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La garde citoyenne élement de la democratie Parisienne

p. 147-159


Texte intégral

1Dans l’histoire de Paris révolutionnaire, la garde nationale occupe souvent le devant de la scène. On a souligné le rôle de ses principaux chefs, La Fayette, Santerre ou Hanriot, ainsi que l’importance décisive de son engagement aux différentes étapes de la Révolution. Elle mérite de retenir l’attention, mais n’a pourtant fait l’objet d’aucune étude particulière1. Mon propos n’est pas de retracer son histoire, mais de présenter quelques réflexions sur la fonction de la garde nationale parisienne et sur les principes qui sont au coeur de cette création révolutionnaire.

2Albert Soboul, dans sa thèse et en 1959, dans Les soldats de l’an II, aborde l’institution, mais pour opposer la milice bourgeoise de 1789 à la garde nationale parisienne de l’an II2. On ne peut méconnaître l’importance des changements survenus après le 10 août ; cependant ceux-ci ne modifient pas le sens de l’institution qui depuis 1789 répond aux nécessités de la défense révolutionnaire et au principe de la souveraineté nationale, dont l’armement des citoyens est une des marques essentielles. La garde nationale n’est pas "bourgeoise" ou "sans-culotte", elle est citoyenne.

3On trouve ce double aspect dès l’été 1789 quand les Parisiens prennent spontanément les armes pour résister au complot de la cour. Le rétablissement d’une "garde bourgeoise" vient en discussion à l’Assemblée nationale et dans celle des électeurs dès le début du mois de juillet, en même temps que la motion de demander au roi le départ des troupes qui environnaient Versailles et Paris3. L’arrêté des électeurs du 13 juillet, qui établissait le Comité permanent, demandait à chaque district un état de 200 citoyens "connus et en état de porter les armes", pour former la milice parisienne. Les délibérations des districts, envoyées le jour même à l’assemblée des électeurs, pour approuver la création de cette milice et réclamer des armes, montrent, avec des nuances, le sens que les Parisiens attachaient à l’institution4.

4 Les termes de "garde bourgeoise" ou "milice bourgeoise” qui reviennent le plus fréquemment (14 et 2 occurrences), avec "milice parisienne" (2 occurrences), renvoient à une institution communale ancienne tombée en désuétude, mais le nom de "garde” est préféré à "milice", qui rappelle de facheux souvenirs. Comme "garde municipale" (district des Enfants-Rouges), ils font référence à une institution civile, mais on trouve déjà l’adjectif nationale : le district des Feuillants a arrêté :

  • " que 200 citoyens seraient prêts à servir dans la milice nationale, aux ordres de l’Hôtel de Ville.
    Que tous les militaires qui se présenteraient pour s’incorporer dans la garde nationale, seraient accueillis et leur existence assurée."

5Une minorité de districts a interprété l’arrêté des électeurs dans un sens restrictif : c’est le cas de celui de Saint-Magloire qui limite l’armement aux citoyens marchands ou propriétaires ; celui du Saint-Sépulcre annonce que "les bourgeois propriétaires du district étaient prêts à prendre les armes" ; à Sainte-Elizabeth, on avait repris les termes de l’arrêté des électeurs : la garde serait composée de "citoyens connus." Partout ailleurs, on dressait la liste de "tous les citoyens du district" (Minimes), de "tous les citoyens domiciliés" (Saint-Leu), de tous les "hommes en état de porter les armes" (Saint-Germain-des-Prés), de "toutes les personnes capables du service public" (Barnabites). A Saint-Germain-le-Vieux, les habitants ont arrêté à l’unanimité, "qu’ils se dévouaient tous, sans exception, au service public, de la paroisse en particulier, et de tous les citoyens de cette ville en général". Le district de la Sorbonne se prononçait pour l’armement de "tous les citoyens, vrais patriotes".

6On trouve déjà dans les règlements provisoires adoptés par les districts les principes qui l’emporteront plus tard, notamment celui de service personnel obligatoire (Bonne-Nouvelle, Oratoire, Saint-Merry). L’arrêté de ce dernier district mérite d’être cité ; il a statué à l’unanimité :

  • " Qu’une garde bourgeoise serait établie et composée des chefs de maison, pères de famille et autres habitants, exerçant profession publique, sans aucune distinction d’ordres, d’état et de qualité, nobles ou non nobles, même des jeunes gens attachés à MM. les notaires, procureurs, négociants et autres, qui voudraient s’y enrôler ;
    Que tout citoyen serait tenu de ce service personnellement, ou garant de celui qu’il mettrait à sa place ;
    Qu’il serait établi une caisse pour l’entretien de ceux qui ne vivent que de leur travail ;
    Et enfin, que le règlement à faire par l’assemblée de la commune sera rigoureusement exécuté pour tous et contre tous."

7"Cette création fut un prodige, " dit Mercier : "On vit l’élan d’un grand peuple qui désormais ne voulait plus être gouverné par un pouvoir arbitraire (...) Mais ce qui est inconcevable, c’est que la garde nationale fut l’ouvrage d’un clin d’oeil ; il n’y eut ni plan, ni projet, ni détermination. On cria : Tout parisien est soldat, et la France répéta : Tout Français prendra les armes"5.

8L’élan des fédérations provinciales fit de la garde une force patriotique et nationale. L’immense défilé militaire du Champ-de-Mars pour l’anniversaire de la prise de la Bastille, associe les gardes nationales des départements ; il met aussi en vedette la force armée parisienne et son commandant, le général La Fayette, qui prononce le serment sur l’autel de la patrie, au nom de toutes les gardes nationales de France6.

9Le port de l’uniforme était décrété au lendemain de la fête de la Fédération, et les gardes nationales définitivement organisées par le décret des 27-28 juillet 17917. Les citoyens passifs étaient exclus du service, à l’exception de ceux qui avaient servi depuis l’époque de la Révolution. Plus que le sens électoral, l’obligation de l’uniforme excluait les plus pauvres, car il coûtait cher, 4 louis. Il ne fut pas exigé dans les campagnes. A Paris, les citoyens passifs servaient depuis le 14 juillet et le règlement fut souvent lettre morte. Ceux qui n’avaient pas d’armes furent armés de piques, notamment lors de la levée de bataillons de volontaires pris dans la garde nationale, en juillet 17918. La déclaration de la Patrie en danger entraîna l’admission de tous les citoyens dans les rangs de la garde nationale, puisqu’elle mettait en activité permanente tous les citoyens en état de porter les armes. Elle fut arrêtée par la Commune le 11 juillet 1792, le jour même de la proclamation par l’Assemblée9.

10Les obstacles à la constitution d’une véritable force démocratique furent supprimés après le 10 août : les sections avaient déjà soulevé le problème de la suppression des compagnies soldées, de l’état-major et de la correspondance des bataillons avec les divisions administratives. Il est significatif que sur cette dernière question, l’opinion des sections était encore très modérée à la fin de juin 1792, puisqu’il semble qu’une dizaine de sections seulement aient été favorables au projet de réduction des bataillons à 48. Elle fut effective après le 10 août, de même que l’élection des officiers de l’état-major au suffrage universel10.

11Après cette réorganisation révolutionnaire, entérinée par le décret du 19 août 1792, la garde nationale parisienne devient partie intégrante de la démocratie sectionnaire ; elle est le symbole de l’autonomie des sections, désormais maîtresses de leur force armée. Les sans-culottes attachaient un grand prix à l’élection de leurs officiers. La désignation du commandant de la section mobilise plus que tout autre un électorat habituellement négligent. L’enjeu était d’importance, de même que l’élection du commandant général. Celle d’Hanriot, en juin 1793, entraîna dans les assemblées sectionnames une affluence inusitée : les résultats proclamés le 1er juillet annonçaient 15354 votants11. Le pourcentage des participants dépassa le plus souvent 10 %, comme pour l’élection du maire de Paris.

12Au regard de la minorité militante – quelques milliers de citoyens pour tout Paris – les effectifs de la garde parisienne attestent que c’est dans ses rangs que la masse participait à la vie sectionnaire. La garde nationale s’étendait à toutes les classes d’age : les hommes au-dessus de 60 ans pouvaient former des compagnies de vétérans et les jeunes gens de moins de 18 ans des bataillons d’élèves de la Patrie12. Suivant les états successifs fournis par le général Santerre, les sections armées comptaient en 1793 plus de 100 000 hommes.

13Une première estimation est fournie par Santerre, en octobre 1792, à l’issue d’une conférence avec les commandants des sections armées, selon laquelle Paris pouvait fournir une force armée de 72 000 hommes, chiffre probablement inférieur à la réalité13. L’état de janvier 1793, publié par M. Reinhard, donne un état approximatif des six légions qui composent la garde parisienne : 116 452 hommes répartis en 886 compagnies, soit en moyenne 2400 hommes par sections. Les effectifs de la garde nationale représentaient presque 90 % de l’ensemble de la force armée disponible dans la capitale14. Mais les enrôlements affaiblirent considérablement la garde nationale parisienne (80 000 enrôlements en 1793), de même que la formation de l’Armée révolutionnaire (28 sections ont fournis des compagnies de canonniers à l’artillerie révolutionnaire)15. L’état par section des hommes en état de porter les armes, dressé en juillet 1793, rend compte de cette perte de substance de la Révolution parisienne16.

14On sait le rôle des sociétés populaires dans la formation civique des citoyens ; celui de la garde nationale ne saurait être sous-estimé. Les sections mirent un soin particulier à l’organisation de leur force armée, confiée aux comités militaires. En témoignent les règlements particuliers, l’attention apportée à l’exercice et à l’entraînement, les Almanachs ou Catéchismes militaires, tout à la fois manuels techniques et civiques17. Les sans-culottes mettaient en pratique dans les bataillons les principes d’égalité et de fraternité : l’obligation personnelle devait effacer les différences sociales (le remplacement subsista pourtant) ; l’union des patriotes s’exprimait par les fraternisations entre bataillons, la participation aux fêtes nationales et sectionnaires. Le service armé fut sans doute pour le plus grand nombre la meilleure école de civisme et le lieu privilégié de la formation d’une conscience nationale. Par la prise d’armes spontanée de juillet 1789, les Parisiens avaient conquis leur dignité d’hommes libres, de citoyens à part entière. Les drapeaux aux trois couleurs portaient cette devise : "Le peuple français. La liberté ou la mort".

15La garde nationale était à Paris la seule force présentant une organisation homogène et des garanties réelles de civisme pour le maintien de l’ordre révolutionnaire. Qu’on pense à l’impressionnant dispositif militaire mis en place par Santerre pour le procès et l’exécution du roi18. Au quotidien, c’était la surveillance des lieux publics et la défense de la loi, tache qui n’allait pas sans difficultés au milieu d’une population prompte à s’émouvoir19. La garde nationale était aussi l’expression du peuple en armes, dans sa force brute, ainsi le 20 juin. Force insurrectionnelle enfin – symbole du peuple debout – elle a renversé le trône au 10 août et, les 31 mai – 2 juin, imposé l’épuration de la Convention. On sait le rôle joué par les Jacobins et les Cordeliers dans la préparation des insurrections ; pourtant ceux-ci ne pouvaient rien sans l’adhésion des sections et de la masse des sans-culottes. On le vit bien au 10 août où un chef influent comme Santerre eût beaucoup de mal à entraîner les trois bataillons sans lesquels il ne voulait pas livrer combat. Même ceux du faubourg hésitaient : celui des Quinze-Vingts était prêt dès cinq heures, mais celui de Montreuil était retenu par son commandant et celui de Popincourt restait divisé20.

16Le 2 juin marque l’apogée du rôle révolutionnaire de Paris et la fin de la phase ascendante de l’influence parisienne sur le cours de la politique nationale. L’été 1793 est aussi l’époque où la pratique politique sectionnaire, née d’une expérience spontanée et mise à l’épreuve des circonstances et des exigences de la défense révolutionnaire, atteint son plus haut degré d’organisation21. Est-ce à dire que c’est la constitution à Paris d’une sans-culotte – rie combative et indépendante qui a permis à la capitale de jouer un rôle prépondérant ? C’est compter sans les autres organes de la démocratie parisienne, la Commune, le Département, les grands clubs et les sociétés politiques. Les multiples relais d’un pouvoir aussi décentralisé que hiérarchisé, donnent à la pratique politique son efficacité et sa force.

17On sait que toutes les tentatives des sections pour mettre en place un organisme de coordination autonome furent vouées à l’échec. L’efficacité de la Révolution parisienne tenait autant à la force de masse de la sans-culotterie dans les bataillons sectionnaires qu’à l’initiative de la minorité militante, à l’autorité morale de la Commune et au prestige personnel des chefs Jacobins et Montagnards qui assuraient l’unité d’action. Qu’on pense au magistère moral et politique exercé par Robespierre à la Convention et aux Jacobins, et par l’intermédiaire du club et des sociétés affiliées, sur les militants populaires. Cette place charnière reste vide après Thermidor22. Le rôle de la Commune était primordial ; elle était avec les sections le centre et la source de tout pouvoir. Le signe le plus visible de son autorité est le prestige moral dont jouissait le maire de Paris, "premier magistrat du peuple". Au moment de la crise hébertiste, les Robespierristes eurent soin de laisser le maire et le commandant de la garde nationale en dehors de l’accusation. Après le procès, ils purent s’assurer, par l’intermédiaire de la Commune épurée, la docilité de l’administration parisienne.

18 Dans les dernières grandes journées parisiennes victorieuses, au 31 mai – 2 juin, la Commune et les représentants des sections, les bataillons de la garde nationale mobilisés par Hanriot, imposent à la Convention le décret d’arrestation contre les Girondins. Or, l’anatomie de l’insurrection montre qu’à aucun moment les Jacobins n’ont perdu l’initiative et la direction politique de l’événement, qui ne put dépasser le but fixé par les dirigeants Montagnards et Jacobins. Les Enragés, avocats des mesures sociales radicales et de la démocratie directe, furent les perdants de ces journées qu’ils avaient contribué à préparer, comme ils seront plus tard les premières victimes de la Terreur qu’ils avaient exigée contre les ennemis de la Révolution23. A contrario, après l’anéantissement de la Commune et la proscription des chefs Jacobins et sectionnaires, le mouvement populaire sombra, en prairial an III, dans la violence impuissante et désordonnée de l’insurrection qui scella son destin.

19Cela amène à s’interroger sur les structures socio-politiques du Paris révolutionnaire. Dans une communication au colloque sur l’Europe révolutionnaire, tenu à l’Université de Duke en 1984, Richard Andrews a fait une critique acerbe de la thèse d’Albert Soboul sur les sans-culottes parisiens24. Il ne peut être question d’en détailler ici les différents arguments ; la critique de Soboul, taxé d’avoir construit un mouvement populaire qui n’aurait pas existé, faute de s’être interrogé sur le langage et les réalités sociales du Paris de l’an II, aboutit au terme d’une analyse qui contient par ailleurs des notations très justes sur les mécanismes du pouvoir, à nous présenter un Paris révolutionnaire où les masses seraient manipulées par une oligarchie bourgeoise populiste et paternaliste, qui agit et parle en leur nom.

20Richard Andrews préfère à l’analyse sociale quantitative, le brio des démonstrations étayées de minutieuses études de cas. Mais, les exemples ne sont pas toujours représentatifs. Ainsi, prenant le cas des sectionnaires des Gravilliers pour réfuter l’étude sociale de Soboul, il conclut que les sans-culottes n’appartenaient pas à la petite bourgeoisie, mais étaient de solides bourgeois (p. 88). Qu’est-ce qu’un solide bourgeois à Paris en 1793 ? Le terme convient-il vraiment, pour désigner les gens de métier d’une section où les rôles de patente montrent la prédominance indiscutable de l’artisanat et du commerce parcellaire25 ?

21Distinguer une oligarchie sans-culotte, une élite cultivée de fonctionnaires rétribués, distincte de la masse, ne me semble pas pertinent dans la mesure où le sans-culottisme fut tout au contraire un mouvement qui se voulait unitaire et fraternel, et qui tendait à rassembler les patriotes dans la défense révolutionnaire autour de la Constitution et des Droits de l’Homme, et plus spécifiquement pour une plus grande justice sociale et pour la démocratie politique. Les sans-culottes et leurs leaders, qui appartenaient en majorité au monde de la production, mais pas exclusivement, s’organisèrent suivant un dispositif hiérarchique d’influences qui correspondait en partie à la structure d’une société où les différences n’étaient pas assez fixes et tranchées pour constituer un véritable obstacle à l’unité du mouvement.

22Reconnaissant lui-même les limites de son analyse, restreinte à l’élite du mouvement sans-culotte, Richard Andrews remarque très justement l’importance du renouvellement des cadres politiques à la Commune et dans les sections après le 10 août. Par de-là les différences socio-politiques et les engagements contradictoires des sections, on constate une évolution générale du personnel politique parisien. A la Commune et dans les sections, se dessine dès la période censitaire un glissement significatif du pouvoir local des élites traditionnelles de la bourgeoisie à talents aux couches de la bourgeoisie productive. L’engagement politique au niveau local du monde des producteurs est un des traits spécifiques de la Révolution française, et plus précisément de la Révolution à Paris, où il a favorisé la victoire de la voie jacobine. Resterait à étudier les causes de l’érosion du mouvement démocratique parisien, miné par les luttes internes à tous les niveaux, probablement usé par le temps, et qui en est réduit, après le 9 thermidor, à parer les coups qui le poussent inéluctablement vers la décomposition. Le démantèlement progressif de la garde nationale, de thermidor an II à vendémiaire an IV, lui enleva son principal moyen d’action.

23La garde nationale était le lieu où la stratégie unitaire fut la plus pertinente. C’est là que la barrière censitaire tomba d’abord, quand elle ne fut pas tout simplement ignorée. Le principe révolutionnaire tendait "à confondre la fonction de soldat avec celle de citoyen" (Robespierre, 27 avril 1791). De fait, l’intention des chefs révolutionnaires était d’identifier le soldat et le citoyen, d’unir la garde nationale et le peuple. Cela apparaît très clairement avant le 10 août, alors que les royalistes au contraire cherchent à les séparer. On remarque à partir de ce moment, dans les cadres de la garde parisienne, le même glissement significatif des élites traditionnelles bourgeoises, voire nobles – avant de devenir le signe de la citoyenneté le port d’arme était le privilège de la noblesse – aux cadres de la société productive.

24En 1789, la bourgeoisie parisienne avait cédé à la noblesse les premières places à la tête de la garde nationale. La liste des commandants de 1789 et 1790, publiée par Lacroix, montre la prééminence des nobles à la tête des bataillons26. Signe de leur maîtrise reconnue dans le métier des armes, nobles et gentilshommes sont plus nombreux que les membres de la noblesse de robe (respectivement 44 % et 30 %). On remarque un prince de Salm-Kirbourg à la tête du bataillon des Jacobins Saint-Dominique, au noble faubourg, plusieurs chevaliers de Saint-Louis, dont Baudin de la Chesnaye à Notre-Dame, ancien mousquetaire, électeur de la noblesse en 1789, et l’écrivain Guynement de Keralio, aux Filles-Saint-Thomas. La robe affirmait aussi son intérêt pour la vie de la cité, conseillers et magistrats des cours souveraines, titulaires de charges sont présents à la tête des bataillons ; ils dominent dans les quartiers de la Sorbonne et de Saint-Germain-des-Prés. Presque tous cèdent la place après 1791.

25Voici Geoffroy de Charnay, élu le 13 août 1789 commandant du bataillon du Petit Saint-Antoine : conseiller au Parlement, il appartenait à une ancienne famille parisienne de la noblesse de robe. Gros acheteur de biens nationaux dans l’Oise en 1791, il achète par la suite plusieurs propriétés à Boulogne et à Paris. Exclu de ses fonctions après le 10 août, le commandant du bataillon de Montreuil, Léonard Bonnaud, ancien lieutenant du roi, était un riche propriétaire du faubourg Saint-Antoine, issu d’une famille de petite noblesse du Limousin. Ses connaissances militaires – il avait servi dix ans dans l’armée royale – l’avaient fait porter à la tête du bataillon de Sainte-Marguerite à l’été 1789. Mais ses opinions étaient des plus modérées : c’est contre sa volonté qu’il participe au 20 juin et au 10 août sous les ordres de Santerre. On lui reprochera plus tard d’avoir refusé des munitions aux citoyens sous les armes27. Un quart des commandants de la garde parisienne sont des bourgeois, mais on ne voit à la tête des bataillons en 1789 et 1790 que l’élite du Tiers état. Six sur quatorze relèvent de l’entreprise, de la banque et du négoce : on sait les engagements divergents des deux brasseurs Acloque et Santerre. Comme Aclocque, défenseur du roi à l’été 1792, Carie a été choisi par le riche district de Henri IV, celui des orfèvres. Son hostilité aux démocrates lui coûtera la vie le 10 août. On remarque l’architecte Soufflot à la tête du bataillon du Val-de-Grace. Ces officiers seront tous remplacés après le 10 août, à quelques exceptions près. Le Jacobin Malbeste Champertois reste à la tête de la section armée de Bonne-Nouvelle avant d’être porté à l’administration du département.

26Malgré l’importance de la fonction certains commandants de la période démocratique ne nous sont connus que par leur nom. Ainsi Bourgoin, à la tête de la section armée des Tuileries, Cordier au Faubourg-Montmartre, Estienne Lasne à la section des Droits-de-l’Homme, et bien d’autres. Briffaut, commandant du bataillon des Piques, est désigné comme homme de loi en l’an VI28. Certes l’expérience militaire fut encore prise en compte dans le choix des officiers de la garde nationale : Raffet commandant du bataillon de la Butte-des-Moulins avait fait la guerre d’Amérique, de même que Jacques Guillaume Bunou, aux Champs-Elysées ; c’est lui qui apprend à ses concitoyens le maniement des armes. Jean Bernard (Popincourt) était un ancien Garde suisse, et Simon Recordon (Gravilliers) avait servi pendant huit ans au régiment des Gardes françaises. Christophe Philippe Giot (Marat), Vainqueur de la Bastille, était soldat depuis 1759 ; spécialiste des journées, il sera nommé commandant général provisoire par la Commune le 9 thermidor. Pourtant l’expérience militaire ne semble pas avoir été le premier critère de choix.

27La bourgeoisie parisienne a emporté les élections à la tête des bataillons : sur 24 commandants suffisamment connus, 14 soit 58 % appartiennent à l’industrie et au commerce parisiens ; six relèvent de la bourgeoisie à talents. On compte encore trois employés et un rentier. Quelques-uns sont des personnalités Jacobines connues, tels Jean-Baptiste Auvray, le libraire Chardin, Mathias Halm ou François Hanriot ; c’est le cas aussi du Cordelier Bourgeois (Luxembourg). Ils sont aussi des hommes en vue dans leur quartier, où ils occupent une bonne position sociale. Jean-Baptiste Vanheck, commandant en chef de la section de la Cité, propriétaire rentier, est citoyen éligible en 1790 ; son engagement Jacobin sous le Directoire lui vaudra d’être déporté aux Seychelles. Le chef du bataillon des Sans-culottes, au faubourg Saint-Marcel, Antoine Tricadeau, maître menuisier propriétaire, dirige un atelier actif qui travaille pour l’administration et emploie une trentaine d’ouvriers. Le menuisier Jacques Guillaume Bunou, commandant de la section des Champs-Elysées, appartient à une famille aisée, propriétaire de plusieurs maisons à Chaillot. Il connaît une promotion rapide dans sa section et remplit plusieurs missions en l’an II29.

28Plus que les autres fonctions sectionnaires, la garde nationale permet un avancement rapide et spectaculaire. Simon Recordon avait quitté son régiment en 1776 avec le grade de caporal. C’est ancien Garde française avait conduit les forces improvisées de son quartier à l’assaut de la Bastille. Elu commandant en second du bataillon de Saint-Martin, il est promu commandant à la veille du 10 août, et au 31 mai nommé adjoint d’Hanriot par la Commune. Successivement capitaine, adjudant général, il est nommé quelques mois plus tard général de brigade. Le peintre Sylvestre Mathis, lui aussi adjoint d’Hanriot en l’an II, avait connu la même promotion à la tête du bataillon de Saint-Germain-des-Prés, puis de la section armée de l’Unité. Plus heureux que Recordon, que son passé Jacobin écarte du service après Thermidor, Mathis fera les campagnes napoléoniennes et sera décoré de la Légion d’honneur en 1805, puis de l’ordre de Saint-Louis en 1814.

29On note une plus grande diversité sociale parmi les autres officiers de la garde nationale, commandants en second des bataillons ou capitaines des compagnies, choisis surtout pour leur civisme et leur engagement révolutionnaire : personnalités Jacobines, comme Lazowski, un des chefs politiques du faubourg Saint-Marcel, ou l’architecte Lefranc (Tuileries) ; tous deux sont capitaines des canonniers et relèvent des couches supérieures de la bourgeoisie parisienne ; Lazowski était sous l’Ancien régime inspecteur général des manufactures. Lebrun le jeune, commandant en second de la section du Bonnet-Rouge et frère du juge de paix, était une des personnalités Jacobines les plus influentes du quartier. Vincenot, marchand parfumeur et commandant en second du bataillon de l’Arsenal, était passé par tous les grades militaires de la garde nationale depuis 1789, de même que l’ouvrier joaillier liégeois Servais Beaudouin Boulanger.

30La majorité de ces officiers relèvent de l’industrie de luxe et du commerce parisiens. C’est le cas pour les trois quarts des 167 commandants en second connus30. La moitié des capitaines des compagnies sont des artisans (deux sont désignés comme maîtres) ; sur 38 connus, 8 sont marchands ou fabricants, 3 appartiennent à la bourgeoisie à talents31 ; on compte encore deux rentiers et trois employés, mais seulement trois anciens militaires, de même que chez les commandants en second. "Autant j’ai été chaud dans ma section, dit le traiteur Lemaire, Jacobin de la section de la Montagne, autant j’ai été prudent et sage, vu la faiblesse de mes talents militaires, dans les missions". Il avait gravi tous les grades militaires dans sa section avant d’être élu chef de bataillon à l’Armée révolutionnaire. Ces hommes, de conditions sociales diverses, s’étaient trouvés prêts à assumer les responsabilités à la tête des sections et l’encadrement politique de la ville, ralliant autour des mots d’ordres révolutionnaires la majorité des producteurs.

31On a vu comment le passage de la Monarchie à la République a radicalement renouvelé les chefs de la garde nationale. Où peut-on mieux observer le glissement de pouvoir de l’oligarchie d’Ancien régime – nobles, gens de rente et de finance, titulaires d’offices – au monde des producteurs et de la bourgeoisie nouvelle ? L’appartenance commune des nouveaux chefs jacobins aux divers échelons de la hiérarchie sociale de l’industrie et du commerce parisiens favorisait la mobilisation du plus grand nombre autour d’une idéologie qui, balayant le pouvoir d’Ancien régime, donnait une nouvelle dignité au travail productif, désormais libéré.

32La personnalité du chef qui commande la garde nationale parisienne du 10 août 1792 au printemps 1793 symbolise assez bien l’unité politique et morale de la Révolution parisienne dans sa phase démocratique. Entrepreneur en vue d’un quartier populaire, le brasseur Santerre était lié par son origine sociale et son activité commerciale aux milieux bourgeois de la capitale et aux réseaux parisiens et provinciaux du négoce touchant la fabrication de la bière. Ce riche bourgeois se range d’emblée du côté de la Révolution, et entre dans l’histoire politique par une double voie : la voie légale, puisqu’il appartient aux cadres censitaires du faubourg Saint-Antoine et y est choisi comme électeur, et la voie révolutionnaire. C’est comme "commandant général du faubourg nommé par le peuple" qu’il participe à la prise de la Bastille.

33Membre des grands clubs parisiens, Jacobin et Cordelier, souvent président de la Société des Amis des Droits de l’homme, électeur et officier de la garde nationale, très lié aux leaders Cordeliers, qui appuient et inspirent son action, il est une personnalité politique centrale du faubourg. Son rôle à Paris se développe comme celui d’un chef populaire, d’un officier sans-culotte, en opposition avec le général La Fayette, rôle illustré par son procès avec le général après l’affaire de Vincennes. Le 17 juillet 1791 il est dans le camp du parti démocratique et des Cordeliers ; sa popularité grandit au point qu’il devient un des acteurs les plus importants des journées qui marquent la chute de la royauté. Au 10 août, alors qu’émerge un nouveau pouvoir d’origine révolutionnaire, il est nommé commandant général de la garde nationale parisienne, place qu’il occupe jusqu’à son départ pour la Vendée en mai 1793.

34La période est jalonnée de crises dans la capitale ; en septembre 1792 ont lieu les massacres des prisons, dans l’hiver c’est le procès et l’exécution du roi, puis viennent les troubles de subsistances, en février 1793, et la crise de mars. La trahison de Dumouriez ouvre le duel final entre la Montagne et la Gironde, mais au 31 mai Santerre n’est plus à Paris. L’analyse de ses ordres du jour et de ses comptes rendus aux autorités municipales et nationales, ses rapports avec les sections et les meneurs politiques, montrent comment il a su concilier les exigences du maintien de l’ordre, la nécessaire unité d’action et le respect de la démocratie parisienne. Son rôle à la tête de la force armée, à travers les luttes politiques et sociales de l’hiver 1792 au printemps 1793, illustre un des aspects du jacobinisme. Le choix de Santerre comme commandant de la garde nationale au 10 août est une décision d’une grande portée politique. Jusqu’en 1792, il avait encadré le peuple du faubourg ; loin de réprimer l’impulsion, il avait su la canaliser : comme les autres chefs jacobins, il était conscient qu’ils ne pouvaient rien sans l’énergie populaire. Ce général bourgeois, proche des sans-culottes, a préparé à Paris le succès de la voie jacobine. Par ses qualités d’organisateur, il a contribué à la réussite d’un système politique centralisé mais qui tirait sa force d’une large base populaire.

Notes de fin

1 Sur l’histoire du Paris révolutionnaire voir Reinhard M., Nouvelle Histoire de Paris. La Révolution. 1789-1799, Paris 1971.

2 Soboul A, Les sans-culottes parisiens en l’an II, Mouvement populaire et Gouvernement révolutionnaire. 2 juin 1793-9 thermidor an II, Paris, 1958 ; Les soldats de l’an II, Paris, 1959.

3 L’article concernant les gardes bourgeoises fut retranché de la motion de Mirabeau, adoptée à l’unanimité le 8 juillet par l’Assemblée. Le projet d’un électeur, l’abbé Bertolio, présenté le 1er juillet, fut finalement écarté par l’assemblée des électeurs (Moniteur, 1, p. 138. Reinhard M., op. cit., p. 127.)

4 Bailly et Duveyrier, Procès-verbal de l’Assemblée des électeurs de Paris. t. I, p. 204-224 ; Moniteur, I, p. 545-548.

5 Mercier L.-S., Le nouveau Paris, Paris, 1826, t. I, p. 111.

6 Voir Vovelle M., La Révolution française. Images et récit, Paris, 1986, II, chap. 6. Toute fédération particulière fut interdite, comme attentatoire à l’unité du royaume, par le décret des 27-28 juillet 1791 (sect. III, art. 21).

7 Moniteur, IX, p. 414-416. Voir le rapport de Rabaut Saint-Etienne et la discussion, ibid., p. 182, 237, 245. Plusieurs sections demandèrent dès 1790 que les citoyens qui servaient dans la garde soient admis à voter, même s’ils ne payaient pas les 3 L de capitation (Tuetey A., Répertoire général des sources manuscrites de l’Histoire de Paris pendant le Révolution française, I, n° 2732, 3553). Le décret des 27-28 juillet fut quelque peu modifié par celui du 29 septembre-14 octobre 1791, qui réglait notamment l’organisation des compagnies de cavalerie et des sections de canonniers.

8 Pour l’armement des citoyens par les sections, voir par exemple l’arrêté de la section de Montreuil : une souscription volontaire permit de réunir 1046 L pour fabriquer des piques, qui furent distribuées à tous les citoyens domiciliés (arrêté du 26 février 1792, signe Damoye, président, Musine, secrétaire).

9 Braesch F., La Commune du 10 août 1792. Etude sur l’histoire de Paris du 20 juin au 2 décembre 1792, Paris, 1911, p. 125. A Paris, la proclamation eut lieu en grand appareil, le 22 juillet ; 15 000 volontaires s’enrôlèrent en une semaine.

10 Auparavant l’état-major sortait d’une élection au troisième degré : les capitaines, lieutenants, sous-lieutenants et sergents des compagnies d’un même bataillon élisaient le commandant en chef, le second et l’adjudant de ce bataillon. Et ceux-ci élisaient ensuite, avec ceux des autres bataillons, le chef, l’adjudant et le sous-adjudant de chaque légion (Braesch F., op. cit., p. 93). Voir l’arrêté de la Commune du 16 août, qui réorganise la garde nationale. Affiches de la Commune de Paris.

11 Soboul A., op. cit., Hanriot réunit 59,2 % des suffrages ; le score de Raffet (39,7 %) montrait que la mobilisation avait joué dans les deux partis.

12 Des compagnies de jeunes patriotes s’étaient formées dès 1790 (Tuetey A., op. cit., I, n° 1772.)

13 La commission des six, chargée du rapport sur le plan d’organisation de la garde départementale, cherchait à connaître les forces parisiennes (il s’agissait de savoir comment les neutraliser). Braesch F., op. cit., p. 923.

14 Op. cit., p. 423. Il y avait aussi à Paris des gendarmes et les Vainqueurs de la Bastille (2433 hommes), les fédérés (5600), et 2600 cavaliers. Les volontaires casernés aux environs étaient au nombre de 3790.

15 Cobb R., Les armées révolutionnaires, instrument de la Terreur dans les départements, Paris, 1959, t. I, P- 82.

16 AJV., AA 15, d. 783 : Soboul, A., op. cit., p. 123.

17 Tourneux M., Bibliographie de l’Histoire de Paris pendant la Révolution française, II, n° 6719-6728.

18 Monnier R., Un bourgeois sans-culotte. Le Général Santerre (à paraître).

19 Lors des troubles de subsistances, en février 1792, la garde nationale se borna à mettre de l’ordre dans les ventes forcées. Au faubourg Saint-Marcel, les gardes nationaux refusèrent de défendre les spéculateurs (Reinhard M., op. cit., p. 242.)

20 Reinhard M., La chute de la royauté, Paris, 1969.

21 Soboul A., op. cit. ; Genty M., L’apprentissage de la citoyenneté, Paris, 1789-1795, Paris, 1987.

22 Baczco B., Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la Révolution, Paris, 1989. B. Baczko remarque que par sa position Robespierre semblait incarner les deux principes de légitimité dont se réclamait le gouvernement révolutionnaire, le système représentatif et la démocratie directe (p. 139).

23 Slavin M., The making of an insurrection. Parisian sections and the Gironde, Harvard, U.P., London, 1986

24 "Social structures, political dites and ideology in revolutionary Paris 1792-94 : a critical evaluation of Albert Soboul’s Les sans-culottes parisiens en l’an II", Journal of social history, 1985, n° 1.

25 Sur 41 298 patentés à Paris en 1805, 2085 habitaient la section des Gravilliers, qui renfermait presque 5 % des Parisiens payant patente. C’est là qu’ils étaient les plus nombreux : c’est là aussi qu’ils payaient les droits les plus faibles (Monnier R., Le faubourg Saint-Antoine, p. 308, tableau II, 9). Voir aussi Groppi A., "Sur la structure socio-professionnelle de la section des Gravilliers", A.H.R.F., 1978, n° 2, p. 246-276. On peut s’étonner de voir R. Andrews fonder son étude du monde des producteurs sur la seule source des demandes d’échange d’assignats, dont l’insuffisance a été maintes fois soulignée. Les 370 patrons recensés grace à cette source sur la section des Gravilliers ne représentent pas le cinquième des patentés (le quartier compte 2085 patentés en 1805). Les ouvriers étaient nombreux puisque la section était la plus peuplée de Paris derrière celle du Panthéon-Français (24774 habitants).

26 Lacroix S., Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution, t. VIL

27 Les biens immobiliers du ménage Bonnaud s’élèvent quelques années avant la Révolution à plus de 100 000 Livres. Sa seconde femme, fille d’un maître de pension de Picpus, disposait de plus de 3000 Livres de rente. Lui-même apportait au mariage plus de 25 000 L en 1768. Voir Faguay S., Les électeurs du faubourg Saint-Antoine. 1791, Maîtrise, Paris I, 1988.

28 Sur tous ces militants, voir Soboul A., Monnier R., Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, 1985.

29 Ces renseignements sont tirés des mémoires de maîtrise sur les électeurs parisiens soutenus à Paris I par Pinteaux C. et Manor Mandelawi S.

30 Cinq sont marchands ou négociants : sept relèvent de l’artisanat (1 bijoutier, 1 graveur, 1 tabletier, 1 menuisier, un carreleur, 2 cordonniers) ; on compte encore 1 traiteur, 1 compagnon joaillier (Boulanger) et 1 artiste peintre (Hauer).

31 Les métiers sont ainsi répartis : 2 orfèvres, 1 ciseleur, 2 horlogers, 2 tabletiers, 3 menuisiers, 1 vannier, 3 serruriers, 1 peintre, 1 marbrier, 2 chandeliers, 1 cuisinier, 3 marchands (chapelier, tabletier, verrier), 2 marchands de vin, 1 vinaigrier, 1 marchand de balais, 1 fabricant de boucles, 1 officier de santé, 1 architecte, 1 ancien inspecteur des manufactures.

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