Anne-Isidore Guichard, un marchand orfèvre a travers la revolution
p. 111-112
Texte intégral
1Le troisième itinéraire, celui d’Anne-Isidore Guichard, marchand orfèvre est l’exemple type d’une brillante ascension sociale. Son parcours est assez singulier. Guichard a un désir profond de s’éloigner des enjeux politiques afin de mieux se concentrer sur sa carrière professionnelle. Mais examinons de plus près son parcours.
2Anne-Isidore Guichard est originaire de Paris. Il naît le 6 février 1756 (paroisse Bonne-Nouvelle) de Louis Victor Guichard et de Jeanne Claude Drugeon. Son père excelle dans la sculpture. Il fait même partie de l’académie de Saint-Luc.
3Guichard quant à lui s’oriente vers le métier de marchand orfèvre. Le 4 avril 1781, agé de 26 ans, il épouse Pélagie Agathe Chateau. Lors du contrat de mariage, Guichard déclare posséder 7 000 Livres. En 1790 sa belle-mère décède. L’épouse de Guichard hérite d’une somme de 16 000 Livres (représentant le tiers de la succession). En 1791 la section des Arcis le nomme 8ème électeur sur 18. Il obtient 60 voix. Il est agé de 35 ans. Cette même année, il fait partie du club de la Sainte-Chapelle. Un an plus tard, sa mère décède. Il hérite de plus de 3 000 Livres. Cette somme n’inclut pas les biens immobiliers (il est le seul héritier). Le 17 frimaire an II (7 décembre 1793), le comité révolutionnaire de sa section ordonne une perquisition en son domicile. Rien de suspect n’y est trouvé. Guichard ne sera plus inquiété par la suite. Durant l’époque de la Convention thermidorienne Guichard va successivement se rendre acquéreur de 5 maisons.
- 18 brumaire an III (8 novembre 1794) : acquisition d’une maison et d’un terrain rue du Faubourg-du-Roule : 64 300 Livres.
- 2 nivôse an III (22 décembre 1794) : deux maisons : boulevard Saint-Martin et rue de Bondy : 312 000 Livres.
- 27 prairial an III (15 juin 1795) : maison à Versailles : 250 000 Livres.
- 7 brumaire an IV (29 octobre 1795) : domaine de la Calonnerie situé sur le département du Cher : 101 500 Livres.
4En l’espace d’un an, il verse donc plus de 700 000 Livres pour ces différentes acquisitions.
5Le 9 messidor an V (27 juin 1797) Guichard met son fils Nicolas Isidore agé de 14 ans, en apprentissage chez une certaine Nicole Flamand (marchand orfèvre). Guichard divorce le 26 prairial an VI (15 juin 1798). Une liquidation des biens est effectuée. La masse active s’élève à 140 000 Livres. Guichard constitue le 2 nivôse an IX (23 décembre 1800) une société avec Nicole Flamand qu’il épouse cinq ans plus tard. On constate lors du deuxième contrat de mariage, l’augmentation considérable des biens de Guichard.
6Un exemple permet de le démontrer : en 1781, la communauté des biens était de 4 000 Livres. En 1805, elle est de 25 000 Livres. Donc une multiplication par plus de 6 en 24 ans.
7En 1806, Guichard continue ses acquisitions. Il achète une maison et un terrain rue Magloire pour 120 000 francs.
8En 1810, deux de ses fils s’associent dans le commerce d’orfèvrerie. Ils reprennent la succession de leur père qui a maintenant 75 ans. Quatre ans plus tard, en 1814, Guichard décède. Plusieurs inventaires sont dressés dans ses différentes maisons. La prisée totale du mobilier s’élève à plus de 61 000 francs. En 1816, une liquidation de ses biens est effectuée. La succession est estimée à plus de 450 000 francs ; 300 000 francs en biens immobiliers ce qui représente environ 70 % de la succession totale.
9Pendant les troubles révolutionnaires, Anne Isidore Guichard parvient à réaliser ce qui semble être sa motivation principale : Acquérir. Soupçonné mais jamais inquiété, il fait fructifier son capital de manière constante en acquérant divers biens mobiliers, immobiliers et fonciers.
10Il achète, vend, lègue, rachète, revend, sans se soucier des événements politiques. En moins d’un an, et ce durant la Convention thermidorienne, il devient propriétaire de plusieurs maisons. Sa fortune lui permet non seulement de léguer à chacun de ses trois fils une somme de 50 000 Livres sur sa future succession, mais encore de constituer avec sa seconde femme une société.
11Anne Isidore Guichard ou l’itinéraire d’un marchand orfèvre à travers la Révolution.
Auteur
I.H.R.F.
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