, dans la région du Moyen Euphrate (Abu Hureyra, Tell Abr’ 3) (Hillman et De Moulins, 2000 ; Yartah, 2013 ; Willcox et al., 2009). Sa disparition au PPNB ancien pourrait refléter une aridification du climat à cette période.
58Les blés amidonnier et engrain se retrouvent au nord comme au sud. Néanmoins, on constate qu’au PPNB moyen le blé nu (Triticumaestivum/durum) fait son apparition jusqu’à supplanter les blés vêtus au PPNB récent, à l’instar du site d’Halula (Ferrio et al., 2005). Ce type de blé, plus facile à utiliser en raison de sa facilité de décorticage, a été identifié en faible quantité dans les niveaux PPNB moyen/récent de Tell Aswad.
Les fabacées
59Puisque l’occupation du site de Dja’de est antérieure à celle de Tell Aswad, on pourrait s’attendre à ce que les pratiques agricoles soient moins développées et/ou moins rentables.
60On note donc que les céréales de Dja’de sont encore de morphologie sauvage et que celles d’Aswad sont domestiques, mais une autre différence majeure à noter entre les deux sites concerne les légumineuses. En effet, lorsque l’on compare les assemblages du site septentrional et du site méridional, il apparait que les quantités de fabacées sont plus importantes sur le premier, et particulièrement les lentilles. La différence n’est pas seulement observable en termes quantitatifs, elle l’est aussi en qualitatif. Les graines de lentilles de Dja’de sont en effet plus grandes que celles d’Aswad. Pourtant, une étude réalisée sur des lentilles provenant de sites datés d’entre 9000 et 6000 av. J.C. environ a montré que leur taille tendait à augmenter au cours du temps (Fuller et al., 2011). Il est donc intéressant de se demander si cette différence de taille est liée aux conditions de développement ou à l’intensité de leur mise en culture.
61Les légumineuses sont des plantes dont le cycle de développement nécessite un apport en eau important, pendant une période relativement longue. Or, la moyenne des précipitations annuelles actuelles diffère entre les deux sites puisque Dja’de se trouve dans la zone couverte par 400-200 mm/an alors qu’à Aswad, le régime annuel des pluies est de 200-100 mm/an. Cette différence qui peut sembler dérisoire est en fait essentielle puisque l’isohyète des 250 mm/an est considéré comme la limite en-dessous de laquelle l’agriculture sèche est impossible. Toutefois, à Aswad, bien que les précipitations annuelles soient actuellement assez faibles, la proximité du lac et du marécage environnant au PPNB devaient garantir une disponibilité en eau suffisante et une humidité constante comme l’atteste la présence de nombreuses plantes hygrophiles.
62À Halula, les analyses isotopiques ont permis d’envisager le recours potentiel à l’irrigation pour les légumineuses (Ferrio et al., 2005), alors que le site est implanté dans la même zone climatique que Dja’de. On peut donc imaginer que le stress hydrique était accru à Aswad et que le phénomène d’évapotranspiration était trop important pour la culture des fabacées. En conséquence, les graines obtenues, plus petites, résulteraient soit de la cueillette, soit de mauvaises conditions de développement.
Les plantes sauvages
63Bien que le site de Dja’de soit plus ancien, on constate que la proportion de plantes potentiellement cultivées est supérieure à celle des plantes sauvages, notamment à la phase ancienne correspondant à la fin du PPNA.
64À Tell Aswad en revanche, on observe une prépondérance des plantes sauvages dès la première phase d’occupation et ce phénomène s’accentue au cours de l’occupation. Ainsi, les plantes sauvages, dont la majeure partie pourrait être des plantes adventices de culture, représentent plus de 75 % des assemblages à la phase récente.
65Ces deux constats permettent semble-t-il de mettre en évidence les changements floristiques et anthropiques liés à l’émergence de l’agriculture. Il est en effet intéressant de noter que c’est à la période la plus tardive, où l’agriculture est supposée être plus développée, que les plantes sauvages sont les plus représentées. Est-ce alors le reflet d’une intensification des pratiques agricoles ayant pour conséquence l’invasion de plantes indésirables ou des divergences régionales et/ou culturelles concernant les stratégies de subsistance ? L’importance des plantes sauvages dans la diet des populations néolithiques tend à être révisée (Riehl, 2016).
Conclusion
66Au regard de la définition de « révolution agricole » attribuée pour les xvie-xviiie siècles, on trouve de nombreuses similitudes avec le phénomène agricole qui se met en place au Néolithique pré-céramique.
67En effet, la révolution agricole se caractérise par l’utilisation d’un nouveau cortège de plantes, par une augmentation de la productivité des ressources végétales et par une intensification de l’élevage. Aux IXe-VIIIe millénaires av. J.‑C., l’exploitation agricole s’oriente vers un assemblage assez restreint de plantes, constitué des blés vêtus (amidonnier et engrain), de l’orge, du seigle, de la lentille, du petit pois, de la vesce, de la gesse, de l’ers et du pois chiche.
68Avec le processus de domestication, de nouvelles espèces, morphologiquement et génétiquement différentes de leur ancêtre commun, font leur apparition. Dans un premier temps, les espèces sauvages sont collectées dans l’environnement local. Mais dès le PPNA, avec la multiplication des réseaux d’échange et le développement de l’agriculture, on observe la présence de plantes cultivées et/ou domestiques en dehors de leur aire de répartition naturelle. C’est notamment le cas du seigle, identifié sur les sites du Moyen Euphrate (Jerf el-Ahmar, Mureybet, Dja’de) alors que la distribution de l’ancêtre sauvage semble restreinte aux hauteurs du Taurus. Ainsi, l’exploitation de « nouvelles espèces » qui ne sont pas endémiques à la région pourrait correspondre au pendant néolithique du phénomène observé au xviiie siècle avec l’introduction de plantes exotiques et/ou génétiquement modifiées.
69L’amélioration de la productivité est un phénomène qui est également perceptible au Néolithique pré-céramique.
70L’augmentation du nombre de plantes cultivées (céréales et légumineuses) parallèlement à l’apparition d’importantes structures de stockage, probablement destinées à un usage collectif, montre qu’au PPNA, un saut quantitatif est franchi.
71Et de la même manière qu’au xviiie siècle cette intensification de l’agriculture se manifeste par l’emploi de machines et le recours aux produits chimiques, au Néolithique se développe un large panel d’outils destinés à faciliter la préparation et le nettoyage des champs, mais aussi le travail de récolte. L’analyse des éléments de faucilles retrouvées sur le site de Dja’de montre que la moisson des céréales se faisait au moyen de faucilles courbes, ce qui permettait d’aller plus vite qu’avec un manche droit (Pichon, 2016). À Halula, un fragment de houe a été identifié, et l’analyse tracéologique permet d’envisager une utilisation pour le labourage des sols (Ibañez et al., 2007). Ce procédé permet d’aérer la terre avant le semis, et a l’avantage de détruire les mauvaises herbes tout en donnant de meilleures conditions de développement aux plantes cultivées. Le développement de l’outillage et des techniques a probablement été partiellement dynamisé par l’émergence d’une flore invasive dans les parcelles cultivées, dont pourraient témoigner les assemblages de Tell Aswad. Enfin, l’analyse des ossements de bovidés sur le site de Tell Aswad a permis de mettre en évidence l’existence de pathologies sur les articulations17. La déformation de la surface articulaire serait en effet caractéristique d’un stress mécanique, qui pourrait correspondre à l’utilisation de l’animal comme force de portage ou de traction (Helmer et Gourichon, 2008 ; Stordeur et al., 2010). Ce dernier phénomène s’inscrit dans un processus beaucoup plus vaste d’exploitation animale. Jusqu’au PPNB ancien, les animaux exploités sont tous de morphologie sauvage. Or, au PPNB moyen, les premiers indices de domestication animale sont perceptibles. En Anatolie orientale et sud-orientale, les assemblages fauniques montrent un changement au tournant du PPNB ancien/moyen. On constate ainsi que les caprinés (mouton/chèvre) se substituent progressivement à la gazelle, jusqu’à sa quasi-disparition (Peters et al., 2013). L’élevage se porte alors majoritairement sur les caprinés, à l’exception de quelques sites (Çayönü, Çafer Höyük) pour lesquels le cochon domine. L’étude du site de Nevali Çori par exemple présente les preuves d’une intensification de l’exploitation animale : si l’économie animale des niveaux anciens (I et II) est caractérisée par la chasse, celle de l’occupation récente (niveau III) s’appuie entièrement sur les pratiques d’élevage.
72À la même période, au Levant sud, la présence de caprinés domestiques au PPNB moyen semble résulter d’une introduction (depuis le nord ?), ce qui reflèterait l’existence d’un vaste réseau d’échanges (Martin et Edwards, 2013). À Chypre, l’introduction animale – tout comme l’introduction de cultivars18 – est clairement attestée puisque les bovidés et les caprinés ne sont pas endémiques mais sont présents sur l’île sous la forme domestique dès le IXe millénaire av. J.‑C. (Peters et al., 1999 ; Helmer et al., 2005). De même, les bovidés des sites de Dja’de (PPNB ancien) et Tell Halula (PPNB moyen) présentent des morphologies domestiques19 (Helmer et al., 2005).
73L’intensification de l’exploitation animale peut ainsi s’expliquer par la diversité des utilisations possibles. Avec la sédentarisation et la croissance démographique, les besoins des habitants augmentent et changent. L’élevage, tout comme l’agriculture, permet de limiter les risques alimentaires. Les animaux domestiqués fournissent ainsi des ressources carnées et lactées, mais ils peuvent également être utilisés comme moyen de transport, pour leur force mécanique, ou encore pour leur peau.
74En conclusion, au regard des données que nous venons de présenter, il semble que les IXe-VIIIe millénaires av. J.‑C. (PPNA/PPNB) en Orient présentent un processus similaire à celui caractérisant la « révolution agricole » du XVIIIe siècle européen. Néanmoins, si le terme de « révolution » est remis en question pour la période moderne (cf. M. Bloch), il l’est encore plus pour la période néolithique qui s’étale sur plusieurs millénaires. Le système économique basé sur l’agriculture et l’élevage prend ses racines au début du PPNA, mais se poursuit encore aujourd’hui. Bien que la sédentarité ait engendré un changement dans l’acquisition des ressources alimentaires, le processus est loin d’avoir été radical.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Trésor de la Langue Française Informatisé.
2 Le sédiment prélevé est versé dans une cuve remplie d’eau. Le matériel carbonisé (charbons et graines), dont la densité est plus faible que celle de l’eau, flotte, est récupéré puis sèche naturellement. La deuxième phase, qui se déroule en laboratoire au moyen d’une loupe binoculaire (ou d’un microscope dans le cas des charbons), consiste à trier et identifier les macrorestes végétaux.
3 Les résultats préliminaires du site ont fait l’objet d’une publication associant les données des sites de Tell Abr’, Jerf el-Ahmar, Dja’de et Tell Qaramel (Willcox et al., 2008).
4 La biominéralisation est un processus qui affecte certaines familles de plantes dont celle des Boraginaceae. Au cours de leur vie, la plante absorbe de la matière minérale (principalement du carbonate de calcium et de la silice) qui constitue alors le péricarpe des fruits (Messager et al., 2010 ; Shillito et Almond, 2010). Cette fraction minérale, le « squelette du fruit » se conserve parfaitement, contrairement à la partie organique qui se décompose.
5 Les céréales sauvages, lorsqu’elles arrivent à maturité, dispersent leurs grains ; les épillets se détachent naturellement et tombent au sol afin d’assurer leur reproduction l’année suivante. De fait, la cicatrice laissée est lisse. En revanche, chez les céréales domestiques, les segments de rachis dits « mutants » sont solides, c’est-à-dire qu’ils restent attachés à l’épi même lorsque la plante arrive à maturité, ce qui facilite la moisson. Pour séparer les épillets, l’Homme doit alors forcer le détachement par une action mécanique qui crée une cicatrice irrégulière (souvent, la base de l’épillet est encore visible sur la cicatrice principale – Willcox, 1992 ; Hillman et Davies, 2000 ; Tanno et Willcox, 2006 ; Willcox, 2008).
6 Chez les individus sauvages, la surface de la graine est réticulée, tandis que celle des individus domestiques est lisse (Abbo et al., 2014)
7 Cette hypothèse semble peut peu probable compte-tenu du climat actuel. Toutefois, l’existence d’un climat plus humide au début de l’Holocène est avéré et pourrait alors justifier l’emploi de ce type de structure.
8 Les fouilles récentes se sont concentrées dans l’ancien « Sondage Ouest » de De Contenson, renommé en « Secteur B ». C’est en effet dans cette zone que la stratigraphie du site était la plus complète.
9 Une occupation plus tardive, datant du Néolithique de Byblos a également été mise en évidence.
10 La flottation a été réalisée sur le terrain par G. Willcox et L. Herveux.
11 Les restes considérés comme « domestiques » présentent deux rachis solides ou une cicatrice clairement arrachée/creusée alors que ceux nommés « potentiellement domestiques » ne comportent qu’un fragment de lèvre d’entre-nœud ou une cicatrice plus rugueuse.
A l’inverse, les restes considérés comme « sauvages » présentent une cicatrice extrêmement lisse et nette, comparés aux segments sur lesquels la cicatrice ne présente pas d’arrachage mais une surface relativement rugueuse et classés parmi les « potentiellement sauvages ».
Lorsque ces types de restes sont trop détériorés, ils sont comptés en tant qu’« indéterminé ».
12 Jusqu’à récemment, la cuvette de Damas était considérée comme une oasis particulièrement fertile grâce à la présence des deux rivières (principalement le Barada) et de leurs nombreux affluents. Toutefois, la pratique intensive de l’agriculture irriguée a conduit à une importante réduction du débit du Barada et par conséquent à l’assèchement des lacs (Aateibé et Hijjané) (Mainguet, 1999 p. 226).
13 Les rivières sont alimentées par la fonte des neiges, mais également par les précipitations perçues par les montagnes Liban et Anti-Liban. De fait, les variations saisonnières sont accompagnées de variations inter-annuelles qui affectent aussi les zones d’altitude (variation de 800 à 250 mm/an). Ces dernières se répercutent donc sur le débit inter-annuel des rivières (Bianquis, 1989).
14 Issus de la rivière Awaj.
15 Taux d’absorption de l’eau par rapport au taux restitué à la plante.
16 La stabilité structurale d’un sol correspond à sa capacité à résister aux effets de l’érosion. Plus la stabilité structurale d’un sol est faible, plus sa porosité se réduit, rendant difficile le développement des plantes.
17 Ces déformations sont essentiellement visibles sur les métatarsiens proximaux, les métacarpiens ainsi que sur les phalanges antérieures (Helmer et Gourichon, 2008).
18 « Type végétal résultant d’une sélection, d’une mutation ou d’une hybridation (naturelle ou provoquée) et cultivé pour ses qualités agricoles » (Dictionnaire Larousse).
19 Le principal critère est la réduction de la taille chez les individus domestiques.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ED 112,
Équipe VEPMO du Village à l’État au Proche et Moyen-Orient,
UMR 7041 ArScAn Archéologie et Sciences de l'Antiquité et MNHN Paris.
Thèse sous la direction Pascal Butterlin et Margareta Tengberg, « Naissance de l’agriculture au Proche Orient : apport des nouvelles données archéobotaniques de la Damascène et du Levant (au PPNA et PPNB) ».
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