L’archéologue et les frontières en Sibérie méridionale
Le cas de la culture d’Afanasyevo
Archaeologists on the frontier: the case of the Afanasievo culture
Résumés
L’article analyse les rapports entretenus entre les frontières géographiques, administratives et culturelles de l’Asie centrale orientale contemporaine et celles des variantes régionales d’un vaste ensemble chalcolithique, la culture d’Afanas’evo.
Définie avant tout par des données funéraires, cette culture témoigne d’une mutation sans précédent du mode de vie des populations de Sibérie méridionale au cours de la seconde moitié du IVe millénaire : adoption de pratiques d’élevage, développement de la métallurgie, investissement inédit des espaces funéraires. L’examen de la carte de répartition des sites après un siècle de recherches fait apparaître plusieurs concentrations, qui correspondent à autant de bassins-versants, mais coïncident aussi avec de grandes régions administratives, aux statuts variés, membres de la Fédération de Russie et des pays voisins (Chine, Kazakhstan, Mongolie). Or, ces frontières contemporaines, censées respecter la cohérence de frontières identitaires ignorées pendant la période soviétique, sont aussi celles de la pratique archéologique : les archéologues peuvent ainsi être pris à partie pour participer à la réappropriation des traditions par les pouvoirs locaux. Une multitude de faciès régionaux ont aujourd’hui été identifiés, au point que nombre de chercheurs parlent désormais de « communauté historico-culturelle » d’Afanas’evo.
Un parcours dans l’histoire des recherches sur la protohistoire sibérienne permet donc de s’interroger sur le sens des lignes de partage tracées par l’archéologue au sein des assemblages qu’il étudie. Trois périodes de durées inégales sont successivement envisagées.
La première correspond à la majeure partie de l’ère soviétique, au cours de laquelle la culture d’Afanas’evo a été identifiée dans le bassin de Minoussinsk, puis dans des régions plus occidentales et méridionales au point d’être attestée dans une vaste région à la périphérie nord-est de l’Asie centrale. Les modèles théoriques de l’archéologie soviétique ont détourné les archéologues de l’étude des espaces de marge, au bénéfice de l’identification de régularités culturelles homogènes au sein d’ensembles topographiquement cohérents. Les lignes de partage, non cartographiées, sont restées impensées, d’autant qu’à la même période, une géographie particulière de la recherche s’est mise en place sous l’influence croisée de la concurrence entre institutions centrales et de la construction identitaire régionale : une forte régionalisation des études s’est consolidée. C’est lors de cette période fondatrice qu’a émergé l’habitude malheureuse, mais désormais bien ancrée chez les spécialistes, de parler de groupes d’« Afanas’eviens ».
Une des conséquences du décloisonnement de l’Union soviétique a été la recomposition des logiques institutionnelles de la pratique archéologique. L’archéologue, essentiellement recruté désormais dans des instituts régionaux, est chargé d’explorer les spécificités de l’histoire locale et trace de nouvelles lignes de frontières internes au sein des cultures archéologiques anciennement définies. Le changement de vocable pour désigner la culture d’Afanas’evo trahit directement cette évolution. L’inertie des modèles d’interprétation et des traditions de recherche hérités de la période précédente explique toutefois que cette multiplication des frontières internes n’attise pas la découverte des importants territoires qui leur correspondent.
La production récente de deux ouvrages consacrés à la culture d’Afanassievo montre toutefois qu’une dynamique nouvelle de regroupement des données est à l’œuvre entre les régions, même si certaines frontières contemporaines continuent de jouer un rôle délétère sur les échanges scientifiques. Elle contribue à rendre possible l’émergence d’une approche macrorégionale de la culture d’Afanas’evo qui interroge enfin les espaces vides de sites et les liens qu’ont pu entretenir les différents territoires entre eux. Ces efforts de coopération interrégionale n’ont toutefois pas encore une véritable ambition de synthèse historique sur le statut des populations qui ont produit les vestiges étudiés et ont été les acteurs des transformations de leurs modes de vie. C’est peut-être que cette ambition ne peut voir le jour qu’en adoptant un point de vue décentré vis-à-vis des enjeux politiques auxquels sont soumises les équipes régionales ; c’est en tout cas l’approche qui guide mon travail de thèse.
This article puts into question the relationship between the political and cultural borders of contemporary Eastern Central Asia and those of the assemblages of the æneolithic Afanas’evo culture.
This culture marks the end of the Neolithic in Western South Siberia. Its carriers first used metals and practiced innovative economic strategies including animal husbandry and hunting. This new way of life emerged in the middle of the IVth millenium BC in association with a symbolic revolution brought to light by novel ways to mark the landscape. The site distribution map shows two strong concentrations: the Russian Altai and the Minusinsk Basin. They correlate with coherent – but incredibly varied – topographical units but also with largely autonomous parts of the Russian Federation. These modern borders are the product of a century long strategy to vindicate regional cultural identities; they have impacted on archæological research practices and finance. As a result, a number of regional assemblages have been identified within the Afanas’evo culture, now more commonly referred to as a « historical-cultural phenomenon ».
A journey through the last century of research therefore permits us to reflect on the scope of the discrete cultural assemblages defined by archæologists: what does tracing internal limits imply and mean? Three successive periods are considered.
The first runs for the half century after the discovery of the Afanas’evo culture when its frontiers widen progressively within Southern Siberia. Soviet models of prehistoric development rely on the perceived homogeneity of cultural assemblages and deter scholars from investigating the peripheries of the culture. Competitive research strategies between the few central institutions and to a lesser degree regional identity dynamics result in a strong regionalisation of research programs still perceptible to this day.
The perestroika and later dislocation of the USSR changed the dynamic of archæological research in South Siberia by allowing smaller structures to take an active role in the exploration of regional territories. The Afanas’evo culture has grown to be seen as a more complex phenomenon due to an increasing number of identified sub-groups resulting in a change of vocabulary. However the spatial dimension of this internal division has not been clearly addressed because of the resilience of the interpretative models inherited from the previous era. The borders of the regional assemblages remain often undefined and unchallenged, the opportunity of unexplored « frontiers » not recognised within the studied territories.
A recent initiative has been taken to overcome the traditional regionalised perspective adopted by scholars when studying their material and to create new conditions for a broader outlook on the Afanas’evo culture. Sharing available data and developing interregional collaborations are the first steps towards elaborating a new, more dynamic, history of cultural interactions in the area. It is now possible to question the spatial gaps in our documentation and consider the role some might have played in the regional dynamics of cultural exchange even when such territories have not yet been explored. The new viewpoint transforms the untold-of peripheries of yesterday into the « new frontiers » of archæological research. Both practical and methodological obstacles continue to stand in the way of such an attempt, but the New Frontier is here: are we up to the task? Are we equal to the challenge ?
Entrées d’index
Mots-clés : Afanas’evo, Altaï, bassin de Minusinsk, énéolithique historiographie, interactions culturelles, méthodologie, Sibérie méridionale, chalcolithique
Keywords : Afanas’evo, Altai, chalcolithic, Æneolithic Historiography, cultural interactions, methodology, Minusinsk Basin, south Siberia
Texte intégral
1La culture d’Afanasyevo se développe à l’âge du cuivre sur un vaste territoire à l’ouest de la Sibérie méridionale, aux confins de la Russie, du Kazakhstan, de la Chine et de la Mongolie (Fig. 1). Inaugurant une tradition millénaire de nécropoles à cercles de pierre, ses porteurs ont manifesté une volonté inédite d’inscription durable dans le paysage. L’apparition des premiers objets en métal et d’un élevage non spécialisé associé à la chasse caractérise par ailleurs une mutation sans précédent des modes de vie des populations régionales (Stepanova, 2011). Les résultats d’analyses dentaires, la surreprésentation des données funéraires et le caractère non permanent des structures d’habitation révèlent en outre que les porteurs de cette culture sont encore peu sédentaires, à la manière des groupes néolithiques de la région (Shulga, 2012).
2Les données radiocarbone permettent de dater les sites d’Afanasyevo entre le milieu du IVe et le troisième quart du IIIe millénaire (Polyakov, 2010). Les inhumations, individuelles ou collectives, sont réalisées dans des fosses recouvertes de pierres ou de terre, entourées chacune par un cercle de pierres caractéristique de plusieurs mètres de diamètre et de quelques dizaines de centimètres de haut, pouvant prendre la forme de grandes dalles posées de chant ou d’un muret architecturé. Les céramiques retrouvées en contexte funéraire comme sur les sites d’occupation sont également fortement distinctives : ovoïdes, de taille moyenne, elles présentent une surface externe richement décorée par impression ou incision. L’homogénéité surprenante de ce matériel a conduit certains chercheurs à mettre en doute la longévité millénaire de la culture (Stepanova, 2012).
3Un examen de la carte de localisation des sites conduit à trois constats. Deux foyers principaux de distribution apparaissent clairement : le premier correspond au bassin de Minoussinsk, bordé au sud et à l’est par les massifs des Saïans, à l’ouest par le Kuznetsky Alatau, et ouvert au nord sur la taïga sibérienne ; le second regroupe les plus modestes vallées et les plateaux de l’Altaï russe et certains de ses piémonts septentrionaux. D’autre part, bien que des attestations ponctuelles de la culture d’Afanasyevo aient été identifiées en Mongolie et au Kazakhstan oriental, l’essentiel des sites reste localisé en Russie (Fig. 3). Les lacunes de la documentation sur les versants méridionaux de l’Altaï et des Saïans matérialisent donc des frontières politiques et linguistiques modernes, qui ont influencé l’histoire des recherches. Enfin, plus des trois quarts des sites sont localisés dans des entités administratives autonomes au sein de la Fédération russe : les Républiques de l’Altaï, de Khakassie et, dans une bien moindre mesure, de Touva. Une seule série significative de sites ne répond pas à ce schéma : ceux du kraï de Krasnoïarsk occupent des territoires en continuité topographique avec les espaces touvain et surtout khakasse.
4Ces frontières contemporaines sont le produit de compromis historiques censés respecter la cohérence culturelle de peuples régionaux. Elles ont influencé l’investissement humain et financier dans la recherche archéologique. Nous proposons donc un parcours historiographique invitant à réfléchir sur le sens des lignes de partage tracées par les archéologues sibériens au sein des assemblages qu’ils étudient. Les effets de frontière présumés sont-ils le produit des ressources différentielles de la géographie physique, de traditions culturelles – anciennes ou plus récentes – distinctes, parentes, hybrides, des choix directifs et méthodologiques des organismes de recherche, ou la résultante de ces divers facteurs ?
5La découverte de la culture d’Afanasyevo coïncide avec l’avènement de l’archéologie soviétique dont certaines méthodes et pratiques se perpétuent jusqu’à nos jours. La crise traversée par la discipline lors de la dislocation de l’Union soviétique a entraîné une recomposition sensible des dynamiques d’étude des assemblages : si de multiples faciès régionaux de la culture d’Afanasyevo ont été identifiés, les espaces vides entre leurs manifestations restent largement ignorés des chercheurs. La recherche récente offre des perspectives de renouveau, bien que subsistent des freins théoriques et pratiques à une approche spatialisée des frontières au sein de la culture d’Afanasyevo.
Des années 1920 aux années 1980, l’avènement d’une approche linéaire et régionalisée de la culture d’Afanasyevo, qui ignore les zones périphériques
Premières découvertes, questionnement sur les origines et désintérêt pour les frontières
6La culture d’Afanasyevo est identifiée pour la première fois au début des années 1920 lors de fouilles conduites au pied du mont éponyme par un jeune chercheur de Tomsk, S. A. Teploukhov, sur la rive gauche de l’Iénisseï. La poursuite des recherches dans la région lui permet de produire en 1929 la première synthèse sur les antiquités du bassin de Minoussinsk : les porteurs de la « culture d’Afanasyevo » sont alors décrits comme les plus anciens occupants de la région (Teploukhov, 1929).
7Quelques années après la Révolution d’Octobre et la guerre civile, les approches interprétatives traditionnelles de l’archéologie impériale sont alors mises en doute, accusées de servir les intérêts d’une science « bourgeoise ». L’explication des transformations de la culture matérielle par des hypothèses diffusionnistes est ainsi soupçonnée de renvoyer à des réalités politiques sans s’attacher au véritable moteur de l’évolution des sociétés, leurs structures économiques (Klejn, 2012, p. 19). Plusieurs écoles concurrentes s’affirment au milieu des années 1920 à Moscou et Petrograd1, avant que ne s’opère un profond renouvellement épistémologique sous l’influence du Directeur de l’Académie d’État d’Histoire de la culture matérielle2, N. Y. Marr. Linguiste de formation, il propose une théorie exclusive du développement historique des sociétés, en accord avec l’interprétation léniniste de la pensée de K. Marx et F. Engels. Les rapports de production auraient connu une histoire linéaire dans chaque région donnée, au gré de révolutions structurelles périodiques : dans cette perspective, les vestiges archéologiques sont censés attester de manière univoque les « stades de développement » successifs des populations indigènes (Bulkin, et al., 1982, p. 275).
8S. A. Teploukhov propose une classification linéaire de cultures archéologiques homogènes au sein du bassin de Minoussinsk. Il accorde une place importante à l’environnement naturel et à la diversité typologique des vestiges produits par les populations anciennes, dans l’esprit de l’école moscovite paléoethnologique, bientôt battue en brèche par le marrisme (Klejn, 2012, p. 21). Arrêté pour hétérodoxie, il décède en prison en 1934 (Klejn, 2012, p. 28). La relève des opérations de terrain sur l’Iénisseï est alors assurée par de jeunes chercheurs formés à Moscou auprès d’un des chefs de file de l’archéologie impériale, V. A. Gorodtsov, et enthousiastes à l’égard des potentialités offertes par le marxisme. L’un d’entre eux, S. V. Kiseliev, participe d’un effort méthodologique destiné à établir l’archéologie en égale de l’histoire (Klejn, 2012, p. 320).
9Spécialisé dans l’étude des formes de peuplement, réputées refléter les transformations structurelles des sociétés, S. V. Kiseliev lance en 1930, sous l’égide du Musée historique d’État de Moscou, l’expédition des Saïans-Altaï qui perdure jusqu’en 1956 ((Klejn, 2012 #1665) Stepanova et Polyakov, 2010a). Les archéologues mettent au jour un grand nombre de sites dans l’ensemble du bassin de Minoussinsk (Fig. 4), confirmant les premiers résultats de S. A. Teploukhov, et ignorant par ailleurs la frontière constituée par l’Iénisseï depuis la création de l’oblast autonome de Khakassie sur la rive gauche en 1930.
10À la même période, plusieurs inhumations « de type Afanasyevo » sont identifiées dans les vallées altaïques de l’Ursul, du Kuyum et du Katun au cours d’expéditions coordonnées par des chercheurs de Moscou mais aussi de Leningrad. Ils redécouvrent une tombe Afanasyevo identifiée dès 1865 par V. V. Radlov, amateur éclairé, près du village d’Ongudaï. La publication des découvertes tarde cependant lors de cette période marquée par de nombreuses arrestations au sein de la communauté scientifique, en raison de purges orchestrées par le Parti. La documentation reste ainsi confinée aux archives pour quelques décennies (Stepanova et Polyakov, 2010a).
11La déstabilisation de la discipline conduit au milieu des années 1930 à un désintérêt prudent pour les travaux d’ambition théorique, alors que le marrisme est condamné pour ses excès. Les travaux de S. V. Kiseliev sur le peuplement ancien du bassin de Minoussinsk continuent néanmoins de conjuguer une description détaillée des matériaux mis au jour avec un effort d’élaboration interprétative nourri de sociologie, qui participe à une réévaluation méthodologique au cours de la décennie (Klejn, 2012, p. 320). Une monographie parue après la Seconde Guerre mondiale marque l’aboutissement de ces recherches : aucune culture néolithique locale n’étant alors identifiée, les innovations caractérisant la culture d’Afanasyevo conduisent l’archéologue à émettre l’hypothèse d’une origine exogène. Sur la base de comparaisons des rites funéraires et des formes céramiques, il postule une parenté entre les porteurs des cultures d’Afanasyevo et de Yamna, à l’ouest des steppes eurasiennes (Kiseliev, 1951, p. 65-66). Certains groupes de pasteurs auraient selon lui migré vers l’est jusqu’à s’établir sur les piémonts des Saïans, conduisant à une accumulation des indices matériels de leur présence à l’est des steppes, sous des formes sensiblement transformées au cours de leur périple. La géographie expliquerait d’autre part que les matériaux retrouvés en rive gauche de l’Iénisseï (mont Afanasyevo) soient plus anciens que ceux de la rive droite (Syda, Tes’), selon une périodisation introduite dès les années 1930 (Kiseliev, 1937, p. 91-92).
Essor et dédoublement régional des recherches dans l’après-guerre, sur l’Iénisseï puis dans l’Altaï
12À partir des années 1950, le territoire sibérien fait l’objet d’une politique de mise en valeur inédite, qui s’accompagne d’un investissement sans précédent dans la recherche archéologique, aiguillonné par l’adoption d’une loi systématisant l’archéologie préventive dès 1953. En 1950, une expédition dans le bassin de Minoussinsk est créée par l’université de Moscou, qui y poursuit ses travaux jusqu’à la fin de l’URSS : elle est placée sous la responsabilité d’un jeune archéologue originaire de Khakassie, formé à Moscou, L. R. Kyzlasov. Ce dernier choisit de concentrer ses efforts sur la rive gauche de l’Iénisseï. L’« expédition de Khakassie » identifie et fouille alors de nouveaux sites, en partenariat avec le musée national khakasse d’Abakan (Stepanova et Polyakov, 2010a). Ces découvertes auront pour conséquence la définition d’un néolithique local et d’une culture du bronze ancien dont les porteurs ont réinvesti un certain nombre de cercles funéraires Afanasyevo (Maksimenkov, 1975).
13Les épreuves endurées par les différents peuples de l’Union soviétique au cours de la Seconde Guerre mondiale conduisent par ailleurs, dans cette période d’après-guerre, à un désir de réappropriation des histoires locales. Dans le cadre d’un renouvellement épistémologique majeur, une faveur nouvelle est accordée aux recherches ethnogénétiques, propice à une réévaluation de travaux plus anciens. Dans les années 1960, la branche de Leningrad de l’Institut d’archéologie de l’Académie des Sciences, désireuse de s’implanter dans le bassin de Minoussinsk, orchestre en partenariat avec le musée de l’Ermitage une vaste exploration pluridisciplinaire de territoires destinés à être inondés par la construction d’un barrage monumental à Krasnoïarsk. La direction des recherches archéologiques est confiée à M. P. Gryaznov, ancien étudiant de S. A. Teploukhov (Klejn, 2012 p. 315-316). Il propose un schéma de développement commun à l’âge du bronze de l’ensemble des steppes, procédant par étapes caractérisées dans chaque région par des cultures archéologiques particulières. L’unité topographique du bassin de Minoussinsk en fait le cœur d’une succession de cultures régionales : il prospecte les territoires de part et d’autre de l’Iénisseï, perpétuant ainsi, contrairement à l’expédition moscovite, une tradition de recherche indépendante des frontières administratives et identitaires. En une décennie, le nombre de sites Afanasyevo étudiés est doublé (Fig. 5). L’étude disjointe des vestiges Afanasyevo sur l’Iénisseï et dans l’Altaï s’en trouve néanmoins consolidée : l’hétérogénéité des peuples khakasse et altaïques invite à penser différemment l’histoire du peuplement de ces territoires par ailleurs fortement différenciés dans leur topographie. Les zones périphériques n’ont ainsi pas vocation à être prospectées.
14La situation est confortée par l’entrée en scène d’une nouvelle institution de recherche dans l’Altaï, suite à la création d’une troisième branche de l’Académie des Sciences dédiée au domaine sibérien, à Novossibirsk. Après des débuts précaires, l’Institut d’Histoire, de Philologie et de Philosophie fondé en 1966 encourage le déploiement des recherches dans l’Altaï, largement ignoré de Moscou et Leningrad (Stepanova et Polyakov, 2010). Prospections et fouilles sont menées dans l’oblast autonome du Gorno-Altaï, créé dans les années 1920 sur la base d’une identité régionale distinctive associée à la langue oïrate. Les données archéologiques participent donc à une valorisation patrimoniale de l’histoire de la région.
Pesanteur du désintérêt pour les zones périphériques dans les années 1970
15Au tournant des années 1970, plusieurs monographies sur la culture d’Afanasyevo témoignent de l’ampleur des données accumulées (Gryaznov et Vadetskaya, 1968 ; Kyzlasov, 1971 ; Gryaznov et Komarova, 1979, pour le bassin de Minoussinsk ; Tsyb, 1983, pour l’Altaï). Elles contribuent à figer l’image d’une culture connaissant deux noyaux distincts. La comparaison inévitable avec l’autre foyer de concentration de sites conduit à envisager les interactions culturelles entre les deux régions de manière uniquement statique, ou purement chronologique.
16En effet, dans la lignée des travaux de S. V. Kiseliev, les archéologues examinent la probabilité d’une émergence plus ancienne de la culture d’Afanasyevo dans l’Altaï. L’influence des interprétations ethnologiques encourage une confusion malheureuse entre les témoins de la culture matérielle et leurs porteurs : les différences observées de pratiques et de mobilier entre les deux régions sont renvoyées à l’existence supposée d’« Afanasyeviens » de souches différentes (Ivanova, 1970 ; Gryaznov et Komarova, 1979 ; Vadetskaya, 1986, pour le bassin de Minoussinsk ; Khlobystina, 1975, pour l’Altaï).
17Malgré l’interprétation dominante d’une colonisation progressive depuis l’ouest, les zones à l’interface entre les deux aires culturelles restent ignorées parce qu’elles ne sont pas vues comme porteuses d’informations nouvelles. Elles présentent par ailleurs des contraintes matérielles (relief accidenté, forêts) qui découragent la mise en place de campagnes de terrain. Les premiers sites Afanasyevo sont ainsi découverts en Touva, au-delà du Saïan occidental, à la fin des années 1960, plus de vingt ans après l’intégration de la région dans l’URSS. Les frontières constituent donc des territoires délaissés, définis par omission.
Du milieu des années 1980 aux années 2000 : recomposition de la géographie de la recherche, identification de variantes locales et inertie des héritages de l’ère soviétique
Restructuration des recherches régionales
18À partir du milieu des années 1980, la recherche de terrain dans l’Altaï s’enrichit d’autres acteurs avec la création des facultés d’histoire de Barnaul et Gorno-Altaïsk. Le climat de libéralisation et de décentralisation permis par la Perestroïka pousse les équipes locales à organiser des missions annuelles sur le terrain qui contribuent à former une nouvelle génération d’archéologues. Des coopérations internationales de recherche, initiées lors de la « détente » des années 1970 mais ralenties dans la première moitié des années 1980, sont à nouveau poursuivies (Sher, et al., 1994). Les chercheurs de Novossibirsk continuent également d’investir dans la recherche sur l’Altaï. Le dynamisme des institutions locales, tirant parti de moyens limités, leur permet de mieux faire face à la crise majeure de direction et de financement ouverte par la dislocation de l’URSS au début des années 1990. Des prospections accompagnées de sondages exploratoires permettent d’identifier un grand nombre de sites Afanasyevo dans l’ensemble de la région (Fig. 6).
19Dans le bassin de Minoussinsk au contraire, les missions à gros budgets dirigées depuis Moscou et Leningrad en partenariat avec les musées locaux perdurent jusqu’en 1991. La disparition brutale des subventions centrales produit un choc durable dans l’organisation de la recherche : les institutions locales, mal financées, sont soumises à l’arbitraire des revendications patrimoniales de leurs entités administratives de rattachement (Chernykh, 1995). Ainsi, le musée d’Abakan et l’Institut khakasse de Recherches en Linguistique, Littérature et Histoire bénéficient d’un soutien plus régulier de la part de la République khakasse que le musée de Minoussinsk plus ancien, riche d’importantes collections, mais isolé au sein du kraï de Krasnoïarsk3. Progressivement, de nouveaux acteurs émergent toutefois au cours des années 1990, comme l’université de Keremovo.
20Cette géographie nouvelle de la recherche prend donc la forme de zones d’influence des différentes institutions de part et d’autre du Kuznetsky Alatau, encourageant la poursuite d’approches régionalisées de la culture d’Afanasyevo. Deux monographies traduisent ainsi le dynamisme retrouvé de la recherche à l’approche du millenium, l’une sur l’Altaï (Fribus, 1998), l’autre sur le bassin de Minoussinsk (Gryaznov, 1999). Les deux régions sont donc pensées comme autonomes, sans que leur cohérence soit explicitée au-delà d’une référence introductive à la topographie.
Recherche des particularismes et renouvellement de la terminologie
21La rivalité silencieuse entre centres de recherche se manifeste par la terminologie évolutive de la culture d’Afanasyevo, vue désormais comme une « communauté historico-culturelle » alors même que l’aire de distribution des sites reste inchangée (Stepanova, 2010). Une multitude de faciès régionaux sont aujourd’hui identifiés, qui correspondent à autant d’assemblages cohérents dans les limites des zones prospectées. Chaque faciès s’établit dans un territoire pensé comme homogène, de sorte que les lignes de partage perpétuent à une échelle plus grande l’idée de frontières définies par défaut face à l’évidence d’entités culturelles régionales.
22L’identification de ces variantes est le fruit des aléas des recherches et pose des problèmes d’interprétation. Les vestiges retrouvés consistent souvent en quelques structures éparses, produit d’un investissement temporel et technique par un petit groupe humain sur quelques générations. Les données ne permettent pas à l’heure actuelle de reconstituer une histoire continue de l’occupation sur la durée millénaire de la culture d’Afanasyevo (Stepanova, 2012). Les variantes régionales identifiées expriment donc en partie des évolutions chronologiques dans les pratiques d’inhumation et de production d’objets. Pourtant, elles restent souvent intuitivement interprétées comme le reflet d’identités plus ou moins métisses au sein de groupes contemporains (Stepanova, 2013).
Perspectives d’avenir et barrières persistantes à l’étude des frontières de la culture d’Afanasyevo
De nouveaux projets à l’échelle macrorégionale : vers un effacement des frontières politiques ?
23Depuis 2010, trois ouvrages consacrés à la culture d’Afanasyevo ont réuni des spécialistes des différentes aires de distribution des sites (Stepanova et Polyakov, 2010b ; 2012 ; Vadetskaya et al., 2014). Ils témoignent d’une dynamique nouvelle de mise en commun de données précises et comparables pour faire avancer la recherche de synthèse. Des sites anciennement fouillés y sont publiés de manière inédite, permettant de porter à la connaissance de l’ensemble de la communauté scientifique des résultats de fouilles confinés jusqu’ici aux archives.
24Ces volumes comprennent également des études comparatives de structures ou de mobilier, au statut plus problématique : sous le couvert du partage des données et de leur interprétation, la catégorisation traditionnelle de régions homogènes refait surface et produit des résultats biaisés. Une grande partie des travaux inédits publiés dans ces ouvrages bénéficient d’ailleurs du soutien financier du Fond russe pour les sciences humaines dans le cadre d’un projet baptisé « La culture d’Afanasyevo du Gorno-Altaï et de l’Iénisseï moyen » : le choix de la dénomination montre la résilience des manières traditionnelles de penser la culture d’Afanasyevo. La rareté et l’imprécision des données disponibles pour les espaces au-delà de l’Altaï et des Saïans condamnent à ce jour les possibilités d’usage des outils statistiques en l’absence d’un échantillonnage raisonnable. L’œuvre de compilation des données nécessite donc d’être poursuivie à l’échelle interrégionale et internationale.
Une perspective d’avenir : la prise en compte des « frontières naturelles »
25La Sibérie méridionale est un espace peu densément peuplé, où l’impact du facteur anthropique dans la fabrication millénaire des paysages est limité – exception faite des grands travaux hydrographiques modernes. La topographie a indéniablement influencé les stratégies d’occupation du territoire, à toutes les échelles. Les sites archéologiques sont ainsi identifiés sur des terrasses fluviatiles non inondables, dans des vallées qui orientent les déplacements de groupe parce qu’elles les facilitent. Les hauts massifs de l’Altaï et des Saïans n’ont jamais été des barrières au peuplement, comme l’indiquent les quelques sites localisés en Touva et jusqu’en Mongolie centrale (Novgorodova, 1989, p. 81-89).
26On peut proposer à titre d’hypothèses plusieurs axes de circulation préférentiels de techniques, d’objets et d’hommes, cohérents avec la topographie (Fig. 7). Certains semblent corroborés par l’identification de quelques sites Afanasyevo périphériques, comme le contournement par le sud du Kuznetsky Alatau ou la traversée de l’Altaï par une route proche de celle reliant aujourd’hui Gorno-Altaïsk à Khovd, en Mongolie, par Kosh-Agach. Il est également possible que les sites les plus septentrionaux du bassin de Minoussinsk soient les indices de l’existence d’un axe protohistorique contournant le massif du Kuznetsky Alatau par le nord. Les quelques sites touvains autorisent plusieurs hypothèses : l’utilisation de l’axe fluvial de l’Iénisseï à travers le Saïan occidental, toutefois très accidenté, l’existence d’un axe longitudinal dans le bassin du Khemchik à l’ouest, donnant accès à l’Altaï russe par les cols du massif du Shapshal, ou le contournement du Saïan occidental par l’est. Une dernière route, purement spéculative, aurait permis de rejoindre la Mongolie centrale. Ces couloirs de circulation constituent des fronts pionniers pour la prospection archéologique. Ils amèneront certainement à corriger le tableau très partiel que nous avons actuellement de la répartition de la culture d’Afanasyevo.
Des effets-frontières persistants : méthodes et approches théoriques
27La production d’une véritable dynamique de synthèse continue enfin d’être entravée par des obstacles pratiques à la coopération scientifique, qui renvoient à de véritables « effets-frontières ». Le premier s’établit sur la ligne de crête de l’Altaï : la langue, mais aussi les prismes interprétatifs propres à chaque tradition académique, séparent en effet toujours les mondes russophone et chinois. La pacification des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et l’Union soviétique puis la Fédération de Russie depuis le milieu des années 1980 n’a pas immédiatement permis de combler la méconnaissance des cultures archéologiques identifiées par les deux communautés scientifiques. De la céramique Afanasyevo aurait été trouvée dans certains kourganes de la culture de Chermuchek/Qiemu’erqieke, identifiée dans les années 1960 en Dzhoungarie, à l’extrême nord du Xinjiang. Ils présentent toutefois plus d’analogies avec les formes d’inhumation et de mobilier connues à l’âge du bronze en Sibérie (Wei Ming Jia et Betts, 2010). Faute de publications détaillées disponibles en traduction, l’accès à ces données reste pour l’instant limité et ne permet pas de débattre sur la nature exacte des relations que les porteurs des différentes cultures pouvaient entretenir4.
28Un second « effet-frontière » d’ordre méthodologique, bien connu dans l’ensemble du monde postsoviétique existe enfin entre les schémas hérités de développement des cultures régionales et les raisonnements en termes d’interactions culturelles chers aux chercheurs occidentaux. Ce fossé s’exprime par la portion congrue qu’occupe la culture d’Afanasyevo dans les ouvrages consacrés à la protohistoire des steppes (Parzinger, 2006, p. 186-196; Anthony, 2007, p. 264-265 et p. 305-311). Gageons que notre travail saura contribuer à réduire cet écart en produisant une monographie d’ensemble des données disponibles dans une perspective d’anthropologie historique.
Conclusion
29Les modèles théoriques de l’archéologie soviétique ont conduit à un désintérêt durable des chercheurs russes pour les espaces de marge : la frontière est traditionnellement une entité définie par défaut. La régionalisation historique des recherches sur la culture d’Afanasyevo, produit d’une concurrence silencieuse entre institutions sur des territoires marqués par d’importants enjeux patrimoniaux, n’a dès lors jamais été clairement interrogée. La dynamique actuelle de dialogue et de partage des données entre chercheurs spécialistes des différentes régions crée des conditions propices à l’émergence d’une approche nouvelle de la culture, qui passe par un changement de perspective sur le statut des lignes de partage tracées entre les assemblages. Les frontières heuristiques entre faciès régionaux demandent en effet à être repensées de manière plus fluide afin de traduire les dynamiques d’échanges qui ont pu lier les différents territoires. Ce renouveau est producteur à son tour de « nouvelles frontières », celles des lacunes de notre documentation, qui invitent à l’exploration des territoires jusqu’ici délaissés, à l’interface entre les régions mieux connues, et ainsi à mettre à nouveau en question la notion de frontière.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Renommée Leningrad en 1924 ; aujourd’hui Saint-Pétersbourg.
2 Créée dès 1919 à Petrograd, elle devient en 1937 l’Institut d’Histoire de la culture matérielle intégré à l’Académie des Sciences d’URSS, renommé Institut d’archéologie en 1959.
3 Esin, communication personnelle.
4 Un doctorant travaille actuellement sur ces questions à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Zhen Wen, « La question des relations entre l'Asie centrale occidentale (Bactriane et steppes du Kazakhstan) et orientale (Xinjiang et steppes de Chine du Nord) à l'âge du Bronze (ca. IIe millénaire av. J.-C.) », sous la direction de Corinne Debaine-Francfort et Henri-Paul Francfort, UMR 7041 ArScAn). Sa synthèse contribuera utilement à combler ces lacunes.
Auteur
Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 ArScAn
Équipe Archéologie de l’Asie centrale et de l’Asie moyenne
Sujet de thèse : La culture d’Afanas’evo face à l’Asie centrale énéolithique : une approche « depuis les steppes » des interactions culturelles à l’échelle régionale (milieu du IVe millénaire – tournant du IIe millénaire av. n. è.)
Directeur de thèse : Henri-Paul Francfort (DR1, CNRS)
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