Les Espagnols et le défi européen au XXe siècle
p. 27-41
Texte intégral
1Même si parfois contestée, si souvent différemment conçue dans ses dimensions et dans sa portée, l’idée de l’Europe semble aujourd’hui une catégorie politique définitivement acquise. Actuellement, une situation dans laquelle les pays de l’Occident européen se livreraient aux vieux démons de l’affrontement économique et de la guerre fratricide, est à peine concevable. Mais on aurait tort de n’y voir que la victoire d’un principe supranational sur les éléments territoriaux et politiques constituant les vieilles nations européennes. Si l’on considère le parcours historique du continent pendant les derniers siècles le défi contemporain de l’Europe unie signifie plutôt, quand même jusqu’à présent – Maastricht y marque peut-être un tournant – la victoire de l’idée de nation sur celle d’empire, la recherche d’un équilibre pluriel dans les relations internationales européennes contre l’équilibre bilatéral d’auparavant.
2Le débat actuel sur l’Europe montre justement à quel point le sentiment national, le souci de mieux garantir la paix, les intérêts, l’indépendance de la nation, de chaque nation, restent un élément majeur de la construction européenne. D’où l’importance de connaître les conditions dans lesquelles cette idée a été connue, pensée, imaginée, et de mettre en question les différents niveaux de perception, aussi bien sur le plan conceptuel que social.
3Il y a une Europe, si l’on me permet, adjective, une Europe continent1, pour laquelle on a toujours parlé des pays européens, des politiques européennes, des littératures européennes, mais sans parler pour autant de l’autre Europe, une Europe qu’on peut qualifier de substantive, autant dire la conscience d’appartenance à une culture commune, plus large que celle de chaque pays, de chaque nation particulière. Le mouvement européiste en est, bien évidemment, une partie très remarquable. Mais cette Europe ne coïncide pas non plus avec la dernière, celle des institutions économiques et politiques de la CEE, où le jeu des stratégies économiques et de la diplomatie des États ont beaucoup plus pesé que les sentiments individuels et même que les opinions publiques.
4Quelle Europe donc, mais aussi quelle opinion ? Les études les plus récentes sur l’Europe cherchent à déceler le tissu des rapports de tout genre qui explique la puissance d’un sentiment européiste grandissant, faute de quoi on aurait du mal à saisir complètement les initiatives d’union des États européens tout au long des dernières décennies. Certes, le travail n’a fait que commencer. Ainsi, l’Europe populaire, l’Europe des cultures anthropologiques – s’il y en a une – n’est entrée que très récemment dans la recherche historique et il reste presque tout à faire. Par contre, on connaît assez bien l’espoir placée en elle par nombre d’intellectuels, soit au nom de l’Europe-identité, soit au nom de la valeur supérieure de la paix. Ce sont aussi ces dimensions intellectuelles et sociales de l’Europe qui ont le plus compté en Espagne, étant donné son isolement des circonstances économiques et politiques ayant conduit aux traités de l’union européenne.
1. L’Europe, un défi de régénération nationale
5Je vais donc parler de l’idée de l’Europe, de cette Europe substantive, chez les intellectuels espagnols du xxe siècle. Je soulignerai à ce propos trois niveaux, à partir desquels on serait en mesure de répondre aux différents points de la grille qui nous a été proposée. Le premier niveau s’interroge sur le sens de l’Europe pensée, parfois rêvée, par ces intellectuels-là et à quelles conditions. D’une façon générale, on peut dire qu’il n’y a pas eu d’initiative rénovatrice dans l’Espagne du xxe siècle, que ce soit de type politique ou intellectuel, qui n’ait pas fait référence à l’Europe pour mieux mettre en valeur la démarche. Pas toujours en termes flatteurs pour celle-ci, faut-il dire, mais quand même sous la contrainte du seul point de repère historique qu’il était possible de lui opposer. L’Europe a été ainsi, si l’on peut dire, une image, une métaphore pour désigner soit le manque profond de la Nation, soit les traits d’une identité particulière l’opposant à l’Europe. Celle-ci a été, par la suite, une référence permanente dans les luttes entre tradition et modernité, qui ont marqué l’histoire contemporaine de l’Espagne. A vrai dire, les termes d’Europe, d’européanisation, traversent le xxe siècle espagnol. Ils sont avant tout les termes mêmes de la réflexion, souvent douloureuse, de l’Espagne sur elle-même.
6Il n’existe pas de moment plus juste que le tournant du siècle pour en commencer le récit. A ce moment-là, la défaite militaire face aux Etats-Unis et la perte des dernières colonies américaines font plonger la politique nationale et l’opinion publique dans un des moments les plus critiques de l’histoire proche de l’Espagne. Même son indépendance y est remise en question. C’est d’ici qu’émerge un vaste mouvement intellectuel et social dont le mot clé est l’Europe, l’européanisation. Il s’agit du régénérationisme. Son histoire est déjà bien connue, surtout pour avoir marqué le point de départ d’un profond redressement du monde littéraire espagnol, à commencer par ce qu’on connaît sous le nom de génération de 98.
7Mais, bien entendu, le rôle du régénérationisme va beaucoup plus loin. On y trouve bien des sujets marquant le monde intellectuel européen de l’époque. Il y a d’abord la crise générale de la conscience rationaliste du siècle, y compris la conscience politique libérale. Cela explique le sentiment aristocratique de mépris envers les valeurs positivistes, éprouvé par la plupart des jeunes écrivains et intellectuels, dont l’influence nietzschéenne est déjà bien connue2. Cela explique aussi le sentiment de méfiance à l’égard du parlementarisme, de même que parfois certaines dispositions à considérer la vie politique en termes de relation privilégiée entre un homme charismatique et son peuple.
8Mais en dépit de tout cela, le régénérationisme est aussi un appel à la mobilisation économique et politique des classes moyennes, autrement dit à déployer les ressources les plus actives et modernes de la vie nationale afin de combler le déficit historique de confort matériel et de stabilité politique de l’Espagne contemporaine. Dans ce sens, le rêve de l’Europe implique le rêve d’une Espagne nouvelle, recherchée parfois dans des projets économiques et politiques pas toujours cohérents avec les principes proclamés, parfois dans le recours au populisme, un autre caractère marquant l’ensemble du mouvement régénérationiste. C’est pour cela qu’on a pu à juste titre traiter celui-ci d’une sorte particulière de nationalisme : la première génération intellectuelle espagnole, a-t-on dit, qui puisse être considérée comme nationaliste à part entière3.
9Tout ce monde contradictoire retentit dans les réflexions contemporaines sur l’Europe. On attaque d’abord une Europe positiviste, ou plutôt certains pays considérés comme le noyau européen : l’Angleterre, la France, l’Allemagne. On y trouve plus de sûreté vitale, plus de richesse, plus de liberté, plus de culture qu’en Espagne. Et aussi, soulignons-le, plus de puissance nationale. Ce n’est pas par hasard si c’est Joaquîn Costa, la plus remarquable personnalité du régénérationisme, qui dirige les premiers pas du colonialisme espagnol vers l’Afrique, justement pour chercher un espace colonial alternatif de celui dont la perte vient de s’achever4. « L’Europe, écrit J. Costa en 1902, nous envahit partout, et fatalement, de gré ou de force, les espagnols deviendront européens, parce que ils ne peuvent faire autrement. Ce qui est à voir c’est s’ils y arriveront par leurs propres forces, sans renoncer a leur nationalité, ou bien, au contraire, par l’imposition extérieure, au détriment pour toujours du drapeau espagnol »5.
10Face à cette Europe en accélération historique, qui caractérise l’image européenne de Costa, d’après R. de Maeztu6, l’Espagne apparaissait comme un pays « moribond », enfermé dans ce qu’un publiciste appellera plus tard « l’histoire interrompue de l’Espagne européenne »7. Pour la plupart des intellectuels régénérationistes, la responsabilité politique immédiate de ce fait retombait sur les groupes bourgeois qui marquaient partout le signe du xixe. siècle. Ces élites sociales avaient trahi leurs engagements envers le peuple espagnol, en devenant des oligarques et des caciques (c’est-à-dire l’opposé de vraies aristocraties sociales) qui dominaient complètement le système politique à leur propre profit.
11Mais il y en avait d’autres pour qui l’arrêt européen de l’Espagne remontait à des origines plus lointaines et plus profondes. C’était en définitive le résultat d’une dérive observée lors de la naissance des nations européennes au monde moderne. Le rôle actif de l’Espagne dans la civilisation mondiale s’était arrêté, écrivait J. Costa, après sa participation décisive à la formation de l’État moderne au xve siècle8.
12La régénération y empruntait donc des aspects plus compromettants, concernant l’identité même de l’Espagne et sa place dans l’histoire commune des peuples européens. En fait, pour ces intellectuels-là, il s’agissait de fermer un processus historique qui, à leur avis, n’avait rien créé de nouveau depuis lors, de tourner le dos aux valeurs d’une tradition aristocratique et religieuse pesant toujours en Espagne tandis que tous les autres pays s’emparaient de plus en plus des valeurs bourgeoises et laïques pour devenir riches et dominateurs.
13Mais où chercher alors les ressources du redressement national. On serait loin de l’esprit régénérationiste si l’on croyait que l’européanisation signifiait strictement un manque d’élan patriotique. Bien au contraire, elle impliquait plutôt une remontée vers les sources de la vraie Espagne, avant d’être détournée par l’histoire et par la trahison de ses dirigeants. On essayait alors de saisir cette Espagne, parfois dans une histoire primitive où l’on célébrait la liaison essentielle d’un homme providentiel avec son peuple engendrant la nation, parfois dans « l’intra-histoire », d’après le terme d’Unamuno, de l’homme ordinaire, dépositaire de cette nation-peuple qui était l’Espagne. L’européanisation était dans ce sens synonyme de patriotisme. On a déjà signalé la dimension nationaliste du régénérationisme. Encore faudrait-il y remarquer le côté à la fois cohérent et insensé de cette dérive dans la politique espagnole de la fin du siècle, en particulier lorsque J. Costa prônait la création d’un « parti national », ou bien, à la limite, l’engagement d’un « chirurgien de fer », capable d’emmener le peuple espagnol vers la stabilité politique, le progrès matériel et la culture.
14Sommairement, l’Espagne européenne rêvée par les régénérationistes correspondait à cela, même si des modèles spécifiques inspiraient les différents domaines de la vie nationale. S’interroger sur l’influence déterminante d’un ou pays ou d’un autre résulte, en ce qui concerne l’Espagne, d’un souci un peu banal. L’Espagne a été au xixe siècle, un peu moins au xxe, un pays de frontière, de périphérie. Sa vie politique, sa vie économique, sa culture, restent marquées par ce fait, au point de conditionner l’estimation internationale de ses créations originales, notamment dans les domaines intellectuels et artistiques. Ce n’est pas un cas exceptionnel, encore moins dans un moment où, plus que jamais, la vie intellectuelle se double de la puissance des moyens de diffusion culturelle et, en même temps, devient partout un redoutable instrument de la politique internationale des États.
15Il y avait d’abord la constatation de la décadence des pays latins dans l’ensemble européen, partagée presque unanimement dans toute l’Europe. En témoigne le succès en Espagne de l’ouvrage de Edmond Demolins : A quoi tient la supériorité des anglo-saxons, qui y a connu trois éditions entre 1899 et 1904. La préface, écrite par un jeune personnage du libéralisme radical espagnol, Santiago Alba, soulignait spécialement le côté « espagnol » de l’ouvrage, qui « semblait être écrit pour l’Espagne »9. Du reste, il ne différait guère du diagnostique régénérationiste de la décadence de l’Espagne.
16Plus particulièrement, pour les Espagnols du début du siècle, le génie économique et politique était anglais. Ils convoitaient en particulier la vitalité de la société civile anglaise, de même que la capacité de self-government de ses institutions, notamment dans la vie locale, là où échouait le système représentatif espagnol. Depuis la publication du Ensayo sobre la práctica del gobierno parlamentario de C. H. de Amézaga en 1865 et plus spécialement des ouvrages de G. de Azcárate El, Self-government y la Monarquίa doctrinaria ( 1877) et El régimen representativo en la práctica (1885), la sagesse anglaise à l’égard de la vie politique était devenue un lieu commun.
17Quant à la France, il restait après un siècle d’influence imprégnant la théorie politique, l’organisation administrative, le système éducatif, un poids considérable de francophilie, dans laquelle s’était formée la plupart des intellectuels de la fin du siècle10. Ortega y Gasset le rappellera en 1930, comme faisant partie de sa biographie intellectuelle, bientôt tournée vers l’Allemagne : « Lorsque j’avais vingt ans, l’Espagne était profondément marquée par les idées et les formes de la France (...). Moi aussi, je me trouvais noyé dans la culture française, y plongeant tellement que j’eus l’impression d’en avoir touché le fond (...). Cela m’amena à me tourner vers l’Allemagne, sur laquelle mon pays ne connaissait que de vagues nouvelles »11.
18Outre ce poids traditionnel de la culture française, dès le début du siècle le monde culturel espagnol commençait à se ranger autour d’une nouvelle catégorie historique venue de France : celle des intellectuels. S’y rassemblaient les mêmes phénomènes généraux de la sociologie de la culture ayant débouché sur la formation du groupe intellectuel et d’autres différents, particuliers à l’Espagne, concernant le rapport privilégié entre l’homme de culture et son peuple mis en valeur par le régénérationisme. Comme en Russie, dont l’état social et politique montrait de remarquables ressemblances avec celui de l’Espagne, le rôle des intellectuels s’avérait décisif pour établir un dialogue direct entre le peuple et la nation, cette nation primordiale évoquée dans la recherche historique et dans l’imaginaire littéraire12.
19Finalement, l’Allemagne personnifiait au début du siècle l’école, dont elle avait tiré sa puissance et sa cohésion nationale. Le mythe de Sedan y apparaissait souvent. L’école faisait en effet l’unanimité chez les intellectuels réformistes. Même s’ils se trouvaient parfois partagés à l’égard d’autres domaines de la régénération nationale, tout le monde était d’accord pour attribuer à la culture une place de choix parmi les différentes tâches historiques à accomplir à l’avenir. C’est pour cela qu’on a pu dire que le régénérationisme était avant tout un appel à l’éducation du peuple espagnol13. Et juste à côté de l’école, la science. Le scientisme faisait en effet partie du mouvement régénérationiste : « Appliquer les données de la science à tous les problèmes sociaux (...) voilà notre souhait », écrivaient à ce propos trois de ces personnages de premier rang : Azorin, Maeztu y Baroja, « pas de remèdes particuliers à nous, mais ceux de la science expérimentale »14.
20Une décennie plus tard, la quasi totalité des propositions réformistes étaient encore à l’ordre du jour. Pour redresser la politique nationale conformément au souhait des jeunes intellectuels arrivés à la vie culturelle au début de la deuxième décennie du siècle (Ortega, Azana, Fernando de los Rios, Madariaga, Araquistain, Zulueta, entre autres), il fallait parcourir un long chemin de reconstitution libérale, dont le modèle était encore l’Europe. Un programme politique à mi-chemin entre le réformisme bourgeois des radicaux français et anglais, et le socialisme réformiste des pays du Nord de l’Europe.
21Pour mettre en place cette Espagne « à l’européenne » Ortega y Gasset proposait, lors d’une conférence à l’Athénée de Madrid en 1909, de « nationaliser » les institutions, de leur donner un sens réel et collectif de l’intérêt national, puisqu’en Espagne, contrairement à ce qui s’était passé dans les autres pays, la relève dans la direction de la société ne s’était pas encore produite. L’absence d’une véritable élite sociale, d’une « aristocratie organique » opposée à l’oligarchie et le caciquisme dominants, que regrettaient les premiers régénérationistes une décennie auparavant, était désormais encore plus grave. Nationaliser les institutions, cela signifiait aussi mettre en place une « organisation » politique puissante capable d’éduquer le peuple espagnol dans les principes de la science et de la liberté. « L’Europe, résumait-il, est avant tout la science (...). Mais c’est aussi la sensibilité morale, pas la vieille morale subjective, la morale chrétienne (...) des intentions, mais la morale de l’action, moins mystique, moins précise, plus claire, qui fait passer les valeurs politiques avant les valeurs personnelles, puisqu’il est toujours plus utile de réformer la cité que l’individu »15.
22Encore une fois, les problèmes du patriotisme, du rôle de l’homme de culture, de l’histoire insensée de l’Espagne, se posaient à peu près dans les mêmes termes qu’auparavant. Pour Ortega, comme pour Maeztu et bien d’autres « le problème essentiel de l’Espagne était un problème d’éducation », « de culture »16. Et le rôle des intellectuels s’y avérait essentiel, au point d’établir la vraie mesure du décalage entre l’Espagne et l’Europe, étant donné que c’était eux qui marquaient partout le rythme du travail du peuple : « ce qui fait le peuple, c’est le travail de l’intelligence », signalait Maeztu lors d’une conférence a l’Athénée de Madrid en 190917. On connaît déjà assez bien les processus intellectuels qui, entre 1908 et 1914, ont conduit Ortega y Gasset à dessiner une conception projective de la nation, l’Espagne comme un projet démocratique, et à le placer en Europe, aussi bien pour y trouver les ressorts culturels de la régénération politique et sociale que dans l’optique, encore imprécise, d’imbriquer le fait national dans une organisation politique plus large18. On y reviendra plus tard.
23D’après les données qui ont déjà été avancées, on peut tirer quand même certaines images de cette Europe instrumentalisée au service des besoins intérieurs de réforme nationale. La première, celle d’une généalogie idéologique et morale dévoilée au cours de la lutte contre les pouvoirs traditionnels et conduisant à un système politique basé sur la liberté individuelle et sur un État actif, interventionniste, puissant. La deuxième, celle d’une entité de culture et de science, dont on appréciait moins les origines et le sens historique que la capacité à renforcer les dispositions intellectuelles et les facultés transformatrices de l’homme contemporain.
24Autant dire que dans la mesure où le sens de l’Europe reposait sur des concepts plutôt politiques et moraux, et sur le rôle prépondérant de certains pays du continent, ces décantations laissaient à l’arrière plan la question des limites géographiques. Si pour cette tâche nous demandons le concours des moyens de diffusion culturelle qui vulgarisent la connaissance, disons les manuels scolaires, les encyclopédies de l’époque, nous y trouverons des résultats fort intéressants. Il y a un accord général sur les limites ouest et sud. La mer y dresse une frontière naturelle concordant avec les frontières culturelles historiquement établies. Le cas des limites orientales est bien différent. Sur ce point, ces moyens n’arrivent à s’exprimer qu’avec ambiguïté en évoquant tout au plus à l’appui le mouvement historique d’avance et de recul de la relation politique et culturelle entre l’Europe et l’Asie.
25Ce n’est pas un détail aléatoire, cette ambiguïté. Elle insiste sur le fait qu’on vient de décrire : l’identification de l’Europe à partir de certains principes idéologiques et de certaines valeurs d’ordre spirituel. C’est pour cela qu’elle deviendra encore plus significative un peu plus tard, lorsque cette image de l’Europe plongera dans la crise suite à trois phénomènes majeurs de l’histoire du xxe siècle.
26Le premier, la guerre européenne, constitue un événement qui partage les intellectuels espagnols qui attachaient l’Europe à un idéal de civilisation. Comme partout ailleurs, le sentiment de crise européenne frappe les esprits les plus attentifs de l’Espagne. « Depuis la guerre, écrivait à ce propos España, la plus importante revue culturelle et politique de la décennie 1914-1924, l’Europe a perdu sa force spontanée d’idéal, d’exemple de civilisation »19. Plus ou moins nuancée, c’était une opinion générale. Mais la guerre européenne a été aussi l’occasion de renforcer les principes sur lesquels portaient l’attachement des intellectuels espagnols à l’Europe. En se plaçant pour la plupart du côté des alliés, ils entérinaient une tradition historique humaniste qui, dressée par Athènes et Rome, enrichie par la Renaissance, les Lumières et la Révolution, reliait désormais le champ de la France et l’Angleterre20. La France en particulier, y récupérait sa place traditionnelle de guide spirituel, de « fenêtre à travers laquelle les intellectuels espagnols regardaient l’Europe », et toutes les possibilité futures de se dresser à la tête des pays latins face au pangermanisme21. En plus de ces valeurs renouvelées de l’Europe, la nation était l’autre idée essentielle qui se dégageait du drame continental : la nation comme une valeur permanente de l’Europe, aussi bien face à l’idée impériale du Pangermanisme que contre l’internationalisme des partis socialistes européens.
27Outre la guerre européenne, les autres phénomènes majeurs du siècle correspondaient bien sûr à la révolution soviétique, et un peu plus tard, le fascisme. Nés dans le cœur même de l’évolution politique et sociale européenne, ces deux événements défiaient une direction qui semblait définitivement acquise, celle amorcée en 1789. Même si radicalement opposés du point de vue idéologique, tous les deux s’entendaient cependant sur le rejet radical des principes politiques de la raison libérale, en particulier de l’individu, au nom duquel la civilisation occidentale avait empruntée ses traits les plus originaux. Le moindre résultat en était le déplacement du centre de gravité de l’Europe vers l’Orient et ses valeurs étatiques et autoritaires. Les deux phénomènes prenaient aussi une place importante dans l’Europe intellectuelle et sociale, y compris en Espagne. En définitive, pas une, mais deux ou trois Europe différentes attendaient le regard critique des intellectuels, beaucoup moins unanimes qu’auparavant. Face à ces réalités, en effet, l’idée de l’Europe prenait des nouvelles allures. Certains, comme le poète A. Machado, se rangeaient au pessimisme de l’avenir européen, les yeux tournés cette fois vers l’Europe fasciste : « Après Nietzche rien ne peut être attendu de cette Europe dont nous faisons partie, bien que, heureusement, une partie quelque peu marginale ». Et en 1938 il écrivait encore, prophétiquement : « l’Allemagne ne gagnera pas la guerre, mais l’Europe perdra la paix et par la suite, son hégémonie sur le monde »22.
28D’autres tentaient de bâtir une théorie générale, bien que parfois un peu littéraire, sur le fascisme en tant que système économique, politique et culturel rassemblant les éléments oriental et occidental de l’identité européenne. C’est le cas de Giménez Caballero, un personnage très actif dans le monde littéraire espagnol des années trente. La nouvelle Rome, la latinité, le fascisme, venaient recomposer les différents morceaux d’une Europe déchirée. Dans la vie économique, le corporatisme intégrait à la fois le capitalisme et le prolétariat ; dans le système politique, l’individu et la foule trouvaient leur place à l’intérieur des organisations fascistes ; dans la culture, la latinité, la chrétienté, rattachaient la nouvelle Europe à ses origines méditerranéennes23. Plus centré sur l’identité de l’Europe, son nouvel ouvrage de 1933, La Nueva Catolicidad, se rangeait aux inquiétudes contemporaines sur l’avenir européen, un moment où les trois Europe en conflit, Rome, Genève et Moscou, s’apprêtaient à la bataille. Son choix, la Rome éternelle, était la seule à garantir la valeur universelle de la paix. Il y ressentait à présent les « noces fécondes » de la vieille Europe : « César et Dieu », l’élément germanique et l’élément romain, la nation et l’universel24.
2. L’Espagne européenne et l’Espagne océanique
29C’est dans le cadre de cette crise de l’idée de l’Europe, qu’émerge aussi en Espagne le deuxième niveau d’étude dont j’ai parlé tout à l’heure. Il tourne autour de la notion d’hispanité. L’identité océanique de l’Espagne se mêle à l’identité européenne. Je dirais même qu’autant l’idée de l’Europe recule, autant celle de l’hispanité avance, et vice versa. Cette caractéristique marquera toute l’histoire croisée des relations Espagne-Europe et Espagne-Amérique du Sud, que ce soit à l’égard du mouvement européiste proprement dit, dans les premières années d’isolement du régime du Général Franco ou même jusqu’à nos jours. Dans toutes ces circonstances, quand on constate la crise de l’idée de l’Europe, c’est pour rappeler l’existence d’une autre réalité internationale, plus lointaine dans l’espace, plus proche cependant dans l’identité linguistique et dans la mémoire collective ; une réalité capable de suggérer de nouveaux idéaux de redressement national25. A vrai dire, cette rencontre n’avait pas que le côté espagnol. Il était avant tout américain. C’était justement la crise de l’Europe qui suscitait chez les intellectuels de ces lointains pays, souvent francisés, un sentiment de repli vers une originalité culturelle souhaitée, à partir de ses racines européennes26. Sur ce chemin, ils ont rencontré à nouveau ces origines hispaniques. En outre, tout cela coïncide avec la mise en œuvre en Espagne, d’une véritable politique culturelle vers l’Amérique du Sud, une politique très bien connue déjà à partir des derniers travaux de recherche27.
3. Visions de l’Europe
30Finalement, le dernier niveau de l’idée européenne que je voudrais mettre en valeur, concerne ses formulations plutôt théoriques, c’est-à-dire relativement éloignées des défis politiques conjoncturels et de la réflexion de l’Espagne sur elle-même. Une très récente étude de M. I. Pascual Sastre en procure la première : celle d’Eugenio d’Ors28. L’idée européenne d’Ors se révèle étroitement liée à la culture élitiste, voire autoritaire, de la fin du siècle, plus concrètement dans sa version littéraire catalane, le noucentisme. Du point de vue social et politique, sa portée s’est finalement limitée à quelques petits groupes d’intellectuels catalans, après avoir tenté l’aventure médiatique avec un passager le Comité des Amis de l’Unité Morale de l’Europe, lors de la première guerre mondiale. D’Ors conçoit l’Europe comme étant un patrimoine historique de valeurs culturelles classiques et d’universalisme chrétien. Il y perçoit à la fois le mélange des cultures gréco-latine et germanique et l’équilibre politique du Saint Empire romain-germanique. En raison de cette perception restrictive de l’Europe, celle-ci devient un espace géographique restreint, identifié avec l’Europe centrale et, en partie, avec la Méditerranée. En dehors de cette Europe, les autres espaces du continent apparaissent « contaminés » par certains éléments culturels opposés au sens esthétique de la vraie Europe : l’orientalisme pour la Russie, « l’occidentalisme » dans le cas de l’Angleterre, du Portugal et, en grande partie, de l’Espagne.
31On doit à Salvador de Madariaga le deuxième regard approfondi de l’Espagne sur l’Europe. Il l’a diffusé dans deux ouvrages : Ingleses, Franceses y Españoles, publié en 1929, et surtout Bosquejo de Europa, de 1951. Il s’agit sommairement d’une esquisse comparative des caractères des peuples européens et de leur influence respective sur l’évolution historique de cet espace, à la fois unique et pluriel appelé l’Europe. La géographie continentale de celle-ci, son climat doux par rapport aux régions asiatiques et américaines de latitude équivalente, sa variété et son mélange de types ethniques, tout cela compose un ensemble qui réunit les conditionnements physiques et anthropologiques dont est formée la personnalité des individus et des nations européennes. L’Europe y est perçue comme le noyau de l’individualité qui pense et qui veut. Intellect, c’est-à-dire doute, envie de savoir, recherche ; et ensuite volonté, autrement dit intelligence active, ces deux qualités ayant jalonné l’exceptionnel parcours de l’homme et des nations européennes dans l’histoire du monde.
32Finalement, la troisième image théorique de l’Europe, plus intéressante à mon avis, appartient à Ortega y Gasset. Il lui a donné forme pour la première fois en 1929, dans La rebeliôn de las masas, plus particulièrement ensuite dans la préface et dans l’épilogue des éditions françaises et anglaises de cet ouvrage et finalement de manière plus systématique dans sa conférence De Europa Meditatio Quaedam29, faite à l’Université libre de Berlin en 1951.
33D’après Ortega, l’Europe constitue une réalité sociale et culturelle antérieure aux États nationaux, ces États qui depuis quelque temps essaient de se rassembler dans une organisation politique commune. C’est justement la diversité qui se dégage du processus historique de l’unité et non le contraire : les églises nationales de la Rome unifiée ; les États de l’Imperium ; les littératures et les arts nationaux du classicisme ; les nations, du cosmopolitisme rationnel du xviiie siècle, pour ne parler que de certains aspects bien connus de la tradition historique européenne. L’unité européenne s’avère donc le seul principe méthodique pour comprendre le monde occidental.
34En effet, les peuples européens intègrent depuis longtemps une société, la société européenne, aussi réelle que celle de chaque nation particulière. Tous les attributs d’une vraie société y apparaissent : des habitudes, des coutumes européennes, une opinion publique européenne, un droit européen, un pouvoir publique européen. Ces catégories sociales prennent cependant à chaque époque une forme particulière, en fonction de l’état des relations entre ses éléments nationaux. Parce que bien sûr, ces peuples européens vivent cette dualité d’appartenance sociale de manière quelque peu différente : la nation comme un noyau plus dense de sociabilité ; la société européenne, sous la forme d’un espace de relations plus légères et plus larges. Il en est de même pour le reste des attributs de la société européenne. Une certaine opinion publique, nationale et européenne, existe sous des formes très différentes et empêche, à la limite, que le rapport entre les nations et les individus débouche sur un état de guerre civile permanent. Dans ce sens, on peut dire qu’il existe aussi une certaine forme d’État européen, et qu’il a toujours existé, même si dans les derniers siècles celui-ci a pris la forme si peu encourageante de l’équilibre européen, de la paix armée. En effet, l’état moral de la société européenne qui dégage cette épouvantable forme de pouvoir public est, d’après Ortega, le plus bas que l’Europe ait jamais connu tout au long de son histoire. Malgré tout, c’est bien lui qui empêche le pouvoir absolu d’un pays quelconque et garantit, à la limite, l’existence des petites nations.
35Dans les derniers paragraphes de sa conférence, Ortega appelait au respect des singularités des différents pays européens. Le pouvoir des média à l’échelle internationale avait tellement augmenté que l’opinion sur mesure d’un pays sur l’autre pouvait être perçue par celui-ci comme une sorte d’agression politique et culturelle. On pouvait sans doute y déceler les échos de la situation qui sévissait en Europe après la Guerre mondiale, pour l’Espagne le moment le plus dur de l’isolement international tandis que celle-là s’apprêtait à signer les traités de l’union économique.
36Il n’a pas manqué en Espagne cependant, dans ces années-là, de réflexions sur le rôle et l’avenir de l’Europe. Mais si l’on peut comptabiliser une bonne vingtaine de livres sur la question, il est vrai que le débat était alors complètement conditionné par quelques circonstances décisives : d’abord, par une vraie déchirure intérieure du monde intellectuel espagnol (y compris l’émigration forcée des principales figures de la vie universitaire) à la suite de la guerre civile ; en plus, par le manque de liberté et par le contrôle de la presse, qui offre toujours une forte impression de concordance entre l’opinion publique et l’action gouvernementale. Et encore faudrait-il ajouter certains mouvements populaires de nationalisme isolationniste, passagers certainement, instrumentalisés par le régime, mais provoqués aussi par les pays européens qui n’étaient pas parvenus à mettre en œuvre une politique imaginative, ne renforçant pas un régime illégal mais ne punissant pas non plus un peuple, encore moins quand le fascisme espagnol n’avait pas été qu’une affaire espagnole.
Bibliographie
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Villacorta Baños, F. : Burguesίa y cultura. Los intelectuales españoles en la sociedad libéral, 1808-1931, Madrid, 1980.
Notes de bas de page
1 Dans un étude lexicométrique réalisée par J. Garcίa Puchol sur les chapitres introductifs de 69 manuels scolaires publiés en Espagne entre 1830 et 1910, dont cinq d’entre eux traduits d’ouvrages étrangers, le mot d’Europe apparaissait à la 125e place, parmi 1796, Los textos escolares de Historia en la ensenanza espanola (1808-1900). Análisis de su estructura y contenido. Tesis doctoral, Universitat de Barcelona, 1990.
2 G. Sobejano, Nietzsche en Españna, Madrid, 1967.
3 A. Prado, La literatura del casticismo. Prólogo de F. Ayala, Madrid, 1973, p. 17.
4 E. Fernández Clemente, Joaquίn Costa y el africanismo español, Zaragoza, 1977.
5 J. Costa, Oligarquίa y Caciquismo como la forma actual de gobierno en España. Urgencia y modo de cambiarla. vol. I : Memoria y Resumen de la Información. Estudio introductorio de Alfonso Ortί. Madrid, 1975, p. 200.
6 R. de Maeztu, « Debemos a Costa. La conciencia de Europa », Heraldo de Madrid, 16-II-1911.
7 A. Mousset, L’Espagne dans la politique mondiale. Paris, 1923, p. 7.
8 J. Costa, Oligarquίa y caciquismo..., p. 194.
9 E. Demolins, En qué consiste la superioridad de los Anglo-Sajones. Versión española, prólogo y notas de S. Alba, 3a éd., Madrid, 1904, p. viii.
10 Vid. P. Aubert, « L’influence idéologique et politique de la France en Espagne de la fin du xixe siècle à la Première Guerre mondiale (1875-1918), in España, Francia y la Comunidad Europea, Madrid, 1989, pp. 57-102.
11 J. Ortega y Gasset, Obras Completas, VIII, Madrid, 1970, pp. 21 et 24.
12 Inman Fox, La crisis intelectual del 98. Madrid, 1976 et Idem, « El año de 1898 y el origen de los Intelectuales », in La crisis de fin de siglo : ideologίa y literatura. Estudios en memoria de Rafael Pérez de la Dehesa. Barcelona, 1974, pp. 17-24.
13 Y. Turin, L’Educacion et l’Ecole en Espagne de 1874 à 1902. Libéralisme et tradition, Paris, 1959.
14 M. Tuñón de Lara : Medio siglo de cultura española (1885-1936), Madrid, 1973, p. 110.
15 J. Ortega y Gasset, « Los problemas nacionales y la juventud », in Discursos Polίticos, Madrid, 1974, p. 28.
16 R. de Maeztu, « La revolucion y los intelectuales », Ateneo, 1910, 2, p. 342 et J. Ortega y Gasset, Obras complétas, I, Madrid, 1966 p. 84.
17 R. de Maeztu, « La revolución... », p. 350.
18 A. Elorza, La razón y la sombra. Una lectura polίtica de Ortega y Gasset, Barcelona, 1984, pp. 21-70.
19 « España en 1922 », España, 302, 7 enero 1922, p. 4.
20 F. Dίaz Plaja, Francófilos y germanófilos. Los españoles en la guerra europea. Barcelona, 1973 et J. C. Mainer, « Una frustración histórica : la aliadofilia de los intelectuales », in Literatura y pequeña burguesίa (Notas 1890-1950), Madrid, 1972, pp. 141-170.
21 A. Alcalá Galiano, España ante el conflicto europeo, 1914-1915, Madrid, 1916, pp. 146 et 153. Quelques opinions plus nuancées in A. Niño, Cultura y diplomacia : los hispanistas franceses y España de 1875 a 1931, Madrid, 1988 et P. Aubert, « L’influence idéologique... », art. cit., pp. 94-102.
22 A. Machado, Pœsίa y Prosa. Tomo IV : Prosas completas (1936-1939). Edición crίtica de O. Macrὶ, con la colaboración de G. Chiappini, Madrid, 1989, pp. 2108-09 et 2374.
23 E. Giménez Caballero, Genio de España. Exaltaciones de una resurrección nacional y del mundo. Madrid, 1932.
24 E. Giménez Caballero, La Nueva Catolicitad. Teorίa général sobre el Fascismo en Europa : en Es. aña. Madrid, 1933.
25 « Ni l’Europe ni l’Afrique, mais oui à l’Amérique », la revue España intitulait ainsi un paragraphe de son programme pour 1922, « España en 1922 », España, 302, 7, enero, 1922, p. 4.
26 A ce sujet, le livre classique d’Orestes Ferrara, El panamericanismo y la opinión europea, Paris, 1930. Plus récemment, M. T. Martίnez Blanco, Identidad cultural e Hispanoamérica : europeίsmo y originalidad americana. Madrid, 1988.
27 A. Niño Rodriguez, « L’expansion culturelle espagnole en Amérique hispanique (1898-1936) », Relations Internationales, 50 (1987) pp. 197-213 et idem, « La II República y la expansión cultural en Hispanoamérica », Hispania. Revista Española de Historia, LII, 181 (1992), pp. 629-653. Un résumé recent, L. Delgado Gómez-Escalonilla, Imperio de papel. Accion cultural y polίtica exterior durante el primer franquismo. Prólogo de M. Espadas Burgos, Madrid, 1992, pp. 9-70.
28 M. I. Pascual Sastre, « La idea de Europa en el pensamiento de Eugenio d’Ors. Etapa barcelonesa, 1906-1920 », Hispania. Revista española de Historia, LII, 180 (1992), pp. 225-260.
29 J. Ortega y Gasset, Meditación de Europa, Madrid, 1960.
Auteur
Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique, Madrid
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