Penser la frontière en archéologie : réflexion à partir d’exemples pré- et protohistoriques
Thinking the Border in Archaeology : Considerations from Pre- and Proto-Historical Examples
Résumés
Le concept de frontière, souvent mobilisé en archéologie, mérite d’être clairement explicité, tant il est riche de sens mais aussi source de profondes ambiguïtés. De prime abord, la notion exprime un « non-lieu », un « angle mort » des peuplements : dans l’œil de l’archéologue, la frontière est ainsi – et peut-être avant tout – un espace « invisible » dont l’appréciation ne peut s’opérer qu’en miroir de centres dynamiques. D’un point de vue socioculturel toutefois, la situation apparaît beaucoup plus indécise : du fait de son éloignement relatif, la frontière se présente presque toujours comme une « zone d’incertitude », un objet « suspect », dont l’identité fait sans cesse l’objet de négociations et de compromis. A travers l’analyse de l’occupation magdalénienne des régions de France centrale (circa 18-14 kA cal BP) ou la caractérisation des intenses phénomènes de « globalisation technique » qui affectent le Moyen-Orient ancien au cours des IVe et IIIe millénaires, nous essayerons de préciser la richesse sémantique de la notion de frontière (économique, culturelle, civilisationnelle) et de qualifier certaines de ses inférences sociales. À la fin de notre exposé, nous tenterons finalement d’éclairer la contribution des sources archéologiques dans la définition des différentes réalités de la frontière et de percevoir la manière dont les groupes humains ont pu inventer ou transformer l’espace frontalier, au sein de territoires qui se révèlent par ailleurs diversement intégrés.
The concept of border, often mobilized by archaeology, deserves to be clearly stated, as it is rich in meaning but also a source of deep ambiguity. At first sight, the concept expresses a “non-place”, a “blind spot” of settlement : in the eye of the archaeologist, the border is an “invisible” space whose reality can only be specified mirroring dynamic centres. From a socio-cultural point of view, however, the situation is much more uncertain : because of its relative remoteness, the border is always presented as a “zone of uncertainty”, a “suspect” object, whose identity is constantly subject to negotiation and compromise. Through the analysis of the Magdalenian occupation of central France (circa 18-14 kA cal BP) and the characterization of intense “technical globalization” phenomena that affect the ancient Middle-East during the IVth and IIIrd millennia BC, we will attempt to clarify the semantic richness of the concept of border (economic, cultural, civilizational) and to qualify some of its social inferences. At the end of our paper, we will finally try to clarify the contribution of archaeological sources in defining the different realities of the border and to perceive how human groups were able to invent and transform the border area, within variously integrated territories.
Entrées d’index
Mots-clés : frontière économique, frontière culturelle, frontière de civilisation, longue durée, sociétés de frontière, Magdalénien, Uruk
Keywords : border of civilization, cultural border, economic border, frontier societies, long-term, Magdalenian, Uruk
Texte intégral
Introduction au problème et éléments de controverse
1La notion de frontière est présente, sous diverses formes, dans le lexique des langues européennes depuis le milieu du xiiie s. (Febvre, 1928). Si le terme a régulièrement été redéfini depuis, notamment en géographie humaine, il n’a jamais véritablement accédé au statut d’instrument analytique des sciences sociales, alors même que chacun s’accorde à lui reconnaître une évidente richesse polysémique.
2Dès 1928 pourtant, L. Febvre, fondateur des Annales aux côtés de M. Bloch, livrait une contribution fondamentale sur le sujet : son article, rédigé peu de temps après la Première Guerre Mondiale et le rétablissement – d’un point de vue français – d’une frontière légitime, tentait alors d’offrir quelques perspectives inédites à la recherche, en écho aux nouvelles conceptions de la frontière qui s’étaient développées au début du xxe s. (Febvre, ibid.). Dans cet essai, l’historien s’interrogeait notamment sur les circonstances historiques de l’apparition du mot en français : sous sa forme étymologique, il se fait jour à la fin du Moyen Âge et désigne des zones où l’autorité concentre des militaires pour faire front et limiter l’extension des territoires voisins. Aux xve et xvie s., la frontière s’installe comme « front armé », ensemble de places fortifiées chargées de faire face à des ennemis extérieurs, potentiels ou réels. Tout au long de la période Moderne, cette dimension va aller s’accentuant, à travers le rôle progressivement assumé par les frontières de barrières politiques, imposées puis surveillées avec une efficacité croissante par les États (Aymard, 2008).
3Partant, que pouvons-nous faire aujourd’hui de cette notion, si étroitement liée à l’idée d’État-Nation, alors qu’en archéologie la tendance est à l’étude des cultures et des civilisations, sur le temps long et à une très vaste échelle ? Et comment redéfinir son concept, quand notre réalité contemporaine tend, parfois malgré elle, à l’estomper dans les turbulences des économies-monde ? En somme, comment pouvons-nous penser la frontière à l’ère des grandes mondialisations et de « l’histoire globale » ?
4Assimilant avec difficulté ces points de vue, la plupart des études sur la formation des frontières ont fait le choix de partir du centre pour aller vers la périphérie, soutenue en cela par l’idée d’une dégradation progressive des « contenus » de norme et de civilisation, en fonction de l’éloignement relatif de leurs objets par rapport à un hypothétique point de référence1. À rebours des formules habituelles, nous essayerons pour notre part d’aborder cette question sous le prisme d’une double analyse : la première s’attachera à déterminer et à hiérarchiser les « effets de seuil » perceptibles dans la répartition spatiale des idées et des objets, mais également dans la manière dont les modèles ont été diversement récupérés et réinvestis par les gens de la marge. La seconde privilégiera, dans un regard croisé, l’examen des zones de frontière et l’étude des comportements singuliers qui leur sont associés (marginalités conscientes ou assumées ; Sahlins, 1989).
5C’est à cet exercice que nous allons donc nous prêter, à travers deux exemples éloignés géographiquement et chronologiquement l’un de l’autre : le premier investira, à la fin du Paléolithique supérieur, l’oekoumène2 magdalénien, dont le consensus s’établit en Europe occidentale entre 18 000 et 14 000 ans avant le présent. Il nous révélera la diversité des frontières qui déterminent, à différents niveaux, des territoires paléolithiques dont la géographie sociale et culturelle pose encore largement problème.
6Le second abordera le monde urukéen dans son contexte moyen-oriental. L’examen de cet espace trahit, au IVe millénaire, un intéressant phénomène de koinè3 culturelle qui transcende des contextes aux réalités socioéconomiques par ailleurs extrêmement diversifiées. Cet exemple nous permettra de questionner la réalité d’une frontière de civilisation, celle entre la Mésopotamie du nord et le monde sumérien ; frontière dont l’évidence ne fait l’objet, sur la longue durée, que de rares et temporaires remises en cause. Dans la suite de mon exposé, je m’intéresserai ainsi spécifiquement à la nature de ces lisières, à leur statut et à leurs liens éventuels avec les frontières ethniques, en délaissant le problème des limites politiques qui n’ont que peu de pertinence dans les contextes qui nous nous proposons d’aborder.
Une archéologie de la frontière ?
Frontières sociales, économiques, culturelles : l’exemple du Magdalénien en Europe occidentale (18000-14000 ka cal. BP)
7Sous ce regard, la situation de l’Europe occidentale au cours du XVIe millénaire av. J-C se révèle particulièrement éclairante, tant elle traduit l’imbrication de différentes formes de territoires, aux statuts nettement différenciés (Fig. 1). En filigrane, elle exprime l’entrelacement des frontières qui en découlent et trahit la diversité des espaces tour à tour parcourus, exploités et appropriés par les groupes humains du Paléolithique (Surmely et Pasty, 2003 ; Angevin et Surmely, 2013). La séquence qui nous intéresse couvre, de ce point de vue, l’ensemble du Paléolithique supérieur européen, soit près de 25 siècles qui s’échelonnent de 45 à 12 kA cal BP environ : elle voit, à l’échelle de la péninsule du grand continent eurasiatique, la substitution des derniers groupes néandertaliens par les communautés d’Homo Sapiens venues du Proche-Orient et la généralisation des comportements « modernes », au sein de sociétés de chasseurs-collecteurs qui restent par ailleurs extrêmement mobiles.
8À cet égard, la première limite que nous pouvons évoquer ressortit à une histoire longue et s’inscrit dans la géographie humaine de la Préhistoire depuis les premiers temps de ce Paléolithique supérieur. Au cours de cette séquence, elle n’est d’ailleurs que temporairement remise en question et seul le Mésolithique parvient, au moment du basculement du Pléistocène vers l’Holocène, à bousculer profondément sa réalité. Il s’agit d’une frontière tout à la fois physique et culturelle : dès la fin du Paléolithique moyen, aux alentours de 45 000 avant le présent, un « effet de seuil » est déjà perceptible dans la répartition des technocomplexes européens entre est et ouest. Selon les périodes considérées, il s’étend depuis la bordure méridionale du Massif central et la moyenne vallée du Rhône jusqu’à l’arc jurassien et au fossé rhénan, intégrant ou rejetant le domaine alpin dans l’une ou l’autre de ces sphères.
9Au moment de la transition du Paléolithique moyen vers le Paléolithique supérieur, cette limite sépare notamment le Châtelperronien occidental du Szélétien oriental ou du Néronien méditerranéen, avant de s’estomper devant les consensus aurignacien puis gravettien qui s’établissent, entre 45 kA et 26 kA avant le présent (datation calibrée) de l’Atlantique à l’Oural (Teyssandier, 2007). Elle est toutefois réactivée au cours du Dernier Maximum Glaciaire, partageant l’Europe en deux pendant près de dix millénaires : tandis qu’à l’ouest se développent des paléocultures originales – Solutréen, Badegoulien, Magdalénien –, l’Europe de l’Est et le Bassin méditerranéen inscrivent ainsi leur trajectoire dans une histoire de la continuité, à travers les ultimes développements du Gravettien et de ses épigones (Bon, 2009).
10S’il est extrêmement délicat de justifier cette limite, qui marqua la géographie culturelle de la péninsule européenne pendant près de 35 millénaires, il est clair cependant qu’elle conditionna fortement l’expansion de la civilisation magdalénienne au cours du XVIe millénaire av. J-C. : à cet égard, la diffusion de son contenu à l’Europe des collines tient parfaitement compte de ce seuil qui n’est que ponctuellement remis en question, sans que le déterminisme géographique puisse, à lui seul, expliquer les conditions de cette répartition différentielle (Fritz, 2010). Au cours de la période qui nous intéresse, le succès du modèle socioculturel magdalénien semble d’ailleurs s’établir de manière extrêmement rapide et à une très vaste échelle : sous ce regard, il transcende des écosystèmes diversifiés et investis des bassins économiques plus ou moins cloisonnés qui se révèlent plus réceptifs cependant que les régions du sud et de l’est qui ne seront jamais transgressées.
11L’un de ces bassins économiques s’établit, dans le centre de la France, entre le Massif central et le sud du Bassin parisien. Il peut être défini à travers la définition de l’aire de répartition maximale de matériaux particuliers, les silex turoniens, qui ont fait l’objet, depuis le Gravettien ancien au moins, de circulations à très longue distance (Masson, 1981 ; Surmely et al., 1998). En dépit de cette diffusion à large spectre, différents seuils peuvent être perçus dans la répartition géographique de ces ressources, qui nous renvoient à une mobilisation préférentielle des matières premières siliceuses et, sans doute, à des formes d’intégration économique spécifiques de ces espaces (Surmely et al., 2002) : ainsi, les silex marins provenant de la couronne crétacée du Bassin parisien drainent-ils abondamment les zones situées au sud de leurs affleurements, parfois sur plusieurs centaines de kilomètres, tandis qu’ils n’outrepassent jamais au nord les limites strictes du domaine ligérien et des versants de ses principaux affluents (Surmely et Pasty, 2003).
12La réalité paléohistorique de ce bassin se révèle particulièrement intéressante car elle s’inscrit dans une histoire de la très longue durée. À l’instar de la dichotomie est/ouest que nous avons pu mettre en évidence plus tôt, elle se révèle éminemment transculturelle et transcende des technocomplexes parfois séparés par plusieurs millénaires. Elle s’exprime avec force depuis le début du Paléolithique supérieur jusqu’à l’âge du Bronze, sans réelle solution de continuité et ne connaît que de rares remise en cause tout au long de la séquence envisagée. L’expansion magdalénienne vers le Massif central va bénéficier sensiblement des acquis de cette mémoire (Angevin, 2012). et ce d’autant plus qu’elle s’inscrit, à la faveur d’une rapide ouverture des écosystèmes, au cours d’une phase d’optimum de ces circulations de matières premières à longue distance. En France centrale, les réseaux économiques préexistants vont ainsi fortement conditionner l’émergence des réalités magdaléniennes (généralisation d’un débitage laminaire normalisé, planification à long terme des activités, volonté d’optimisation des ressources, etc.), dont l’acceptation vient consolider les contacts établis entre cette région et la vallée du Cher depuis plusieurs millénaires déjà.
13Le puissant mouvement d’homogénéisation qui accompagne la généralisation de ces pratiques n’éclipse pas, malgré tout, les spécificités locales. Par-delà l’uniformité des expressions du Magdalénien, qui repose sur d’évidentes formules d’encadrement social, nous pouvons ainsi percevoir des variations régionales qui s’exposent préférentiellement dans la répartition des idées techniques ou symboliques. La reconnaissance de certaines originalités typologiques a permis de préciser les expressions régionales de la culture magdalénienne, notamment au cours de sa phase moyenne. La géographie culturelle de cette séquence a de ce point de vue fait l’objet d’un certain raffinement depuis sa première sériation : sans chercher à être exhaustif, je mentionnerai, pour les régions de France centrale, les faciès dits à « navettes » ou à « sagaies de Lussac-Angles » ; déclinaisons évaluées à de nombreuses reprises depuis leur première interprétation et dont le statut, tant culturel que territorial, reste assez confus du fait de la diversité même des critères de définition mobilisés.
14Nous avons pu nous en rendre compte : en France centrale, le Magdalénien s’appuie sur une communauté d’idées qui n’exclut en rien l’existence de groupes régionaux bien individualisés mais qui ne transgressent jamais toutefois un système de valeurs qui n’est que tardivement remis en question, avec l’avènement de l’Azilien. Bien au contraire, son « contenu de civilisation » repose sur de puissants phénomènes de globalisation4 – technique, symbolique, idéologique –,qui expliquent pour une large part l’unité culturelle de l’Europe à la fin de ce processus, entre 14 ka Cal BC et 12 ka Cal BC (Valentin, 2008, p. 72).
15Au temps du plein développement de la civilisation magdalénienne, la grande vitalité de cette intégration se fonde sur des contacts dont la fréquence et l’intensité entraînent la stimulation de réseaux d’échange anciens et extrêmement denses qui s’établissent parfois sur des distances considérables. Ce constat doit dès lors nous inviter à repenser « l’expansion » magdalénienne non comme la résultante de mouvements migratoires aléatoires, mais bien comme l’expression d’une évolution commune des modes de production et des systèmes de représentation du monde qui se fait en partie en partie au travers de développements locaux et en partie au travers d’emprunts culturels (Angevin et Surmely, 2013).
16En cela, le Magdalénien représente donc une koinè idéologique, un ensemble de valeurs qui forme un « système global d’interprétation du monde », pour reprendre les termes de R. Aron (1966). En somme, un mode de vie en société partagé et accepté, non sans ajustement, par la majorité des groupes humains présents en Europe occidentale. Sa structure sociale et symbolique, qui évolua sans doute au cours des siècles – et il s’agit là d’un vaste champ d’étude pour les années à venir car il conditionne notre définition même du Magdalénien –, explique pour partie les comportements collectifs et fonde l’acceptation de son modèle.
17Celui-ci, soumis à un fort contrôle social qui régit et uniformise les productions techniques et culturelles, permet toutefois leur réinterprétation locale (Langlais, 2010). Les multiples expressions régionales que nous avons évoquées en attestent et, en la matière, ce système bénéficie aussi des structures antérieures, puissamment mobilisées à l’occasion de son essor et qui permettent la diffusion et la réadaptation rapides d’un nouveau système de valeurs. La trame, à la fois lâche et serrée, de ces structures est sans doute aussi à l’origine du succès du modèle socioculturel magdalénien dans le Massif central.
18Nous le voyons bien : chacun des espaces mobilisés – et, partant, chacune des limites qui le circonscrivent – est fonction du parcours des hommes, des objets et des idées, parfois à une très vaste échelle. Mais il est également le produit d’une certaine rémanence, d’une certaine résilience sociale ; réalité difficilement perçue par l’historiographie, tant les recherches sur les sociétés de chasseurs-collecteurs ont depuis toujours privilégié l’approche des mobilités à celle des fixités, pourtant tout aussi fondamentale.
19Il résulte de tout cela un morcellement des territoires qui ne renvoie sans doute pas à une réalité physique ou environnementale, mais plutôt à une donne culturelle et comportementale particulière, tant les discontinuités géographiques ne sont probablement pas vécues et comprises de la même manière par les groupes humains du Paléolithique5. Ces déformations expliquent pour partie le mur auquel nous nous heurtons lorsque nous cherchons à qualifier plus précisément la frontière en Préhistoire, au-delà des simples « effets de seuil » que nous venons – bien imparfaitement – de tenter de hiérarchiser ici.
20Les périodes plus récentes nous permettent toutefois de compenser en partie la faiblesse de nos sources, en nous autorisant à raisonner à l’échelle des décennies ou du siècle. En investissant les échelles de temps intermédiaires, nous pouvons ainsi déployer une toute autre ambition : celle d’une définition anthropologique de la frontière, à travers la description de son fonctionnement sociologique. De ce point de vue, le monde urukéen nous livre matière à réflexion plus vaste sur les limites des civilisations, leur expansion et les sociétés de frontière que leurs mouvements ne laissent inévitablement par d’engendrer à ses marges.
Oscillations et résistances de part et d’autres des frontières de civilisation : le monde urukéen au IVe millénaire av. J.-C.
21Pour ce faire, je partirai des sources qui fondent mon propre travail de doctorat, à savoir les industries lithiques, en silex et en obsidienne. Dans le cadre de l’enquête que je conduis actuellement autour des modalités du travail de la pierre et des formes de la spécialisation artisanale dans l’Orient de l’âge du Bronze, j’ai été amené en effet à m’intéresser spécifiquement à la variabilité des productions laminaires, notamment en Mésopotamie où ce type d’industrie connaît, dès le Ve millénaire, un développement sans précédent.
22À la fin de la période d’Obeid, ces variations s’expriment dans la dichotomie profonde qui scinde cet espace en deux aires techno-économiques distinctes : leur discrimination est alors justifiée par l’apparition d’un nouveau type d’outil qui se généralise en Mésopotamie du nord autour de 4300 av. J.-C. Il s’agit de la lame cananéenne, associée d’un point de vue technologique à un mode original de production laminaire, le débitage par pression au levier, dont l’innovation se diffuse très rapidement en marge des ateliers de la zone des obsidiennes (Chabot et Eid, 2003 ; Pelegrin, 2013). Combiné à la technique de la percussion indirecte — qui reste toutefois partout prépondérante aux seins des industries du dry farming –, il autorise l’obtention de supports allongés de très grand module, parfaitement adaptés à la confection d’un outillage agricole, armatures de faucille ou éléments de tribulum.
23Ces productions se développent concomitamment, à la charnière des Ve et IVe millénaires, en différents points du Moyen-Orient. Leurs ateliers se concentrent en particulier sur les franges méridionales de la chaîne anatolienne, en lien avec l’exploitation de matériaux de grandes dimensions, présentant une bonne aptitude à la taille laminaire. Plusieurs pôles peuvent ainsi être signalés sur le Haut-Euphrate, dans le bassin du Khabur, dans la région du Haut-Tigre, autour de Tepe Gawra, et sur le haut Plateau iranien (Thompson et Mallowan, 1933 ; Speiser, 1935 ; Otte et Behm-Blancke 1992 ; Anderson et Inizan, 1994 ; Edens, 1999 ; Thomalsky, 2012). Le succès des débitages cananéens en Mésopotamie du nord et en domaine iranien, entre 4200 et 3700 av. J.-C., ne rencontre toutefois qu’un écho de confidence en domaine sumérien : dans le sud-mésopotamien en effet, la tradition laminaire s’inscrit sans rupture sur la lancée de Samarra et de l’Obeid et s’exprime à travers l’obtention de lames légères, détachées par pression debout et dont les propriétés de régularité facilitent la conformation des supports bruts en outils pour la moisson des céréales (fig. 2).
24Tout au long du IVe millénaire, leur consensus n’est d’ailleurs jamais remis en question dans les régions situées en bordure immédiate du Golfe persique. Il s’étend même au-delà de la Diyala entre 3700 et 3500 av. J-C, accompagnant l’expansion vers le nord de la culture d’Uruk. À cette occasion, le bassin du Haut-Tigre semble tout entier basculer dans le système urukéen : au cours de la phase 3 des temps proto-urbains, les lames régulières obtenues par pression debout se substituent alors presque totalement aux supports cananéens, comme l’illustrent les données provenant du grand sondage stratigraphique réalisé au début des années 1930 sur le site de Ninive (Campbell-Thompson et Mallowan, ibid.).
25Ce basculement n’est toutefois que de courte durée : dès la période suivante, une stabilité techno-économique s’impose dans l’ensemble de la « ceinture des contacts » qui sanctionne les limites de la diffusion du modèle culturel urukéen, du plateau anatolien jusqu’au piémont des Zagros (Butterlin, 1999). Ce dernier porte pourtant en lui de profondes mutations sociales (structures proto-étatiques, développement des premiers outils de gestion et d’administration, naissance de l’écriture, etc.) dont s’accommodent parfaitement les sociétés de la grande « culture-monde » proto-urbaine de Mésopotamie du nord. D’un point de vue technique pourtant, la frontière qui sépare ces deux traditions n’évolue qu’à la marge jusqu’à la fin du IVe millénaire, suivant en cela les respirations des phénomènes économiques plus vastes qui affectent le Moyen-Orient au Chalcolithique final (Butterlin, 2003).
26Seul le délitement de la communauté culturelle urukéenne à la fin de la période de Jemdet Nasr entraîne une modification profonde des équilibres forgés au cours des siècles précédents (Butterlin, 2010). Au début du IIIe millénaire, la diffusion à une très vaste échelle des productions cananéennes en Mésopotamie centrale et au Levant nord entérine alors de nouvelles solutions d’équilibre, dans la continuité des reconfigurations sociopolitiques établies entre Tigre et Euphrate au cours du plein développement des « Cités-États » de la période des Dynasties archaïques au sud, et dans la dynamique culturelle de Ninive 5 au nord (Crowfoot-Payne, 1960 ; Chabot et Eid, 2003 ; Coqueugniot, 2006).
27Nous venons de le voir : du point de vue des industries lithiques, les régions de Mésopotamie du nord semblent se comporter, tout au long du IVe millénaire, comme des marges créatrices, soutenant d’importantes innovations techniques dont la mise en œuvre fait l’objet d’un large consensus et, partant, de circulations à plus ou moins longue distance. La frontière que ces solutions expriment avec le monde urukéen témoigne donc d’une forme de marginalité consciente qui se démarque nettement de celle de la périphérie, forgée depuis le centre et qui apparaît plus subie que construite. Dans ce contexte, ces interfaces régionales se révèlent finalement des espaces stimulants dont les mécanismes originaux puisent substantiellement dans des mouvements de vaste ampleur liés aux échanges.
28D’un point de vue socioculturel toutefois, la situation apparaît plus indécise. Les espaces des franges méridionales de l’Anatolie témoignent en effet de mouvements d’intégration différenciés qui s’établissent tous cependant dans l’orbite du système-monde urukéen. P. Butterlin a parfaitement démontré le statut particulier de certaines régions comme la Haute-Djézireh syrienne et la vallée de l’Euphrate où le développement d’un modèle proto-urbain s’inscrit dans un processus de longue durée et résulte d’importants mouvements d’hybridation (Butterlin, ibid.). En cela, ces régions se distinguent d’autres centres moins dynamiques sans doute comme le Haut-Tigre où l’on assiste, dès la première moitié du IVe millénaire, à des phénomènes de substitution presque complète des assemblages.
29Cette réalité n’est pas indifférente car elle nous renvoie au statut même de ces frontières et de leurs habitants. Dans une perspective géographique, mais également anthropologique, leur position « excentrée » par rapport à un pôle dominant soulève avec insistance le problème du positionnement sociologique des gens de la marge et des diverses formes que peut revêtir leur marginalité (Prost, 2004). À cet égard, il est évident que les communautés de Mésopotamie du nord ont diversement tenté d’apprivoiser et d’épuiser leur singularité sociale, une fois l’influence sumérienne assumée et assimilée.
Conclusion et perspectives
30Nous voilà parvenus très loin de la définition classique de la frontière : dans l’œil de l’archéologue pourtant, elle exprime encore bien souvent une ligne insensible, un non-lieu, un angle mort des peuplements. La frontière est alors un espace invisible dont l’appréciation ne peut s’opérer qu’en miroir de pôles dynamiques. À tout le mieux, renvoie-t-elle à des formes de relations asymétriques ou des rapports de pouvoir spatialisés, dans une dialectique entre centre et périphérie. La frontière se détermine alors par défaut, à travers des relations de domination ou de dépendance et toujours dans son rapport à un « contraire » avec lequel elle entretient des relations privilégiées, d’ordre économique ou politique. De ce point de vue, l’observation attentive de la « culture-monde » urukéenne témoigne du biais méthodologique introduit par une réflexion exclusivement fondée sur un schéma de type radial, établi depuis une hypothétique place centrale prise en référence : les multiples interprétations dont elle a pu faire l’objet depuis les années 1930 éclaire à cet effet l’écueil « diffusionniste » dans lequel s’abîme trop souvent les théories archéologiques, d’essence processuelle ou écologique, avec pour corollaire l’institution de la frontière comme lieu de l’absence.
31Dans la plupart des cas toutefois, sa trajectoire puise substantiellement dans des mouvements de vaste ampleur liés aux contacts et aux échanges. Ces derniers définissent des bassins économiques à l’intérieur desquels les espaces culturels apparaissent diversement « intégrés » : c’est le cas notamment du système ligérien qui semble cristalliser l’ensemble des échanges au sein des régions de France centrale au cours de certains épisodes paléohistoriques particuliers, comme le XVIe millénaire av. J.-C., qui signale l’acmé des circulations à longue distance ouvertes dès le début du Paléolithique supérieur. Dans un tel système territorial, la frontière est alors le lieu privilégié de la diffusion, du transfert et de l’innovation, impulsant et relayant d’importants flux d’objets, d’idées et d’informations sur des distances parfois considérables. Sous ce regard, les dynamiques socioéconomiques qui les soutiennent sont avant tout des réalités historiques de longue durée : les frontières qui circonscrivent ces courants sont le produit de mouvements complexes dont le faisceau structure ou, plus justement sans doute, a structuré les territoires dans le passé. Ils renvoient donc à une perception suffisamment intériorisée dans l’inconscient des groupes humains pour faire oublier leur origine lointaine.
32En cela, la frontière n’implique donc pas une distinction fondée sur une absence d’interaction mais repose au contraire sur d’importants systèmes d’échange dont le registre d’acceptation sociale connaît cependant ses propres limites. En équilibre précaire, les cultures peuvent ainsi, au gré des mouvements de participation et de résistance qu’elles ne laissent inévitablement pas d’engendrer, se contracter à l’intérieur de leurs aires de développement initiales ou outrepasser les limites sociales et géographiques de leur émergence, traduisant le succès – souvent temporaire – d’un modèle d’organisation au-delà de sa sphère originelle. Sous cet aspect, les identités apparaissent donc comme des discours en résonance avec les équilibres sociaux et non comme la concrétisation de systèmes de valeurs atemporels : leur définition peut varier sensiblement d’un ensemble à l’autre, à l’intérieur d’un cadre plus ou moins lâche dont les frontières d’autodétermination persistent toutefois.
33À la fin du Dernier Maximum Glaciaire, la dispersion des courants magdaléniens semble ainsi reposer sur un puissant mouvement de transformation sociale qui investit l’ensemble de la grande plaine nord-européenne mais n’affecte pas les sociétés épigravettiennes implantées à l’est du Rhône. Plus tardivement, sur le Haut-Tigre et en Susiane, les sociétés proto-urbaines de Mésopotamie semblent pour leur part s’accommoder très tôt du modèle urukéen, ce qui n’est pas le cas sur le Haut-Euphrate (Butterlin, ibid.), où les emprunts techniques font l’objet d’âpres négociations. De ce dernier constat découle une évidence : dans les sociétés complexes – qu’elles soient fondées sur des économies de prédation ou de production, mobiles ou sédentaires –, l’interaction ne conduit pas forcément à la liquidation des identités par changement ou acculturation ; bien au contraire, des différences sociales peuvent subsister ou s’affirmer malgré les contacts entre les groupes (Barth, 1995).
34Bien plus qu’une zone en réaction, la frontière pose donc avec acuité la question de la « fabrique » du social dans les zones de marge : qui façonne les catégories sociales au sein de ces espaces ? Et, en retour, comment les « gens de la frontière » en tant qu’acteurs, produisent-ils du territoire et apprivoisent-ils la singularité géographique et sociale ? Nous voilà finalement parvenus au terme de cet article à une nouvelle série de questionnements. La chose était d’ailleurs entendue : les quelques réflexions que nous avons essayé de développer sur les différents niveaux de frontière et leurs réalités sociologiques ne sauraient à l’évidence épuiser l’immensité du sujet et la réflexion autour de ce thème doit être poursuivie et enrichie, dans un projet « d’Histoire totale » auquel l’archéologie doit désormais pleinement prendre part.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 La notion de gisement éponyme, souvent mobilisée, vient d’ailleurs conforter ce postulat, en étayant l’idée d’assemblages culturels « purs », non modifiés, et qui ne seraient corrompus qu’à distance, relayant ainsi les schémas « diffusionnistes » et la terminologie impropre qui les accompagne.
2 La notion est entendue ici au sens de l’ensemble des terres habitées traversées par les courants magdaléniens.
3 Le terme de koinè désigne ici le contenu culturel partagé par des groupes d’origines ou de traditions différentes.
4 En cela, notre définition rejoint celle proposée par H. Inglebert pour qui une civilisation est « la partie d'une culture qui se diffuse dans des sociétés nettement différenciées et qui devient le niveau d'identification le plus large dans lequel un groupe humain peut se reconnaître » (2008, p. 14).
5 À cet effet, il convient de signaler que la faible résolution des informations que nous synthétisons entraîne bien souvent une perception très particulière de l’espace : les représentations cartographiques qui en résultent – et les simplifications qu’elles imposent – tiennent alors en grande partie à la distorsion qui existe dans notre appréhension du temps en Préhistoire (Valentin, 2008, p. 39).
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 ArScAn
Sujet de thèse : Artisanat de la pierre et productions spécialisées à l’Âge du Bronze au Proche et au Moyen-Orient : trajectoires sociales et culturelles des industries lithiques du 4e au 3e millénaire.
Directeurs de thèse : P. Butterlin
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