Chapitre 2. Redéploiements hégémoniques. Mai 1919-1924
p. 51-68
Texte intégral
"Nos ancêtres de 1790-1792 parlaient à tout propos de l’autel de la Patrie. Nous en parlons moins mais nous l’avons pratiquement instauré [...]. Rien n’y manque, ni la flamme ni la pierre sacrée ni la victime".1
"Nous [...] avons [...] deux fêtes nationales. Elles sont d’inspiration toute opposée ; la fête de Jeanne d’Arc, c’est la fête de la vieille France, la fête de la foi monarchique et du mysticisme religieux ; la fête du 14 juillet, c’est la fête de la France nouvelle, de la raison et du progrès. De ces deux fêtes, l’une est de trop. Je demande [...] qu’on concilie les contradictoires ; qu’on rétablisse le 15 août prochain la Saint-Napoléon qui sera, la fête de l’équivoque, la vraie fête du régime"2.
L’état reprend l’initiative
1En mai 1919, le ministre de l’intérieur, Jules Pams, justifie sa politique en matière d’autorisation de cortège ou d’interdit et dessine par là les lignes d’une possible jurisprudence : "Les dirigeants [de la manifestation] s’étaient, en avril, portés garants de l’ordre. Nous leur avons fait confiance car cette manifestation prenait à leurs yeux un caractère élevé, symbolique, je dirai presque mystique et que le gouvernement accordait ainsi, à sa manière un hommage au grand tribun, [avec d’autant moins d’inquiétude que] le trajet adopté ne risquait pas de poser problème". Il aurait été souhaitable qu’il puisse en être de même le premier mai. "Après la convulsion mondiale que nous venons de traverser, je pensais qu’il eût été beau que la France montrât, à un jour déterminé, qu’elle pouvait, après l’épreuve tragique, au lendemain de la victoire, reprendre dans l’ordre et dans le calme le jeu normal de ses libertés". Mais si les cortèges de province furent conformes à ces voeux, il n’en fut pas de même à Paris où le 1er mai, préparé sans négociation avec les pouvoirs publics, "paraissait organisé un peu contre la majorité du parti socialiste"3. Théodore Steeg revient en 1920 sur cette question en termes identiques à propos d’une manifestation d’anciens combattants frappée d’interdiction par le maire socialiste de Brest : "Une manifestation dont le caractère n’est ni politique ni confessionnel, […] ne peut ni ne doit provoquer ni protestation, ni polémique, ni division. Il ne peut être ici question de manifestation mais d’un acte entre tous propre à réaliser l’union la plus étroite de tous les cultes, de toutes les doctrines où se sont recueillies l’espérance et la douleur humaine. [Un acte qui s’apparente] au culte des morts"4. Deux catégories de manifestations sont donc implicitement définies. Les unes, minoritaires et non négociées, ne sauraient jouir de la moindre tolérance. Les autres, sans être nécessairement unanimistes, permettent, du moins, à la France de s’identifier à ses idéaux. Elles doivent à leur caractère majoritaire et à la maîtrise qu’en ont des forces tenues pour majeures et responsables de pouvoir être, pour elles, autorisées.
Les célébrations de la victoire
2Dès la paix signée, le gouvernement s’érige pour l’organisateur entre tous des démonstrations de la seconde espèce. L’État et les communes procèdent aux célébrations de la victoire puis à l’anniversaire de l’armistice : des retraites aux flambeaux et revues s’organisent dans la France entière (Paris excepté) du 26 au 29 juin sur le modèle de l’avant-guerre. Le 14 juillet prend leur suite, subsume la fête nationale en une fête de la Victoire et revêt un tour particulièrement solennel à Paris : les autorités municipales invitent les troupes à entrer dans la capitale selon le cérémonial établi, en 1807, pour le retour d’Iéna de la garde impériale victorieuse. Elles défilent, le 13, sur l’itinéraire emprunté en 1871 par l’armée ennemie, de la porte Maillot à l’Étoile, en une manière de cérémonie expiatoire puis se déploient jusqu’à la République ; c’est ensuite la veillée funèbre, et, le lendemain, devant un million de spectateurs selon la grande presse, le défilé sur "la voie triomphale" devant une foule "animée d’une âme unique"5. En tête, des mutilés puis deux simples soldats escortant un capitaine, Joffre et Foch, à cheval, les troupes alliées dans l’ordre alphabétique et l’armée française fermant la marche. Cette symbolique nouvelle permet à la droite de s’approprier sans réserve une fête nationale à la date longtemps décriée6. Ces cérémonies, suivies par l’anniversaire de la bataille de la Marne puis par les 1er et 11 novembre7, sont autant de "consécrations de l’union sacrée"8. Célébrées conjointement par l’Église et l’État.
Les commémorations nationales.
3A partir de 1920, le Bloc national tente de conforter sa victoire en "prenant une possession rapide et concentrée des espaces et du temps"9 pour asseoir son hégémonie nouvelle. Dans ce cadre, il confère une dimension majeure à la rue. Le 14 juillet 1919, le gouvernement Clemenceau avait surimposé les symboliques républicaine et patriotique en instituant, entre elles, un rapport d’équivalence et de réversibilité. Le Bloc national aspire à résorber la première dans la seconde sans réversibilité possible. Dès 1920, il prive la fête nationale de son faste précédent et lui restitue "sa physionomie d’avant guerre"10. En avril 1921, il célèbre le centenaire de la mort de Napoléon11 En revanche, il renonce à commémorer le cinquantenaire de la République, le 4 septembre 1920, et prétend célébrer conjointement cet anniversaire et celui de l’armistice. En procédant alors à ce "glissement sémantique"12 qu’est l’inhumation du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe quand le choix du 14 juillet était aussi bien concevable, il assoit la prééminence du 11 novembre. Les recouvrements symboliques alors opérés permettent en effet à cette date anniversaire de désormais résumer ces multiples facettes d’un même Etat que sont la République, la Nation et la Patrie. Elle demeure, jusqu’en 1935, l’élément central du nouveau dispositif commémoratif.
4Les lois du 10 juillet 1920 et du 24 octobre 1922 élevant, respectivement, la fête de Jeanne d’Arc et ce 11 novembre à la dignité de fêtes nationales parachèvent momentanément la redéfinition du système identitaire. Elles privent le 14 juillet de son unicité, confèrent à la Patrie la place centrale autrefois dévolue à la République et pérennisent, par là, l’union sacrée, cette modalité nouvelle de l’hégémonie. Ces initiatives destinées à renouveler les termes du consensus élaboré en 1880 doivent aux liens les unissant à l’histoire prérévolutionnaire et au culte des morts de permettre la participation conjointe de l’Église et de l’État. Elles favorisent des rapprochements, parfois perceptibles jusque dans des manifestations strictement religieuses13. Elles sont l’occasion de nombreux cortèges officiels qui, tous, privilégient l’armée, cette expression organique des masses. Les autorités assistent, le 14 juillet, à la revue et s’associent aux anciens combattants le 11 novembre. De façon moins systématique, elles président, en mai, à des prises d’armes ; devant des foules spectatrices qui ne prennent la suite des cortèges qu’à la condition de se réduire à un agrégat d’individus seuls habilités à s’incliner, dans leur insularité même, sur les tombes ou devant les statues. Elles trouvent, après des délais, leurs relais monumentaux dans la construction de monuments aux morts et de (plus rares) effigies de Jeanne d’Arc14. Certaines sont relayées par des sociétés civiques et patriotiques15 et, toujours, par les anciens combattants16. Leurs cortèges inscrits dans la conformité des rites initiés par l’Etat ne relèvent pas de la présente recherche. Les réactions hostiles qu’ils suscitent confèrent toutefois à l’espace/temps des commémorations ou des célébrations nationales un caractère éminemment conflictuel imposant parfois leur examen17
Les réponses partisanes
5Cette intense activité commémorative ressuscite de vieux démons. Elle réactive des pratiques commémoratives en passe de devenir routinières, contribue à une évidente banalisation des usages de la rue et restitue à cette dernière une dimension potentiellement conflictuelle.
Les soutiens du bloc national
6La droite doit aux liens privilégiés l’unissant au Prince ou à l’Eglise d’adhérer au système identitaire de celle-ci quand celui-là la combat et d’afficher son adéquation à la commémoration nationale quand, au contraire, il prend appui sur elle. Cette adéquation ne signifie pas une totale fusion. Les catholiques et l’Action française ont ainsi renoué, nous l’avons vu, avec la fête de Jeanne d’Arc sans attendre la loi de juillet 1920. Qu’elle devienne fête nationale n’oblitère pas totalement son caractère partisan. Certaines villes de province persistent à organiser, tout au long des aimées vingt, des cortèges débordant le cadre convenu des cérémonies officielles. Ils sont le fait majeur des sociétés catholiques au premier rang desquelles les gymnastes "brillants par leur tenue impeccable"18 mais associent, ici, les sociétés laïques19, ailleurs des sociétés patriotiques20 ou, ailleurs encore, des comités ad hoc21 réunissant, à Lille, par exemple en 1930, 35 sociétés. Ils peuvent revêtir un caractère festif22 ou emprunter au 11 novembre son cérémonial23. Même phénomène à Paris où les catholiques et l’Action Française maintiennent leurs cortèges respectifs. Suffisamment marqués pour qu’une partie des autorités estime, dès 1921, nécessaire de se retirer après la cérémonie officielle pour n’y point assister24. Celles des forces de droite qui ont refusé le ralliement célèbrent, en sus, en comités restreints et en ordre dispersé, la mort de Louis XVI, la naissance de Napoléon puis, après guerre, l’assassinat de Marius Plateau (que l’Action Française tient pour symétrique de celui de Jaurès). Des catholiques ripostent, encore, au cortège au Mur en commémorant confidentiellement, chaque aimée, le massacre des otages de la rue Haxo.
7Les catholiques récusent l’idée qu’il puisse exister un espace interdit aux processions. Pour des raisons susceptibles de devenir politiques mais inscrites, fondamentalement, dans l’ordre du religieux. "S’en tenir à des cortèges intérieurs, écrit Y von Travouez, [c’est] capituler, admettre l’existence d’un espace non religieux, soustrait à l’empire de l’Église, c’est-à-dire une chose inconcevable dans la perception traditionnelle de l’institution paroissiale. La croix dans la rue est la proclamation solennelle des droits de Dieu et donc de l’Église sur toutes les activités humaines"25. Ils misent, à partir de 1920, sur le recul de l’anticléricalisme et sur le nouveau rapport des forces politiques pour reconquérir tout ou partie du terrain perdu avant guerre. Ils procèdent à des réappropriations symboliques d’espaces qui soulignaient, tout aussi symboliquement, leur défaite ; en transférant, à Dijon par exemple, la statue de Bossuet place Émile-Zola... sise au chevet de l’église Saint-Jean26. Ils s’attachent, plus généralement, à renouer avec "les grandioses manifestations d’autrefois"27 et, convaincus "qu’il suffit d’avoir l’esprit d’initiative et la volonté pour reconquérir la liberté fondamentale d’organiser des processions"28, réinvestissent les espaces autrefois maîtrisés29 et tentent, ailleurs, de faire reculer les interdits. Ils obtiennent de certains conseils municipaux l’autorisation de processions longtemps proscrites30, invoquent le soutien de commerçants et d’industriels pour peser sur ceux demeurés circonspects31 et n’hésitent pas à passer outre aux refus opposés par d’autres à leur démarche32. La croissance du nombre d’arrêts du Conseil d’Etat relatifs aux interdictions de processions atteste la mobilisation simultanée des armes juridiques rodées dans l’avant-guerre.
Les usages minoritaires de la rue. mai 1919-avril 1920
8Les organisations nées de la guerre et les groupes qui doivent à leur nature socio-politique d’inscrire leur action hors du champ des pratiques politiques dominantes persistent à privilégier la rue sans tenir compte des redéploiements de l’État. Leurs manifestations ne sont qu’exceptionnellement des appendices d’actions d’autre nature. Elles doivent à la quasi-disparition des manifestations majoritaires après le 1er mai 1919 de ne plus pouvoir les investir et acquièrent dès lors une autonomie ayant pour contrepartie leur caractère éclaté.
9La plupart ont la démobilisation pour thème. Des "agitateurs français bolchevistes" avaient, en janvier 1919, tenté de se greffer sur une manifestation de soldats britanniques à Rouen pour aboutir à l’amorce d’un rassemblement à Oissel33. Les marins et soldats (à l’occasion soutenus par les coloniaux) multiplient, avant même la signature de la paix et jusqu’au 1er juillet 1919, de semblables démonstrations pour condamner parfois l’intervention en Russie mais plus généralement pour protester contre les lenteurs ou les formes de la démobilisation. Ces démonstrations dont les comptes-rendus sont vigoureusement traquées par la censure, affectent les ports de Toulon34 Brest35, Cherbourg36 et les garnisons de Châlons37 et Toulouse38. A Brest, les manifestants dépassent rarement la centaine. Us défilent, "escortés par des groupes de jeunes désirant faire du tapage et par des filles de mauvaise vie", derrière "une loque rouge attachée à un bâton et une lanterne vénitienne de même couleur". A Cherbourg, ils se rendent devant le monument aux morts, s’y inclinent mais refusent de chanter La Marseillaise réclamée par d’aucuns. Partout retentit, par contre, L’Internationale. Des incidents violents secouent Brest par deux fois. Les portes des casernes sont enfoncées à Cherbourg où l’on songe à se porter devant la prison maritime pour libérer les détenus39. Une dernière manifestation de ce type se produit, en avril 1920, à Saint-Pierre-des-Corps où le maire (socialiste) prend la tête du cortège de soldats40. Certaines manifestations syndicales intègrent de semblables exigences ; en banlieue parisienne, pendant la grève des métallurgistes, et à Brest, en particulier. Le 31 mai, plusieurs centaines de dockers manifestent là contre l’arrestation de militants convaincus d’avoir distribué des brochures anarchistes. Ils récidivent le 29 juin, pour la démobilisation. Drapeau noir cravaté de rouge en tête, aux accents de L’Internationale, de La Carmagnole, du 17e et aux cris de "Clemenceau à Charenton" et "les poilus à la maison"41. A Reims 500 manifestants réunis par l’union des syndicats se dirigent vers la sous-préfecture en clamant, hautement, sur l’air de L’Internationale, que leurs "balles seront pour Foch, Joffre, Clemenceau". Avant de se disperser aux cris de "vive la grève générale, vive la révolution"42. Ces mêmes exigences s’expriment encore dans de timides tentatives de contre-manifestations sur le passage des cortèges de la Victoire ou le 14 juillet 1919, à Brest43 ou Paris-, à l’initiative de la Fédération des mutilés. Elles s’expriment enfin le 1er mai 1920 dans la capitale44. Ces manifestations sont les seules où s’expriment encore des aspirations pacifistes (sensiblement différentes de celles des wilsoniens). Elles n’amalgament plus les organisations constitutives du mouvement ouvrier, émanent de syndicats catégoriels ou de groupes concernés dans leur chair ou leur existence par la guerre et ne peuvent plus prétendre à l’universalité.
10Certaines manifestations échappent à cet ensemble en conservant une place centrale à la rue. Il s’agit de celle en faveur du droit de vote des femmes organisée le 6 juillet par la Ligue française pour les droits de la femme, de la place Clichy à la statue de Marie Deresme, square des Epinettes, et deux autres rapportées à quelques jours d’intervalle par le seul Libertaire, dans le clair dessein de les exemplariser. Des "travailleurs" mobilisés fin août 1919, à Brest, contre des commerçants tenus pour spéculateurs ont amené les détaillants à baisser les prix de 50 % "au seul vu des pancartes agrémentées de potences et portant "sus aux mercantis", rapporte ce journal45. Il réitère, quatre jours plus tard, sous la plume d’Auguste Herclet, dirigeant alors une grève du textile en Isère : "Les usines s’arrêtent sans mot d’ordre. Nous préconisons l’action directe. Une manifestation monstre [s’organise] pour sortir des douzaines de renégats qui travaillaient. Les portails de deux usines sont enfoncés, la manifestation pénètre dans l’usine, les patrons et directeurs avaient disparu. Nous étions maîtres des ateliers. A la deuxième usine, arrivée des gendarmes qui ne parviennent pas à arracher les drapeaux rouges ni à disperser la manifestation qui fait le tour de ville"46. De nouvelles manifestations de même nature se produisent en juin 1919 à Paris47. Qualifiées "d’action directe", en un sens qui n’est plus exactement celui de Pouget ou de Griffuelhes, elles s’inscrivent toutes dans un rapport d’immédiateté (spatio-temporel) avec leur cible, usent de la violence pour obtenir satisfaction immédiate ou en expriment l’intention. A l’instar des manifestations de soldats analysées plus haut. On peut leur adjoindre ces démonstrations violentes, à Brest où se poursuit la grève des métallurgistes et des arsenaux : les militants qui se livrent, depuis le 8 octobre, au débauchage sont, le 12, arrêtés par le 19e d’infanterie, vainement invité à mettre crosse en l’air. Ils forcent alors les barrages. Les soldats ripostent aux jets de pierres par des coups de crosse : on relève des blessés48. Au total, 18 manifestations catégorielles ayant pour objet l’intimidation physique des non-grévistes, des employeurs49, des journaux locaux50 ou plus rarement des autorités. D’un 1er mai à l’autre.
11Ces manifestations se concentrent dans les seuls lieux où le rapport des forces l’autorise. Le primat revient à Brest qui en abrite près de 10 %. Les ports l’emportent plus généralement avec 28 % des manifestations recensées. "C’est par la marine que les mouvements militaires avaient commencé en 1789, commente Charles Maurras. Il en a été de même pour la Russie de 1917 et l’Allemagne de 1918"51. Ces mouvements propres à nourrir les fantasmes ne dépassent, pourtant, jamais, fût-ce en intention, le cadre catégoriel. Ils ne disposent d’aucun symbole propre à les spécifier pour mieux les unifier à d’autres. De rares drapeaux noirs les distinguent, parfois, des manifestations majoritaires mais les drapeaux rouges et L’Internationale, fruits d’une histoire commune, passent indifféremment des cortèges majoritaires aux minoritaires et les innovations sont limitées : à Rouen, des cheminots défilent, en mai 1920, couteaux de bois tachés d’encre rouge entre les dents en signe de dérision52 ; à Lille, un drapeau noir et rouge orné des insignes soviétiques est arboré par d’autres cheminots lors d’un cortège d’hommage à Jaurès. Cette tentative originale de fusion symbolique des trois courants demeure un exemple unique53. Ces démonstrations ne disposent pas davantage de relais permettant d’en capitaliser ou d’en amplifier l’effet. Le 21 juillet 1919, les partisans d’une manifestation de solidarité internationale avec la Russie soviétique sont mis en minorité. En octobre, ils reviennent sur l’importance d’une telle manifestation dans la capitale du fait du retentissement particulier de ce qui s’y déroule54. Sans parvenir à se faire entendre. Et ces manifestations ne s’inscrivent, en définitive, dans aucune stratégie.
12Jean-Louis Robert a montré comment les métallurgistes parisiens organisent, en juin 1919, des manifestations repliées sur l’espace de la banlieue et dépourvues de véritable objectif55. Il en va de même pour certains de ces cortèges devenus à eux-mêmes leur propre fin. En juin, les dockers brestois vont des bas quartiers à la place Wilson puis tentent d’atteindre la Recouvrance dont les dragons barrent l’accès ; ils essaient alors de traverser la rade par bateau mais la cavalerie contrecarre leur débarquement. Ils finissent par se disperser ; "c’est dommage qu’on n’ait pas eu d’armes car les soldats ne nous auraient pas empêchés de passer", disent certains56 mais leur objectif ne paraît déterminé par rien d’autre que par l’interdiction qui leur est faite de l’atteindre. En banlieue parisienne le 1er mai 1920, les cortèges se déroulent, pareillement, sur des parcours souvent circulaires conditionnés certes par leur caractère intercommunal mais évitant de poser des problèmes de leur destination finale. Ces manifestations entretiennent des rapports indifférenciés avec l’espace et le temps. Elles se déroulent selon des parcours qui ne sont ni symboliques ni fonctionnels et paraissent dépourvus de finalités claires. Elles présentent enfin de fréquents caractères d’errance et se prolongent parfois jusqu’à des heures tardives. Il s’agit de tenir la rue mais cette dernière, de toute évidence, ne mène nulle part. Du moins pas au palais d’Hiver. Les manifestations-insurrections, quand elles méritent ce titre, ne sont en rien des manifestations insurrectionnelles. Tout juste une expression de violence assumée que l’adversaire perçoit pareillement en tenues de désordre ; non de révolution. A moins qu’il ne fantasme.
13Les forces de l’ordre sont mieux préparées pour répondre à de vastes mouvements concentrés sur Paris qu’à de pareils harcèlements. Du début 1919 à mai 1920, elles encadrent plus de la moitié des manifestations parisiennes contre moins du tiers à Brest. Le commissaire spécial réclamant, là, en septembre, une garnison d’infanterie, un corps de cavalerie et une gendarmerie ; soit 250 cavaliers, 400 fantassins, 4 gendarmes à cheval57 puis, en novembre, une police d’État. L’État répond d’abord à ces préoccupations en requérant la troupe ; ainsi lors des manifestations de soldats de Toulon et Châlons-sur-Marne, à Paris, les 1er mai 1919 et 1920, à Brest le 12 octobre et au Havre le 15 mai 1920 (avec pour solde 4 des 6 morts de la période). Mais les inconvénients du recours à la troupe lui sont connus. Aussi s’engage-t-il timidement dans la voie de réformes structurelles. Lyon (1851), Marseille (1908), Toulon et La Seyne (1918) sont, au sortir de la guerre, les seules villes dotées de polices d’État58. Une loi du 26 juin 1920 en institue une à Nice. Des projets élaborés pour la Seine-et-Oise (30 décembre 1920), Saint-Étienne (18 décembre 1921) et Brest (14 février 1922) sont abandonnés ou tardivement suivis d’effets. Strasbourg, Metz et Mulhouse seront dotées de telles polices en 1925 mais la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne, seulement dix années plus tard. La loi du 22 juillet 1921 institue enfin les pelotons mobiles de gendarmerie aux fins d’éviter l’usage des troupes de ligne.
14Ces manifestations constituent l’exception, non la règle. Elles disparaissent en tout état de cause fin octobre 1919 (n’était une timide réémergence en mai 1920).
Les organisations ouvrières majoritaires
15Les organisations ouvrières majoritaires sont à double titre réduites à la défensive. Les dirigeants socialistes et confédéraux se sont interdit d’incriminer publiquement les minoritaires après le 1er mai. Ils n’en émettent pas moins, implicitement ou en privé, réserves, critiques ou condamnations. "[Les organisations ouvrières] comprennent combien leurs responsabilités seraient lourdes si, lançant dans la rue des manifestations inconsidérées dont elles ne seraient pas sûres, elles apportaient à leur cause même les pires dommages et les pires préjudices", déclare, à la Chambre des députés, Marcel Cachin, en s’abritant derrière un conditionnel pour prendre d’évidentes distances vis-à-vis de pratiques susceptibles d’hypothéquer les usages de la rue défendus par son parti59. Et Merrheim, plus directement, le 2 mai : "Des manifestants qui prennent des coups et se sauvent éperdus devant quelques agents qui tapent à leur aise, non cela n’a rien à voir avec la révolution et je n’accepte pas d’entraîner dans cette voie nos organisations"60. Ces organisations s’inquiètent tout autant des manifestations d’union nationale alors organisées61. Elles envisagent, un temps, de contre-manifester le 18 mai afin d’amener le gouvernement à interdire la fête de Jeanne d’Arc puis, conscientes de la difficulté de "mobiliser contre Jeanne d’Arc", renoncent à leur projet. Même réaction quand la Fédération des mutilés sollicite leurs concours pour contre-manifester le 14 juillet sur les Boulevards : "Je ne crois pas en l’organisation d’une manifestation ouvrière et socialiste en ce jour, déclare Perrot (non sans lucidité). Il ne faut pas heurter la foule de front et vous savez que ce jour-là, elle ne sera pas pour nous ; même si votre manifestation ne revêtait pas un caractère violent, elle n’aurait guère de chances de succès et paraîtrait bien mince à coté de la manifestation nationale : nous paraîtrions bien faibles aux yeux du gouvernement qui, lui, n’aurait convoqué personne pour se rendre sur les boulevards ; ce serait un échec qui ne servirait qu’à diminuer notre autorité morale"62. Les organisations syndicales et socialistes souscrivent au propos et se prononcent explicitement contre toute réunion ou cortège en suggérant de répliquer à une autre occasion ; lors de l’anniversaire de la mort de Jaurès par exemple ; avec un phénomène de repli symbolique relayé par des replis spatiaux.
16Que le nationalisme mobilise comme jamais dans la rue quand le pacifisme a cessé d’y pouvoir prétendre est l’indice d’une hégémonie portant en elle, avant l’heure, les résultats électoraux de novembre 1919. L’Humanite riposte, du reste, en opérant un curieux retournement défensif. En désignant dans ses colonnes les masses ainsi rassemblées en termes de "foule", non plus de "peuple" : "j’ai reconnu la foule aujourd’hui, écrit Georges Chennevières en usant de poncifs empruntés à d’autres. Ce n’est pas celle qui prit la Bastille, […] ce n’est pas celle qui suivit religieusement le cercueil de Zola et de Jaurès, ce n’est pas non plus celle qui, à la mort de Ferrer, apporta jusque sous les balcons de l’ambassade d’Espagne la grave clameur de sa protestation. Ce n’est même pas celle qui, le 2 août, se rua à la mort, les yeux fermés ; c’est la foule brute, élémentaire, celle qui ne change pas, qui accompagne César et Boulanger, [...] lynche les nègres et menace les juifs [...]. Celle qui crache sur Jésus, conduit Jean Huss au bûcher et Danton à la guillotine, celle qui se prostitue depuis des siècles à tous les tyrans, à toutes les idéologies. [Il faut] prendre garde, c’est la foule qui détient la guerre en elle"63. Non sans la suspecter de conservatisme et de réaction. Quand d’autres l’accusaient, il y a peu, d’allumer ses brandons aux feux embrasant l’Est pour mieux propager l’incendie.
Les redéfinitions se précisent à l’approche des échéances électorales.
17La SFIO avait, avant mai, tenté d’instituer la manifestation en instrument de renforcement du système démocratique et parlementaire. Elle l’écarte désonnais pour le meilleur profit (supposé) de celui-là même. Sans formuler explicitement ce retournement. Ira fédération de la Seine de l’ARAC appelle, pareillement, à "rester chez soi" le 11 novembre afin de ne pas "donner à Clemenceau l’occasion de l’épreuve de force ou de la "journée" qu’il cherche pour influencer les décisions que le pays doit prendre le 16 novembre", date des élections. Elle fait, par-là, de la "non-manifestation" une forme de la manifestation64 ; avec ce qu’une telle tactique révèle toujours du rapport des forces. L’union des syndicats de la Seine, favorable aux manifestations jusqu’au 1er mai 1919, prend argument de cette même conjoncture pour en repousser désormais le principe ; à partir de présupposés différents témoignant d’une distance grandissante entre organisations animées de pratiques distinctes mais que la manifestation de rue avait précisément amalgamées jusqu’alors : "Si vous organisez une manifestation en ce moment, vous pouvez être certains qu’elle se transformera en une manifestation électorale et qu’elle ne servira qu’à apporter des électeurs à quelque politicien", déclare, en octobre, Perrot65. A l’encontre, le mouvement syndical réaffirme la puissance de cette arme majeure qu’est, pour lui, la grève. D’autant plus fortement qu’elle connaît, à partir de juin, une recrudescence : "Les démonstrations dans la rue ont pu avoir une certaine valeur en tant qu’actions d’intimidation, déclare Dubreuilh, secrétaire de l’union des syndicats de la Seine, en octobre 1919. La seule arme contre laquelle tous les pouvoirs publics sont impuissants réside dans la cessation du travail. Faire pénétrer cette idée dans les masses ouvrières, tel est le rôle du militant. Et lorsque les travailleurs comprendront qu’un arrêt total du travail amènera, le jour où ils le désireront, la révolution, cela vaudra beaucoup mieux que de les inciter à aller se faire tuer dans des manifestations inefficaces66". Les manifestations politiques, majoritaires avant le 1er mai 1919, deviennent, en conséquence, minoritaires de cette date au suivant (de 57 % à 20 %). Pour se réduire, fin 1919, à des cortèges rituels ou aux appendices de meetings ; Plus exceptionnellement, à des contre-manifestations. Les manifestations syndicales, plus nombreuses, s’inscrivent, pour 66 %, dans le cours des grèves, d’un 1er mai à l’autre, et s’y subordonnent en dormant lieu à des pratiques relevant de la "coutume ouvrière". En mai, elles sont les appendice des meetings accompagnant les grèves ou le moyen de donner de l’éclat à la fin d’un conflit ou à l’inauguration de locaux . A partir de juin, elles changent de caractère à l’instigation des métallurgistes67 et dockers68. Passée la mi-juin, elles retrouvent un tour plus traditionnel et traduisent, début septembre, un regain de violence. Sous l’effet des pratiques minoritaires précédemment évoquées.
18A partir de 1920, force est de réagir à l’offensive commémorative consécutive au retour à la normale. Radicaux, socialistes et communistes récusent la fête de Jeanne d’Arc, la commémoration de Napoléon, jugent impropre la date choisie pour célébrer l’anniversaire de la République mais réagissent de façon plus diversifiée s’agissant du 14 juillet. Avant guerre, la fête nationale avait suscité le rejet d’une certaine droite et l’abstention dominante du mouvement ouvrier. Elle doit au glissement sémantique de 1919 de devenir assimilable par celle-là et inspire, du même fait, une répulsion accrue aux pacifistes et aux antimilitaristes. Mais la relégation relative que lui inflige le Bloc national incite, simultanément, les forces de gauche à réévaluer cette expression s’il en est de la grande Révolution. L’Humanite qui critiquait violemment la fête nationale en 1919 s’érige, un an plus tard, en garant du sens, sous la plume d’Albert Mathiez69. Cette réévaluation sera de courte durée. Du moins la polysémie grandissante du 14 juillet explique-t-elle le refus des forces partisanes de clairement se situer vis-à-vis de la fête nationale. Jusqu’en 1935, elles laissent leurs organisations locales maîtresses d’un choix70 qui va du rejet à l’appropriation71 en passant par le détournement. Du moins excluent-elles la contre-manifestation frontale, du moins, presque toujours72. Le mouvement syndical participe parfois à des cérémonies spécifiques73, procède d’autres fois au réemploi de la journée instituée en point fort d’une action revendicative de longue durée supposant une mobilisation large de la population74. Mais le plus souvent, il demeure à l’écart. Les approches du 11 novembre sont plus complexes encore. La commémoration de l’armistice se distingue des fêtes nationales qui, chacune, expriment l’une ou l’autre des "deux France"75. Elle renvoie à une expérience commune et unifiante de la mort dont les anciens combattants peuvent unanimement se réclamer. Cette commémoration qui n’est récusée par personne dans son principe est, du même fait, la seule dont chacun peut se vouloir le légitime acteur et le tenant du sens. En manifestant, quand nécessaire, des désaccords avec les modalités de la commémoration officielle, son sens, ou telle orientation gouvernementale ; dans le cadre des rites convenus, alors investis ou détournés. De fait, la plupart des cortèges de l’ARAC ou de la FOP se conforment à la norme. Ils rassemblent les seuls anciens combattants, s’inscrivent dans les parcours consacrés mais s’en distinguent par les inscriptions antimilitaristes de gerbes dédiées par "les résidus de la grande guerre aux victimes des chacals capitalistes"76 ou par leurs chants révolutionnaires. Les rares contre-manifestations organisées, ce jour, sont provoquées par l’inauguration simultanée de monuments aux morts qui privent le rapport à la guerre et à la mort de sa polysémie en affichant trop ostensiblement un sens récusé par d’aucuns. En contraignant à l’opposition ouverte77.
19En ces diverses circonstances, des municipalités ouvrières prennent fait et cause. Certaines refusent d’organiser les cérémonies officielles et altèrent les rites convenus pour leur substituer à leur tour une démarche partisane78. A moins qu’elles ne leur adjoignent des manifestations stricto sensu79. Inversement, d’autres confèrent un caractère officiel à des cortèges partisans80 dont leurs élus prennent ostensiblement la tête ; le 1er mai en particulier. Ces entorses à la norme sont une des voies choisies pour afficher une culture de bastion que ces municipalités font primer sur la culture nationale, contre toute règle. En réponse, certaines suscitent la riposte des tenants de la légitimité bafouée, l’UNC en premier lieu. Celle-ci prend la suite de cortèges dont elle conteste la forme et parfois contre-manifeste, ainsi lors de l’inauguration du monument antimilitariste de Levallois-Perret. Ces écarts à la norme valent à certains maires d’être suspendus ou révoqués81
20Simultanément, les adversaires du Bloc national réactivent leurs propres systèmes identitaires. Le parti radical, la Ligue des droits de l’homme, la Libre Pensée ou la Ligue de l’enseignement qui s’identifiaient au régime et à sa symbolique n’ont, longtemps, pas ressenti la nécessité de traditions spécifiques exprimant nationalement leur identité. Ils ont toutefois pris localement en charge la célébration de certaines victimes de la lutte contre l’infâme ou contre la tyrannie82. Ces cérémonies, parfois "tombées en désuétude [doivent aux] provocations cléricales"83 de l’immédiat après-guerre d’être réactivées. Avec le fréquent concours de la SFI084 Ces organisations persistent à s’identifier aux institutions républicaines et fêtent, à ce titre, telle victoire électorale85 ou Jules Ferry, père fondateur s’il en est de la République et de ses valeurs. Elles se substituent, également, à l’Etat quand elles estiment qu’il manque à sa mission. Le 4 septembre 192086, par exemple (ou en 1931, lorsqu’il s’agira de célébrer le cinquantenaire de l’Ecole publique, cette quintessence de la République). Les cortèges concurrents des cérémonies officielles organisées aux mêmes fins s’inscrivent dans le temps commémoratif de la République, de ses luttes ou de ses conquêtes mais se déroulent presque toujours87 dans les fiefs socialistes et communistes ou dans ceux de leurs alliés88. Ils relèvent de la responsabilité directe de certaines organisations89 ou de celle de municipalités associant, alors, largement les mouvements laïques et républicains, les enfants des écoles et, plus occasionnellement, les partis et syndicats ouvriers90. Au prix de différences parfois affichées. L’UD CGT décide ainsi de prendre part au défilé de la municipalité de Bordeaux le 4 septembre 1920 mais tient à se démarquer publiquement des "républicains au service du capital"91.
21Le mouvement ouvrier renoue pareillement avec ses traditions identitaires interrompues par la guerre et leur en adjoint de nouvelles, abordées plus loin. Enfin, bien que l’Église ait, depuis longtemps, perdu, nationalement, la bataille politique, la maîtrise du temps des fêtes religieuses et traditionnelles demeure source d’enjeux. La Toussaint est fréquemment appropriée par les anciens combattants amenés à donner, parfois, un tour politique à leur démarche92. Pâques, Assomption, Mi-Carême, Carnaval ou des retraites sont, plus exceptionnellement, l’occasion de contre-manifestations, d’investissements parodiques93 ou simplement de festivités parallèles à la faveur du temps qu’elles libèrent94. Il en va de même pour ces fêtes patronales telles la Sainte-Catherine, la Sainte-Barbe ou celles de nombreux saints locaux. Noël constitue également l’occasion de manifestations tenant à se situer explicitement par rapport à lui95.
Conclusion
22La maîtrise du terrain symbolique par l’État et sa capacité à maintenir l’ordre témoignent des limites de la crise de 1919-1920 et de la force conservée, voire accrue, du régime. Elles contraignent les forces à l’initiative des démonstrations de l’après-guerre à des réadaptations. Les célébrations puis les commémorations inspirées ou organisées par le pouvoir à partir de juin 1919 privent de leur sens les manifestations d’union patriotique et les écartent du devant de la scène, dans la capitale à tout le moins. Sa politique de fermeté anéantit, alors même, l’idée de manifestations-pétitions conformes aux vœux de la SFIO. Elle conduit à leur disparition momentanée au plan national comme à celle des plaidoyers en sa faveur96. Le "retour à la normale" prive ainsi les manifestations de rue du caractère intégrateur auquel elles ont prétendu et qu’exprimaient l’amalgame des organisateurs et l’intégration tendancielles des fonctions et des rites. Il les réduit à n’être plus que des pratiques culturelles éclatées parce qu’inscrites dans un champ politique demeuré dominant. Mais les points ainsi marqués par l’État sont lourds d’effets potentiellement pervers. Le passage de LA fête aux fêtes nationales et la multiplication de systèmes partisans, concurrentiels, contribuent à l’éclatement d’un miroir où la nation a quelque peine à se retrouver une et indivisible. Il favorise la survivance de nombreuses traditions locales et organisationnelles mais révèle l’existence d’une crise identitaire ; susceptible de devenir hégémonique dès lors qu’elle n’épargne pas l’État.
Notes de bas de page
1 L’Illustration, 1er décembre 1929.
2 L’Humanite, 26 avril 1921, Albert Mathiez.
3 JO, debats parlementaires. Chambre des deputes, 6 mai 1919, p. 2208 sq. Le ministre de l’intérieur qui répond, là, à une interpellation socialiste nourrit une évidente intention polémique. La direction confédérale est assurément visée.
4 JO, debats parlementaires, Chambre des deputes, 5 mars 1920, p. 474 sq.
5 Léon Groc, La Voie triomphale, collection Patrie, 1920.
6 L’Action Française, 17 janvier 1934 : "Avez-vous vu le jour inoubliable de l’armistice la mer humaine qui emplissait les larges avenues de la capitale ? Un peuple immense et si pressé qu’il ne semblait former qu’un seul corps progressait en raison de sa densité si lentement qu’il semblait immobile. Toutes les voix se fondaient en un chant révolutionnaire qui, chanté jadis en de mauvais jours, jaillissait comme purifié par tant de sacrifices".
7 Antoine Prost, Les Anciens Combattants et la societe française, 1914-1939, PFNSP, 1977, t. 3, p. 52 et sq.
8 L’Action Française, 8 septembre 1919.
9 Maurice Agulhon, Marianne au pouvoir, Flammarion, 1989.
10 Le Matin, 15 juillet 1920.
11 APP Ba 409.
12 Antoine Prost, Les Anciens Combattants..., op. cit., .t.. 3, p. 36.
13 La Croix, 24 juillet 1923. Le quatrième congrès eucharistique national tenu à Paris se termine par un cortège assisté du concours des autorités militaires et de l’Hôtel de ville.
14 Ainsi à Strasbourg où l’Etat inspire l’érection d’une telle statue pour remplacer celle de Guillaume II, renversée en novembre 1918. "La population en grande partie protestante a bien compris que Jeanne d’Arc à Strasbourg était le symbole de la Patrie retrouvée" (L’Echo de Paris, 8 mai 1921).
15 Les cortèges de "sociétés civiles" disparaissent de la capitale mais perdurent en province. L’illustration accorde à ces diverses manifestations une place importante. Par exemple, 14 mai 1921 : fête de Jeanne d’Arc à Orléans ; 21 mai 1921 : fête franco-belge à Lille en présence de Millerand ; 6 août 1921 : concours de la fédération de gymnastique et sportive des patronages de France, etc.
16 Antoine Prost, Les Anciens Combattants..., op. cit., t. 3, p. 52 et sq.
17 La question de la frontière entre manifestations et commémorations est développée plus longuement dans la version dactylographiée de notre thèse, au terme de ce même chapitre.
18 AN F7 12995, Saint-Etienne, 9 mai 1921.
19 Le Populaire, 10 mai 1921.
20 L’Echo de Paris, 14 mai 1928, Toulouse et Nancy. AN F7 13306, 12 mai 1929, Toulouse. Ibid, 1930 : Toulouse, Tourcoing.
21 APP Ba 408, fête de Jeanne d’Arc, 1922 : comité des fêtes de Jeanne d’Arc à Asnières-Bois-Colombes. AN Fl CIII 1126, 16 mai 1923, Marseille, comité d’action religieuse et sociale. AN F7 13306, 1930 : Roncq, Poitiers, Lille.
22 Rouen, Orléans. L’Echo de Paris. 9 mai 1921.
23 AN Fl CIII 1126, 16 mai 1923, Marseille : dépôt de palme aux Mobiles.
24 L’Echo de Paris, 9 mai 1921.
25 Yvon Travouez, "Le rétablissement des processions sur la voie publique à Lambezellec (1932-1938)", Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 1983, n° 2, p. 164.
26 AN F7 12981, 3 juin 1921. Le transfert s’accompagne d’un cortège. Les "organisations révolutionnaires" ripostent en déposant, ce même jour, une palme à la statue de Garibaldi.
27 La Croix, 8 juin 1920.
28 APP Ba 1738, 8 juillet 1923, quatrième congrès eucharistique, quatrième séance. Intervention de Louis Guibal, député de l’Hérault.
29 L’Echo de Paris, 28 août 1922. Boulogne-sur-Mer, devant 20 000 spectateurs.
30 AN F7 12881, Le Phare, 14 mai 1921. Un arrêté préfectoral de juin 1903 interdisant les processions à Nantes est déclaré caduc par le maire en réponse à une question posée au conseil municipal le 2 mai 1920. Le préfet demande qu’on surseoie au rétablissement du fait de la grève générale qui sévit alors. La procession, rétablie à partir de 1921, se déploie sans encombre jusqu’en 1925. AN F7 12881, 12 juin 1921 et 15 août 1922 : la municipalité radicale de Dunkerque autorise les processions dans la ville pavoisée. Même phénomène à Alençon en juin 1921, Vitry-le-François en 1922.
31 AN F7 13003, 16 octobre 1923. Le maire radical de Lorient maintient en 1923 son refus et en septembre 1923, un radical-socialiste, anticlérical notoire, est élu au conseil d’arrondissement sur cette base dans un quartier modéré. AN F7 13011 : Le Petit Calaisien reproduit le 29 mai 1922 un article paru dans L’Avenir de Calais le 30 juin 1895. On peut y lire : "La suppression de ces fêtes religieuses dont on réclame partout le rétablissement était un acte à la fois anti-libéral et maladroit au point de vue des intérêts commerciaux des communes". Etc.
32 La Croix, 8 juin 1920 : une procession interdite par la municipalité républicaine de Montauban sort à 5 reprises de 1920 à 1923. Six arrestations dont un prêtre en 1920. On s’en tient ensuite à des procès verbaux. AN F7 12881, Pas-de-Calais, 7 juin 1920 : trois processions sortent simultanément dans la ville où les manifestations sont interdites depuis 25 ans. Mêmes phénomènes à Saint-Pol-sur-Mer (La Croix, 8 juin 1920 et AN F7 12881, 6 juin 1920), Saint-Malo (AN F7 12881, 18 juillet 1920), Lille (Ibidem, 25 juin 1922) et Tourcoing (Ibidem, 18 juin 1922). Etc.
33 AN F7 13273, Seine-Inférieure, 28 janvier 1919.
34 AN F7 13643, 12 juin 1919 : sur les événements du 11 juin.
35 AN F7 13639, 20 et 24 juin 1919 : sur les événements des 17, 18 et 19 juin.
36 AN F7 13362, 25 juin 1919 : sur les événements des 23 et 24 juin.
37 AN F7 13001, Marne, 2 juillet 1919.
38 L’Humanite, 5 juin 1919 et 19 juin 1919.
39 AN F7 13362, 24 juin 1919.
40 AN F7 12992, 19 juillet 1921 : sur la manifestation du 19 avril 1920.
41 AN F7 13639, sur les événements du 29 juin. Mêmes exigences, le 20 juillet 1919 à Cherbourg (AN F7 13362), à Brest, derechef, le 10 janvier 1920 (AN F7 13892) et dans divers cortèges du 1er mai 1920.
42 AN F713001, meeting de l’union des syndicats de Reims en faveur de l’amnistie et de la non-intervention en Russie, 11 février 1920.
43 AN F7 13639, sur la manifestation du 29 juin 1919.
44 APP Ba 1629, 1er mai 1920 et AN F7 13274, 1er mai 1920.
45 Le Libertaire, 31 août 1919.
46 Le Libertaire, 3 septembre 1919.
47 Jean-Louis Robert, Ouvriers et Mouvement ouvrier parisiens pendant la grande guerre et l’immediat après-guerre, op. cit., t. 7, pp. 2021-2028. John Barzman, "Entre l’émeute, la manifestation et la concertation, la "crise de la vie chère" de l’été 1919 du Havre", et Tyler Stovall, "Economie morale et militantisme ouvrier dans les luttes contre la vie chère à Paris en 1919", Le Mouvement social, janvier-mars 1995, pp. 61-84 et 85-113.
48 AN F7 13270, 5 avril 1919, Marseille, grève des employés de commerce. L’Humanite, 12, 13 et 14 octobre 1919, Brest. AN F7 13359, 9 octobre 1919, Brest.
49 L’Humanite, 13 septembre 1919, grève des garçons de café de Marseille, La Bataille,
11 novembre 1919 et APP Ba 1614, 5 novembre 1919, grève du Bon Marché à Paris.
50 AN F7 13872, grève des dockers et du bâtiment, 15 et 16 janvier.
51 L’Action Française, 14 octobre 1919.
52 AN F7 13018, 1er mai 1920 à Rouen. Le Populaire, 21 mars 1920. Même phénomène pour l’anniversaire de la Commune à Montreuil en mars 1920.
53 La Vie ouvrière, 26 juillet 1920.
54 AN F7 13015, CE de l’union des syndicats de la Seine, 29 octobre 1919.
55 Jean-Louis Robert, Ouvriers et Mouvement ouvrier..., op. cit., pp. 2021-28.
56 AN F7 13639, 30 juin 1919.
57 AN F7 12983, Finistère, 25 octobre 1919.
58 Constituées aux dates entre parenthèses.
59 JO, debats parlementaires, Chambre des deputes, 6 mai 1919, p. 2197.
60 AN F7 13576, CA de la CGT, 2 mai 1919.
61 AN F7 13357, 29 juin 1919 : le cortège du "Souvenir français" parti, le 13 juillet, de l’Eglise du collège de Pamiers pour rallier le cimetière Saint-Jean suscite la perplexité du syndicat CGT des mécaniciens. Il décide finalement de se joindre à ce "cortège d’union nationale" sans assister à l’office religieux.
62 AN F7 13015, CE de l’union des syndicats de la Seine, 9 juillet 1919.
63 L’Humanite, 15 juillet 1919.
64 L’Humanite, 10 novembre 1919, Une manifestation spécifiquement ouvrière est, par contre, organisée à Troyes le 1er novembre (AN F7 12973, 2 novembre 1919).
65 AN F7 13015, CE de l’union des syndicats de la Seine, 29 octobre 1919. La conception syndicaliste révolutionnaire rattache la manifestation aux formes "bourgeoise de la politique". Maxime Leroy, La Coutume ouvrière, Giard et Brière, 1913.
66 AN F7 13015, réunion des comités intersyndicaux de la Seine, 21 novembre 1919.
67 L’Humanite, 7 juin 1919 : Puteaux ; Le Populaire, 7 juin 1919 : Argenteuil, Puteaux-Neuilly, Ivry ; Le Populaire, 8 juin 1919 : Boulogne-Billancourt. Etc.
68 AN F7 13359, 31 mai 1919 ; AN F7 13639, 30 juin 1919.
69 Cf. texte en exergue.
70 Cf., sur ce point qui mériterait une étude systématique, Michel Hastings, Halluin la rouge, 1919-1939, PUL, 1991, p. 390, et Michel Cadé, "Traditions identitaires du mouvement ouvrier français dans le Midi rouge de la fin du XIXe siècle à nos jours", Le Mouvement social, n° 166, pp. 91-106. D’autres exemples dans l’Humanite et dans Le Populaire chaque 15 juillet.
71 Le Populaire, 19 juillet 1922. La section socialiste de Carcassonne organise son propre défilé le 14 juillet de la gare à la statue de Barbès. 15 août 1922 : au défilé de la municipalité radicale de Coursan succède celui de la section socialiste, sensiblement plus important.
72 Quelques exceptions parisiennes : l’Humanite, 14 et 15 juillet 1926, le parti communiste appelle à se rendre sur les Champs-Elysées pour siffler Primo de Rivera qui assiste à la revue du 14 juillet. Il se limite en 1928 à "des actions isolées" sur le passage des retraites aux flambeaux et tente vaguement de manifester en 1931 "contre la manifestation chauvine" dans divers arrondissements populaires ; avec de médiocres résultats.
73 AN F7 13763, Le 7ravailleur de la mer, août-septembre 1923. L’UD CGT des Bouches-du-Rhône et l’UL de Marseille participent au cortège officiel pour l’inauguration du monument aux victimes de la mer, le 14 juillet 1923.
74 AN F7 14874, Nord, grève des dockers, 14 juillet 1926 : 2 000 personnes (selon le commissaire spécial, cinq à six fois plus selon Le Peuple ou L’Humanite) manifestent pour soutenir les dockers lock-outés. Le maire socialiste propose de supprimer la revue pour éviter tout incident mais le préfet s’y oppose en arguant que "l’armée ne doit pas se cacher devant une centaine d’émeutiers". Les pancartes arborées par les manifestants appellent à la fraternisation.
75 L’Humanite, 26 avril 1921, article de G. Mathiez déjà cité.
76 L’Humanite, 12 novembre 1921. AN F7 13180, 11 novembre 1927, Pré-Saint-Gervais, "L’ARAC aux victimes des guerres impérialistes". AN F7 13041, 11 novembre 1933, Sotteville : le ruban d’une gerbe déposée par les objecteurs de conscience porte "A bas les armes" et représente un groupe de soldats en armes les mains ruisselantes de sang. Le Peuple, 12 novembre 1933, gerbe de l’UD CGT de la Drôme : "A bas la guerre". Dépôts de gerbes sur les tombes de soldats allemands à Tours, Rennes, 1922, Saint-Quentin, 1928, Grenoble 1926, etc.
77 Nous avons répertorié 15 inaugurations flanquées de contre-manifestations de l’ARAC : Cenon, Nevers, Antony, 1923 ; Coulommiers, Stains, Wattrelos, Besançon, Tours, 1924 ; Port-Sainte-Marie, 1925 ; Angoulême, 1926 ; Lorient, Saint-Quentin, Le Mans, 1927, Agen, 1929, Paris XXe, 1932.
78 AN F7 13018, 11 novembre 1923, Maromme. AN F7 14975, 11 novembre 1923. Le maire communiste de Douamenez veut faire déposer une gerbe portant "Municipalité de Douarnenez. Guerre à la guerre" par des enfants des écoles. Le directeur de l’établissement refuse ; sapeurs-pompiers et enseignants déclarent qu’ils quitteront le cortège si des emblèmes rouges sont arborés". AN F7 13008, 12 novembre : à Somain, Erre et Seclin, les anciens combattants se rendent isolément au cimetière pour protester contre la place, mineure, que ces municipalités entendent leur réserver dans les cortèges.
79 AN F7 13106, 14 juillet 1926 : à Alès, un cortège contre la vie chère, les impôts nouveaux et en faveur des emprisonnés politiques circule autour de la mairie puis se dirige vers le siège du parti communiste. AN F7 13122, 14 juillet 1930 : le PC appelle à manifester à Seclin pour la libération des emprisonnés politiques. AN F7 13313, 14 juillet 1925, cortège de l’ARAC à Clichy.
80 AN F7 13107, 1er août 1926 : rassemblement communiste à Somain, place Jean-Jaurès. Le drapeau rouge flotte sur la mairie pendant toute la cérémonie.
81 Besson, maire communiste d’Athis-Mons, révoqué pour sa participation active à la manifestation du 1er mai 1927. Nardon l’est à Brest en février 1920. L’Humanite, 11 mai 1921, le maire du Petit-Quevilly suspendu pour avoir pavoisé sa mairie de rouge le 1er mai 1921, etc.
82 AN F7 12991, Hérault, 6 décembre 1920 et 4 décembre 1921 : commémoration des victimes du 2 décembre à Montpellier ; AN F7 12978, 16 septembre 1922 : anniversaire des quatre sergents de La Rochelle.
83 Le Rappel, 9 juillet 1923.
84 Le Populaire, 19 octobre 1922. Georges Maurange se félicite de la réussite de ces manifestations de bloc que sont l’hommage au chevalier de La Barre avec les républicains à Abbevillle, l’inauguration du monument Jaurès avec les radicaux à Montpellier, la manifestation commémorative des quatre sergent de La Rochelle.
85 AN F7 12988, 28 mai, fête pour le seccés républicain aux contonales.
86 AN F7 12987, 5 septembre 1920, Bordeaux. AN F7 12994, 30 août 1920, Saint-Etienne.
87 L’hommage rendu, chaque année, à Jules Ferry dans sa ville natale de Saint-Dié doit à ce site obligé de faire exception.
88 Quatorze des 30 cortèges destinés à célébrer le cinquantenaire de l’école laïque l’ont été dans des municipalités socialistes, 8 dans des municipalités radicales ou de concentration républicaine, 4 de droite. La coloration des 4 dernières n’est pas connue de nous.
89 AN F7 12987, 5 septembre 1920 : à Bordeaux, défilé de la Ligue des droits de l’homme au monument des Girondins puis au monument Gambetta.
90 AN F7 13021, 4 septembre 1920, Toulon : le cortège de la municipalité de bloc des gauches associe au conseil municipal la SFIO, la Ligue des droits de l’homme ; idem dans l’exemple de Bordeaux déjà mentionné. L’Oeuvre, 4 septembre 1920 : celui de Bourges est exclusivement composé de sociétés civiles et militaires.
91 AN F7 12978, 5 septembre 1920, Bordeaux. L’union des syndicats ouvriers de Troyes défile, en propre, le 1er novembre 1919.
92 ARAC, AN F7 13112, Saint-Denis, 1er novembre 1928 ; AN F7 13017, Bagnolet, 1er novembre 1928.
93 Michel Hastings, Halluin-la-Rouge, op. cit., p. 389 et sq. L’Humanite, 23 juin 1924, les pupilles de la Bellevilloise organisent une "retraite rouge" contre les "retraites patriotiques et cléricales du XXe arrondissement". AN F7 13900, 13 février 1930, Bordeaux : un comité de grève (métallurgie) loue un camion hippomobile pour le "char du travail" qui participera au défilé. Sur le camion, une cuisinière avec une grosse marmite et une pancarte ; "Jetez dedans vos gros sous pour les grévistes". De chaque côté du char, deux pancartes représentant les bateaux en construction avec cette inscription : "On ne le lancera qu’avec nos dix sous". Un dirigeant muni d’un porte-voix devra demander que le premier prix des chars soit réservé aux grévistes. Le maire interdit la présence du char qui tente néanmoins de pénétrer le cortège. Les grévistes sont dispersés par la force. L’Humanite, 6 mars 1930, grève des tisseurs de Moirans : cavalcade organisée par les grévistes. Le char de l’Ours Martin [vraisemblablement le nom du directeur de l’usine] défile au son d’un orchestre de jazz suivi de celui des organisations unitaires encadré de jeunes filles. L’Ours est brûlé au terme du cortège.
94 AN F7 12985, Gard, 13 août 1927. A La Grand-Combe, le parti communiste organise chaque année sa fête le 15 août.
95 Le Libertaire, édition spéciale, 29 octobre-6 novembre 1922, "Pour l’amnistie, à Noël, nous manifesterons". L’article dénonce ce "prétendu jour de bombance". L’Humanite, 24 décembre 1924 : les fonctionnaires unitaires sont invités à manifester pour les 1800 francs. "Ce sera un nouvel avertissement pour les jouisseurs en bombance, écrit le journal. Chacun de vous aura à coeur de venir troubler leurs préparatifs de fête". AN F7 13780, union des métallurgistes de la Seine, réunion du 23 décembre 1926 "je verrais avec plaisir l’union des syndicats prendre l’initiative, pendant les fêtes de la Noël et du Jour de l’An d’organiser des manifestations pour aller troubler les réveillons des bourgeois, déclare Roy. Afin de montrer aux pouvoirs publics que le chômage provoqué par le patronat existe réellement"
96 Ceci n’implique pas leur disparition au plan local.
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