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    Plan détaillé Texte intégral Les données Quelles associations autour du fn ? Associations-relais : créer un milieu, mobiliser, recruter Relais de recrutement Globaliser l’engagement et la politique Notes de bas de page Auteur

    Associations et champ politique

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Lien politique et lien social : la vie associative et l’engagement au Front national

    Valérie Lafont

    p. 419-437

    Texte intégral Les données Quelles associations autour du fn ? Associations-relais : créer un milieu, mobiliser, recruterStructures de mobilisationTémoignage 1Témoignage 2Témoignage 3 Relais de recrutementTémoignage 4Témoignage 5 Globaliser l’engagement et la politiqueDonner du contenu au mouvement : culture et formationTémoignage 4 (suite)Témoignage 4 (suite)Témoignage 6Témoignage 4 (suite)Témoignage 3 (suite)Globaliser la politique, influencer la société et agir par l’extérieurTémoignage 1 (suite)Témoignage 6 (suite) Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Concernant la nature des relations qui nouent le mouvement associatif et le champ politique, l’observation du cas du Front national soulève un certain nombre de questions. Nombreuses sont les organisations politiques qui fonctionnent en étroite relation avec le milieu associatif, voire sous une forme associative. Cependant c’est le lien entre la vie associative et les partis de gauche qui a été le plus souvent étudié, le Parti communiste constituant l’exemple idéal. Or à l’extrême : droite de l’échiquier politique, pour le Front national (FN) « lepéniste » et le Mouvement national républicain (MNR) « mégrétiste », l’activité associative est également indissociable de l’activité politique partisane. Loin de vouloir séparer le champ politique du champ social et du champ culturel, ces organisations partisanes visent à ancrer leur stratégie politique et leur mode d’organisation interne au cœur du social. Plusieurs questions se posent donc. Celle de la signification de la nature politique des associations : selon leur ancrage politique, toutes les associations satellites ne peuvent sans doute pas être classées sur le même plan. Et ceci remet en cause l’univocité hypothétique des liens entre la vie associative et l’activité démocratique et complexifie l’assertion selon laquelle la participation à la vie associative favoriserait l’enrichissement du capital social, développant ainsi la capacité citoyenne des individus et leur proximité aux valeurs et aux pratiques démocratiques. Il serait en effet paradoxal que la participation associative autour de partis d’extrême droite éloignés dans bien des domaines des principes démocratiques, puisse renforcer la démocratie et l’intégration des militants à cette démocratie. Enfin, il a été démontré que le foisonnement associatif et le fait de devenir adhérent d’une association sont fortement liés à la densité des relations sociales des individus. Or, au Front national se rassemblent aussi un certain nombre de personnes en phase d’isolement social du fait de l’évolution des modes de vie urbain, du chômage, ou d’accident de trajectoire individuel. Les mécanismes de la mobilisation sont donc plus complexes, le FN réussissant à socialiser intensément des individus relativement isolés.

    2Quoiqu’à l’extrême droite, quoiqu’éloignés du champ démocratique, le FN et le MNR considèrent que l’activité associative est indispensable à leur fonctionnement interne et à leur stratégie de diffusion externe. Les associations ont, d’une part, une fonction organisationnelle : elles servent le recrutement et l’entretien des réseaux constitutifs de la « mouvance » et sont indispensables au maintien des liens politiques dans le temps. Elles ont, d’autre part, une fonction politique : développer et diffuser les idées, et créer les moyens d’une influence sociale selon des modèles de société clairement définis à l’extrême droite. À travers l’étude de ces deux types de fonction, nous verrons que la nature politique des associations est loin d’être anodine, et que si la participation associative a un effet socialisateur certain, elle n’aboutit pas nécessairement aux effets d’intégration démocratique attendus.

    Les données

    3Nous étudions ces questions à partir du discours et des représentations des militants, ceux qui sont au cœur de la vie du mouvement nationaliste. Ces discours ont été recueillis lors de 35 entretiens effectués sur le modèle des histoires de vie, avec des militants du Front national, à Toulon, Paris et dans la région de Valenciennes. Les entretiens nous informent notamment sur le poids de l’organisation dans la vie militante, sur les modes de recrutement, sur les voies de transition entre deux périodes de militantisme, sur les loisirs, sur la formation idéologique, sur les lectures, etc. En plus de ces entretiens, nous avons participé en tant qu’observatrice à de nombreuses activités militantes, politiques bien évidemment – opérations de campagne (diffusion de tracts sur les marchés, « caravane » FNJ dans le Var), congrès, réunions de section, manifestations –, mais aussi festives – fêtes militantes ou simples soirées entre « amis »–, religieuses – messes –, culturelles – conférences ou sorties. Nous disposons également de données chiffrées construites à partir de l’analyse d’un sondage effectué par la SOFRES auprès de 1 002 congressistes FN lors du congrès de Nice en 19901, et d’un fichier de 565 cadres FN et MNR élaboré par nos soins2. Cet ensemble de données, qualitatives pour la plupart, nous permet de reconstruire et de comprendre l’importance des liens forgés entre le monde associatif et l’activité politique.

    Quelles associations autour du fn ?

    4Parmi les 1 002 membres du FN interrogés à Nice en 1990 lors du congrès du FN, 51 % revendiquaient une appartenance associative autre qu’au parti. Parmi les associations les plus citées, l’Alliance générale pour le respect de l’identité française (AGRIF), le Cercle national des anciens combattants (CNC), les Comités chrétienté et solidarité, Entreprise moderne et libertés (aujourd’hui FNEML), et Renaissance française. Notre fichier de cadres ne nous indique pas l’appartenance associative hors FN, mais montre que 11 % adhèrent aux Cercles. Pratiquement tous les militants que nous avons interrogés appartiennent outre au Front national, à une ou plusieurs associations proches de ce parti, que l’on pourrait éventuellement appeler « satellites ». Parmi ces associations sont mentionnées le CNC, le Front anti-chômage (FAC), Fraternité française, Renaissance 75, Terre et peuple, le Cercle national des rapatriés (CNR), le Groupement de recherche et d’études sur la civilisation européenne (GRECE), le Cercle national des femmes d’Europe (CNFE), le Comité Clovis, l’AGRIF, SOS-tout-petit, Institut catholique technique universitaire et social (ICTUS), l’Association familiale et scolaire, le Cercle de l’éducation nationale, le Mouvement de la jeunesse catholique de France (MJCF), la Fraternité Saint-Pie X, sans oublier la plus importante : le Front national de la jeunesse (FNJ). On constate donc une prolifération associative intense autour du FN.

    5Ces associations sont toutefois de nature très diverse et les liens qu’elles entretiennent avec le parti ont des formes variables. Au niveau national, parmi les émanations directes du FN, existent d’abord des groupes plutôt corporatistes, les Cercles, rassemblant les individus selon leurs signes distinctifs et catégories d’appartenance : le genre avec les femmes d’Europe, la trajectoire avec les rapatriés et les anciens combattants, le statut social et l’activité avec les cadres et dirigeants d’entreprise, etc. On trouve ensuite des associations de solidarité tournées vers l’extérieur du parti qui, bien qu’également créées par et au sein du FN, n’affichent pas toujours très explicitement leur appartenance politique : Fraternité française, Front anti-chômage. Toutes ces associations ont une existence nationale, mais sur le plan local, les sections sont également fertiles en associations, on en compte notamment un nombre important chargées d’éditer un journal local autre que celui officiel du FN. À l’intérieur du parti, au niveau local, la création par des militants d’associations culturelles et religieuses d’une part, et d’autre part d’associations de convivialité, est également foisonnante. À Toulon, au sein du FNJ, les militants de la tendance sociale et païenne ont par exemple créé « Fierté gauloise », tandis que ceux de la tendance royaliste et catholique ont créé « Le Cercle de réflexion philosophique et religieuse » pour « réfléchir », et l’Association « Mermoz », « pour faire la fête et se rassembler ». En dehors de ces associations directement dépendantes du parti, coexistent une multitude d’associations plus ou moins « amies », à but culturel, religieux ou « métapolitique » (sic), dont l’écho est aussi bien national que local. Parmi les groupes politiques les plus connus et d’importance, on peut citer le GRECE. Quoique non frontistes, quoique totalement indépendants du parti et parfois même en opposition avec lui (cf. les positions d’Alain de Benoîst), ces groupes sont constitutifs des réseaux proches du FN ne serait-ce que par le nombre des doubles appartenances. Du côté des groupes culturels et religieux d’importance, on peut citer les Comités chrétienté et solidarité, la Fraternité Saint Pie X, Terre et Peuple, etc. Si la vie associative parallèlement à l’activité politique est foisonnante, c’est parce qu’elle en constitue un complément essentiel, elle est en quelque sorte un relais du politique.

    Associations-relais : créer un milieu, mobiliser, recruter

    6L’activité associative a d’abord une fonction externe : celle de la création, du maintien et de l’entretien des structures de mobilisation et des réseaux de recrutement à travers l’histoire.

    Structures de mobilisation

    7Le FN s’est construit en 1972 en rassemblant différents groupes d’extrême droite. (Jean-Yves Camus, Histoire et analyses, Paris, Éditions Olivier Laurens, 1996). Ce parti n’est évidemment pas une création ex nihilo, il est au contraire dès le départ ancré dans des réseaux d’extrême droite déjà constitués et pour la plupart anciens. Or, ces réseaux, organisés autour d’associations ou parfois de groupes plus informels sans structure juridique, ont, d’une période de succès électoral à une autre, maintenu, diffusé et développé la culture partagée par les sympathisants de l’extrême droite. En effet, un tissu associatif dense et constitutif de réseaux est essentiel au maintien d’un public potentiel quand l’absence d’opportunités politiques (absence d’un leader, situation politique nationale défavorable, conflit entre les différents courants de l’extrême droite...) entrave le développement d’un parti politique, comme ce fut le cas pour l’extrême droite après les événements d’Algérie et pour le Front national en particulier dans les années 1970 et au début des années 1980. Le flux des adhésions au FN est loin d’être linéaire : beaucoup ont rejoint ce parti à partir du milieu des années 1980, après 1983, voire à partir de 1988, après les premiers succès électoraux et alors que le parti commençait à être visible sur la scène politique nationale.

    Date d’adhésionCadres du congrès de NiceCandidats au comité central, congrès FN de
    au FN1990 (N=1002)1997 et MNR de 1999 (N=565)
    19728 %5 %
    1973-198321,5 %16 %
    198422,4 %15 %
    1985-198623,6 %1985-1987 : 21 %
    19879,8 %
    1988-199014,9 %1988-1989 : 16 %
    1990-1998 : 27 %

    8Pour autant les adhérents, même tardifs, sont rarement – excepté peut-être pour une partie des jeunes – des « extrémistes de droite » récents : beaucoup, plus de la moitié, que ce soit parmi les cadres ou parmi les militants que nous avons interrogés, sont entrés dans la mouvance nationaliste avant même la création du FN et s’y sont maintenus entre les périodes de « vaches maigres » par le biais d’associations.

    Date d’entréeAvant 194522 %
    dans la mouvance nationalisteEntre 1946 et 195711,9 %
    des cadres du congrès de Nice en 1990Entre 1958 et 196212,4 %
    (N = 1002) ►Entre 1963 et 19697,7 %
    Entre 1970 et 19737,2 %
    Entre 1974 et 198012,2 %
    Après 198126,6 %

    9La culture et la vie associative sont donc essentielles pour une organisation comme le Front national car elles jouent le rôle de relais des activités politiques, notamment quand les événements y sont défavorables, relais sans lesquels le développement organisationnel du parti ne serait pas possible. Le FN a pu effectivement recruter et répondre à ses besoins d’expansion lorsque des opportunités se sont présentées sur la scène politique, en puisant dans un vivier de sympathisants déjà constitué et maintenu proche des activités partisanes et politiques grâce aux activités associatives. Le cas le plus exemplaire est celui des personnes rapatriées d’Algérie après la guerre d’indépendance. Elles sont aujourd’hui nombreuses dans les rangs du FN, notamment parmi les cadres. Or la plupart se sont maintenues dans le champ politique à leur retour, malgré des conditions défavorables, par le biais d’abord d’une vie associative périphérique, consacrée principalement à l’entraide. Le rapatriement constitue pour tous une expérience de rupture tragique sur tous les plans, aussi bien affectif que social et matériel. Ce rapatriement aurait pu, en modifiant radicalement l’environnement des personnes, faire éclater tous les réseaux de socialisation qui passaient auparavant par les lieux d’habitation et de scolarisation, l’activité professionnelle, ou les activités de loisirs. Certains ont traversé des périodes dramatiques – mort d’un proche, emprisonnement – propices à la rupture de ces liens et donc à l’éloignement définitif du politique. En raison de l’échec de leur engagement dans les mouvements pro-Algérie française, de la prise de position du général de Gaulle vécue comme une trahison, la plupart éprouvent également une profonde déception vis-à-vis de la politique et de l’État, ce qui les amène à rejeter temporairement les activités partisanes – cf. infra, l’itinéraire de Michel (témoignage 2). Mais l’analyse de leur trajectoire montre qu’ils ont pu joindre à nouveau le champ partisan dans les années 1980 parce que des passerelles – Jacques parle de « chaîne de l’amitié » (témoignage 1) – avaient été préservées au sein des réseaux. Les structures associatives de solidarité mises en place lors du retour en métropole ont maintenu ou plutôt recréé des liens, non politiques dans un premier temps. Elles ont également permis d’établir un socle collectif à même de transformer la tragédie individuelle du rapatriement en drame collectif et de créer une culture commune, nécessaire à l’émergence d’un groupe et à sa future mobilisation.

    Témoignage 1

    – J’ai été expulsé à Paris (...) Je crois que c’était début 62.
     – Et arrivé à Paris, alors...
     – Arrivé à Paris, bon, on avait des contacts avec des gens qui nous ont accueillis, des gens qui étaient pour l’Algérie française, (...) on a été recueilli et très aidés par eux, (...) moi, j’ai pu être réinséré à la SNCF, par ces gens-là. (...)
     – Oui, oui, [interruption]. Oui, donc, vous étiez en train de me dire ce que vous aviez fait à Paris, donc, vous avez milité pour Tixier, ça c’était tout de suite après ou il y a eu un moment...?
     – Non, il y a eu quand même un moment pour d’abord se réinsérer dans la vie parce que, il fallait tout recommencer à zéro et quoique moi, par rapport à certains, j’étais un privilégié parce que j’ai eu un appartement par la SNCF, il faut dire la vérité, bon et puis j’ai été aidé par les réseaux, les gens qui étaient pro-Algérie française (...)
     – Et après, vous avez repris le militantisme à peu près quand, enfin, quand est-ce que ça s est passé, comment ?
     – D’abord, on a essayé de s’organiser avec des associations. Au début, il y avait deux grandes associations (...) au sein de la SNCF, tous ceux qui étions dans la banlieue parisienne et à Paris, on essayait de se retrouver, de se rencontrer. (...) Il y avait la plus grande [association] qui était financée par de Gaulle, et puis il y avait celle qui était créée par le général Jouhaud dont j’appartenais, il y avait des généraux, il y avait X qui était au procès avec Tixier-Vignancour aussi, il y avait Frédéric-Dupont, il y avait des personnalités.
     – Et qu’est-ce que vous avez fait avec ces associations ?
     – Ben justement, on essayait de secourir les plus démunis de chez nous, on récoltait du linge, (...) il y avait tellement de gens dans la misère et on avait beaucoup d’amis métropolitains qui venaient nous apporter des couvertures, de ceci, de cela, et, on faisait une chaîne de l’amitié, c’est comme toutes les minorités qui se retrouvent à l’étranger, parce qu’on était en France, mais on a été accueilli pire que des étrangers. (...)
     – Et après, alors comment vous êtes venu à Tixier-Vignancour ? Enfin, comment ça s’est passé, ça ?
     – Ben, Tixier-Vignancour, bon, une fois, il y avait un meeting et puis du bouche à oreille, les gens ont dit : voilà il y a Tixier qui organise son premier meeting (...) j’avais des copains qui étaient bien entendu autour de lui, ils avaient besoin de moi, ils m’ont appelé à la SNCF (...) Après, je vous dis, il y a eu un petit creux, je militais toujours pour, avec l’X et bon, on était appelé, par exemple, pour des obsèques des amis communs, nous rencontrions assez souvent mes amis et moi-même, des illustres soldats, des combattants d’Algérie, aux enterrements et c’est comme ça (...)
    Jacques, 65 ans,
    employé SNCF en retraite, certificat d’études, Toulon

    10Pas question pour ces personnes de faire de la politique immédiatement après le retour d’Algérie, d’autres questions plus urgentes se posaient. Mais c’est ensuite au sein des mêmes réseaux, construits sur des bases d’entraide, de camaraderie et sur un profond sentiment d’injustice, qu’ils se remettront au militantisme. Quand les opportunités politiques se présentent, il existe déjà un groupe de sympathisants très soudés et mobilisables, une génération militante aujourd’hui encore identifiable au sein du parti.

    11Plus généralement, la sphère associative offre une possibilité de retrait et de prise de distance peu coûteuse lorsque les contextes politique et partisan changent et deviennent hostiles à l’engagement, ou simplement lorsqu’ils n’entrent plus en adéquation avec les aspirations des militants, ou encore après la perte d’un leader opportun. Après la guerre d’Algérie de nombreux militants se sont retirés dans la sphère associative parce qu’ils avaient perdu foi en la politique (cf. les propos de Michel, témoignage 2). Plus récemment, suite à la rupture entre Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen, nombreux sont les militants qui ont choisi les associations comme lieu d’observation et d’attente.

    12En outre, le tissu associatif sert de relais au champ politique face aux aléas des cycles de vie : l’existence d’associations-amies permet également aux militants de se retirer des activités politiques lorsque celles-ci deviennent trop prenantes, au moment d’un mariage ou après la naissance d’un enfant ; lorsqu’elles deviennent trop dangereuses ou entravent l’exercice d’une activité professionnelle tournée vers le public ; ou tout simplement quand elles deviennent impossibles après un déménagement.

    Témoignage 2

    – J’aimerais que vous m’expliquiez, que vous me racontiez, c’est d’abord comment justement vous, vous êtes devenu militant à votre façon, petit à petit ?
     – Comme je viens de vous le dire, je ne suis pas l’illustration parfaite du militant et c’était en dents de scie. C’est la vie qui vous éloigne du militantisme (...) ce qui me mobilise plus particulièrement c’est cette fidélité à des amis, étant donné leur place dans l’histoire (...) des amis d’Algérie (...) alors bon j’ai milité dans des organisations patriotiques à Alger quand j’étais jeune, à l’époque, j’avais 17 ans, 17/18, 17 ans, bon j’ai participé à un certain nombre d’événements, et puis j’ai été mobilisé en 1962, en 62, bon ensuite j’ai été rapatrié (...) puis j’ai revu des anciens camarades qui avaient participé aux événements. (...) Un jour j’avais quand même fait la connaissance de Jeune Nation, c’était du vrai nationaliste (...) donc j’ai suivi Jeune Nation aux barricades, et j’ai été mobilisé le 1er mars (...) puis en 64 j’ai été en contact avec X qui était de tendance de la Nation (...) bon là vraiment ça prenait une autre tournure, on militait pour l’amnistie mais il y avait une tendance assez nette à vouloir tourner la page, (...) et en 66, fin 66 je me suis marié, ça m’a alors éloigné un peu de tout ça (...) Et puis après je suis passé au GRECE
     – Après 64 alors ou c’était ?
     – C’était bien après, c’était en 70 (...) après toute cette agitation, je l’ai trouvé bien parce que c’était essentiellement culturel et puis il y avait un côté original dans l’approche des problèmes, cette optique qui remontait à la tradition politique de l’Europe, grec et romain (...) j’ai découvert le GRECE avec des anciens de la bataille pour l’Algérie française (...)
     – Sinon comment ça s’est passé à chaque fois parce que, vous m’avez dit, donc j’ai découvert ça avec des anciens de l’Algérie mais à chaque fois vous avez plus ou moins changé de groupe, évolué ?
     – (...) J’ai essayé de retrouver ce qui pouvait rester. Il y avait d’autres mouvances, et moi j’appartenais plutôt à la mouvance des jeunes, des étudiants et non pas à notre filière plus ouvrière si j’ose dire [mais à cause des événements] souvent les choses se cassaient, je portais la scoumoune en quelque sorte ! En fait c’était pas toujours facile de militer. [après les événements j’essayais] de retrouver des groupes et autres qui menaient encore, enfin qui poursuivaient un combat (...)
     – Sinon, on pourrait continuer encore sur votre parcours, donc, vous m’avez dit que en 70, vous êtes allé au GRECE et entre 64 et 70, est-ce que vous avez eu un trou dans votre engagement ou c’est ou vous étiez à Europe Action jusque...
     – Non, je me suis arrêté. Quand je me suis marié, j’ai quitté Paris pour retourner dans le sud, et j’ai changé tout à fait de centre d’intérêt, je m’intéressais à l’art, j’ai changé. (...)
     – Mais, justement, comment vous avez, vous êtes revenu au GRECE, comment ça s’est passé en fait, quand vous vous êtes engagé au GRECE ?
     – J’ai rencontré des amis à Rouen, parce que mes parents étaient normands. Donc, j’ai fini par rester à Rouen, et j’ai rencontré par l’intermédiaire d’un ami, parce que je me suis passionné pour la préhistoire et donc j’avais fait la connaissance d’un ami dont le cousin était un proche du GRÈCE et c’est comme ça que j’ai découvert la revue d’abord, je l’ai trouvée bien faite, et puis ça changeait un peu, le côté un peu sommaire parfois d’autres revues et voilà. Donc, je me suis rapproché d’eux et j’ai trouvé que c’était intéressant. Ça avait un côté, réflexion, laboratoire d’idées, j’ai trouvé ça chouette, et puis surtout il y avait une succession de défaites, ça ne menait jamais à rien et toute l’énergie qui était perdue (...)
     – Oui, et sinon vous m’avez dit aussi, donc, que c’est le GRECE un peu qui vous a un peu ramené, je dirais, à quelque chose de plus politique, alors comment après ?
     – (...) des copains m’ont montré que c’est pas facile d’être au GRECE, d’écrire des bouquins et puis de sortir de fort belles revues. On a envie des adversaires parfois et de se battre (...). J’aime bien aussi la camaraderie [et comme dans ce cadre] je me suis occupé à X de l’animation socioculturelle de la ville (...) je suis photographe et donc j’avais fait une animation qui avait eu un très grand succès, donc ça avait été connu de ces camarades-là et lorsque [il y a eu les élections] on m’a demandé de figurer sur la liste, j’étais prêt (...) et voilà, [il ne va finalement pas sur la liste mais rejoint le parti].
    Michel, 58 ans,
    Photographe retraité, Toulon

    13Dans le déroulement de la vie des militants que nous avons interrogés, la carrière d’engagement est loin d’être linéaire. Il y a des moments d’engagements forts et d’autres de retrait, qui ne correspondent pas forcément aux cycles des événements politiques nationaux. La jeunesse et la période de retraite constituent des périodes d’activité politique plus intense. Or là encore, l’appartenance au réseau associatif permet de ne pas rompre complètement avec le champ politique et de revenir quand les conditions de vie le permettent. La vie associative sert de relais au politique en tant que forme assouplie du politique en quelque sorte ; elle est indispensable pour un parti comme le Front national, socialement mal considéré et très accaparant pour ses militants. Nous pouvons cependant penser que cette fonction de l’activité associative n’est pas spécifique à l’extrême droite.

    14Enfin, le système associatif sert aussi de relais dans l’espace, permettant l’existence d’une mouvance au niveau national, et même dans une certaine mesure international. Là se forgent des liens, une culture et une identité commune, comme nous l’explique Philippe qui est reconnu et intégré partout où il se rend immédiatement après avoir décliné son pedigree associatif.

    Témoignage 3

    – A Clermont-Ferrand je faisais partie de plusieurs cercles, RE, FNJ... du Mouvement de la Jeunesse catholique de France, d’ICTUS, Institut catholique technique universitaire et social, MJCF ça implique automatiquement donc je suis à la Fraternité Saint Pie X, je suis lefébvriste à fond, à fond, à fond mordicus, donc après je suis arrivé à Toulon et toutes ces associations que je connaissais, ces associations nationales, donc qui ont des antennes un peu partout en France (...) quand donc j’suis arrivé à la permanence, au FN et j’me suis présenté, les gens m’ont cerné très facilement, (...) tout de suite dans la vie militante, j’ai repris le flambeau que j’avais quitté à X et j’ai repris à Toulon (...) bien évidemment, tout logiquement je suis allé à la Fraternité Saint Pie X pour aller à la messe tous les dimanches, donc là j’ai déjà connu, j’me suis présenté, fidèle du Pointé, tout de suite “Ah”, donc tout le monde connaissait, l’ancien prêtre était déjà de chez moi, donc ça met des bases, des petits ancrages, j’peux aller n’importe où en France, hop j’arrive à la Fraternité, pas de problèmes j’suis adopté... ça m’a permis de connaître beaucoup de monde... surtout Maître Gestat de Garembé le deuxième adjoint au maire, que j’soutiens pleinement, ... enfin, connaître les prêtres, connaître les jeunes, donc côté Fraternité j’connais tout le monde, après, donc j’ai essayé de voir ce qu’était l’église Pie X parce que y a beaucoup de marins à Toulon et c’est un cercle à part entière et... c’t’ appartement déjà (...) par Fraternité j’connaissais un officier de marine, qui m’a accueilli, et donc je suis allé au cercle naval pour trouver cet appartement. Parce que ça vit en vase clos et il faut s’en servir (...) à Pie X j’ai rencontré un peu plus déjà des gens qui étaient un peu au FN tels que X.
    Philippe, 22 ans,
    Étudiant, Toulon

    Relais de recrutement

    15L’associatif relaye le politique notamment lors de l’entrée en politique : rares sont ceux qui entrent directement au parti, notamment parmi les jeunes. De nombreuses associations sont chargées de recruter les jeunes ou les militants potentiels, avant de les amener, par l’intermédiaire du réseau, progressivement vers le Front national. Les associations forment une sorte de sas d’initiation aux normes du milieu et permettent une entrée progressive, en souplesse et socialement beaucoup moins réprouvée – parce que moins visible aussi – qu’une entrée directe au parti. Le réseau associatif crée un environnement favorable à l’engagement et à la formation politique, on s’y initie par l’intermédiaire des « grands frères » comme nous l’explique Guillaume.

    Témoignage 4

    – Il y avait du militantisme et puis à côté de ça on faisait des solstices ensemble des trucs comme ça
     – Vous fêtiez les solstices, vous étiez un peu dans la mouvance païenne alors ?
     – Oui, oui, à Rouen y’a toujours une tradition, y’avait un front de la jeunesse avant qui était assez fort à Rouen, qui était donc celui du PFN, y avait un petit canard qui s’appelait Balbert et c était une empreinte très particulière à Rouen, y’a toujours eu une tradition comme ça nationaliste assez dure, vous savez y’a des villes comme ça qu’ont des traditions, il paraît que Lyon c’est assez royco, Rouen y’a toujours une tradition, assez dure, assez droite-dure, avec des mouvements de jeunes assez pugnaces, donc oui on est souvent victimes, vous connaissez les “grands frères” ! (...) on a bénéficié de cet environnement-là.
    (...)
     – Moi mon engagement politique, enfin militant, ça a été 86 après, c’était le moment des grèves Devaquet, ça a été après
     – Et alors là pendant les grèves Devaquet qu’est-ce que vous avez fait ?
     – Moi j’avais déjà une petite sensibilité donc d’extrême droite, appelons ça comme on veut, et donc je me suis retrouvé à la Fac, c’était ma première année de Fac à Rouen, j’étais en droit, donc oui on a commencé, on avait monté un comité en fait anti-gréviste, c’était le premier, et après en 87 on a créé une association qu’est devenue un des premiers syndicats de droite para-front, qui s’appelait la LID, la liste indépendante des étudiants de droite, qui était un peu la jeunesse du Renouveau étudiant qui existe après, donc ça a été après un engagement politique classique c’est-à-dire une partie sur la Fac de militantisme, et puis un peu para-front ou avec Front avec écran si vous voulez, pour ratisser large, c’est comme ça que ça fonctionne, c’est sur le système des UNEF en fait, avec du militant dur derrière qui dérouille, et puis un peu attrape-tout puisque, c’est le truc classique, et puis à côté de ça un militantisme au Front plus basique, pour les campagnes électorales, cantonales, municipales, présidentielles, voilà.
    Guillaume, 32 ans,
    rédacteur, deug de Droit, licence d’histoire de l’art, Paris.

    16L’université avec les syndicats étudiants – le Renouveau étudiant – et le champ des activités de loisirs pour les adolescents avec les Scouts d’Europe dans le Var par exemple, constituent les lieux privilégiés du développement de ces pouponnières associatives. Le parti espère y trouver ses futurs cadres. L’utilisation de réseaux associatifs pour le recrutement des jeunes n’a rien de spécifique au Front national, le Parti socialiste a longtemps employé le même type de stratégie avec une partie de l’unef-id par exemple. Dans un autre domaine, le type de recrutement décrit par Guillaume peut nous faire penser à la manière dont les groupes islamistes utilisent également les solidarités de bande pour rallier les « petits frères ».

    17La tentative de créer un maillage social dense, soudé par le besoin en quelque sorte, constitue un autre point de comparaison avec ces groupes. Comme nous l’explique Jacqueline, dans le but de massifîer le mouvement, le Front national a développé d’autres types d’associations plutôt tournées vers les populations les plus démunies. Ces associations, comme Fraternité française3 ou les soupes populaires du Pasteur Blanchard, espèrent recruter par le biais du service et du soutien qu’elles apportent aux plus démunis. Elles pallient aux manques de l’Etat et de la société civile, se présentant ainsi sous un aspect positif et créant des liens de solidarité et de dépendance avec les individus aidés.

    Témoignage 5

    – On va reparler un p’tit peu plus du présent... aujourd’hui dans toutes vos activités militantes... alors ça se résume à quoi l’activité militante ?
     – Bon, je tiens une permanence quand même toutes les semaines à la Fédération à Hyères... le journal, les réunions de tous les lundis et puis tout ce qui est tractage etc. bon organisation de réunions festives, repas pour rassembler un p’tit peu les militants et puis enfin rassembler non seulement les militants, mais essayer d’en avoir un peu plus, parce que comme en fait notre journal qui s’appelle Mieux vivre à Hyères est une association... et il y a des gens qui n’ont pas leur carte du Front mais qui ont leur carte de Mieux vivre à Hyères quand même et qui viennent, donc on essaye de les retrouver et de les rattacher un p’tit peu au mouvement par justement le biais de cette association. D’un autre côté, on fait toutes les campagnes électorales. Là on essaye de mettre sur pied “Fraternité française” pour essayer justement de pouvoir avoir des gens, un p’tit peu plus, enfin de, comment je vous dirais moi, j’ai pas le mot mais... (silence)
     – De rassembler...
     – De rassembler plus large... mais le problème est qu’il y a peut-être des gens qui ne viendront pas à la permanence pour justement chercher des vêtements, de la nourriture à Fraternité et actuellement on essaye de trouver quelque chose, un local hors de la permanence du Front... (...) [il y a des gens] qui viennent pas à la permanence et qui n’adhèrent pas, mais qui viendraient peut-être pour le compte de Fraternité française, mais pour qu’on les aide, mais qui ne sont pas pour autant Front national... qui peut-être un jour seraient susceptibles de le devenir, si on arrive à leur faire comprendre qu’en fait on est là pour les aider... pour les dépanner d’une façon ou d’une autre sans leur imposer tout de suite de prendre leur carte... c’est ça donc... je crois, pour nous, ça vaudrait beaucoup mieux déjà qu’on trouve quelque chose en dehors du parti, pour les amener tout doucement justement à venir vers nous...[silence] (...)
     – Et qu’est-ce qui vous a plu justement dans Fraternité française ?
     – Justement, c’est l’approche des gens parce que c’est pouvoir au moins montrer qu’on est quand même là pour aider les gens et non pas ce qu’on dit partout sur nous qu’on est pas là pour semer la haine mais au contraire pour justement venir en aide aux gens qui sont dans la misère ou dans l’angoisse et qu’on est pas là du tout... pour faire des... les exclure [silence].
    Jacqueline, 60 ans, Hyères, Retraitée (Assistante comptable
    dans l’entreprise familiale), études de droit jusqu’au niveau licence.

    18Parce que les associations n’interviennent pas directement sur le plan politique, mais ont des activités soit culturelles ou de loisirs, soit d’aide aux personnes démunies, soit encore d’animation locale, elles ont plus de facilité à paraître publiquement et constituent d’excellents vecteurs de prosélytisme. Les parents, les conjoints, les amis ou même l’individu lui-même, acceptent plus aisément la participation à un groupe de randonnées en montagne, à des conférences « culturelles » ou aux activités d’une association d’animation locale, qu’une entrée dans un parti politique mal considéré. Les associations de jeunes, culturelles ou sociales servent donc de relais de recrutement au parti en permettant une entrée en politique par des voies détournées. Elles constituent enfin une sorte « d’écran » de l’activité politique. Comme l’expliquent Jacqueline et Guillaume, militantisme politique et activités associatives sont intimement liés : un bon militant, un « dur », agit sur les deux plans. Évidemment, ce modèle d’organisation n’est pas spécifique au Front national, même s’il lui est plus nécessaire qu’à d’autres. Car ce qui est en jeu ici, ce n’est pas la nature et le contenu politique du mouvement, mais la création et l’entretien de réseaux et de structures de mobilisation. Et d’une certaine manière, ces associations ont pour fonction de socialiser leurs recrues néophytes aux pratiques collectives et politiques, à l’action collective, au débat et à la critique, dans un système démocratique. Toutefois, cela ne signifie pas que ces individus se familiarisent avec les principes démocratiques : s’ils acquièrent une certaine pratique de la démocratie, leur formation idéologique tend à les éloigner de ses présupposés philosophiques.

    Globaliser l’engagement et la politique

    Donner du contenu au mouvement : culture et formation

    19Le milieu associatif entretient les réseaux où le parti peut recruter efficacement parce que ce contexte est extrêmement propice à la formation idéologique des militants ainsi qu’au développement et à la diffusion d’une ou de cultures partagées à l’extrême droite. La vie des associations est un moyen de créer une culture d’extrême droite, une culture nationaliste solide et approfondie. En fait, comme l’expliquent certains militants, le FN n’est qu’un instrument de conquête du pouvoir, qui – par ses succès électoraux – laisse entrevoir des possibilités d’expression d’une culture sociale et politique forgée ailleurs, et qu’il faut orienter dans la bonne direction.

    Témoignage 4 (suite)

    – Moi ce que j’veux c’est que mes idées arrivent au pouvoir, le Front c’est une coquille, si ça arrive sous l’appellation Rassemblement national ou Front national ou Parti des libertés je m’en fous moi. J’suis frontiste mais j’suis pas frontaucrate quoi, voyez la différence. (...) vous m’dites “Qu’est-ce qui pourrait me faire quitter le Front ?”, je serais tenté de répondre “Rien”, parce que si j’pars c’est un autre qui va prendre ma place. Moi je suis là avant tout c’est pour amener mes idées, bon si j’pars, par qui je serais remplacé ? Non, faut qu’on reste justement, pour ancrer le mouvement dans une direction qui est à mon avis nécessaire.
    Guillaume

    20Les associations à la fois extérieures et intégrées dans la vie du mouvement assurent la formation idéologique et culturelle des militants, notamment des jeunes, et ont pour objectif de donner du contenu à leur engagement, de le rendre définitif et surtout total. L’hétérogénéité politique et sociologique interne au Front national fait obstacle à une Formation approfondie et unifiée. La solution est donc de déléguer cette tâche aux groupes satellites. Le fait de laisser se développer la formation idéologique en marge du parti permet à la fois d’atteindre des individus d’univers très différent et de dépasser largement, à l’intérieur de chaque groupe, le plus petit commun dénominateur, créant ainsi des sous-groupes parfaitement intégrés, quasi autosuffisants. Cette stratégie est doublement positive pour le FN. Comme l’exprime Guillaume, elle renforce l’attachement des individus au parti en leur fournissant des modèles de lecture d’un monde décrit comme en totale opposition avec celui dans lequel ces militants vivent, ce qui les met dans une situation de non retour. La formation idéologique passe par l’intermédiaire des militants plus âgés, des parrains, qui conseillent des lectures ou animent des conférences. Elle fonctionne largement sur le mode de la révélation de l’Eden perdu et à reconquérir. Elle propose généralement une vision globale de la société dans laquelle le politique est indissociable de la culture, du social, du milieu de vie ; en particulier pour les militants du FN, la conquête du pouvoir et le changement social n’aboutira que par l’action sur la culture (cf. les propos de Marc, témoignage 6). La formation idéologique à l’intérieur de petits groupes à l’identité politique forte est donc primordiale parce qu’elle permet l’engagement total des militants et leur donne l’étoffe valorisante et responsabilisante d’initiés, de héros ou même de croisés. L’externalisation de la formation idéologique assure enfin la coexistence plus ou moins pacifique de groupes aux sensibilités divergentes : en cas de conflit au sein du parti, les associations servent de base de repli. Comme le fait Guillaume, on pourrait comparer la stratégie du FN à celle du PC mais sans oublier que les contenus de l’endoctrinement sont radicalement opposés.

    Témoignage 4 (suite)

    – Est-ce que, je sais pas au niveau du militantisme est-ce qu’il y a des incitations à la lecture ou ?
     – Ah oui bien sûr, il y a le GRECE bien sûr et puis aussi un journal du FNJ, Agir, avec le directeur du cabinet de JMLP, qu’est un type très brillant, un agrégé de philosophie, Bernard Racouchot (...) lui son grand truc c’est les philosophes grecs, puis Nietzsche, mais bon y’a un coup Gustave Lebon, Carrel, René Quinton voyez, Evola évidemment, oui bien sûr, on garde un militant quand il est formé idéologiquement, le PC l’avait compris, nous on le sait aussi ! Une fois qu’un type est, une fois que vous avez fait une critique radicale du monde moderne après vous virez plus, vous pouvez abandonner la politique, moi j’irai plus jamais en face, ou alors si je vote pas demain pour le Front je voterai plus c’est ce que j veux dire par là. Moi la seule chose qui me rattache justement encore une fois à ce monde moderne en particulier c’est de savoir qu’on peut encore peser un minimum dessus soit à côté dans le culturel, soit de manière politique par l’engagement du Front. Voilà. Ma façon de peser sur le monde il est là.
    Guillaume

    Témoignage 6

    – Vous m’avez dit “j’ai été nationaliste, je le suis plus maintenant”
     – Ouaih !
     – Qu est qui a provoqué dans votre cheminement cette rupture enfin plutôt cette évolution ?
     – [silence] Je pense que c’est la lecture. C’est pas au Front (...) c’est avec ceux du GRECE, c’est la lecture de certains bouquins qui m’a fait comprendre que l’identité profonde c’est l’appartenance à une petite patrie, c’est être normand, c’est être breton, c’est être savoyard, c’est être occitan, catalan (...). (J’ai été chrétien longtemps) puis par mes lectures aussi, je me suis rendu compte que le paganisme d’abord c’était la religion naturelle des européens, c’était une nouvelle manière de voir l’identité française ou européenne (...) et puis ça m’a donné surtout, ce qui est important dans le monde dans lequel on vit, une dimension un peu particulière du sacré. Bon le sacré pour moi ça intègre aussi le combat idéologique d’ailleurs, le paganisme et l’écologie je crois que c’est foncièrement liés... Non je crois que c’est une nouvelle vision de l’homme, c’est une nouvelle vision de la nature, c’est une façon de voir l’identité différente. (...) Maintenant je dirais que le noyau dur des jeunes du Front sont plutôt dans le paganisme que le christianisme. (...) Je crois que tous les jeunes ils sont à la recherche de quelque chose, d’un idéal qui nous dépasse, de quelque chose de sacré, d’une dimension spirituelle, je crois que la majorité des jeunes, le noyau dur des militants chez nous se reconnaît plutôt là-dedans.
    (...)
     – Je suis militant aussi de l’association Terre et peuple, avec Pierre Vial, donc on fait des sorties de terrain, dans la nature, pour communier un certain nombre de choses, pour observer, on essaye d’avoir un contact avec la nature, ces choses-là.
     – Je ne connais pas très bien cette association. Qu’est ce que vous faites exactement quand vous me dites que vous faites des sorties dans la nature ?
     – Ben disons qu’on essaye de faire la promotion de notre culture en organisant des sorties terrain (...) bon la première sortie qui s’est faite en Ile-de-France c’était la visite du musée des antiquités à Saint-Germain-en-Laye, généralement ça ce passe comme ça, on visite un truc, ’y a un conférencier qui est là, ça dure 2-3 heures et puis après on se réunit et puis on fait la fête ! ’Fin on fait la fête, on chante, on essaye de faire un esprit de communauté, on mange ensemble, on rigole ! Bon moi l’année dernière j’en ai animé une en Seine-et-Marne, un petit village que je connais bien, M, un village multi-millénaire où il y avait beaucoup de choses à dire, on a visité la ville avec les monuments, j’ai travaillé pendant longtemps parce que c’était un gros travail, retrouver l’histoire des monuments, l’histoire du village, tout ça ! Et donc on a fait ça la matinée et le début de l’après-midi, on a mangé tous ensemble, on était une vingtaine au bord de l’eau, ’fin on essaye pas non plus d’être des gros bataillons, en même temps c’est formateur, on se détend, on prend l’air... il y a beaucoup de jeunes donc ils écoutent. C’est une façon de voir l’enracinement un peu différente, voir un peu l’histoire de façon différente, et puis, pour celui qui est conférencier, parce que le but c’est pas de faire venir des conférenciers de talent, c’est d’en créer, pour nous les militants c’est aussi une façon de travailler, d’approfondir sur un sujet, donc il y a toute une recherche. Mais c’est surtout faire la promotion de notre culture... Bon c’est vrai on est assez proche des thèses du GRECE, il faut pas se voiler, mais on fait ce qu’on veut, là c’est pas le GRECE, c’est pas le Front national, alors ! C’est pas la même chose ! Non parce que quand on est à l’intérieur du Front on parle pas de la même chose, l’Intérieur du Front, c’est d’abord, entre guillemets une machine militante, on se réunit pour travailler, on débat de certaines choses mais ces choses c’est des choses plus pragmatiques alors qu’à Terre et peuple on va plus au fond des choses, on fait plus de doctrine, c’est plus un travail intellectuel ! Il y a des gens à Terre et peuple qui sont au Front, d’autres qui n’y sont pas... il y en a même qui trouvent rien de commun entre Terre et peuple et le Front, qui voient pas la continuité du combat... Bon Terre et peuple, c’est une chose, c’est une association, et le Front c’est autre chose, et on mélange pas.
    Marc, 28 ans, employé de commerce, Licence de Géographie, Paris

    21Les associations forment les militants, mais parce qu’elles interviennent hors du carcan partisan, elles permettent aussi d’atteindre la vie de l’individu dans tous ses aspects : religieux, culturel, festif, amical. Il devient donc possible de vivre entièrement dans le mouvement, sans nécessité d’en sortir. Nombreux sont les militants qui soulignent l’aspect convivial et communautaire de l’appartenance au FN ; ce parti serait une grande famille au sein de laquelle certes on fait de la politique, mais qui va bien au-delà : on y trouve des amis, on y tue l’ennui, on réintègre des cercles de sociabilité qui avaient disparu en raison d’un déménagement, d’une période de chômage, ou de toute autre situation d’isolement. Cette sociabilité passe en outre par la vie associative développée autour du parti et le rend ainsi indispensable. La politique associative du FN est donc un moyen de créer les liens sociaux et culturels qui amènent au politique. Elle offre un encadrement social, familial et amical, à ceux qui sont perdus dans la vie. On n’entre pas au FN seulement pour y faire de la politique, mais aussi parce qu’on y trouve des copains avec qui partager sa vision du monde et sa vie, parce qu’on y prend place et rôle comme dans une famille. Sans cette vie autour du parti, le militantisme au FN n’aurait aucun sens et serait ennuyeux, comme l’expriment Marc, Guillaume et Philippe.

    Témoignage 4 (suite)

    – C’était également un groupe assez soudé, parce qu’on tentait pas de faire de la politique ensemble, on sortait en boîte, on allait boire des verres ensemble, c’était avant tout une bande de copains, c’est la dimension très importante dans le militantisme également ça l’amitié. Moi il est vrai que quand j’ai quitté Rouen, j’ai pas du tout raccroché les wagons, j’ai eu une période où j’ai plus milité parce que j’avais plus ces amis, j’sais pas quand j’monte dans une camionnette pour aller coller avec des gens à qui j’ai rien à dire moi personnellement ça me, la politique c’est pas tout, faut également un arrière-fond un peu plus poussé, surtout au Front c’est un combat périphérique, c’est du collage d’affiches, j’aime bien avoir quelque chose d’autre également, à partager avec des gens. (...) La dimension de l’amitié était déterminante dans le militantisme, je crois que c’est ce qu’on recherche tous, bon c’est également assez compréhensible dans un monde où justement y’a plus tous les contacts sociaux, tout est grillé maintenant, on est une société complètement atomisée, y’a plus de liens, je crois que cette dimension de camaraderie est déterminante.
    Guillaume

    Témoignage 3 (suite)

    – [avec X] on a créé Mermoz... là plein, plein d’activités, des sorties, j’ai réussi à faire les demandes des subventions (...) et on a eu un local, et qui nous permet de nous retrouver (...) c’est un cercle catholique et sportif et donc on fait les week-ends, au lieu de, y’ en a beaucoup qui sont nonchalants, enfin qui font rien, et bon on se retrouve et on a créé une amitié extraordinaire là-dessus... on a un passé en commun maintenant parce que ça fait deux ans que ça existe et ce passé nous rapproche, on essaie que ça soit catholique, que ça soit divertissant, qu’on passe de bonnes soirées. On est là pour s’amuser... On pense à soi un peu quand même, et ça marche et y a de plus en plus de monde et c’est très, très sympathique. Cet été on a fait un camp, ils sont venus chez moi, à la maison, pendant 10 jours, on a tourné autour de l’Auvergne et ça leur a plu de manière extraordinaire puisque j’avais bien, tac tac, j’avais fait un emploi du temps très, très chargé, ils étaient un peu sur les rotules à la fin mais on a visité plein, plein de choses, des châteaux, on a fait des volcans d’Auvergne, etc. et après on est allé aux Journées mondiales de la jeunesse, ça a été la sortie d’été de Mermoz.
    Philippe

    Globaliser la politique, influencer la société et agir par l’extérieur

    22L’objectif ultime d’une vie associative foisonnante est de créer des vecteurs de diffusion de la culture d’extrême droite autres que politiques, et d’influer sur les changements sociaux et politiques par des voies détournées. Selon les militants, le poids du FN dans le champ politique restant faible et marginal, les changements ne pourront venir que par des voies périphériques.

    23À court terme, l’activité syndicale et la prise de position par cet intermédiaire dans des administrations constituent un moyen d’action efficace. Les associations satellites du FN peuvent alors servir de relais chargés d’actionner les réseaux de solidarité.

    Témoignage 1 (suite)

    – Et là [au FAC : Front anti-chômage], qu’est-ce que vous faisiez au fait ?
     – Je recevais tous les jours, (...) j’ai essayé de trouver du travail on avait un journal qui s’appelait, le Patriote du Var, on a fait des appels pour essayer de voir s’il y avait des gens du Front qui pouvaient nous donner la priorité (...) et comme ça, on a pu, on n’a pas reclassé des masses parce que l’ANPE ne leur trouve pas du travail, bon. Où je suis fier, c’est d’avoir, par exemple, sorti trois SDF, un gars qui, d’ailleurs son père était cheminot aussi, ce jeune-là, (...) le gars avait 20 ans, il vivait dehors, alors j’ai réussi à – là j’en suis fier, – j’ai pas honte de le dire, j’avais téléphoné à un viticulteur qui l’a pris chez lui, bon, c’est vrai qu’il n’avait pas un appartement mais il avait un abri où il pouvait manger, boire et dormir, bon, et après je lui ai trouvé un travail.
    [À la CFTC] j’étais membre du bureau, et pour être clair, j’essayais d’influencer, de toute façon, je ne cache pas mes idées, tous les dossiers nationaux, j’étais pour, pour les dossiers des gens de chez nous j’ai fait du syndicalisme quand je me suis engagé au FN parce que par expérience, je savais que sans syndicat on ne peut rien faire, alors j’ai choisi un syndicat (...) J’ai adhéré à la CFTC parce que d’abord ils sont catholiques, ils avaient, la famille, certaines valeurs qui se rapprochaient des miennes et, à travers ça, ce que je souhaitais, si je me syndicalisais, c’est pour, me syndiquais pardon, c’était surtout pour pouvoir être représentatif et, à travers ça, j’ai pu être administrateur de la CAF et, comment dirais-je, et commissaire aux ASSEDIC, ce qui m’a permis de faire aboutir – je ne veux pas dire des âneries – entre la retraite, les ASSEDIC et la Caisse, et la CAF, j’ai instruit favorablement 676 dossiers.
    Jacques

    24À plus long terme l’influence passe par un travail sur la culture en particulier. Comme nous l’avons mentionné plus haut, pour beaucoup de militants FN, la politique est un tout et ne se limite pas à une prise de position entre la gauche et la droite (la moitié des militants que nous avons interrogés refusent d’ailleurs de se situer sur un axe gauche/droite, considérant qu’ils sont au-dessus de la sphère strictement politique) l’action politique doit donc intervenir également dans les sphères culturelles et sociales. Pour ces militants, le Parti communiste constitue le modèle le plus probant et Gramsci l’auteur le plus pertinent. Si le changement ne peut advenir de la lutte électorale, il résultera du combat culturel et de l’action sur les mentalités.

    Témoignage 6 (suite)

    – Quand j’avais 15/16 ans [le grand soir] me semblait probable, même utile, maintenant que j’ai fait un peu le tour... ça me semble improbable vraiment ! (rire). Non ça me semble plutôt un basculement, on prépare les opinions au fur et à mesure par le côté culturel par le côté politique jusqu’au moment où on est en adéquation électoralement avec ce mouvement et c’est le raz de marée [au FN]. Pour moi, le grand tournant ça a été à partir du moment où on met le doigt sur le combat culturel aussi, à partir du moment où on a commencé à mettre en avant des thèmes sociaux et même des thèmes identitaires, même un peu plus radicaux.
     – C’est vous qui l’avez fait ce dessin ? [dessin au crayon d’un glaive, il est accroché au mur, en sous-verre]
     – Non, non, c’est mon camarade (...) il chapeaute un petit peu l’association L’art s’affiche, c’est un passionné de peinture, il est en train d’écrire un livre sur la peinture, sur les peintres, sur le marché de l’art, et comme il savait que j’aimais bien l’histoire, le mythe de la Table ronde tout ça, donc il m’a dessiné Excalibur ! [la culture aussi c’est fondamental] le cinéma, la chanson tout ça, les livres, chez nous, chez les jeunes ça circule pas mal les bouquins... alors en musique c’est assez varié dans nos milieux on préfère évidemment ce qui est enraciné par rapport à des tubes commercials qu’on entend sur toute la planète. (...) On peut très bien être européen de Paris, région parisienne, et puis, écouter les chants traditionnels du bout de l’Europe. Et ça c’est peu je crois ce qui fait, ce qui représente un peu notre étiquette (...) Autrement au cinéma, les films cultes, Brave Heart, bien sûr... Mourir à 20 ans, 30 ans, et même le film qu’a fait Canetti, le type qui était à la LCR, et on voit d’ailleurs dans le film, il raconte son parcours d’un militant d’extrême gauche quoi, et on peut se reconnaître dedans ! (...) on est comme ça, mais on aime bien déconner aussi, Les Visiteurs, ça nous plaît bien ! Finalement on n’est pas des gens pessimistes, on est des gens gais, sans le Y, on prend la vie du bon côté, on rigole, même si on est un peu vert de ce qui se passe, même si on est écœuré, si on vit un peu dans la boue, on aime rire, on aime la vie, avec un grand V, on aime manger, on aime bien boire, on aime bien se retrouver entre nous, boire un bon coup, apprécier les bonnes choses tout ça, c’est plutôt comme ça qu’on voit la vie quoi !... Bon vous savez, la culture c’est vachement important, puisque les autres nous rejettent, nous on a fait notre monde à nous. Et puis pour conquérir le monde, il faut conquérir les esprits, Gramsci était un grand maître en la matière. Il faut passer par le développement de la culture, et de l’écologie aussi, c’est comme ça qu’on changera les mentalités peu à peu.
    Marc

    25Autour du FN, champ politique et domaine associatif sont donc indissociablement liés en raison de fonctionnalités complémentaires. Les témoignages des militants nous ont clairement montré que la vie associative était bien différente de l’activité politique, permettant à la fois des interventions de nature diverses, et l’intégration d’individus à différents niveaux. Ainsi, la vie associative, comme relais ou comme écran, ancre le politique dans le social et le culturel, et élargit ses moyens d’action. Le parti devient uniquement le noyau d’une micro-société dans laquelle les individus peuvent être totalement intégrés, à différents niveaux. La politique (et donc la vie du FN) constitue même pour certains une activité périphérique, le centre se trouvant là où on forge des amitiés et là où l’on construit des idées. Ceci ne signifie pas que les activités associatives n’ont pas un caractère politique et qu’elles pourraient se dérouler de la même manière n’importe où dans l’espace politique. Enfin, bien que la participation aux activités associatives intensifie l’engagement des militants pour le changement social, la fonction démocratisante de ces activités associatives n’est pas évidente : les anciens de la bataille pour l’Algérie française ont forgé dans le milieu associatif les bases communautaires de leur refus du système politique et de leur opposition à l’État ; quant aux jeunes qui ont rejoint le FN récemment, qui ont été ainsi socialisés aux pratiques politiques et, dans une certaine mesure, aux pratiques démocratiques, ils ont également acquis une culture idéologique sous bien des aspects anti-démocratiques.

    Notes de bas de page

    1 Ces données ont déjà été exploitées en partie par Guy Birenbaum dans Le Front National en Politique, Paris, Balland, 1992, et par Colette Ysmal. Nous remercions Jérôme Jaffré qui nous a transmis les résultats non traités de l’enquête ainsi que les plans de bande, et Colette Ysmal qui nous a autorisé à les utiliser.

    2 Élaboré à partir des listes de candidatures à l’élection au Comité central en 1997 pour le FN et en 1999 pour le MNR.

    3 Fournit à manger, dote en vêtements.

    Auteur

    Valérie Lafont

    Chercheur en science politique au cevipof-Sciences Po.

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    Table des matières

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    1 Ces données ont déjà été exploitées en partie par Guy Birenbaum dans Le Front National en Politique, Paris, Balland, 1992, et par Colette Ysmal. Nous remercions Jérôme Jaffré qui nous a transmis les résultats non traités de l’enquête ainsi que les plans de bande, et Colette Ysmal qui nous a autorisé à les utiliser.

    2 Élaboré à partir des listes de candidatures à l’élection au Comité central en 1997 pour le FN et en 1999 pour le MNR.

    3 Fournit à manger, dote en vêtements.

    Associations et champ politique

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    Associations et champ politique

    Ce livre est cité par

    • Dubois, Jérémie. (2015) L'enseignement de l'italien en France (1880-1940). DOI: 10.4000/books.ugaeditions.1375
    • (2012) Consommateurs engagés à la Belle Époque. DOI: 10.3917/scpo.chess.2012.01.0317
    • (2012) La politique sans en avoir l'air. DOI: 10.4000/books.pur.128970
    • Dreyfus, Michel. (2017) Histoire de l'économie sociale. DOI: 10.4000/books.pur.63787
    • (2016) European Immigration. DOI: 10.4324/9781315580920-17
    • Schuerkens, Ulrike. (2017) European Immigration. DOI: 10.4324/9781351158640-9
    • Cossart, Paula. (2010) Le meeting politique. DOI: 10.4000/books.pur.103566
    • (2012) Les droites en fusion. DOI: 10.3917/scpo.haege.2012.01.0305
    • Chevandier, Christian. (2020) Pistes pour une histoire de la qualification des infirmières françaises. Recherche en soins infirmiers, N° 139. DOI: 10.3917/rsi.139.0031

    Ce chapitre est cité par

    • Johsua, Florence. (2009) Dictionnaire des mouvements sociaux. DOI: 10.3917/scpo.filli.2009.01.0017
    • Letourneur, Guillaume. (2021) Les réseaux catholiques traditionalistes du Front national. Revue internationale de politique comparée, Vol. 28. DOI: 10.3917/ripc.281.0059

    Associations et champ politique

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    Lafont, Valérie. « Lien politique et lien social : la vie associative et l’engagement au Front national ». In Associations et champ politique, édité par Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, et Danielle Tartakowsky. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2001. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.60769.
    Lafont, Valérie. « Lien politique et lien social : la vie associative et l’engagement au Front national ». Associations et champ politique, édité par Claire Andrieu et al., Éditions de la Sorbonne, 2001, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.60769.

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    Andrieu, C., Le Béguec, G., & Tartakowsky, D. (éds.). (2001). Associations et champ politique (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.60489
    Andrieu, Claire, Gilles Le Béguec, et Danielle Tartakowsky, éd. Associations et champ politique. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2001. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.60489.
    Andrieu, Claire, et al., éditeurs. Associations et champ politique. Éditions de la Sorbonne, 2001, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.60489.
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